Source: univadis.fr
Une étude française, ANRS DOXYVAC, a été mise en place pour évaluer l’efficacité sur la réduction du risque d’infections sexuellement transmissibles (IST) de la combinaison d’une prophylaxie post-exposition par la doxycycline et de la vaccination avec le vaccin Bexsero®.
Pourquoi une telle étude ?
Cela fait plusieurs années que des équipes de recherche dans le monde étudient l’efficacité d’antibiotiques utilisés en prophylaxie post-exposition sur la réduction du risque d’IST. Par exemple, l’essai ANRS IPERGAY a déjà démontré que la doxycycline, utilisée dans les 72 heures après un rapport sexuel, permettait une réduction d’environ 70% du risque d’infection à chlamydia et de syphilis.
Par ailleurs, des études épidémiologiques ont rapporté que les personnes vaccinées contre le méningocoque B par le vaccin Bexsero® pouvaient avoir une réduction du risque d’infection à gonocoque d’environ 30%.
Face à ces données, des chercheurs français ont donc décidé de mettre en place l’étude ANRS DOXYVAC. Cet essai prospectif a inclus plus de 500 hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), très exposés au risque d’IST et ayant présenté au moins une IST dans l’année précédant leur participation à l’étude. Ils ont été randomisés en 4 groupes :
- Prophylaxie post-exposition par la doxycycline ;
- Vaccination par Bexsero® ;
- Combinaison de ces deux interventions ;
- Aucune de ces deux interventions.
Quels sont les résultats ?
Cette étude est conduite depuis janvier 2021 et une analyse intermédiaire a montré que :
- Le groupe recevant la doxycycline dans les 72 heures suivant un rapport sexuel avait une réduction importante du risque de syphilis et d’infection à chlamydia ainsi qu’une réduction significative de l’incidence des infections à gonocoque.
- Le groupe recevant le vaccin Bexsero® présentait une réduction significative du risque d’infection par le gonocoque.
A la suite de ces premiers résultats et sur recommandation du comité indépendant de l’essai, les responsables scientifiques et le promoteur ont décidé d’interrompre l’étude et de recommander la mise à disposition de ces traitements à tous les participants de l’essai, après validation par les autorités réglementaires et éthiques. Le suivi des participants va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2023 pour s’assurer de l’efficacité sur le moyen terme de ces stratégies de prévention.
Les résultats de l’étude ont été soumis pour présentation à un congrès international au début de l’année 2023.
Le Pr Jean-Michel Molina, investigateur coordonnateur de l’étude, rappelle toutefois que « le préservatif reste la pierre angulaire de la prévention contre les IST en général. C’est en additionnant tous les outils de prévention qui ont fait leur preuve que nous serons en mesure de contrôler efficacement les infections sexuellement transmissibles et d’atteindre l’objectif de l’OMS et de l’ONUSIDA pour 2030, qui est de réduire de 90 % l’incidence des IST ».
Article disponible ici univadis.fr