La résistance croissante aux antibiotiques est une préoccupation majeure et chaque découverte d’un nouvel antibiotique est porteur d’espoir pour pallier l’intelligence croissante des bactéries, qui s’adaptent malheureusement, de plus en plus et de mieux en mieux, à leur environnement.
De ce fait, la découverte récente d’un inhibiteur de l’ARN polymérase bactérienne suscite de nouvelles espérances thérapeutiques.
Un inhibiteur nucléosidique
Une équipe italienne et américaine a en effet mis en évidence un nouvel antibiotique, la pseudo-uridimycine (PUM) qui est issue d’un micro-organisme découvert dans le sol italien. Son mode d’action est simple : il empêche le fonctionnement d’une enzyme essentielle au fonctionnement cellulaire bactérien, l’ARN polymérase.
Il existe déjà des antibiotiques qui agissent sur les ARN polymérases bactériennes. Il s’agit de la rifamycine, qui se fixe sur un site adjacent aux ARN polymérases et qui inhibe ainsi l’extension des séquences d’ARN, de la lipiarmycine qui, elle, inhibe l’interaction entre l’ARN polymérase et l’ADN et de la myxopyronine.
Cependant, ces 3 molécules sont sujettes à l’émergence de résistances spontanées par la substitution des sites de liaison par les bactéries elles-mêmes, empêchant ainsi les antibiotiques de se fixer.
La PUM a un mode d’action différent, expliquant son faible taux de résistance et son absence de réactions croisées. En effet, elle entre en compétition avec un nucléotide (UTP) et, en occupant son site, empêche la synthèse des produits d’ARN. Elle inhibe de cette façon la croissance bactérienne et a permis de traiter des souris ayant une péritonite à Streptococcus pyogenes. La PUM a une action contre les bactéries Gram négatif et positif, sensibles ou résistant aux antibiotiques tels que la rifamycine, les bêta-lactamines, les fluoroquinones, les macrolides, les tétracyclines…
Un espoir porté par les inhibiteurs des ARN viraux
La PUM inhibe donc la transcription en empêchant l’addition de nouveaux nucléotides. L’activité de l’ARN polymérase s’interrompt entraînant la mort de la bactérie.Les inhibiteurs des analogues nucléosidiques sont utilisés contre le VIH et le virus de l’hépatite C, ce qui a largement amélioré le traitement de ces deux maladies. Reste à savoir si l’histoire sera aussi heureuse avec la pseudo-uridimycine.
Sources : jim.fr