Au cours de ces deux dernières décennies, le traitement antirétroviral a significativement augmenté la longévité des patients infectés par le HIV.
On sait, par ailleurs, que les maladies cardiovasculaires (CV) qui sont la cause de mortalité la plus fréquente chez les adultes aux Etats Unis, touchent plus précocement et plus souvent les malades atteints du SIDA que les personnes qui n’ont pas cette affection : ainsi, les patients infectés par le HIV ont un risque plus élevé de 50 % d’avoir un infarctus du myocarde et leur risque de faire une mort subite se trouve multiplié par 4,5.
Malgré l’existence de ces quelques données, on manque d’informations à grande échelle quant à la tendance générale de la mortalité CV des patients en cas d’infection par le HIV.
C’est ce qui a conduit Feinstein et coll. à analyser une cohorte d’adultes atteints du SIDA aux Etats Unis avec l’hypothèse suivante : la proportion de décès d’origine CV (à savoir le rapport décès d’origine CV/mortalité totale) a augmenté chez les porteurs de l’HIV entre 1999 et 2013.
L’étude a été menée à partir des données épidémiologiques mises en ligne par les Centers for Disease Control and Prevention.
Diminution de la mortalité globale mais augmentation de la mortalité cardiovasculaire
Il apparaît que la mortalité totale de la population de patients atteints du SIDA a diminué, passant de 15 739 en 1999 à 8 660 en 2013 ; cependant, en contraste, la mortalité CV a augmenté dans cette population, pendant la même période passant de 307 à 400.
Ainsi, la proportion de décès d’origine CV a augmenté significativement entre 1999 et 2013 (p < 0,0001) chez les patients infectés par le HIV et ce, surtout dans la population masculine et quelle que soit l’ethnie. En contraste, la proportion de décès d’origine CV a diminué, pendant la même période, dans l’ensemble de la population et chez les patients atteints de polyarthropathies inflammatoires.
Cette étude réalisée aux Etats Unis à partir de données nationales de mortalité montre donc que la proportion de décès d’origine CV a plus que doublé, entre 1999 et 2013, chez les patients infectés par le HIV. Cette tendance est particulièrement nette dans la population masculine ; elle contraste avec la diminution de la mortalité CV, observée pendant la même période, dans la population générale et dans celle des patients atteints de polyarthropathies inflammatoires.
Ces résultats ne sont finalement pas surprenants quand on sait que la population des patients infectés par le HIV présente de nombreux facteurs de risque CV, qu’elle tend à avancer en âge et qu’elle a moins de risque de décéder d’une affection liée au SIDA lui-même.
C’est dire combien il est important de mettre en place, sur une grande échelle, des mesures de prévention des maladies CV ciblant tout particulièrement la population des patients infectés par le HIV.
Sources : Journal International de Médecine