Source : Le Quotidien du Pharmacien
Les séropositifs n’ont pas été épargnés par l’épidémie de Covid-19, notamment en raison de leur immunodépression, ou de comorbidités fréquentes, comme l’obésité ou le diabète. C’est pourquoi, même si les vaccins anti-Covid ont été peu étudiés chez les séropositifs, leur vaccination apparaît comme une priorité aux yeux de l’Académie de médecine et de la Société française de lutte contre le Sida.
Des sociétés savantes et associations de patients se sont penchées sur les risques du Covid-19 chez les personnes vivant avec le VIH. La question cruciale étant de savoir si elles devaient être vaccinées en priorité contre la maladie.
L’Académie de médecine, la Société française de lutte contre le Sida (SFLS) et le collectif interassociatif TRT-5 y ont répondu favorablement, tout en reconnaissant qu’on manque de données à ce sujet. En effet, les participants recrutés initialement dans les études cliniques des vaccins contre le SARS-CoV-2, actuellement homologués ou sur le point de l’être, étaient la plupart en bonne santé et non porteurs du VIH. Secondairement, des personnes séropositives au VIH ont été incorporées dans ces études, mais, leur faible nombre et la courte durée de leur suivi n’ont pas encore permis de confirmer l’efficacité et la tolérance de ces vaccins chez ces patients.
Néanmoins, cette population doit être protégée en priorité car plusieurs études rapportent un risque de mortalité par Covid-19 deux à trois fois plus élevé chez les séropositifs : c’est l’immunodépression, avec un taux de lymphocytes CD4 < 200/l ou une charge virale VIH > 1 000 copies/ml, qui est associée à un risque accru de décès par Covid-19.
Et, même sous traitement antirétroviral efficace et avec une charge virale contrôlée au long cours, ces patients peuvent rester plus vulnérables en raison d’une dérégulation immunitaire résiduelle. De plus, les personnes séropositives au VIH présentent souvent des comorbidités associées à un risque accru de forme grave de Covid-19 : obésité, diabète, pathologies respiratoires, cardiovasculaires, rénales ou hépatiques.
Pour ces raisons, « aucune contre-indication de principe n’est actuellement opposable à la vaccination des personnes séropositives au VIH, à l’exception des vaccins à virus entiers atténués (développés notamment par la Chine) dont l’utilisation n’est pas envisagée dans l’Union européenne », avance l’Académie de médecine. Les séropositifs doivent « bénéficier de la vaccination anti-SARS-CoV-2 au même titre que des vaccinations antigrippale et antipneumococcique », martèlent les Sages, qui recommandent donc de les inclure parmi les populations vulnérables devant bénéficier dès que possible de la vaccination, sans considération d’âge. L’indication et le suivi de cette vaccination devront être confiés au médecin référent. De leur côté, la SFLS et le TRT-5 ont saisi la Haute Autorité de santé (HAS) afin que « les personnes vivant avec le VIH non contrôlées sur le plan immunovirologique puissent être priorisées dans la liste des sujets actuellement vaccinables », ainsi que « toutes les personnes qui ont un risque significativement plus élevé de forme grave de Covid-19 ».
Des traitements à poursuivre
Par ailleurs, l’Académie de médecine s’est penchée sur les traitements antirétroviraux. Elle insiste sur le fait qu’il ne faut pas interrompre ou relâcher la prise en charge thérapeutique des séropositifs au VIH pendant la pandémie de Covid-19. De la même façon, il n’y a pas lieu de modifier les schémas de trithérapie en cours dans l’espoir de prévenir ou de guérir le Covid-19 chez les séropositifs, étant donné que les médicaments antirétroviraux testés contre le SARS-CoV-2 se sont tous révélés inefficaces. En revanche, il apparaît que lorsque l’infection VIH est bien contrôlée par la trithérapie, la réponse sérologique en cas de Covid-19 est équivalente à celle des patients non-VIH, ce qui peut laisser présager une bonne réponse à la vaccination.
Charlotte Demartia