Source : komitid.fr
Cela faisait plusieurs mois que nous souhaitions interviewer le nouveau directeur général de Coalition Plus, une puissante organisation qui regroupe une centaine d’ONG de lutte contre le sida à travers le monde. Avec Vincent Leclercq, nous abordons les réussites de cette organisation et les défis qui demeurent pour un monde sans sida.
Vincent Leclercq est depuis mai 2022 directeur général de Coalition Plus, qui regroupe une centaine d’organisations non gouvernementales de lutte contre le sida dans le monde. D’emblée, lorsque nous lui demandons de présenter son parcours au début de l’interview, il précise qu’il est un militant gay séropositif. Il est depuis près de dix ans engagé dans la lutte contre le VIH/sida, à Aides, mais aussi en Angleterre au Terrence Higgins Trust.
Entretien avec un combattant déterminé.
Komitid : Pourquoi est-ce important pour toi de préciser que tu es gay et séropositif ?
Vincent Leclercq : La parole à la première personne dans le domaine du VIH, c’est une parole qui change le regard, qui transforme, qui humanise, qui dédiabolise. C’est important de continuer à avoir cette parole et d’incarner cela dans nos organisations de lutte contre le sida. C’est plus simple dans le contexte dans lequel je suis mais elle reste quand même rare.
Si tu devais résumer ce qu’est Coalition Plus ?
On est une organisation de santé communautaire qui travaille avec les populations vulnérables. Il s’agit d’un réseau global d’organisations communautaires de lutte contre le sida qui se sont unies, principalement parce qu’elles avaient du mal à faire entendre leurs voix dans un monde dominé par l’anglophonie, par les experts médicaux. Coalition Plus a été créée à l’initiative de quatre associations : Aides en France, Coq sida au Québec, Arcade Santé Plus au Mali et l’ALCS au Maroc. Aujourd’hui on est une centaine d’associations sur des thématiques qui vont de la recherche communautaire au renforcement de capacités et à l’accès aux innovations. On utilise ce réseau pour faire du plaidoyer notamment sur l’augmentation des ressources du Fonds mondial ou sur les droits humains. On a une force énorme d’accès aux institutions.
Quels sont les pays principaux dans lesquels est présente Coalition Plus ?
On est sur tous les continents, on a des liens historiques en Europe et en Afrique. Coalition Plus a créé des plateformes régionales pour éviter d’avoir une réponse générique mondiale. Cela nous permet d’animer des enquêtes, des recherches qui sont à l’image de la région et avec les forces de la région. C’est un fonctionnement horizontal. On va lancer en 2023 une plateforme en Asie du Sud-Est, portée par notre membre en Malaisie et qui va avoir cette démarche de créer des partenariats dans la région sur ce qui alimente l’épidémie dans la région, principalement lié à l’usage de drogues chez les gays, les traitements de substitution et la réduction des risques (RDR), la pénalisation la véritable chasse aux usagers de drogue.
Un exemple de réussite de ces plateformes régionales ?
Il y a dix ans, un seul partenaire portait un projet de centre de santé communautaire, c’était au Mali. Aujourd’hui, grâce à Coalition Plus, grâce au partage d’expériences et de bonnes pratiques, tous nos membres ont des centres de santé communautaire, même Aides avec Le Spot.
Quelles ont été les réalisations de Coalition Plus et ses succès ?
Notre semaine internationale du dépistage qui a permis de répondre à la baisse des indicateurs. C’était au départ surtout une campagne de communication autour de la question du dépistage et c’est devenue une opération massive de dépistage pendant une semaine la veille du Premier décembre (Journée mondiale de lutte contre le sida, ndlr). On fait le dépistage du VIH, du VHC, des IST avec 48 partenaires dans le monde. On a de très bons résultats en terme de dépistage ciblé, on mobilise des partenaires politiques et aussi en interne. Une belle victoire. Une autre victoire est notre mobilisation sur les crises, qui prouve la force d’avoir un réseau. En temps de crise, on leur apporte un soutien financier et politique fort. Je prends l’exemple de la crise au Sahel. On est sans cesse en lien pour envoyer de l’argent. En Ukraine, on s’est mobilisé dès février pour des appels à dons. En Afghanistan on a pu aider des personnes à sortir du pays à notre petite échelle pour les mettre en sécurité. Pendant la période Covid, on a mis en place un fonds spécial qui a permis de débloquer 1,5 million d’euros en quelques semaines et de les envoyer à toutes nos associations avec la priorité qu’elles restent ouvertes.
« Il y a des “zones chaudes” dans le monde dont l’Afrique centrale, l’Europe de l’Est, l’Asie du Sud-Est qui sont très marquées par les problèmes de discriminations et d’accès aux soins
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