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Ma Santé à long terme

Il est difficile de savoir précisément qui du VIH, des traitements ou de la nature, est « responsable » du vieillissement des personnes concernées. Certainement les trois, mais à des degrés différents selon que l’on vit depuis plus ou moins longtemps avec le VIH. L’impact du virus et de ses traitements est plus important quand on vit avec le VIH depuis plus de quinze ou vingt ans. Notamment parce qu’on a connu des niveaux de charge virale importants et qu’on a dû prendre des traitements plus agressifs sur l’organisme à long terme. Alors que les personnes infectées et diagnostiquées récemment bénéficient rapidement d’un traitement très efficace sur la réduction de la charge virale. C’est d’autant plus intéressant que ces traitements sont aussi beaucoup mieux tolérés par l’organisme.

Le cœur, les reins et les poumons

Le risque cardiaque, en particulier d’infarctus du myocarde, augmente avec l’âge, que l’on soit séropositif ou pas. Ce risque devient plus important pour les femmes après 65 ans et pour les hommes après 55 ans. Les études tendent à démontrer que le VIH accélère le vieillissement des vaisseaux sanguins. Tandis que les antirétroviraux (surtout les anciennes molécules) provoqueraient une augmentation du « mauvais cholestérol ». C’est pourquoi le risque de complications cardiaques est globalement plus précoce chez les personnes séropositives. Pourtant certains facteurs de risque, comme celui de présenter un risque cardiaque, sont modifiables. C’est le cas du tabagisme, de l’excès d’alcool ou de sel, ainsi que de la sédentarité, du diabète, de l’hypertension artérielle et du taux élevé de cholestérol. En revanche, d’autres facteurs de risque ne sont pas modifiables : l’âge, les antécédents familiaux ou l’infection à VIH. Une surveillance régulière (voir à la page « Bilans biologiques ») permet de détecter un éventuel dysfonctionnement et de le traiter.
Le bon fonctionnement des reins peut être mis à mal par le VIH quand il n’est pas traité. Ainsi, les personnes qui ont connu un niveau de CD4 bas et/ou une charge virale élevée et/ou qui ont été diagnostiquées à un stade avancé de l’infection à VIH sont plus à risque de développer une pathologie rénale. Là aussi, une surveillance régulière vous sera prescrite par votre médecin. Il pourra alors, si c’est nécessaire, adapter ou changer votre traitement.
Grâce aux progrès des traitements, la crainte des infections pulmonaires n’est presque plus une préoccupation aujourd’hui. En revanche, le tabac et le cannabis ont un effet encore plus délétère chez les personnes vivant avec le VIH que dans la population générale. Le risque de cancer, notamment du poumon, est lui aussi accru (voir détail dans la partie « Cancer et VIH »).

Le foie, les os et la peau

Le foie permet d’éliminer les déchets et de filtrer les substances toxiques du sang. Il favorise également le passage des éléments nutritifs, des vitamines et médicaments dans le sang. Si les premières générations d’antirétroviraux étaient particulièrement toxiques pour le foie, les traitements récents sont beaucoup moins agressifs. Le foie nécessite cependant toujours une surveillance régulière. Le principal risque auquel il est exposé est la survenue d’une hépatite virale. La vaccination contre les hépatites A et B est particulièrement recommandée pour les personnes vivant avec le VIH. Les derniers traitements mis sur le marché permettent maintenant de guérir de l’hépatite C en quelques mois. Néanmoins, cela ne protège pas de nouvelles contaminations ; pensez à vous faire dépister régulièrement. Enfin, évitez de céder à l’excès de gras et de sucre qui peut provoquer une stéatose, appelée la maladie du « foie gras » humain.
Le risque de souffrir de maladies osseuses reste réel quand on vit avec le VIH. Certaines études suggèrent qu’une personne séropositive sur trois pourrait souffrir de perte précoce de la masse osseuse (ostéopénie). Les femmes ont naturellement une densité osseuse inférieure à celle des hommes. Elles sont donc plus vulnérables aux fractures : hanches, colonne vertébrale, poignets. Cette fragilité s’accentue après la survenue de la ménopause. Certains traitements anti-VIH sont connus pour diminuer la densité osseuse. C’est un paramètre à surveiller régulièrement en faisant réaliser une ostéodensitométrie osseuse. Cela se fait en général tous les deux ans, selon les cas et en fonction de vos facteurs de risque.
Les désagréments qui peuvent se manifester sur la peau ou le cuir chevelu sont plus liés à des effets indésirables. Ils sont donc réversibles, et si ce n’est pas le cas, votre médecin pourra réajuster votre traitement. Les atteintes cutanées sont surtout particulièrement fréquentes chez les personnes ayant un niveau de CD4 très bas.

Les yeux, le cerveau et la bouche

Les yeux ne sont aujourd’hui quasiment plus affectés par le VIH ou les antirétroviraux. Les infections à CMV (cytomégalovirus) sont beaucoup moins répandues qu’auparavant, essentiellement chez les personnes dont le système immunitaire est très affaibli.
Des recherches ont montré que les personnes séropositives pouvaient avoir des atteintes au niveau des fonctions cérébrales. Comme les troubles de la mémoire, des difficultés de concentration ou des fonctions cognitives (raisonnement, perception visuo-spatiale, etc.). L’impact du VIH ou des traitements sur les processus cognitifs est cependant difficile à évaluer. D’autant que le vieillissement du cerveau, indépendamment du VIH, varie considérablement d’une personne à l’autre. D’autres facteurs peuvent participer à l’altération des fonctions cognitives : anxiété, dépression, troubles de l’humeur, consommation d’alcool ou de drogues. L’hypertension artérielle, l’excès de cholestérol, le diabète et l’insuffisance rénale sont également des facteurs de risque. À l’occasion, il peut être utile de faire évaluer votre fonctionnement cognitif, par exemple dans le cadre d’une consultation mémoire.
Enfin, les problèmes au niveau de la bouche et de la gorge sont souvent d’abord la conséquence d’une hygiène bucco-dentaire insuffisante. Seule une visite chez un médecin spécialiste ORL et/ou dentiste permettra d’en connaître l’origine, qui peut parfois être liée aux antirétroviraux. Pensez à consulter un dentiste régulièrement, une à deux fois par an !