Prévention face au VIH
Nous disposons d’un arsenal complet de moyens de prévention contre le VIH, c’est ce qu’on appelle la prévention combinée. Chacun peut choisir le ou les modes de prévention les mieux adaptés à son mode de vie et à ses pratiques.
Le préservatif est le moyen le plus connu pour se protéger efficacement contre le VIH et la plupart des IST (infections sexuellement transmissibles). Il existe des préservatifs externes, dits « masculins », et des préservatifs internes dits « féminins ». Dans les deux cas, ils ne sont efficaces que s’ils sont utilisés correctement pour toute pénétration (buccale, vaginale ou anale). Ils doivent être utilisés avec du gel lubrifiant à base d’eau ou de silicone, et surtout pas de matière grasse (beurre, huile, etc.).
Le dépistage est également un moyen de prévention, dans le sens où il permet de connaître son statut sérologique. Ainsi, en cas de découverte de séropositivité, vous pourrez être mis rapidement sous traitement antirétroviral. Tout est fait pour faciliter l’accès au dépistage et vous avez plusieurs possibilités :
Le test en laboratoire d’analyse médicale ou en centre gratuit d’information de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). Depuis le 1er juillet 2019, grâce à l’opération #VIHTEST, le dépistage se réalise sans frais, sans ordonnance et sans rendez-vous dans les laboratoires d’analyses médicales de Paris et des Alpes-Maritimes (département 06).
Le dépistage rapide à l’aide d’un TROD (test rapide d’orientation diagnostique) proposé par les associations.
L’autotest que vous pouvez acheter en vente libre en pharmacie (pour plus d’informations, contacter Sida Info Service au 0800 840 800).
Traitement préventif : la PrEP
Depuis 2016, un traitement médicamenteux préventif a été mis à disposition pour se protéger d’une éventuelle infection par le VIH. C’est la PrEP, acronyme anglais qui signifie « pre-exposure prophylaxis » ; en français « prophylaxie pré-exposition ». Il s’agit d’une bithérapie antirétrovirale composée de deux molécules (l’emtricitabine et le ténofovir disoproxil) connue sous le nom commercial Truvada® et disponible dans des versions génériques. La PrEP est prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale.
La PrEP s’adresse aux personnes séronégatives (qui n’ont pas le VIH) ayant un haut risque d’être infectées par le VIH. Les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH), les personnes trans ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes originaires d’Afrique subsaharienne (en particulier les femmes précaires), les travailleurs du sexe, les usagers de drogue par voie intraveineuse.
Il existe deux façons de prendre la PrEP, c’est-à-dire deux schémas de prise différents :
Le schéma de prise « en continu » consiste à prendre le traitement tous les jours, à heure fixe. En prise continue, la protection optimale est obtenue après sept jours de prise quotidienne. C’est valable quels que soient votre genre, votre orientation sexuelle ou le type de vos rapports sexuels. Important : c’est le seul schéma efficace et recommandé pour les femmes (cis ou trans) ayant des rapports vaginaux réceptifs.
Le schéma de prise « à la demande » consiste à prendre le traitement avant et après un rapport sexuel à risque. Attention : le Truvada® et ses génériques ont obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) uniquement pour une prise de la PrEP en continu. Le médecin vous fera donc toujours une prescription « en continu » ; libre à vous de prendre la PrEP à la demande, à condition de bien respecter le protocole. Ce schéma nécessite d’anticiper vos rapports sexuels qui pourraient être à risque, sans utilisation du préservatif, avec une (ou des) personne(s) dont vous ne connaissez pas le statut sérologique. En effet, il faut prendre deux comprimés en même temps entre vingt-quatre heures et deux heures avant le rapport sexuel. Ensuite, il faut prendre un seul comprimé vingt-quatre heures après la première prise. Enfin, le schéma à la demande se termine par une dernière prise d’un comprimé quarante-huit heures après la première prise (de deux comprimés). Pour les situations particulières, référez-vous au guide très complet « La PrEP : mode d’emploi » édité par AIDES.
Actions Traitements a créé une application gratuite pour vous aider dans votre prise et votre suivi de la PrEP. L’appli AT PrEP est disponible gratuitement sur les stores Apple et Google (ajouter les liens).
La prescription initiale de la PrEP peut être faite par un médecin dans un service hospitalier spécialisé, dans un centre gratuit d’information de dépistage et de diagnostic (CeGIDD), et depuis juin 2021 chez un médecin généraliste en ville . Vous pouvez retrouver toutes les consultations PrEP sur les sites de AIDES ou Sida Info Service. Le suivi PrEP suppose également de faire un dépistage complet des IST tous les trois mois (car la PrEP ne protège pas des autres IST ni des hépatites), à chaque renouvellement de l’ordonnance. Enfin, vous pouvez aussi poser toutes vos questions sur la page Facebook PrEP’Dial gérée par des militants de l’association AIDES.
Traitement d’urgence : le TPE
Le traitement post-exposition (TPE), ou traitement d’urgence, consiste en une prise d’une trithérapie anti-VIH (antirétrovirale) pendant un mois. L’objectif est d’empêcher l’éventuelle contamination par le VIH en bloquant immédiatement la réplication du virus. Il est prescrit par un médecin après un risque d’exposition au VIH. C’est-à-dire après un rapport sexuel non protégé (non-utilisation ou rupture du préservatif), blessure avec des objets souillés de sang ou de sperme. Il est aussi utile en cas de rapport sexuel non consenti ou de partage de matériel d’injection lors de consommation de drogue par injection.
Après une prise de risque, il faut agir le plus vite possible et se rendre rapidement aux urgences de l’hôpital le plus proche (24 h/24) ou dans un CeGIDD (aux horaires d’ouverture). Plus le TPE est pris tôt, plus il est efficace et moins il y a de risque que le VIH se développe (en cas d’exposition au virus). Dans l’idéal il faut commencer le traitement dans les quatre heures qui suivent l’exposition au risque. Dans tous les cas, le TPE ne peut pas être commencé au-delà des quarante-huit heures après l’exposition au risque. Appeler Sida Info Service au 0800 840 800 (ou consulter leur site Internet) pour trouver l’hôpital le plus proche de chez vous.
À l’hôpital, ou en CeGIDD, le médecin évalue le risque que vous ayez été en contact avec le VIH. S’il estime qu’il y a un risque, il prescrira une trithérapie d’abord pour une durée de deux à quatre jours. Vous devrez ensuite reprendre rendez-vous pour une nouvelle consultation avec un médecin spécialiste du VIH. Si la nécessité du traitement TPE est confirmée, le médecin vous donnera alors une ordonnance pour vingt-huit jours de traitement.
Pour les adultes, le TPE doit comporter trois molécules différentes pour former une trithérapie. Il s’agit de deux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (INTI) auxquels s’ajoute un troisième agent appelé inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse. Pour plus de détails sur les médicaments recommandés dans le cadre du TPE, consultez notre dépliant « Bien prendre son TPE » ou commandez-le sur notre site Internet.
Comme pour tout traitement, il peut exister des effets secondaires. Les plus fréquents sont liés au fait que votre organisme « s’habitue » au traitement que vous prenez. On constate principalement des diarrhées, des problèmes de digestion, des nausées et des vomissements. Ainsi que des maux de tête, des vertiges, de la fatigue ou un sommeil perturbé. Ces effets n’apparaissent pas toujours et la plupart disparaissent après quelques jours. En cas de symptômes inhabituels, parlez-en à votre médecin. Il pourra vous soulager ou modifier votre traitement. Mais il est important de ne pas interrompre votre traitement sans avis médical, et de bien prendre un mois complet de traitement pour maximiser son efficacité. C’est la seule façon d’éviter une infection au VIH si vous avez été exposé au virus.
TasP : le traitement comme moyen de prévention
Le traitement d’une personne séropositive est un moyen efficace de protéger ses partenaires contre le VIH. C’est ce qu’on appelle le TasP : en anglais « treatment as prevention », en français « le traitement comme moyen de prévention » du VIH. Quand une personne vit avec le VIH elle prend un traitement antirétroviral. Ce traitement a deux objectifs principaux :
Développer les cellules du système immunitaire chargées de lutter contre les virus, les CD4.
Réduire la charge virale (quantité de virus dans le sang) à un niveau tellement bas qu’elle est dite indétectable.
C’est justement quand la charge virale est indétectable que le VIH ne peut plus circuler dans les fluides ou alors en très faible quantité. Cela présente un avantage considérable pour la personne vivant avec le VIH et prenant un traitement antirétroviral efficace :
En maintenant sa charge virale à un niveau indétectable, elle ne peut plus transmettre le virus à son (sa ou ses) partenaire séronégatif.
Cette révolution scientifique a été démontrée pour la première fois en 2008 dans un rapport du professeur Hirschel appelé « l’avis suisse ». Cela a été confirmé par de nombreuses études menées auprès de couples sérodifférents (une personne séronégative + une personne séropositive). Dans la dernière étude, appelée « Partner », plus de 75 000 rapports sexuels ont été étudiés, dans des couples sérodifférents et non protégés par un préservatif.
Grâce à l’effet protecteur de la charge virale indétectable, les personnes vivant avec le VIH peuvent avoir une vie affective et sexuelle épanouie. Elles n’ont plus à avoir peur de transmettre le VIH à leurs partenaires. Le TasP permet donc de changer le regard qu’on porte sur les personnes séropositives et de lutter activement contre leur stigmatisation.