Populations exposées
On dit du VIH qu’il s’agit d’un virus discriminant, dans le sens où il « s’attaque » en priorité à certaines populations, plus exposées que d’autres au risque de contracter le VIH. Bien que tout le monde puisse être touché, ces populations sont aujourd’hui surreprésentées parmi les personnes vivant avec le VIH. Les principales :
- Les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH).
- Les personnes originaires d’Afrique subsaharienne et des départements français d’Amérique (DFA = Martinique, Guadeloupe et Guyane).
- Les usagers et usagères de drogues, notamment par voie injectable.
D’autres populations sont particulièrement vulnérables au VIH, mais représentent proportionnellement moins de personnes que les groupes mentionnés ci-dessus :
- Les travailleurs et travailleuses du sexe (TDS).
- Les personnes transgenres.
En 2020, plus de 170 000 personnes vivaient avec le VIH en France, parmi lesquelles environ 24 000 l’ignorent (faute de recours au dépistage). Chaque année, plus de 6 000 nouveaux diagnostics de séropositivité sont posés, un chiffre à peu près stable depuis 2011. Ce chiffre a fortement baissé en 2020, à cause de la crise liée à la Covid qui a fait chuter le nombre de dépistages VIH de 14% en un an. Parmi les nouveaux diagnostics, 43 % concernent les HSH et 38 % sont des personnes hétérosexuelles nées à l’étranger (23 % pour les femmes et 15 % pour les hommes).
La vie avec le VIH a été bouleversée avec l’arrivée des premières multithérapies en 1996. D’une infection mortelle, qui réduisait à quelques mois ou années l’espérance de vie des personnes contaminées, on est alors passé à une « maladie chronique » avec laquelle on peut maintenant vivre presque aussi longtemps et « normalement » que la population générale.
Les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) sont encore victimes de discrimination en raison de leur orientation sexuelle. Ces discriminations peuvent intervenir dans le cadre intime ou sexuel, mais aussi professionnel. Il est important de ne pas rester seul face à ces situations qui peuvent parfois conduire à s’éloigner du soin, et donc mettre en péril la prise en charge du VIH.
Les personnes transgenres représentent une population particulièrement exposée au VIH. Les raisons sont multiples et sont liées au parcours de vie des personnes. Beaucoup de personnes trans sont migrantes, notamment d’Amérique du Sud. Certaines pratiquent le travail du sexe, faute de pouvoir accéder à des emplois classiques, notamment parce que leur état civil n’est pas en accord avec leur genre. Ainsi, les personnes trans sont encore trop souvent victimes de discrimination au quotidien, y compris dans leur parcours de soins, ce qui peut les pousser à s’écarter du système de soins classique et à moins faire attention à leur santé.
Médecins, infirmiers ou secrétaires médicales se trouvent encore trop souvent démunis ou mal à l’aise face à un patient trans parce qu’ils ne connaissent pas ou très peu ce qu’est la transidentité. L’appui des associations de personnes trans peut s’avérer très utile, notamment pour trouver des professionnels de santé en capacité de prendre en charge et accompagner les personnes trans. Voici quelques associations : Acceptess-T, OUTrans, Au-delà du Genre, Pari-t, ANT, Chrysalide, Trans 3.0, Wiki Trans.
Enfin, la prise d’hormones peut avoir une influence au niveau cardiaque et/ou endocrinologique, ainsi que sur le vieillissement en général. Ces hormones peuvent aussi avoir des interactions avec les traitements anti-VIH ou VHC. Il faut donc veiller à être bien informé sur le sujet.
À l’échelle mondiale, les femmes constituent la majorité des personnes touchées par le virus. En France aujourd’hui, les femmes séropositives sont majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne et environ un tiers a été contaminé suite à son arrivée en France.
Les femmes séropositives au VIH cumulent des difficultés rencontrées par les femmes en population générale ainsi que les difficultés liées au VIH. Certains effets indésirables surviennent plus souvent comme les sécheresses cutanées, la lipodystrophie ou l’ostéoporose. Étant moins présentes dans les essais thérapeutiques, les traitements qu’elles reçoivent sont encore parfois surdosés, favorisant l’apparition d’effets indésirables. Certains traitements actuels interagissent par ailleurs avec les contraceptifs, mais aussi avec les médicaments hormonaux pour traiter la ménopause, rendant sa prise en charge compliquée, voire incomplète. La vidéo d’expert, ci dessous, réalisée avec le Dr Karine Lacombe apporte des informations sur ce sujet.
Beaucoup de femmes vivant avec le VIH rencontrent aussi des difficultés à avoir un suivi gynécologique de qualité, notamment sur les questions de dépistage, de qualité de vie sexuelle ou de contraception ; mais aussi quand il s’agit de désir d’enfant et de grossesse. Notre annuaire géolocalisé des professionnels de santé peut vous aider à trouver un(e) gynécologue près de chez vous).
Les personnes migrantes, ou nées à l’étranger, sont le deuxième groupe le plus touché par l’épidémie de VIH en France. En 2018, elles représentaient un peu moins de 40 % des nouvelles découvertes de séropositivité, chiffre stable depuis 2010. On sait, grâce à l’étude PARCOURS (ANRS 2013), qu’environ 40% des personnes d’origine étrangère qui vit avec le VIH en France, a en fait contracté le virus après son arrivée sur le sol français.
Cela montre à quel point les personnes migrantes rencontrent encore des difficultés d’accès à l’information, à la prévention, au soin et aux dispositifs d’aide sociale comme l’Aide médicale d’État (AME). Ce dispositif permet aux personnes étrangères, en situation irrégulière, d’accéder à une couverture maladie en attendant leur régularisation, et selon des critères de ressources (Cf. CNS : Prise en charge médicale des PVVIH).
Les services sociaux des hôpitaux, ainsi que les associations spécialisées peuvent accompagner les personnes concernées dans leur parcours et leurs démarches. C’est le cas de l’Ardhis, Basiliade, Ikambere, Sol En Si, le BAAM ou Aides, par exemple.
D’après Santé Publique France (décembre 2018), les personnes de plus de 50 ans représentent plus de la moitié des 172 000 personnes vivant avec le VIH en France. L’arrivée des trithérapies en 1996 a marqué un tournant dans la prise en charge du VIH, permettant aux personnes concernées de continuer de vieillir avec le VIH.
Les personnes de plus de 50 ans qui vivent et vieillissent avec le VIH ne forment pas un groupe homogène. Certaines ont été diagnostiquées depuis plus de quinze ou vingt ans, alors que d’autres ont découvert leur séropositivité récemment. Les conséquences sur l’organisme, du virus et/ou des traitements ne seront pas les mêmes et doivent donc être prises en charge spécifiquement. Pour plus d’information, consultez notre rubrique « Vieillir avec », téléchargez ou commandez notre brochure « Bien vivre avec le VIH après 50 ans ».