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SFLS 2023 VIH mobilisation

Source : AIDES

Pour sa 24e édition, le congrès annuel de la Société française de lutte contre le sida (SFLS) a choisi de poser ses valises dans la ville de Tours (région Centre-Val de Loire). Le thème de cette année ? La transdisciplinarité. La rédaction de Remaides revient sur les moments forts du congrès en quatre articles. Deuxième épisode sur la journée du jeudi 7 décembre 2023.

Le droit au séjour pour soins menacé

« Santé en danger ! Santé en danger ! » Plus d’une centaine de personnes scandent ce cri d’alerte. Elles se sont rassemblées dans le hall du 2ème étage du Palais des Congrès de Tours qui abrite le village associatif du congrès de la SFLS. On peut voir des militants-es de AIDES, Act Up-Paris, Actions Traitements, Sidaction, Vers Paris Sans Sida ou encore Sida Info Service, etc. Mais aussi des médecins, des infirmiers-ères et des chercheurs-ses. Le rassemblement, organisé à l’initiative de AIDES, a pour but d’alerter les médias et les politiques sur les graves conséquences qu’aurait une restriction de l’accès aux soins des étrangers-ères.

Remise en contexte : Au moment de ce rassemblement, le texte du projet de loi Immigration et Intégration est devant l’Assemblée nationale (il a été rejeté le 11 décembre dernier suite à l’adoption d’une motion de rejet du projet et va passer en commission mixte paritaire, dans la semaine du 18 décembre). Contrairement aux sénateurs-rices, les député-es de la commission des Lois ont décidé de maintenir le dispositif de l’Aide médicale de l’État (AME). En revanche, le droit au séjour pour soins est toujours menacé de disparaître dans sa version actuelle. La commission des Lois a maintenu presque en l’état l’amendement proposé par le Sénat, visant à faire dépendre l’accès au séjour en France des personnes étrangères malades à la disponibilité du traitement dans leurs pays d’origine au lieu d’un accès effectif au traitement. Cette proposition est délétère car le titre de séjour permet de sortir de la précarité, qui éloigne des soins. Il permet de prendre soin de soi, de suivre son traitement et voir sa charge virale diminuer, à terme ne plus transmettre le VIH. 

Présente au rassemblement organisé à la SFLS, Camille Spire, la présidente de AIDES, ne cache pas ses inquiétudes : « Changer un mot dans cette loi [traitement disponible versus accès effectif, ndlr], peut provoquer la mort des personnes renvoyées dans leur pays d’origine. Il y a plein de raisons qui font qu’on peut vivre dans un pays où le traitement est disponible, mais très difficile d’accès : si on vit éloigné d’une grande ville, si on subit des discriminations, etc. ». Pour Camille Spire, le but de cette mobilisation est de montrer que toute la communauté française de la lutte contre le VIH est ensemble : « Que ce soit, les acteurs et actrices associatifs, les soignants ou les sociétés savantes, nous avons le même cri du cœur pour dire que restreindre le droit au séjour pour soin serait une énorme bêtise ».

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grossesse VIH transmission

Source : pourquoi docteur

Alors que beaucoup d’idées fausses circulent sur le sujet, démêlons le vrai du faux concernant la grossesse et le VIH.

L’ESSENTIEL

  • Les membres du CNGOF, du GRIG et de la SFLS démêlent le vrai du faux sur la grossesse et le VIH.
  • « Les personnes vivant avec le VIH ne transmettent plus le VIH à leur enfant lors de la grossesse et de l’accouchement si leur charge virale est indétectable tout au long de la gestation », rappellent les trois organisations.
  • « Lors d’une grossesse ou d’un projet de grossesse, le dépistage du VIH doit être proposé d’emblée aux deux parents », poursuivent les militants, les chercheurs et les médecins.

Dans un communiqué de presse commun, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF)le Groupe de recherches sur les infections pendant la grossesse (GRIG) et la Société française de lutte contre le sida (SFLS) démêlent le vrai du faux concernant la grossesse et le VIH.

Grossesse et VIH : la mère ne transmet plus le virus à l’enfant

« La preuve est établie que le VIH n’est pas transmissible quand la charge virale est contrôlée ou indétectable. Ainsi, les personnes vivant avec le VIH sous traitement efficace ne transmettent plus le VIH à leurs partenaires sexuels. Elles ne transmettent plus non plus le VIH à leur enfant lors de la grossesse et de l’accouchement si leur charge virale est indétectable tout au long de la gestation », commencent les trois organisations.

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sensibilisation VIH EHPAD

Source : Infirmiers.com

Selon une étude menée par Gérond’if et Sidaction, le sujet de l’accompagnement des personnes séropositives dans les EHPAD peine encore à se faire une place chez les soignants de ces structures.

Pour une majorité de soignants en EHPAD, le sujet du VIH est « relativement lointain ». C’est le constat que dresse Geoffroy Garin, chargé de mission sciences humaines et sociales au sein du gérontopôle d’Ile-de-France (Gérond’if), auprès de nos confrères d’Hospimedia. Une étude sur l’accompagnement des personnes séropositives de plus de 60 ans par des structures médico-sociales de la région, intitulée VI-AGE, est actuellement conduite en partenariat avec Sidaction. Elle démontrerait que plus de 70% des soignants ont rarement ou jamais accompagné une personne séropositive. Quant à la formation sur le VIH, elle serait relativement absente dans les EHPAD et les services de soins infirmiers à domicile (SSIAD). Or, 175 000 personnes vivent avec le virus en France, dont 40% rien qu’en Ile-de-France, et cette population vieillit.

Une peur persistante de la contamination comme frein essentiel

C’est notamment la persistance d’une peur de la contamination chez les soignants qui expliquerait cette situation ainsi que les freins qui limitent l’accueil des personnes séropositives en établissement. Pourtant, à l’exception de quelques spécificités (entrée en établissement plus précoce, statut sérologique qui n’est pas toujours connu des proches), la prise en charge de ces patients ne se distingue pas par des difficultés techniques particulières. Sans compter qu’il n’est pas rare de rencontrer des patients experts et autonomes dans la prise de leur traitement.

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VIH PrEP recours

Source : pourquoi docteur

Voici pourquoi certaines personnes n’ont toujours pas recours à la PrEP pour se protéger du VIH.

L’ESSENTIEL

  • Le nombre de découvertes de séropositivité VIH en 2022 au sein de l’Hexagone est estimé entre 4.233 et 5.738.
  • Depuis 2021, la primo-prescription de la PrEP peut être délivrée en médecine de ville.
  • Selon une nouvelle étude, « par rapport aux usagers, les non-usagers de la PrEP sont plus jeunes, moins souvent urbains et moins éduqués. Ils ont aussi une situation financière moins privilégiée et sont socialement moins connectés aux modes de vie de la communauté gay. Ils sont enfin plus éloignés du système de soin et de l’offre médicale en santé sexuelle ».

Pourquoi la PrEP est-elle encore sous-utilisée en France ? Alors que l’accès à ce traitement est facilité depuis deux ans sur notre territoire, une nouvelle recherche de Santé Publique France donne des éléments de réponse.

VIH : qui est éligible à la PrEP ?

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est un outil de prévention de l’infection au VIH pour les populations à haut risque d’exposition, dont les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).

Depuis 2021, la primo-prescription de la PrEP peut être délivrée en médecine de ville en plus des centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) ou de l’hôpital. « L’objectif de cet article est de décrire les profils des HSH éligibles à la PrEP (qu’ils l’utilisent ou non au cours des six derniers mois) et de déterminer les facteurs associés à sa non-utilisation », expliquent les auteurs de l’enquête.

Les données mobilisées pour cette analyse sont issues de l’enquête Rapport au sexe (Eras) réalisée en ligne et anonymement en 2023 auprès des HSH. « Nous avons considéré qu’étaient éligibles à la PrEP les répondants multipartenaires non-séropositifs pour le VIH, ayant déclaré le non-usage systématique du préservatif avec des partenaires occasionnels dans les 6 derniers mois lors de pénétrations anales », précisent les chercheurs.

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lutte VIH Afrique

Source : IRD le Mag

La commémoration des 40 ans de la découverte du virus d’immunodéficience humaine (VIH) invite à jeter un regard rétrospectif sur quatre décennies de lutte contre ce fléau dans l’Afrique au sud du Sahara. Cette région a payé le plus lourd tribut à la pandémie.

Au début des années 2000, les trois quarts des adultes mourant du sida et 80 % des enfants vivant avec le VIH étaient des Africains. La création en 2001-2002 du Fonds mondial, à l’initiative du secrétaire général de l’ONU, le Ghanéen Kofi Annan, va contribuer à l’accès universel au traitement et à désamorcer la bombe du sida. Lors du lancement officiel du Fonds mondial à New York en 2001, moins de 1 % des patients africains ont accès aux traitements. À cette époque où des chercheurs militants parlent de « crime contre l’humanité » pour dénoncer l’apathie de la communauté internationale face à la pandémie, la naissance du Fonds inaugure une réponse d’envergure au niveau mondial.

Aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne abrite 65 % du nombre total de personnes vivant avec le VIH dans le monde, soit 25,6 millions d’individus sur 39 millions. Le continent a également connu des progrès non négligeables en matière d’accès au traitement : les trois quarts des personnes vivant avec le VIH en Afrique subsaharienne suivent désormais un traitement antirétroviral.

Au cœur des drames causés par la maladie dite du syndrome d’immunodéficience acquise (sida), l’Afrique subsaharienne a aussi contribué à faire avancer la connaissance et à générer des mobilisations collectives inédites, associatives et politiques, certains de ses médecins et chercheurs ayant mené leurs combats jusqu’au sommet des programmes internationaux. La lutte contre le sida en Afrique représente un combat global, transnational, auquel ont significativement contribué quelques personnalités parfois insuffisamment connues.

Premières années : le tout-prévention

Le virus d’immunodéficience humaine est officiellement découvert en 1983 par une équipe de l’Institut Pasteur (pour cela, Françoise Barré-Senoussi et Luc Montagnier seront récompensés par le prix Nobel de médecine 25 ans plus tard, après moult controverses). Initialement diagnostiqué en France et aux États-Unis dans les milieux gays, le VIH va se propager et devenir une pandémie.

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vih révolution anticorps

Source : Le Quotidien du médecin

Plusieurs essais cliniques testent les anticorps neutralisants à large spectre contre le VIH, en France et à l’international.

Les anticorps neutralisants à large spectre sont produits par une minorité de patients séropositifs
Crédit photo : NIH-VOISIN-PHANIE

Les premiers résultats cliniques commencent à dévoiler ce qui sera peut-être la prochaine révolution thérapeutique dans le domaine du traitement du VIH : les anticorps neutralisants à large spectre (bNAbs). Ces anticorps, produits par une minorité de patients séropositifs (1 à 2 %), intéressent fortement les chercheurs.

À l’étranger, des essais cliniques ont déjà été menés à leur terme, avec des résultats contrastés. Aux États-Unis, plusieurs essais en préventif avec l’anticorps VRC01, avec au total près de 2 700 volontaires, n’ont pas réussi à montrer qu’il protégeait mieux du VIH que le placebo. Mais au Danemark, l’étude de phase 2b Titan a démontré qu’une association de bNAbs et de lefitolimod (agoniste de TLR9) pendant huit semaines permettait un contrôle prolongé de l’infection.

Une action sur les réservoirs

En France, un essai clinique ANRS-Rhiviera a débuté en 2023 avec les équipes d’Asier Sáez-Cirión et d’Hugo Mouquet à l’Institut Pasteur, en coordination avec l’AP-HP, pour tester l’effet conjoint d’une trithérapie antirétrovirale et d’un cocktail de deux bNAbs à longue durée d’action chez des personnes nouvellement diagnostiquées.

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vaccination grippe covid

Source : AIDES

Depuis octobre, une nouvelle campagne de vaccination contre la Covid-19 a été lancée en France. Que doivent faire les personnes vivant avec le VIH ou les hépatites virales ? Quelles sont les recommandations ? Le Dr Hugues Cordel, médecin infectiologue au service des Maladies infectieuses et tropicales de l’Hôpital Avicenne (AP-HP, Hôpitaux Universitaires Paris Seine-Saint Denis) et président de la Société française de lutte contre le sida (SFLS), fait le point pour Remaides. Interview.

Remaides : Une nouvelle campagne de vaccination a débuté le 2 octobre dernier concernant la Covid-19 ? Quelles sont vos recommandations de vaccination pour les personnes vivant avec le VIH ou les hépatites virales ?

Dr Hugues Cordel : On recommande à tout le monde de se faire vacciner par le nouveau vaccin qui est adapté au dernier variant qui circule. Cette vaccination est ouverte à toutes les personnes qui ont une pathologie chronique, dont les personnes vivant avec le VIH ou les hépatites virales, bien sûr. C’est un vaccin en une seule dose et cela quel que soit son schéma vaccinal antérieur : qu’on ait fait les premières doses de vaccin, il y a deux ans, qu’on ait fait des rappels ou qu’on ait eu la Covid. Autrement dit quels que soient ses antécédents vaccinaux ou d’infection par la Covid, il est recommandé de se faire vacciner lors de cette nouvelle campagne avec le vaccin adapté aux souches de virus de 2023-2024. Ce vaccin est le Comirnaty® Omicron XBB.1.5.

Remaides : Quel est l’efficacité de ce vaccin ?

Ce vaccin cible un variant qui a été retrouvé au printemps, début d’été dernier : le XBB.1.5. Malheureusement, le Sars-Cov-2 [virus qui cause la Covid-19, ndlr] mute rapidement. Actuellement, ce sont plutôt les variants EG.5 et BA.2.86 qui circulent. Toujours est-il que ces variants appartiennent à la souche Omicron du virus. Le vaccin Comirnaty XBB.1.5 dont nous parlons cible les variants Omicron. On présume donc et on espère que le vaccin utilisé actuellement [le dernier en date, ndlr] jouera pleinement son rôle. Cela étant, c’est notre lot avec ce virus de la Covid-19 qui mute facilement et rapidement, plus vite que la mise au point d’un vaccin. Nous avons d’ailleurs cette même problématique avec le virus de la grippe qui va muter une fois par an à peu près alors qu’avec le virus de la Covid des variants importants et différents peuvent émerger deux, voire trois fois par an. La mise au point d’un vaccin ne peut pas tenir un tel rythme.

Remaides : Un rappel peut se faire à partir de six mois après la dernière infection ou injection de vaccin contre la Covid-19. Pour les « personnes immunodéprimées », le délai préconisé est réduit à trois mois. Est-ce valable pour toutes les personnes vivant avec le VIH ?

Des recommandations de la Direction Générale de la Santé (DGS Urgent) font le point sur ce sujet. Il indique qu’il faut, en effet, attendre un délai de six mois après la dernière infection documentée [prouvée par un test positif, ndlr] ou une injection vaccinale. Le délai de trois mois concerne les personnes immunodéprimées et les personnes transplantées, c’est-à-dire les personnes qui, dans le cas du VIH, ont moins de 200 CD4/mm3. Je peux prendre l’exemple d’un patient que je suis qui est dans cette situation. Il m’a expliqué en consultation qu’il s’est fait vacciner en septembre 2023 dans une pharmacie. Il a fait le vaccin de la génération précédente : celui administré en 2022-2023. Il devra donc attendre trois mois avant d’être vacciné avec le nouveau vaccin, celui de 2023-2024 [Comirnaty XBB.1.5, ndlr]. Pour une personne vivant avec le VIH qui n’est pas immunodéprimée [CD4 au-dessous de 200 CD4, ndlr] et qui aurait été vaccinée en septembre, elle devra attendre six mois avant une nouvelle vaccination avec le nouveau vaccin 2023-2024. C’est ce qu’expliquent les recommandations. On peut noter que dans l’hypothèse d’une nette accélération de la circulation du virus, ce qui n’est pas le cas actuellement, les autorités de santé pourraient réduire ce laps de temps… comme cela a déjà été fait précédemment. L’important est d’avoir un vaccin qui soit le plus adapté possible au virus qui circule.

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colloque femmes et VIH

Dans la foulée du colloque « Femmes & VIH : entre invisibilité et inégalités de genre » organisé par Actions Traitements le 15 novembre dernier, l’association a publié l’ensemble des vidéos captées pendant la journée. Vous pouvez ainsi découvrir l’intégralité des sessions, ateliers, tables rondes et intervention en replay sur la chaîne YouTube de l’association. À cette occasion, Actions Traitements publie le texte de Charlotte Floersheim (anthropologue de la santé, SESSTIM et IDEMEC), qui fait la synthèse de l’ensemble de la journée et pointe les enjeux spécifiques concernant les femmes vivant avec le VIH ou les femmes exposées à ce virus.

Retrouvez l’intégralité des vidéos du Colle ici : playlist YouTube

Charlotte Floersheim : anthropologue de la santé, SESSTIM et IDEMEC
Paris, mercredi 15 novembre 2015
Sorbonne Université, campus Marie & Pierre Curie

Je vous remercie pour ces riches interventions de cette journée. Elles ont un écho particulier pour moi et je vais tenter d’en restituer l’épaisseur tout en proposant des pistes de réflexion transversales. Dans cette conclusion, il s’agit de montrer les avancées non négligeables de la place des femmes dans la lutte contre le VIH et d’interroger ce qu’il reste à accomplir.

Je me présente : je suis anthropologue et réalise actuellement une thèse sur les mobilisations associatives de lutte contre le sida en Guyane. J’ai rencontré le VIH au début des années 2000 en me formant avec l’association Frisse (Femmes réduction des risques et sexualité), association importante qui a contribué à inscrire la place des femmes dans le champ de la lutte contre le sida. Puis j’ai porté cette thématique dans mon engagement dans le Planning Familial 05, lors d’émissions de radio féministes. J’ai travaillé ensuite à Aides et j’étais sa représentante dans le collectif Femmes plus à Marseille. J’ai réalisé une enquête collective sur l’histoire de Aides depuis l’arrivée des trithérapies. Élève de Sandrine Musso anthropologue, commissaire de l’exposition « VIH/Sida l’épidémie n’est pas finie », je souhaite saluer sa mémoire et me réclamer de son héritage dans la lutte contre le sida.

Comme la plupart des intervenantes d’aujourd’hui, dans la lutte contre le VIH, les femmes ont plusieurs casquettes, identités, engagements : Denyse Argence, Carole Damien, Pascale Bastiani, Florence Thune, Giovanna Rincon, Marie Basmadjian, Nicolet Nkouka en sont des exemples. Elles sont militantes, témoins, expertes, elles vivent avec le VIH, elles sont impliquées dans les associations, les hôpitaux, les études, les organisations autour du VIH, chercheuses, médiatrices, directrices de structures.

Aujourd’hui dans cette journée consacrée aux femmes, et nous l’avons vu tout au long de la journée, la catégorie « femme » est diverse. Quand je/nous parlons des femmes, nous avons conscience que c’est une catégorie qui recouvre des expériences différentes du monde. Un point important qui ressort de la journée est relatif au fait que quand nous utilisons le mot femme dans le champ du VIH, il s’agit de le faire de manière inclusive, de prendre en compte leur diversité et leurs spécificités : qu’elles soient transgenres ou cisgenres, nées ici ou ailleurs, jeunes ou vieilles. Il nous faut rendre visible et audible la diversité des femmes comme l’a affirmé Cécile Chartrain. Elles ont un dénominateur commun ; c’est celui d’avoir été assignée ou de se définir comme telle et, en tant que telle, de se voir attribuer un rôle et d’être prise dans des rapport de pouvoir. Mais dans cette diversité, selon l’appartenance à d’autres groupes, elles peuvent être plus privilégiées ou subir des discriminations. Vivre avec le VIH constitue une assignation et produit encore aujourd’hui des discriminations. Quand on regarde l’histoire du VIH, on voit clairement comment les discriminations se croisent et s’accumulent, montrant une nécessité de réfléchir les assignations et oppressions de manière intersectionnelle, comme l’a montré Fabienne El Khoury. Je soulève d’ailleurs que nous sommes restées centrées sur la France hexagonale aujourd’hui.

Pour définir l’expérience des femmes vivant avec le VIH, j’ai essayé de récolter les qualificatifs qui ont été utilisés le long de la journée pour les caractériser :

« Ignorées, sous-représentées, négligées, vie affective sexuelle sacrifiée, peu connues, pas testées, pas prises en compte, souffrances, secret, silence, violences, précarité, vulnérabilités, sous représentées, insultées. »

Cette liste de mots nous rappelle qu’elles font face à beaucoup de défis, de choses difficiles, de tabous, de discriminations.

Pascale Bastiani a souligné une méconnaissance, un isolement, de la sérophobie, de la maltraitance, des classements par étiquettes mais elle a aussi raconté l’entraide entre personnes vivant avec le VIH (PVVIH) à travers son travail quotidien. Elles et d’autres continuent à montrer la force tirée du retournement du stigmate, les mots et adjectifs utilisés illustrent aussi cela :

« Qualité, engagements, disponibilité, debout, forte et courageuse, pionnières, visibles, illustres ou méconnues, engagées, inspirantes, témoins, militantes, fortes, sororité, courage, force de caractère, valeureuses. »

Et ces femmes ont des besoins, comme souligné collectivement dans l’atelier animé par Giovanna Rincon et Lydie Porée. Je vous les rappellerai le long de cette conclusion. Tout d’abord elles veulent :

« Des vies sexuelles épanouies, être écoutées, régularisées, qu’on respecte leur confidentialité, limiter leur charge mentale, avoir une voix qui compte, de l’alphabétisation, de l’autonomie financière, avoir de l’information et que le grand public soit informé sur le Tasp. »

Des chiffres et des violences

Ce matin, Karen Champenois et Anne Gosselin nous ont présenté la synthèse des différentes études sur le VIH. Dans l’histoire du VIH, il y a une vraie importance à produire des chiffres pour pouvoir exister dans la réponse ; être comptées pour compter. Dans le monde les femmes représentent 51% des personnes touchées par l’épidémie, 1/3 en France et un rappel a été fait que la mortalité due au sida existe encore. Il y a des données mais pas assez : les données sont anciennes, il y a peu de données sur la France et les études avec des données socio-économiques manquent.

Les chiffrent montrent tout d’abord que les femmes cumulent les vulnérabilités. Les études soulignent que ce ne sont pas les vulnérabilités biologiques mais bien les critères économiques et sociaux qui augmentent le risque d’acquisition du VIH et qui conditionnent l’observance au traitement. Les femmes déclarent deux fois plus de discriminations que les hommes, sans les lier à leur genre. La violence, la précarité rendent vulnérables et compliquent la prise des traitements. L’étude « Trans & VIH »1 soulève aussi l’importance des discriminations systémiques : les femmes trans ont besoin d’accès au travail qu’elles choisissent, de droits pour les femmes étrangères et de faciliter leur changement d’état civil.

Giovanna Rincon nous rappelle que les femmes et hommes trans sont encore plus invisibles dans les études.

L’étude Parcours a montré que les femmes d’Afrique subsaharienne se contaminent sur le sol français. Les prises de risques sexuels sont liées au manque de domicile stable et à la plus grande précarité des premières années passées en France. Une étude similaire est en cours en Guyane sur les migrants et migrantes haïtiennes, elle montre déjà que des expériences généralisées de violences sont liées au genre et à la situation de migration ainsi qu’au manque de droits.

La question des violences subies a été évoquée ce matin et approfondie cet après-midi par Fabienne El Khouri. Elle a souligné la multiplicité des violences et attester de l’importance de la violence économique liée au genre. Ces violences touchent encore plus les femmes

appartenant à des groupes minoritaires. La question des violences est aussi un problème d’hommes qui sont les principaux auteurs de viols ou « insistent » pour avoir des rapports sexuels, et traitent les femmes comme des propriétés. Les femmes qui vivent avec le VIH sont plus à risque de subir des violences conjugales. Les crises, comme celle du Covid-19, augmentent les effets de la marginalisation. Dans le public, il a été ajouté que les femmes sont aussi victimes des violences policières. Cette violence touche des populations spécifiques : travailleuses du sexe, migrantes, femmes trans.

Comme le mouvement #MeToo l’a mis en lumière, toutes les femmes sont exposées aux violences sexuelles, mais les plus précaires sont confrontées à niveau très élevés, provoquant des formes graves d’anxiété et de dépression. Les violences silencient et invisibilisent les femmes.

Il est important de proposer des espaces pour soigner les dégâts causés par ces abus. Je tiens à soulever que la situation s’aggrave depuis dix ans avec les difficultés grandissantes des routes de migrations et les attaques récentes sur l’AME. Il faut penser des endroits pour mettre à l’abri des femmes qui fuient les violences. Le champ du VIH peut porter ces revendications et lutter contre les violences structurelles racistes, classistes et sexistes.

Afin d’aller au-delà des chiffres, Vanessa Fargnoli nous a présenté son travail de doctorat qui porte sur des femmes suisses vivant avec le VIH. Ces enquêtées ne rentrent pas dans les cases des populations cibles, elles et leurs expériences en deviennent oubliées, invisibles. Son travail et les expériences des femmes questionnent quelles visions sont légitimes quand on parle de vie avec le VIH, qu’il est important de continuer à poser un regard critique et réflexif quand bien même nous avons aujourd’hui des molécules plus efficaces et moins toxiques. Rappelons-nous que toutes les avancées du VIH sont venues des pratiques et de la connaissance de leurs corps des patientes eux/elles-mêmes. Vanessa rappelle qu’au-delà des chiffres, il y a des vies singulières qui ne rentrent pas dans les cases, mais qui comptent.

Sur les enjeux et besoins de santé

Comme souligné dans l’enquête Flash, on voit encore de nombreux renoncements aux soins (30%) à cause des discriminations et des problèmes financiers. La sérophobie, le manque de temps disponible des professionnel·les, le manque d’information, la difficulté des démarches administratives et l’isolement rentrent dans l’équation. L’atelier participatif a souligné les besoins médicaux des femmes : elles veulent des médecins traitants, des gynécos bienveillant·es, informé·es et être incluses dans les études. En somme, être en confiance. Elles ont aussi besoin d’accompagnement social juridique administratif, d’interprétariat.

L’infectiologue Pascale Leclerc a diagnostiqué un besoin de soin large, de prise en charge globale. « On soigne des gens, pas le virus. Ce n’est pas la personne qui est indétectable, c’est la charge virale ». Dans les consultations : « il faut laisser les gens exprimer leur vie, ce n’est pas un interrogatoire. » Les femmes PVVIH ont des pathologies spécifiques, il est important de prendre en compte leurs pratiques en essayant de sortir de nos préjugés et en écoutant les femmes. Les femmes ont besoin de connaissance sur les pathologies, d’être rassurées sur les interactions médicamenteuses avec la contraception, elles plaident pour une amélioration des traitements. Des maladies fréquentes chez le PVVIH ont été décrites : risque leucémique, du foi, cancer, dépression etc… Pascale Leclerc rejoint Pascale Bastiani, qui nous a décrit comment les PVVIH autour d’elle vieillissent. Elles et ils sont confronté·es à des nouvelles pathologies souvent aggravées par une longue vie avec le virus et des traitements qui ont épuisé les corps. Des maladies et cancers mortels mais non classé « sida ».

Il a été soulevé par le public que les médecins et les autres professionnel·les ont encore pas mal de progrès à faire sur la question trans dans le but de permettre aux personnes trans une égalité de traitement dans les soins. Que ce soit dans les études, la prise en charge et l’écoute des personnes, il faut s’intéresser à elles et eux dans leurs termes et ne pas oublier les hommes trans.

Nous avons assisté à une table ronde intitulée « La prévention du VIH, genre et inégalités sociales de santé ». En interrogeant le genre de la PrEP, Hyppolite Regnault nous a montré comment les normes influencent l’élaboration des médicaments. Avec Sarah Demart, iels ont montré les rapports de pouvoir par rapport à la PrEP, la minorisation des savoirs des femmes, notamment racisées. Une ignorance fabriquée : les femmes concernées ne sont pas à la table des négociations, elles sont assignées comme témoins, jamais expertes. En déniant ces savoirs communautaires dans un environnement par un manque de données, cela pose la question suivante : quel prix vaut la santé des femmes ? Que faire des promesses de molécules qui enrichissent les labos ?

Depuis son travail de terrain, Lola Levy décrit une société française qui se paupérise et des nouvelles travailleuses du sexe. Elle aussi nous enjoint à briser les cases et les clichés. Nous sommes dans une société où les pratiques changent, notamment avec le numérique. Ces pratiques numériques du travail du sexe peuvent créer de l’isolement, un isolement par rapport aux personnes inspirantes qui possèdent un savoir communautaire de prévention. Depuis son terrain, des concepts se fabriquent pour décrire les pratiques. Il y a aussi des nouvelles manières d’envisager le savoir, de réinterroger des mots dont le sens se vide parfois comme le mot

« empowerment ». Lola nous parle de « savoirs circulants et circulaires », et « le laisser la place » qui viennent rappeler la nécessité de s’appuyer sur l’expérience des groupes concernés. Caroline Chanvre a conclu cette table ronde en restituant les ponts clairs entre les différentes interventions et la nécessité de faire des groupes de réflexion entre personnes concernées.

Lors de son intervention sur l’allaitement, Eva Sommerlatte nous a rappelé l’importance du nombre de femmes qui découvrent leur séropositivité pendant la grossesse, situation souvent très dure à vivre ou on apprend pour soi, pour l’enfant à venir, pour la famille… Eva a donné les recommandations sur l’allaitement de l’OMS, conseillée pour les femmes en charge virale indétectable, et pour une durée de 12 mois.

Personnellement, je suis heureuse de voir que les choses avancent, que les tabous sont retravaillés. Il est primordial de souligner l’importance de pouvoir avoir un choix dans la mise en place de l’allaitement comme dans tous les autres aspects de la vie des femmes. Il s’agit d’écouter les envies/les besoins des femmes et de prendre au sérieux l’indétectabilité. Le fait de ne pas le faire produit de grandes violences et des souffrances. Je souligne que c’est toujours étrange de voir des recommandations contradictoires, en Afrique où il est conseillé aux femmes d’allaiter alors que cela est interdit dans les pays des Nord. Il faut permettre aux femmes des Sud d’avoir accès à de l’eau de qualité, et permettre ici, aux femmes qui le souhaitent, d’allaiter leur enfant quand elles sont indétectables. Il faut les accompagner !!! Cela fait avancer tout le monde et permet de réduire les doutes, les culpabilités et les prises de risques.

C’est une question de justice reproductive.

L’histoire des femmes dans la lutte contre le sida, leur rôle hier et aujourd’hui.

Florence Thune a recontextualisé pour nous l’histoire et le rôle majeur des femmes dans la lutte contre le sida : en tant que chercheuses, témoins, activistes, expertes. Elle l’a fait en citant leurs noms, leurs combats et en montrant leurs images. Elle a cité ce magnifique documentaire :

Nothing for us without us : the Women who will end AIDS2, un film réalisé par une femme, Harriet Hirshorn, qui retrace une histoire à la fois longue et vivante de la lutte contre la VIH. Sarah Schulman a organisé quant à elle la création d’archives vidéo de Act-Up New York3 et, en produisant une histoire par le bas, par les acteurs et actrices qui l’ont portée, elle a démontré que la lutte contre le sida a depuis le départ été portée par des femmes cis et transgenres, des personnes noires, hispaniques. Des travaux sur l’histoire du VIH en France hexagonale et celle des Outre-mer pourrait s’inspirer de ce travail. Il serait bien d’écrire cette histoire, de rendre femmage à ces femmes inspirantes et à leur combats à la fois intime et souvent transnational.

Pour pallier au silence qui entoure la vie affective et sexuelle des femmes vivant avec le VIH nous avons assisté à une table ronde animée par Cécile Chartrain. Elle nous a rappelé les manques historiques de recherche sur la contraception, la PrEP, l’impact des antirétroviraux (ARV) sur la libido des femmes.

Nikolet Nkouka a rappelé qu’il ne faut pas considérer les femmes comme « vulnérables », c’est la société qui les vulnérabilise. Il faut faire attention de ne pas présenter les femmes comme des victimes avec le danger de les enfermer dans cette case. Les femmes sont fortes, agissent, proposent des solutions. Dans les associations, il y une volonté et un cadre pour permettre la libération de la parole. Nikolet a présenté le récit de personnes qui participent à ces ateliers. Elle nous enjoint à prendre le temps, et réfléchir aux espaces comme à des cocons.

Lydienne a partagé très courageusement son histoire. À travers ses expériences, elle a incarné un exemple de ce que c’est que de subir des violences, de ne pas être soutenue. Elle a aussi montré que la vie est plus complexe que ce qu’on pense et qu’on peut trouver du soutien, de l’amour. Des informations utiles qui changent la donne, donne de l’espoir.

Mary Basmadjian lie son histoire à celle des autres femmes du Réseau santé Marseille sud. Elle décrit la peur partagée par les femmes de contaminer leur partenaire, de dévoiler leur secret et la peur du rejet. Le Tasp est arrivé « à la vitesse d’un escargot » mais il produit une révolution dans la vie sexuelle, promouvons-le !

En fin de journée, Giovanna Rincon a rappelé qu’aucune étude n’existe sur la qualité de vie des femmes trans à cause du sujet clivant : travailleuses du sexe et femmes trans. À Acceptess T, elles ont observé trois types de sexualité : affective, lié au travail du sexe, récréative. (Ce n’est à priori pas si différent de comment les femmes cisgenre peuvent définir leur sexualité ?) Les femmes se posent la question de « Comment dire sa séropositivité ? », elles ressentent une honte d’être séropo, il y a une complexité pour le dire. Giovanna rappelle les responsabilités politiques de la dégradation de la vie affective et sexuelle des femmes trans. Il faut des études pour lutter contre le stigma et des fonds pour les associations.

Conclusion :

Certains sujets n’ont pas été abordé, ou peu, comme les effets secondaires des ARV ou les enjeux spécifiques dans les pays du sud qui connaissent toujours la plus grande incidence de l’épidémie. Nous nous sommes concentrées sur les « Suds des Nords » comme le disait Sandrine Musso4, en parlant des vulnérabilités des femmes migrantes dans la France hexagonale et en prenant (enfin) en compte les expériences des femmes trans. L’accès au molécules préventives a été central pour traiter de la prévention. Nous voyons que la lutte contre le VIH a une histoire importante mais aussi une actualité. C’est une lutte dynamique avec un riche passé et un présent dans lequel la lutte continue.

Aujourd’hui encore 1/3 des nouvelles contaminations concernent les femmes dans l’hexagone, et recevoir ce diagnostic, à cause de l’image que véhicule encore le sida, reste une épreuve. Il est important d’aider à sortir de l’isolement parce que la stigmatisation pousse dans l’ombre. Dans le collectif, on trouve de la force. Quand une femme découvre sa séropositivité, c’est en rencontrant d’autres personnes qui vivent la même chose qu’elle arrive à apprivoiser « la vie avec » ce nouveau virus. La visibilité et la reconnaissance mutuelle entre femmes qui vivent avec le VIH est importante.

Les femmes ont exprimé aujourd’hui le besoin d’espaces de parole, de groupes entre femmes, de lieux, d’accès à la garde d’enfant, de pouvoir allaiter sans peur, qu’on ne parle pas à leur place.

Dans l’espace médiatique les femmes ont été soit invisibilisées, soit présentées de manière stéréotypée, les enfermant dans des représentations sexistes : la mère innocente trompée, la femme originaire d’un pays d’Afrique, la transfusée, la droguée, la pute, représentations qu’a relevé Mary Basmadjian. Avec une opposition entre des femmes qui seraient des victimes et d’autres des coupables. Aujourd’hui, elles restent invisibles en tant qu’indétectables et en tant que public de la PrEP. L’image que les femmes ont d’elles-mêmes peut être dégradée.

C’est à nous/elles de se définir, de s’expliquer, de se connaitre et de se faire connaitre. Dans les initiatives des dernières années, les femmes se racontent, que ce soit dans l’exposition du Mucem « VIH/Sida, l’épidémie n’est pas finie » ou dans le spectacle Encore heureuses qui est un exemple lumineux et sensible de prise de parole des femmes qui vivent avec le VIH. Des femmes se racontent et en racontent d’autres, les voix se mêlent pour porter la diversité des histoires, des douleurs, des victoires.

#MeToo a libéré la parole sur l’intime, mais pas seulement, ce mouvement profond a desserré l’étau qui rendait l’organisation de femmes entre elles et/ou pour elles si dur dans l’espace social. Il faut s’emparer de cette possibilité, ne pas devoir se justifier d’exister politiquement est une charge mentale à rejeter. Il s’agit de se libérer. À la fois les femmes doivent s’emparer des espaces, mais on doit aussi leur permettre de le faire et même les encourager. Il ne s’agit pas seulement de créer des moments autour de la question « femmes et VIH » mais d’inclure les femmes et toutes leurs expériences spécifiques et ceci dans tous les moments de la lutte. Et les prendre au sérieux. Dans les États généraux des personnes vivant avec le VIH qui se tiennent l’année prochaine, il faut faire une place aux femmes et mesdames n’hésitez pas la prendre.

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1 https://sesstim.univ-amu.fr/fr/projet/trans-vih-anrs-14056

2 https://womanatthereel.com/

3 https://actupny.org/divatv/netcasts.html

4 MUSSO S., 2011. « Les suds du nord. Mobilisations de personnes originaires du Maghreb face l’épidémie de sida en France », In EBOKO F., BROQUA C. et BOURDIER F. (dir.), Les Suds face au sida. Quand la société civile se mobilise. Paris, IRD Editions : 231- 279, www.academia.edu/es/6186222/_Livre_Les_Suds_face_au_sida_quand_la_soci %C3 %A9t %C3 %A9_civile_s e_mobilise

Cette enquête en 4 phases sur la période 2022-2023 a pour objet une comparaison des perceptions vis-à-vis de quatre types de vaccination : COVID-19, HPV, Grippe et Pneumocoque. Nous recherchons les facteurs psychosociaux impactant leur intention de vaccination ainsi que les actions à mettre en place pour améliorer ces comportements liés à la santé.

Partenaires

  • Actions Traitements est une association de patients, agréée pour représenter les usagers du système de santé. Créée en 1991 à l’initiative de personnes vivant avec le VIH, elle a pour but d’informer, d’accompagner, de soutenir et de défendre les droits des personnes vivant avec l’infection à VIH, les virus de l’hépatite, la tuberculose, les pathologies associées et les infections sexuellement transmissibles. Elle mène également des actions de prévention, notamment auprès de personnes exposées.
  • HAJIME AI est une SAS fondée par des psychologues sociaux et des ingénieurs informatiques, cette société développe des outils de prédiction de comportements et de mesure de l’observance thérapeutique. Ses travaux sont principalement basés sur des modèles existants dans la littérature scientifique de psychologie sociale.

Une synthèse des résultats de ces enquêtes a été présentée sous forme de poster, pendant le congrès de la SFLS (Société Française de Lutte contre le Sida), qui se tenait à Tours du 6 au 8 décembre 2023.

Les vaccins

COVID-19

La maladie de la covid-19, appelée SARS-CoV-2 est un variant du coronavirus, il est apparu en chine fin 2019. Ce nouveau virus provoque une maladie infectieuse respiratoire avec pour symptômes principaux de la fièvre, une toux, des maux de tête et une fatigue inhabituelle. La Covid-19 est une maladie très contagieuse qui peut avoir des conséquences graves, elle a fait 6 813 845 décès dans le monde. La campagne de vaccination a été lancée fin 2020. Aujourd’hui 4496 cas par jour en France sont recensés et 80,5% des français ont reçu au moins une dose.

HPV

Le papillomavirus est un virus sexuellement transmissible, elle touche autant les femmes que les hommes. La plupart du temps elle reste bénigne et est éliminée par l’organisme mais dans 10% des cas elle peut évoluer en cancers. Chaque année en France 3000 nouveaux cas sont recensés et provoquent 1000 décès. En 2019 seulement 28% des filles de 16 ans ont reçu un schéma vaccinal complet.

GRIPPE

La grippe est une maladie infectieuse très contagieuse, elle se transmet par voie aérienne. En France, elle est la première cause de mortalité pour ce type de maladie. Elle a comme symptômes principaux une fatigue intense, des douleurs musculaires, des maux de tête et une toux. Elle touche tout le monde mais à des conséquences plus ou moins graves selon la fragilité de l’individu. En France 2 à 8 millions de personnes contractent la grippe et 10 000 à 15 000 en décèdent. En 2022 sont recensé 52,6% des personnes à risque (personnes âgées, etc) qui ont été vaccinés.

PNEUMOCOQUE

Le pneumocoque, une bactérie présente dans les voies respiratoires, cause 15 millions d’infections graves annuelles dans le monde, avec plus de 800 000 décès d’enfants de moins de 5 ans attribués à cette infection, selon l’OMS. La mortalité associée varie de 10 % à 30 %. En France, les pneumocoques sont une cause fréquente d’otites aiguës et de méningites chez les enfants de moins de 2 ans, ainsi que la première cause de pneumonie bactérienne et de méningite chez les adultes. Le vaccin contenant 13 sérotypes offre une protection élevée, dépassant 90 % pour les nourrissons. La généralisation de la vaccination a considérablement réduit le nombre de méningites et de pneumonies à pneumocoques chez les enfants, avec un impact positif également observé chez les adultes et les personnes âgées grâce à l’immunité de groupe.

Méthodologie

Critères d’inclusion

Patients majeurs ayant accès à internet via un téléphone ou un ordinateur. L’association partenaire s’adresse essentiellement à des patients atteints de VIH, nous n’avons pas retenu cela comme un caractère discriminant à l’inclusion. Les questionnaires étaient ouverts à tous.

Mode de passation

Les questionnaires sont passés via l’interface de la plateforme KUMO appartenant à la société HAJIME AI. Le lien de passation est fourni aux participants par la ou les association(s) de patients en partenariat dans l’enquête. Ces liens sont diffusés via leurs sites internet ou blogs, via newsletter ou via leurs réseaux sociaux. Les passations de questionnaire par les participants sont anonymes. Elles sont également uniques, un même participant ne pouvant passer deux fois le même questionnaire. Chaque participant est informé du traitement qui sera fait des données collectées.

Mesures

L’échantillon retenu ici (porteurs du VIH) est de 141 participants, divisés ainsi : 43 participants pour le vaccin COVID-19, 14 participants pour le vaccin HPV, 37 participants pour le vaccin Grippe et 47 répondants pour le vaccin Pneumocoque.

Le questionnaire évalue l’intention d’observance, la perception du vaccin, le soutien perçu dans l’entourage, la capacité à surmonter les barrières identifiées, ainsi que le comportement passé sur le sujet de la vaccination.

Les scores sont évalués avec des échelles en 7 degrés. Nous avons pris également en compte plusieurs variables catégorielles des participants, notamment le genre, l’âge, le niveau d’études, la CSP ainsi que la séropositivité. Les analyses statistiques ont été réalisées à l’aide du logiciel JAMOVI.

Les modèles et facteurs utilisés :

La Théorie du Comportement Planifié (TCP) est l’un des modèles de prédiction et d’explication les plus utilisés dans la psychologie de la santé. Développé par Ajzen en 1991, elle permet non seulement de prédire un comportement donné mais également d’en comprendre les freins et identifier les leviers. Il est adapté ici comme décrit sur le schéma ci-dessous et se décompose en 4 sous-facteurs :

  • La perception du comportement (aussi appelé attitude) : est-il considéré comme plutôt positif ou négatif ?
  • Le soutien perçu correspond à la pression sociale perçue par l’individu pour adopter le comportement. Cela concerne les attentes et le soutien social perçus par les différents groupes qui composent l’environnement de l’individu (ses proches, ses amis, sa famille, ses professionnels de santé…) et va nourrir ses normes subjectives ;
  • La capacité à surmonter les difficultés liées au comportement (ou contrôle perçu) représente la facilité/difficulté à surmonter les différentes barrières à l’adoption du comportement. Ce facteur est ici divisé en deux parties, d’abord une évaluation de la capacité à surmonter les difficultés puis une évaluation des barrières perçues de manière plus précise.
  • L’intention de comportement, qui est à ce jour le meilleur prédicteur de l’adoption d’un comportement donné. Notre enquête porte sur l’analyse de ces 4 sous-facteurs et de leurs interactions combinées à d’autres variables sociodémographiques.

Notre enquête a inclus d’autres facteurs issus des modèles de la psychologie sociale de la santé afin d’affiner les résultats et prolonger l’analyse. Ces facteurs sont les suivants :

  • Regret anticipé : Ce concept décrit, dans la psychologie sociale, le fait de ressentir du regret pour une décision qui n’a pas encore été prise. Il se produit lorsque les individus imaginent les conséquences négatives possibles d’une décision potentielle. Le regret anticipé est souvent associé à des décisions qui ont des conséquences à long terme, comme les choix de carrière ou les décisions financières. Les individus peuvent également ressentir du regret anticipé pour des décisions qui ont des conséquences sociales, comme refuser une invitation à une fête ou rompre une relation amoureuse. Les gens peuvent utiliser le regret anticipé pour éviter de prendre des décisions difficiles ou pour éviter de prendre la responsabilité de décisions qui pourraient avoir des conséquences négatives.
  • Vulnérabilité perçue : C’est un concept clé issu du Modèle des Croyances de Santé, utilisé pour comprendre comment les individus perçoivent les risques de développer des maladies et comment ils gèrent les facteurs de risque de santé. Elle représente la croyance qu’un individu a quant à sa propre vulnérabilité à développer une maladie ou un problème de santé. Cette croyance peut être influencée par des facteurs tels que les antécédents familiaux, les résultats de dépistage médical, les comportements de santé actuels et les croyances culturelles. Les individus qui perçoivent une vulnérabilité élevée peuvent être plus susceptibles de prendre des mesures pour réduire leur risque de maladie, comme adopter des comportements sains, suivre les recommandations médicales et consulter régulièrement un médecin.
  • Gravité perçue : Ce concept est également issu du Modèle de Croyances de Santé. Il se réfère à la croyance qu’un individu a quant à la gravité d’une maladie ou d’un problème de santé potentiel. Notamment influencée par la nature des symptômes, les risques associés à la maladie, les informations médicales à disposition et les expériences de santé antérieures, la gravité perçue a une incidence sur les comportements de santé des individus comme les consultations médicales et le suivi des recommandations.

Résultats les plus marqués

On constate que le vaccin grippe (moyenne = 5.89) est celui présentant l’intention la plus élevée, mais aussi la perception la plus positive. Il est perçu comme plus utile (moyenne = 5.78) et moins risqué (moyenne = 5.97) que les autres.

Il n’y a aucune différence significative sur les normes perçues vis-à-vis de la vaccination en général. Les individus considèrent ce comportement comme socialement soutenu et même encouragé par leur entourage ainsi que par le corps médical.

Le vaccin grippe bénéficie également d’un contrôle perçu plus élevé (moyenne = 6.25). Autrement dit, il est considéré comme plus facile d’accès et ayant moins de barrières à l’accès.

Ne pas se faire vacciner contre le HPV est perçu comme plus grave (moyenne = 5.64) que les autres et les individus se considèrent comme plus vulnérables aux pathologies induites (moyenne = 5.36).

Même sur le vaccin grippe qui bénéficie de la meilleure perception et du meilleur contrôle, le taux d’oubli déclaré de la vaccination est très élevé (moyenne = 5.65).

Conclusion principale

  • Le vaccin contre la grippe bénéficie d’une image nettement plus positive que les autres vaccins. Ceci s’explique assez aisément par les efforts mis sur les nombreuses campagnes de prévention et d’appel à la vaccination depuis quelques années.
  • Le médecin est perçu par les patients comme le relai et le soutien numéro 1 sur les questions de vaccination. Il est donc essentiel de l’armer d’outils lui permettant à la fois de convaincre les patients de l’importance de la vaccination mais également de leur faciliter l’accès aux vaccins.
  • Même si le médecin est le vecteur principal, en fonction du profil comportemental du patient et du vaccin ciblé, les clefs d’action à activer pour passer de l’intention à l’action de vaccination ne sont pas les mêmes.

LE RÔLE MAJEUR DU PROFESSIONNEL DE SANTÉ

Un acteur majeur de cette information se trouve être les professionnels de santé. Une enquête de BVA (2019) a révélé que 97 % des parents répondants déclarent suivre les conseils de leur médecin (60 % toujours et 37 % souvent) lorsqu’il recommande la vaccination, et 86 % l’identifiant comme leur principale source d’information sur ce sujet. Les médecins généralistes jouent un rôle déterminant dans l’information et dans la recommandation de la vaccination contre les HPV.

 L’information que peuvent transmettre les professionnels de santé permet d’augmenter la connaissance des patients et des parents sur la vaccination, de mieux comprendre les enjeux et de favoriser les intentions de vaccination. Une communication sur le vaccin par le médecin peut notamment permettre de pallier aux intentions de vaccination plus faibles chez les femmes observées dans cette étude.

En effet, on peut relier ces résultats à une sensibilisation plus accrue des femmes sur le vaccin et donc une plus grande méfiance due aux polémiques et désinformations ayant entouré le vaccin ces dernières années. Cette méfiance se retrouve notamment dans les témoignages des participants : “Ma mère était contre, parce qu’il y avait plein de rumeurs”, “le pédiatre qui l’avait conseillé mais je n’ai pas fait les autres doses. On a déménagé et y a eu une polémique à ce moment-là.” Les professionnels de santé se posent comme des figures de confiance et de soutien dans la prise de décision de santé.

On peut par ailleurs retrouver dans la littérature des corrélations entre le niveau de connaissance sur la grippe et le taux de vaccination antigrippale, mettant en avant l’importance des campagnes d’information (Camerlynck et al., 2012).

Les professionnels de santé ont effectivement un rôle à jouer notamment au travers de leur exemplarité sur le sentiment d’efficacité du vaccin. Si le taux de vaccination de ces professions a tendance à augmenter, ce n’est pas la majorité d’entre eux qui sont vacciner contre le virus de la Grippe.

Le simple fait de montrer l’exemple influence bien l’intention de vaccination dans la population : des professionnels de santé d’un hôpital suisse portaient un badge sur lequel il était marqué « je suis vacciné·e contre la grippe pour vous protéger » (Iten et al., 2013). Ce simple nudge favorisait derrière l’intention des patients à aller se faire vacciner. L’effet de modèle est d’autant plus fort lorsque ce sont des personnes de confiance tels que des professionnels de santé qui réalisent ce comportement et montrent publiquement leur adhésion à la vaccination (Leask et al., 2012).

De fait, les messages transmis par les professionnels de santé, de surcroit public, seraient une bonne source d’information pour rassurer la population (Brewer et al., 2017) quant à la vaccination grippe. Il apparait même que cet effet modèle s’applique à d’autre personnes de confiance pour les individus tels que les influenceurs. En effet, une étude de 2020 (Bonnevie et al., 2020) a montré qu’une prise de position publique en faveur de la vaccination contre la grippe de la part d’influenceurs favorisait une attitude positive à la vaccination et la rétention d’informations relatives au vaccin. En d’autres termes, les cibles étaient mieux informées et plus enclines à se faire vacciner contre la grippe.

QUELQUES CLÉS D’ACTION

1. Comprendre les mécanismes cognitifs d’évaluation de la vaccination

  • Le message de santé relatif à la vaccination déclenche deux processus cognitifs chez un individu : L’évaluation de la menace, à savoir s’il se sent à risque d’attraper la pathologie et s’il la considère comme grave pour sa santé. S’il estime la menace crédible, alors il passera au deuxième processus.
  • L’évaluation de l’efficacité du comportement ciblé, le vaccin est-il efficace pour le protéger de la pathologie et se sent-il capable d’aller se faire vacciner (peur de la piqûre, des effets secondaires, accessibilité des lieux de vaccination…). Si l’individu perçoit la menace mais pas l’efficacité du comportement ciblé, alors il va activer un mécanisme de défense : il va rejeter le message d’appel à la vaccination pour contrôler sa peur. Si l’individu perçoit la menace et l’efficacité du comportement ciblé, alors il va activer un mécanisme de contrôle du danger : il va accepter le message d’appel à la vaccination et se mettre en action.

2. Utiliser la communication engageante pour changer les comportements

Source : Girandola, F., & Joule, R. V. (2008). La communication engageante. Revue électronique de psychologie sociale, 2, 41-51.
Sur des comportements tels que la vaccination, le simple apport d’information ne suffit pas. En effet, de nombreuses études (et cette enquête le démontre également) montrent que bien que les individus soient pleinement conscients des dangers de leurs comportements ils n’en changent pas pour autant. C’est ce que Lewin appelait la différence entre la « sphère des idées » et la « sphère des comportements ». Alors comment faire le lien entre ces deux sphères ?

En appliquant une communication engageante :

  • Tout d’abord préparer un argumentaire de persuasion, comme le font la plupart des campagnes de sensibilisation et de prévention. En apportant de l’information sourcée, le message est perçu plus juste et est plus impactant.
  • En accompagnant cet apport d’information d’un acte engageant. Il s’agit d’accompagner les individus dans leur décision à s’engager dans un comportement en les aidant à verbaliser ou à signifier leur engagement à le faire. Si cet engagement est public, il sera plus fort.

Exemple : Après une explication du médecin ou du pharmacien visant à expliquer les avantages de la vaccination, demander verbalement au patient s’il s’engage à se faire vacciner dans les trois prochains mois. Les patients qui auront alors accepté auront beaucoup plus de chance d’aller se faire vacciner grâce à cet acte d’engagement public !

3. Petit traité de vaccination à l’usage des honnêtes médecins

Mesurer la menace perçue : Sur une échelle de 1 à 10, à quel point pensez-vous être à risque d’attraper cette pathologie ?

De 1 à 6 : il ne se sent pas véritablement menacé, que faire :

  • Renforcer le bénéfice pour ses proches (norme altruiste), pour la société
  • Renforcer le rapport coût (faible) / bénéfice social (fort)

7 et plus : le patient se sent menacé, que faire :

  • Si le patient se sent menacé, il s’agira ainsi de rediriger ce sentiment de menace vers des actions concrètes comme la protection par le vaccin. -> efficacité du vaccin
  • Pour cela il faut s’assurer de l’efficacité perçue du patient. -> Renforcer sa confiance envers le vaccin

Mesurer l’efficacité perçue : De même sur une échelle de 1 à 10, comment noteriez-vous l’efficacité de ce vaccin ?

De 1 à 6 : il y a un doute sur l’efficacité, que faire :

  • Apporter des informations sur l’efficacité du vaccin, si possible citer des sources
  • Apporter de la transparence sur le processus de vaccination (comment cela se déroule, ce que le vaccin permet d’éviter…)
  • Rappeler ses faibles risques (pour les patients exprimant une crainte d’effets indésirables)

7 et plus : il considère le vaccin comme efficace, que faire :

  • Renforcer sa motivation / diminuer la peur par la norme sociale (x% des patients dans votre situation se font vacciner chaque année)
  • Planifier la vaccination (quand, où, comment)
  • Faire exprimer à voix haute son engagement à se faire vacciner
VIH indétectable

COMMUNIQUÉ DE PRESSE, à l’approche de la journée mondiale de lutte contre le VIH-sida du 1er décembre 2023

Paris, le 24 Novembre 2023.

La Journée mondiale de lutte contre le VIH/sida a lieu dans une semaine, vendredi 1er décembre. À cette occasion, Actions Traitements donne la parole à deux personnes vivant avec le VIH. À travers leurs témoignages, Thaïs et Pierre nous expliquent ce que cela change dans leur vie, dans leur relation aux autres et dans leur sexualité, de savoir que, grâce à leur traitement, ils ne peuvent pas transmettre le VIH. C’est le point de départ d’une opération de plus grande envergure, qui vise à recueillir et à valoriser la parole et le vécu des personnes vivant avec le VIH. Rencontre !

Pierre n’était pas encore né quand l’équipe de l’institut Pasteur a identifié le virus du sida, le VIH, pour la première fois en 1983. Né en 1985, c’est en 2008 qu’il a appris sa séropositivité, quelques mois à peine après la publication du Rapport Hirschel (ou « Avis suisse ») le 1er décembre 2007. Pourtant, Pierre a dû attendre cinq ans après son diagnostic, avant d’apprendre qu’une personne vivant avec le VIH, prenant un traitement efficace (et avec une charge virale indétectable) ne pouvait pas transmettre le virus à ses partenaires. Malgré l’intérêt évident de cette information scientifique révolutionnaire, confirmée par plusieurs essais cliniques* de grande envergure, celle-ci tarde toujours à se diffuser largement auprès du grand public et de l’ensemble des professionnel·le·s de santé.

Pierre, 38 ans : « Ça a été un choc… magique ! Savoir cela m’a permis à nouveau de vivre normalement, d’avoir une sexualité plus sereine »

RAPPEL : en novembre 2022 nous avons organisé un webinaire tout public afin de présenter le détail des preuves scientifiques accumulées depuis la publication du Rapport Hirschel en décembre 2007*. Son titre : « Indétectabilité du VIH : quand la science avance plus que les mentalités ».

Née en 1974, Thaïs a découvert sa séropositivité en 1992, à une époque où les médicaments efficaces (utilisés en trithérapie ou plus) n’existaient pas encore. Depuis d’énormes progrès ont été réalisés, permettant aux personnes séropositives diagnostiquées et traitées d’avoir une espérance de vie similaire à la population générale. Quand Thaïs a entendu dire pour la première fois, quelques mois après l’annonce officielle, que l’efficacité de son traitement antirétroviral lui permettait de ne pas transmettre le virus à ses partenaires, la nouvelle s’est également accompagnée de beaucoup de questions. Il a fallu du temps avant que les avis soient unanimes quant à l’effet protecteur du traitement des personnes séropositives pour leur partenaires. Un temps qui n’a pas empêché Thaïs de donner naissance à un enfant séronégatif en 2018, alors que quelques années plus tôt son médecin l’avait fortement dissuadée de tenter l’aventure de la maternité.

Thaïs, 49 ans : « C’est mon conjoint séronégatif qui s’est renseigné auprès d’un de ses amis séropositifs et est revenu en me disant “c’est bon, on peut l’enlever (le préservatif), on ne risque rien !“

RAPPEL : nous avions publié un communiqué de presse le 30 novembre 2022, intitulé « VIH indétectable = intransmissible : le risque zéro existe et il est grand temps de le faire savoir ! ». Ce communiqué était basé sur les affirmations, sans équivoque également, des deux spécialistes qui avaient participé à notre webinaire : le Pr Gilles Pialoux de l’Hôpital Tenon et le Dr Michel Ohayon du centre de santé Le 190.

La nouveauté 2023 est venue de l’Organisation Mondiale de la Santé !

On parle souvent de risque proche de zéro ou très faible ou quasi nul, en ajoutant parfois que le « le risque zéro n’existe pas ». Cela réduit considérablement la compréhension et la portée du message pourtant simple : « VIH indétectable = intransmissible ». L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’est saisie du sujet cet été, en publiant des nouvelles directives sans équivoque. L’institution affirme tout simplement qu’avec une charge virale indétectable, il y a ZÉRO RISQUE de transmission du virus par voie sexuelle.

Pour cela l’OMS se base sur les normes internationales selon lesquelles on considère que la charge virale (nombre de copies du VIH par millilitre de sang) est indétectable lorsqu’elle est inférieure à 200 copies ! Or, en France, on dispose de matériel capable de quantifier précisément le niveau de virus jusqu’à 50 voire même 20 copies de virus par millilitre de sang.

Cela crée une confusion dans l’esprit de beaucoup de personnes, notamment celles qui s’inquiètent de voir leur charge virale remonter à 60, 100 ou même 180 copies de VIH par millilitre de sang, pensant qu’elles risquent à nouveau de transmettre le virus à leur(s) partenaires. Pourtant, d’après les normes internationales, leur charge virale est toujours inférieure à 200 mml/L de sang, donc INDÉTECTABLE et SANS RISQUE de transmission.

C’est donc d’autant plus important de donner vie à ces informations scientifiques, de faire en sorte qu’elles soient incarnées dans une réalité quotidienne, celle des personnes vivant avec le VIH. Thaïs et Pierre sont deux exemples concrets, parmi les 190 000 personnes vivant avec le VIH en France, de ce que cela change au quotidien d’avoir une charge virale indétectable. Savoir qu’on ne peut pas transmettre le virus à son, sa ou ses partenaires, retrouver une sexualité libérée de la peur de transmettre le VIH, avoir un enfant sans risquer de lui transmettre le virus, etc. Ce sont des conséquences concrètes d’une charge virale indétectable. Se retrouver à faire l’éducation de son entourage, de ses partenaires, voire à bousculer les convictions des professionnel·le·s de santé qui jalonnent leurs parcours de soins, c’est cela aussi avoir une charge virale indétectable, pour Thaïs et Pierre comme pour beaucoup d’autres.

À quelques jours du 1er décembre 2023, nous avons donc souhaité donner la parole à des personnes concernées, à travers ces extraits de témoignages de Thaïs et Pierre. S’ils sont prêt·e·s à témoigner, y compris à visage découvert, c’est parce qu’ils souhaitent autant que nous faire évoluer radicalement le regard de la société sur la vie avec le VIH, sur les personnes concernées, ainsi que la prévention.

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Contact presse : Cédric DANIEL – cdaniel@actions-traitements.org – 06 21 50 25 42

À propos d’Actions Traitements : association créée en 1991 à l’initiative des personnes vivant avec le VIH. L’association, agréée pour représenter les malades et les usagers du système de santé, a pour but d’informer, accompagner, soutenir et défendre les droits des personnes vivant avec l’infection à VIH, les virus de l’hépatite, les pathologies associées et les infections sexuellement transmissibles. Membre co-fondateur du collectif interassociatif TRT-5 CHV, qui rassemble 14 associations de lutte contre le VIH, les IST et les hépatites virales.

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* De l’essai HPTN 052 (2011) aux deux essais PARTNER 1 et 2 (2014 et 2018), des dizaines de milliers de rapports sexuels (77 000 rien que dans Partner 2 !) ont été étudiés et ont permis de confirmer l’affirmation d’origine : aucune transmission du VIH n’a été observée entre partenaires sérodifférents, hétérosexuels ou homosexuels, avec pénétration vaginale et/ou anale, sans usage de préservatif ni de la PrEP, pendant toute la durée de ces études. Ces essais cliniques étaient présentés par le Pr Gilles Pialoux (Hôpital Tenon) pendant le webinaire organisé par Actions le 21 novembre dernier.