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Source : AFP Factuel

Une publication partagée plus de 80.000 fois depuis 2017 sur Facebook dans de nombreux pays d’Afrique francophone prétend que le « jatropha rouge », une plante tropicale originaire d’Amérique du sud, « fait des miracles » dans le traitement du VIH. C’est faux, selon des spécialistes contactés par l’AFP: il n’existe pas de traitement curatif contre le VIH et seuls les antirétroviraux permettent de maîtriser la maladie.

« Cette fleur fait des miracles« : voilà le message asséné par une publication massivement partagée sur Facebook depuis 2017, qui loue les vertus thérapeutiques d’une plante tropicale, le « jatropha rouge« , dans le traitement du Virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable du Sida.

L’auteur de ce post, qui accompagne son message d’une photo d’un arbuste recouvert de feuilles violacées, propose une recette dont il assure « l’efficacité« . Il faut « pétrir, broyer ou malaxer quelques feuilles dans de l’eau pour obtenir un jus« , puis le « filtrer » et en boire « 3 verres par jour (matin, midi et soir) pendant un mois« , détaille-t-il. Une façon, selon lui, de dire « au revoir » au « Sida« .

Ce message, partagé près de 80.000 fois en quatre ans, est abondamment commenté. On le retrouve dans plusieurs articles en ligne (123), mais aussi dans de nombreuses publications sur Facebook (12, 3, 4), pour certaines très récentes.

Pas d’effet prouvé contre le VIH et le Sida

Le jatropha rouge, ou jatropha gossypiifolia, est une plante originaire d’Amérique centrale et d’Amérique du sud. Elle est très répandue en Afrique tropicale, notamment en Côte d’ivoire, au Cameroun et au Burkina Faso.

Cet arbuste ornemental, parfois appelé « médecinier rouge« , se voit attribuer de nombreuses vertus médicales, comme le précise ce site spécialisé en agronomie. L’huile de ses graines est utilisée dans les lampes à huile et comme combustible.

​Contrairement à ce qu’affirment les publications virales, rien ne prouve cependant l’utilité de cette plante contre le Sida – stade le plus avancé du VIH, durant lequel le virus s’attaque au système immunitaire des malades.

« Le jatropha gossypiifolia comme traitement du Vih/Sida », c’est « une fake news« , tranche Joshua Kimani, épidémiologiste et directeur de la recherche clinique au bureau local de l’Université du Manitoba au Kenya.

Cette plante « ne guérit pas le Sida« , abonde Laura Ciaffi, infectiologue à l’Agence nationale de recherche sur le Sida et les hépatites virales (ARNS) et membre de l’équipe de recherche basée à l’hôpital central de Yaoundé.

Le jatropha rouge n’est pas non plus reconnu comme un traitement ou comme un palliatif contre le VIH par l’Onusida, organisme onusien chargé de lutter contre la pandémie de VIH.

« Notre partenaire du Programme commun, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), dispose d’un système bien établi pour enquêter, évaluer et valider ou non les allégations relatives aux médicaments présentés comme des « remèdes » contre le VIH« . Or « nous n’avons connaissance d’aucune recommandation de l’OMS concernant le produit cité (jatropha gossypiifolia)« , a assuré à l’AFP Patrick Brenny, directeur régional de l’organisme onusien pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

38 millions de personnes touchées dans le monde

Selon le dernier rapport de l’Onusida, 38 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH. En 2019, 1,7 million de personnes ont été nouvellement infectées par ce virus et 690.000 personnes sont mortes de maladies liées au sida.

D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 67% des personnes infectées par le VIH vivent par ailleurs en Afrique, région la plus touchée par cette pandémie. En 2019, plus d’un million de personnes ont été infectées sur ce continent.

Ces dernières années, des progrès importants ont été accomplis dans la prise en charge des personnes malades, grâce aux efforts considérables déployés au niveau international, à l’origine de nombreuses avancées sur le plan médical.

« Nous avons maintenant des médicaments éprouvés contre le VIH/sida appelés ARV, ou antirétroviraux« , souligne le docteur Joshua Kimani, membre du réseau africain subsaharien pour l’excellence de la recherche sur la tuberculose et le Vih.

Les traitements antirétroviraux, qui agissent en bloquant le cycle de multiplication du VIH, permettent de contrôler le virus et aident à prévenir sa transmission. Ils ne permettent pas en revanche de guérir les malades infectés.

Pas de remède ni de vaccin

A ce stade, « il n’existe ni remède ni vaccin pour traiter et protéger toutes les personnes vivant avec le VIH ou qui y sont exposées« , a rappelé l’OMS dans son rapport de novembre 2020.

L’institution souligne néanmoins que « la science évolue rapidement« . Ces dernières années, deux personnes ont ainsi obtenu une « guérison fonctionnelle » après avoir « subi une greffe de moelle osseuse« , rappelle l’OMS.

« Pour soigner le VIH, c’est-à-dire contrôler la réplication virale, je crois que les ARV ont fait leurs preuves« , insiste Laura Ciaffi, de l’ANRS, qui rappelle que ce type de traitement a « très peu d’effets secondaires.« 

Pour cette spécialiste du VIH, les plantes – à l’image du jatropha – peuvent être bienvenues pour donner du bien-être, tout autant que « l’exercice physique, la bonne alimentation, l’arrêt du tabac et la modération de l’alcool« .

« Mais pour le virus, laissons les ARV faire leur effet« , insiste l’infectiologue, qui regrette la viralité des publications trompeuses sur les réseaux sociaux, liée selon elle à un rejet de la médecine dite moderne.

« Les gens se disent +pourquoi aller chercher plus loin ?+ Le jatropha, c’est local« , rappelle la chercheuse, qui s’était déjà inquiétée dans une précédente vérification de l’attrait pour les traitements alternatifs chez certains malades du Sida.

Un avis partagé par Joshua Kimani. « Nous savons comment fonctionnent ces ARV et donc personne ne devrait prendre de phytothérapie de nos jours« , insiste ce spécialiste, qui rappelle qu’ »aucun remède à base de plantes n’a été approuvé par l’OMS à ce jour« .

 

Source : Seronet

Mars 2021 restera pour les personnes porteuses du VIH comme le mois qui a allégé les critères d’accès à l’assurance et au crédit. La convention AERAS a en effet approuvé la révision de la grille de référence : une avancée en adéquation avec la réalité médicale des patients séropositifs. Cette victoire n’en cache pas moins de fortes disparités entre les maladies chroniques. Le combat est loin d’être fini pour que cessent toutes les inégalités.

La vie devant soi. C’est peut-être ce que les personnes porteuses du VIH ont pensé, le 12 mars dernier, suite à l’assouplissement et à l’élargissement des critères d’éligibilité à l’assurance et à l’emprunt, qui jusqu’alors leur étaient quasiment inaccessibles, à moins d’en passer par un authentique parcours du combattant. Ce jour-là, la commission de suivi et de propositions de la Convention AERAS – s’Assurer et Emprunter avec un Risque Aggravé de Santé – a validé une nouvelle grille de référence, plus favorable aux personnes séropositives. Grâce à cette évolution, 30 % des patients concernés pourront désormais bénéficier des nouvelles dispositions.

Saluée comme une avancée importante, cette révision a été possible grâce à une mobilisation d’ampleur, aiguillonnée par Dominique Costagliola, épidémiologiste et membre du conseil d’administration de l’association Aides. Son expertise sur l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine et son réseau, via notamment ART-CC, une collaboration internationale de traitement des données de cohortes de personnes vivant avec le virus du sida , ont été ses deux cartes maîtresses.

Des contributions bénévoles :

« En janvier 2020, j’avais travaillé, pour un colloque, sur la grille de référence, et présenté, à cette occasion, les 4 points principaux qui devaient être amendés pour faire avancer les choses, raconte-t-elle. J’ai donc repris cette présentation, mais, pour consolider mon argumentaire, j’ai demandé fin décembre à mes collègues d’ART-CC d’actualiser les données sur l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH, ce qu’ils ont fait bénévolement. »

Chiffres à l’appui, Dominique Costagliola a ainsi pu montrer que les critères surévaluaient le risque que ces personnes feraient courir aux assureurs. « L’espérance de vie des personnes qui vivent avec le VIH est désormais très proche de celle de la population générale, développe-t-elle. Le grand changement a été de dire qu’au fond, ce qui compte, ce n’est pas ce qui s’est passé, mais où en sont ces personnes aujourd’hui. »

=> Pour lire la suite de l’article, se rendre sur : Seronet

Source : Slate

L’émergence de ces séries permet d’informer et de communiquer autour du VIH, surtout auprès des jeunes générations, qui n’ont pas connu l’essor dramatique de l’épidémie.

L’année 2021 marque les 40 ans de l’épidémie de sida. Une date importante, tant le sujet évoque souffrances, deuils, discriminations mais aussi luttes militantes ou politiques et solidarités. Tant aussi la prise en charge de la maladie a changé, alors qu’une certaine indifférence s’est installée chez les plus jeunes.

Aujourd’hui, deux séries se déroulant dans les années 1980, soit au tout début de l’épidémie, reviennent sur ce pan de l’histoire: Pose, de Ryan Murphy, Brad Falchuk et Steven Canals, et It’s a sin, de Russell T Davies. La première se situe dans le New York des années 1980, au cœur de la communauté queer latino et afro-américaine, dans la ball culture où le sida fait des ravages. La seconde démarre en 1981 à Londres, et suit une bande d’amis gays sur une dizaine d’années, qui correspondent aux débuts de l’épidémie de VIH et à son essor dramatique.

Pourquoi ces séries émergent-elles aujourd’hui, à la suite d’œuvres de fiction cinématographiques telles que 120 battements par minute de Robin Campillo ou Plaire, aimer et courir vite de Christophe Honoré, mais après des années de quasi silence autour du VIH? Et surtout, que pouvons-nous en apprendre et en tirer quand bien même aujourd’hui, le sida, dès lors qu’il est dépisté et traité, est devenu une maladie chronique?

Devoir de mémoire, devoir d’information

À la première question, Didier Roth-Bettoni, journaliste et historien du cinéma LGBT+, répond aisément: «Qu’il s’agisse de Ryan Murphy ou de Russell T Davies, ces scénaristes et réalisateurs appartiennent à une génération qui a traversé cette période et qui a eu besoin de faire un travail sur elle-même, une sorte de travail de deuil, pour pouvoir l’aborder dans ses créations. Ils ont eu besoin de temps pour se projeter à nouveau dans cette époque et rendre hommage aux victimes et aux militants.» S’il s’agit de mener un travail de mémoire, encore faut-il qu’il s’agisse d’une «mémoire agissante avec un impact sur ce qui se passe aujourd’hui», explique l’historien. «Il est essentiel que ces représentations soient là pour se souvenir, mais aussi pour vivre et informer.»

Nous arrivons en effet à un moment où les intellectuels et artistes éprouvent des difficultés à articuler le discours autour du VIH, notamment à destination des plus jeunes, qui n’ont pas conscience de ce qu’il s’est passé. Didier Roth-Bettoni poursuit: «Il est difficile de mettre en scène ce qu’est le VIH/sida en 2021. L’impact dramatique dans la fiction est moindre qu’auparavant. Un malade du sida aujourd’hui, si tant est qu’il est traité, ressemble à tout un chacun.» Pour autantnous avons besoin d’outils pour informer et communiquer autour de la maladie, et les fictions qui se déroulent dans les années 1980 peuvent servir de support à cela. Un support qu’il faut accompagner par une remise en contexte pour affirmer que la réalité est aujourd’hui différente.

En effet, à la sortie de It’s a sin en Angleterre, certains, dont l’activiste américain Mark S. King ont fait part de leur crainte que la série n’entraîne une vague de sérophobie, ou que les spectateurs s’arrêtent à une vision datée du VIH. Une crainte initialement partagée par Fred Colby, militant associatif et auteur de T’as pas le sida j’espère?!, mais rapidement balayée par les campagnes menées autour de la diffusion de la série. «Il est extrêmement important de se remettre dans le contexte de l’époque, de comprendre qu’il y avait beaucoup d’inconnues sur les modes de transmission, et qu’en pleine révolution sexuelle où les gays se libéraient, l’arrivée du VIH ait pu être perçu avec une forme de complotisme, détaille-t-il. Tout d’un coup, et en plein flou médical, on disait aux gays de ne plus baiser. Il est normal que cela ait pu être vécu dans le déni ou dans l’idée qu’il s’agissait d’une sorte de complot homophobe mené par l’Église catholique et les conservateurs.» It’s a sin met d’ailleurs bien en avant le manque criant d’information au début des années 1980 quand Jill, l’héroïne, demande à son ami Colin d’acheter des livres et des magazines traitant du sujet lors d’un rapide séjour à New York…

Cet accompagnement a été fait par les associations britanniques, et notamment le Terrence Higgins Trust Institute, qui a surfé sur le hashtag de la série pour lancer une campagne sur le thème «Le VIH a changé» afin d’informer sur la PrEP ainsi que sur le concept de U=U (Indétectable = Intransmissible). L’association a même repris le «La» emblématique de la série pour militer, non sans humour, sur les réseaux sociaux. Et, comme l’a relevé également Fred Colby sur son blog, elle a aussi développé un quiz intitulé «Watching It’s A Sin? How much do you know about HIV in the 1980s and today?» («Vous regardez It’s A Sin? Que savez-vous du VIH dans les années 1980 et aujourd’hui?») permettant de se tester sur ses connaissances sur le VIH et le sida. En France, et quand bien même la diffusion de la série est limitée aux abonnés de Canal+, les associations ont lancé sur Twitter le hashtag #LeVIHachangé dans la même optique.

Des publics multiples

S’il y a une nécessité de la part des créateurs de fiction de s’exprimer et d’informer, ils répondent dans le même temps à un besoin de la part du public, ou plutôt des publics, comme l’exprime Didier Roth-Bettoni: «Il y a différents publics qui sont interpellés par les fictions qui traitent du VIH. Ceux qui ont vécu la période des années 1980 en étant au cœur de l’épidémie, ceux et celles de la même génération qui sont totalement passés à côté et qui éprouvent aujourd’hui une espèce de culpabilité, les presque quadras et jeunes quadras à qui ces séries permettent des éléments de compréhension d’une période dont ils sont les héritiers immédiats et qui ont ont besoin de pièces pour reconstituer le puzzle, et les plus jeunes, qui n’ont absolument pas connu cette époque.»

Tous et toutes peuvent tirer partie des enseignements de cette période, qui sont fort bien représentés dans Pose et It’s a sin, afin que collectivement et individuellement, les erreurs qui ont été faites ne le soient plus. Elles montrent en effet combien il est important aujourd’hui de lutter contre les discriminations, l’homophobie, la transphobie et le racisme, comme l’explique Fred Colby: «Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le VIH est une maladie politique et sociale qui ne touche pas tout le monde de la même façon. Elle affecte particulièrement des groupes particuliers, les gays, les trans, les travailleurs et travailleuses du sexe… et les minorités ethniques. Aujourd’hui, l’épidémie diminue chez les gays blancs, mais stagne, voire augmente, chez les noirs et les latinos aux États-Unis, et chez les gays nés à l’étranger en France. Le sida se nourrit des discriminations. L’homophobie, la transphobie ou le racisme sont des facteurs de fragilisation supplémentaires qui font que les personnes s’exposent.»

«Ces fictions nous disent que la communauté LGBT+, quel que soit l’âge de ses membres, a une histoire partagée.»

Didier Roth-Bettoni, journaliste et historien du cinéma LGBT+

It’s a sin nous rappelle par exemple les dégâts causés par la Section 28 en Grande-Bretagne. Cet amendement datant de 1988, et abrogé seulement en 2003, prescrivait que l’autorité locale «ne devait pas promouvoir intentionnellement l’homosexualité ou publier de documents dans l’intention de promouvoir l’homosexualité» ou «promouvoir l’enseignement dans aucune école publique de l’acceptabilité de l’homosexualité en tant que prétendue relation familiale». Il a ainsi contribué à laisser un boulevard ouvert à l’homophobie et à la biphobie, et à ne pas laisser les associations informer sur les moyens de prévention contre le sida.

Intégrant également des passages de manifestations et d’activisme d’Act Up, Pose et It’s a sin ne font pas que rendre hommage à leurs militant·es: elles nous montrent aussi combien il est crucial de ne pas laisser le silence s’installer –on se souvient du slogan «Silence = death» («Silence = mort»). Les enjeux sont certes différents aujourd’hui, mais le silence reste meurtrier.

Enfin, ainsi que le note Didier Roth-Bettoni, Pose ou It’s a sin nous rappellent que la solidarité et le fait de se recréer une famille pour se soutenir et s’aimer est quelque chose qui participe à l’histoire des combats et des communautés LGBT+. On retrouve ce concept au sein des «maisons» dans la ball culture, où des «mères» d’adoption prennent sous leurs ailes des jeunes queers souvent rejetés par leurs parents. On le voit aussi dans It’s a sin, au sein de la colocation des protagonistes. «Ces séries remettent également à sa place le rôle des femmes lesbiennes, qui ont été très importantes dans la lutte contre le VIH», ajoute Didier Roth-Bettoni. Et de conclure: «Ces fictions nous disent que la communauté LGBT+, quel que soit l’âge de ses membres, a une histoire partagée. C’est important pour les plus jeunes qui ont parfois l’impression d’arriver de nulle part.»

On rappelle pour conclure que chaque année en France, près de 6.000 personnes découvrent leur séropositivitéPour 26% d’entre elles, cette découverte survient à un stade avancé du sida, les empêchant de bénéficier d’un traitement précoce. Il reste ainsi crucial de continuer d’informer sur l’importance du dépistage, ainsi que sur la prévention et les traitements, et de soutenir la recherche.

Source : Medscape

Une étude de phase I montre qu’un implant à élution d’islatravir (ISL) dans une nouvelle formulation pourrait fournir assez d’antirétroviral pour constituer une option possible en termes de prophylaxie pré-exposition (PrEP) au virus de l’immunodéficience humaine (VIH) à long terme. Les résultats ont été présentés à la  Conference on retroviruses and opportunistic infections (CROI).

L’islatravir ou MK-8591 est développé pat Merck. C’est un inhibiteur nucléosidique de la translocation de la transcriptase inverse qui dispose d’un fort pouvoir antirétroviral – il stoppe la réplication antirétrovirale et maintient le niveau intracellulaire de VIH à des taux 100 fois inférieur par rapport aux autres rétroviraux.

Son métabolite actif, l’ISL-triphosphate (ISL-TP), a une longue demi-vie intracellulaire d’environ 190 heures, ce qui facilite également l’administration à partir d’un implant.

Un implant à l’image des implants contraceptifs

En 2019, le Dr Randolph Matthews des laboratoires Merck avait présenté une étude dans laquelle l’ARV avait été administré sous forme d’implant placé dans le bras – une technique déjà utilisée par ce laboratoire pour les contraceptifs et qui a déjà fait l’objet d’essais avec d’autres ARV comme le ténofovir. Un essai clinique sur 3 mois avait montré, en utilisant des projections, l’efficacité en termes de protection contre le VIH d’un tel système pendant 1 an, comme l’indiquait le site AidsMap.

Cette année, le chercheur de Merck est venu présenter à la CROI les résultats d’une étude similaire mais utilisant une nouvelle formulation. Celle-ci contient du barium, tout comme les implants Nexplanon ; qui présente l’avantage d’être opaque aux rayons X permettant de suivre toute éventuelle « migration » de l’implant et de pouvoir l’enlever si nécessaire.

Cette formulation qui sera celle qui prévaudra pour la phase II contient une concentration légèrement plus faible de substance ARV que celle testée il y a deux ans.

Dans cet essai de phase I mené en double aveugle et contrôlé contre placebo, des participants présentant un faible risque d’infection par le VIH ont reçu un implant à élution d’ISL unique (48 mg, 52 mg ou 56 mg) ou un implant de placebo.

24 volontaires ont reçu des implants d’islatravir (8 pour chacune des 3 doses) et 12 volontaires ont reçu un placebo.

Les implants sont restés en place pendant 12 semaines (3 mois) et les participants ont été suivis pendant 8 semaines supplémentaires, après le retrait de l’implant.

Des taux au-dessus de la valeur seuil

À l’aide d’une modélisation pharmacocinétique/pharmacodynamique, une valeur seuil cible pharmacocinétique (PK) de 0,05 pmol/106 cellules d’ISL-TP a été fixée pour la PrEP.

Les taux moyens d’ISL-TP sont restés supérieurs à la valeur seuil de 0,05 pmol/106 pour les 3 doses, et ce pendant toute la période où l’implant était en place.

D’après les projections, l’implant de 56 mg devrait maintenir les concentrations d’ISL-TP au-dessus de la valeur seuil PK pendant plus de 52 semaines chez la grande majorité des individus.

61 % des participants ont rapporté au moins 1 événement indésirable (EI) au niveau du site de l’implant, en excluant les hématomes.

Tous étaient d’intensité légère ou modérée.

Aucun cas d’arrêt du traitement lié à des EI ou des EI graves n’a été rapporté.

Une phase II devrait démarrée prochainement chez des patients à bas risque de VIH, puisque la question posée est de savoir si les taux de l’ARV seront suffisants pour protéger une année entière, indique le site AidsMap.

A la suite de cette conférence, Gilead et Merck ont annoncé une collaboration pour développer conjointement des combinaisons de ténacapavir et d’islatravir pour le traitement du VIH, selon le site POZ.

L’étude a été financée par Merck Sharp and Dohme Corp., une filiale de Merck & Co., Inc., Kenilworth, NJ.

Source : Seronet

Les personnes vivant avec le VIH ont environ 65 % de probabilité en plus d’être consommatrices de tabac comparées aux personnes séronégatives. Cette donnée est issue d’une méta-analyse publiée dans la revue Aids et reprise sur le site Aidsmap. Un niveau élevé de tabagisme a été observé à la fois chez les hommes et les femmes vivant avec le VIH et ce dans toutes les régions du monde à l’exception du pacifique ouest.

Les cancers sont une cause de décès importante chez les personnes vivant avec le VIH. Depuis longtemps, un niveau élevé de cancers liés au tabagisme a été observé. Ces cancers expliquent, entre autres, pourquoi malgré des traitements antirétroviraux très efficaces, l’espérance de vie des personnes vivant avec le VIH reste légèrement inférieure à celle des personnes séronégatives, avancent les chercheurs-ses.

Le Dr Peter Johnston et ses collègues des universités de Sheffield et Nottingham (Royaume-Uni) ont réalisé une méta-analyse (une étude d’études) de 37 études observationnelles dans le monde qui comparaient la consommation de tabac entre personnes séropositives et personnes séronégatives. Les moyens de consommation étaient les cigarettes, les pipes, les cigares et le narguilé. Les cigarettes électroniques, le tabac à mâcher et le tabac à priser n’étaient pas inclus dans cette méta-analyse.

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Source : La Montagne

Chaque année, depuis 2009, l’association de lutte contre le sida, Sidaction fait réaliser un sondage* auprès des jeunes de 15-24 ans sur l’information et la prévention du sida. La désinformation croît sur le sujet. On rétablit la vérité pour dix de leurs croyances.

Pourquoi cet article ? Une étude IFOP réalisée auprès de 1.002 jeunes de 15 à 24 ans montre que les croyances erronées sont encore nombreuses en ce qui concerne le sida. A quelques jours du week-end du Sidaction, pour lever des fonds pour la recherche contre le sida, Antiviral décrypte ce qui est vrai et faux autour de la transmission du virus.

1. « L’épidémie du sida est contenue »

FauxSelon le sondage Ifop, 54% des jeunes interrogés pensent que l’épidémie est contenue. Pourtant, d’après Santé publique France, en 2019, 6.200 personnes en France ont découvert leur séropositivité. Parmi elles, 26% étaient à un stade très avancé de la maladie. Ainsi sur 6,2 millions de tests de séropositivité effectués en France, 1 sur 1.000 était positif. Ceci représente une diminution de 7% par rapport à 2017. Mais ce chiffre se maintient au dessus de la barre des 6.000 depuis 2010. En 2020, en raison de l’épidémie de Covid-19, le nombre de dépistages a été bien inférieur. Malgré le nombre élevé de dépistages réalisés en France, Sidaction estime à 24.000 le nombre de personnes ignorant être porteuses du VIH aujourd’hui.

Dans le monde, la situation est aussi problématique selon l’association Sidaction : « En 2019, le monde comptait ainsi 38 millions de personnes vivant avec le VIH, dont 1,8 million d’enfants. Avec 1,7 million de personnes nouvellement infectées en 2019, nous sommes encore loin des moins de 500.000 nouveaux cas, but fixé pour 2020 par l’ONUSIDA. » C’est même la première cause de mortalité des femmes de 15 à 49 ans dans le monde. On ne peut donc pas dire qu’elle est contenue.

2. « Il y a de moins en moins de contaminations chez les 15-24 ans »

FauxC’est, en tout cas, ce que pensent 41% des répondants à l’enquête IFOP. Or, sur le site Internet du Sidaction, reprenant des chiffres de Santé publique France, on peut lire que  « les personnes âgées de moins de 25 ans représentent 13% des découvertes et celles de 50 ans et plus, 21%. Des proportions similaires à celles observées en 2017-2018. »

3. « Il existe un médicament pour guérir du sida »

En partie fauxAujourd’hui, 25% des jeunes interrogés par ce sondage le pensent (ils n’étaient que 13% en 2009). Pour déjouer cette croyance, il faut repréciser les stades de la maladie : lorsqu’une personne est contaminée par le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), les cellules de son système immunitaire se détruisent et elles ne peuvent plus lutter contre les infections. On parle de sida lorsque le malade atteint les stades les plus avancés de l’infection à VIH. C’est une pathologie à évolution lente.

Il n’existe pas à proprement parler de médicaments contre le sida et les personnes atteintes n’en guérissent pas, mais des traitements permettent de ralentir l’évolution du VIH vers le sida, et des infections qui s’y associent. Il s’agit des médicaments antirétroviraux, souvent sous forme de trithérapie, avec trois types de médicaments. Celle-ci a permis de faire diminuer de plus de 75 % le développement des infections opportunistes et du passage au stade ultime (sida) de l’infection. Mais la recherche en la matière se poursuit.

4. « Il existe un vaccin pour empêcher la transmission du virus « 

FauxC’est ce que croient 17% des personnes qui ont répondu à l’enquête IFOP. Malheureusement, en matière de recherche d’un vaccin qui lutte contre le VIH, les laboratoires du monde entier ont été beaucoup moins efficaces que pour celui contre le Covid-19. Quarante ans après la découverte de ce virus, il n’existe toujours pas de vaccin. La raison ? « Parce que d’un point de vue scientifique et technique, la mise au point de ce produit est éminemment plus complexe… », selon le professeur Jean-Daniel Lelièvre, chercheur spécialiste de la vaccination et chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Henri-Mondor à Créteil, dans une interview publiée sur le site du Sidaction. La recherche estime qu’il faudra encore plusieurs années pour parvenir à un vaccin.

5. « Il existe un traitement d’urgence si on a pris des risques en ne se protégeant pas »

VraiBeaucoup des jeunes interrogés (63%) l’ignorent, mais en cas de prise de risque lors de rapports sexuels, après un contact important avec le sang d’une personne (pour les soignants par exemple), ou pour les usagers de drogue en cas de partage du matériel d’injection, il est possible de prendre un TPE, un traitement post-exposition, d’urgence. Il doit être pris de préférence dans les 4 heures et au plus tard dans les 48 heures après un risque de transmission afin de réduire les probabilités d’infection. Il faut se rendre à l’hôpital.

6. « En observant attentivement une personne, on peut savoir si elle a le sida »

 FauxDe cela, 13% des interrogés sont persuadés. Ils n’étaient que 5% à penser cela en 2009. Il est impossible, même pour la personne séropositive (porteuse du VIH), de savoir si elle est contaminée. Du moins, dans les premières années suivant sa contamination, en effet pendant 5 à 10 ans, elle n’a pas de symptômes ou certains s’apparentant à ceux d’une grippe. Mais la personne est très contagieuse et, ignorant sa contamination, peut transmettre le virus (lire aussi ci-dessous). Petit à petit, le système immunitaire s’affaiblit, est sujet aux infections et atteint le stade final du sida.

7. « On peut attraper le sida en s’asseyant sur des toilettes publiques, en buvant dans le verre d’une personne séropositive, en lui serrant la main… »

FauxEn la matière, les connaissances des personnes interrogées se dégradent par rapport à celles du panel interrogé en 2015. D’après IFOP, dans la partie de l’enquête relative à la transmission du virus, on peut citer que 23% pensent que le virus se propage par la cuvette des toilettes publiques (ils n’étaient que 13% à penser cela en 2015). Pour 32% des sondés, le virus se transmet en ayant des rapports sexuels protégés avec une personne séropositive (27% en 2015 avaient déclaré la même chose).

Alors, non, non et non ! La transmission du virus se fait uniquement de trois façons :

  • La voie sexuelle lors de rapports vaginaux, buccaux ou anaux non protégés
  • La voie sanguine, lorsqu’il y a échange de sang
  • De la mère à l’enfant pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement.

8. « La pilule contraceptive, la prise de paracétamol protègent du sida »

FauxLes résultats du sondage en la matière sont effarants : 21% pensent que prendre la pilule contraceptive est efficace contre la transmission du VIH. Ils sont 14% à penser la même chose pour la prise de paracétamol, et 18% estiment efficace ou plutôt efficace les produits de toilette intime contre le virus. Le seul moyen de se protéger du VIH, lors des rapports sexuels, est d’utiliser un préservatif, qu’il soit masculin ou féminin. Les répondants sont quand même 90% à penser que le préservatif masculin est efficace contre le virus, mais ce chiffre a diminué de 8 points par rapport à 2015.

9. « De moins en moins de personnes utilisent des préservatifs »

VraiC’est en tout cas la conclusion qu’on peut tirer des réponses à l’enquête IFOP. Ils ne sont que 34% à avoir déclaré en utiliser systématiquement,  alors qu’ils étaient 53% en 2019. Dans l’enquête de 2021, 31% déclarent n’en utiliser jamais.

10. « Les jeunes sont moins bien informés qu’il y a quelques années sur le sida »

VraiEt c’est le principal enseignement de ce sondage, au vu de l’évolution des croyances erronées sur la question depuis quelques années. Les jeunes interrogés eux-mêmes le disent : en 2009, ils étaient 89% à juger être bien informés sur la question, ils ne sont plus que 67% aujourd’hui. Plus inquiétant encore, 49% ignorent où se rendre pour faire un dépistage du VIH. Enfin, si en 2009, 13% des jeunes interrogés n’avaient jamais bénéficié d’une sensibilisation sur le sida au cours de la scolarité, ils sont aujourd’hui 23%. Pour y remédier, Antiviral vous conseille les sites de Sida info service et du Sidaction.

*Ce sondage a été réalisé par Sidaction dans le cadre du #Sidaction2021.

 

Source : Infirmiers.com

Le 20 mars 1987, une mise à disposition considérable bouleversait le monde de la médecine : un traitement émergent pour les malades du Syndrome de l’Immunodéficience Acquise (Sida), lui-même découvert en France quatre ans plus tôt. L’AZT (pour azidothymidine, ou zidovudine), une molécule antirétrovirale, devient un réel espoir pour les malades. Comment sont apparus les premiers cas de Sida, et comment s’est propagé le virus ? En retraçant l’histoire de la maladie, impossible de ne pas évoquer cette petite révolution qui a bouleversé il y a trente-quatre ans la vie quotidienne des personnes infectées par le VIH et permis de les soigner malgré des effets indésirables considérables.

Revenons quelques décennies plus tôt pour mieux comprendre cette pandémie, toujours d’actualité. Dans les années 1908-1920, les premiers foyers de la maladie seraient apparus à Léopoldville (actuelle Kinshasa), capitale du Congo – belge à l’époque (l’information est reprise dans la revue américaine « Science » en 2014). Les travaux concèdent une origine épidémique non élucidée mais révèlent qu’un chasseur victime d’une morsure de chimpanzé porteur du virus serait l’origine de l’épidémie humaine ; le virus chez le singe est inoffensif, mais l’infection chez l’homme est tragique. L’article souligne d’autres hypothèses sur le mode de transmission, comme l’écorchure consécutive au dépeçage du chimpanzé ou la consommation de sa chair.

Quand boom économique rimait avec prémices pandémiques

La République Démocratique du Congo (RDC) était une colonie belge entre 1909 et 1960. Son économie dans les années 50 est en plein essor. Des travailleurs immigrés viennent des régions alentours pour trouver un emploi auprès des entreprises qui y fleurissent (le taux de chômage à Léopoldville est inférieur à 1%). Dans cette dynamique, la prostitution se développe car peu de femmes sont insérées dans le monde du travail à cette époque. L’idée est relativement simple : on demandait à ce que les travailleurs viennent seuls, sans famille, pour qu’ils puissent être plus mobiles sur les chantiers. Ces hommes seuls étaient souvent en contact avec des femmes dites « libres », qui avaient chacune trois à quatre « clients » pour lesquels elles offraient tâches ménagères et autres faveurs. Ces femmes étaient recensées par les autorités, et devaient subir, mensuellement, des tests pour maladies sexuellement transmissibles, alors que le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) n’était pas encore connu.

Sur le chantier du chemin de fer Congo-Océan entre Brazzaville et Pointe-Noire, le médecin français Léon Pales constate une mortalité importante des ouvriers

Léopoldville devient un véritable carrefour économique, sa population doublant tous les cinq ans, Elle constitue l’une des villes les mieux desservies de l’Afrique centrale grâce, entre autres, au chemin de fer pour acheminer des matières premières (diamant, coton, caoutchouc…) vers le port fluvial de Matadi et l’Océan Atlantique. Sur ce chantier, le tracé d’un autre chemin de fer – le Congo-Océan entre Brazzaville et Pointe-Noire – le médecin français Léon Pales constate une mortalité importante des ouvriers. Pour comprendre, il réalise des autopsies et décrit les caractéristiques suivantes : cachexie (qu’il nomme « cachexie du Mayombé », en référence à un massif montagneux local), infections pulmonaires (pneumonie, tuberculose), atrophie cérébrale et adénopathies multiples. Entre les années 30 et 80, des analyses sont effectuées, sans pour autant comprendre la cause de la maladie. En plus des transmissions sexuelles, les grandes campagnes vaccinales et potentiellement les toxicomanies contribuent à la prolifération du virus sur le continent africain (mêmes seringues et aiguilles, simplement rincées à l’eau).

 À l’indépendance de la RDC (1960), les Belges quittent le pays, les entreprises ferment ou sont nationalisées et une précarité sociale et sanitaire s’installe. En effet, le taux de chômage augmente jusqu’à atteindre 85 %. Les femmes ont des difficultés à survenir à leurs propres besoins, la prostitution gagne du terrain. Les femmes « libres » deviennent des prostituées avec plusieurs « clients » par jour. La prévalence du VIH au sein de la population congolaise est multipliée par douze entre 1970 (0,25 %) et 1980 (3 %). Quelques années plus tard encore, la Belgique transmet les données récoltées dans ses colonies à la France, pays précurseur dans la recherche sur le Sida à cette époque. Par la suite, l’exode de médecins, d’enseignants et d’autres professionnels belges a contraint les agences des Nations-Unies (à travers un programme de l’UNESCO) à faire appels à des milliers d’Haïtiens. De retour au pays, le tourisme sexuel occasionne la prolifération du virus aux Etats-Unis (1970). Durant la décennie suivante, quatre facteurs de risques de contracter la maladie (abandonnés depuis) sont mis en avant : un rapport homosexuel masculin, la prise de drogue injectable (héroïne), le fait d’être d’origine haïtienne ou d’être hémophile. Les nombreuses liaisons entre continent américain Europe ont permis la multiplication du virus sur le Vieux Continent.

Naissance du militantisme associatif en France

C’est la chercheuse française Françoise Barré-Sinoussi (prix Nobel de médecine en 2008) qui réussit à isoler le VIH en 1983 ; deux ans plus tard, elle rend disponible le premier test de dépistage du virus. La même année, le traitement AZT (azidothymidine ou zidovudine) arrive sur le marché mondial. Il est destiné à ralentir la réplication virale par inhibition de la transcriptase inverse du VIH. Associé à d’autres thérapeutiques, il permet de traiter le VIH, sans pour autant le guérir. La molécule a vu le jour dans les années 60 en tant que traitement anticancéreux, si donné à forte dose. Le prix du traitement (environ 10 000 $ par an), trop élevé pour beaucoup, provoque un scandale et c’est l’un des nombreux éléments qui donne l’élan à la création d’Act-Up à New-York en 1987 (1989 en France avec Act-up Paris). La même année, un test de dépistage voit le jour permettant de détecter rapidement les donneurs de sang séropositifs. En France, la campagne du ministère de la Santé « Le Sida ne passera pas par moi » déferle sur de nombreux supports : télévision, minitel, radio, prospectus, affiches…

Les populations touchées par le virus sont des minorités qui bousculent parfois les codes normatifs des sociétés

Le Militantisme combatif de plusieurs associations dans les années 89-90, notamment l’association Act-Up Paris, a réveillé les consciences collectives sur les personnes porteuses du virus au sein de la société française. Avant 1987, aucun traitement homologué n’est sur le marché mondial alors que la pandémie fait rage. L’inertie des entreprises pharmaceutiques et des instances décisionnelles a été mise au jour à cette même époque : les populations touchées par le virus sont des minorités qui bousculent parfois les codes normatifs des sociétés. De manière surprenante, la publicité en faveur du préservatif était proscrite avant ces années. Enfin en 1993, les pouvoirs publics commencent à s’impliquer et contribuent à la campagne « préservatif tarif jeunes ». A cette période, plusieurs traitements (notamment les inhibiteurs de protéase) permettent de diminuer la charge virale dans l’organisme. Malheureusement, une résistance s’établit lorsque le virus mute ; lorsqu’ils sont combinés (bithérapies, trithérapies), les traitements sont beaucoup plus efficaces pour contrôler le virus et moins susceptibles de favoriser la résistance aux médicaments que lorsqu’ils sont administrés séparément. Le traitement combiné comportant au moins trois médicaments antirétroviraux différents est d’ailleurs aujourd’hui devenu la norme pour toutes les personnes nouvellement diagnostiquées séropositives au VIH. Entre 2000 et 2010, un Fonds mondial (Global Fund) voit le jour pour endiguer les épidémies de Sida, de tuberculose et de paludisme. Cette organisation rassemble les autorités publiques, la société, le secteur privé et les personnes touchées par les maladies. Ce dispositif offre aux pays pauvres du Sud une accessibilité aux traitements.

Les thérapeutiques actuelles permettent une qualité de vie satisfaisante. Le choix thérapeutique se fait en fonction de la charge virale, des interactions pharmacologiques avec d’autres traitements, mais aussi de la tolérance quotidienne et de l’observance du patient. La disponibilité des traitements dans les pays en voie de développement reste à ce jour encore problématique ; les situations d’exclusion ou de rejet lié aux normes culturelles et sociétales demeurent vivaces à l’égard des personnes infectées.

Source : France 3 Hauts-de-France

Le jeune homme d’Arras démystifie le VIH, raconte sa vie de séropositif et vient de lancer un site pour aider celles et ceux qui s’interrogent sur le virus. Un moyen de « combattre la sérophobie » et montrer qu’on peut vivre normalement avec le VIH à l’occasion du Sidaction 2021.

Sur Twitter, là où il se raconte au quotidien, Nicolas s’appelle @mojoboam, « poisson-clown introverti, apprenti DevWeb et militant séropo », entre autres. Entre deux humeurs sur la vie, le confinement et les bars, le jeune homme d’Arras, « 26 ans dans un mois », parle du VIH, des personnes séropositives et du travail qu’il reste à faire autour de cette question de santé publique.

« Le VIH est rendu honteux par la société », dit Nicolas, séropositif depuis 2015, qui vient tout juste de lancer son site Seropo.fr pour « parler de la vie des séropo ». Pour faire simple, « un séropo qui parle aux nouveaux séropo », résume simplement Nicolas, dont l’engagement remonte à 2019.

« Combattre la sérophobie et casser l’image du VIH qui est dépassée et montrer qu’aujourd’hui, un séropositif est en bonne santé et a une vie normale »

L’Arrageois vit alors sa « vie de séropositif » depuis quatre années « sans en parler ». Un jour, il tombe sur des témoignages de personnes séropositives sur Twitter. Déclic. « Je me suis rendu compte qu’il y avait des séropositifs qui avaient décidé de ne plus subir l’ignorance, le rejet, la sérophobie. Je voyais ces gens, et je me suis dit que ce serait bien qu’un jeune de mon âge en parle. »

Nicolas n’a pas encore 25 ans, et il décide de franchir le pas. Il ouvre un blog pour raconter sa vie, sa découverte du VIH, les mois qui ont suivi et son parcours. L’Arrageois veut « combattre la sérophobie, casser l’image du VIH qui est dépassée et montrer qu’aujourd’hui, un séropositif est en bonne santé et a une vie normale ».

L’ouverture de son blog, « une démarche militante », s’accompagne d’un engagement croissant. Nicolas prend la parole, témoigne sur FranceTV slash (la vidéo va bientôt sortir), et « parle de la vie des séropo », tout simplement.

Son site est un « guide du nouveau séropo »

L’Arrageois, d’ailleurs, rappelle que la société méconnaît la séropositivité, confond VIH et SIDA (l’évolution terminale du VIH), et craint les personnes séropositives. « Les gens sont restés coincés dans les années 90, on peut vivre avec le VIH, et ne pas le transmettre. Quand on a le VIH et qu’on est traités, il n’y a plus de transmission, même si on ne met pas de protection. La charge virale est indétectable. »

Le jeune homme le concède. Le chemin est encore long, « changer une société ça se compte en dizaines d’années », dit-il, mais les mentalités changent. Le développeur web y participe, à sa façon.

« C’est important qu’un séropo soit visible, les gens ont besoin d’une image »

Depuis, Nicolas a grandi, et son engagement est un moyen d’être vu aux yeux d’une société qui invisibilise encore beaucoup le VIH. « C’est important qu’un séropo soit visible, les gens ont besoin d’une image », glisse-t-il, à la veille du Sidaction.

D’ailleurs, une question nous taraude. Pourquoi ne pas s’engager dans une association type Sidaction ? « On n’a pas la même façon de militer, les associations font de la prévention, permettent à la recherche d’avancer. Ma façon de militer, moi, c’est de faire passer des messages et de parler de la vie des séropo. »

Source : Ouest France

La technologie innovante de l’ARN messager, utilisée pour les vaccins contre la Covid-19, redonne de l’espoir aux scientifiques dans la recherche d’un vaccin contre le VIH. En France, 6 200 nouveaux cas sont recensés chaque année.

La recherche sur le Covid-19 va-t-elle faire avancer celle sur VIH, virus responsable du sida ? Des scientifiques l’espèrent.

Les vaccins à ARN messager, technique novatrice utilisée par les laboratoires Pfizer/BioNTech et Moderna contre le Covid-19, inspirent les chercheurs dans leur quête d’un vaccin contre le virus du sida. Cette méthode pourrait s’avérer efficace contre le syndrome d’immunodéficience acquise.

Quelle différence entre le VIH et le Covid-19 ?

Si ces deux maladies sont causées par deux virus à ARN, c’est-à-dire que son matériel génétique est constitué d’acide ribonucléique, elles n’ont pas d’autres points communs.

L’une des difficultés du virus du sida, c’est qu’il mute bien plus rapidement que le nouveau coronavirus. Le système immunitaire a donc plus de mal à le combattre. De quoi rendre quasi impossible jusqu’ici la recherche d’un vaccin efficace.

Mais l’ARN messager est une piste intéressante à explorer : « C’est une innovation dans la maladie infectieuse qui a montré son efficacité pour le Covid donc ce pont vers le VIH est tout à fait naturel et même encouragé », explique Serawit Bruck-Landais, directrice du pôle recherche du Sidaction qui a lieu du 26 au 28 mars, sur franceinfo.

Concrètement, comment fonctionne un vaccin à ARN messager ? Le principe consiste à faire produire les fragments d’agent infectieux directement par les cellules du patient vacciné. « Pour cela, ce n’est pas le virus dans sa forme atténuée qui est injecté mais seulement des molécules d’ADN ou d’ARN codant pour des protéines de l’agent pathogène », nous expliquait l’Inserm, il y a quelques semaines.

« Les cellules de la personne vaccinée localisées au niveau du site d’injection (principalement les cellules musculaires et les cellules du système immunitaire) sont alors en mesure de fabriquer elles-mêmes lesdites protéines, choisies en amont pour leur capacité à déclencher une réponse immunitaire significative et protective », poursuit l’institut.

Des recherches menées à Lyon

Si, pour l’instant, les leçons du Covid-19 n’ont pas permis de développer un vaccin contre le VIH, les recherches vont bon train. « Une équipe à Lyon travaille dessus », annonce Serawit Bruck-Landais, toujours sur franceinfo. La chercheuse évoque aussi des collaborations d’entreprises à l’international pour « voir si cette stratégie vaccinale est applicable pour le VIH. Pour l’instant c’est le tout début ».

Selon le site d’informations Atlantico , le laboratoire américain Moderna travaille sur le développement de deux vaccins à ARN Messager contre le VIH : le mNRA-1644 et le mNRA-1574.

Pour ce virus, la complexité est que la présence d’anticorps ne bloque pas l’infection. Moderna tente donc, via son sérum, de provoquer l’apparition d’anticorps « inédits » plus efficaces pour stimuler davantage l’immunité cellulaire que les vaccins testés à ce jour, ce qui semble être la clef d’une immunité protectrice contre cette maladie. Cependant, les scientifiques restent réservés sur cette tentative.

Un jeu de vases communicants entre les deux virus

Si le travail des scientifiques sur le Covid-19 fait avancer la recherche contre le VIH, l’inverse est aussi vrai. Il y a quelques semaines, le lancement d’un essai pour développer un vaccin préventif contre le virus à l’origine du sida était annoncé.

Il est mené par des Français, les chercheurs du VRI (Institut de recherche vaccinal), un laboratoire établi par l’Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS), l’Inserm et l’université de Paris-Est Créteil.

Le candidat vaccin, appelé « CD40.HIVRI.Env », repose sur une technique unique au monde. Les chercheurs ont ciblé les cellules dendritiques pour combattre les agressions du virus du sida. Ces cellules sont en fait les sentinelles de notre système immunitaire.

Concrètement, comment cela fonctionne ? Des anticorps auxquels sont accrochés des fragments de VIH sont lancés directement sur ces cellules. « On a disséqué ce qui était indispensable dans l’organisme pour induire une réponse immunitaire qui soit capable de protéger contre le virus, explique Yves Lévy, spécialiste du VIH, sur France Inter le 26 février. Ce que nous avons conçu, c’est un vaccin qui amène précisément aux cellules la quantité nécessaire du pathogène, c’est-à-dire du VIH, pour essayer d’induire les meilleures réponses immunitaires. »

Cette technologie a fait ses preuves lors des essais pré-cliniques (sur des animaux) et pourrait être utilisée pour créer des vaccins anti-Covid, selon les chercheurs.

La combinaison du vaccin testé avec un vaccin à ARN Messager pourrait amplifier la réponse immunitaire et ainsi obtenir une meilleure efficacité, notamment contre les variants. Un tel sérum contre le Covid-19 pourrait être disponible dès 2022.

Source : Komitid

L’étude ANRS Prévenir, menée en partenariat avec AIDES, valide l’efficacité et la bonne tolérance en vie réelle de la PrEP au bout de trois années de suivi.

La Croi 2021, plus importante conférence scientifique sur le VIH, s’est tenue (en visioconférence) du 6 au 10 mars. Parmi les nombreuses communications et résultats d’essai, celle sur Prévenir, une étude de l’ANRS avec AIDES et le soutien de Sidaction, qui analyse l’efficacité de la PrEP (traitement préventif du VIH) au long cours, a été particulièrement commentée.

Prévenir, dont l’investigateur principal est le Pr Jean-Michel Molina, a démarré en mai 2017 dans plusieurs hôpitaux.

PrEP en continu ou à la demande

Plus de 3000 personnes en Île-de-France présentant de fortes vulnérabilités au VIH ont été suivies, afin d’évaluer l’efficacité et la tolérance de la PrEP, dont la forme générique a été utilisée à plus de 90 %. Presque la totalité des participants (98,5 %) était des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et 56 % utilisaient déjà la PrEP avant l’entrée dans l’étude. Près de la moitié des participants (49,5 %) a choisi de prendre la PrEP à la demande, c’est-à-dire avant et après les rapports sexuels, tandis que l’autre prenait la PrEP de façon continue (un comprimé tous les jours).

Les auteurs de l’étude constatent, après un suivi de 22 mois que l’incidence n’est que de un pour 1000 participants par année. Il y a eu en tout six contaminations par le VIH dans les groupes PrEP, toutes dues à une mauvaise observance du traitement préventif. Grâce à la PrEP, on a pu éviter 361 infections par le VIH.

Concernant les questionnements sur les effets indésirables, le Pr Molina s’est montré très clair dans une interview à Séronet.info : « Dans Prévenir, en trois ans de suivi chez 3 000 personnes, nous n’avons eu que trois arrêts définitifs pour des maux de ventre et des nausées. Ce sont des choses qui arrivent et l’effet sur les reins est minime. Les effets indésirables sont surtout des arguments utilisés par les détracteurs de la Prep. »

Les chercheurs ont noté au cours de l’étude une diminution du nombre moyen de partenaires chez les participants, mais une augmentation du nombre de rapports sexuels et de rapports sexuels sans préservatif, notamment chez ceux qui ne prenaient pas de PrEP avant d’entrer dans l’étude. Globalement, 18 % de la totalité des rapports sexuels ont été protégés par un préservatif.

L’étude Prévenir va être poursuivie pendant cinq ans et l’on va mettre l’accent sur la prévention des infections sexuellement transmissibles, qui sont encore nombreuses dans l’essai. Deux sous-études sont actuellement en cours dans le projet ANRS Prévenir : la première vise l’élimination de l’hépatite C par une stratégie de test and treat et la seconde, Doxyvac, évalue l’intérêt d’une prophylaxie post-exposition par la doxycycline et d’une vaccination contre le méningocoque B pour essayer de prévenir les infections à Chlamydia, syphilis et gonocoque.

« La PrEP à la demande, comme la PrEP en continu, représente donc, chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes, une option très efficace de prévention de l’infection par le VIH », conclut le Pr Jean-Michel Molina dans le communiqué de l’APHP.

En France, la PrEP est entièrement prise en charge depuis fin 2015.