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Source : Act Up-Paris

Nos associations s’inquiètent du respect des droits réservés aux étrangers-ères malades par l’actuel gouvernement. Ces droits, notamment encadrés par la loi du 11 mai 1998 introduisant la régularisation pour raisons médicales, sont en effet violemment mis à mal par le projet de loi « asile et immigration » en cours de préparation.


Régulièrement attaqués, les droits des étrangers-ères malades ont pourtant déjà fait l’objet de nombreuses restrictions. Pour la plus récente, la loi du 7 mars 2016 a transféré l’évaluation médicale des Agences Régionales de Santé (ARS), sous tutelle du ministère de la Santé, à l’Ofii (Office français de l’Immigration et de l’Intégration) sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, plus animé par les objectifs de contrôle des flux migratoires que par la préservation de la santé publique. Les premiers chiffres disponibles sont éloquents : le nombre de titres de séjour pour soins délivrés a chuté de 37% entre 2016 et 2017.

Les étrangers-ères gravement malades dans le collimateur

Aujourd’hui, il s’agit, presque explicitement, de restreindre au maximum le recours au droit au séjour pour soins. Précisément, le projet de loi « asile et immigration » stipule ainsi, en son article 20, qu’« afin de prévenir le dépôt de demandes de titre de séjour aux seules fins de faire échec à l’exécution des mesures éloignement, il est ainsi prévu qu’un ressortissant étranger faisant l’objet d’une mesure d’éloignement fondée sur le rejet de sa demande d’asile ne pourrait plus solliciter un titre de séjour hors du délai fixé, sauf circonstances nouvelles.» Cette disposition, si elle venait à être votée, vise sans état d’âme de nombreux malades étrangers-ères.

Pourquoi ? Parce qu’une part importante des déboutés du droit d’asile relève de la procédure du droit au séjour pour soins. Le rapport de la mission sur « l’admission au séjour des étrangers malades », menée conjointement par l’Inspection générale de l’administration (IGA) et l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS), établissait que 39% des personnes détentrices d’un titre de séjour pour soins avaient été précédemment déboutées de leur demande d’asile.

Les dangers de l’allongement de la durée de rétention

Un autre article du projet de loi « asile et immigration », le numéro 13, suscite une grande inquiétude parmi les acteurs de la lutte contre le sida. Ce dernier prévoit que la durée maximale de rétention puisse encore être allongée par le juge « lorsque, dans les quinze derniers jours, l’étranger a fait obstruction à l’exécution d’office de la mesure d’éloignement ou présenté une demande de protection contre l’éloignement au titre du 10° de l’article L. 511-4 (…) », une disposition relative à l’état de santé des étrangers.

Très clairement, cette disposition vise à prolonger la rétention de 90 à 135 jours de l’étranger qui solliciterait un médecin, considérant que son état de santé est incompatible avec l’expulsion.  L’accès au médecin et à la santé en rétention est un droit fondamental, il ne peut être considéré avec suspicion, encore moins puni par un allongement de la durée de rétention.

L’accès aux droits : un enjeu de santé publique

Ces deux exemples, quelques-uns tirés parmi de nombreux dans ce projet, viennent souligner l’importance de l’enjeu soulevé par la loi « asile et immigration » : celui du respect des droits fondamentaux des étrangers en France. Sous couvert d’une « simplification des démarches administratives » ou d’un raccourcissement du délai des demandes, cette loi aura surtout pour conséquence une plus grande précarisation des étrangers et donc, c’est malheureusement documenté, de les éloigner des structures de prévention, du soin et des traitements. Un éloignement qui fait aujourd’hui craindre de nouvelles contaminations au VIH.

Comme l’a récemment montré l’enquête PARCOURS menée par l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS), 49 % des migrants-es séropositifs-ves ont été contaminés-es sur le territoire français, après leur arrivée. Les migrantes sont particulièrement concernées : en l’absence de logement stable ou de titre de séjour, certaines femmes se retrouvent, comme le précise encore l’étude PARCOURS, à la merci d’hommes n’hésitant pas à « monnayer leur aide » contre des rapports sexuels contraints. Aussi, entraver l’accès à un titre de séjour, c’est précariser socialement et exposer au VIH de nombreux migrants-es et, in fine, favoriser la dynamique de l’épidémie en France.

Face au recul que constituerait le vote de cette loi en l’état pour les étrangers-ères malades dans notre pays, nous appelons à supprimer les dispositions précitées. Nous appelons également à revoir l’ensemble du projet de loi « asile et immigration » qui, constitue une menace pour la santé des étrangers et, par extension, pour la santé publique.


Un texte déjà signé par 63 associations : Acceptess-T (Paris), Act Up Paris (Paris), Act Up Sud Ouest (Toulouse), Action Sida Martinique (Fort-De-France), Actions Traitements, Actis (St-Etienne), ADIS (Dunkerque, Calais), Afrique Arc En Ciel Paris IdF, Afrique Avenir (Paris), AGS (Paris), AIDES (national), Aiutu Corsu (Ajaccio), ARAP-Rubis (Nîmes), Arcat (Paris), ARPS (St-Denis île de la Réunion), ASAbc (Cannes), ASSAMEDE (Paris), Association Marie-Madeleine (Versailles), ATENA (Lyon), Basiliade (Paris, Lyon), Cabiria (Lyon), Centre LGBT Côte d’Azur (Nice), Centre Primo Levi (national), Comede (national), Comegas, Croyances et Santé Sexuelle (Kourou), D.A.A.C Guyane (Remire-Montjoly), Da Ti Séni (Lyon), Entr’AIDSida (Limoges), ENVIE (Montpellier), Fédération Parapluie Rouge (national), FONDATION Léonie Chaptal (Sarcelles), GAGL (Orléans), GAPS (Bordeaux), Grisélidis (Toulouse), Gwada Uni-vers (Basse Terre), Ikambere (Saint-Denis), Keep Smiling (Lyon), La Cimade, Le Kiosque Infos Sida et Toxicomanie (Paris), Le Planning Familial (national), Le Tipi (Marseille), Les Amis du Bus des Femmes (Paris), Les Petits bonheurs (Paris), Maison de vie du Roussillon (Perpignan), Médecins du Monde (national), Migrations Santé (national), Migrations Santé Alsace, MRAP (national), Nouvelle Aube (Marseille), Pari-T (Paris), Pride de nuit (national), RAAC/SIDA (national), Relais VIH (Rodez), Réseau Santé Marseille Sud (Marseille), ReVIH-Mulhouse (Mulhouse), Rive (St-Denis île de la Réunion), Sidaction (national), Sol En Si (Paris, Marseille), Solidarité Créteil, Solidarité Sida (national), SOS hépatites (national), STRASS (national)

Questionnaire
« Vivre avec le VIH : Mieux informés, mieux soignés »

Vivre avec le VIH, c’est être confronté à des questionnements et des interrogations tout au long de son parcours de vie : la découverte, le suivi, la vie intime et sexuelle, les interactions médicamenteuses, la vie de famille, etc. Et c’est la mission d’Actions Traitements en tant qu’association de patient d’aider les personnes à y répondre.

Pourquoi ce questionnaire ?

L’association développe constamment de nouveaux outils afin de donner accès à une information claire et vérifiée. Parce que les moyens de communication évoluent constamment, Actions Traitements tâche de s’adapter et de diversifier le plus possible les formats afin de toucher tous les publics concernés par le VIH : documents papier, outils numériques en ligne, applications pour smartphone, …

C’est pourquoi Actions Traitements a mis en place un questionnaire anonyme qui permettra de mieux comprendre où, comment et sur quels sujets les personnes qui vivent avec le VIH s’informent.

Et mes données dans tout ça ?

Répondre au questionnaire se fait de manière complètement anonyme. Les informations recueillies seront exclusivement étudiées et traitées par l’équipe d’Actions Traitements afin que l’association puisse améliorer ses réponses à vos besoins.

Je peux prendre 2mn pour remplir le questionnaire. Où le trouver ?

Voici le lien du questionnaire en ligne : http://bit.ly/2ynbDpL

Le « New England Journal of Medicine » a publié cette semaine les résultats d’une étude ANRS et le Medical Research Council (MRC) sur les bénéfices de nouveaux schémas thérapeutiques dans le traitement de la cryptococcose neuroméningée, maladie opportuniste fréquente et sévère, chez des patients vivant avec le VIH.

Les résultats de cet essai ACTA (Advancing Cryptococcal Meningitis Treatment for Africa), déjà présentés lors de la 9conférence de l’IAS qui se tenait du 23 au 26 juillet 2017 à Paris, ont conduit l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à modifier ses recommandations.

Une maladie grave 

Des résultats « d’une grande importance, signalait l’ANRS, car la cryptococcose, et notamment la méningite cryptococcique, est une maladie grave, qui entraîne la mort de plus de 100 000 personnes infectées par le VIH chaque année en Afrique ». Le traitement antifongique standard recommandé alors par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Société américaine de maladies infectieuses consistait en une phase d’induction d’une perfusion quotidienne d’amphotéricine B (AmB) associée à la prise orale de flucytosine (5-FC) pendant 2 semaines, puis d’une phase de consolidation et de maintenance basée sur la prise orale de Fluconazole (FLU). Dans les pays à ressources limitées, la disponibilité de l’AmB posait problème. De plus, l’antifongique, malgré son efficacité, pouvait parfois entraîner des effets secondaires graves.

Pour la première fois, l’étude conduite par le Pr Thomas Harrison et ses collègues de l’université St Georges de Londres, de l’Institut Pasteur et de l’université Descartes (hôpital Necker-Enfants malades, Paris), du site ANRS du Cameroun, de l’université de Dschang et des sites MRC du Malawi, de Tanzanie et de Zambie montrait la non-infériorité de deux combinaisons thérapeutiques antifongiques pour le traitement d’induction de cette maladie.

Plus de 80 000 vies sauvées

Elle a, chez 721 patients infectés par le VIH et présentant une cryptococcose neuroméningée, comparé trois traitements d’induction suivis d’un traitement de consolidation de 8 ou 9 semaines : une perfusion quotidienne d’amphotéricine B et la flucytosine orale pendant une semaine suivie de deux semaines de fluconazole et flucytosine ; un traitement oral sans amphotéricine (fluconazole et flucytosine) pendant 2 semaines ; un traitement d’induction standard.

Le traitement par injection d’AmB pendant 1 semaine est non inférieur au traitement oral sans AmB. Ces deux traitements se sont révélés plus efficaces et mieux tolérés que le traitement actuellement recommandé par l’OMS. De plus, ils permettent une diminution de la durée d’administration de l’AmB, voire sa suppression totale. « Les nouveaux schémas thérapeutiques mis en avant par l’essai ACTA pourraient potentiellement sauver plus de 80 000 vies par an », souligne l’ANRS.

Au vu de ces résultats, l’OMS vient de publier de nouvelles recommandations. En cas de non-disponibilité de l’amphotéricine B, le fluconazole à posologie élevée associé à la flucytosine par voie orale doit être proposé. Ces résultats plaident donc aussi « pour la disponibilité urgente de la flucytosine dans les pays à faibles ressources », concluent Olivier Lortholary et Charles Kouanfack, les investigateurs principaux respectivement Nord et Sud de l’essai pour le site ANRS Cameroun.

Source : jim.fr

Les herpes virus 6 (HHV-6 pour Human herpes virus 6) infectent à l’état latent 90 % de la population, la primo-infection survenant dans l’enfance, associée à une éruption bénigne. Mais chez certains individus (environ 1 % de la population), le génome viral s’intègre dans le génome de toutes les cellules germinales et somatiques. Il est alors retrouvé dans tous les prélèvements effectués chez ces individus en quantité équivalente, autour d’une copie de génome viral par cellule. Cette forme intégrée n’est à priori pas pathogène et ne nécessite pas de traitement particulier.

A contrario, HHV-6 peut être redoutable chez les patients immunodéprimés, notamment chez les patients transplantés : chez ces derniers la maladie à HHV-6 résulte le plus souvent d’une réactivation du virus, ou plus rarement d’une infection via le greffon. Elle est associée à une morbidité majeure, avec notamment un risque de rejet du greffon, voire de décès.Dans cet article de Bonnafous et al, il est décrit pour la première fois une transmission de HHV-6 intégré au greffon hépatique, associé à des lésions cérébrales et digestives fatales chez une patiente greffée hépatique de 53 ans. La patiente a présenté une encéphalopathie à J34 post-greffe, conduisant à une exploration microbiologique : des charges virales HHV-6 très élevées dans différents compartiments ont permis  de conclure à la responsabilité du virus dans la symptomatologie, et à la suspicion d’un virus intégré transmis par le greffon. Cette hypothèse a été confortée par l’identité des séquences virales identifiées dans le greffon et  dans les différents compartiments explorés chez le receveur.

Les traitements antiviraux par ganciclovir et foscarnet ont été mal tolérés et leur efficacité limitée : des complications infectieuses ont conduit au décès de la patiente à J96 post-greffe. Ce cas illustre l’importance du diagnostic de l’infection à HHV-6 chez les patients greffés, et décrit un décès consécutif à la greffe d’un organe de donneur porteur de génome viral intégré.

L’unité INSERM U1259 « Morphogenèse et Antigénicité du VIH et des virus des Hépatites » (Université de Tours) est spécialisée dans l’étude du VIH et des virus des Hépatites. Julien Marlet, doctorant poste d’accueil INSERM dans cette équipe, lance en janvier 2018 une collecte de fonds via la plateforme de financement participatif Thellie : https://thellie.org/hepatiteb. L’objectif est de récolter 7500€ avant fin mars 2018, pour pouvoir développer un nouveau test biologique d’étude de la résistance du virus de l’hépatite B aux antiviraux.

Dr Muriel Macé

RÉFÉRENCE

Bonnafous P, Marlet J, Bouvet D, Salamé E, Tellier AC, Guyetant S, Goudeau A, Agut H, Gautheret-Dejean A, Gaudy-Graffin C : Fatal outcome after reactivation of inherited chromosomally integrated HHV- 6A (iciHHV- 6A) transmitted through liver transplantation. Am J Transplant., 2018; publication avancée en ligne le 9 janvier. . doi: 10.1111/ajt.14657.

Source : Le Quotidien du Médecin

20 % des jeunes se disent mal informés sur le VIH. Un sondage Ifop-Bilendi réalisé pour Sidaction* (dont les résultats sont publiés en marge du Sidaction qui se déroulera du 23 au 25 mars) révèle une méconnaissance du sujet de la part des 15-24 ans et des idées fausses qui ont la vie dure. En parallèle, le nombre de contaminations chez les jeunes a augmenté de 24 % depuis 2007.

Les 15-24 ans sont ainsi 21 % à croire que le VIH peut se transmettre en embrassant une personne séropositive et 18 % à penser que la transpiration est un moyen de transmission. 19 % estiment que la pilule contraceptive d’urgence peut empêcher la transmission du VIH. Ces chiffres sont en hausse par rapport à 2015. « Cette dégradation nous a frappés », indique Florence Thune, directrice générale de Sidaction au « Quotidien ». Le manque d’information est sans doute en cause : 15 % des jeunes déclarent n’avoir jamais eu d’enseignement sur le VIH dans le cadre scolaire. Ils sont pourtant demandeurs. Selon le sondage, « près de sept jeunes interrogés sur dix estiment que les élus locaux (75 %), le pouvoir public (72 %) ou le ministère de l’Éducation nationale (67 %) n’en font pas suffisamment en matière d’information sur le VIH/sida ».

Des séances d’information et d’éducation à la sexualité sont obligatoires dans les écoles, collèges et lycées depuis 2001. « Manifestement, elles ne sont pas appliquées partout. Pourtant, cela rejoint ce qui a été mis aussi en avant par le précédent gouvernement dans la Stratégie nationale de la santé sexuelle [lancée en 2017]. Les intentions sont là, mais encore faut-il les mettre en application », estime Florence Thune. Et lorsque ces séances sont mises en place, « l’approche est souvent trop hétéronormée », malgré « une forte augmentation des contaminations chez les jeunes homosexuels ».

14 % des jeunes confrontés au moins une fois à une situation à risque

Par ailleurs, 49 % des jeunes estiment être bien informés du fait qu’une personne séropositive suivant bien son traitement ne peut pas transmettre le virus.

« Nous sommes face à un paradoxe : d’un côté, grâce aux progrès médicaux et le fait que les patients vivent mieux, le VIH est mieux perçu, de l’autre, dès lors qu’il s’agit de se mettre en situation de contact avec une personne séropositive, les craintes reviennent », analyse la directrice générale.

26 % des jeunes interrogés considèrent que l’on peut guérir du sida (ils n’étaient que 13 % en 2009). En parallèle, 14 % des jeunes reconnaissent avoir été confrontés au moins une fois à une situation à risque. Mais seulement 39 % de ceux-là ont eu recours au dépistage.

Les CeGIDD : des lieux d’information fiables et anonymes

Les médecins généralistes et les gynécologues sont en première place pour ouvrir le dialogue et informer les jeunes en matière de dépistage. « Les médecins et professionnels de santé des CeGIDD [centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic] doivent être à la pointe de l’information afin que ce soit une vraie chance pour les jeunes de disposer de ces lieux d’information fiables et anonymes », avance Florence Thune.

« Le rôle de Sidaction est de faire en sorte que les jeunes soient informés de manière fiable et que les politiques soient mises en œuvre », déclare Florence Thune. « Il ne s’agit pas que du VIH, nous sommes face à une problématique plus globale de hausses des contaminations des infections sexuellement transmissibles (IST) », déplore-t-elle.

*Sondage réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 6 au 13 février 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 1 002 personnes âgées de 15 à 24 ans.

Catégories VIH

Source : Seronet

De quelles données dispose-t-on concernant l’hépatite A en France ? Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) de Santé publique France de mars 2018 apporte une réponse. Consacré aux résultats des dix premières années de déclaration obligatoire (depuis 2005) de l’hépatite A, ce numéro présente aussi un point d’actualité (au 13 novembre 2017) concernant les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) très exposés à cette hépatite.

Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de Santé publique France de mars 2018 traite de l’hépatite A et revient sur dix ans de déclaration obligatoire (2006-2015). La France est un pays où l’hépatite A n’est pas très présente ; d’ailleurs, les cas sont en baisse depuis 2010. Une des explications résiderait dans une amélioration de la couverture vaccinale, puisqu’il existe une vaccination efficace. Il n’en demeure pas moins qu’il existe toujours de petites épidémies d’hépatite A concentrées chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. A l’aune de l’épisode de 2017, les autorités de santé envisagent d’ailleurs dans le cadre de la déclaration obligatoire (DO) de recueillir désormais l’orientation sexuelle des personnes infectées.

Pour la période 2006-2015, 11 158 cas d’hépatite A ont été notifiés, soit un taux d’incidence moyen de notification de 1,7 cas pour 100 000 habitants. Une tendance à la diminution de ce taux a été observée à partir de 2010. Reste que comme la maladie est souvent asymptomatique, elle ne conduit pas nécessairement à une consultation. C’est donc un biais pour une évaluation exhaustive des cas. Autrement dit, il y a très probablement plus de cas que ceux recensés.

Selon les données recueillies, le taux d’incidence moyen de notification chez les hommes était de 1,9 cas pour 100 000 et, chez les femmes, de 1,4 pour 100 000, avec une tendance à la diminution pour les deux sexes. Les principales expositions à risque étaient la présence de cas dans l’entourage (46 %) et un séjour hors métropole (38 %). Le « BEH » indique que 32 % des cas appartenaient à un épisode identifié de cas groupés.

Chez les personnes âgées de 25-44 ans, le taux d’incidence des cas notifiés est presque deux fois plus élevé chez les hommes que les femmes (2,1 contre 1,2). « Il pourrait être expliqué par des cas survenus chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH), population à risque d’hépatite A, indique le « BEH ». Dans cette tranche d’âge, les hommes ont déclaré moins souvent que les femmes la présence d’autres cas dans l’entourage (29 % contre 45 %) ou la présence d’enfants à domicile (18 % contre 36 %). Des cas d’hépatite A sont suspectés chez les HSH lors de l’observation d’une augmentation du sexe ratio homme/femme sur une période donnée et dans une même zone géographique. Cet indicateur a permis d’identifier des cas dans cette population, en particulier à Paris en 2008-2009, et cela a conduit à une incitation à la vaccination ».

Que se passe-t-il chez les HSH ?

Le « BEH » y consacre une partie spécifique. Depuis février 2017, la France et plusieurs pays européens observent une augmentation importante du nombre de cas d’hépatite A, touchant en particulier les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), rappelle-t-il. Du 1er janvier au 31 octobre 2017, 2 980 cas d’hépatite A ont été recensés par la déclaration obligatoire. Le nombre de cas d’hépatite A déclaré au cours des dix premiers mois de 2017 est quatre fois supérieur au nombre total de cas déclarés au cours de l’année 2016 (697 cas). Comme le détaille le « BEH », cette « épidémie concerne majoritairement les hommes, qui représentent 2 355 (79 %) des 2 980 cas déclarés en 2017. L’orientation sexuelle ne fait pas partie aujourd’hui des informations recueillies dans le cadre de la déclaration obligatoire. Cependant, des cas groupés chez les HSH sont évoqués lorsqu’on observe une augmentation du sexe-ratio H/F. L’augmentation du sexe-ratio H/F constatée chez les 18-55 ans (3,8 en 2017 contre 1 en 2016) et les résultats des premières investigations de cas groupés suggèrent très fortement que la population des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes est la plus touchée par cette épidémie, en France comme dans les autres pays d’Europe.

Source : Elisabeth Couturier1 (elisabeth.couturier « @ » santepubliquefrance.fr), Lina Mouna2, Marie-José Letort1, Dieter Van Cauteren1, Anne-Marie Roque-Afonso2, Henriette De Valk1
1 Santé publique France, Saint-Maurice, France.
2 Centre national de référence VHA-VHE, AP-HP, Hôpital Paul Brousse, Villejuif, France.

L’hépatite A, c’est quoi ?
L’hépatite A est une infection aiguë d’évolution le plus souvent favorable. En raison de l’excrétion fécale du virus, le principal mode de transmission est de type féco-oral, à l’origine de la contamination par contact direct de personne à personne, rappelle Santé publique France. La contamination peut être indirecte par consommation d’eau contaminée, de coquillages crus ou peu cuits et récoltés en eau insalubre, ou par ingestion d’aliments contaminés pendant la culture, la récolte ou la préparation. Des épidémies récentes en Europe et en France ont concerné la consommation d’huîtres, de fruits rouges surgelés, de tomates séchées et de denrées d’une boulangerie-pâtisserie. Après une incubation silencieuse de quatre semaines en moyenne (extrêmes 15-50 jours), l’hépatite A se manifeste par des signes généraux suivis d’un ictère (une jaunisse) dans plus de 70 % des cas à l’âge adulte. Chez l’enfant de moins de six ans, les formes asymptomatiques sont les plus fréquentes (70 %). La sévérité augmente avec l’âge, avec une évolution possible vers une hépatite fulminante peu fréquente, moins de 1 % des cas. Il existe une vaccination contre l’hépatite A. Elle est recommandée chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.

Source : Le quotidien du médecin

L’Association française d’étude du foie (AFEF) vient de publier des recommandations pour l’élimination de l’infection par le virus de l’hépatite C (VHC). Le point clé du texte est la description d’un parcours de prise en charge simplifié destiné aux médecins généralistes qui, pour l’heure, ne sont pas autorisés à prescrire les antiviraux à action directe.

La publication de ces recommandations coïncide avec l’annonce d’un accord entre le comité économique des produits de santé (CEPS) et le laboratoire Gilead permettant la disponibilité de Sovaldi (sofosbuvir), Harvoni (lédipasvir, sofosbuvir), Epclusa (sofosbuvir, velpatasvir) et le futur traitement pangénotypique Vosevi (sofosbuvir, velpatasvir et voxilaprévir) en pharmacie d’officine et plus seulement en pharmacie à usage intérieur. Ces deux événements rapprochent un peu plus la prise en charge de l’hépatite C de la médecine générale.

Sur le papier, l’accès universel au traitement est une réalité en France depuis 2017. Il existe cependant plusieurs freins, à commencer par le recours systématique aux hépatologues. « Une étude américaine montre que l’on est aussi bien traité par un spécialiste que par un généraliste », rappelle le Pr Bureau, secrétaire général de l’AFEF. Selon plusieurs sources proches du dossier, l’ouverture de la prescription aux médecins généralistes pourrait intervenir lors de la présentation fin mars du plan national de santé publique dans le cadre de la Conférence nationale de santé.

Les patients les plus simples en médecine générale

Les experts de l’AFEF prennent les devants, et proposent un parcours simplifié en médecine générale pour les patients qui ne sont ni coïnfectés par le VIH et/ou le VHB, ni insuffisants rénaux sévères, ni alcooliques et sans traitement antiviral C antérieur.

Selon le protocole proposé, les médecins généralistes doivent demander la réalisation d’une charge virale pour confirmer l’infection, et mesurer l’élasticité hépatique. « En enquêtant auprès de 100 médecins généralistes, j’ai constaté qu’un Fibroscan était facilement disponible pour 80 d’entre eux », explique le Pr Victor de Lédinghen, responsable de l’unité Hépathologie et transplantation hépatique du CHU de Bordeaux et co-auteur des recommandations. L’AFEF a fixé des valeurs seuils basses (Fibroscan < 10 kPa, Fibrotest ≤ 0,58 ou Fibromètre ≤ 0,789) au-delà desquelles l’atteinte hépatique est jugée trop importante pour un traitement non supervisé par un spécialiste.

Deux médicaments pangénotypiques sont recommandés par l’AFEF : Epclusa en 12 semaines et Maviret (glecaprevir, pibrentasvir) en 8 semaines. La société savante recommande l’évaluation des interactions médicamenteuses potentielles, sans négliger la naturopathie et l’automédication. Les recommandations de l’AFEF comportent aussi un volet dédié à la prise en charge dans un parcours spécialisé. L’AFEF illustrera bientôt ses recommandations par des tutoriels vidéo sur sa chaîne YouTube.

Le dépistage généralisé

L’AFEF renouvelle son plaidoyer en faveur d’un dépistage généralisé de l’hépatite C et préconise un « dépistage de chaque adulte au moins une fois dans sa vie et prise en charge à 100 % de tous les tests », sans prise en compte des facteurs de risque ou de l’âge.

Certains acteurs comme SOS Hépatites plaident pour un dépistage organisé à partir de 50 ans ce qui constituerait une « perte de chance », selon le Pr Bureau. « Les conclusions du rapport de la HAS de 2014 montrent que le dépistage sur facteur de risque arrive à bout de souffle et entretient l’épidémie cachée », ajoute pour sa part le Pr de Lédinghen.

Prix et accessibilité des traitements

Une autre condition nécessaire à l’accès universel au traitement est la disponibilité des antiviraux à action directe en pharmacie d’officine. C’est déjà le cas du Maviret, et un accord signé entre le comité économique des produits de santé (CEPS) et le laboratoire Gilead garantira bientôt la présence de Sovaldi, Harvoni, d’Epclusa et de Vosevi dans les officines.

Cet accord, confirmé au « Quotidien » par Gilead, devrait être définitivement acté par une réunion du CEPS le 15 mars. Il s’accompagne d’une baisse de prix du traitement de référence Epclusa de 33 %. « L’accord avec le CEPS prévoit que l’ensemble des prix des traitements de l’Hépatite C de Gilead soit identique », nous précise-t-on à Gilead. Ces prix publics seront alignés sur celui de Maviret : 28 700 euros pour une cure complète. Avec de tels prix « on est coût efficace, car on évite des comorbidités, des cancers et des greffes », commente le Pr Bureau.

Source : Info-VIH

L’augmentation de l’incidence des infections sexuellement transmissibles (IST) a été rapportée au niveau mondial, particulièrement chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Des taux élevés d’IST ont également été signalés dans des essais de prophylaxie pré-exposition (PrEP) chez les HSH à risque élevé d’acquisition du VIH, probablement en raison du faible taux d’utilisation du préservatif et des dépistages fréquents des IST. Cet essai avait pour objectif d’évaluer l’intérêt d’une prophylaxie post-exposition (PPE) par doxycycline pour réduire l’incidence des IST chez les HSH. Tous les participants ayant bénéficié de la visite prévue dans le cadre du passage en ouvert de l’étude ANRS IPERGAY en France étaient éligibles à l’inclusion dans cette étude ouverte et randomisée.

Les participants ont été randomisés (1:1) pour recevoir soit une dose orale unique de 200 mg de doxycycline en PPE dans les 24 heures suivant un rapport sexuel soit ne pas prendre de prophylaxie. Le principal paramètre d’évaluation était la survenue d’une IST (gonorrhée, chlamydia ou syphilis) au cours d’un suivi de 10 mois. La probabilité cumulée de survenue du critère principal a été estimée dans chaque groupe à l’aide d’une analyse de Kaplan-Meier avec comparaison par log-rank. L’analyse primaire a été réalisée en intention de traiter, en prenant en compte tous les participants randomisés. Tous les participants ont reçu des conseils sur la réduction des risques et l’utilisation des préservatifs, et ont été testés régulièrement pour le VIH.

Entre juillet 2015 et janvier 2016, 232 participants ont été inclus dans cette étude (116 dans le groupe PPE et 116 dans le groupe contrôle) et ont été suivis pendant une durée médiane de 8.7 mois (IQR 7.8-9.7). Les participants du groupe PPE ont utilisé en médiane 680 mg de doxycycline par mois (IQR 280-1450). 73 participants ont présenté une nouvelle IST au cours du suivi, dont 28 dans le groupe PPE (probabilité à 9 mois de 22 %, IC 95% 15-32) et 45 dans le groupe contrôle (42 %, 33-53; p=0-007). La survenue d’une première IST chez les participants qui prenaient de la PPE était plus faible que chez ceux qui n’en prenaient pas (HR 0.53; IC95 % 0.33-0.85 ; p=0.008). Des résultats similaires ont été observés pour la survenue d’un premier épisode d’infection à chlamydia (HR 0.30; IC95% 0.13-0.70 ; p=0-006) ou d’une syphilis (HR 0.27; 0.07-0.98; p=0.047); Concernant la survenue d’un premier épisode de gonorrhée, les résultats sont non significatifs (HR 0.83; 0.47-1.47; p=0.52). Aucune séroconversion au VIH n’a été observée durant le suivie et 72 des 102 IST (71 %) diagnostiquées étaient asymptomatiques. Les taux d’effets secondaires graves étaient similaires dans les deux groupes d’étude. Des effets indésirables gastro-intestinaux ont été rapportés chez 62 (53 %) des participants du groupe PPE et 47 (41 %) du groupe contrôle (p=0.05).

Les auteurs concluent que dans cet essai la doxycycline en prophylaxie post-exposition a réduit le taux de survenue d’un premier épisode d’IST bactérienne chez les HSH à haut risque d’acquisition.

Cette étude est le premier grand essai ouvert et randomisé évaluant l’efficacité et l’innocuité d’une nouvelle stratégie de prophylaxie post-exposition vis à vis des IST utilisant la doxycycline (200 mg pris dans les 24 heures suivant le rapport sexuel) chez les HSH suivi en PrEP pour la prévention du VIH. Cette étude a retrouvé un taux élevé d’IST en l’absence de prophylaxie, dont la majorité était asymptomatique. Cette stratégie antibiotique s’est révélée efficace, avec une réduction relative globale de 47 % de l’incidence d’une première IST. Il n’a pas été retrouvé d’effet bénéfique pour la prévention de la gonorrhée, probablement en raison du taux déjà élevé de résistance à la doxycycline. Le profil d’innocuité est bon, en dehors d’un taux plus important d’effets secondaires gastro-intestinaux dans le groupe PPE.

Les résultats de cette étude PEP avec doxycycline pour les IST chez les HSH à risque élevé en PrEP montrent que cette stratégie peut réduire l’incidence des infections à chlamydiae et de la syphilis dans cette population avec un bon profil de tolérance. D’autres études sont néanmoins nécessaires afin d’évaluer l’impact de cette stratégie sur la sélection de la résistance aux antibiotiques des gonocoques, des tréponèmes et des chlamydiae. En effet, la sélection de la résistance à la tétracycline demeure un risque potentiel important qui n’a pas pu être évalué dans cette essaie en raison de la taille de l’échantillon et de la période de suivi relativement courte.

Les auteurs proposent qu’en attendant d’autres études, l’utilisation de la doxycycline en prophylaxie post-exposition soit limitée à la recherche. Dans le futur, en l’absence de sélection de résistance, cette stratégie pourrait devenir un complément efficace dans une approche combinée visant à réduire le taux d’IST chez les utilisateurs de PreP.

Source : JIM.fr

Le virus HPV (Human Papillomavirus Virus) est l’agent essentiel du développement du cancer du col de l’utérus. Les cancers vaginaux et anaux sont aussi pour la grande majorité d’entre eux (90 % et 80 % respectivement) liés à un HPV. La proportion est plus faible, aux alentours de 30 % pour les cancers pénien et vulvaire et variable géographiquement pour certains cancers du tractus aéro-digestif haut, particulièrement l’oropharynx et les amygdales. Le virus HPV 16 est de loin le plus souvent détecté, quel que soit le site considéré, tandis que la fréquence d’implication des autres HPV oncogènes varie selon les sites, traduisant le fait que le potentiel oncogénique et le tropisme tissulaire ne sont pas identiques pour tous les HPV à haut risque.

De nombreux pays ont mis en place un dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, qui a prouvé son efficacité dans la réduction du risque de cancer cervical. La prophylaxie vaccinale dispose quant à elle de 3 vaccins, 2 contre les types 16 et 18 et un qui protège aussi contre les types 31, 33, 45, 52 et 58. Deux des vaccins protègent aussi contre les types 6 et 11 responsables des verrues génitales. Les essais cliniques ont montré une bonne efficacité de ces 3 vaccins contre l’infection et les lésions précancéreuses causées par les virus contenus dans les vaccins, et les études réalisées dans la « vraie vie » semblent confirmer cette efficacité.

Une équipe norvégienne vient de publier les résultats d’une étude dont l’objectif était d’établir l’évolution au fil du temps de l’incidence des cancers en rapport avec le HPV et l’efficacité préventive des vaccins HPV actuellement disponibles. Les données sont issues du registre du cancer norvégien et l’étude couvre la période de 1953 à 2015.

Des cancers qui pourraient être évités, ailleurs que sur le col de l’utérus et chez les hommes

Pendant cette période, chez les femmes, les incidences des carcinomes épidermoïdes de l’anus, de l’oropharynx, de la vulve et de l’adénocarcinome cervical ont augmenté, alors que celle du cancer à cellules squameuses du vagin reste stable. Pour l’ensemble de ces lésions, non visées par les dépistages systématiques, le taux annuel d’augmentation est de 1,2 %. En revanche, l’incidence du cancer épidermoïde du col a bénéficié de l’amélioration du dépistage et décline à partir de 1976 jusqu’en 2004, pour se stabiliser ensuite. Chez les hommes, les incidences des carcinomes épidermoïdes de l’anus, de l’oropharynx et du pénis augmentent selon une progression moyenne annuelle de 1,9 %.

En ce qui concerne les cancers en lien avec un HPV de type contenu dans l’un des vaccins, il apparaît que la vaccination pourrait en éviter un nombre significatif. La vaccination contre les HPV 16/18 pourrait éviter chaque année 402 cancers. Celle contre les HPV 16/18/31/33/45/52/58 en éviterait 478,parmi lesquels 206 survenant sur un autre site que le col de l’utérus, donc actuellement non dépistés de façon systématique, 113 cancers seraient évités chaque année chez les hommes, principalement des cancers de l’oropharynx.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES
Hansen B.T. et coll. : Long-term incidence trends of HPV related cancers, and cases preventable by HPV vaccination: a registry-basedstudy in Norway
BMJ Open 2018;8:e019005.

 

Source : SERONET

Le long acting a toujours fait rêver (et l’on ne parle pas d’endurance sexuelle…). Ce que l’on appelle « long acting », c’est la possibilité de prendre des médicaments qui restent très longtemps dans le sang, si bien qu’une administration (prise) toutes les semaines, ou tous les mois, voire tous les ans, pourrait suffire ! Médicaments à longue persistance dans le sang, injections intramusculaires, implants, plusieurs techniques sont à l’étude dans le VIH et ce rêve pourrait bien devenir réalité d’ici quelques petites années.

Les médicaments par voie orale, à longue persistance dans le sang

Dans le jargon médical, on parle de longue demi-vie. La demi-vie, c’est le temps qu’il faut à l’organisme pour éliminer la moitié du médicament ingéré. Ainsi, si la demi-vie du médicament est de six heures, cela veut dire qu’après ce temps, on a déjà éliminé la moitié du médicament… Mais si la demi-vie est de 48 heures, cela veut dire que deux jours après la prise, on a encore la moitié du médicament qui circule dans le sang.
Plusieurs médicaments contre le VIH à très longue demi-vie sont actuellement à l’étude. L’idée serait de ne les prendre qu’une fois par semaine.

Exemple : le MK8591 (laboratoire MSD). Il s’agit d’un nouvel inhibiteur de la transcriptase inverse (INTI) avec une demi-vie longue et un mécanisme d’action original, permettant une action extrêmement puissante et prolongée (plus d’une semaine chez l’homme). Quels avantages : prise par voie orale ; plus besoin de penser à prendre son médicament tous les jours ; moins de contraintes (alimentation, heure de prise, etc.). Quels inconvénients : en cas d’effets indésirables ou d’interactions médicamenteuses, il faut attendre une semaine pour pouvoir régler le problème et ne pas oublier de prendre le traitement toutes les semaines !

Les médicaments à nanoparticules intramusculaires

Il s’agit d’une formulation spéciale et complexe du médicament, souvent sous forme de minuscules cristaux, qui, une fois injectés dans le muscle, vont se dissoudre, très, très lentement, permettant une administration une fois par mois, voire tous les deux mois.

Exemples : cabotégravir (anti-intégrase, laboratoire VIIV) et rilpivirine (non-nucléoside, laboratoire Janssen). Ces deux molécules ont pu être transformées de façon à être administrées par voie intramusculaire. Une étude en bithérapie est actuellement en cours par le laboratoire ViiV Healthcare. Elle constituerait la première option à action longue (long acting) sur le marché du VIH. Quel avantage : au moins un mois de couverture ! Les deux injections (cabotégravir et rilpivirine) ont lieu toutes les quatre semaines. Une fois, l’injection faite, on peut l’oublier jusqu’au mois suivant, tout en étant sûr d’être parfaitement contrôlé virologiquement. Quels inconvénients : éventuelle douleur au point d’injection, car l’injection se fait profondément dans le muscle fessier. La forme « injectable » ne plait pas à tout le monde. La douleur au point d’injection dépend de la dextérité de la personne qui pratique l’injection : surtout, il faut prendre son temps et favoriser l’injection lente ; deux injections car les deux médicaments ne peuvent pas être mélangés dans la même seringue ; nécessite une infirmière pour l’injection mensuelle ; en cas d’interactions médicamenteuses, d’effets indésirables, il n’y a pas d’autres solutions que d’attendre un mois que le médicament s’élimine…

Les implants

Il s’agit d’une petite boîte implantée sous la peau. Cette boîte, remplie de médicaments, permet une diffusion lente, sur six mois voire un an. Certains implants doivent être changés ou rechargés à l’issue des six ou douze mois, d’autres sont biodégradables et se désagrègent tout seul dans l’organisme. Plusieurs associations sont à l’étude. La plupart d’entre-elles comporte le MK8591. Quels avantages : plusieurs mois de couverture, sans prise orale, ni injection. Le rêve pour certain-e-s ! Aucun problème en cas d’effets secondaires ou d’interactions médicamenteuses : il suffit de retirer l’implant ; longue expérience de cette technique par les contraceptifs implantables qui sont déjà sur le marché. Quels inconvénients : pose assez rapide (moins de deux minutes), mais retrait un peu plus long et plutôt désagréable ; l’implant peut se sentir sous la peau lors du toucher, donc peut être vécu comme stigmatisant. A l’inverse, cela peut être un signe rassurant dans le cadre d’une Prep ou d’un Tasp. Ne pas oublier de revenir à l’issue des six ou douze mois ! Comme pour toutes les possibilités de long acting, les implants n’ont de sens que si toutes les molécules anti-VIH du traitement sont en long acting. Si l’une l’est, mais pas les autres, il n’y a plus vraiment d’avantages sur le confort de prise.

Existe-t-il d’autres pistes ?

Oui, plusieurs, mais leur développement est essentiellement axé en prévention de l’infection à VIH, avec la Prep.

● Les anneaux vaginaux
Il s’agit d’un anneau imprégné de médicaments anti-VIH, que l’on dispose au fond du vagin. Discrets et indolores, ces anneaux permettent la libération prolongée de médicaments anti-VIH, et donc préviennent potentiellement d’une contamination par le VIH.
Exemple : la dapivirine (TMC 120, laboratoire Tibotec), un non-nucléoside, est ainsi développée pour éviter la transmission du VIH en Afrique. Les anneaux de dapivirine apportent une prévention (partielle) contre le VIH pour quatre semaines. Il faut donc les changer tous les mois. Ces anneaux ne sont pas commercialisés aujourd’hui.
Si les résultats restent aujourd’hui décevants (voir encadré essai Aspire, la recherche continue. De plus, une association avec un agent contraceptif permettrait de faire d’ »une pierre deux coups » et semble mieux acceptée par les femmes car plus attractive.

● Les films auto-adhésifs
Il s’agit de films imprégnés de molécules anti-VIH qui seraient disposés sur la muqueuse vaginale. Fortement adhésifs, ils permettraient la libération prolongée de médicaments anti-VIH et pourraient donc empêcher la contamination lors de rapports vaginaux. Hélas, même si le concept est séduisant, la recherche se heurte encore à l’adhésion de ses films, qui se décrochent parfois lors des rapports sexuels.

Au final, peut-être la dernière grande révolution dans la prise en charge du VIH… Depuis plus de 30 ans, la recherche a franchi des étapes fondamentales dans la prise en charge du VIH. D’une maladie irrévocablement fatale, on est passé à une maladie que l’on parvient à contrôler durablement. La prise en charge elle-même s’est faite de plus en plus légère… Moins d’effets indésirables, moins de comprimés, moins de molécules. Reste que la prise d’un traitement quotidien est le rappel, chaque jour de sa vie, que le virus est en soi. C’est aussi un challenge en termes d’observance. Et au final, une entrave à la qualité de vie. Ainsi, un traitement que l’on pourrait prendre, puis « oublier », constitue sans doute une des dernières grandes « révolutions » que nous attendons.