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Source : La Montagne

Chaque année, depuis 2009, l’association de lutte contre le sida, Sidaction fait réaliser un sondage* auprès des jeunes de 15-24 ans sur l’information et la prévention du sida. La désinformation croît sur le sujet. On rétablit la vérité pour dix de leurs croyances.

Pourquoi cet article ? Une étude IFOP réalisée auprès de 1.002 jeunes de 15 à 24 ans montre que les croyances erronées sont encore nombreuses en ce qui concerne le sida. A quelques jours du week-end du Sidaction, pour lever des fonds pour la recherche contre le sida, Antiviral décrypte ce qui est vrai et faux autour de la transmission du virus.

1. « L’épidémie du sida est contenue »

FauxSelon le sondage Ifop, 54% des jeunes interrogés pensent que l’épidémie est contenue. Pourtant, d’après Santé publique France, en 2019, 6.200 personnes en France ont découvert leur séropositivité. Parmi elles, 26% étaient à un stade très avancé de la maladie. Ainsi sur 6,2 millions de tests de séropositivité effectués en France, 1 sur 1.000 était positif. Ceci représente une diminution de 7% par rapport à 2017. Mais ce chiffre se maintient au dessus de la barre des 6.000 depuis 2010. En 2020, en raison de l’épidémie de Covid-19, le nombre de dépistages a été bien inférieur. Malgré le nombre élevé de dépistages réalisés en France, Sidaction estime à 24.000 le nombre de personnes ignorant être porteuses du VIH aujourd’hui.

Dans le monde, la situation est aussi problématique selon l’association Sidaction : « En 2019, le monde comptait ainsi 38 millions de personnes vivant avec le VIH, dont 1,8 million d’enfants. Avec 1,7 million de personnes nouvellement infectées en 2019, nous sommes encore loin des moins de 500.000 nouveaux cas, but fixé pour 2020 par l’ONUSIDA. » C’est même la première cause de mortalité des femmes de 15 à 49 ans dans le monde. On ne peut donc pas dire qu’elle est contenue.

2. « Il y a de moins en moins de contaminations chez les 15-24 ans »

FauxC’est, en tout cas, ce que pensent 41% des répondants à l’enquête IFOP. Or, sur le site Internet du Sidaction, reprenant des chiffres de Santé publique France, on peut lire que  « les personnes âgées de moins de 25 ans représentent 13% des découvertes et celles de 50 ans et plus, 21%. Des proportions similaires à celles observées en 2017-2018. »

3. « Il existe un médicament pour guérir du sida »

En partie fauxAujourd’hui, 25% des jeunes interrogés par ce sondage le pensent (ils n’étaient que 13% en 2009). Pour déjouer cette croyance, il faut repréciser les stades de la maladie : lorsqu’une personne est contaminée par le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), les cellules de son système immunitaire se détruisent et elles ne peuvent plus lutter contre les infections. On parle de sida lorsque le malade atteint les stades les plus avancés de l’infection à VIH. C’est une pathologie à évolution lente.

Il n’existe pas à proprement parler de médicaments contre le sida et les personnes atteintes n’en guérissent pas, mais des traitements permettent de ralentir l’évolution du VIH vers le sida, et des infections qui s’y associent. Il s’agit des médicaments antirétroviraux, souvent sous forme de trithérapie, avec trois types de médicaments. Celle-ci a permis de faire diminuer de plus de 75 % le développement des infections opportunistes et du passage au stade ultime (sida) de l’infection. Mais la recherche en la matière se poursuit.

4. « Il existe un vaccin pour empêcher la transmission du virus « 

FauxC’est ce que croient 17% des personnes qui ont répondu à l’enquête IFOP. Malheureusement, en matière de recherche d’un vaccin qui lutte contre le VIH, les laboratoires du monde entier ont été beaucoup moins efficaces que pour celui contre le Covid-19. Quarante ans après la découverte de ce virus, il n’existe toujours pas de vaccin. La raison ? « Parce que d’un point de vue scientifique et technique, la mise au point de ce produit est éminemment plus complexe… », selon le professeur Jean-Daniel Lelièvre, chercheur spécialiste de la vaccination et chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Henri-Mondor à Créteil, dans une interview publiée sur le site du Sidaction. La recherche estime qu’il faudra encore plusieurs années pour parvenir à un vaccin.

5. « Il existe un traitement d’urgence si on a pris des risques en ne se protégeant pas »

VraiBeaucoup des jeunes interrogés (63%) l’ignorent, mais en cas de prise de risque lors de rapports sexuels, après un contact important avec le sang d’une personne (pour les soignants par exemple), ou pour les usagers de drogue en cas de partage du matériel d’injection, il est possible de prendre un TPE, un traitement post-exposition, d’urgence. Il doit être pris de préférence dans les 4 heures et au plus tard dans les 48 heures après un risque de transmission afin de réduire les probabilités d’infection. Il faut se rendre à l’hôpital.

6. « En observant attentivement une personne, on peut savoir si elle a le sida »

 FauxDe cela, 13% des interrogés sont persuadés. Ils n’étaient que 5% à penser cela en 2009. Il est impossible, même pour la personne séropositive (porteuse du VIH), de savoir si elle est contaminée. Du moins, dans les premières années suivant sa contamination, en effet pendant 5 à 10 ans, elle n’a pas de symptômes ou certains s’apparentant à ceux d’une grippe. Mais la personne est très contagieuse et, ignorant sa contamination, peut transmettre le virus (lire aussi ci-dessous). Petit à petit, le système immunitaire s’affaiblit, est sujet aux infections et atteint le stade final du sida.

7. « On peut attraper le sida en s’asseyant sur des toilettes publiques, en buvant dans le verre d’une personne séropositive, en lui serrant la main… »

FauxEn la matière, les connaissances des personnes interrogées se dégradent par rapport à celles du panel interrogé en 2015. D’après IFOP, dans la partie de l’enquête relative à la transmission du virus, on peut citer que 23% pensent que le virus se propage par la cuvette des toilettes publiques (ils n’étaient que 13% à penser cela en 2015). Pour 32% des sondés, le virus se transmet en ayant des rapports sexuels protégés avec une personne séropositive (27% en 2015 avaient déclaré la même chose).

Alors, non, non et non ! La transmission du virus se fait uniquement de trois façons :

  • La voie sexuelle lors de rapports vaginaux, buccaux ou anaux non protégés
  • La voie sanguine, lorsqu’il y a échange de sang
  • De la mère à l’enfant pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement.

8. « La pilule contraceptive, la prise de paracétamol protègent du sida »

FauxLes résultats du sondage en la matière sont effarants : 21% pensent que prendre la pilule contraceptive est efficace contre la transmission du VIH. Ils sont 14% à penser la même chose pour la prise de paracétamol, et 18% estiment efficace ou plutôt efficace les produits de toilette intime contre le virus. Le seul moyen de se protéger du VIH, lors des rapports sexuels, est d’utiliser un préservatif, qu’il soit masculin ou féminin. Les répondants sont quand même 90% à penser que le préservatif masculin est efficace contre le virus, mais ce chiffre a diminué de 8 points par rapport à 2015.

9. « De moins en moins de personnes utilisent des préservatifs »

VraiC’est en tout cas la conclusion qu’on peut tirer des réponses à l’enquête IFOP. Ils ne sont que 34% à avoir déclaré en utiliser systématiquement,  alors qu’ils étaient 53% en 2019. Dans l’enquête de 2021, 31% déclarent n’en utiliser jamais.

10. « Les jeunes sont moins bien informés qu’il y a quelques années sur le sida »

VraiEt c’est le principal enseignement de ce sondage, au vu de l’évolution des croyances erronées sur la question depuis quelques années. Les jeunes interrogés eux-mêmes le disent : en 2009, ils étaient 89% à juger être bien informés sur la question, ils ne sont plus que 67% aujourd’hui. Plus inquiétant encore, 49% ignorent où se rendre pour faire un dépistage du VIH. Enfin, si en 2009, 13% des jeunes interrogés n’avaient jamais bénéficié d’une sensibilisation sur le sida au cours de la scolarité, ils sont aujourd’hui 23%. Pour y remédier, Antiviral vous conseille les sites de Sida info service et du Sidaction.

*Ce sondage a été réalisé par Sidaction dans le cadre du #Sidaction2021.

 

Source : Infirmiers.com

Le 20 mars 1987, une mise à disposition considérable bouleversait le monde de la médecine : un traitement émergent pour les malades du Syndrome de l’Immunodéficience Acquise (Sida), lui-même découvert en France quatre ans plus tôt. L’AZT (pour azidothymidine, ou zidovudine), une molécule antirétrovirale, devient un réel espoir pour les malades. Comment sont apparus les premiers cas de Sida, et comment s’est propagé le virus ? En retraçant l’histoire de la maladie, impossible de ne pas évoquer cette petite révolution qui a bouleversé il y a trente-quatre ans la vie quotidienne des personnes infectées par le VIH et permis de les soigner malgré des effets indésirables considérables.

Revenons quelques décennies plus tôt pour mieux comprendre cette pandémie, toujours d’actualité. Dans les années 1908-1920, les premiers foyers de la maladie seraient apparus à Léopoldville (actuelle Kinshasa), capitale du Congo – belge à l’époque (l’information est reprise dans la revue américaine « Science » en 2014). Les travaux concèdent une origine épidémique non élucidée mais révèlent qu’un chasseur victime d’une morsure de chimpanzé porteur du virus serait l’origine de l’épidémie humaine ; le virus chez le singe est inoffensif, mais l’infection chez l’homme est tragique. L’article souligne d’autres hypothèses sur le mode de transmission, comme l’écorchure consécutive au dépeçage du chimpanzé ou la consommation de sa chair.

Quand boom économique rimait avec prémices pandémiques

La République Démocratique du Congo (RDC) était une colonie belge entre 1909 et 1960. Son économie dans les années 50 est en plein essor. Des travailleurs immigrés viennent des régions alentours pour trouver un emploi auprès des entreprises qui y fleurissent (le taux de chômage à Léopoldville est inférieur à 1%). Dans cette dynamique, la prostitution se développe car peu de femmes sont insérées dans le monde du travail à cette époque. L’idée est relativement simple : on demandait à ce que les travailleurs viennent seuls, sans famille, pour qu’ils puissent être plus mobiles sur les chantiers. Ces hommes seuls étaient souvent en contact avec des femmes dites « libres », qui avaient chacune trois à quatre « clients » pour lesquels elles offraient tâches ménagères et autres faveurs. Ces femmes étaient recensées par les autorités, et devaient subir, mensuellement, des tests pour maladies sexuellement transmissibles, alors que le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) n’était pas encore connu.

Sur le chantier du chemin de fer Congo-Océan entre Brazzaville et Pointe-Noire, le médecin français Léon Pales constate une mortalité importante des ouvriers

Léopoldville devient un véritable carrefour économique, sa population doublant tous les cinq ans, Elle constitue l’une des villes les mieux desservies de l’Afrique centrale grâce, entre autres, au chemin de fer pour acheminer des matières premières (diamant, coton, caoutchouc…) vers le port fluvial de Matadi et l’Océan Atlantique. Sur ce chantier, le tracé d’un autre chemin de fer – le Congo-Océan entre Brazzaville et Pointe-Noire – le médecin français Léon Pales constate une mortalité importante des ouvriers. Pour comprendre, il réalise des autopsies et décrit les caractéristiques suivantes : cachexie (qu’il nomme « cachexie du Mayombé », en référence à un massif montagneux local), infections pulmonaires (pneumonie, tuberculose), atrophie cérébrale et adénopathies multiples. Entre les années 30 et 80, des analyses sont effectuées, sans pour autant comprendre la cause de la maladie. En plus des transmissions sexuelles, les grandes campagnes vaccinales et potentiellement les toxicomanies contribuent à la prolifération du virus sur le continent africain (mêmes seringues et aiguilles, simplement rincées à l’eau).

 À l’indépendance de la RDC (1960), les Belges quittent le pays, les entreprises ferment ou sont nationalisées et une précarité sociale et sanitaire s’installe. En effet, le taux de chômage augmente jusqu’à atteindre 85 %. Les femmes ont des difficultés à survenir à leurs propres besoins, la prostitution gagne du terrain. Les femmes « libres » deviennent des prostituées avec plusieurs « clients » par jour. La prévalence du VIH au sein de la population congolaise est multipliée par douze entre 1970 (0,25 %) et 1980 (3 %). Quelques années plus tard encore, la Belgique transmet les données récoltées dans ses colonies à la France, pays précurseur dans la recherche sur le Sida à cette époque. Par la suite, l’exode de médecins, d’enseignants et d’autres professionnels belges a contraint les agences des Nations-Unies (à travers un programme de l’UNESCO) à faire appels à des milliers d’Haïtiens. De retour au pays, le tourisme sexuel occasionne la prolifération du virus aux Etats-Unis (1970). Durant la décennie suivante, quatre facteurs de risques de contracter la maladie (abandonnés depuis) sont mis en avant : un rapport homosexuel masculin, la prise de drogue injectable (héroïne), le fait d’être d’origine haïtienne ou d’être hémophile. Les nombreuses liaisons entre continent américain Europe ont permis la multiplication du virus sur le Vieux Continent.

Naissance du militantisme associatif en France

C’est la chercheuse française Françoise Barré-Sinoussi (prix Nobel de médecine en 2008) qui réussit à isoler le VIH en 1983 ; deux ans plus tard, elle rend disponible le premier test de dépistage du virus. La même année, le traitement AZT (azidothymidine ou zidovudine) arrive sur le marché mondial. Il est destiné à ralentir la réplication virale par inhibition de la transcriptase inverse du VIH. Associé à d’autres thérapeutiques, il permet de traiter le VIH, sans pour autant le guérir. La molécule a vu le jour dans les années 60 en tant que traitement anticancéreux, si donné à forte dose. Le prix du traitement (environ 10 000 $ par an), trop élevé pour beaucoup, provoque un scandale et c’est l’un des nombreux éléments qui donne l’élan à la création d’Act-Up à New-York en 1987 (1989 en France avec Act-up Paris). La même année, un test de dépistage voit le jour permettant de détecter rapidement les donneurs de sang séropositifs. En France, la campagne du ministère de la Santé « Le Sida ne passera pas par moi » déferle sur de nombreux supports : télévision, minitel, radio, prospectus, affiches…

Les populations touchées par le virus sont des minorités qui bousculent parfois les codes normatifs des sociétés

Le Militantisme combatif de plusieurs associations dans les années 89-90, notamment l’association Act-Up Paris, a réveillé les consciences collectives sur les personnes porteuses du virus au sein de la société française. Avant 1987, aucun traitement homologué n’est sur le marché mondial alors que la pandémie fait rage. L’inertie des entreprises pharmaceutiques et des instances décisionnelles a été mise au jour à cette même époque : les populations touchées par le virus sont des minorités qui bousculent parfois les codes normatifs des sociétés. De manière surprenante, la publicité en faveur du préservatif était proscrite avant ces années. Enfin en 1993, les pouvoirs publics commencent à s’impliquer et contribuent à la campagne « préservatif tarif jeunes ». A cette période, plusieurs traitements (notamment les inhibiteurs de protéase) permettent de diminuer la charge virale dans l’organisme. Malheureusement, une résistance s’établit lorsque le virus mute ; lorsqu’ils sont combinés (bithérapies, trithérapies), les traitements sont beaucoup plus efficaces pour contrôler le virus et moins susceptibles de favoriser la résistance aux médicaments que lorsqu’ils sont administrés séparément. Le traitement combiné comportant au moins trois médicaments antirétroviraux différents est d’ailleurs aujourd’hui devenu la norme pour toutes les personnes nouvellement diagnostiquées séropositives au VIH. Entre 2000 et 2010, un Fonds mondial (Global Fund) voit le jour pour endiguer les épidémies de Sida, de tuberculose et de paludisme. Cette organisation rassemble les autorités publiques, la société, le secteur privé et les personnes touchées par les maladies. Ce dispositif offre aux pays pauvres du Sud une accessibilité aux traitements.

Les thérapeutiques actuelles permettent une qualité de vie satisfaisante. Le choix thérapeutique se fait en fonction de la charge virale, des interactions pharmacologiques avec d’autres traitements, mais aussi de la tolérance quotidienne et de l’observance du patient. La disponibilité des traitements dans les pays en voie de développement reste à ce jour encore problématique ; les situations d’exclusion ou de rejet lié aux normes culturelles et sociétales demeurent vivaces à l’égard des personnes infectées.

Source : France 3 Hauts-de-France

Le jeune homme d’Arras démystifie le VIH, raconte sa vie de séropositif et vient de lancer un site pour aider celles et ceux qui s’interrogent sur le virus. Un moyen de « combattre la sérophobie » et montrer qu’on peut vivre normalement avec le VIH à l’occasion du Sidaction 2021.

Sur Twitter, là où il se raconte au quotidien, Nicolas s’appelle @mojoboam, « poisson-clown introverti, apprenti DevWeb et militant séropo », entre autres. Entre deux humeurs sur la vie, le confinement et les bars, le jeune homme d’Arras, « 26 ans dans un mois », parle du VIH, des personnes séropositives et du travail qu’il reste à faire autour de cette question de santé publique.

« Le VIH est rendu honteux par la société », dit Nicolas, séropositif depuis 2015, qui vient tout juste de lancer son site Seropo.fr pour « parler de la vie des séropo ». Pour faire simple, « un séropo qui parle aux nouveaux séropo », résume simplement Nicolas, dont l’engagement remonte à 2019.

« Combattre la sérophobie et casser l’image du VIH qui est dépassée et montrer qu’aujourd’hui, un séropositif est en bonne santé et a une vie normale »

L’Arrageois vit alors sa « vie de séropositif » depuis quatre années « sans en parler ». Un jour, il tombe sur des témoignages de personnes séropositives sur Twitter. Déclic. « Je me suis rendu compte qu’il y avait des séropositifs qui avaient décidé de ne plus subir l’ignorance, le rejet, la sérophobie. Je voyais ces gens, et je me suis dit que ce serait bien qu’un jeune de mon âge en parle. »

Nicolas n’a pas encore 25 ans, et il décide de franchir le pas. Il ouvre un blog pour raconter sa vie, sa découverte du VIH, les mois qui ont suivi et son parcours. L’Arrageois veut « combattre la sérophobie, casser l’image du VIH qui est dépassée et montrer qu’aujourd’hui, un séropositif est en bonne santé et a une vie normale ».

L’ouverture de son blog, « une démarche militante », s’accompagne d’un engagement croissant. Nicolas prend la parole, témoigne sur FranceTV slash (la vidéo va bientôt sortir), et « parle de la vie des séropo », tout simplement.

Son site est un « guide du nouveau séropo »

L’Arrageois, d’ailleurs, rappelle que la société méconnaît la séropositivité, confond VIH et SIDA (l’évolution terminale du VIH), et craint les personnes séropositives. « Les gens sont restés coincés dans les années 90, on peut vivre avec le VIH, et ne pas le transmettre. Quand on a le VIH et qu’on est traités, il n’y a plus de transmission, même si on ne met pas de protection. La charge virale est indétectable. »

Le jeune homme le concède. Le chemin est encore long, « changer une société ça se compte en dizaines d’années », dit-il, mais les mentalités changent. Le développeur web y participe, à sa façon.

« C’est important qu’un séropo soit visible, les gens ont besoin d’une image »

Depuis, Nicolas a grandi, et son engagement est un moyen d’être vu aux yeux d’une société qui invisibilise encore beaucoup le VIH. « C’est important qu’un séropo soit visible, les gens ont besoin d’une image », glisse-t-il, à la veille du Sidaction.

D’ailleurs, une question nous taraude. Pourquoi ne pas s’engager dans une association type Sidaction ? « On n’a pas la même façon de militer, les associations font de la prévention, permettent à la recherche d’avancer. Ma façon de militer, moi, c’est de faire passer des messages et de parler de la vie des séropo. »

Source : Ouest France

La technologie innovante de l’ARN messager, utilisée pour les vaccins contre la Covid-19, redonne de l’espoir aux scientifiques dans la recherche d’un vaccin contre le VIH. En France, 6 200 nouveaux cas sont recensés chaque année.

La recherche sur le Covid-19 va-t-elle faire avancer celle sur VIH, virus responsable du sida ? Des scientifiques l’espèrent.

Les vaccins à ARN messager, technique novatrice utilisée par les laboratoires Pfizer/BioNTech et Moderna contre le Covid-19, inspirent les chercheurs dans leur quête d’un vaccin contre le virus du sida. Cette méthode pourrait s’avérer efficace contre le syndrome d’immunodéficience acquise.

Quelle différence entre le VIH et le Covid-19 ?

Si ces deux maladies sont causées par deux virus à ARN, c’est-à-dire que son matériel génétique est constitué d’acide ribonucléique, elles n’ont pas d’autres points communs.

L’une des difficultés du virus du sida, c’est qu’il mute bien plus rapidement que le nouveau coronavirus. Le système immunitaire a donc plus de mal à le combattre. De quoi rendre quasi impossible jusqu’ici la recherche d’un vaccin efficace.

Mais l’ARN messager est une piste intéressante à explorer : « C’est une innovation dans la maladie infectieuse qui a montré son efficacité pour le Covid donc ce pont vers le VIH est tout à fait naturel et même encouragé », explique Serawit Bruck-Landais, directrice du pôle recherche du Sidaction qui a lieu du 26 au 28 mars, sur franceinfo.

Concrètement, comment fonctionne un vaccin à ARN messager ? Le principe consiste à faire produire les fragments d’agent infectieux directement par les cellules du patient vacciné. « Pour cela, ce n’est pas le virus dans sa forme atténuée qui est injecté mais seulement des molécules d’ADN ou d’ARN codant pour des protéines de l’agent pathogène », nous expliquait l’Inserm, il y a quelques semaines.

« Les cellules de la personne vaccinée localisées au niveau du site d’injection (principalement les cellules musculaires et les cellules du système immunitaire) sont alors en mesure de fabriquer elles-mêmes lesdites protéines, choisies en amont pour leur capacité à déclencher une réponse immunitaire significative et protective », poursuit l’institut.

Des recherches menées à Lyon

Si, pour l’instant, les leçons du Covid-19 n’ont pas permis de développer un vaccin contre le VIH, les recherches vont bon train. « Une équipe à Lyon travaille dessus », annonce Serawit Bruck-Landais, toujours sur franceinfo. La chercheuse évoque aussi des collaborations d’entreprises à l’international pour « voir si cette stratégie vaccinale est applicable pour le VIH. Pour l’instant c’est le tout début ».

Selon le site d’informations Atlantico , le laboratoire américain Moderna travaille sur le développement de deux vaccins à ARN Messager contre le VIH : le mNRA-1644 et le mNRA-1574.

Pour ce virus, la complexité est que la présence d’anticorps ne bloque pas l’infection. Moderna tente donc, via son sérum, de provoquer l’apparition d’anticorps « inédits » plus efficaces pour stimuler davantage l’immunité cellulaire que les vaccins testés à ce jour, ce qui semble être la clef d’une immunité protectrice contre cette maladie. Cependant, les scientifiques restent réservés sur cette tentative.

Un jeu de vases communicants entre les deux virus

Si le travail des scientifiques sur le Covid-19 fait avancer la recherche contre le VIH, l’inverse est aussi vrai. Il y a quelques semaines, le lancement d’un essai pour développer un vaccin préventif contre le virus à l’origine du sida était annoncé.

Il est mené par des Français, les chercheurs du VRI (Institut de recherche vaccinal), un laboratoire établi par l’Agence nationale de recherche sur le Sida (ANRS), l’Inserm et l’université de Paris-Est Créteil.

Le candidat vaccin, appelé « CD40.HIVRI.Env », repose sur une technique unique au monde. Les chercheurs ont ciblé les cellules dendritiques pour combattre les agressions du virus du sida. Ces cellules sont en fait les sentinelles de notre système immunitaire.

Concrètement, comment cela fonctionne ? Des anticorps auxquels sont accrochés des fragments de VIH sont lancés directement sur ces cellules. « On a disséqué ce qui était indispensable dans l’organisme pour induire une réponse immunitaire qui soit capable de protéger contre le virus, explique Yves Lévy, spécialiste du VIH, sur France Inter le 26 février. Ce que nous avons conçu, c’est un vaccin qui amène précisément aux cellules la quantité nécessaire du pathogène, c’est-à-dire du VIH, pour essayer d’induire les meilleures réponses immunitaires. »

Cette technologie a fait ses preuves lors des essais pré-cliniques (sur des animaux) et pourrait être utilisée pour créer des vaccins anti-Covid, selon les chercheurs.

La combinaison du vaccin testé avec un vaccin à ARN Messager pourrait amplifier la réponse immunitaire et ainsi obtenir une meilleure efficacité, notamment contre les variants. Un tel sérum contre le Covid-19 pourrait être disponible dès 2022.

Source : Komitid

L’étude ANRS Prévenir, menée en partenariat avec AIDES, valide l’efficacité et la bonne tolérance en vie réelle de la PrEP au bout de trois années de suivi.

La Croi 2021, plus importante conférence scientifique sur le VIH, s’est tenue (en visioconférence) du 6 au 10 mars. Parmi les nombreuses communications et résultats d’essai, celle sur Prévenir, une étude de l’ANRS avec AIDES et le soutien de Sidaction, qui analyse l’efficacité de la PrEP (traitement préventif du VIH) au long cours, a été particulièrement commentée.

Prévenir, dont l’investigateur principal est le Pr Jean-Michel Molina, a démarré en mai 2017 dans plusieurs hôpitaux.

PrEP en continu ou à la demande

Plus de 3000 personnes en Île-de-France présentant de fortes vulnérabilités au VIH ont été suivies, afin d’évaluer l’efficacité et la tolérance de la PrEP, dont la forme générique a été utilisée à plus de 90 %. Presque la totalité des participants (98,5 %) était des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et 56 % utilisaient déjà la PrEP avant l’entrée dans l’étude. Près de la moitié des participants (49,5 %) a choisi de prendre la PrEP à la demande, c’est-à-dire avant et après les rapports sexuels, tandis que l’autre prenait la PrEP de façon continue (un comprimé tous les jours).

Les auteurs de l’étude constatent, après un suivi de 22 mois que l’incidence n’est que de un pour 1000 participants par année. Il y a eu en tout six contaminations par le VIH dans les groupes PrEP, toutes dues à une mauvaise observance du traitement préventif. Grâce à la PrEP, on a pu éviter 361 infections par le VIH.

Concernant les questionnements sur les effets indésirables, le Pr Molina s’est montré très clair dans une interview à Séronet.info : « Dans Prévenir, en trois ans de suivi chez 3 000 personnes, nous n’avons eu que trois arrêts définitifs pour des maux de ventre et des nausées. Ce sont des choses qui arrivent et l’effet sur les reins est minime. Les effets indésirables sont surtout des arguments utilisés par les détracteurs de la Prep. »

Les chercheurs ont noté au cours de l’étude une diminution du nombre moyen de partenaires chez les participants, mais une augmentation du nombre de rapports sexuels et de rapports sexuels sans préservatif, notamment chez ceux qui ne prenaient pas de PrEP avant d’entrer dans l’étude. Globalement, 18 % de la totalité des rapports sexuels ont été protégés par un préservatif.

L’étude Prévenir va être poursuivie pendant cinq ans et l’on va mettre l’accent sur la prévention des infections sexuellement transmissibles, qui sont encore nombreuses dans l’essai. Deux sous-études sont actuellement en cours dans le projet ANRS Prévenir : la première vise l’élimination de l’hépatite C par une stratégie de test and treat et la seconde, Doxyvac, évalue l’intérêt d’une prophylaxie post-exposition par la doxycycline et d’une vaccination contre le méningocoque B pour essayer de prévenir les infections à Chlamydia, syphilis et gonocoque.

« La PrEP à la demande, comme la PrEP en continu, représente donc, chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes, une option très efficace de prévention de l’infection par le VIH », conclut le Pr Jean-Michel Molina dans le communiqué de l’APHP.

En France, la PrEP est entièrement prise en charge depuis fin 2015.

Source : Université de Montréal

La metformine, un médicament employé pour traiter le diabète de type 2, pourrait permettre de réduire l’inflammation chronique observée chez les personnes vivant avec le VIH et sous trithérapie, selon une équipe de recherche du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM).

Si la thérapie antirétrovirale a permis d’améliorer la santé des personnes séropositives, elles ont cependant plus de risque de développer des complications associées à la chronicité de l’inflammation, comme les maladies cardiovasculaires. Ces problèmes de santé sont notamment dus aux réservoirs viraux dans lesquels le VIH persiste et à l’activation constante du système immunitaire.

Dans une étude-pilote publiée récemment dans EBioMedicine, la chercheuse Petronela Ancuta, professeure à l’Université de Montréal, et la doctorante Delphine Planas, première auteure de l’étude, évaluent la capacité de la metformine à améliorer la fonction immunitaire et à réduire la taille des réservoirs viraux.

L’occasion pour nous de faire le point avec Petronela Ancuta du CRCHUM.

Q. Malgré l’utilisation de la trithérapie, les personnes séropositives présentent une activation immunitaire et une inflammation excessive. Dans votre étude-pilote, vous tentez de contrecarrer ces effets en utilisant la metformine. Pouvez-vous en dire plus sur vos travaux ?

Actuellement, les thérapies antirétrovirales bloquent la réplication du VIH en agissant au niveau de l’entrée et de la sortie des virions. Il reste toutefois une étape qui n’est pas ciblée par ces thérapies : la multiplication du génome viral à l’intérieur même de la cellule infectée.

En dépit de la trithérapie, cette multiplication virale intracellulaire cause une inflammation et une activation immunitaire chroniques qui conduisent à l’apparition de comorbidités telles que des maladies cardiovasculaires. Au laboratoire, nous travaillons donc à identifier de nouveaux traitements pour bloquer la multiplication virale intracellulaire.

L’idée d’utiliser la metformine chez les personnes vivant avec le VIH est venue du Dr Jean-Pierre Routy (Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill), notre collaborateur dans cette étude. Largement utilisé en médecine, ce médicament stimule ou freine les réactions du système immunitaire du corps.

Dans notre étude, nous avons donné de la metformine à 22 patients non-diabétiques sous trithérapie (13 à Montréal et 9 à Ottawa) en gardant à l’esprit que ce médicament interfère avec l’activité de la molécule mTOR (Mechanistic Target Of Rapamycin), impliquée dans la transcription du VIH.

In vitro, il a déjà été montré que l’inhibition de mTOR par des médicaments permet de freiner considérablement la réplication du VIH dans les cellules de patients infectés par le virus.

Q. Les résultats de votre étude vous ont-ils surpris ?

Oui, nous avons été enthousiasmés par les résultats positifs de cette étude-pilote. Le médicament a été extrêmement bien toléré par les patients et nous avons constaté les effets biologiques bénéfiques de la metformine dans les biopsies de colon.

Pour mémoire, le VIH se terre dans les cellules T CD4, des cellules du système immunitaire qui lui servent d’abri, et qui forment des réservoirs viraux dans différents tissus périphériques, notamment dans l’intestin. Dans ces réservoirs, le virus continue de se multiplier et entraîne un état d’inflammation.

Dans l’étude, nous avons observé une réduction de l’activation de mTOR dans les cellules T CD4 présentes dans le colon, ainsi qu’une diminution de certains marqueurs d’inflammation et de dommage intestinal dans le plasma. La metformine aurait donc un effet intestinal, mais aussi systémique.

Q. La taille des réservoirs du VIH est liée au niveau d’inflammation. Est-ce que de nouvelles approches thérapeutiques comme la vôtre visant à réduire l’inflammation immunitaire pourraient diminuer la taille de ces réservoirs ? L’avez-vous observé dans votre étude ?

La taille du réservoir viral ADN dans les cellules T du sang périphérique et dans le colon a été plutôt stable, ce qui est en accord avec la stabilité connue des réservoirs du VIH. Toutefois, on anticipe qu’un traitement de plus longue durée pourrait induire une réduction de ces réservoirs. Cette hypothèse mérite d’être testée.

Q. Poursuivrez-vous vos recherches sur un plus large échantillon de patients ?

Nous allons lancer une nouvelle étude randomisée sur plus de 58 participants où la metformine sera administrée à plus long terme. Nous prévoyons de le faire sur 6 à 12 mois afin de valider les bienfaits de la metformine dans le contrôle de l’inflammation, en partie via la régulation de mTOR.

Finalement, je tiens à remercier les participants à l’étude LILAC pour leur don d’échantillons biologiques et pour leur confiance dans nos efforts de recherche. Des travaux de recherche qui ont pu aboutir grâce à une collaboration étroite avec plusieurs chercheurs, notamment les équipes des Drs Jean-Pierre Routy et Maged Peter Ghali (Centre universitaire de santé McGill), de Nicolas Chomont (CRCHUM) et du Dr Jonathan Angel (Institut de recherche de l’hôpital d’Ottawa).

À propos de l’étude

L’article «  LILAC Pilot Study: Effects of Metformin on mTOR Activation and HIV Reservoir Persistence during Antiretroviral Therapy  », par Delphine Planas et ses collègues, a été publié le 1er mars 2021 dans The Lancet eBioMedicine.

Le financement de l’étude a été assuré par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de Recherche du Québec-Santé, le Consortium canadien de recherche sur la guérison du VIH (CanCURE) et la Fondation du CHUM

 

Source : LCI

Alors que la 28ème édition du Sidaction a débuté jeudi soir, TF1 a recueilli le témoignage de Pascale Lassus, 60 ans, dont 37 à vivre avec le VIH.

Contaminée par son petit-ami au tout début de la pandémie de sida, en 1984, Pascale Lassus ne sera diagnostiquée que dix ans plus tard. Les prédictions des docteurs n’étaient alors guère optimistes. « Quand le médecin m’a annoncé que j’étais séropositive, il m’a dit froidement ‘il vous reste deux, trois ans à vivre' », se souvient-elle. « Je suis une survivante parce que parmi les personnes qui ont été contaminées au début des années 1980, il n’y en a plus qu’une sur dix qui est toujours là. »   

Avant de se savoir infectée au VIH, Pascale avait mis au monde une petite fille. Elle découvrira quelques années plus tard qu’elle lui a transmis le virus. Toutes deux commencent alors à prendre un traitement lourd, jusqu’à vingt-cinq cachets par jour. « Toutes les quatre heures, je la réveillais la nuit pour lui faire avaler son cachet », raconte la maman. Qui a dû adopter des stratégies afin de préserver sa fille du regard des autres, du rejet et des préjugés. « À l’école, j’avais pris un vieux flacon, j’avais mis le médicament dedans et j’avais dit à la maîtresse qu’elle avait un problème d’allergie. » 

Grand-mère d’un enfant séronégatif

Un « miracle » se produit ensuite lorsqu’elle devient grand-mère d’un enfant séronégatif. « Je ne pensais pas être grand-mère un jour. Je ne voulais pas revivre ce que j’avais vécu avec ma fille », confie-t-elleGrâce à la mise en place de thérapies à la pointe de la médecine, la charge virale des malades peut désormais être diminuée, permettant aux mamans de réduire le risque de transmission du VIH.

Durant toutes ces années, de nombreux progrès médicaux ont également permis de réduire la quantité de comprimés à absorber. À tel point qu’aujourd’hui, Pascale n’a plus à prendre qu’un seul cachet par jour. Au Centre hospitalier de Bayonne, son infectiologue, Sophie Farbos, a vu la pratique se perfectionner au fil des années. Autrefois, « on avait à peu près un décès par semaine, ça faisait plus de 50 personnes qui décédaient chaque année », explique-t-elle. Aujourd’hui, « on est dans une stratégie d’accompagnement dans le bien vieillir, c’est complètement différent. » 

De traitement en traitement, le chemin aura été éprouvant pour Pascale, qui a passé des dizaines de séjours à l’hôpital. La sexagénaire estime néanmoins qu’elle a « énormément de chance » d’être toujours en vie, entourée de sa petite famille.

 

Source : France 3 Paris Ile-de-France

Alors que le Sidaction lance son week-end de collecte ce vendredi, l’association Les ActupienNEs, basée à Paris, continue de lutter contre le sida, le manque d’information et la sérophobie.

« Il faut en parler, parfois de façon brutale, pour que la génération actuelle et les générations futures comprennent« . Alors que la crise sanitaire actuelle a tendance à faire passer la question du VIH au second plan, Romain Colson, vice-président des ActupienNEs, continue de lutter contre la sérophobie. « C’est la méconnaissance, la peur et l’aversion vis-à-vis des personnes séropositives, explique-t-il. La stigmatisation a commencé dès le début de l’épidémie dans les années 1980, avec l’idée d’un cancer gay, d’une maladie de PD, de noir, de drogué. Une sorte de peste qu’on a peur de choper.« 

« On parle d’une peur irrationnelle, 95% des personnes séropositives sous traitement ne transmettent plus le virus« , souligne Romain Colson. Pourtant les personnes touchées par le VIH subissent une exclusion et des discriminations « au quotidien« , déplore-t-il : « On vous met de côté, on évite de vous fréquenter. Ça peut être le rejet d’un partenaire quand la personne annonce sa séropositivité, ou une rupture avec son entourage, une mise à l’écart dans le contexte professionnel ou le milieu sportif.« 

Et de poursuivre : « Ça provoque de l’isolement, des syndromes dépressifs, mais une perte de confiance en soi et donc des problèmes de recherche d’emploi et de précarité. Il y aussi des refus de soins de la part de gynécologues ou de dentistes par exemple, parfois mal formés face au risque de propagation du VIH. Du coup certaines personnes ne vont plus consulter.« 

Pour dénoncer la situation, le vice-président des ActupienNEs met en avant de nombreuses données. « 30% des séropos déclarent avoir subi des discriminations au cours de l’année écoulée, d’après une étude d’AIDES en 2016. C’est deux fois plus qu’en population générale. C’est encore plus inquiétant aujourd’hui : le chiffre semble monter à 57% en 2019, mais les données restent provisoires, selon une enquête de Sida Info Service.« 

« 42,3% des appels à Sida Info Droit concernent des problèmes d’accès à l’assurance d’un prêt bancaire, selon des chiffres de 2016, poursuit Romain Colson. Il faut aussi savoir que 38% des séropos ne se sentent que peu, voire pas du tout soutenus par leur entourage, d’après une étude SIS Observatoire en 2014. Par ailleurs 40% des personnes séropositives vivent seules, un chiffre qui monte à 55% chez les homosexuels, selon une enquête ANRS-Vespa2, en 2013. Enfin 43% des séropos mentent à leur entourage vis-à-vis de leur statut, d’après des données de 2018.« 

« L’Etat s’est totalement désengagé »

A l’origine de ces discriminations, le vice-président des ActupienNEs pointe du doigt un manque d’information : « L’Etat s’est totalement désengagé. Il faut des campagnes nationales de prévention, mais aussi remettre en place de la sensibilisation dans les collèges et les lycées.« 

De son côté, Romain Colson explique que l’association tente, « avec ses petits moyens« , de « déstigmatiser la maladie, de déconstruire ce mythe du pestiféré« . « Dernièrement, on a par exemple créé pour les réseaux sociaux une vidéo contre la sérophobie, avec l’aide de la Dilcrah (Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT), raconte-t-il. On avait lancé une campagne juste avant la crise du Covid-19. La Ville de Paris avait notamment diffusé pendant deux semaines des messages sur des panneaux lumineux. On est aussi en train de créer un site internet spécifique sur la sérophobie, avec des témoignages et des ressources pour que les personnes concernées puissent faire valoir leurs droits.« 

Aujourd’hui, Romain Colson, qui précise être « personnellement concerné par le VIH depuis 20 ans« , dresse un constat « un peu ambigu » : « La vie des personnes séropositives est facilitée grâce aux nouveaux traitements, mais les mentalités ont peu évolué, du point de vue des discriminations sociales et médicales« . Il souligne qu’aujourd’hui en France, on compte environ 170 000 personnes séropositives, « plus entre 24 et 25 000 personnes qui l’ignorent, selon les estimations« .

De son côté, le Sidaction rappelle d’ailleurs que 23% des jeunes âgés de 15 à 24 ans n’ont jamais bénéficié d’un enseignement ou d’un moment d’information spécifique sur le VIH au cours de leur scolarité. En ce qui concerne la collecte, les dons peuvent être faits par téléphone au 110 (appel gratuit) ou en ligne, dès ce vendredi 26 mars et jusqu’au dimanche 28.