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Source : Info-VIH.com

Perspectives d’élimination de l’épidémie de VIH aux Pays-Bas chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes à l’ère de la prophylaxie pré-exposition, la PrEP.

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) étant une intervention prometteuse pour aider à mettre fin à l’épidémie de VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) aux Pays-Bas, l’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact de la PrEP sur la prévalence du VIH dans cette population et de déterminer les niveaux de couverture de la PrEP nécessaires à l’élimination du VIH.

Les auteurs ont développé un modèle mathématique de la transmission du VIH dans une population stratifiée selon le comportement sexuel à risque avec un traitement antirétroviral universel (TAR) et l’utilisation continue de la PrEP en fonction du comportement à risque de l’individu. Ils ont estimé la réduction de la prévalence du VIH en fonction de l’augmentation du taux d’adoption de la PrEP et déterminé les niveaux d’adoption, d’efficacité et de durée qui seraient nécessaires pour éliminer le VIH.

Aux niveaux actuels de couverture antirétrovirale de 80%, d’efficacité de la PrEP de 86% et de durée de PrEP de 5 ans, l’élimination du VIH nécessite une couverture PrEP de 82% dans le groupe le plus à risque (12 000 HSH avec plus de 18 partenaires par an).

Si la couverture antirétrovirale augmentait de 9 %, le seuil d’élimination serait de 70 % pour la PrEP. Pour une durée plus courte de la PrEP et une efficacité moindre, les perspectives d’élimination seraient moins favorables.

PrEP chez les HSH aux Pays-Bas

Dans ce modèle, l’utilisation de la PrEP chez les HSH aux Pays-Bas s’est avérée être une intervention efficace pour réduire la prévalence du VIH et, à terme, conduire à l’élimination du VIH. L’ampleur précise de la réduction attendue dépendait toutefois de la façon dont la PrEP était utilisée dans la population. L’adoption de la PrEP par les individus les plus à risque était l’intervention la plus prometteuse, l’élimination du VIH étant atteinte avec une couverture PrEP de 82% (environ 5,7% de tous les HSH ou 12000 avec plus de 18 nouveaux partenaires par an). Dans ce modèle le délai pour parvenir à l’élimination après l’introduction de la PrEP était assez long :  dans le scénario idéal de couverture de la PrEP, la prévalence et l’incidence du VIH diminuaient  de moitié respectivement en 40 et 15 ans, et il fallait plus de 80 ans pour arriver à zéro.

Si le nombre d’utilisateurs de PrEP était le même que dans le scénario initial, mais qu’il était réparti entre les deux groupes les plus à risque, l’impact de la PrEP sur la prévalence serait bien moindre : pour l’ensemble des paramètres explorés, la réduction maximale de la prévalence (de 8 à 4,6 %) avec l’utilisation de la PrEP dans deux groupes était observée lorsque la couverture de la PrEP chez les personnes présentant les risques les plus élevés atteignait 46 %. Bien qu’il y ait eu beaucoup plus d’utilisateurs de PrEP dans le groupe avec moins de risque, ils avaient moins de partenaires et contribuaient donc moins à la transmission.

Cela donne à penser que la PrEP devrait d’abord cibler les personnes les plus à risque et qu’un effet important de la PrEP sur la prévalence du VIH au niveau de la population ne peut être obtenu par une utilisation extensive de la PrEP chez les personnes à faible risque.

En conclusion, cette analyse suggère que la PrEP chez les HSH pourrait, en principe, éliminer le VIH de cette population aux Pays-Bas. Pour parvenir à l’élimination, les auteurs pensent que les services de santé devraient cibler la PrEP sur les personnes présentant les comportements à risque les plus élevés. Le niveau actuel d’adoption de la PrEP par les HSH néerlandais peut réduire la transmission du VIH mais est insuffisant pour avoir un impact significatif sur l’épidémie.

Source : JIM.fr

De précédents travaux ont montré que, chez l’enfant infecté par le VIH, l’initiation précoce d’un traitement antirétroviral (ART) permet une meilleure réponse immunitaire aux premières séries de vaccins, par rapport à une initiation plus tardive du traitement. Mais qu’en est-il de la réponse immunitaire aux doses de rappel ?

Une équipe sud-africaine s’est penchée sur la question et a évalué la réponse – mémoire et la persistance d’anticorps après le rappel de 15 – 18 mois de la vaccination contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et l’hépatite B, chez des enfants non infectés par le VIH, exposés in utero au VIH mais non infectés ou enfin infectés par le HIV et traités précocement dès 6-10 semaines de vie (soit pendant les premières vaccinations) ou traités quand les données cliniques et/ou immunologiques le nécessitaient. Les réponses immunitaires ont été évaluées avant le rappel, 1 à 2 semaines après, puis à l’âge de 24 mois.

Une moins bonne réponse immunitaire quand le traitement a été commencé tardivement

Les données confirment que le moment de l’initiation du traitement antirétroviral a un impact sur la réponse immunitaire aux vaccinations de rappel. Alors que tous les enfants ont commencé ce traitement au cours de leur première année de vie et que le compte de lymphocytes CD4 + des enfants traités précocement et tardivement est identique au moment des rappels, la réponse immunitaire des enfants traités tardivement est inférieure, non seulement à celle des enfants non exposés au HIV (pour le tétanos, la diphtérie et la coqueluche), mais aussi à celle des enfants traités précocement (pour le tétanos et la diphtérie).

La réponse-mémoire et la persistance des anticorps sont d’ailleurs sensiblement identiques pour les enfants traités précocement et les enfants non exposés, même quand le traitement a été interrompu à l’âge de 12 mois. Notamment en ce qui concerne la réponse au rappel de vaccination contre l’hépatite B, la persistance d’anticorps anti-HBsAg à une concentration ≥10 mIU/ml à 15 mois et à 24 mois est identique dans le groupe des enfants traités précocement et chez les enfants non exposés, mais inférieure chez les enfants traités plus tardivement. En revanche, la cinétique des anticorps indique une réponse-mémoire soit identique, soit plus robuste chez les enfants exposés au VIH mais non infectés en comparaison des enfants non exposés, pour la vaccination contre la diphtérie et la coqueluche.

Pour les auteurs,  cela pose la question de la nécessité de plusieurs doses de rappel de vaccination contre le tétanos, la coqueluche et l’hépatite B, pour les enfants infectés par le VIH et non traités au moment de la première série de vaccinations.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCE

Simani OE et coll. : Effect of HIV exposure and timing of anti retroviral therapy initiation on immune memory responses to diphtheria, tetanus, whole cell pertussis and hepatitis B vaccines. Expert Review of Vaccines 2019; 18(1): 95-104

Source : ansm.sante.fr

La prévention des risques liés aux antalgiques opioïdes est une préoccupation majeure des autorités de santé. L’Agnce nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publie un rapport sur la consommation des antalgiques opioïdes en France, s’inscrivant ainsi dans une démarche de surveillance globale de l’utilisation des médicaments utilisés dans la prise en charge de la douleur.

En 10 ans, la consommation des antalgiques opioïdes a augmenté ; cela s’inscrit dans la politique d’amélioration de la prise en charge de la douleur de part, notamment, des plans ministériels de lutte contre la douleur ayant été mis en place depuis 1998.

En parallèle, l’ANSM observe une augmentation du mésusage, ainsi que des intoxications et des décès liés à l’utilisation des antalgiques opioïdes, qu’ils soient faibles[1]  ou forts[2] . Cependant, la situation n’est pas comparable avec celle observée aux Etats-Unis et au Canada.

L’enjeu pour les autorités sanitaires françaises consiste à sécuriser au mieux l’utilisation des antalgiques opioïdes sans restreindre leur accès aux patients qui en ont besoin.

En France, l’ANSM mène régulièrement  des actions visant à contrôler l’encadrement de ces médicaments en termes de conditions de prescription et de délivrance, d’interdiction de publicité auprès du grand public, d’informations à destination des professionnels de santé.  Elle surveille attentivement la consommation des antalgiques opioïdes et des risques associés.

Les principaux enseignements du rapport de l’ANSM sur les antalgiques opioïdes :

  • D’après les données de l’assurance maladie, près de 10 millions de français ont eu une prescription d’antalgique opioïde en 2015. En 2017, l’antalgique opioïde le plus consommé en France est le tramadol puis la codéine en association et la poudre d’opium associée au paracétamol. Viennent ensuite la morphine, premier antalgique opioïde fort, l’oxycodone, à présent pratiquement autant consommé que la morphine, puis le fentanyl transdermique et transmuqueux à action rapide.
  • Entre 2006 et 2017, la prescription d’opioïdes forts a augmenté d’environ 150 %[3] . L’oxycodone est l’antalgique opioïde qui marque l’augmentation la plus importante.
  • La consommation globale des opioïdes faibles est restée relativement stable. Le retrait du dextropropoxyphène en 2011 a été accompagné de l’augmentation de la consommation des autres opioïdes faibles et en particulier du tramadol. Il devient l’antalgique opioïde le plus consommé (forts et faibles confondus) avec une augmentation de plus de 68 % entre 2006 et 2017.
  • Les opioïdes ont un intérêt majeur et incontestable dans la prise en charge de la douleur et restent moins consommés que les antalgiques non-opioïdes (paracétamol, aspirine, AINS). Cependant, la consommation des antalgiques opioïdes peut s’accompagner de complications graves. Cette problématique touche principalement des patients qui consomment un antalgique opioïde pour soulager une douleur, et qui développent une dépendance primaire à leur traitement, et parfois le détournent de son indication initiale. Ainsi, le nombre d’hospitalisations liées à la consommation d’antalgiques opioïdes obtenus sur prescription médicale a augmenté de 167 % entre 2000 et 2017 passant de 15 à 40 hospitalisations pour un million d’habitants. Le nombre de décès liés à la consommation d’opioïdes a augmenté de 146 %, entre 2000 et 2015, avec au moins 4 décès par semaine.

Lire aussi

[1]  par exemple le tramadol, la codéine et la poudre d’opium

[2]  par exemple la morphine, l’oxycodone et le fentanyl

[3]  patients ayant eu au moins une prescription dans l’année

Source : Univadis.fr

Le CHU Montpellier évalue le repérage précoce et l’intervention brève en addictologie des PVVIH expérimentés au CHU Montpellier.

  • Le CHU de Montpellier a mis en oeuvre une démarche expérimentale de repérage précoce et d’intervention brève en addictologie (RPIB) auprès des PVVIH.
  • L’approche est réalisable en routine et permet de repérer les consommations à risque.
  • Une forte proportion des sujets ayant des consommation à risque ont accepté de suivre un entretien motivationnel avec un spécialiste.

L’expérience acquise par le CHU Montpellier auprès des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) durant 6 mois montre que le repérage précoce et l’intervention brève en addictologie (RPIB) constituent une démarche réalisable et intéressante à mettre en œuvre en routine afin de repérer et de prendre en charge certaines des consommations identifiées. Le RPIB est une approche développée par l’OMS pour repérer et agir sur les consommations excessives nocives ou à risque. Il s’avère particulièrement intéressant dans le contexte de l’infection VIH, étant donné que les taux de consommation en alcool, tabac ou substances psychoactives sont souvent plus élevés que dans le reste de la population. Or, jusqu’à présent, l’intérêt de cette démarche auprès des PVVIH n’avait pas été étudié. Les résultats de l’étude pilote menée au sein du service des maladies infectieuses du CHU Montpellier ont été publiées dans HIV Medicine .

Le tabac, première des consommations ciblées

Au total, 1.018 PVVIH reçues en consultation ont été invitées à répondre à un questionnaire évaluant la consommation d’alcool (AUDIT), de tabac (Fagerström) et de substances psychoactives (ASSIST). Les 861 personnes ayant participé ont été invitées à discuter des résultats avec un praticien formé au RPIB : au cours de l’entretien, un rappel des messages concernant les recommandations de consommation était réalisé, suivi d’un entretien motivationnel concernant l’arrêt de la/des consommations et, finalement, d’une proposition d’orientation vers un addictologue. Parmi elles, 211 ont refusé, dont 46,4% présentaient au moins une consommation à risque, et 62,3% ont bénéficié d’au moins une intervention. Ceux n’en n’ayant pas bénéficié présentaient au moins une consommation à risque dans 20,8% des cas.

Une orientation des PVVIH ayant des consommations à risque vers un addictologue

Après la rencontre avec le spécialiste, un entretien motivationnel a pu être mené auprès de 19,6%, 42,4% et 15% des patients concernant la consommation d’alcool, de tabac et de substances psychoactives respectivement. En bout de chaîne, ceux ayant rencontré un addictologue pour chacune de ces trois consommations représentaient 18, 56 et 9 patients. Des chiffres intéressants, au regard des niveaux significatifs de consommation identifiés à partir des auto-questionnaires : 22% de consommation excessive d’alcool, 29,1% de dépendance sévère au tabac, prévalence de consommation de substances psychoactives de 37,8% dans les 3 derniers mois.

Si l’étude présente un certain nombre de limitations (profil des non-répondeurs, absence de suivi des consommations post-intervention…), elle présente néanmoins la faisabilité d’une telle démarche en consultation spécialisée, menée par des praticiens spécialement formés, et permettant une coopération plus étroite entre spécialistes du VIH et ceux des addictions.

Muller A et al. Impact of a long-term antibiotic stewardship program targeting fluoroquinolones in a French local hospital. Médecine et Maladies Infectieuses Available online 19 January 2019. DOI: https://doi.org/10.1016/j.medmal.2018.10.006

Source : JIM.fr

Un doute plane sur les Antiviraux d’Action Directe (ADD) dans l’hépatite C, qui sont, malgré leur efficacité spectaculaire (autour de 95 % de succès) suspectés de favoriser la survenue de carcinomes hépatocellulaires (CHC), notamment chez les patients porteurs d’une fibrose avancée.

Le suivi de la cohorte française Hepather, réalisé entre 2012 et 2015 apporte des éléments pour répondre à cette interrogation. Au total 9 895 patients, représentant 97 % de la cohorte de 10 166 malades enrôlés à partir de 32 centres d’hépatologie français, ont été inclus avec un suivi médian de 33,4 mois : 7 344 patients avaient bénéficié d’un traitement par ADD et 2 551 patients n’étaient toujours par traités lors de la dernière visite de suivi.

Au cours du suivi, 218 patients sont décédés (129 traités, 89 non traités), 258 ont présenté un CHC (187 traités, 71 non traités) et 106, une cirrhose décompensée (74 traités, 32 non traités). L’exposition aux ADD est apparue, de prime abord, associée à un risque accru de CHC (Hazard ratio ou HR non ajusté = 2,77 et de cirrhose décompensée (HR = 3,83).

Les auteurs signalent les biais potentiels de l’étude : traitement justifié par les formes plus avancées, notamment des cirrhoses Child A sans décompensation durant le traitement, absence d’ajustement des critères de fibrose entre l’inclusion et le début du traitement, durée de suivi insuffisante (3,5 ans) et hétérogénéité des modalités concernant le dépistage du CHC dans les 32 centres français.

Baisse de la mortalité et du risque de carcinome hépatocellulaire

Un ajustement pour les variables suivantes a été effectué : âge, sexe, indice de masse corporelle, origine géographique, voie d’infection, score de fibrose APRI et Fib4, caractère naïf vis-à-vis du traitement de l’infection à VHC, génotype, consommation d’alcool, diabète, hypertension artérielle, variables biologiques et scores MELD (model for end-stage liver disease) chez les patients atteints de cirrhose.

En seconde analyse, l’exposition aux ADD a été finalement associée à une diminution de la mortalité de toutes causes (HR ajusté 0,48 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,33 – 0,70) et du risque de CHC (HRa : 0,66 ; IC 0,46-0,93) mais n’était pas associée avec le risque de cirrhose décompensée (HRa : 1,14 ; IC : 0,57-2,27).

Cette vaste étude prospective de cohorte montre finalement une diminution significative, à court et moyen terme, du risque de mortalité et de CHC associés à traitement par ADD. Elle confirme les résultats d’une méta-analyse insistant sur l’état hépatique antérieur au traitement, qui ne doit pas contre indiquer une prescription adaptée. Elle suggère que les ADD réduisent bien les   lésions des hépatocytes et l’inflammation intrahépatique, tandis que la régénération du foie diminue le risque de progression vers des complications hépatiques et le CHC. La poursuite du suivi des patients présentant une réponse virale soutenue et porteurs d’une fibrose avancée et/ou d’une cirrhose permettra de confirmer que les ADD ne sont pas impliqués dans le développement du CHC sur le long terme.

Le suivi de toute hépatite traitée avec succès ne dispense pas de la surveillance par échographie spécialisée et dosage de l’alpha-foeto-protéine semestriel.
Dr Sylvain Beorchia

RÉFÉRENCES
Carrat F, Fontaine H, Dorival C et coll. French ANRS CO22 Hepather cohort : Clinical outcomes in patients with chronic hepatitis C after direct- antiviral treatment: a prospective cohort study. Lancet 2019 ; publication avancée en ligne le 11 février. doi.org/10.1016/
S0140-6736(18)32111-1

Source : Seronet.info

Comment le VIH parvient-il à échapper à la vigilance du système immunitaire, à l’intérieur même des cellules qu’il infecte ? C’est sur un de ces mécanismes d’évitement que se sont penchés des chercheurs-euses de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), du CNRS (Centre national de la recherche scientifique), de l’université de Montpellier et de l’université de Lorraine.

Ils ont pu observer la capacité du VIH à camoufler son ARN au sein même de la cellule infectée en utilisant une enzyme intracellulaire, explique un communiqué de l’Inserm. Ces travaux parus dans la revue scientifique Nature apportent de nouvelles connaissances sur les mécanismes d’évasion du VIH face au système immunitaire inné.

Dès les premières étapes d’une infection virale, les « radars » intracellulaires de l’immunité innée permettent de déclencher rapidement une réponse antivirale via la sécrétion d’interférons de type I, protéines fabriquées par les globules blancs pour réguler et stimuler la réponse immunitaire, explique d’emblée le communiqué de l’Inserm. Le VIH cible les cellules du système immunitaire et provoque des immunodéficiences sévères responsables du sida. Lorsque le VIH infecte une cellule, son génome (matériel génétique) composé d’ARN simple brin est transformé en ADN. Il va ensuite s’importer dans le noyau de la cellule hôte où il s’intègre à son génome. Le succès de ces étapes précoces dépend de la capacité du virus à se camoufler dans la cellule et à passer inaperçu en échappant aux détecteurs cellulaires, notamment à ceux capables de reconnaître les acides nucléiques de son génome comme un ARN étranger à l’organisme.

Des chercheurs-euses de l’Inserm, du CNRS, de l’université de Montpellier et de l’université de Lorraine se sont intéressés à ce mécanisme permettant au VIH d’échapper à la vigilance des cellules en exploitant un système de camouflage. Au sein des cellules, on trouve une enzyme appelée FTSJ3 qui est capable de modifier certains des acides nucléiques composant un ARN cellulaire en leur ajoutant un groupement méthyle. Cette modification est une signature du soi (ensemble des molécules résultant de l’expression du génome de l’individu, à opposer au non-soi) qui permet aux détecteurs de reconnaître les ARN cellulaires comme tels dans les cellules humaines et d’éviter leur destruction par le système immunitaire. L’équipe de recherche a pu mettre en évidence que le VIH recrute l’enzyme FTSJ3 pour méthyler son propre ARN génomique. Les détecteurs cellulaires d’ARN étranger s’avèrent alors incapables de reconnaître comme étranger cet ARN viral ainsi camouflé et ne peuvent donc déclencher la production d’interférons de type I au sein de la cellule pour induire la réponse immunitaire, donc la protection de l’organisme. Le virus invisible est alors libre de transformer son ARN en ADN, d’intégrer le génome de la cellule et de poursuivre l’infection, explique l’Inserm.

Dans son communiqué, l’institut scientifique explique que « ces résultats constituent une avancée significative dans la compréhension de l’infection par le (…) VIH en révélant une nouvelle stratégie d’évasion du virus face au système de détection cellulaire du système immunitaire inné. Mieux comprendre ces mécanismes de contournement pourrait permettre à plus long terme de développer des approches thérapeutiques et/ou vaccinales visant à modifier le virus afin qu’il entraîne l’établissement d’une réponse antivirale qui, lorsqu’elle est précoce, permet à la cellule de mettre en place une réponse immunitaire et de maîtriser l’infection ».

Source : Seronet.info

Le Royaume-Uni a annoncé qu’il allait mettre fin à la transmission du VIH dans le pays d’ici dix ans, indique un communiqué (7 février) de l’Onusida, qui salue l’annonce. En 2016, tous les États membres des Nations Unies s’étaient engagés à en finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030 dans le cadre de la Déclaration politique des Nations Unies sur la fin du sida.

Le Royaume-Uni a accéléré massivement ses efforts de riposte au VIH ces dernières années, avec pour résultat une baisse de 28 % des nouveaux cas de VIH au cours des deux dernières années notamment. Le 30 janvier dernier, à Londres, le secrétaire d’État à la Santé et aux affaires sociales, Matt Hancock, a lancé une campagne (soutenue par un budget supplémentaire de 600 000 livres. Ces 600 000 livres seront utilisées pour soutenir quatorze organisations non gouvernementales qui « pilotent de nouvelles approches dans la prévention du VIH et œuvrent pour impliquer les communautés plus exposées au risque ou défavorisées ». « Même si le monde a franchi un grand pas dans la lutte contre le VIH et le sida, nous devons accélérer nos efforts », a affirmé de son côté Penny Mordaunt, secrétaire d’État au Développement international. « Nous sommes convaincus de pouvoir créer un avenir sans sida pour le monde entier. Tel est le niveau de notre ambition »

Le gouvernement britannique joue un rôle important dans la riposte mondiale au VIH depuis le début de l’épidémie. Il a investi 1,2 milliard de livres dans le Fonds mondial et élargi l’accès au traitement antirétroviral par l’intermédiaire de UK aid, un programme quinquennal de 150 millions de livres mis en place pour changer la vie de plus de trois millions de personnes parmi les plus pauvres du monde. « Cette annonce représente un autre exemple de l’engagement réel du Royaume-Uni en faveur de la fin de l’épidémie de sida, non seulement dans le pays, mais aussi dans le monde entier », s’est satisfait Tim Martineau, directeur exécutif adjoint par intérim de l’Onusida. En septembre prochain, Londres accueillera la conférence internationale de l’initiative Les villes s’engagent. Cet événement devrait réunir des représentants-es de plus de 275 villes participantes, dans le cadre du premier rassemblement mondial de villes qui accélèrent leurs actions pour en finir avec le sida comme menace de santé publique.

Cette initiative  a été lancée en 2014 par l’Onusida, en partenariat avec la Ville de Paris, l’International association of providers of aids care et Onu-Habitat. Elle vise à soutenir « les villes dans l’accélération de leur riposte au VIH et d’en finir avec l’épidémie de sida d’ici à 2030 ». Londres a rejoint cette initiative l’année dernière. Ces dernières années, les nouvelles infections à VIH dans la capitale britannique ont reculé de plus de 40 % et, avec un résultat exceptionnel concernant les objectifs 90-90-90 qui sont déjà atteints. Ainsi : 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique vis-à-vis du VIH, 98 % de ces personnes sont sous traitement antirétroviral et 97 % des personnes sous traitement présentent une charge virale indétectable.

Source : Radio-Canada.ca

Les traitements d’immunothérapie habituellement utilisés contre le cancer permettent de diminuer la quantité de cellules infectées par le VIH/sida chez les personnes sous trithérapie, montrent des travaux réalisés au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM).

Les chercheurs Nicolas Chomont et Rémi Fromentin et leurs collègues ont montré, sur des cellules de personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), comment l’immunothérapie permet au système immunitaire de débusquer les cellules infectées par le VIH résistantes à la trithérapie.

Nous montrons pour la première fois par quel mécanisme les immunothérapies anticancéreuses peuvent « réveiller » le virus de ses cachettes et réduire la taille des réservoirs du VIH chez les personnes sous trithérapie. (Nicolas Chomont)

« Bien que la majorité de nos expériences aient été réalisées in vitro, notre approche pourrait conduire au développement de nouvelles thérapies », explique le Pr Chomont. Il faut savoir que la trithérapie empêche l’évolution de l’infection vers le syndrome d’immunodéficience acquise (sida), mais qu’elle ne permet pas de guérir une personne porteuse du VIH.

Le saviez-vous?

  • À l’heure actuelle, 37 millions de personnes vivent avec le VIH/sida sur la planète.
  • Pas moins de 1,8 million de nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2016.
  • Selon les estimations nationales, 63 110 Canadiens vivaient avec le VIH à la fin de 2016.
  • Depuis 1985, pas moins de 84 409 cas ont été diagnostiqués au pays.

S’attaquer aux réservoirs du VIH

La même équipe de chercheurs avait annoncé en 2016 l’identification de marqueurs qui permettent de déceler les réservoirs du VIH. Ces cellules réservoirs, qui obligent les personnes vivant avec le VIH à prendre les trithérapies toute leur vie, représentent donc les derniers obstacles à l’éradication du virus.

À l’époque, le groupe de recherche avait établi que ces cellules réservoirs présentaient des caractéristiques immunologiques particulières, c’est-à-dire que trois protéines s’expriment fréquemment à leur surface (PD-1, LAG-3 et TIGIT). Ces protéines sont ciblées par les immunothérapies utilisées en cancer.

Dans les présents travaux, les chercheurs ont donc décidé d’évaluer l’effet de ces thérapies sur les réservoirs du VIH.

Nos résultats prouvent que les immunothérapies ciblant des molécules comme PD-1 permettraient de réduire la quantité de virus qui persiste chez les personnes sous trithérapie. (Nicolas Chomont)

Le Pr Chomont explique que la prochaine étape consiste à combiner l’immunothérapie à des molécules chimiques inefficaces à ce jour sur les réservoirs VIH. Ce cocktail pourrait, selon lui, permettre de réveiller le virus et favoriser l’élimination des cellules infectées par le VIH.

Espoir et prudence

Les chercheurs décrivent dans leurs travaux le cas d’un patient de Montréal porteur du VIH et traité par immunothérapie pour un mélanome.

La taille de ses réservoirs VIH a diminué de façon significative, ce qui est encourageant. (Rémi Fromentin)

« Toutefois, nous devons rester prudents, car ceci ne fonctionne pas chez tous les patients. Ces traitements présentent aussi d’importants effets secondaires », ajoute Rémi Fromentin. En outre, les résultats d’essais cliniques menés actuellement aux États-Unis sur des patients atteints d’un cancer et du VIH devraient permettre d’orienter les futures recherches.

Le détail de ces travaux est publié dans la revue Nature Communications(Nouvelle fenêtre) (en anglais).

Source : Seronet.info

Le 24 janvier dernier, à l’occasion de sa cérémonie de vœux, le Pr François Dabis, directeur de l’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales) a dressé le bilan de l’année 2018, année de réorganisation de l’agence, et présenté la feuille de route pour 2019. Il a notamment annoncé l’actualisation des « recommandations d’experts-es françaises sur le VIH, les hépatites B et C et les IST sous la forme d’un rapport unique ».

Cette année a été celle du « chantier de la réorganisation pour plus de lisibilité, de simplicité et de performance », a rappelé François Dabis. Premier constat : « La recherche française est toujours dans le peloton de tête de la compétition internationale. Sur la période 2013-2017, la France est le 2e pays européen en nombre de publications scientifiques dans le domaine du VIH/sida et le quatrième au niveau mondial pour la part des publications figurant dans le top 1 % des publications les plus citées au monde. Pour les hépatites virales, la France bénéficie d’une excellente reconnaissance internationale puisqu’elle occupe la 1e place mondiale du classement des pays pour les publications figurant dans le top 1 % et le top 10 % mondiaux. Et l’ANRS finance pratiquement 90 % de ces recherches menées par les équipes françaises », a indiqué son directeur. L’année 2018 a été celle de la réorganisation de l’agence, une réorganisation ayant pour objectif : « Plus de simplicité, de lisibilité et de performance scientifique et d’adaptation aux enjeux. »

Travaux du nouveau Comité scientifique international

« Sept actions coordonnées (AC) pour l’animation scientifique, quatre comités scientifiques sectoriels (CSS) pour l’évaluation, la dimension Nord-Sud réunie dans chaque thématique, la pluridisciplinarité, la poursuite de notre partenariat étroit avec les représentants des malades et des populations les plus vulnérables ; voilà schématiquement résumée l’organisation que j’ai souhaitée mettre en place au cours de l’année écoulée », a détaillé François Dabis. « Un premier bilan des deux derniers appels à projets me laisse penser que ces changements ont été compris par notre communauté qui continue à se mobiliser en proposant de nouveaux projets en nombre et en qualité (…) L’inquiétude que certains pouvaient avoir en matière de recherche clinique et d’essais thérapeutiques a été dissipée. Des projets tout à fait innovants ont été soumis et plusieurs retenus », a résumé François Dabis. La stratégie de l’agence pour 2019 s’est notamment appuyée sur les travaux du nouveau Comité scientifique international, installé par le nouveau patron de l’ANRS. Il a retenu de ces travaux trois enseignements qui « vont guider réflexion et actions en 2019 ».

« Notre recherche fondamentale VIH est forte, mais peut et doit encore être encouragée et soutenue car une bonne partie des solutions du futur sont encore à trouver à la paillasse  ; « En matière d’hépatites virales, le tournant doit s’opérer en faveur d’une recherche translationnelle [concept qui traduit les efforts à produire des applications concrètes à partir de connaissances fondamentales, autrement dit, elle vise au transfert et à la valorisation d’une découverte scientifique en application concrète et rapide au bénéfice des malades, ndlr] sur l’hépatite B sans oublier le champ de l’élimination de l’hépatite C qui pose d’autres questions translationnelles, elle aussi, mais, cette fois, entre la recherche clinique et la recherche opérationnelle et de santé publique » ; « Le savoir-faire de l’Agence et de ses acteurs peut être mis au service de nouvelles priorités de recherche en santé ».

A priori, pas de mauvaise surprise budgétaire

« Le budget de l’Agence, maintenu au niveau demandé dans le contexte complexe que nous connaissons tous, nous permet de mener une politique scientifique ambitieuse, planifiée mais aussi capable de réagir et s’adapter aux innovations et aux priorités émergentes. J’ai déjà indiqué mon souhait de voir des effets de levier s’opérer avec des partenaires européens, industriels, associatifs ou philanthropiques pour que nos moyens propres soient investis le mieux possible », a indiqué François Davis, le 24 janvier dernier.

En 2018, le directeur de l’ANRS a fait procéder à une « évaluation internationale indépendante des cohortes de l’ANRS ». « J’ai pu ainsi reconduire l’ensemble de ces plateformes dont certaines comme Hepather peuvent fonctionner avec un montage financier associant l’ANRS, les Programmes d’investissement d’avenir via l’Agence nationale de recherche et les industriels. Les cohortes sont une de nos richesses scientifiques pour les années à venir tant pour le VIH que pour les hépatites B et C », a indiqué François Dabis.

Quels perspectives et projets pour 2019 ?

1 – « Un meilleur contrôle du VIH est-il possible chez les patients ? » « Les résultats de plusieurs études cliniques sont attendus en 2019 et en particulier ceux de l’essai Quatuor sur le traitement quatre jours sur sept. Deux essais de stratégies d’allègement démarreront, l’essai Altar (essai comparatif pour évaluer la non-infériorité d’une stratégie allégée : passage d’une trithérapie à une bithérapie en comparaison d’une stratégie de bithérapie immédiate) en France, en Espagne et peut-être au Brésil tandis que l’essai Moderato (évaluation de deux stratégies de maintenance) sera initié en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Sénégal », a détaillé François Dabis. Il a aussi mentionné les essais Synacthiv, étude visant à évaluer la sécurité et la tolérance d’une combinaison de deux inducteurs du VIH-1 chez des personnes infectées par un sous-type B de VIH et ayant une charge virale indétectable sous traitement antirétroviral combiné et Doluvoir. Son objectif est de déterminer la cartographie du réservoir VIH en lien avec les concentrations antirétrovirales chez des personnes VIH-1 chroniques, traitées avec une première ligne associant le dolutégravir à des inhibiteurs nucléosides/nucléotidiques de la transcriptase inverse. « Enfin, je vais proposer à tous les chercheurs engagés dans cette recherche sur les réservoirs et la rémission d’avancer de la manière la plus coordonnée et structurée possible, pour qu’en particulier les travaux des équipes regroupées sous le label Rhiviera (un consortium scientifique qui travaille notamment sur les réservoirs) restent en première ligne de la compétition internationale ».

2 – « Le contrôle de l’épidémie à VIH en France peut-il être plus rapidement atteint ? » « L’expérimentation de la notification aux partenaires dans l’étude Notivih est un des moyens envisagés et Karen Champenois et son équipe seront à la manœuvre sur le terrain dès cette année, alors que la Haute autorité de santé lance une première réflexion sur le sujet suite au rendu de l’avis favorable du Conseil national du sida et des hépatites virales en 2018 », a expliqué François Dabis. « Bien évidemment, l’étude Prevenir (sur la Prep) se poursuivra et j’ai eu le plaisir d’annoncer à son conseil scientifique (…) que je soutenais le démarrage le plus rapide possible d’un nouveau volet de recherche sur les autres infections sexuellement transmises que le VIH dans Prevenir ». « Nous rentrons clairement dans une nouvelle phase de la recherche en prévention dans les populations les plus vulnérables comme les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes), recherche qui doit contribuer à la stratégie nationale de santé sexuelle et à sa feuille de route annoncées par notre Ministre de la Santé en 2018 ».

3 – « Qu’en est-il de l’hépatite C ? » « Dans peu de temps le premier des articles princeps de la cohorte Hepather paraîtra, montrant les bénéfices dans la vie en vraie de l’utilisation des traitements antiviraux à action directe, en commençant par la réduction marquée de la mortalité. Cette cohorte se poursuivra », a annoncé François Dabis. « J’ai demandé à ses investigateurs et aux chercheurs d’amont de mieux se positionner dans l’investigation des maladies du foie post-guérison de l’hépatite C et d’approfondir les questions autour de la carcinogénèse viro-induite » le fait que le virus des hépatites cause un cancer).

4 – Et du VHB ? « J’espère que l’année 2019 verra le début d’une réelle recherche translationnelle sur le traitement de l’hépatite B, un domaine où nous avons des compétences incontestables au laboratoire, un réseau clinique de premier plan, sans oublier à nouveau la plateforme unique que représente la cohorte Hepather, a pointé le directeur de l’ANRS. Il nous faut définir une stratégie, la partager avec les industriels et les convaincre de travailler avec la recherche académique. Je profite de ce moment de mon intervention pour confirmer qu’il y aura désormais un seul service à l’Agence pour accompagner la recherche fondamentale VIH et hépatites virales, sous la responsabilité de Livia Pedroza, mais qu’il n’y aura aucun nouveau changement de périmètre et d’organisation des CSS et des AC ».

Dans son intervention, François Dabis a très largement évoqué les projets de l’agence au Sud : Burkina Faso, Zambie, Afrique du Sud sur « l’élimination effective de la transmission mère-enfant notamment par l’allaitement maternel ». Un projet sur la « micro-élimination de l’hépatite C » sera exploré au Burkina Faso. Une équipe française (Pasteur) poursuivra ses travaux « en Égypte où se déroule actuellement le plus grand programme de contrôle au monde de l’hépatite C ». Projet aussi concernant l’épidémiologie puisque « Dominique Costagliola et plusieurs membres de l’AC 47 (Dynamique et contrôle des épidémies VIH et hépatites) commencent à défricher les possibilités de collaboration au Kazakhstan et en Russie sur l’estimation des tendances de l’épidémie dans la seule région du monde où elle continue à progresser ». Par ailleurs, l’ANRS continuera à soutenir le plaidoyer international pour l’élimination de l’hépatite B.

Un nouveau rapport d’experts-es sur le VIH, les hépatites et les IST

« Par une lettre du 11 décembre dernier, Agnès Buzyn a mandaté l’ANRS et le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) pour une période de trois ans (2019-2021) pour produire l’actualisation des recommandations françaises sur le VIH, les hépatites B et C et les IST sous la forme d’un rapport unique. Je me réjouis de cette commande qui va nous amener Patrick Yéni (président du CNS) et moi-même à relancer un large groupe d’experts très prochainement », a expliqué François Dabis. A priori, le directeur de l’ANRS entend clairement changer la donne concernant les IST. Ainsi, a-t-il expliqué le 24 janvier : « Le VIH et les hépatites virales B et au moins en partie l’hépatite C sont clairement des IST. Il est temps d’examiner s’il est possible d’élargir notre champ de travail à l’ensemble des IST, dans un mouvement plus général autour de l’amélioration de la santé sexuelle. Je mettrai en place très prochainement un groupe de préfiguration de quelques experts pour me conseiller en trans-disciplinaire sur ce sujet avant de discuter avec notre comité scientifique international, notre Conseil d’orientation et nos tutelles des décisions à prendre, le tout en coordination avec l’Itmo I3M (Instituts thématiques multi-organismes immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie, autrement dit, ils travaillent sur microbiologie et maladies infectieuses ».

Source : CourrierInternational.com

S’installer à l’étranger peut être compliqué quand on est porteur du VIH. Singapour, les Émirats arabes unis ou encore la Russie figurent parmi les pays qui restreignent toujours les droits des expatriés séropositifs.

À la suite d’une fuite de données médicales à Singapour, 14 200 résidents ont vu leur statut de porteurs du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) révélé publiquement. Parmi eux, 8 800 étrangers, signale le South China Morning Post. Dans un pays où la maladie est encore stigmatisée, il leur est impossible de rester plus de quatre-vingt-dix jours, à moins d’être marié à un natif. Mais Singapour n’est pas le seul État à interdire les séjours de longue durée aux étrangers séropositifs. La Russie et les Émirats arabes unis, notamment, imposent les mêmes restrictions. Au total, 35 pays ont édicté des restrictions en la matière, selon un rapport de l’Onusida, un programme coordonnant les actions des différentes agences des Nations unies visant à lutter contre la pandémie. L’ONU estime qu’il s’agit là d’une violation des droits humains.

L’épidémiologiste américaine Jessica Keralis formule une mise en garde : Les politiques réellement mises en œuvre peuvent être différentes des informations que les pays diffusent officiellement dans un contexte diplomatique.”

Certains États n’ont pas de règles écrites en la matière, mais dans les faits les discriminations existent : les visas peuvent être annulés par les employeurs, il est très difficile de trouver une assurance qui prenne en compte le traitement antirétroviral, etc. Des réalités susceptibles d’affecter toutes les personnes séropositives, “qu’il s’agisse de cols blancs, de travailleurs migrants ou d’étudiants”.

Souvent, les personnes [envoyées à l’étranger pour travailler] n’ont pas connaissance [de ces restrictions] et tombent dans le piège : si vous ne le savez pas et si vous devez subir un test alors que vous êtes à l’étranger, vous risquez d’être renvoyé chez vous pour raison de santé et votre entreprise sera informée. C’est un gros problème.”

David Haerry relève aussi une inquiétude croissante chez les étudiants. Dans les pays où les restrictions ne sont pas suffisamment explicites, les conséquences du dépistage obligatoire ont de fait de quoi inquiéter.

Des avancées législatives limitées par des clichés qui perdurent

Les autorités de ces pays continuent d’appliquer ces lois par “convention historique, par idéologie ou encore par passivité”, explique Eamonn Murphy, chargé de la région Asie-Pacifique à l’Onusida. “De nombreuses restrictions nationales sont des vestiges des années 1980, avant que la transmission de la maladie soit comprise et que les traitements antirétroviraux et les médicaments quotidiens capables de prévenir sa propagation soient largement disponibles.”

Ces réglementations ont parfois évolué, notamment après la campagne menée en 2008 par l’Onusida contre les 59 gouvernements qui interdisaient à l’époque aux séropositifs l’entrée sur leur territoire. La Chine, la Corée du Sud et les États-Unis, notamment, ont changé leurs législations en 2010.

La stigmatisation sociale est encore présente dans certaines cultures. Selon Peter Wiessner, coauteur de la base de données mondiales, “à l’origine des discriminations, il y a les fausses idées et la peur, le VIH étant systématiquement associé à la consommation de drogue, aux hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et à toutes les réalités que les pays ne veulent pas affronter”.D’après les experts, beaucoup des pays les plus conservateurs en la matière sont situés au Moyen-Orient.

Pour l’épidémiologiste Jessica Keralis, ces pratiques contribuent à ancrer dans les esprits de dangereuses contre-vérités : Elles véhiculent l’idée que le sida est une épidémie qui vient de l’étranger, qui concerne des étrangers, et que si [les citoyens] évitent de fréquenter des étrangers ils n’encourent aucun risque. Ils ne sont pas incités à s’informer davantage ni à modifier leurs comportements.”