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L’immunothérapie pour combattre le VIH

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Source : Radio-Canada.ca

Les traitements d’immunothérapie habituellement utilisés contre le cancer permettent de diminuer la quantité de cellules infectées par le VIH/sida chez les personnes sous trithérapie, montrent des travaux réalisés au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM).

Les chercheurs Nicolas Chomont et Rémi Fromentin et leurs collègues ont montré, sur des cellules de personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), comment l’immunothérapie permet au système immunitaire de débusquer les cellules infectées par le VIH résistantes à la trithérapie.

Nous montrons pour la première fois par quel mécanisme les immunothérapies anticancéreuses peuvent « réveiller » le virus de ses cachettes et réduire la taille des réservoirs du VIH chez les personnes sous trithérapie. (Nicolas Chomont)

« Bien que la majorité de nos expériences aient été réalisées in vitro, notre approche pourrait conduire au développement de nouvelles thérapies », explique le Pr Chomont. Il faut savoir que la trithérapie empêche l’évolution de l’infection vers le syndrome d’immunodéficience acquise (sida), mais qu’elle ne permet pas de guérir une personne porteuse du VIH.

Le saviez-vous?

  • À l’heure actuelle, 37 millions de personnes vivent avec le VIH/sida sur la planète.
  • Pas moins de 1,8 million de nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2016.
  • Selon les estimations nationales, 63 110 Canadiens vivaient avec le VIH à la fin de 2016.
  • Depuis 1985, pas moins de 84 409 cas ont été diagnostiqués au pays.

S’attaquer aux réservoirs du VIH

La même équipe de chercheurs avait annoncé en 2016 l’identification de marqueurs qui permettent de déceler les réservoirs du VIH. Ces cellules réservoirs, qui obligent les personnes vivant avec le VIH à prendre les trithérapies toute leur vie, représentent donc les derniers obstacles à l’éradication du virus.

À l’époque, le groupe de recherche avait établi que ces cellules réservoirs présentaient des caractéristiques immunologiques particulières, c’est-à-dire que trois protéines s’expriment fréquemment à leur surface (PD-1, LAG-3 et TIGIT). Ces protéines sont ciblées par les immunothérapies utilisées en cancer.

Dans les présents travaux, les chercheurs ont donc décidé d’évaluer l’effet de ces thérapies sur les réservoirs du VIH.

Nos résultats prouvent que les immunothérapies ciblant des molécules comme PD-1 permettraient de réduire la quantité de virus qui persiste chez les personnes sous trithérapie. (Nicolas Chomont)

Le Pr Chomont explique que la prochaine étape consiste à combiner l’immunothérapie à des molécules chimiques inefficaces à ce jour sur les réservoirs VIH. Ce cocktail pourrait, selon lui, permettre de réveiller le virus et favoriser l’élimination des cellules infectées par le VIH.

Espoir et prudence

Les chercheurs décrivent dans leurs travaux le cas d’un patient de Montréal porteur du VIH et traité par immunothérapie pour un mélanome.

La taille de ses réservoirs VIH a diminué de façon significative, ce qui est encourageant. (Rémi Fromentin)

« Toutefois, nous devons rester prudents, car ceci ne fonctionne pas chez tous les patients. Ces traitements présentent aussi d’importants effets secondaires », ajoute Rémi Fromentin. En outre, les résultats d’essais cliniques menés actuellement aux États-Unis sur des patients atteints d’un cancer et du VIH devraient permettre d’orienter les futures recherches.

Le détail de ces travaux est publié dans la revue Nature Communications(Nouvelle fenêtre) (en anglais).

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