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Source : seronet.info

Alors que s’ouvre la saison 2019 des Marches des Fiertés, AIDES marchera derrière un seul mot d’ordre : « LGBTIphobie = sida ».

« Cinquante ans après les émeutes de Stonewall, qui ont éclaté en juin 1969 à New York face à la répression policière des communautés LGBTI, nous assistons à une augmentation sans précédent de violences et de mesures répressives ou discriminantes portant atteinte aux droits des minorités sexuelles et de genre », explique l’association dans un communiqué, quelques jours avant la marche des fiertés parisienne.

« Nous, militants-es de la lutte contre le sida, connaissons trop bien les ravages de ces discriminations et leur contribution à la dynamique de l’épidémie à VIH. En France, on recense encore une agression physique homophobe et transphobe toutes les 33 heures et une agression verbale toutes les huit heures [sources officielles, ministère de l’Intérieur, ndlr] (…) Dans le monde, 70 pays pénalisent l’homosexualité et de nombreux autres la discriminent violemment. Dans ces pays, les communautés LGBTI sont vouées à l’exclusion, et encourent des menaces verbales ou physiques », indique l’association.

Tout cela pousse à la clandestinité.

« Cette clandestinité forcée favorise l’exposition aux risques et entrave l’accès à la prévention et aux soins. Les conséquences sont dramatiques : plus un pays est homophobe, plus le nombre de contaminations parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) est important », explique AIDES.

Et l’association d’expliquer : « Des outils existent pour combattre ces discriminations. Dans les pays en développement, le Fonds mondial de lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose finance l’accès aux traitements antirétroviraux et défend aussi les droits des populations clés de l’épidémie – hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et personnes trans notamment. C’est d’ailleurs cette année que se décideront, sous l’égide d’Emmanuel Macron, les contributions de chaque pays pour les trois ans à venir ».

Marches des fiertés : alerter sur le lien entre discrimination et vulnérabilité au VIH

Jusqu’en août dans les plus grandes villes de France, chaque Marche des Fiertés sera l’occasion pour AIDES d’attirer l’attention sur le « lien » qui existe « entre les discriminations vécues par les personnes LGBTI et leur vulnérabilité au VIH ». « Il est urgent d’agir et de dire haut et fort : les LGBTIphobies nous rendent malades ! », conclut l’association.

 

Source : largeur.com

Plus de 500 personnes en Suisse prennent la PrEP, un médicament qui a prouvé son efficacité dans la protection contre le VIH. Ce mode de prévention reste pourtant peu accessible.

Prescrire une molécule antirétrovirale à une personne séronégative pour la protéger d′une infection par le VIH peut surprendre. L′usager sain s′expose ainsi à des effets secondaires sans bénéficier des effets curatifs. C′est pourtant le principe de la PrEP, acronyme de prophylaxie pré-exposition, une pilule protectrice contre le sida en plein essor auprès des personnes aux pratiques sexuelles à risques. «Je compare cette méthode à la prophylaxie contre le paludisme. De la même manière, on prescrit en préventif un médicament anti-malaria à ceux qui se rendent dans des zones à risques en Afrique afin de leur éviter une infection», explique Matthias Cavassini, médecin-chef au Service des maladies infectieuses du CHUV. Le médicament, vendu en Suisse sous la dénomination commerciale Truvada, est prescrit à l′origine en combinaison dans le cadre de trithérapies pour les patients séropositifs.

Très efficaces, ces antirétroviraux rendent souvent le virus indétectable et non transmissible.

La Suisse soutient d′ailleurs depuis 2008 que les personnes séropositives indétectables ne sont pas contagieuses. «C′est à partir de cette observation que l′on a imaginé que le ténofovir (ndlr. l′une des substances actives du Truvada) pouvait fonctionner en mode préventif», explique Jean-Michel Molina, infectiologue à l′Hôpital Saint-Louis de Paris, qui a coordonné, entre 2012 et 2015, l′étude Ipergay, déterminante dans la reconnaissance de la PrEP en Europe. Son équipe de recherche a comparé deux cohortes d′environ 200 participants gays aux pratiques sexuelles à risques – au moins deux rapports non protégés durant les six mois qui précédaient l′étude. Les deux groupes ont reçu à l′aveugle du Truvada ou un placebo. Publiés dans le New England Journal of Medicine, les résultats établissent que la PrEP a réduit de 86% les infections par le VIH. Les deux cas de transmission recensés dans le groupe qui recevait la PrEP étaient causés, selon les auteurs, par un manque d′adhésion au traitement. Concernant les effets secondaires, une légère prévalence a été observée dans le groupe PrEP par rapport à son homologue placebo. «Le médicament possède une certaine toxicité au niveau rénal et peut atteindre aussi les os», indique Matthias Cavassini, qui reconnaît malgré tout une bonne tolérance chez les patients.

L′OMS a approuvé la PrEP en 2015, classant la prophylaxie en «haute évidence d′efficacité». En Suisse, un bulletin de l′Office fédéral de la santé publique (OFSP) de janvier 2016 concluait plus prudemment que la prescription peut être «indiquée dans certains cas».

L′exemple de San Francisco

L′Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) a transformé l′essai Ipergay en annonçant zéro contamination parmi 1′435 volontaires sous prescription en conditions réelles entre mai 2017 et mai 2018. «La prochaine étape consiste à évaluer le bénéfice collectif de cette méthode. Nous souhaitons connaître l′impact de la PrEP sur la diminution de l′épidémie», indique Jean-Michel Molina. Des signes encourageants parviennent de San Francisco. Cette ville, durement touchée par l′épidémie dans les années 1980, se situe aujourd′hui à l′avant-garde de la lutte contre le sida. Depuis 2012, la PrEP est au cœur de la stratégie de prévention.

On la distribue même gratuitement aux populations précarisées. Or, selon le «California HIV Report Surveillance», le nombre de nouveaux cas a décru dans la ville à partir de 2012, passant de 456 en 2012 à 221 en 2017. «En attendant un vaccin toujours hypothétique, la PrEP fait figure de chaînon manquant dans l′arsenal à notre disposition pour lutter contre le VIH. Elle permet de prévenir les infections chez certaines populations à risque où l′usage du préservatif est pris en défaut», explique Jean-Michel Molina.

Les professionnels de terrain constatent déjà d′évidents bienfaits individuels. «La qualité de vie des personnes change radicalement. Leur moral s′améliore. La PrEP les libère de l′anxiété», témoigne Vanessa Christinet, médecin au Checkpoint Vaud, un centre de santé sexuelle destiné aux hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes à Lausanne. Cette antenne suivait près de 200 personnes sous PrEP à la fin de 2018. «Chaque semaine, trois ou quatre personnes nous la réclament. On est encore en phase de demande ascendante.»

La population gay reste traumatisée par l′hécatombe qui l′a frappée jusqu′au milieu des années 1990. Elle paie toujours le plus lourd tribut à l′épidémie. «Sur environ 500 cas diagnostiqués en 2017 en Suisse, la moitié concerne des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, alors qu′ils ne représentent que 5% au maximum de la population globale.» Même si l′espérance de vie des personnes séropositives s′est nettement améliorée lorsqu′elles sont prises en charge, le «stigmate» de la maladie subsiste. À tel point que, selon Jean-Michel Molina: «Pour certains, l′angoisse de l′attraper était telle qu′ils préféraient être contaminés – comme ça, c′était fait.»

Quatre pilules sur soi

«Le gros avantage de la PrEP, c′est que chacun devient responsable de lui-même: que le partenaire souhaite ou non mettre un préservatif n′est plus un débat», avance Stanislas, un usager lausannois qui utilise le médicament de manière irrégulière, en fonction de ses périodes d′activité sexuelle. «J′ai toujours au minimum quatre pilules sur moi afin de faire un cycle de prévention complet.» (voir encadré)

Les médecins se gardent bien de mettre en concurrence PrEP et préservatif. «Les études ont toujours testé l′apport de l′un à l′autre dans la prévention. Pour reprendre le parallèle avec la malaria, on peut dire que la moustiquaire complète le comprimé anti-malarique, au même titre que le préservatif complète la PrEP», préconise Matthias Cavassini. Il n′empêche qu′une part des usagers actuels a tendance à abandonner le préservatif. «Une minorité de ceux à qui nous prescrivons la PrEP l′utilise moins, voire plus du tout», évalue Vanessa Christinet. Avec le risque de contracter d′autres infections sexuellement transmissibles telles que chlamydia, gonorrhée ou syphilis. «On observe une augmentation de ces infections, mais il est difficile de déterminer si elle est liée à un relâchement de la protection ou à un dépistage plus fréquent», précise avec prudence Matthias Cavassini. La prescription de PrEP s′accompagne de tests complets tous les trois mois qui renforcent la prévention et accentuent les chances de détecter certaines infections.

Hook-up culture

Au-delà de la PrEP, l′évolution des mœurs redéfinit les pratiques sexuelles. Dans un post sur son blog, le militant gay et ancien président d′Act-Up Paris Didier Lestrade décrivait la montée en puissance de la hook-up culture, c′est-à-dire des aventures sexuelles sans lendemain, favorisées par les applications comme Tinder ou son versant gay Grindr. «Depuis quelques années, le retour à une sexualité sans crainte est général, chez les gays mais aussi chez les hétéros. […] 90% des étudiants américains pensent que la vie sur le campus est dominée par cette tendance [la hook-up culture], développée lors des vacances de Spring Break et surtout grâce à l′usage du téléphone portable et du sexting.» Un point de vue partagé par l′usager du Checkpoint Stanislas: «Le recul du préservatif dans la population gay m′apparaît comme un rattrapage par rapport à la norme hétérosexuelle. La majorité des gays de ma génération a toujours utilisé le préservatif en raison de la peur du sida, alors que chez les hétérosexuels ce n′était pas si automatique. Avec le progrès des traitements, l′angoisse s′estompe.»

Dans ce contexte plus débridé, la PrEP offre une protection toujours plus recherchée. Or si certains pays comme la France ou les États-Unis manifestent leur volontarisme en faveur du médicament, à travers notamment des campagnes publicitaires nationales et des remboursements par les caisses maladie, la Suisse se trouve dans une position paradoxale. «Qui paie pour ce médicament, qui coûte environ 900 francs la boîte pour un mois ?» s′interroge Matthias Cavassini. Inscrit plus tardivement que chez nos voisins par son fabricant Gilead, le Truvada est protégé par un brevet jusqu′en 2021, ce qui ferme la porte aux génériques. Par ailleurs, le médicament n′est inscrit chez Swissmedic qu′à titre de traitement contre le VIH. «Gilead rechigne à se lancer dans un enregistrement coûteux par rapport à la taille de notre marché», poursuit le spécialiste du CHUV. Les médecins prescrivent donc la PrEP en dehors de l′utilisation prévue en Suisse (off-label use), avec pour conséquence un non-remboursement par les caisses maladie. «Cette situation absurde nous oblige à bricoler, explique Vanessa Christinet. Nous prescrivons des médicaments que les usagers peuvent acheter sur internet à 70 francs la boîte pour un mois ou en France, où des génériques sont disponibles.» Il arrive aussi que des usagers se déclarent intolérants au lactose afin de se faire prescrire un générique à la composition différente auprès de certaines pharmacies suisses.

«Sites folkloriques»

L′approvisionnement parallèle sur internet comporte ses risques et ses mésaventures, même si la plateforme Iwantprepnow permet de s′approvisionner en médicaments dont la qualité a été contrôlée. «Comme on achète les médicaments en Inde, où sont fabriqués les génériques, sur des sites un peu folkloriques, il arrive que la banque bloque le paiement par carte, témoigne Stanislas. Une de mes commandes a aussi été saisie à la douane par Swissmedic parce que l′expéditeur n′avait pas collé l′ordonnance sur la boîte.»

Vanessa Christinet se désole du manque de volonté politique de faciliter l′accès à un médicament abordable en Suisse. Le Conseil fédéral, interpellé à deux reprises par le conseiller national Mathias Reynard à ce sujet en 2018, se réfugie pour l′instant derrière les barrières légales et commerciales.

Dans un système de santé qui favorise le traitement, il est rare qu′un médicament préventif intègre la liste positive des soins remboursés par les caisses. «On aurait du mal à expliquer à la population pourquoi il faut rembourser cette mesure alors que les préservatifs ou la pilule contraceptive ne sont pas couverts», explique Daniel Koch, responsable de la division maladies transmissibles à l′OFSP. Vanessa Christinet préfère regarder la question sous un autre angle: «En termes économiques, éviter une infection VIH permet de s′épargner des coûts de traitement, qui peuvent s′élever jusqu′à 1 million de francs par personne.»

Communauté sensibilisée

Dans son communiqué annuel sur le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles de novembre 2018, l′OFSP se félicitait d′une réduction de 16% des nouveaux cas déclarés en 2017. Il expliquait cette amélioration historique par le renforcement du dépistage, le traitement précoce, et les campagnes ciblées envers les groupes à risques. Pas un mot, par contre, sur la PrEP, pourtant prescrite dès 2016. «Je doute qu′elle ait déjà eu une influence sur ces chiffres, car à l′époque le nombre d′usagers était encore très faible», rétorque Daniel Koch, qui estime par ailleurs que l′obligation de se rendre chez un médecin pour se faire prescrire le médicament crée une barrière à sa diffusion.

Une limite plus concrète se situe dans l′observance de la posologie, déterminante pour que le médicament soit efficace au moment d′un rapport sexuel à risques. «Cela fonctionne très bien avec la communauté gay, qui est très sensibilisée en matière de santé sexuelle», constate le Checkpoint Vaud. En revanche, des études réalisées chez des femmes hétérosexuelles en Afrique ont démontré une efficacité moindre en raison d′une adhésion trop basse.

Associée à des dépistages fréquents de tous et à des traitements précoces pour les personnes séropositives, cette nouvelle arme permet aux personnes séronégatives de renforcer et de maîtriser leur protection. Une bonne nouvelle pour une société dont la sexualité s′émancipe. Pour qui peut se l′offrir.

Source : gabonreview.com

Une équipe d’enseignants et de chercheurs français séjourne actuellement au Gabon, dans le cadre du développement d’un vaccin thérapeutique contre le virus du Sida et de la mise en place d’un projet de dépistage néonatal de la drépanocytose. Chef du service de génétique médicale au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bordeaux, Didier Lacombe s’est confié à Gabonreview, le 6 juin, sur les contours de ces ambitieux projets.

Quel est l’objet de la visite de votre délégation au Gabon ?

Didier Lacombe : La visite de notre délégation s’inscrit dans une démarche initiée depuis deux à trois ans pour mettre en place un projet de dépistage néonatal de drépanocytose au Gabon, notamment à Libreville. Ce dépistage de tous les nouveau-nés sur une simple goutte de sang permettrait de diagnostiquer non seulement les enfants, mais de les prendre en charge très tôt. Et avec nos médicaments, d’assurer une meilleure qualité de vie et augmenter l’espérance de vie.

Cet aspect curatif sera complété par un autre purement préventif. Car le dépistage à la naissance de tous les nouveau-nés peut détecter les traits des drépanocytoses hétérozygotes (appelés couramment AS, ndlr). Il y a en des gens qui en sont porteurs, car cela correspond quand même à 25% de la population du Gabon. C’est un vrai problème de santé publique. A ceux-là, nous pouvons leur proposer une approche de conseil génétique, le dépistage dans la famille, voire d le diagnostic en prénatal si l’on va jusque là, dans le cadre du projet.

Votre périple a commencé par une audience à la Primature…

Nous avons présenté deux projets au Premier ministre. Celui sur le dépistage néonatal de drépanocytose qui est un problème de santé publique, et le projet du professeur Hervé Fleury, beaucoup plus axé sur la recherche, le développement d’un vaccin thérapeutique contre le virus du Sida. Et le Premier ministre nous a réservé un accueil très favorable et souhaite soutenir ces deux projets au niveau du Gabon.

Vous avez ensuite visité le Centre hospitalier Mère-Enfant Jeanne Ebori, avant de vous envoler le lendemain pour Franceville…

Le Centre hospitalier Mère-Enfant Jeanne Ebori est une très belle structure. Nous remercions la direction médicale de l’établissement de nous avoir fait visiter cet établissement très moderne, récent et qui nous laisse une très bonne impression en termes de soins. Demain, nous allons visiter le Centre international de recherches médicales de Franceville (CIRMF), qui est une structure très réputée à l’international. L’idée est de réimplanter, en collaboration, un projet de recherche, notamment celui du professeur Hervé Fleury, sur le développement d’un vaccin thérapeutique pour les porteurs du VIH.

Qu’en est-il de l’aspect financement ?

Je ne m’avancerai pas sur le projet du professeur Hervé Fleury. S’agissant du projet sur la drépanocytose, ce n’est pas nous qui apportons les financements, mais il y a plusieurs points à considérer. Ce projet peut permettre de gagner de l’argent par la prévention. Si l’on va au bout du projet, les gens seront mieux traités et ils feront moins de crises aigües à la drépanocytose… il y aura donc un gain en termes de santé. Et puis, l’on peut prévenir l’apparition de la maladie par le conseil génétique. Et bien sûr, l’on peut aller ensemble chercher des financements vers de grandes fondations internationales qui soutiennent ce type de projets. Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous n’en sommes qu’au niveau de l’accord et le déroulement de la mise en place de ce projet au Gabon.

Source : presse.sidaction.org

 

(Paris, 29 mai 2019) – Après plusieurs jours de négociations, accompagnées d’une mobilisation intense des activistes et associations de santé, la résolution sur la transparence sur le médicament a été adoptée à l’Assemblée Mondiale de la Santé à Genève. Malgré des blocages, et plusieurs revirements successifs, la France a fini par soutenir « sans réserve » cette résolution, notamment grâce à des interpellations répétées de la société civile.

Il convient maintenant d’intégrer les engagements portés par ce texte dans nos politiques nationales.

Aujourd’hui, des nouveaux traitements arrivent sur le marché.

Et à des prix qui se comptent en dizaines et centaines de milliers d’euros par an et par personne, notamment contre les cancers. Encore cette semaine, un traitement a été mis sur le marché aux Etats-Unis à un prix supérieur à 2 millions de dollars par personne. Ces prix sont une menace pour l’accès aux soins, leurs déterminants réels ne sont pourtant pas publics.

A l’initiative de l’Italie, rapidement rejointe par plusieurs pays dont l’Espagne, la Grèce, les Pays-Bas l’Afrique du Sud etc. une résolution sur la transparence sur le médicament a été proposée et, après de nombreux rebondissements, votée lors de la 72ème Assemblée Mondiale de la Santé.

En effet, sur le marché du médicament, l’opacité est la règle.

Les citoyen-ne-s, Etats et systèmes de santé n’ont pas accès aux informations les plus basiques sur les produits de santé, notamment les investissements en recherche et développement, la part d’investissements publics et les coûts des essais cliniques. Les Etats négocient les prix et l’accès seuls, en concurrence entre eux, et sans disposer de tous les éléments d’information nécessaires, y compris les prix réels des médicaments négociés par les autres pays, quand les firmes sont les seules à avoir une vision globale du marché.

Cette résolution, en proposant une plus grande transparence sur les médicaments, rééquilibre le cadre de la négociation, et facilite les coopérations entre les Etats. Elle doit permettre de mieux appréhender et connaître la valeur véritable des nouveaux produits de santé, d’aller vers des prix plus justes permettant l’accès aux meilleurs soins pour tou-te-s dans des systèmes de santé pérennes.

Pour les associations signataires.

Cette résolution présente un progrès démocratique, car elle renforce le droit à l’information, et un progrès pour la santé publique mondiale. La transparence et les coopérations entre Etats permettront d’aller vers des prix plus abordables, et non plus fondés sur la maximisation des profits.

La France a finalement soutenu « sans réserve » cette résolution, sans pour autant la co-signer. De même que François Rivasseau, Représentant permanent de la France auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, nos associations voient dans cette résolution une première étape qui en appelle d’autres. Les engagements portés par cette proposition doivent être suivis de mesures concrètes en France et en Europe, qu’il appartiendra à chaque Etat de mettre en œuvre. Nos associations y resteront attentives.

Liste des associations signataires :

Access

Action Santé Mondiale

Act-Up Basel

Act-up Paris

AIDES

Association française des hémophiles

France Assos Santé

Les Irrécupérables

Médecins du Monde

Sidaction

UAEM

Source : iledefrance.ars.sante.fr

Du 11 au 15 juin 2019 a lieu la première Semaine régionale du dépistage du VIH, des Hépatites et des IST, à l’initiative de L’ARS Île-de-France.

La principale source de l’épidémie.

A ce jour, on estime qu’il y a 25 000 et 30 000 personnes contaminées par le VIH et qui l’ignorent.  L’enjeu actuel du contrôle de l’épidémie passe par le dépistage des personnes concernées. La HAS (Haute Autorité de Santé) recommande d’accorder la priorité aux dépistage de l’infection à VIH en direction des populations clés et de renforcer la fréquence du dépistage dans ces populations :
– Tous les 3 mois chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes ;
– Tous les ans chez les usagers de drogues par voir intraveineuse ;
– Tous les ans chez les personnes originaires de zones de forte prévalence, notamment d’Afrique Subsaharienne et des Caraïbes ;
– Et de proposer un dépistage à toute personne, au moins une fois dans la vie, entre 15 et 70 ans, lorsque l’occasion se présente.
Ne pas proposer de test constitue une occasion manquée et une perte de chance de prise en charge pour vos patients.

Comment participer ?

– Ouvrez la discussion, faites le point avec vos patients : à nan remonte leur dernier test ?
– Proposez systématiquement, de réaliser un test de dépistage du VIH, des hépatites et des IST
– Informez vos patients sur les modalités de dépistage (tests en laboratoire, TRODs, auto test)
– Orientez vos patients vers le dépistage : https://www.sida-info-servise.org/annuaire/

Une situation préoccupante

Près de 50 000 personnes résidant en Île-de-France sont suivies pour une infection à VIH et environ 2 650 nouvelles infections sont découvertes chaque année, un nombre qui ne diminue que très peu. On estime par ailleurs que près de 10 000 Franciliens vivent avec le virus sans le savoir, se privant d’un accès rapide à un traitement efficace. Plus de 28 % des personnes séropositives découvrent leur infection à un stade très avancé de la maladie.

La situation reste également préoccupante concernant les infections sexuellement transmissibles (IST), en particulier chez les jeunes. Le nombre de diagnostics d’infection à Chlamydia et à gonocoque a par exemple été multiplié par 3 entre 2012 en 2016*. Enfin, un meilleur dépistage des hépatites, ciblé sur les populations les plus concernées, permettrait une meilleure prévention de la contamination des proches par la vaccination (pour l’hépatite B) et une meilleure prise en charge des malades grâce aux traitements maintenant disponibles contre le virus de l’hépatite C.

 

Source : actions-traitements.org

Au sujet des innovations thérapeutiques… Injection, vaccin, allégements, TAF…. vous en avez entendu parler mais ce n’est pas très clair pour vous ?

Cette rencontre a pour but de vous aider à comprendre quelles sont les innovations thérapeutiques en cours et à venir dans la prise en charge du VIH.

Si vous avez des interrogations, c’est l’occasion de participer à cette rencontre animée par le Dr Palich, médecin infectiologie à l’hôpital de la Pitié Salpétrière.

Où ?

Comité des familles, 18 rue de la Mare, 75020 Paris. Métro : L2 Couronnes / Ménilmontant

Quand ? 

Jeudi 27 juin, la réunion commence à 19h. 

Places limitées. Atelier sur inscription en contactant Sehade par téléphone au 01 43 67 94 97 ou par mail : smahammedi@actions-traitements.org.

Source : seronet.info

L’EATG (European action treatment group) lance une enquête dans le cadre de l’enquête EmERGE, un projet financé par l’Union européenne sur la santé et les potentielles (solutions de santé mobiles ou service de santé amélioré par une plateforme mobile).

En amont, les activistes européens veulent comprendre à quelle fréquence et pour quelle raison les personnes vivant avec le VIH dans l’Union européenne se rendent dans leur hôpital ou clinique pour le suivi et le contrôle du VIH. Les résultats de cette enquête doivent « aider à cartographier la diversité des services de santé en Europe. » Vous pouvez remplir ce questionnaire si vous êtes séropositif-ve sous traitement antirétroviral avec une charge virale indétectable depuis six mois et si vous vivez dans un pays appartenant à l’Union européenne (le Royaume-Uni reste inclus). Le formulaire en ligne prendra environ cinq minutes à remplir. L’enquête est strictement anonyme et les données seront traitées de manière à préserver la confidentialité des répondants-es.

NB : Dans le cadre de cette enquête, « clinique VIH » signifie l’établissement de soins de santé où vous recevez la prescription de votre traitement anti-VIH.

 

 

Source : vih.org

Au printemps 2018, des cas d’intoxication au GBL, un solvant industriel transformé en GHB une fois ingéré, ont fait les gros titres de la presse. Pouvoirs publics et professionnels du milieu de la nuit redoutaient une hécatombe, qui ne s’est finalement pas produite. Après un détour par l’histoire des usages de ce produit, retour sur la mobilisation qui a accompagné cette série d’accidents.

L’histoire du GHB (gamma-hydroxybutyrate) débute dans les années 1960 lorsque Henri Laborit synthétise cette substance présente naturellement dans le corps humain. Sa structure chimique est proche du neurotransmetteur GABA et de l’alcool. La molécule trouve de nombreuses applications médicales: comme anesthésiant, dans le traitement de troubles du sommeil (insomnie, épisode de cataplexie chez des patients atteints de narcolepsie) ou de l’alcoolisme. Dans les années 1980, les premiers usages hors cadre thérapeutique apparaissent au sein de certains milieux sportifs, et plus particulièrement chez les «bodybuilders», car le GHB stimule la libération de l’hormone de croissance.

Du mythe de la «drogue du viol»…

Alors qu’au cours des années 1990, le GHB se fait de plus en plus rare dans le monde du culturisme, son usage récréatif se développe dans certains milieux festifs. Pourtant, c’est comme «drogue du viol» que la molécule se fait connaître du grand public. La médiatisation intense de quelques cas de soumission chimique suivis de viols ou de décès amène les responsables politiques à interdire le produit dans la plupart des pays occidentaux. Aux États-Unis, la mort d’une jeune femme de 16 ans ayant ingéré du GHB à son insu va jouer un rôle central dans l’interdiction de l’usage du produit hors cadre médical en 2000. De même, plusieurs cas de soumission chimique d’hommes sur des femmes, suivis de viol, entraîneront l’interdiction du produit en GrandeBretagne en 2003. Symptôme de la préoccupation qui entoure le produit à cette époque, des discothèques, en Angleterre et en France (où le produit est interdit en 1999) vendent leurs boissons dans des verres à couvercle pour éviter les consommations non-intentionnelle de GHB.

Si le statut de «drogue du viol» donné au GHB par les médias et certains responsables politiques oriente durablement les représentations sociales à l’égard de la substance, et ce jusqu’à aujourd’hui, il relève en réalité davantage du mythe que de la réalité. D’abord, parce que les cas de soumission chimique où le GHB est impliqué sont infiniment peu nombreux, en comparaison d’autres substances comme l’alcool ou les benzodiazépines. Ensuite, parce que, dès les années 1990, l’immense majorité des consommateurs ne l’utilise pas à des fins criminelles, mais récréatives.

… À la réalité des usages récréatifs

Le dispositif TREND observe les usages de drogue en contexte festif depuis près de vingt ans. Ses investigations montrent qu’en France, au début des années 2000, le GHB est consommé presque exclusivement au sein du milieu festif gay parisien. La population concernée serait réduite et appartiendrait à des catégories socioprofessionnelles plutôt élevées. Les motivations à l’usage varient en fonction du contexte. Dans le cadre festif (bars et clubs gays), les consommateurs recherchent des effets similaires à ceux de l’ecstasy (d’où le nom «d’ecstasy liquide» donné au produit dans les années 2000): excitation et euphorie, fort sentiment d’empathie. En contexte sexuel (lieux privés, backrooms, saunas), les témoignages d’usagers mettent en avant l’amplification des sensations tactiles, l’augmentation du plaisir et de l’endurance.
Une étude quantitative menée en 2009 confirme la prévalence du produit chez des fêtards présentant un profil spécifique, semblable à celui observé par les enquêtes qualitatives évoquées précédemment. Le consommateur typique est un homme (82,9 % des usagers interrogés) jeune (54,9 % ont moins de 25 ans), homosexuel (57,3 % des consommateurs quelle que soit la fréquence d’usage, et 73,3 % des usagers fréquents ou réguliers se déclaraient gay). Cette enquête pointe en outre la fréquence des effets indésirables (vomissements, malaises, coma), expérimentés par 79 % des usagers, notamment les plus jeunes (61,9 % des usagers de moins de 25 ans déclarent avoir déjà présenté des effets secondaires contre seulement 6,3 % des plus de 35 ans). Les auteurs de l’enquête font l’hypothèse que la fréquence des effets secondaires est liée à la méconnaissance des dosages et aux associations du produit avec d’autres substances, notamment l’alcool (plus fréquentes chez les jeunes).

Diffusion des usages et augmentation des surdoses sous GBL / GHB

Les enquêtes qualitatives décrivent également la fréquence élevée des malaises et des comas, devenus «habituels» dans certains clubs gays parisiens à la fin des années 2000, à tel point que ces établissements aménagent des lieux isolés où les usagers attendent le réveil. L’augmentation des comas conduit également à l’annulation de soirées dans le milieu du clubbing homosexuel. La communauté festive gay et notamment les organisateurs d’évènements se mobilisent avec la mise en place de campagnes de prévention en 2009, centrées sur le slogan «le GHB tue la fête». Moins tolérés, les «excès» découlant de l’usage du produit (comas ou comportements trop sexuellement désinhibés) perdent de leur visibilité. Les usages se banalisent toutefois en contexte privé, au cours des sex parties, où le produit occupe une place importante dans la palette des substances consommées.

Alors qu’à Paris le GHB se cantonne principalement à un cercle restreint d’initiés du milieu festif gay, dans les grandes villes de province comme Bordeaux, Lille, Toulouse ou Marseille, il est expérimenté par de jeunes «fêtards». La consommation n’est plus nécessairement associée à l’intentionnalité sexuelle, comme dans l’espace festif gay, mais constitue une alternative moins onéreuse que l’alcool pour des effets proches (baisse des inhibitions et accroissement de la sociabilité). La forte médiatisation de quelques cas de comas par de jeunes fêtards et le registre dramatique employé par les journalistes attirent l’attention sur le produit.

Ces surdoses sont liées à deux facteurs. Le premier correspond à l’association du GHB avec d’autres substances, notamment l’alcool, qui potentialisent considérablement les effets du produit. En agissant sur les mêmes récepteurs du système nerveux, l’alcool diminue la capacité de tolérance et accroît ainsi fortement les risques de comas et de décès. Une étude de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) confirme d’ailleurs l’augmentation des cas de surdose dans les pays de l’Union européenne au cours des années 2000 ainsi que le contexte de poly-consommation pour la quasitotalité des décès liés à la consommation de GHB.

Le second facteur renvoie au manque d’information des usagers concernant les dosages nécessaires à un usage récréatif. Cette méconnaissance des dosages s’est sans doute accentuée lorsque le GHB, devenu moins accessible en raison de son classement comme stupéfiant, a été remplacé par un autre produit: le gamma butyrolactone (GBL). Une fois ingéré, ce solvant est métabolisé en GHB par l’organisme et entraîne les mêmes types d’effets. Disponible sur Internet et très bon marché (entre 40 et 70 euros le demi-litre), le GBL nécessite cependant des dosages plus infimes et plus précis que le GHB (généralement entre 1 et 2 ml en fonction des usagers). Plus rapidement absorbé par l’organisme que le GHB, le GBL est décrit par les usagers comme étant plus délicat à doser et générant des effets plus soudains et plus intenses. Aujourd’hui, c’est presque exclusivement du GBL qui est consommé de manière récréative en France, renforçant la nécessité de connaître précisément les dosages.

Dramatisation et réduction des risques

À la fin de l’année 2017, quelques cas de surdoses survenues dans trois établissements festifs parisiens, dont l’un conduisant au décès d’un jeune homme, ont fait l’objet d’une couverture médiatique particulièrement importante. La presse s’inquiète alors du statut de «drogue à la mode» qu’aurait acquis le GBL, de la «multiplication» des cas de comas dans la capitale. Les journalistes relaient abondamment le diagnostic alarmiste du Collectif Action Nuit (CAN), un think tank composé d’exploitants d’établissements festifs parisiens. L’un de ses porte-paroles s’émeut d’une «vague d’overdoses» inédite, d’une «spirale infernale», et même d’un «problème sanitaire qui concerne toute la société», laissant ainsi entendre que le GBL serait susceptible d’être consommé par l’ensemble de la jeunesse française. Et d’ajouter: «dans certaines soirées, dès que quelqu’un tourne de l’œil, on se demande s’il va mourir». Dans un communiqué adressé aux pouvoirs publics, les membres du CAN font part de leur impuissance face à l’importance des consommations. Ils dénoncent «l’accès trop facile à ces produits potentiellement mortels» et demandent au gouvernement des «moyens légaux dissuasifs plus efficaces» comme la systématisation des fouilles à l’entrée des établissements par des «agents de sécurité agréés par le ministère de l’Intérieur».

Bien qu’elles constatent une tendance à l’augmentation des consommations de GBL – tendance corroborée par le dispositif TREND qui observe des usages plus fréquents par des jeunes familiers des clubs et des festivals électro depuis 2016– certaines associations de réduction des risques et des dommages (RdR) intervenant en milieu festif dénoncent le ton dramatisant employé par les médias et la CAN. Pour certains de leurs membres, la réalité du phénomène reste modeste (une dizaine de surdose et un décès, en quelques mois, à Paris) au regard des incidents liés à la consommation d’autres substances psychoactives, alcool en tête. L’association Techno + met en doute l’efficacité des mesures réclamées par la CAN comme le renforcement des fouilles, inadaptées à un produit très aisément dissimulable (du fait des quelques millilitres nécessaires pour une dose), ou la mise en place d’une campagne d’information du grand public, qui ne cible pas suffisamment les populations restreintes consommatrices de GBL. Les associations de RdR promeuvent une autre démarche reposant sur la formation des salariés aux dangers du produit, l’intervention en soirée par la distribution de flyers informatifs et la mise à disposition de matériel de réduction des risques (l’association Le Kiosque a ainsi mis au point une pipette permettant de doser précisément le GBL).

Pourtant, selon les associations de RdR, ces actions soulèvent très souvent la réticence des dirigeants de discothèques et de clubs électro, au motif qu’elles assimilent ces espaces à des lieux de consommation de drogues renforçant les risques de fermetures administratives.

Ainsi, les membres du CAN présentent leurs établissements comme des «îlots dans la lutte contre la drogue» et les opposent aux «lieux alternatifs urbains ou tiers lieux où se développent des pratiques permissives».

Cette stigmatisation des lieux «alternatifs» (squat autogéré, free party, teknival), censés déresponsabiliser les fêtards en les incitant à la consommation de produits, semble d’autant plus inappropriée que, paradoxalement, c’est au sein de ces derniers que les associations de RdR interviennent le plus souvent et le plus aisément. Confiné initialement à des cercles restreints d’initiés, l’usage de GBL s’est progressivement élargi à des groupes de consommateurs plus importants et diversifiés. Le manque d’informations sur les précautions nécessaires à sa consommations (connaissance des dosages, associations avec d’autres produits) par certains expérimentateurs a donné au produit une image particulièrement négative. En 2017, la mobilisation autour du GBL donne à voir les prises de positions parfois opposées entre les pouvoirs publics et les acteurs du monde festif. Les enjeux économiques (perte de chiffres d’affaire, mise au chômage technique de l’équipe de salariés, etc.) liés aux risques de fermetures administratives incitent les patrons d’établissements à amplifier la gravité du phénomène, à affirmer qu’ils en sont les victimes collatérales et à montrer qu’ils mettent tout en œuvre pour éradiquer les consommations.

En cela, le débat autour du GBL illustre la schizophrénie qui caractérise l’attitude des pouvoirs publics en matière de régulation des drogues: d’un côté la politique répressive menée par le ministère de l’Intérieur, qui repose sur la prohibition de l’usage et s’appuie, entre autres, sur les fermetures d’établissements festifs et culturels, de l’autre la politique de prévention et de réduction des risques du ministère de la Santé qui finance les associations de RdR. Si les autorités publiques usent fréquemment des moyens répressifs à leur disposition (entre janvier et juin 2018, sept fermetures administratives avaient été prononcées à l’encontre des établissements de nuit parisiens pour infraction à la législation sur les stupéfiants), la politique de prévention et de RdR semble quant à elle faire les frais des restrictions budgétaires. En témoigne la mobilisation d’associations du secteur qui dénoncent le manque de financement ayant conduit l’une d’entre elle, l’association Safe, à mettre un terme à son action de réduction des risques à distance dans les régions où elle n’est plus financée, alors que le nombre de bénéficiaires de ce programme augmentait.

Source : sante.lefigaro.fr

 

Des chercheurs américains ont montré que se faire diagnostiquer puis traiter dès les premiers jours de l’infection par VIH améliore la réponse immunitaire contre le virus. Pour le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), le plus vite est le mieux.

Des chercheurs du Ragon Institute (Cambridge, États-Unis) se sont penchés sur l’impact d’une thérapie précoce sur la réponse immunitaire. Leurs travaux, publiés en mai 2019 dans la revue Science Translational Medicine , montrent que, non contente de réduire la quantité de virus dans le sang, traiter au plus tôt cette infection virale améliore la qualité de la réponse immunitaire. Le système immunitaire est un élément clé de cette infection et il est primordial de le protéger.

Une fois dans l’organisme, le VIH s’attaque notamment à certaines cellules de l’immunité – les lymphocytes T CD4 – pour s’y reproduire. Dans les premiers temps de l’infection, ces lymphocytes T CD4 sont chassés par d’autres cellules immunitaires, les lymphocytes T CD8 (ou cytotoxiques), mais ces derniers s’épuisent. «La réponse immunitaire n’est pas faite pour durer. C’est toute la problématique des infections chroniques, le système immunitaire permet de contrôler mais pas d’éradiquer. Et dans le cadre du VIH qui l’attaque, il est dépassé et en vient à faire n’importe quoi.» explique le Pr Jean-Daniel Lelievre, responsable de la recherche clinique au sein du Vaccine Research Institute (Ile-de-France). Au bout d’un certain temps, débute le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA): le système immunitaire est si faible qu’il n’arrive plus à contrer la moindre infection.

Du simple vaccin à l’arsenal de défense

Heureusement, les traitements actuels (trithérapie) annulent le risque de transmission à autrui et ils limitent le développement du virus, au point que l’espérance de vie d’un patient séropositif est aujourd’hui quasiment similaire à celle d’une personne en bonne santé. Mais ces médicaments, dont la toxicité s’accumule au fil du temps, provoquent des troubles cardiovasculaires et respiratoires. D’où l’intérêt de chercher des solutions qui permettraient de se passer de traitements.

Si certaines études travaillent sur des vaccins préventifs, une grande partie d’entre elles mise sur le vaccin thérapeutique, qui soigne après l’infection au lieu de l’empêcher de s’établir. Des études cliniques sont en cours et y associent deux autres stratégies: réduire les «cellules réservoir» dans lesquelles le virus se protège du système immunitaire et des médicaments (c’est la raison pour laquelle les personnes séropositives doivent prendre un traitement à vie) et améliorer la réponse immunitaire des lymphocytes CD8.

Les scientifiques du Ragon Institute ont repris cette dernière piste afin d’observer les effets du traitement très précoce sur ces cellules immunitaires. Pendant un an, ils ont suivi 46 femmes Sud-Africaines séropositives, réparties en 3 groupes: celles traitées dès 10 à 20 jours après l’infection par le VIH, les femmes traitées 20 à 30 jours après le premier contact avec le virus, et celles qui ont eu un traitement bien plus tardif.

Cellules immunitaires: moins nombreuses mais plus efficaces

Résultat? Chez les femmes traitées très précocement, les auteurs ont constaté que la réponse des lymphocytes T CD8 était fortement réduite: ils étaient moins nombreux. Et contrairement aux apparences, c’est une très bonne chose. «Avant on pensait que traiter tôt empêchait la réponse immunitaire de s’installer car le virus ne pouvait pas stimuler les cellules. Cette étude montre que ce n’est pas le cas et que traiter très précocement est bénéfique pour l’immunité» commente le Pr Lelievre. En effet, il y avait moins de ces cellules chez les patientes des premiers groupes mais la qualité de la réponse était bien meilleure. De plus, ils ont observé que l’infection non traitée rendait les lymphocytes T CD8 plus susceptibles de mourir. Le traitement précoce augmentait la survie et la longévité des cellules. Finalement, les chercheurs américains ont aussi observé que les lymphocytes T CD4, normalement assiégés et tués par les virus, devenaient aussi acteurs de leur propre défense si les traitements étaient précoces.

«Ce type d’immunité fonctionnelle au VIH est le genre d’immunité dont on aurait besoin pour un vaccin. Comprendre ce qui constitue une «bonne» réponse immune face au virus nous donne des informations sur la structure du vaccin. Il nous faut maintenant voir si ces réponses contrôlent le VIH en l’absence de traitement, ou s’il existe un moyen pour encore augmenter l’immunité», a déclaré Bruce Walker, un auteur de l’étude, dans un communiqué. Les auteurs admettent cependant ne pas avoir pu réaliser tous les tests chez l’ensemble des femmes observées.

Bien que le nombre de participantes soit faible, les résultats sont similaires à ceux obtenus dans d’autres études. Les hypothèses se confirment. «Ce sont des études descriptives, assez éloignés de l’application pratique mais qui permettent de découvrir des mécanismes précis, importants pour la recherche» note le Pr Lelievre. D’ailleurs, plusieurs études avaient déjà montré que les patients pris en charge tôt contrôlent mieux le virus car celui-ci n’a pas le temps de développer ses stratégies habituelles de résistance aux médicaments. Le chercheur continue: «La cohorte de patients VISCONTI a montré que lorsqu’on traitait tôt, les personnes contrôlaient leur infection même après l’arrêt du traitement.» Tout cela démontre encore une fois l’importance d’un dépistage précoce après une relation à risque pour entamer rapidement une thérapie.

Source : jim.fr

Jusqu’à ce jour, aucune recommandation française n’existe concernant la prise en charge des migrants à leur arrivée sur le territoire au regard des maladies infectieuses.

D’où l’intérêt de cette étude, réalisée de 2016 à 2018, qui a évalué les pratiques des cliniciens via un auto-questionnaire, auquel ont répondu 366 médecins âgés de 42 ans en moyenne (65 % de femmes). Parmi eux : 43 % exerçaient en région parisienne, 37 % en unité de maladies infectieuses et tropicales et/ou en centre de dépistage anonyme et gratuit, et 54 % étaient des médecins généralistes.

Procédures d’analyse

« Pour un homme de 30 ans, d’origine sub-saharienne », les praticiens réalisent un interrogatoire et un examen clinique (89 %), une sérologie HIV (92 %), une sérologie Hépatite B [HBsAg (91 %), antiHBs (86 %), antiHBc (83,3 %)], une sérologie Hépatite C (89 %), une sérologie syphilis (69 %), une PCR Chlamydia (29 %), un test tuberculinique (28 %), un examen parasitologique des selles (25 %), une sérologie schistosomiase (21 %), une recherche d’anticorps anti-tétanique (16 %), un examen parasitologique des urines (15 %), une sérologie rougeole (14 %), un test IGRA (pour Interferon Gamma Release Assays) (11 %), et une goutte épaisse à la recherche d’un paludisme (6 %).

Sur les aspects de vaccination, 371 praticiens (généralistes, pédiatres, infectiologues) ont répondu à un autre questionnaire sur leur pratique vis à vis « d’un homme de 35 ans d’origine africaine, sans statut vaccinal connu ».

33 % de ces médecins réalisent un schéma vaccinal complet.
26 % considèrent que les immunisations dans l’enfance sont acquises et poursuivent sur le schéma adulte.
23 % se renseignent via internet pour en savoir plus sur le schéma vaccinal du pays d’origine. 33 % prescrivent des sérologies pré-vaccinales et 17 % des sérologies post vaccinales.

Quand un migrant déclare être à jour dans ses vaccinations, seuls 53 % des praticiens considéraient cette affirmation comme fiable.

Hormis pour le dépistage des infections à VIH, Hépatites B et C, les praticiens français n’ont pas des pratiques homogènes face à un migrant. Le développement de recommandations appropriées parait nécessaire.

Dr Muriel Macé