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source : mediapart

Dans le cadre des débats sur le projet de loi de financements de la sécurité sociale pour 2020, l’Assemblée nationale a adopté lundi soir, un amendement historique sur la transparence sur les prix des médicaments et contributions publiques en recherche et en développement (R&D). Lire le communiqué de l’ONG santé diabète et l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament.

Un amendement historique a été adopté ce soir à l’Assemblée nationale, dans le cadre des débats en deuxième lecture sur le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS2020). Cet amendement qui a été déposé trois fois (une fois par le rapporteur général Olivier Véran, par la France Insoumise, et par le groupe La République en Marche) contraint les industriels à dévoiler, au moment de la fixation du prix du médicament, les investissements publics en R&D dont ils ont bénéficié.

Nous nous réjouissons de cette première étape essentielle vers la mise en œuvre de la résolution sur la transparence votée en mai dernier à l’Assemblée Mondiale de la santé. « L’adoption de cet amendement est historique. Elle marque un pas essentiel vers plus de transparence dans les investissements publics en Recherche & Développement, essentiels pour la négociation des prix des médicaments. », indique Stéphane Besançon, de l’ONG Santé Diabète.

Ces amendements sont issus des propositions faites notamment par l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament. D’autres amendements allant dans le même sens avaient été proposés par d’autres associations dont le travail a également contribué à cette adoption.

 L’adoption de ces amendements est donc l’aboutissement du travail mené depuis des mois par des organisations comme la nôtre. Nous avions adressé une lettre ouverte au gouvernement les 5 et 11 novembre derniers, signée par 80 organisations et personnalités.

Un amendement sur la transparence qui était attendu

Nous nous félicitons que les parlementaires aient enfin soutenu ces amendements pour les faire aboutir, et en premier lieu le rapporteur général Olivier Véran, qui s’y était au départ opposé avant de les soutenir.

 Nous regrettons qu’un sous-amendement du gouvernement ait été proposé au dernier moment. Il annonce un décret fixant les modalités de la transparence d’ici janvier 2021 et supprime de la proposition commune de La France insoumise et d’Olivier Véran le fait que les informations fournies soient prises en compte principalement dans la fixation des prix. Les arguments avancés par le gouvernement et le rapporteur ne nous ont pas convaincu-es, mais nous prenons acte de leur engagement : ils ont promis que cette modification n’entraverait pas ce progrès historique.

 La transparence est essentielle pour aiguiller les politiques publiques en santé et pour juguler l’explosion du prix des médicaments que nous connaissons dernièrement.

 « En dépit de son caractère historique, l’amendement adopté ne prend en compte que les investissements publics en R&D, et non les investissements totaux réalisés par les industriels ou les organisations philanthropiques, comme nous le demandions. Il est par ailleurs limité aux médicaments. Les amendements proposés qui allaient en ce sens, et qui portaient également sur les volumes, prix, marges des intermédiaires, origines et coût de production des principes actifs, ainsi que ceux portant sur les brevets, ont à nouveau tous été rejetés. Le Sénat doit les intégrer ! » précise Jérôme Martin, co-fondateur de l’Observatoire.

 « Le Sénat doit désormais aller plus loin en renforçant le texte, en adoptant des amendements afin de doter les institutions publiques d’un vrai outil contraignant pour obtenir cette transparence comme la licence d’office », conclut Pauline Londeix, cofondatrice de l’Observatoire.

source : Libération

Des données publiées ce mardi confirment un recul de l’épidémie et l’efficacité de la Prep chez les gays. Mais le dépistage dans la population globale reste encore très insuffisant.

Et voilà que cela marche. Et même très bien. A l’approche du 1er décembre, journée mondial de lutte contre le sida, l’agence Santé publique France publie une série de données sur les chiffres du sida en France, nationaux comme régionaux, et sur le dépistage, un volet devenu décisif si l’on veut éradiquer le virus.

Commençons donc par les bonnes nouvelles. Comme la situation à Nice et dans sa région, où les nouvelles contaminations chutent fortement avec le développement des nouveaux outils de prévention à l’image de la Prep (1) ou de la mise sous traitement le plus tôt possible du patient séropositif. «Entre 2015 et 2018, le nombre de nouvelles découvertes de séropositivité au VIH a chuté de 40 % dans les Alpes-Maritimes, explique le Dr Pascal Pugliese, qui préside le Corevih (coordination régionale de lutte contre le VIH) de Paca-Est. Cette tendance, de par son ampleur, est spectaculaire mais on pourrait dire attendue. Depuis 2016, nous savons comment prévenir efficacement les infections par le VIH.» Il a raison. «On est comme un petit San Francisco», poursuit avec le sourire le Dr Eric Cua, infectiologue au CHU de Nice, faisant référence à la chute impressionnante des contaminations dans la ville californienne en raison d’une politique extrêmement active de dépistage, de mise sous traitement et de diffusion de la Prep.

Il est vrai que la comparaison est tentante. A Nice et dans sa région, une petite équipe de professionnels de santé s’est montrée particulièrement active. «En même temps, restons modestes, car il y a un contexte, tempère Eric Cua. Ici, nous avons une épidémie hyperconcentrée. Les HSH [hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, ndlr] représentent 69 % des nouvelles contaminations. De plus, 90 % de la population vit en bordure de mer. Enfin, et c’est vrai, il y a un engagement de tous les acteurs, et nous avons été assez précurseurs sur la diffusion de la Prep.»

Diminution

Les résultats sont là, impressionnants, et ils suscitent un véritable espoir. Au niveau de la France entière, c’est la même tendance, même si la baisse du nombre de nouvelles contaminations est plus faible. En 2018, si près de 6 millions de tests de sérologie VIH ont été réalisés, – nombre en augmentation régulière depuis 2013 –, le taux de positivité a diminué de 13 % en cinq ans ; près de 6 200 personnes ont ainsi découvert leur séropositivité, soit encore une diminution de 7 % par rapport à 2017.

Ce n’est pas rien. Pour autant, les données sont variables. «On assiste à une baisse de 15 % en Ile-de-France, mais parallèlement à une stabilité en Seine-Saint-Denis. Avec, à l’inverse, une hausse de près de 70 % de contaminations chez les gays nés à l’étranger», détaille le professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon, à Paris (XXe arrondissement). «Il y a une augmentation aussi en Seine-et-Marne de 36 % de nouveaux cas. Pourquoi ? Sans parler de la région du Centre – Val-de-Loire qui, entre 2010 et 2018, fait face à un doublement de cas. A quoi cela tient ? Est-ce parce que l’on dépiste mieux Ou bien est-ce dû à d’autres facteurs ?» interroge le professeur Pialoux.

De fait, c’est le paradoxe de la situation française. D’un côté des progrès indéniables mais de l’autre un manque de visibilité sur ce qui se passe réellement. Comme s’il manquait un pilote dans l’avion pour porter une cohérence d’ensemble de toute la politique de prévention. Cela se ressent encore plus quand on s’attarde sur les chiffres du dépistage. Il y a donc près de 6 millions de tests, ce qui est beaucoup, mais avec des manques évidents. Santé publique France nous apprend que 42 % des personnes âgées de 18 à 75 ans en France n’ont jamais réalisé de test anti-VIH. Un taux énorme qui pointe l’échec d’un dépistage généralisé, comme cela avait été pourtant recommandé en… 2010. L’idée étant alors que tout le monde, au moins une fois dans sa vie, soit testé, pour mettre au jour l’étendue de l’épidémie cachée. Cela n’a pas été fait. «Il faut banaliser le test, et cela n’est toujours pas le cas», se plaint fortement Gilles Pialoux.

«Gâchis»

D’autres éléments restent inquiétants. Un nombre élevé de contaminations sont découvertes tardivement. Une étude pointe ainsi «que près du tiers des HSH et la moitié des hétérosexuels diagnostiqués pour une infection au VIH en 2018 n’avaient jamais été testés auparavant». Ils sont passés totalement à travers le dépistage. Quant aux HSH à risque, les recommandations sont claires : faire un test tous les trois mois. Dans une étude dite Eras, sur 33 660 HSH séronégatifs, seulement 20 % d’entre eux font ce test trimestriel. Faut-il rappeler qu’un séropositif traité n’est plus contaminant ? D’où l’importance de connaître au plus tôt son statut et d’être traité aussitôt.

Notre dispositif de dépistage est imposant, mais il connaît des trous béants. «C’est du gâchis», insiste Gille Pialoux. «Des villes comme Paris, Londres, San Francisco et Sydney apportent la preuve que la prévention combinée fonctionne et pourrait éliminer le VIH», conclut, dans un éditorial, Valérie Delpech, de la Public Health England. Certes… Mais pour cela, il faudrait au minimum changer de braquet, comme le montre l’exemple de Nice.

source : le point

Sperm Positive souhaite faire comprendre à l’opinion publique que la réduction de la charge virale permet d’éviter toute contagion du VIH, explique « The Telegraph ».

C’est une première mondiale. La Nouvelle-Zélande vient d’inaugurer une banque de sperme uniquement constituée de donneurs séropositifs, relate le journal britannique The Telegraph. Le but ? Casser les clichés entourant les individus porteurs du VIH. L’établissement, baptisé Sperm Positive, s’est lancé en récoltant la semence de trois donneurs dont la charge virale est indétectable. La présence du VIH dans leur sang est en effet tellement faible qu’elle ne peut être décelée par les méthodes classiques de dépistage. Cela ne signifie pas que les trois hommes sont guéris pour autant, mais qu’ils répondent très bien aux traitements et que le virus ne peut être transmis lors d’une relation sexuelle non protégée.

La séropositivité de Damien Rule-Neal, qui fait partie des premiers donneurs, a été diagnostiquée en 1999. Elle est toutefois indétectable depuis 18 ans. Ce Néo-Zélandais, qui a pâti de son statut de séropositif dans sa vie professionnelle comme personnelle, estime que ses compatriotes ne sont pas suffisamment sensibilisés sur le VIH et le fait qu’il n’est pas contagieux lorsque la charge vitale est indétectable. « J’ai beaucoup d’amis séropositifs qui ont désormais des enfants », assure-t-il au quotidien anglais. Damien Rule-Neal ne cache pas son plaisir « de pouvoir aider des couples dans le voyage » vers la parentalité. « Je veux également montrer au monde que la vie ne s’arrête pas après le diagnostic [de la séropositivité] et aider à faire tomber les clichés. »

Éduquer l’opinion

De son côté, la banque assure que ses clients potentiels seront prévenus de la condition de santé des donneurs. New Zealand Aids Foundation, Positive Women Inc and Body Positive, à l’origine de cette initiative, espère ainsi éduquer les Néo-Zélandais sur le sujet de la transmission du virus. Le docteur Mark Thomas, qui travaille au sein d’un service de maladies infectieuses, se réjouit déjà d’avoir constaté un changement dans l’opinion publique. « Je suis très heureux de dire qu’il y a eu des grands changements ces derniers temps dans la compréhension du VIH par le public », explique-t-il. Car « la stigmatisation peut conduire à une prise de médicaments incohérente, à un traitement du VIH beaucoup moins efficace et à un risque de transmission du VIH ».

source : ansm 

A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida le 1er  décembre 2019, le Groupement d’Intérêt Scientifique EPI-PHARE (ANSM-CNAM) actualise les données sur l’utilisation de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH par Truvada ou génériques en France jusqu’au 30 juin 2019. Les chiffres illustrent la réelle appropriation de cette stratégie de prévention en France, en particulier parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Toutefois, les efforts doivent être poursuivis afin d’assurer la plus grande accessibilité à la PrEP pour toutes les populations concernées en France.

L’ANSM réalise depuis 2017 un suivi de l’évolution de l’utilisation de Truvada ou génériques pour une prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS).

Les résultats actualisés montrent que la diffusion de la PrEP en France se poursuit et s’intensifie. Ainsi, le nombre de personnes de 15 ans et plus ayant initié un traitement par Truvada® ou générique pour une PrEP depuis 2016 atteint 20 478 au 30 juin 2019, soit le double du chiffre atteint fin juin 2018.  La grande majorité (80 à 85%) des utilisateurs renouvellent leur traitement d’un semestre à l’autre, suggérant un bon niveau de maintien de la PrEP  après son initiation.

Les utilisateurs de la PrEP sont principalement des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), âgés de 37 ans en moyenne, résidant en Ile-de-France ou dans une grande métropole. L’utilisation de la PrEP reste rare dans les DOM-TOM où, par ailleurs, les nouveaux diagnostics de séropositivité sont les plus nombreux.

La PrEP reste au centre de la stratégie de lutte contre le VIH

Conformément aux conditions de prescription actuelles, l’initiation de la PrEP est très majoritairement effectuée à l’hôpital  (dans 90% des cas). Il en est de même pour son renouvellement (85% des cas).

L’ANSM rappelle que l’utilisation du Truvada, ou ses génériques, dans la PrEP VIH, s’intègre dans une stratégie de prévention diversifiée de la transmission du VIH par voie sexuelle comprenant également la promotion de l’usage du préservatif,  le recours au dépistage régulier du VIH et des autres IST, la connaissance du statut virologique VIH du/des partenaires, le recours au « Treatment as Prevention (TasP) » chez le partenaire séropositif et le recours à la prophylaxie post-exposition (PEP).

L’accès au Truvada dans la PrEP a été possible en France dès janvier 2016 dans le cadre d’une RTU, et depuis le 1er  mars 2017, le Truvada bénéficie d’une extension d’AMM dans la PrEP.

source : seronet

Nouveau médicament dans le cadre du traitement du VIH : Trogarzo (ibalizumab) est indiqué, « en association avec d’autres médicaments antirétroviraux, dans le traitement de l’infection par le VIH-1 multi-résistant chez les adultes pour lesquels il n’est autrement pas possible d’établir un schéma de traitement antirétroviral suppressif », indique l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Ce médicament bénéficie d’une autorisation temporaire d’utilisation de cohorte (ATUc).

Qu’est-ce que Trogarzo (ibalizumab) ?

Trogarzo (laboratoire Theratechnologies) est un anticorps monoclonal. Ce médicament est utilisé dans le traitement des personnes adultes infectées par le VIH de type 1 (VIH-1). Il est administré avec d’autres médicaments anti-VIH lorsqu’aucune des combinaisons standard ne permet de contrôler l’infection parce que le virus leur est résistant. Ce traitement permet donc de venir à bout des multi-résistances rencontrées chez certains-es patients-es, en complément à d’autres molécules. En France, on estime entre 3 000 et 5 000 les personnes qui seraient concernées par un traitement de sauvetage dans l’échec thérapeutique.

Comment Trogarzo est-il utilisé ?

Le médicament doit être instauré et supervisé par un médecin expérimenté dans le traitement de l’infection par le VIH. Trogarzo est disponible sous la forme d’une solution pour perfusion (goutte-à-goutte) dans une veine. Le traitement débute par une dose unique de 2 000 mg suivie par 800 mg toutes les deux semaines, rappelle l’Agence européenne du médicament ; si le traitement est interrompu, il doit être réinstauré de la même manière.

Comment agit-il ?

La substance active de Trogarzo est l’ibalizumab. C’est un anticorps monoclonal (un type de protéine) conçu pour se lier au CD4, un récepteur (une cible) présent à la surface des cellules immunitaires appelées lymphocytes T. Ces lymphocytes T sont la cible principale du VIH, que celui-ci utilise comme hôtes afin de se reproduire. En se liant au CD4, l’ibalizumab empêche le virus de pénétrer dans les lymphocytes T et de se multiplier, ralentissant ainsi la propagation de l’infection. Différentes études cliniques montrent que, pris avec d’autres médicaments anti-VIH, Trogarzo s’est révélé efficace pour réduire la charge virale chez des personnes dont le VIH était multi-résistant, autrement dit chez lesquelles les traitements standard anti-VIH combinés n’ont pas permis de supprimer suffisamment la charge virale VIH dans le sang. Dans une étude principale menée auprès de 40 adultes qui présentaient un VIH multi-résistant et dont le traitement n’agissait pas, les taux de virus dans le sang se sont avérés indétectables (inférieurs à 50 copies/mL) chez 43 % des personnes après 25 semaines dans le cadre d’un traitement standard associé à Trogarzo, rappelle l’Agence européenne du médicament. Des effets similaires ont été observés à l’occasion d’une deuxième étude principale portant sur 113 personnes adultes. Dans cette étude, 44 % des personnes chez lesquelles des doses de Trogarzo étaient ajoutées à un traitement standard présentaient des taux de VIH indétectables après 25 semaines.

Les effets indésirables les plus couramment observés lors des essais cliniques sous Trogarzo (qui peuvent toucher jusqu’à une personne sur dix) étaient : éruption cutanée, diarrhée, vertiges, maux de tête, nausées et fatigue.

Pourquoi Trogarzo est-il autorisé dans l’Union européenne ?

Les options thérapeutiques étant limitées chez les personnes présentant un VIH multi-résistant, il existe donc un besoin médical non satisfait au sein de cette population, avance l’Agence européenne du médicament. L’agence indique qu’elle a bien conscience que « les études présentées » étaient « de petite envergure » en termes de participants-es, mais elle considère que « le profil de sécurité de Trogarzo [est] acceptable ». Elle a « estimé que les bénéfices de Trogarzo sont supérieurs à ses risques et a autorisé l’utilisation de ce médicament au sein de l’Union européenne ».

source : seronet

Le risque de contracter la tuberculose et le VIH en prison est considérablement plus élevé en raison de facteurs environnementaux, sociaux, culturels, biologiques et relevant des droits fondamentaux, rappelle (28 octobre) l’Onusida dans un communiqué.

« Les personnes incarcérées sont en effet davantage exposées à une contamination au VIH et à d’autres infections à cause de [pratiques exposant à un risque, ndlr] comme le partage d’aiguilles et de seringues utilisées, les rapports sexuels non protégés, les violences sexuelles et le manque d’accès à la prévention complète du VIH ainsi qu’à des services de réduction des risques ». Dans le monde, la prévalence du VIH parmi les personnes en prison est beaucoup plus importante que parmi le reste de la population : elle est en moyenne cinq fois plus élevée parmi les personnes incarcérées par rapport aux adultes vivant en milieu libre. Les populations clés (personnes qui s’injectent des drogues, professionnels-les du sexe et, dans certains pays, personnes trans ou hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes) sont généralement surreprésentées parmi la population carcérale. « Même s’il est relativement simple d’entrer en contact avec les personnes dans les prisons, les établissements pénitentiaires dans de nombreux pays n’offrent pas de services de lutte contre le VIH », note l’Onusida. Les rapports nationaux des trois dernières années fournis à l’institution onusienne révèlent que rares étaient les pays à fournir des données programmatiques sur la distribution de préservatifs (32 pays), la thérapie de substitution aux opiacés (24 pays) et les équipements d’injection stérile (trois pays) en prison, mais 74 pays fournissent des données programmatiques sur la thérapie antirétrovirale, et 83 pays indiquent fournir un dépistage du VIH en prison.

source : seronet

Les stratégies actuelles de traitement du VIH permettent de vieillir en contrôlant le virus. La durée de vie des personnes vivant avec le VIH s’allonge au point d’atteindre celle des personnes non infectées. Bien sûr, la durée de vie n’est pas toujours corrélée à la qualité de vie et on peut connaître des difficultés de santé liées au vieillissement lui-même, à l’impact au long cours de l’infection chronique, etc. Cette question fait l’objet de recherches, comme celle conduite sur les conséquences sur les fonctions cognitives d’une infection par le VIH.

La vie avec le VIH a-t-elle sur la durée des conséquences sur les fonctions cognitives ? C’est à cette question qu’a entrepris de répondre le docteur Alain Makinson (Unité « Recherche translationnelle sur le VIH et les maladies infectieuses », CHU de Montpellier, Université de Montpellier, Inserm, IRD) et son équipe. Ils se sont intéressés à la survenue de déficiences neurocognitives (comme une baisse de l’attention, des difficultés à se concentrer, une baisse de la mémoire et des capacités motrices…) chez les personnes vivant avec le VIH dans l’étude ANRS EP58 Hand 55-70 (1). Des réflexions et résultats préliminaires avaient été présentés par le docteur Makinson lors d’une conférence à Biarritz en septembre 2018.

De nouveaux résultats viennent de faire l’objet d’une publication dans la revue Clinical infectious diseases. Les chercheurs-ses décrivent les résultats de leurs observations sur 200 personnes vivant avec le VIH recrutées dans six centres français (Montpellier, Nîmes, Marseille, Cannes, Grenoble, Tours). Les mesures collectées chez ces participants-es ont ensuite été comparées, en utilisant les mêmes méthodes d’évaluation neurocognitives, à celles d’une population témoin composée de 1 000 personnes de même âge, genre et niveau d’éducation issues de la cohorte Constances (2) recrutées en population générale.

Un risque plus élevé quand on vieillit avec le VIH

Les chercheurs-ses ont mis en évidence que chez des personnes vivant avec le VIH, âgées de  55 à 70 ans, le risque de développer des déficiences neurocognitives légères (et dans certains cas, sans symptômes) est accru de 50 %. Grâce aux thérapies antirétrovirales actuelles, les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) peuvent contrôler le virus. Cependant, si la mortalité de ces personnes n’est plus majoritairement causée par le VIH et a beaucoup diminué depuis l’avènement de ces thérapies, d’autres risques sont à prendre en compte, avance l’Inserm. Quelques études récentes ont notamment souligné l’augmentation de la prévalence des déficiences neurocognitives (DNC) chez les personnes vivant avec le VIH par rapport aux personnes non-infectées. Cette augmentation est d’autant plus marquée chez les personnes qui ne contrôlent pas le virus. Cependant, ces DNC pourraient également être dues à des facteurs cardiovasculaires ou encore à la survenue de dépression, plus fréquente dans cette population, avancent les chercheurs-ses.

Pour tenter de préciser la nature de l’association entre le fait de vivre avec le VIH et être atteint de déficiences neurocognitives (telles qu’une baisse de l’attention, de la mémoire et des capacités motrices), Alain Makinson et son équipe ont donc étudié les données de 200 personnes vivant avec le VIH, âgées de 55 à 70 ans et contrôlant le VIH, enrôlées entre janvier 2016 et octobre 2017 dans l’étude ANRS EP58 Hand. Chaque personne a été comparée à cinq personnes non exposées au VIH de même âge, genre et niveau d’éducation, appartenant à la cohorte Constances recrutées en population générale. Les méthodes de passage des tests cognitifs et de recueil des données de l’étude étaient identiques dans les deux groupes comparés. Au total, 1 200 personnes ont donc été incluses dans le cadre de cette étude. « Bien que les déficiences observées dans l’étude soient légères ou sans symptôme apparent (c’est-à-dire n’impactant pas ou légèrement les activités de la vie malgré des résultats anormaux aux tests), les personnes vivant avec le VIH étaient plus touchées par la déficience neurocognitive : 35 % contre 24 % pour le groupe contrôle.

Mais un lien de causalité difficile à établir

Le risque de souffrir d’une déficience neurocognitive est donc augmenté de 50 % pour une personne infectée par le VIH, comparée à une personne non infectée, tous critères égaux par ailleurs (âge, genre, niveau d’éducation) », indique le communiqué de l’Inserm. Les auteurs-es parviennent à la même conclusion après prise en compte de plusieurs facteurs de confusion potentiels (consommation d’alcool ou de tabac, activité physique, diabète, hypertension, etc.), y compris en utilisant plusieurs méthodes d’évaluation des tests cognitifs. Malgré ces résultats très solides, un lien de causalité entre le fait de vivre avec le VIH et la survenue de déficience neurocognitive ne peut pas être établi, et plusieurs hypothèses sont possibles. L’une est que l’infection par le VIH et ses traitements causent une inflammation récurrente du cerveau. Une deuxième hypothèse est que les complications associées à l’immunodéficience ont pu impacter la cognition avant la mise sous traitement contre le VIH, mais sans aggravation plus rapide par la suite par rapport à la population générale, indique l’équipe de chercheurs-ses. Enfin, la séropositivité  pourrait être associée à d’autres facteurs de risques (consommation de produits notamment) qui sont difficiles à mesurer pleinement dans les deux populations de cette étude. Les chercheurs-ses souhaitent continuer à suivre la même population plus longtemps afin de mieux préciser les causes de déficience neurocognitive dans cette population qui avance en âge et tester l’hypothèse d’un vieillissement cognitif accéléré chez les personnes vivant avec le VIH, d’autant que très peu d’études avec un groupe contrôle sont disponibles. « Tester l’hypothèse de l’inflammation du cerveau en recueillant certains biomarqueurs spécifiques présents dans le sang constitue une autre perspective de l’équipe pour mieux comprendre les mécanismes causant les dommages au cerveau », concluent Alain Makinson et son équipe.

(1) : L’étude ANRS EP58 Hand (HIV-Associated Neurocognitive Disorder) a pour objectif de mesurer la prévalence des troubles neurocognitifs (classification Frascati) dans une population de personnes vivant avec le VIH entre 55 ans et 70 ans et la comparer à celle mesurée en population générale dans la cohorte Constances après appariement sur l’âge, le genre, et le niveau de formation. Son objectif secondaire est d’étudier si l’infection par le VIH est un facteur associé aux troubles neurocognitifs.
(2) : Constances est une cohorte épidémiologique « généraliste » constituée d’un échantillon représentatif de 200 000 adultes âgés de 18 à 69 ans à l’inclusion, consultants des Centres d’examens de santé (CES) de la Sécurité sociale.

source : preventionsida.org

MOINS DE DIAGNOSTICS DE VIH MAIS LE VIH TOUCHE UN PUBLIC PLUS DIVERS

L’utilisation de la PrEP donne un boost à la prévention du VIH

En 2018, le nombre de nouveaux diagnostics de VIH a baissé de 2% par rapport à 2017. Sciensano, l’institut belge de la santé, a enregistré 882 diagnostiques de VIH en 2018, ce qui correspond à une moyenne de 2,4 nouveaux diagnostics par jour. Ces chiffres donnent à penser que l’utilisation de la Prophylaxie pré-exposition ou PrEP (c’est-à-dire le traitement préventif des personnes n’ayant pas de VIH mais qui courent un risque élevé de contamination) contribue d’une manière positive à la prévention du VIH et à la baisse du nombre de cas. Alors que le nombre de diagnostics baisse dans les groupes traditionnellement touchés, apparaissent d’autres groupes dont les programmes de prévention doivent tenir compte.

Le nombre de diagnostics de VIH continue de baisser

Selon Sciensano, en 2018, le nombre de nouveaux diagnostics de VIH a continué de baisser pour la 5e année consécutive, même si le nombre total de nouveaux diagnostics reste élevé. La Plateforme Prévention Sida réagit positivement mais prudemment aux chiffres et réfléchit également à l’avenir. La prévention combinée est de toute manière la solution. Cette prévention combinée prend plusieurs aspects :

  • sensibiliser à l’utilisation du préservatif et de la PrEP ;
  • inciter à se faire dépister rapidement après un risque 
  • traiter immédiatement les personnes ayant le VIH en cas de diagnostic positif (afin que le virus ne puisse plus être transmis).

La combinaison de tous ces éléments fonctionne, comme l’attestent les chiffres.

La Ministre de la Santé publique Maggie De Block: “Le VIH est une affection très grave qui a des conséquences à vie pour le patient. En 2017, j’ai décidé de rembourser l’utilisation préventive des antirétroviraux afin de faire baisser le nombre de nouvelles infections. Et cela semble fonctionner: de moins en moins de personnes attrapent une infection VIH. Ce sont bien entendu de très bonnes nouvelles mais nous n’avons pas encore atteint notre but. Nous devons continuer à investir dans la prévention et dans les traitements afin de faire encore reculer la maladie. »

« Si nous devons nous réjouir de la diminution manifeste du nombre de nouveaux diagnostics de VIH, il est également de notre devoir de continuer à sensibiliser le plus grand nombre aux risques encourus, avec une attention toute particulière pour les publics les plus exposés. Ce travail de prévention doit se poursuivre dans le cadre d’un prochain Plan national VIH ambitieux que j’appelle de mes vœux », ajoute Barbara Trachte, ministre bruxelloise en charge de la Promotion de la Santé à la COCOF.

Christie Morreale, ministre wallonne de la Santé ajoute : « Les derniers chiffres de diagnostic du VIH sont encourageants car ils indiquent une nouvelle diminution du nombre de cas détectés par jour en Belgique. Ces résultats sont le fruit du travail mené par l’ensemble des opérateurs de terrain soutenu par les pouvoirs publics. Ceci étant, nous devons maintenir le cap pour, à terme, endiguer cette maladie qui frappe encore trop aujourd’hui. En Wallonie, l’action se poursuit. Cette année, près d’1.500.000 euros ont été dégagés pour lutter contre le VIH et soutenir les personnes atteintes de ce virus. Il est par ailleurs important de continuer à articuler les multiples actions de préventionavec les projets de sensibilisation, à travers l’EVRAS notamment. Enfin, le plan national VIH initié par Laurette Onkelinx et qui arrive à son terme cette année, doit être reconduit avec des ambitions actualisées. A cet égard, le Plan Promotion et Prévention Santé en Wallonie Horizon 2030 définit déjà les objectifs de notre région en la matière ».

L’utilisation de la PrEP est une valeur ajoutée dans la prévention du VIH

La PrEP, la pilule de prévention du VIH, complète l’offre de prévention en Belgique. “La PrEP contribue à la réduction du nombre de diagnostics en renforçant l’effet des autres moyens de prévention du VIH. L’utilisation du préservatif, des testsréguliers, un traitement précoce après diagnostic pour tous les patients infectés et des campagnes ciblées restent de la plus grande importance. La diminution du nombre de diagnostics chez les hommes belges ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes est le résultat d’efforts consentis depuis des années en matière de prévention combinée et la PrEP représente un boost supplémentaire pour cette prévention », complète André Sasse, Scientifique chez Sciensano.

Entre le 1er juin 2017 et le 31 décembre 2018, 2.412 personnes ont commencé pour la première fois un traitement PrEP. Quelque 100 nouvelles personnes commençant ce traitement sont venues s’ajouter chaque mois. 99% étaient des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes.

source : cns

Le Gouvernement vient de rendre publiques vingt mesures concernant la politique d’immigration, d’asile et d’intégration. L’une d’entre elles, visant à « lutter contre les dévoiements et les abus », et les conditions d’accès des demandeurs d’asile à la protection universelle maladie (PUMa).

Le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) tient à souligner les risques pour la santé qui pourraient résulter de la mise en œuvre de ces dispositions.

En ce qui concerne les demandeurs d’asile, il est envisagé d’introduire, par voie de décret, un délai de carence de trois mois avant que ceux-ci puissent obtenir la PUMa. Pendant ce délai de carence, ils ne pourront être pris en charge que dans le cadre du dispositif des « soins urgents », c’est-à-dire exclusivement à l’hôpital et dans des situations d’urgence auxquelles une circulaire de 2005 avait ajouté la prise en charge des maladies transmissibles.

Ces modalités restrictives de prise en charge sont dangereuses car elles auront pour conséquence d’entraver l’accès aux soins des demandeurs d’asile pendant une période pourtant cruciale, au terme de leur parcours migratoire : chez les plus vulnérables, celui-ci est marqué par une exposition majorée à de multiples risques pour leur santé y compris aux risques d’infection par le VIH et les virus des hépatites. Elles risquent donc de favoriser l’aggravation des maladies et, en excluant toute prise en charge en dehors de l’hôpital, de contribuer à surcharger le fonctionnement hospitalier.

Sur un plan juridique, les dispositions relatives à la prise en charge des maladies transmissibles (VIH et virus des hépatites inclus) au titre du dispositif des « soins urgents » apparaissent fragiles car la circulaire de 2005 sur laquelle elles reposent est aujourd’hui réputée abrogée.

En ce qui concerne l’AME, deux dispositions tendent à entraver l’accès aux soins des étrangers en situation irrégulière.

D’une part, il est prévu que l’éligibilité à l’AME soit désormais conditionnée à un délai d’au moins trois mois de résidence en situation irrégulière sur le territoire alors que, jusqu’à présent, le temps passé en situation régulière était pris en compte dans ce délai. Cette condition restrictive aura notamment pour effet de différer l’accès à l’AME pour certaines catégories d’étrangers, entrainant là encore un risque d’aggravation des maladies et une surcharge du dispositif des « soins urgents ».

D’autre part, les dépôts de demande d’AME ne pourront se faire que dans les caisses d’assurance maladie en présence du demandeur, ou par l’intermédiaire d’un service hospitalier. Jusqu’ici, les demandes pouvaient être également déposées auprès ou par l’intermédiaire de différents services sociaux ainsi que de structures associatives agréées. Ces acteurs jouent pourtant un rôle essentiel d’accompagnement et de suivi des demandeurs.

Le CNS attire enfin l’attention des pouvoirs publics sur le fait que les mesures tendant à restreindre l’accès aux soins des étrangers vivant sur le territoire français entrent en contradiction avec les objectifs ambitieux poursuivis par le Gouvernement en matière de réduction de l’épidémie de VIH/sida et d’élimination à l’horizon 2025 du virus de l’hépatite C dans notre pays. La réalisation de ces objectifs de santé publique requiert l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques cohérentes.

Plus largement, l’accès inconditionnel et universel aux soins de l’ensemble des personnes résidant sur le territoire national, indépendant de leur situation administrative, doit demeurer un principe intangible de la lutte contre le VIH/sida et les hépatites.

source : catie

L’étude CARMA a été mis en place par les chercheurs :

      * Les chercheurs ont comparé la santé de femmes séropositives et séronégatives

  • Les femmes séropositives étaient près de 60 % plus susceptibles d’avoir d’autres problèmes de santé
  • Les femmes séropositives développaient deux comorbidités 30 ans plus tôt en moyenne

Comme tout le monde, les personnes vivant avec le VIH éprouvent d’autres problèmes de santé en vieillissant. Les affections en question peuvent comprendre l’amincissement des os, le diabète de type 2 et une tension artérielle supérieure à la normale. On appelle ces autres affections des comorbidités. La recherche porte à croire que certaines personnes séropositives développent des comorbidités plus fréquemment et/ou plus tôt que les personnes séronégatives. Une bonne partie de la recherche sur les comorbidités et le VIH a porté sur des hommes. Or, une équipe de chercheurs de Vancouver mène actuellement une étude du nom de CARMA sur la question des comorbidités chez les femmes, qu’elles aient l’infection au VIH ou pas.

Dans un rapport qui sera publié dans la revue AIDS, les chercheurs affirment que les femmes séropositives (qui étaient en moyenne plus jeunes que les participantes séronégatives) étaient susceptibles d’avoir plus de comorbidités, notamment en ce qui concerne la santé mentale. Les femmes séropositives étaient également plus susceptibles de fumer du tabac. Les chercheurs encouragent les professionnels de la santé qui prennent soin de femmes séropositives à se concentrer sur la cessation du tabagisme, ainsi que sur le dépistage et « la prise en charge appropriée des troubles anxieux et de l’humeur ».

Détails de l’étude

Les chercheurs de Vancouver ont recueilli des informations relatives à la santé de 267 femmes séropositives et de 276 femmes séronégatives inscrites dans une étude appelée CARMA (Children and Women : Antiretrovirals and Markers of Aging). Les femmes séropositives ont été recrutées lors de leurs consultations à la clinique Oak Tree. Selon les chercheurs, cette clinique prodigue « des soins du VIH spécialisés aux femmes, aux enfants et aux familles vivant avec ou touchés par le VIH en Colombie-Britannique ». Le recrutement des femmes séronégatives s’est fait à l’aide d’annonces publicitaires. L’équipe a collecté des données entre décembre 2008 et octobre 2017. L’analyse dont nous rendons compte porte sur les données initiales recueillies.

En général, les deux groupes de femmes étaient semblables, même si les femmes séropositives étaient en moyenne plus jeunes de quelques années. Les différences importantes entre les deux groupes étaient les suivantes :

Fumeuses actuelles

  • femmes séropositives : 48 %
  • femmes séronégatives : 32 %

Études collégiales/universitaires

  • femmes séropositives : 41 %
  • femmes séronégatives : 70 %

Résultats

En général, les femmes séropositives étaient près de 60 % plus susceptibles d’avoir une comorbidité que les femmes séronégatives. Voici quelques facteurs qui contribuaient à la répartition des comorbidités :

Âge

À mesure qu’elles vieillissaient, les femmes séropositives semblaient accumuler des comorbidités plus rapidement que les femmes séronégatives.

Revenu

Selon les chercheurs, « Dans l’ensemble, les femmes ayant un revenu supérieur à 15 000 $ CDN par année affichaient en moyenne un taux de diagnostics multiples [de comorbidités] 18 % plus faible que celles ayant un revenu inférieur ». Cette association se produisait peu importe le statut VIH des femmes.

Tabagisme

Les chercheurs ont également affirmé que dans l’ensemble, « … le tabagisme était associé de façon significative au nombre de [comorbidités diagnostiquées] », et ce, même après avoir tenu compte du revenu, du statut VIH et d’autres facteurs. Spécifiquement, les fumeuses actuelles affichaient un taux de comorbidités 45 % plus élevé et les anciennes fumeuses affichaient un taux de comorbidités 38 % plus élevé que les femmes qui n’avaient jamais fumé.

Genres de comorbidités

Les chercheurs ont trouvé que les femmes séropositives étaient plus susceptibles d’avoir fait l’objet des diagnostics suivants :

Un ensemble de troubles de la santé mentale incluant la dépression, l’anxiété et le trouble panique.

  • femmes séropositives : 42 %
  • femmes séronégatives : 27 %

Virus de l’hépatite C

  • femmes séropositives : 40 %
  • femmes séronégatives : 18 %

Amincissement des os (incluant l’ostéoporose et l’ostéopénie)

  • femmes séropositives : 21 %
  • femmes séronégatives : 3 %

Nombre de médicaments

On a observé la tendance globale suivante : plus une femme séropositive était âgée, plus il était probable qu’elle prenait davantage de médicaments qu’une femme séronégative du même âge. Cette différence était sans doute attribuable au fait que les femmes séropositives plus âgées avaient davantage de comorbidités.

Deux autres associations avec le nombre de médicaments utilisés ont été observées, et ce, sans égard au statut VIH :

Revenu

Selon les chercheurs, les femmes dont le revenu annuel était de 15 000 $ ou plus « prenaient 28 % moins de médicaments que celles dont le revenu était inférieur à 15 000 $ par année ».

Tabagisme

Les chercheurs ont affirmé que « les fumeuses actuelles utilisaient 85 % plus de médicaments, et les anciennes fumeuses utilisaient 55 % plus de médicaments que les participantes qui n’avaient jamais fumé ».

Utilisation de suppléments

Les femmes séropositives étaient plus susceptibles d’utiliser des suppléments que les femmes séronégatives. Peu importe leur statut VIH, les fumeuses actuelles étaient 52 % moins susceptibles d’avoir recours à des suppléments.

Traitement des comorbidités

Dans l’ensemble, les proportions de femmes qui ont reçu un traitement pour des comorbidités étaient semblables, soit près de 50 %. Les chercheurs ont toutefois constaté que les femmes séropositives étaient moins nombreuses à suivre un traitement pour des comorbidités que les femmes séronégatives, comme l’attestent les exemples suivants :

Amincissement osseux

  • femmes séropositives : 67 %
  • femmes séronégatives : 100 %

Asthme

  • femmes séropositives : 34 %
  • femmes séronégatives : 59 %

Diabète

  • femmes séropositives : 45 %
  • femmes séronégatives : 80 %

Brûlures gastriques

  • femmes séropositives : 23 %
  • femmes séronégatives : 47 %

Maladie pulmonaire obstructive chronique

  • femmes séropositives : 27 %
  • femmes séronégatives : 50 %

L’étude CARMA n’a pas été conçue pour fournir un rapport détaillé sur les ordonnances rédigées pour des comorbidités ou l’observance des traitements prescrits. Pour cette raison, les chercheurs ne savent pas avec certitude pourquoi certaines femmes séropositives ne prenaient pas de médicaments pour les affections mentionnées ci-dessus.

Interactions médicamenteuses

Les chercheurs ont constaté des cas où les femmes séropositives risquaient de connaître des interactions médicamenteuses. Il est probable que ces femmes auraient tiré profit d’une consultation auprès d’un pharmacien.

À retenir

Après avoir tenu compte de facteurs sociodémographiques, les chercheurs ont trouvé que les femmes séropositives « recevaient plus de diagnostics [de comorbidités], et cette différence prenait de l’ampleur avec l’âge », par rapport aux femmes séronégatives.

En analysant leurs données, les chercheurs ont constaté une tendance inquiétante : les femmes séropositives « présenteraient en moyenne deux comorbidités 30 ans plus tôt que leurs pairs séronégatifs ». Les chercheurs de Vancouver ne sont pas certains des raisons de cette accélération apparente du vieillissement. D’autres chercheurs qui étudient l’impact du VIH sur le système immunitaire laissent cependant entendre que l’un ou plusieurs des facteurs suivants pourraient jouer un rôle dans la dysfonction immunitaire continue et le vieillissement accéléré du système immunitaire qui s’observent en présence de l’infection au VIH chronique :

  • activation continue et inflammation du système immunitaire, lesquelles ne diminuent que partiellement sous l’effet du traitement
  • co-infection au CMV (cytomégalovirus), un membre de la famille des virus herpétiques
  • bactéries nocives vivant dans les intestins qui sont capables de traverser la paroi intestinale pour passer directement dans le courant sanguin (ou d’y faire passer leurs protéines); il se peut que ces microbes nocifs et/ou leurs protéines nuisent au système immunitaire et à d’autres systèmes organiques à long terme

Il importe de noter que nous parlons ici d’une étude par observation qui a saisi des données à un seul moment dans le temps. Les études de ce genre sont utiles pour trouver des associations, mais ne peuvent pas prouver de lien de cause à effet. La présente étude, quoique bien conçue, ne peut prouver que des femmes séropositives ne figurant pas dans cette étude éprouveraient des problèmes aussi fréquemment que les femmes inscrites à l’étude. Si les chercheurs réussissaient à obtenir un financement à long terme, ils pourraient saisir des données à plusieurs moments dans le temps auprès de la même personne. L’équipe de l’étude CARMA serait alors en mesure de faire des prévisions plus précises sur les risques futurs de comorbidités chez les femmes séropositives.

D’autres études menées auprès de personnes séropositives ont également révélé des taux élevés de tabagisme et de troubles de la santé mentale. Ces autres études constituent un appui aux résultats globaux de l’étude CARMA.

Que faire?

Les chercheurs de l’étude CARMA encouragent les professionnels de la santé à déterminer si leurs patientes séropositives fument et à offrir du soutien à celles qui souhaitent arrêter. Ces interventions sont importantes parce que l’équipe CARMA a constaté un lien statistique fort entre le tabagisme et un mauvais état de santé. D’autres recherches menées par l’équipe CARMA portent à croire que le tabagisme contribue également au processus de vieillissement chez les femmes séropositives.

La découverte d’un taux relativement élevé de troubles de la santé mentale chez les femmes séropositives nécessite plus d’attention. Une mauvaise santé mentale peut dégrader la qualité de vie et nuire à la santé générale. L’équipe CARMA encourage les professionnels de la santé à dépister les troubles de la santé mentale chez les femmes séropositives et à « assurer une prise en charge appropriée des troubles de l’humeur et anxieux, particulièrement pour une population de personnes vieillissantes aux prises avec plus de morbidités ».

Environ 40 % des femmes séropositives inscrites à cette étude avaient été exposées au virus de l’hépatite C (VHC) à un moment donné de leur vie. Les chercheurs de l’étude CARMA n’ont pas été en mesure de déterminer si les participantes étaient infectées par le VHC au moment de l’étude. Il n’empêche que le dépistage de l’infection au VHC pourrait être utile aux femmes séropositives. Dans les cas où une infection active est décelée, l’offre d’un traitement permettrait d’avancer vers la guérison de la co-infection au VHC. Certaines femmes auraient également besoin d’être orientées vers des services de réduction des méfaits.

Les résultats de cette analyse de l’étude CARMA soulignent l’importance du revenu comme facteur déterminant de la santé. À l’avenir, l’effet des suppléments de revenu (et/ou d’autres formes de soutien socioéconomique comme l’aide au logement ou à l’alimentation) sur la santé à long terme des femmes séropositives est un sujet qui pourrait être exploré.

À l’avenir

L’étude CARMA est une plateforme passionnante pour faire de la recherche sur la santé des femmes séropositives. Si l’équipe CARMA recevait des fonds additionnels, elle pourrait mener d’autres recherches essentielles auprès de cette population à long terme.