À l’occasion de la 20ème Conférence ICASA qui se déroule du 2 au 7 décembre 2019 à Kigali, au Rwanda, l’équipe de Priorité Santé vous permet de suivre cette conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique de l’est. Le thème est « L’Afrique sans sida – Innovation, leadership communautaire et politique ».
Comment s’organise cette lutte contre le VIH en Afrique de l’Est et quels sont ses résultats ? Quelles sont ses spécificités ? Quel bilan peut-on chercher à en tirer ?
Winnie Byanyima, directrice exécutive d’ONUSIDA
Dr Sabin Nsanzimana, directeur général du Rwanda Biomedical Centre, ancien Chef du Programme SIDA au Rwanda (pendant plus de 10 ans)
Jeanne Gapiya, président fondateur de l’Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du Sida (ANSS), la principale association de lutte contre le Sida au Burundi.
Une émission radio (accessible sur le site internet de RFI – lien en haut de notre article) réalisée en partenariat avec l’Initiative 5 %, mise en œuvre par Expertise France et complémentaire du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a indiqué ce mercredi 9 octobre, qu’environ 6 200 nouvelles personnes ont découvert leur séropositivité en 2018 en France. Un chiffre en légère baisse (-7%), alors qu’il était stable depuis 2010. Un mieux, probablement lié à la PrEP, mais pas une révolution.
«C’est la première fois depuis plusieurs années qu’il y a une diminution du nombre de personnes qui se contaminent», s’est félicitée la ministre sur France Info. C’est effectivement ce qu’annonce Santé publique France, avec un bémol de taille néanmoins: Si le nombre total de découvertes de séropositivité a diminué de façon significative entre 2017 et 2018 (-7%), après plusieurs années de stabilité, cette diminution très récente devra être confirmée avec le recul d’une année supplémentaire. Ce qui veut dire que si la tendance est à la baisse, l’ampleur et la nature précise de cette baisse doit être encore clarifiée. une tendance nationale à la baisse qui reste modeste, logique puisque les nouveaux diagnostics reflètent les infections survenues depuis quelques années à un moment où le paradigme de la prévention combinée n’était pas déployée.
Pour l’agence, comme l’activité de dépistage est en augmentation, cette diminution du nombre global de découvertes peut refléter une baisse du nombre de personnes vivant avec le VIH précédemment non diagnostiquées, et/ou une diminution de l’incidence —du nombre de contaminations et non de découvertes— depuis plusieurs années.
Une baisse globale récente, mais la diminution du nombre de découvertes est par contre observée depuis plusieurs années chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) de 25 à 49 ans nés en France, et chez les hommes hétérosexuels de 25 à 49 ans, qu’ils soient nés en France ou à l’étranger. Le nombre de découvertes diminue également chez les femmes hétérosexuelles nées en France.
Les chiffres 2018 du VIH par Santé publique France
Que nous disent les chiffres? 6155 personnes précisément ont découvert leur séropositivité en France l’an dernier, contre 6583 en 2017. Le chiffre pour 2017 a été affiné par rapport à l’estimation fournie lors du précédent bilan fin mars, qui était de 6.400. Cette diminution fait bien suite à plusieurs années de stabilité.
Comme les années précédentes, les taux de découvertes de séropositivité sont très variables sur le territoire français; ils sont beaucoup plus élevés dans les départements français d’Amérique, notamment en Guyane, ainsi qu’en Ile-de-France pour la métropole.
Par mode de contamination, les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2018 ont été contaminées par rapports hétérosexuels (56%), rapports sexuels entre hommes (40%), usage de drogues injectables (2%), ou un autre mode de transmission (2%). Les hommes ont été contaminés majoritairement par rapports sexuels entre hommes (61%).
En 2018, les femmes représentent 35% des découvertes de séropositivité VIH. Elles ont été contaminées par rapports hétérosexuels pour 96% d’entre elles.
Des dépistages précoces, mais pas assez
Les diagnostics précoces, identifiés par un profil virologique de séroconversion, un stade clinique de primo-infection ou un test d’infection récente positif, représentent toujours 25% des découvertes chez les adultes en 2018, une proportion stable par rapport aux années précédentes, dans toutes les populations étudiées.
La part des diagnostics précoces varie selon le mode de contamination et le pays de naissance. Elle est plus élevée chez les HSH : 42% chez ceux nés en France, 26% chez ceux nés à l’étranger. Chez les hétérosexuels elle est deux fois plus élevée parmi ceux nés en France (31% chez les femmes, 27% chez les hommes) que parmi ceux nés à l’étranger (13% chez les femmes, 14% chez les hommes), et chez les UDI elle est plus faible (8%).
A l’autre bout du spectre, la part des diagnostics tardifs, au stade sida ou à moins de 200 CD4, stagne à 29%. C’est encore énorme, alors qu’ils contribuent beaucoup, avec les primo-infections, à la circulation du virus.
Le nombre de diagnostics de sida en 2018 est estimé à 1205. Ce nombre a diminué entre 2013 et 2018 (-24%). Parmi les personnes âgées de 15 ans et plus diagnostiquées avec un sida en 2018, la majorité d’entre elles (63%) ignoraient leur séropositivité, et donc n’avaient pu bénéficier de traitements antirétroviraux (ARV) avant le sida, et 19% connaissaient leur séropositivité mais n’avaient pas été traitées par ARV. Seuls 18% avaient reçu des ARV, et avait donc bien sûr une charge virale non contrôlée.
L’effet TasP et la PrEP explique cette baisse
Cette tendance nationale à la baisse reste modeste, ce qui peut sembler logique puisque les nouveaux diagnostics reflètent les infections survenues depuis quelques années, à un moment où le paradigme de la prévention combinée n’était pas déployée.
Difficile de quantifier les causes de cette baisse. L’augmentation du dépistage précoce semble indiquer un renforcement de l’effet Tasp, l’effet Traitement comme prévention. On sait désormais qu’une personne traitée, avec une charge virale indétectable ne risque pas de transmettre le VIH à ses partenaires. Mais beaucoup reste à faire pour bénéficier du plein effet du Tasp : En 2018, les personnes présentant une charge virale élevée (≥ 100 000 copies/ml) au moment de la découverte représentent 38% des découvertes (44% chez les HSH, 35% chez les hétérosexuels et 32% chez les UDI). Autant de cas où les risques de transmission sont augmentés.
Le déploiement de la Prep joue aussi un rôle dans cette amélioration, même si tant reste à faire pour améliorer son accessibilité. Les derniers chiffres encourageants à Paris, où le nombre de prépeurs est important, ainsi que la baisse du nombre de découvertes de contaminations chez les HSH confirment l’intérêt de cette méthode de prévention.
Le recours aux préservatifs n’est pas détaillé dans ces chiffres. Difficile, en tout cas, de mettre en avant un effet lié aux préservatifs remboursés, la nouvelle mesure n’a été effective qu’en novembre 2018. Nous devrions être en mesure de mesurer son impact en 2020.
Une baisse timide et inégale
Peut-on se réjouir? Evidemment. Doit-on rester prudent? Tout autant. Cette baisse globale de 7% pour la dernière année recouvre des réalités bien différentes et les données sont assez difficiles à interpréter. Beaucoup de déclarations fournies électroniquement sont encore incomplètes et le mode de transmission et le pays de naissance des cas déclarés sont donc des données imputées —estimées— pour la majorité des cas. Le BEH indiquait ainsi en 2017 que le taux de données imputées pour ces 2 variables était estimé à 60%.
D’autre part, la tendance à la baisse, légère, est notable depuis plusieurs années chez les personnes déclarant des rapports hétérosexuels, ce qui souligne probablement l’effet préventif du traitement chez les personnes vivant avec le VIH.
Par classe d’âge, 13% des personnes ayant découvert leur séropositivité sont âgées de moins de 25 ans, 64% de 25 à 49 ans et 23% de 50 ans ou plus. Chez les HSH nés en France et les hommes hétérosexuels nés en France ou à l’étranger, la diminution depuis 2013 n’est observée que chez les 25 à 49 ans. Cette stabilité chez les moins de 25 ans et chez les plus de 60 ans souligne cruellement l’absence de campagne publique de prévention et d’incitation au dépistage, alors que ces mêmes populations ne se retrouvent quasiment pas dans les essais et les programmes de Prep.
Enfin comment expliquer le différentiel entre -16% de nouvelles contaminations à Paris et -7% au niveau national? Faisons-nous face, en France, comme aux USA, à une épidémie «rurale» ou des petites villes, mal connue, et entretenue par une inégalité face à l’accès aux nouvelles méthodes de prévention et de dépistage?
De la même façon, Santé publique France insiste sur le fait que la diminution du nombre de découvertes de séropositivité VIH ne concerne ni les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger, ni les HSH nés à l’étranger. Chez ces femmes, la vulnérabilité liée au parcours migratoire les expose au VIH et elles bénéficient peu du Tasp à cause du dépistage tardif chez leurs partenaires masculins. Chez les HSH nés à l’étranger, le recours au dépistage pourrait avoir augmenté ces dernières années mais il reste tardif. Et leur accès à la PrEP est encore bien insuffisant. La situation épidémiologique des migrants appelle une action déterminée en termes de dépistage et d’accès aux soins et à la PrEP qui ne peut qu’être contrecarrée par les discours ambiants de stigmatisation, les politiques de plus en plus drastiques contre leur présence sur le territoire et le déni des droits fondamentaux.
Les données régionales qui seront publiées fin novembre seront très intéressantes pour comprendre les tendances actuelles de l’épidémie selon la mobilisation des acteurs au niveau régional et local.
Le collectif de l’hépatite B* vous sollicite pour répondre à une première enquête destinée à établir un état des lieux des principales répercussions de cette pathologie et de vos principaux besoins et attentes pour améliorer votre quotidien. Le questionnaire vous interroge sur :
— > votre perception de l’hépatite B
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— > vos difficultés au quotidien et vos attentes
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Merci de votre participation !
Cette enquête est proposée par le collectif de l’hépatite B : *SOS Hépatites, AIDES, ASUD (Auto-Support des Usagers de Drogues), CHV (Collectif Hépatites Virales) – TRT5 (Groupe interassociatif traitements & recherche thérapeutique), Transhépate, AFEF (Association Française pour l’Étude du Foie), ANGH (Association Nationale des Hépato-Gastroentérologues des Hôpitaux Généraux), APSEP (Association des Professionnels de Santé Exerçant en Prison), COMEDE (Comité pour la santé des exilés), CREGG (Club de Réflexion des Cabinets et Groupes d’Hépato-Gastroentérologie), FPRH (Fédération des Pôles et réseaux de référence et Réseaux Hépatites), Médecins du monde, Planning familial, Agence nationale de la biomédecine, ANRS (Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les Hépatites Virales), APHP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris)Cochin, APHP Pitié Salpêtrière-Paris, CHU (Centre Hospitalier Universitaire) Lille, CHU Rennes, CHU Strasbourg, CIC (Centre d’Investigation Clinique vaccinologie) Cochin-Paris, Hôpital de la Croix Rousse-Lyon,Hôpital Saint Joseph-Marseille, INSERM (Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale), BMSHV (Bordeaux Métropole Sans Hépatite Virale).
POST-SCRIPTUM
Vos réponses sont recueillies et traitées de façon strictement anonyme et confidentielle. Les résultats obtenus seront d’autant plus percutants que vous serez nombreux à répondre ! Ils devraient permettre de mieux sensibiliser les autorités de santé et l’opinion publique pour obtenir une « juste » reconnaissance face aux réelles difficultés que nous rencontrons quand on souffre d’hépatite B.
Si vous souhaitez être informé(e) des résultats de cette enquête, n’hésitez pas à nous adresser votre demande :
par mail à vero.ecoutemoi@soshepatites.org ou
par téléphone : 0 800 004 372 (appel gratuit depuis un téléphone fixe ou un portable y compris depuis les départements et régions d’outre-mer).
Déployé depuis trois ans, le traitement pré-exposition (PrEP) est suivi par 550 personnes à risque en région. Le Cegidd de Tours va proposer des téléconsultations pour toucher les personnes isolées.
En moins de trois ans, la « PrEP », ou prophylaxie pré-exposition, s’est fait sa place dans l’arsenal de prévention du VIH. Ce traitement préventif réservé aux personnes séronégatives ayant des comportements à risque est suivi régulièrement par 550 personnes en région Centre-Val de Loire, soit le double de l’année dernière.
Ce mode de prévention qui réduit à presque rien le risque d’infection est essentiellement utilisé par des hommes, pour la plupart proches des centres urbains, notamment de Tours, où le Cegidd (*) est seul prescripteur. « Si on habite dans l’Indre, c’est quasi impossible d’accéder à une consultation PrEP, de même pour les travailleurs du sexe, qui sont souvent en déplacement », constate Romain Perrolaz, chargé de prévention au sein de l’association Aides. A partir de janvier, la mise en place d’une e-consultation depuis le Cegidd de Tours fera tomber cette barrière géographique. Une première en France, développée grâce à Aides en région dans le cadre d’un appel à projet national. « La PrEP est une consultation très spécifique, encore très difficile à déployer partout, constate le Dr Guillaume Gras, infectiologue et responsable du Cegidd de Tours. La e-PrEP sera une entrée au moins pour la première consultation ». Totalement gratuite, même sans numéro de Sécurité sociale, et accessible même depuis un smartphone, cette téléconsultation vidéo sera réservée, durant cette phase pilote, aux habitants de la région Centre-Val de Loire. Les salariés et militants de Aides seront les relais de cette nouvelle proposition sur le terrain, et sur les réseaux, via un chargé de prévention numérique. « On a tous les outils, le défi est de les déployer » « Sur les réseaux, et sur les sites d’annonces, on contacte directement les personnes à risque, comme les travailleurs du sexe », explique Romain Perrolaz. Jusqu’à maintenant, l’association proposait des entretiens de prévention et l’envoi d’auto-test. La prescription du traitement préventif après une simple téléconsultation permettrait de diminuer encore les risques de transmission. « On espère toucher les personnes des zones plus rurales, et les personnes isolées dans la ville », escompte le Dr Gras. Et ainsi fermer un nouveau maillon de la chaîne pour mettre fin aux contaminations. « On a tous les outils en main, le défi est de les déployer là où c’est nécessaire », appuie Romain Perrolaz. Un horizon que les acteurs de la lutte contre le sida espèrent voir apparaître d’ici dix ans. (*) Centre gratuit d’information dépistage et diagnostic du VIH, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles, 5, rue Jehan-Fouquet, à Tours, tél. 02.47.66.88.41.
Repères
> La PrEP est une méthode de prévention déployée depuis 2017 en France. Il s’agit d’un médicament – le Truvada – prescrit à une personne non infectée par le VIH, réservée aux personnes ayant des pratiques à risque, et à qui les autres méthodes de prévention ne conviennent pas.
> La PrEP réduit le risque d’infection par le VIH mais ne l’élimine pas et, à la différence du préservatif, ne prévient pas les autres infections sexuellement transmissibles (IST).
Le 1er décembre est la journée mondiale de lutte contre le VIH. À cette occasion, nous avons rencontré Elodie, écoutante. Pour Sida Info Service, elle renseigne les uns, conseille les autres, et les écoute tous et toutes. Interview.
Selon les chiffres de l’ONUSIDA, 36,9 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde (dont 152 000 en France), en 2019. En France, en 2017, ils étaient 6 424 à découvrir leur séropositivité contre 6003 en 2016 et 30% l’ont appris à un stade avancé de la maladie. Le Sida est la quatrième phase d’évolution du VIH, mais grâce aux traitements, de moins en moins de personnes séropositives la développent. Environ 23,3 millions de personnes seulement ont eu accès aux autres traitements anti-VIH dans le monde. La « nouveauté » ? La PreP, le traitement préventif autorisé en France depuis 2016 qui, grâce à une prise quotidienne, permet de se prémunir du VIH. Malheureusement, ce traitement est encore peu répandu. Et puis, par manque d’information, les personnes séropositives sont toujours stigmatisées et osent difficilement parler ou aller se faire dépister.
C’est anonymement, et par téléphone que certains trouvent le courage de s’informer et parfois, de déballer toute leur histoire. Sida Info Service est l’un des acteurs principaux de la lutte contre le VIH. Depuis 1990, l’association tient une ligne d’écoute, à travers laquelle des salariés proposent leur oreille attentive, rassurent, calment et prodiguent des conseils sur le VIH, mais aussi sur les autres infections sexuellement transmissibles (IST) et la santé sexuelle en général. En 2018, l’association a reçu 200 000 coups de téléphone, 9 500 mails et plus de 4 millions de personnes ont visité leur site. Elodie fait partie de ces écoutants professionnels. Chaque jour, elle écoute les récits souvent douloureux de ceux qui s’inquiètent, se questionnent, ceux qui sont perdus et des autres, qui remettent tout en question.
En quoi consiste le travail d’une écoutante ou d’un écoutant de Sida Info Service ?
Ça consiste à répondre au numéro vert et à prendre des appels. On a une formation médicale pour pouvoir répondre aux questions sur les modes de transmission, les traitements, les différents modes de prévention, mais le travail d’une écoutante c’est aussi et surtout savoir écouter ce que la personne nous dit. On sort assez vite des maladies en tant que telles pour parler du contexte dans lequel se fait l’appel. On demande quelle relation la personne a eue, qu’est-ce qui fait que ça pose question, de quelle manière, et on développe avec les personnes ce qu’il y a autour. Il faut prendre le temps de cerner un peu le problème pour ensuite donner la bonne orientation, un centre de dépistage par exemple. Les personnes appellent souvent quand ils sont en situation de crise et cet appel leur permet de réaliser plein de choses. On se prend la première charge et on les réoriente. Et moi, j’espère que ces personnes suivent cette orientation…
Pourquoi est-ce que vous avez voulu faire ce travail ?
Je me suis retrouvée là un petit peu par hasard, des expériences de la vie… J’ai été pendant 3 ans écoutante bénévole sur une ligne de prévention et de lutte contre le suicide. Ce n’était pas un boulot, c’était bénévole, mais ça m’a énormément appris, apporté, notamment une bonne expérience de l’écoute. Donc quand j’ai vu la fiche de poste pour SIS, c’était cohérent en tout point avec ce que je savais faire et ce que j’avais envie de faire.
C’est un métier difficile, vous êtes confrontée toute la journée à une dose de stress, d’angoisse… Qu’est-ce qui vous motive à le faire ?
C’est un travail difficile, mais c’est très riche dans le contact humain. On rentre vraiment dans une intimité très particulière avec l’autre. Le fait que ça soit anonyme, confidentiel, en plus on parle de sexualité… Les gens me confient des choses sur leur vie, leurs pensées, ce qu’ils ressentent, ce qui leur arrive… Les échanges qu’on peut avoir avec les personnes sont très intenses. Il y a beaucoup d’émotion.
Ces appels sont très forts émotionnellement, est-ce que vous vous souvenez d’une histoire particulière qui vous a marquée ?
J’ai des histoires en tête qui sont un peu douloureuses donc que je ne vais pas aborder ça ici, mais prenons des exemples d’appels. Ce sont souvent des gens qui appellent avec beaucoup d’angoisse, beaucoup de peur, un ton de voix très rapide. Ils sont à fleur de peau, il y a parfois des larmes. Beaucoup d’appels concernent des personnes qui ont des rapports en dehors de leur couple officiel ou des relations avec des prostituées. Nous avons aussi beaucoup d’ados sur le chat qui découvrent la sexualité et qui ont des questions par rapport à ça. Non seulement sur la prévention, mais aussi sur les questions physiques, psychologiques… Il y a peu j’ai eu au téléphone un homme marié qui allait de temps en temps avec des hommes sur des lieux de drague pour avoir des rapports sexuels.
Il en ressentait du dégoût, de la culpabilité et il en est venu à me demander : « Mais pourquoi je fais ça ? ». Je n’ai pas vraiment la réponse, mais dans ces cas-là on peut essayer de voir ensemble s’il y a des points qui s’éclairent et si on peut réussir à le comprendre. Il y a aussi des cas de viol. En général ce n’est pas le but premier de leur appel. On commence par le VIH et les IST, mais on va très vite vers autre chose.
C’est un travail extrêmement difficile psychologiquement et émotionnellement, quelle est votre technique pour ne pas l’emmener à la maison ?
Au début c’était assez compliqué au niveau des images que j’avais en tête. Parler toute la journée de fellation, de cunnilingus, de pénétration et d’éjaculation, au début c’est exotique, mais très vite ça peut devenir envahissant. J’ai mis du temps à ne pas me laisser envahir par tout ça. C’est le début surtout qui est difficile, maintenant tout ça est devenu un peu plus mécanique, ça va beaucoup mieux. Par contre au niveau émotionnel parfois on rentre chez soi et on n’est pas forcément au top. Heureusement au sein de la structure on a des supervisions, des régulations avec des psychologues pour parler des appels difficiles et qu’on a du mal à gérer. Entre collègues aussi.
On est proches les uns des autres, on travaille tous dans la même salle d’écoute. Si on voit qu’un collègue n’est pas bien, que c’est un appel difficile, on le met en pause et on prend le temps de parler un peu et de libérer des émotions, s’il y en a. Il y a de l’autorégulation entre nous. Et puis c’est difficile de raconter à son entourage, à ses proches. Les gens s’attendent souvent à des petites anecdotes rigolotes. On en a aussi, mais la plupart du temps ce n’est pas rigolo.
C’est quoi l’avenir de Sida Info Service selon vous ?
On est déjà en train de diversifier nos champs de compétences. Avant les appels étaient beaucoup liés aux VIH et au soutien des personnes séropositives. On le fait toujours, on est là pour les personnes touchées par le virus, pour leurs proches, leur entourage, pour les accompagner, mais il y a aussi tout l’autre champ de personnes avec lesquelles on parle d’autre chose. Le VIH et les IST en général sont la porte d’entrée pour parler de santé sexuelle. On se dirige déjà presque malgré nous vers ça. Il y a une diversité de raisons d’appel qui est assez étonnante en fait. On parle à tout le monde. C’est ça qui est extraordinaire.
La Journée mondiale de lutte contre le sida a lieu ce dimanche 1er décembre. Pour cette occasion, Opinion Way délivre un sondage pour le moins inquiétant sur les fausses croyances qui circulent encore chez les étudiants.
En 2018, près de 6 200 personnes ont découvert qu’elles étaient séropositives en France. Soit une baisse de 7% par rapport à l’année précédente. Il y a quelques mois, l’Onusidarapportait qu’en 2018, 770 000 personnes ont perdu la vie à cause du VIH dans le monde, soit un tiers de moins qu’en 2010. Malgré ces chiffres encourageants, les fausses idées sur la maladie ont la vie dure. Surtout chez les jeunes. À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida ce dimanche 1er décembre, OpinionWay publie un sondage sur les fausses croyances qui persistent chez les étudiants. Des résultats inquiétants.
L’inconscience de prendre des risques
Les lycéens et les étudiants ont d’abord tendance à abandonner l’usage du préservatif. Ainsi, un sur deux déclare ne pas en utiliser à chaque rapport sexuel. De plus, plus de la moitié des jeunes (54%) ne se font pas systématiquement dépister lorsqu’ils changent de partenaire. Et 42% ne pensent pas avoir pris un risque. Un étudiant sur cinq ne se fait jamais dépister après avoir changé de partenaire. Pourtant, certaines infections sexuellement transmissibles ne présentent pas de symptômes. Enfin, de fausses informations sur le sida persistent. Deux jeunes sur dix pensent encore que l’on guérit facilement du VIH avec les traitements actuels. 19% estiment que les moustiques peuvent transmettre le virus en piquant.
Des « fake news » sur la Toile
Avec internet et les réseaux sociaux, des rumeurs se propagent également et persistent au fil des années. Par exemple depuis 2016, des articles mensongers prétendent que des fruits, comme des bananes, ont été infectés par le virus du sida. L’objectif serait alors de « tuer des millions de gens dans le monde », comme le rappelle Le Monde dans un article sur le sujet, publié le 20 novembre. Or, scientifiquement, ces « informations » ne tiennent pas la route.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a jamais alerté sur un tel sujet. Et c’est parce que le sida se transmet uniquement d’humain à humain. Car « le virus vit à l’intérieur de certaines cellules du corps, qui sont présentes dans le sang et les sécrétions sexuelles (sperme, sécrétions vaginales…) », rappelle l’association Sida Info Service.
En 2018, en Île-de-France, près de 2.500 personnes ont découvert leur séropositivité, soit 40% de l’ensemble des découvertes de séropositivité en France.
Une diminution du taux de découvertes de séropositivité au VIH en Île de France
Nouvelle encourageante : le taux de découvertes de séropositivité au VIH a diminué de 15% entre 2013 à 2018. La baisse est constatée chez les hétérosexuels nés en France ou à l’étranger, et chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes nés en France. En revanche, ce taux augmente chez les HSH nés à l’étranger. Au niveau départemental, on note une forte baisse à Paris, en Essonne, dans le Val de Marne et une forte augmentation en Seine-et-Marne.
Que ce soit en région francilienne ou en France, le retard au dépistage demeure un problème majeur : 28% de l’ensemble des découvertes de séropositivité le sont à un stade tardif.
Des dispositifs de prévention et de dépistage à améliorer
Alors, qu’est-ce qui pourrait être amélioré pour permettre de mettre le dépistage à hauteur mais aussi plus largement pour mieux répondre à la nécessaire meilleure appropriation des outils de prévention diversifiée ?
Quant au dépistage, plusieurs avancées seraient à même de renforcer l’accès des populations clés aux dispositifs :
-Autoriser la délivrance d’autotests par une diversité plus importantes de personnes comme les médecins généralistes ou les infirmières scolaires ;
-Autoriser le pharmacien de mettre l’autotest en avant – aujourd’hui, il faut le demander au comptoir, ce qui peut freiner certaines personnes ;
-Généraliser le dispositif « Labo sans ordo », dispositif donnant l’accès aux tests VIH sans frais, sans ordonnance et sans rendez-vous dans les laboratoires de biologie médicale, à Paris et dans les Alpes-Maritimes ;
-Mettre en place plus rapidement des avancées de dispositifs innovants tels que la notification aux partenaires, la téléconsultation, l’offre dématérialisée de dépistage du VIH par auto-prélèvements.
Egalement, la mise sous PrEP doit pouvoir être organisée de manière plus rapide, les consultations PrEP étant surchargées, notamment sur Paris. L’autorisation pour les généralistes d’initier une PrEP serait à même de fluidifier le circuit d’accès effectif à la PrEP pour les personnes demandeuses.
Le traitement post-exposition ou TPE doit être plus accessible : certes, il est gratuit et disponible dans toutes les urgences des hôpitaux mais le temps d’attente peut être dissuasif. Il conviendrait d’autoriser la dispensation du TPE en pharmacies, au moins dans les premiers jours, les pharmacies de garde étant un maillage de proximité très efficient.
Lutter contre les discriminations
La politique de prévention et de promotion du dépistage ne pourra trouver sa pleine et entière efficacité qu’à la condition d’une mise en place d’une politique forte de lutte contre les discriminations. Et il y a beaucoup de travail sur ce volet. A titre d’exemple : selon une enquête de AIDES de 2017, plus d’un parent sur cinq se sentiraient « mal à l’aise » si l’un des enseignants de leur enfant était séropositif (33% chez les moins de 35 ans). Ce sont 16% des répondants en activité qui se sentiraient « mal à l’aise » à l’idée d’avoir un collègue de travail séropositif (30% chez les 18-24 ans). 10% se disent gênés à l’idée de « fréquenter le même cabinet médical qu’une personne séropositive » (15% chez les 18- 24 ans). Quelle est la première raison évoquée pour ces discriminations ? La peur de la contamination. Alors plus que jamais une politique forte d’information est indispensable.
Le message du « I=I » doit être promu : une personne séropositive sous traitement et en charge virale indétectable ne transmet pas le virus du sida. En effet, les médicaments antirétroviraux rendent le virus indétectable dans le sang et les liquides sexuels des personnes touchées, Le virus devient de fait intransmissible
Lutter contre les discriminations, c’est aussi permettre aux personnes vivant avec le VIH de vivre comme n’importe qui. Ainsi, il faut souligner l’annonce de la mise en place par la région Île-de-France d’un système régional complémentaire au dispositif AERAS qui prendra en charge les surprimes d’assurance. Une très belle avancée pour les personnes vivant avec le VIH.
À l’occasion de la journée mondiale de la lutte contre le sida du 1er décembre, le Département se mobilise pour une Seine-Saint-Denis sans sida.
Alors qu’il est le 2e département à être le plus touché par l’épidémie de Sida, le Département de la Seine-Saint-Denis a déclaré, ce 26 novembre, via son président Stéphane Troussel, vouloir « devenir le premier département de France pour le nombre de dépistage » mais également « être le premier pour le nombre de Prep (traitement préventif pour le VIH) ». Cette annonce a été faite à l’occasion du premier Comité stratégique d’orientation pour une Seine-Saint-Denis sans Sida qui réunissait une trentaine d’associations et d’institutions impliquées dans la lutte contre le VIH en Seine-Saint-Denis à Bobigny, à l’Hôtel du Département.
« LA SEINE-SAINT-DENIS S’AIME SANS SIDA »
Un slogan fort, qui s’affiche depuis le 27 novembre dans les rues du département. Cette campagne de communication invite chacun à se faire dépister et à se protéger. A cette occasion, des documents d’informations sur les dernières innovations à disposition (Trod, autotest, Prep, TPE, Tasp) et des préservatifs seront distribués aux séquanodionysien.ne.s sur tout le territoire par les partenaires et dans les associations.
LES CHIFFRES DU VIH
Santé Publique France vient de publier les derniers chiffres de l’épidémie. En Seine-Saint-Denis, entre 2013 et 2018, le taux de découvertes de séropositivité VIH restent stables, que ce soient chez les hommes ou les femmes, chez les moins de 25 ans, les 25-49 ans ou les 50 ans et plus. Sur cette période, chez les hétérosexuel·le·s né·e·s à l’étranger le nombre de découvertes de séropositivité VIH a même diminué significativement (-20%, p=0,05), contrairement aux hétérosexuel·le·s né·e·s en France. Par contre, chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes nés à l’étranger -qui représentaient 12% des découvertes de séropositivité VIH en 2018- les chiffres ont significativement augmenté (+69%, p <0,01), alors qu’ils n’ont pas évolué chez ceux nés en France.
Découvrir de nouveaux cas de séropositivités au VIH permet à la fois d’administrer un traitement qui prolongera à la fois l’espérance de vie et protégera du VIH les personnes avec qui le patient pourra continuer à avoir une vie sexuelle.
MOBILISATION SUR LE TERRAIN
Le Département de la Seine-Saint-Denis proposera des dépistages gratuits le vendredi 29 novembre 2019 à 9h à 16h au centre départemental de prévention santé (CDPS) de Saint-Denis Pleyel. Un stand sera aussi installé à la sortie du Métro Carrefour Pleyel.
Le lundi 2 décembre 2019, une journée portes ouvertes est organisée dans tous les centres de dépistage afin de découvrir ces lieux et leurs missions :
CDPS de Montreuil de 10h à 19h
CDPS Saint-Denis Pleyel de 8h30 à 17h30
Antenne CDPS à Aulnay-sous-Bois de 10h à 19h
CeGIDD de Bobigny de 8h30 à 17h30
Les acteurs/trices de prévention VIH/sida, associations exerçant dans le champ de la santé doivent d’abord détenir une agrémentation spécifique, lourde à obtenir, permettant de réaliser des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD). C’est un frein à faire sauter !
Le Conseil National du Sida vient de pointer la nécessité d’améliorer le dépistage du VIH en France et préconise de renforcer la diffusion des autotests, notamment en permettant aux associations d’en proposer.
Selon les derniers chiffres sortis à l’occasion du 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, plus de 1700 personnes (sur les 6200 qui ont découvert leur séropositivité en 2018) étaient déjà à un stade avancé de l’infection.
Se faire dépister, plusieurs fois, est crucial, en plus de se protéger.
Pourtant tout est bloqué dans l’arrêté sur les autotests par le paragraphe liant distribution d’autotests et personnel associatif formé à l’utilisation des tests rapides d’orientation diagnostique de l’infection par les VIH 1 et 2. Connaître son statut sérologique, c’est se protéger en prenant un traitement efficace et ainsi protéger ses partenaires !
Les Actupiennes, association de lutte contre le VIH/sida, exigent :
– que les autotests puissent être donnés par toute association de lutte contre le sida ou ayant une action dans le champ de la santé ;
– que la TVA sur les autotests soit définitivement à 5,5 %.
Dans le cadre de la journée contre le Sida, Toute La Culture a souhaité vous présenter un acteur important de la lutte : Paris sans Sida.Eve Plenel, sa directrice générale, nous en dit plus à son sujet.
Paris sans Sida est une « association » qui a fait ses premiers pas en 2016, à la suite d’une initiative d’ONUSIDA, qui désirait sensibiliser les grandes villes du monde dans cette lutte, et la ville de Paris. De cette initiative est née une déclaration. « La déclaration de Paris avait pour ambition d’uniformiser les engagements des maires vers une même direction : mettre fin à l’épidémie et s’intéresser aux personnes les plus touchés » explique Eve Plenel, sa directrice générale.
La France est, en effet, un pays particulièrement touché par le VIH. Chaque année plus de 1000 Parisiens découvriraient qu’ils sont séropositifs. Selon la directrice de l’organisme, les populations les plus touchées demeurent les hommes homosexuels et les migrants, notamment africains : « l’épidémie du sida en France est une épidémie concentrée. Elle fait son lit dans des situations préexistantes, des situations d’exclusion ».
Eve Plenel le stipule bien : Paris sans Sida n’est pas une énième association de lutte contre le sida, celles existantes faisant déjà un travail incroyable sur le terrain : «Nous sommes un catalyseur pour toutes ces énergies. Il aide à mettre en cohérence ce que beaucoup d’acteurs faisaient déjà avant. Il y a plus d’une trentaine d’associations à Paris qui interviennent depuis 30 ans ».
L’organisme s’articule autour de deux fonctions : faire, à une échelle locale, toute la communication sur la sexualité, à travers des campagnes de dépistage, et faire avancer l’innovation dans le domaine de la santé pour trouver des solutions qui simplifieraient la vies des gens. Il n’est jamais évident de parler de sexualité à son médecin, d’expliquer sa situation… Aujourd’hui diverses solutions de dépistage existent. Un auto-test, qu’il est possible d’acheter à la pharmacie, est, par exemple, utilisable depuis chez vous.
Aussi il est important de noter que, depuis le 1er janvier 2016, la France est le premier pays à autoriser et à rembourser la PrEP. Ce traitement antirétroviral est à prendre avant les rapports sexuels, en prévention d’une potentielle contamination. Mais attention, il faut tout de même rester vigilant, il ne remplace en rien l’usage d’un préservatif pour toutes les autres maladies sexuellement transmissibles. « Une des problématiques que nous souhaitions aussi faire comprendre à la population est qu’une personne « séro » une fois qu’elle prend son traitement ne transmet plus le VIH. L’intérêt est donc aussi de réduire la période où les personnes ne savent pas qu’elles sont séropositives » ajoute Eve Plenel.
Si Paris sans sida, comme son nom l’indique, s’intéresse surtout à une lutte à l’échelle parisienne, d’autres programmes équivalents existent aussi à Bordeaux ou encore à Lyon. Depuis le 1er janvier il est même possible de se faire dépister à Nice comme à Paris, ce qui marque une avancée importante pour l’organisme, qui étend aussi à présent ses actions à la Seine Saint Denis, deuxième territoire le plus touché de l’île de France. Ces avancées sont possibles grâce à un travail d’équipe entre les différentes associations et différents acteurs. « Il y a une plateforme qui se rassemble trois fois par an pour discuter de la lutte. Des associations de lutte contre le sida sont présentes mais aussi des pharmaciens, des médecins généralistes … » confirme Eve Plenel.
Et alors, qu’en est-il de la propagation du VIH aujourd’hui ? Le 27 novembre, Le Monde a sorti un article qui a annoncé un véritable « échec » dans la lutte contre le sida. Eve Plenel contredit complètement cette attestation : « Il n’est pas vrai de dire qu’il y a une stabilité du taux de séropositivité dans notre pays. Le nombre de personnes contaminées en France a beaucoup baissé et encore plus à Paris ».
Paris sans Sida sera bien évidemment présent dans ce weekend de lutte. Plus de 70 événements de préventions et de dépistages seront organisées au quatre coins de Paris. Vous pouvez les suivre sur les différents réseaux sociaux pour être informé des évènements à venir.
Plusieurs dispositifs sont employés par l’organisme… Dont certains sont surprenants ! Dr Naked fait partie de ces moyens de prévention et est une vraie star sur les réseaux sociaux. Nu sous sa blouse blanche, il fait de la concurrence à tous les doctors Mamour. Un personnage si peu vêtu pour un message qui n’en demeure pas moins fort. Au cours de ses vidéos, qui ne dure pas plus de 3 min, le mannequin Armando Santos sensibilise et informe sur les techniques de prévention. « Dr Naked est né d’un partenariat avec Ornet, qui a progressivement pris son indépendance pour apparaître sur les réseaux sociaux » explique Eve Plenel en stipulant qu’un jeune homme homosexuel sera toujours plus tenter de s’arrêter sur la vidéo d’un bellâtre en blouse blanche que sur une autre avec un bandeau rouge trop sérieuse. Bien sur, ce personnage s’adresse à un certain type de public. D’autres dispositifs existent. Dès le mois de janvier sera lancée la « bonne nouvelle d’Alimata » dédié aux migrants. Pas plus d’informations pour le moment, le projet demeurant encore secret… A suivre.
Paris sans Sida est une « association » qui a fait ses premiers pas en 2016, à la suite d’une initiative d’ONUSIDA, qui désirait sensibiliser les grandes villes du monde dans cette lutte, et la ville de Paris. De cette initiative est née une déclaration. « La déclaration de Paris avait pour ambition d’uniformiser les engagements des maires vers une même direction : mettre fin à l’épidémie et s’intéresser aux personnes les plus touchés » explique Eve Plenel, sa directrice générale.
La France est, en effet, un pays particulièrement touché par le VIH. Chaque année plus de 1000 Parisiens découvriraient qu’ils sont séropositifs. Selon la directrice de l’organisme, les populations les plus touchées demeurent les hommes homosexuels et les migrants, notamment africains : « l’épidémie du sida en France est une épidémie concentrée. Elle fait son lit dans des situations préexistantes, des situations d’exclusion ».
Paris sans sida : un catalyseur d’énergie
Eve Plenel le stipule bien : Paris sans Sida n’est pas une énième association de lutte contre le sida, celles existantes faisant déjà un travail incroyable sur le terrain : «Nous sommes un catalyseur pour toutes ces énergies. Il aide à mettre en cohérence ce que beaucoup d’acteurs faisaient déjà avant. Il y a plus d’une trentaine d’associations à Paris qui interviennent depuis 30 ans ».
L’organisme s’articule autour de deux fonctions : faire, à une échelle locale, toute la communication sur la sexualité, à travers des campagnes de dépistage, et faire avancer l’innovation dans le domaine de la santé pour trouver des solutions qui simplifieraient la vies des gens. Il n’est jamais évident de parler de sexualité à son médecin, d’expliquer sa situation… Aujourd’hui diverses solutions de dépistage existent. Un auto-test, qu’il est possible d’acheter à la pharmacie, est, par exemple, utilisable depuis chez vous.
Aussi il est important de noter que, depuis le 1er janvier 2016, la France est le premier pays à autoriser et à rembourser la PrEP. Ce traitement antirétroviral est à prendre avant les rapports sexuels, en prévention d’une potentielle contamination. Mais attention, il faut tout de même rester vigilant, il ne remplace en rien l’usage d’un préservatif pour toutes les autres maladies sexuellement transmissibles. « Une des problématiques que nous souhaitions aussi faire comprendre à la population est qu’une personne « séro » une fois qu’elle prend son traitement ne transmet plus le VIH. L’intérêt est donc aussi de réduire la période où les personnes ne savent pas qu’elles sont séropositives » ajoute Eve Plenel.
Des programmes dans d’autres grandes villes françaises
Si Paris sans sida, comme son nom l’indique, s’intéresse surtout à une lutte à l’échelle parisienne, d’autres programmes équivalents existent aussi à Bordeaux ou encore à Lyon. Depuis le 1er janvier il est même possible de se faire dépister à Nice comme à Paris, ce qui marque une avancée importante pour l’organisme, qui étend aussi à présent ses actions à la Seine Saint Denis, deuxième territoire le plus touché de l’île de France. Ces avancées sont possibles grâce à un travail d’équipe entre les différentes associations et différents acteurs. « Il y a une plateforme qui se rassemble trois fois par an pour discuter de la lutte. Des associations de lutte contre le sida sont présentes mais aussi des pharmaciens, des médecins généralistes … » confirme Eve Plenel.
Et alors, qu’en est-il de la propagation du VIH aujourd’hui ? Le 27 novembre, Le Monde a sorti un article qui a annoncé un véritable « échec » dans la lutte contre le sida. Eve Plenel contredit complètement cette attestation : « Il n’est pas vrai de dire qu’il y a une stabilité du taux de séropositivité dans notre pays. Le nombre de personnes contaminées en France a beaucoup baissé et encore plus à Paris ».
Paris sans Sida sera bien évidemment présent dans ce weekend de lutte. Plus de 70 événements de préventions et de dépistages seront organisées au quatre coins de Paris. Vous pouvez les suivre sur les différents réseaux sociaux pour être informé des évènements à venir.
Plusieurs dispositifs sont employés par l’organisme… Dont certains sont surprenants ! Dr Naked fait partie de ces moyens de prévention et est une vraie star sur les réseaux sociaux. Nu sous sa blouse blanche, il fait de la concurrence à tous les doctors Mamour. Un personnage si peu vêtu pour un message qui n’en demeure pas moins fort. Au cours de ses vidéos, qui ne dure pas plus de 3 min, le mannequin Armando Santos sensibilise et informe sur les techniques de prévention. « Dr Naked est né d’un partenariat avec Ornet, qui a progressivement pris son indépendance pour apparaître sur les réseaux sociaux » explique Eve Plenel en stipulant qu’un jeune homme homosexuel sera toujours plus tenter de s’arrêter sur la vidéo d’un bellâtre en blouse blanche que sur une autre avec un bandeau rouge trop sérieuse. Bien sur, ce personnage s’adresse à un certain type de public. D’autres dispositifs existent. Dès le mois de janvier sera lancée la « bonne nouvelle d’Alimata » dédié aux migrants. Pas plus d’informations pour le moment, le projet demeurant encore secret… A suivre.