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source : ANSM

En collaboration avec le réseau national des centres de pharmacovigilance (CRPV), l’ANSM a mis en place une surveillance renforcée des effets indésirables liés à l’utilisation des médicaments chez les patients atteints du COVID-19, en particulier lorsqu’ils sont utilisés en dehors des essais cliniques.

Les CRPV de Dijon et de Nice assurent ce suivi dans le cadre de deux enquêtes de pharmacovigilance. Les données de ces enquêtes sont discutées de façon hebdomadaire au sein d’un comité spécifique de l’ANSM, afin d’identifier des signaux potentiels, d’envisager les mesures à prendre et d’alerter, le cas échéant, les professionnels de santé et les patients.

Dans un point d’information du 10 avril de l’ANSM, un premier bilan des effets indésirables des médicaments utilisés dans le traitement du COVID-19 a montré que les risques, notamment cardio-vasculaires associés à l’hydroxychloroquine seule ou en association (notamment avec l’azithromycine) sont bien présents et potentiellement augmentés chez les malades du COVID-19.

 

source : vidal

Connaître l’efficacité protectrice et la persistance des anticorps neutralisants produits en réaction à l’infection par le SARS-CoV-2 est un élément-clé pour prédire l’évolution de la pandémie de COVID-19 dans les mois et les années à venir.
Les données dont nous disposons concernant le SARS-CoV-2 sont certes préliminaires, mais elles sont, pour l’instant, parfaitement en ligne avec les informations acquises lors de l’étude des autres coronavirus humains : ceux responsables de 15 à 20 % des rhumes (229E, OC43 ou HKU1, par exemple), SARS-CoV-1 et MERS-CoV.
En bref, des anticorps neutralisants (IgG, IgM et IgA) apparaissent dès la 2e semaine après l’apparition des symptômes, pour une durée allant de 1 à 3 ans selon le coronavirus étudié (et probablement selon la sévérité de l’infection initiale). Tant que leur taux sanguin est significatif, ces anticorps semblent efficaces pour prévenir (ou atténuer) une éventuelle réinfection. Un certain degré d’immunité croisée existe entre ces virus, qui devra être intégrée dans les modélisations.
Il faudra cependant attendre encore des mois pour acquérir des certitudes quant à la persistance des anticorps dirigés contre le SARS-CoV-2.
Néanmoins, il est d’ores et déjà possible de modéliser l’évolution de la pandémie, en s’appuyant sur les connaissances acquises avec les autres coronavirus et les évidences actuelles sur le SARS-CoV-2.

Des anticorps neutralisants apparaissent dès la 2e semaine après l’apparition des symptômes, pour une durée allant de 1 à 3 ans selon le coronavirus étudié (illustration).

Pour parvenir à modéliser l’évolution de la pandémie de COVID-19 dans les mois et les années à venir, pour adopter les mesures de contrôle les plus efficaces, mais aussi pour anticiper les périodes d’éventuelle résurgence de cette pandémie, il est nécessaire de prendre en compte plusieurs paramètres. Parmi ceux-ci, la durée de l’immunité induite par la maladie et son efficacité à empêcher (ou atténuer) une réinfection sont des éléments essentiels à cerner.
Concernant la durée de l’immunité après un épisode de COVID-19, le Pr Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique COVID-19, a récemment déclaré à un quotidien italien : « Nous avons remarqué que la durée de vie des anticorps protecteurs contre la COVID-19 est très courte. Et nous constatons de plus en plus de cas de récidives chez des personnes qui ont déjà eu une première infection. »
Pour en savoir plus sur cette question, voici ce que disent les études concernant les coronavirus humains en général et le SARS-CoV-2 en particulier.

La dynamique sérologique des épidémies de rhumes à coronavirus
Les coronavirus humains (HCoV) sont responsables d’environ 15 à 20 % des rhumes en région tempérée. Quatre de ces HCoV sont régulièrement étudiés : 229E, NL63, OC43 et HKU1 (les deux derniers sont des bêtacoronavirus, comme les SARS-CoV et le MERS-CoV). Leur prévalence est importante. Par exemple, une étude sérologique menée à Baltimore en 2008 (196 adultes, 10 enfants) a mis en évidence une séropositivité chez, respectivement, 91,3 %, 91,8 %, 90,8 % et 59,2 % des participants.
Une étude menée sur des souches d’OC43 et publiée en 1984 a montré qu’une inoculation volontaire de sujets séronégatifs entraîne une immunité complète vers la même souche pendant au moins 1 an. L’immunité était partielle (mais significative) contre des souches voisines pendant la même durée. Les auteurs suggèrent, à partir de données épidémiologiques, que la durée de l’immunité humorale contre OC43 est d’environ 2 ans, ce qui expliquerait que des épidémies de rhume à OC43 surviennent tous les 2 à 3 ans aux États-Unis. Comme pour OC43, l’immunité humorale contre HKU1 semble durer environ 2 ans.
La dynamique sérologique des rhumes à 229E est également connue. Dans une étude datant de 1990, 15 volontaires ont été inoculés avec 229E. Elle a montré que l’infection était possible uniquement chez les 10 volontaires ayant des taux très bas d’anticorps neutralisants avant l’inoculation (8 d’entre eux ont présenté des symptômes). Les taux d’anticorps neutralisants ont augmenté dès la première semaine post-inoculation, ont atteint un pic à 2 semaines puis ont diminué pendant 12 semaines. Un an plus tard, des anticorps spécifiques étaient encore faiblement présents, en quantité insuffisante pour prévenir une réinfection avec production de virus (mais sans symptômes).

La dynamique sérologique du SRAS
Concernant le SARS-CoV-1 (le coronavirus humain le plus proche de celui de la COVID-19), une étude de 2005 portant sur 347 patients et une étude de 2006 portant sur 18 patients ont montré que les IgG étaient détectables en moyenne 2 semaines après le début des symptômes, avec un pic après 2 mois. Ces taux élevés sont restés présents pendant 6 mois, puis ont diminué progressivement (demi-vie médiane : 6,4 semaines) pour devenir indétectables 2 ans après la maladie. Les IgM sont, elles, devenues indétectables 6 mois après la maladie.
Huit ans après l’infection, une étude portant sur une vingtaine de patients a montré une disparition complète des anticorps neutralisants spécifiques, mais aussi des lymphocytes B mémoire responsables de leur synthèse.
Par ailleurs, les patients ayant souffert de formes sévères du SRAS semblent développer des taux sanguins d’anticorps neutralisants plus élevés pendant la maladie, mais moins durables que ceux observés chez des patients atteints de formes bénignes. Ceux chez qui les anticorps apparaissaient rapidement (moins de 2 semaines après le début de la maladie) avaient un moins bon pronostic (taux de mortalité de 29,6 % contre 7,8 % chez les autres) et étaient plus âgés.
Signalons enfin que des cas de soignants porteurs du SARS-CoV-1 dans l’oropharynx, et restant néanmoins séronégatifs, ont été signalés, tous asymptomatiques.

La dynamique sérologique du MERS
Dans le cas du MERS-CoV, des anticorps neutralisants spécifiques apparaissent 2 à 3 semaines après le début des symptômes (IgG, IgM et IgA). Contrairement au SRAS, l’apparition rapide des anticorps semble corrélée à un meilleur pronostic, même si leur apparition tardive aboutit à des taux sanguins plus élevés. Ces taux ne sont pas corrélés avec la rapidité d’élimination du MERS-CoV.
En termes de persistance, des taux significatifs d’anticorps spécifiques ont été mesurés jusqu’à 34 mois après l’infection, ce qui semble en faire le coronavirus humain ayant la plus longue persistance d’anticorps neutralisants. Cette observation est peut-être à mettre en regard avec la plus grande sévérité du MERS (taux de mortalité de 30 % contre 10 % pour le SRAS).

La dynamique sérologique de la COVID-19
Les premières données sérologiques relatives à la COVID-19 (sur 3 patients) ont montré que des anticorps neutralisants (IgG et IgM) apparaissent dès la 2e semaine (médiane 13 jours) après le début des symptômes, dirigés contre la protéine S et le RBD (receptor binding domain) chez les trois patients, et contre l’extrémité N de la protéine S1a chez deux patients.
Une étude taïwanaise menée sur 3 patients (non publiée) a identifié 25 anticorps monoclonaux après COVID-19 : 13 dirigés contre la protéine S et 12 contre la protéine N de la nucléocapside.
Le 6 avril 2020, une étude a été mise en ligne (preprint, sans relecture par un comité) sur la réponse immunitaire humorale pendant la COVID-19, mesurée chez 175 patients (15-85 ans) atteints de formes légères de l’infection.
Dans cette étude, 10 à 15 jours après le début des symptômes, la plupart des malades avaient des anticorps neutralisants (dirigés contre les protéines S1, S2 et le RBD). Environ 30 % des patients n’ont développé que des taux faibles d’anticorps neutralisants, et pour 10 patients, ce taux était en dessous du seuil de détectabilité.
Un point intéressant de ce travail est la différence de réponse immunitaire entre les 15-39 ans, les 40-59 ans et les 60-85 ans. Ces deux derniers groupes avaient des taux sanguins d’anticorps neutralisants significativement plus élevés que les 15-39 ans, mais avaient des taux sanguins de lymphocytes significativement plus faibles. Comme pour le SARS, l’apparition rapide de taux élevés d’anticorps neutralisants semble positivement corrélée à la sévérité de la maladie.
Par manque de recul, on ignore encore la durée de persistance des anticorps neutralisants dans la COVID-19. On ignore également si, comme pour le SRAS, il existe des cas de séronégativité chez des personnes virologiquement identifiées comme porteuses asymptomatiques.

Des données résumées dans le cahier de charges de la HAS
Dans son cahier des charges pour l’évaluation des tests sérologiques, publié le 16 avril 2020, la Haute Autorité de santé résume les connaissances actuelles sur la dynamique sérologique de la COVID-19 : « La production d’IgM débuterait à partir du 5e jour suivant l’apparition des symptômes, deviendrait détectable chez certains patients à partir du 7jour et chez la totalité des patients au cours de la 2e semaine après l’apparition des symptômes. La production des IgG survient légèrement en décalé par rapport celle des IgM, mais peut également être fréquemment quasi concomitante de cette dernière. La production d’IgM et/ou d’IgG est donc détectable chez les patients symptomatiques à partir de la 2e semaine suivant l’apparition des symptômes. Les taux d’anticorps semblent plus élevés pour les cas les plus sévères. […] Il a également été rapporté des cas avec des productions d’anticorps plus tardives, au-delà du 15e jour après l’apparition des symptômes, et jusqu’à 30 jours après l’infection, notamment chez des patients asymptomatiques ou paucisymptomatiques. […] La cinétique de production d’IgM et/ou d’IgG est encore aujourd’hui principalement mal caractérisée chez les patients asymptomatiques ou paucisymptomatiques. […]
Le Centre national de référence de Lyon n’a pas observé de décroissance de production d’anticorps à deux mois après la survenue des symptômes (durée de suivi maximale actuellement disponible pour le CNR).

Existe-t-il des cas de réinfection par SARS-CoV-1 ou MERS-CoV ?
Concernant les HCoV respiratoires humains responsables de rhumes, nous avons vu qu’une réinfection est possible lorsque les taux d’anticorps neutralisants sont faibles, après 1 ou 2 ans selon les virus.
La littérature scientifique ne signale pas de cas documentés de réinfection humaine par SARS-CoV-1, ni par MERS-CoV (mais dans le premier cas, la maladie a rapidement disparu et, dans le second, les clusters sont sporadiques et concernent peu de patients).
Chez l’animal, l’inoculation de souris par SARS-CoV-1 provoque la production d’anticorps neutralisants qui empêchent une réinfection pendant au moins 4 semaines (l’étude n’est pas allée au-delà).
Concernant MERS-CoV, l’inoculation de lapins déclenche la production d’anticorps non neutralisants. Ces lapins peuvent être réinfectés mais, à la suite de cette réinfection, ils développent des anticorps neutralisants et ne peuvent plus être réinfectés une seconde fois, au moins pendant 5 semaines (de nouveau, pas de challenge plus tardif).

Quid d’une possible réinfection par SARS-CoV-2 ?
Une étude menée chez 4 macaques rhésus a montré que la réinfection par SARS-CoV-2 quatre semaines après l’inoculation initiale ne semble pas possible.
Les cas dits « de réinfection » récemment rapportés en Chine, en Corée du Sud et au Japon pourraient se révéler être en fait des cas de persistance du virus dans les voies respiratoires après une disparition transitoire dans l’oropharynx. En effet, plusieurs études ont observé la persistance de SARS-CoV-2 dans les expectorations et les lavages broncho-alvéolaires après sa disparition dans l’oropharynx. C’est le cas, par exemple, d’une étude allemande qui a suivi la présence d’ARN viral et de particules infectantes dans les frottis oropharyngés, les expectorations et les selles de 9 patients.
Il n’existe donc, à l’heure actuelle, aucun cas documenté de réinfection par le SARS-CoV-2, mais plutôt des cas de réapparition du virus dans l’oropharynx (jamais suivis de rechute symptomatique).

Les immunités croisées entre coronavirus humains
Dans la modélisation de l’évolution d’une épidémie à coronavirus, la durée de l’immunité spécifique n’est pas le seul facteur à considérer. Parmi les autres facteurs à prendre en compte figure l’impact de l’immunité croisée entre les divers coronavirus humains.
En effet, des études ont montré diverses immunités croisées. Par exemple :
  • les anticorps dirigés contre OC43 ont une immunité croisée de 70 % avec HKU1 (mais l’inverse est moins vrai) et une modeste immunité croisée avec SARS-CoV-1 ;
  • certains anticorps dirigés contre 229E réagissent avec des protéines de SARS-CoV-1 ;
  • les anticorps dirigés contre SARS-CoV-2 réagissent avec les protéines S et S1 du SARS-CoV-1 et la protéine S du MERS-CoV.
La possibilité d’un certain degré d’immunité croisée entre SARS-CoV-2 et les coronavirus OC43, 229E ou HKU1 ne relève pas de la science-fiction et elle devra être intégrée dans les travaux de modélisation de l’évolution de la pandémie de COVID-19.

En conclusion, les infections à coronavirus humains sont à l’origine d’une immunité humorale protectrice, mais d’une durée variable. Cette revue comparée des dynamiques sérologiques semble pointer vers deux caractéristiques communes à l’ensemble des coronavirus humains sur lesquels nous avons des données :

  • des anticorps neutralisants quasi systématiquement présents et probablement capables d’interférer avec, voire de neutraliser, une réinfection tant que leurs taux sanguins sont significatifs (en synergie avec l’immunité cellulaire) ;
  • une durée de persistance de ces anticorps variable selon le type de coronavirus : 1 ou 2 ans pour les coronavirus des rhumes, 2 ans pour le SARS-CoV-1, au moins 3 ans pour le MERS CoV.
Le temps nous dira où SARS-CoV-2 se place dans ce paysage, tant au niveau de la durée moyenne de persistance des anticorps neutralisants ce virus qu’au niveau de la protection contre une éventuelle réinfection symptomatique.

source : France Asso Santé

La multiplication des pénuries de médicaments dans toute l’Europe a des incidences très graves sur l’état de santé des patients, leur sécurité et la continuité des soins dont ils ont besoin.

L’Alliance européenne pour la santé publique (EPHA, European Public Health Alliance) et France Assos Santé demandent qu’une solution soit rapidement apportée à la crise occasionnée par ces pénuries, au moyen d’une réponse coordonnée de la part des États membres de l’Union Européenne.

Avec la crise du COVID-19, le problème des pénuries de médicaments est devenu plus brûlant encore. Mais la pandémie n’a fait qu’aggraver une urgence sanitaire à laquelle tous les états doivent faire face depuis plusieurs années.

Les organisations font un état des lieux de la nature, de l’ampleur et de l’impact des pénuries de médicaments en Europe, et formule 9 recommandations concrètes pour remédier à la menace préoccupante qu’elles représentent pour la santé, au mépris des frontières.

[1] L’Alliance européenne de santé publique dont France Assos Santé est membre

source : ministère de la santé et des solidarités

Dans la perspective de la sortie progressive du confinement, le ministère annonce que la consigne nationale de déprogrammation des interventions médicales et chirurgicales non urgentes et sans mise en cause du pronostic vital reste en vigueur. Cependant, certaines prises en charge ayant pu être différées deviennent désormais urgentes pour les patients. Ceux-ci, notamment atteints de maladies chroniques, doivent reprendre contact avec leur médecin pour évaluer leur état de santé et poursuivre leurs soins.

Si depuis le 9 avril, la tension exercée sur les services de réanimation a commencé à diminuer grâce aux effets du confinement, l’épidémie continue de progresser, avec de nouvelles hospitalisations quotidiennes à un niveau significatif. C’est pourquoi les interventions chirurgicales non urgentes continueront d’être reportées. Objectif : maintenir la capacité du système de santé à faire face à une éventuelle résurgence épidémique et préserver des stocks suffisants en produits de santé nécessaires à la réanimation.

Pour autant, cette consigne de déprogrammation ne doit pas empêcher les patients qui le nécessitent de continuer à se faire soigner. C’est notamment le cas des personnes vulnérables et des patients souffrant de maladies chroniques, dont la prise en charge doit continuer.

Dans chaque territoire, afin de concilier la poursuite des soins et le maintien des consignes de déprogrammation, une organisation sera mise en place sous la supervision des agences régionales de santé (ARS), en lien avec les professionnels libéraux et hospitaliers (publics comme privés) autour de 3 axes :

- maintenir des capacités de réanimation à un niveau élevé tout en garantissant leur redimensionnement rapide au regard des besoins constatés et de l’urgence potentielle de la situation
- contacter les patients non infectés par le Covid-19 ayant vu leur prise en charge ajournée (et la reprogrammer si nécessaire) ou atteints d’une maladie chronique nécessitant un suivi régulier pour prévenir les pertes de chance et organiser la chaîne de soins, y compris par téléconsultation
- soutenir la reprise, en cabinet, maison et centre de santé ainsi qu’en établissement hospitalier, des consultations, diagnostics et dépistages pour réduire le renoncement aux soins et les pertes de chance. Là-aussi, le recours massif à la télémédecine, prise en charge à 100% par l’assurance maladie durant l’épidémie, doit être encouragé.

Ces lignes directrices seront revues en fonction de l’évolution de l’épidémie et des premières préconisations du dispositif de préparation au déconfinement.

source: seronet

Alors que la France est à l’arrêt, que le confinement affecte la société et son système de santé, les médecins infectiologues français-es n’oublient pas les personnes vivant avec le VIH. Ils savent que les personnes séropositives au VIH sont et seront impactées par cette épidémie. Dans un webinar, trois experts de la prise en charge hospitalière ont fait part des connaissances actuelles, et des recommandations qui en découlent, pour continuer à maintenir une bonne santé globale des personnes vivant avec le VIH.

Suivi médical pendant le confinement

Voici la situation la plus délicate : des personnes séropositives confinées chez elles, avec l’enjeu de la continuité des soins pour le VIH, et l’éventuelle arrivée d’une infection au Covid-19. Durant le webinar diffusé le 7 avril dernier, François Raffi, Gilles Peytavin et Jade Ghosn, trois spécialistes du VIH, ont fait le point. Les recommandations s’adressent à la fois aux cliniciens-nes et aux personnes vivant avec le VIH, mais le focus est fait sur le rôle du médecin. Celui-ci doit d’abord s’assurer que le-la patient-e détient un stock suffisant d’antirétroviraux pendant le confinement, ainsi que la possibilité de lui faire parvenir une ordonnance de renouvellement si besoin. Le médecin peut aussi fournir une ordonnance dérogatoire pour que la personne suivie puisse récupérer trois mois de traitement en une seule fois, si la personne le demande, ce qui limitera les sorties en pharmacie. La personne suivie doit surtout continuer d’être observante à son traitement anti-VIH, signaler tout besoin ou problème de médicament, et évoquer sans délai d’éventuels symptômes respiratoires, pouvant être liés au Covid-19.

Consultation à l’hôpital

Si la consultation était prévue, c’est le rappel des gestes barrières, le port du masque à l’entrée et l’intérêt de réaliser un test de dépistage du Covid-19, si la personne vivant avec le VIH a des vulnérabilités (diabète, surpoids, problèmes cardio-vasculaires) de santé, car elle se trouve alors plus exposée à des risques plus sévères de santé.

Concernant le Covid-19, pour toute personne qui signalerait à son médecin infectiologue des symptômes, c’est au clinicien d’établir le circuit le plus sûr pour un éventuel rendez-vous à l’hôpital, afin d’évaluer le risque et accompagner la prise en charge. Si des symptômes apparaissent (essoufflement, toux, fièvre, etc.), les personnes doivent téléphoner en amont d’une consultation au secrétariat de l’équipe médicale, qui évaluera le risque et surtout dans quel service la personne doit venir et être isolée. À ce moment-là, les médecins identifieront si la personne doit rester à l’hôpital ou rentrer se confiner à son domicile.

Antirétroviraux : pas de switch préventif

Comme déjà dit plus haut, hors de question de stopper son traitement antirétroviral (bi ou trithérapie) ou d’en changer pour un autre qui serait en cours d’évaluation d’efficacité (comme le Kaletra) contre le Covid-19. Si les personnes séropositives sont dans une étude pour un nouveau traitement contre le VIH, il ne doit pas être prévu d’emblée de retourner à l’ancien traitement, mais cette possibilité doit être discutée avec l’équipe de recherche et le-la patiente. La seule cause d’un switch de traitement serait une éventuelle pénurie de médicaments – ce qu’on devra à tout prix éviter en France – mais en dehors de ce contexte, il faut continuer son traitement tel que prescrit par le médecin spécialiste. En l’absence de preuves que les personnes vivant avec le VIH (et sous traitement) sont plus exposées ou à risque de formes plus sévères de Covid-19, telles sont les recommandations américaines ou européennes faites depuis le début de l’épidémie. Pour l’instant !

 

source : france culture

SCIENCES |Chaque jour, Nicolas Martin, producteur de la Méthode Scientifique, fait un point sur l’avancée de la recherche sur le coronavirus. Il revient aujourd’hui sur le lien entre le SARS-CoV2 et le VIH.

Tout part d’un article d’un article du South China Morning Post, en date du 12 avril, avec ce titre : le coronavirus pourrait attaquer le système immunitaire comme le VIH, en ciblant les cellules protectrices, avec ce sous-titre qui indique que les effets du SARS-CoV2 pourraient s’apparenter à ceux du SIDA, ce qui inquiéterait la communauté médicale. Vous imaginez bien que notre sang n’a fait qu’un tour, nous nous sommes donc penchés sur les études qui ont conduit à la rédaction de ce papier.

Il s’agit d’une étude publiée le 7 avril dans la revue Cellular & Molecular Immunology. Que dit-elle ? Tout d’abord, il faut préciser qu’il s’agit d’une étude in vitro – donc en laboratoire. Elle indique que le SARS-CoV2 pourrait infecter les lymphocytes T et induire leur mort cellulaire.

Petit rappel d’immunologie. Les lymphocytes T sont des globules blancs essentiels dans la réponse immunitaire. Une partie d’entre eux, les CD8 sont cytotoxiques, c’est-à-dire qu’ils capturent une cellule infectée par un virus, en perçant leur membrane et en y injectant des produits chimiques  qui détruisent cette cellule. Ils sont donc essentiels à la réponse immunitaire. Le VIH, le virus du SIDA s’attaque précisément à une partie de ces lymphocytes, les CD4, qui servent d’hôte au virus qui se reproduit dans ces cellules, et créent donc une immunodépression, ils fragilisent le système immunitaire, laissant la place à ce qu’on appelle les maladies opportunistes, ces maladies normalement bénignes qui d’un seul coup prennent des proportions énormes, compte tenu de la diminution critique du nombre de ces lymphocytes. C’est l’immunodéficience, le I et le D de SIDA, syndrome d’immunodéficience acquise qui fait que les malades du SIDA ne meurent pas directement du VIH, mais de ces maladies opportunistes associées qui submergent l’organisme.

Des virus qui sont biens différents

Que se passe-t-il avec le SARS-CoV2 ? Pas du tout la même chose. Déjà, il ne s’agit pas de la même catégorie de virus. Le SARS-CoV2 comme vous le savez est un coronavirus, le VIH est un rétrovirus, ce ne sont pas du tout les mêmes mécaniques virales.

Néanmoins, les chercheurs ont constaté ce qu’on appelle une « lymphocytopénie » chez les patients gravement atteints par la Covid-19, c’est à dire une chute du nombre de lymphocytes T.

Tout d’abord, il faut préciser que les lymphocytopénies sont constatées dans nombre de pathologies virales à des stades avancées. On l’a constaté notamment pour les autres pathologies à coronavirus que sont le SRAS et le MERS. Il se produit une sorte d’effondrement immunitaire, mais uniquement dans les cas les plus critiques.

Ainsi, un rapport clinique d’une étude chinoise a mis en lumière le fait que chez les patients les plus atteints, des patients âgés ou en soins intensifs, le nombre de cellule T aurait diminué de façon significative, rapport qui aurait été corroboré par des examens d’autopsie sur plus de 20 patients décédés de la Covid-19 dont le système immunitaire a été presque complètement détruit.

Ce qui est complexe à comprendre, c’est que l’on sait que le SARS-CoV2 se lie aux cellules qui présentent des récepteurs spécifiques, les récepteurs ACE2 dont je vous ai déjà fréquemment parlés. Or les lymphocytes T ne présentent a priori pas ce type de récepteurs. Selon une étude en pré-publication sur le site biorXiv, il serait possible qu’un autre type de récepteur ait permis l’entrée du SARS-CoV2 dans les lymphocytes T, le récepteur CD147 notamment.

Mais à l’inverse du VIH, le SARS-CoV2 ne se sert pas des lymphocytes T comme cellule hôte pour se répliquer, leur infection conduirait à la mort de la cellule, et du virus. D’où l’absence de réaction en chaîne d’immunodépression que l’on peut constater avec le VIH.

Des incertitudes encore présentes

Pourquoi alors cette lymphocytopénie chez certains patients gravement atteints et pas chez l’ensemble des patients infectés par le SARS-CoV2 ? C’est encore malheureusement assez obscur.

Selon Jean-Daniel Lelièvre, immunologiste et chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Henri Mondor à Créteil, que nous avons interrogé, il est certain qu’il n’y a pas d’attaque spécifique des lymphocytes T par le SARS-CoV2. Pourquoi cette lymphocytopénie est-elle constatée dans plusieurs virus respiratoires, et rappelons-le, dans les cas les plus graves ? Il faudra plus d’études pour bien comprendre ces mécanismes d’effondrement immunitaire. Peut-être le rôle des anticorps facilitants – qui au lieu de neutraliser les virus aident leur entrée dans un certain nombre de cellules hôtes comme je vous l’expliquais dans une chronique précédente, serait à prendre en compte. Mais ce qui est sûr, c’est qu’en l’état actuel de nos connaissances, il est tout à fait abusif de comparer l’évolution clinique du SARS-CoV2 avec celui du VIH.

source : Franceassosanté

L’UNAASS, France Assos Santé reste à vos côtés pour cette 4e session de webinaire avec des experts pour vous accompagner et répondre à vos questions

 » Les jeudis de France Assos Santé « 

Vous avez la parole face aux experts.

Ils répondront en direct à vos questions le 23 avril 2020 à 15h !

       Se préparer au déconfinement et anticiper

Ce webinaire  est consacré aux modalités de déconfinement pratiquées dans différents pays,  pour se préparer à en sortir selon le scénario prochainement annoncé.

Partiel ou total, de la Chine à nos portes, nous aborderons notamment les stratégies de dépistages, leur pertinence  dans le cadre du déconfinement, les stratégies d’isolement dont la quarantaine des cas contact, les stratégies de traçage, servitude volontaire  ou tracking des corona-traceurs de Boston à Hong-Kong. …

En partageant les connaissances des intervenants sur l’impact  des modalités de  déconfinement connues à ce jour, France Assos Santé espère que ce webinaire nous aidera à bien aborder les mesures bientôt choisies pour nous tous dans tous nos territoires.

source : komitid

Après l’annulation de l’opération Sidaction fin mars, l’annulation de Solidays inquiète les parlementaires sur le financement, en particulier international, de la lutte contre le sida.

Une quarantaine de députés LREM s’inquiètent du financement cette année de la lutte contre le sida après l’annulation du festival Solidays en raison de l’épidémie de coronavirus, dans un courrier au ministre de la Santé transmis jeudi à la presse.

Le festival de musique parisien, « organisé par l’association Solidarité Sida, constitue un modèle dans le paysage culturel français en ce sens qu’il permet de financer des projets d’associations partenaires engagées dans la lutte contre le VIH-Sida », soulignent ces parlementaires emmenés par Jean-Louis Touraine (Rhône).

En 2019, « l’association avait ainsi apporté les recettes de son édition annuelle en soutien à 108 projets d’aide aux malades du sida, portés par plus de 80 associations dans 22 pays du monde (en particulier dans des pays d’Afrique où les systèmes de santé sont faibles) », soulignent-ils. Quelque 228.000 spectateurs avaient assisté au festival.

Pertes de financement

Les pertes de financement cette année sont évaluées à trois millions d’euros et Solidarité Sida « compte désormais sur la solidarité des partenaires du festival comme du public pour continuer à soutenir les projets financés et accompagnés ».

Les députés de la majorité signataires sont « inquiets » de l’impact de l’annulation du festival et sont « plus largement soucieux des effets que la crise pourrait avoir sur les actions essentielles des associations et structures d’aide aux malades, que ce soit dans nos territoires ou à l’international ».

Plus tôt, fin mars, c’est le Sidaction qui a dû être annulé.

« Face à ces risques, nous souhaitons que l’engagement public, notamment de l’État, soit total », plaident-ils auprès d’Olivier Véran.

Le festival Solidays, qui était prévu du 19 au 21 juin, a été annulé lundi en raison du coronavirus. « Plus de 65 % de la billetterie était déjà vendue », avait indiqué à l’AFP son fondateur Luc Barruet.

source : seronet

Le Conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a approuvé (9 avril) un nouveau dispositif de riposte destiné à aider les pays à lutter contre le Covid-19 et à atténuer son impact sur les programmes de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme et sur les systèmes de santé, doublant ainsi les fonds disponibles, qui s’élèvent désormais à un milliard de dollars, indique un communiqué. Concrètement, le dispositif de riposte au Covid-19 autorise un financement à hauteur de 500 millions de dollars, qui vient s’ajouter aux 500 millions sous forme d’assouplissements des subventions annoncés par le Fonds mondial le 4 mars et déjà mis en œuvre par 54 pays. « Il est absolument crucial d’agir rapidement, à la fois pour protéger la population aujourd’hui et pour maintenir les programmes vitaux de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme », a expliqué Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial. « Nous sommes confrontés à un défi monumental, face auquel nous devons travailler ensemble comme jamais auparavant. C’est non seulement la stratégie la plus juste, mais également la plus judicieuse. Nous devons unir nos forces pour mener cette bataille. » Plusieurs membres du Conseil d’administration ont souligné l’importance de lever les obstacles liés aux droits humains et au genre en matière de soins de santé et du rôle des communautés, ces deux facteurs étant essentiels pour une riposte efficace. Tout comme le VIH, la tuberculose et le paludisme, le Covid-19 frappera de manière disproportionnée les plus démunis-es, les plus marginalisés-es et les plus vulnérables.

source : Libération

Né en Iran, le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat et membre du conseil scientifique se remet du coronavirus.

C’était un sentiment étrange d’entendre, en cette fin de semaine, la voix du professeur Yazdan Yazdanpanah, d’ordinaire si claire et si souriante, pour une fois chevrotante, s’essoufflant, vous dire : «Ça va. Ça va beaucoup mieux. J’ai juste, là, besoin d’un litre d’oxygène. Il y a eu des moments un peu difficiles. La semaine prochaine, j’espère sortir.» Yazdan – comme tout le monde l’appelle – est infecté par le Covid-19. Et le voilà hospitalisé dans son propre service, celui des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat, dans le nord de Paris. «J’ai hésité, je ne voulais pas que cela les gêne, mais dans mon service je suis un peu chez moi. J’avais besoin d’un peu de chaleur, d’un peu d’amour. Et j’étais sûr d’en trouver là», nous raconte-t-il.

Le voilà en retrait, lui qui est d’habitude en première ligne, membre du conseil scientifique d’Emmanuel Macron. Lui qui, depuis vingt ans, traque les nouveaux virus. Lui qui, un jour de garde en avril 2013 au CHU de Lille, a reçu le tout premier malade en France atteint du Sras. Lui, devenu depuis la référence en matière de clinique et de recherche. Et voilà que cette satanée infection à coronavirus a dû le contraindre à changer de bord. Etre là, cloué au lit de son hôpital. «Je ne m’imaginais pas tomber malade», avoue-t-il, dans un sourire.

Yazdan ne change pas. Il est cette personnalité chaleureuse que l’on connaît depuis des années. Il vous regarde, comme amusé, et renvoie à son interlocuteur cette certitude que l’on va s’en sortir. A 55 ans, il fait partie de cette seconde génération d’infectiologues post-sida, qui a vu le grand retour des maladies infectieuses. «C’est un grand chercheur, il aime travailler en collectif. Mais c’est d’abord quelqu’un qui est proche des malades», insiste le professeur Yves Mouton qui fut son mentor. «C’est mon fils spirituel, poursuit le professeur Jean-François Delfraissy, qui préside le conseil scientifique. Je l’aime beaucoup.» Précisant aussitôt : «Ce sont des mots que j’emploie rarement». De fait, Yazdan a un défaut : il est apprécié. Est-ce en raison de cet humour à fleur de mots ? Cette façon d’être poli avant toute chose, comme un préalable posé aux relations humaines ?

De sa chambre d’hospitalisation, que voit-il ? Un périphérique désert, une ville à l’arrêt, un hôpital en ébullition. Nous sommes, en tout cas, à des années-lumière de Chiraz, cette ville historique plantée au centre de l’Iran où il est né, dans une famille solide, père ingénieur des ponts et chaussées. Son enfance est alors simple et heureuse. «Pourquoi je viens en France ? Nous sommes en 1980, mes parents sont francophones, en Iran les écoles sont fermées, la guerre va commencer avec l’Irak. Et on m’envoie dans un internat dans le sud de la France, à Sophia-Antipolis.» Ses parents viendront quelques années plus tard s’installer à Nice où, changement de statut, ils ouvriront un petit commerce d’alimentation.

Yazdan n’a pas de mauvais souvenirs. Il se crée vite une famille. Il est travailleur : c’est sa force. Médecine à Montpellier, puis, reçu à l’internat, il hésite entre Lille et Marseille, et choisit la première. «Lille, c’est ma ville, j’ai beaucoup aimé cette ville.» Au début, la psychiatrie le tente, mais en faisant son service national au Sénégal, il découvre les maladies tropicales. «En 1993, il y avait une épidémie de bilharziose dans la vallée du fleuve Sénégal. C’est là que ma vocation est née, on cherchait un vaccin.» Il revient au service des maladies infectieuses du CHU de Lille, chez le professeur Yves Mouton. «Il m’a beaucoup aidé, c’était un chef de service impressionnant, et il m’a considéré comme un fils», raconte-t-il. Celui-ci le convainc de rejoindre la prestigieuse Ecole de santé publique de Harvard, où pendant deux ans il va travailler sur les évaluations économiques des politiques de santé. Professeur, puis chef de service à Lille au départ de Mouton, il est nommé à Bichat dans ce service chargé d’accueillir les malades atteints de virus inconnus ou émergents. Tout y est prêt, avec ces chambres spéciales, ces systèmes d’aération particuliers et une formation régulière pour tout le personnel. C’est là que Yazdan impose sa marque. «Je travaille beaucoup, je ne suis pas un grand savant, mais je suis pragmatique, avec juste un peu de clairvoyance.» Et il ajoute, joliment : «J’aime le fait de travailler ensemble.»

Bref, voilà un parcours parfait, impressionnant même. Logiquement, en 2016, il devait être nommé à la direction de l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS) pour remplacer Delfraissy qui partait, lui, présider le Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Gros grain de sable, sa nomination est bloquée en raison de ses liens d’intérêts avec plusieurs laboratoires pharmaceutiques. «Cette question n’est pas simple, explique-t-il. Travailler avec l’industrie est utile. Cela permet d’être au courant, de monter des essais, de rencontrer des gens de haut niveau. Mais ce mélange est complexe. Depuis 2017, j’ai tout arrêté. Je n’ai plus aucun lien, c’est plus clair et plus simple ainsi.» Il reste à Bichat et multiplie les recherches. Il va faire face au Mers, puis à Ebola, puis au Covid-19 qui débarque comme une tempête imprévue. «Personne n’imaginait que cela serait aussi grave. C’est une saloperie», lâche-t-il.

Au début de l’épidémie, il ne s’est pas trop inquiété. Certains lui reprocheront des propos par trop rassurants. Tout a basculé à l’arrivée à Bichat des cas de l’Oise, puis de l’Est. Puis l’exemple de l’Italie. «On a été sidérés.» Les raisons de cette méprise ? «On a trop cru que c’était comme avec les autres coronavirus. Cela nous a trompés. Or il y avait une différence majeure : la proportion d’asymptomatiques. Ils étaient contagieux, et c’est cela qui a fait la bascule.» Depuis, cet hyperactif s’impatiente, impressionné par ce virus qui n’en finit pas de nous échapper. «On avance très vite sur la prise en charge des traitements pour éviter l’aggravation des patients», dit-il.

On l’imagine dans sa chambre d’hôpital, inquiet mais combatif, attentif aussi, répondant à des centaines de mails. Dans quelques jours, il espère entrevoir, par la fenêtre, sa femme. Originaire de Carcassonne, elle travaille dans un club d’équitation pour enfants autistes. Et voir ses deux enfants, une fille de 17 ans qui devait passer le bac, et un garçon de 13 ans, adopté, d’origine africaine. Yazdan Yazdanpanah est ainsi, homme de l’Orient. Il adore la mer et le vent. Se dit farouche partisan de l’OM. «La chose qui me déprime, c’est quand l’OM perd», avoue-t-il. La suite ? «Cela va être long, mais on y arrivera»,lâche-t-il dans un défi qui ressemble à sa vie.


1965 Naissance.