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Source : LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN

Le gouvernement s’est engagé hier à accélérer la mise à disposition du stock d’État de vaccins antigrippaux, initialement prévue pour la fin du mois de novembre. Une première livraison pourrait avoir lieu la semaine prochaine. La FSPF estime avoir été entendue face aux fortes tensions d’approvisionnement en vaccins contre la grippe

Lors d’une réunion hier après-midi avec la Direction générale de la santé (DGS), la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et de l’assurance-maladie, les syndicats et l’Ordre des pharmaciens ont obtenu un engagement quant à la mise à disposition rapide des vaccins grippe du stock d’État. « Nous nous sommes d’abord émus des propos du ministre concernant 18 % des officines en pénurie de vaccins grippe, ce qui ne correspond absolument à la réalité. Il est au contraire nécessaire que le ministre modifie sa communication vers les Français et prévienne qu’il n’y en aura pas pour tout le monde. La priorisation pour les patients fragiles doit devenir absolue, et non s’arrêter au 1er décembre comme envisagée », explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

La question des pénuries posée, le gouvernement a accepté d’accélérer la mise à disposition du stock d’État dont la première livraison pourrait même avoir lieu dès la semaine prochaine si la logistique le permet. Ce stock, d’environ 1,5 million de doses, sera acheminé de façon séquentielle vers les pharmacies jusqu’à la fin du mois de décembre.

Il comprend trois types de vaccins contre la grippe :

• le vaccin haute dose de Sanofi (Fluzone HD, équivalent américain d’Efluelda qui n’est pas encore commercialisé en France) réservé aux personnes de 65 ans et plus, dont la première livraison sera destinée aux résidents des EHPAD, et que le pharmacien est autorisé à administrer lui-même. Ces vaccins sont conditionnés par boîte de 10, il conviendra donc de les déconditionner et reconditionner pour les dispenser.

• les vaccins « habituels » mais initialement destinés à d’autres marchés européens, qui devront donc être dispensés avec une notice en français lorsqu’ils ne seront pas administrés par le pharmacien.

• le vaccin nasal d’AstraZeneca, Fluenz Tetra, réservé aux enfants, que les pharmaciens pourront dispenser mais pas administrer.

Un arrêté doit être publié la semaine prochaine pour détailler la méthode de déconditionnement et reconditionnement à appliquer pour les vaccins conditionnés en boîte de 10. Les modalités de facturation pour ces vaccins du stock État ne sont pas encore connues et doivent faire l’objet d’une nouvelle réunion.

Source : VIH.ORG

Les résultats de l’étude HPTN 084 confirment la très grande efficacité de la Prep en version injectable (cabotegravir), chez les femmes africaines cette fois.

En effet, dans l’étude lancée en novembre 2017, le cabotégravir à action prolongée (ViiV Healthcare), injecté toutes les huit semaines, s’est avéré à 89% plus efficace que la Prep quotidienne sous forme de cachets (fumarate de ténofovir disoproxil / emtricitabine) pour prévenir l’infection par le VIH.

Quatre infections par le VIH ont été recensées parmi les femmes ayant reçu l’injection, contre 34 chez celles qui prenaient tous les jours un comprimé. Le risque de contamination était donc neuf fois inférieur avec le cabotegravir.

Les deux formes de Prep ont néanmoins toutes deux confirmé leur très grande efficacité au cours de la phase III de l’essai en double aveugle, qui comprenait 3223 femmes âgées de 18 à 45 ans exposées face au VIH et vivant dans sept pays d’Afrique subsaharienne (Botswana, Kenya, Malawi, Afrique du Sud, Eswatini, Ouganda et Zimbabwe).

Suite aux très bons résultats de cette analyse intermédiaire, le comité indépendant de surveillance de la sécurité et des données de l’essai a recommandé que toutes les participantes de l’étude puissent savoir quels médicaments elles avaient reçu jusqu’à présent et que celles sous Prep orale puissent avoir accès aux injections de cabotégravir.

Pour lire la suite de l’article, rendez-vous sur le site : VIH.ORG

Source : TAHITI INFOS

Karel Luciani, nouveau président de l’association Agir contre le sida, souhaite décliner le mouvement du Patchwork des noms en Polynésie. L’association présentera ses premiers patchworks polynésiens lors de la journée mondiale du sida le 1er décembre. Elle invite toute personne concernée à réaliser son patchwork.

Il a pris la présidence d’Agir contre le sida en janvier 2020. Karel Luciani, depuis, dynamise cette association endormie ces dernières années.

À quelques semaines de la journée mondiale de lutte contre le sida qui a lieu le 1er décembre, il annonce le lancement du Patchwork des noms en Polynésie. Il espère, par ce biais, « rendre hommage aux victimes du sida en Polynésie », mais également « sensibiliser » le plus grand nombre.

Il aimerait pouvoir lever les tabous liés à la maladie en général, au sida en particulier. Car, en 2020, grâce à l’évolution des traitements, il ne devrait plus y avoir de décès des suites du sida. Karel Luciani et son association visent le « zéro infection, zéro discrimination, zéro décès ».

 

Une action mondiale

Le Patchwork des noms est une initiative qui se décline dans de très nombreux pays partout dans le monde.Elle est née aux États-Unis à la fin des années 1980 et consiste à réaliser pour chaque victime un patchwork de pièces textiles.

Ces pièces sont cousues en un rectangle de 1,80 m par 90 cm qui rappelle la taille d’un cercueil.

A la fin des années 1980, les personnes décédées des suites du sida ne bénéficiaient pas de funérailles à cause de la stigmatisation sociale et du refus de certains salons funéraires et cimetières de s’occuper de leur corps.

Le patchwork est devenu une occasion pour les proches de commémorer les êtres disparus. La toute première manifestation du patchwork des noms a assemblé huit rectangles pour former une unité de 3,60 x 3,60 m.

Depuis, l’exposition de ces réalisations donne naissance à une œuvre géante. Elle est considérée comme la plus grande œuvre populaire du monde.

« Ce projet représente à la fois la mémoire de tous ceux qui ne sont pas avec nous aujourd’hui et l’espoir d’une nouvelle génération en combinant nos efforts pour en finir avec l’épidémie sida », dit Vinay P. Saldanha, directeur de l’équipe de l’Onusida d’appui aux régions pour l’Europe de l’est et l’Asie centrale.

Ce concept résonne en Polynésie « où les tifaifai font partie de la culture », compare Karel Luciani. « Le patchwork des noms a donc du sens chez nous. »

L’association Agir contre le sida va réaliser au moins un patchwork avec le ruban rouge et un ou plusieurs autres, selon ses moyens, qui rendront hommage à toutes les victimes polynésiennes.

Elle invite les proches concernés mais également toute personne sensible au sujet à participer à cette initiative en fournissant des morceaux de tissus ou bien en réalisant leur propre œuvre. Ce projet a pour marraine Maire Bopp-Dupont qui a longtemps été la présidente d’Agir contre le sida.

Tabous et déni

Polynésien, Karel Luciani, 54 ans, a vécu pendant vingt-ans aux Fidji, en Nouvelle-Calédonie. Après des études en biologie, il a travaillé par exemple comme chargé de développement de la pêche et de l’aquaculture pour la Communauté du Pacifique sud (CPS).

« Je suis homosexuel et suis concerné par la question du sida depuis toujours car cette maladie est très associé à l’homosexualité. » Tout de suite, autour de lui, il a relevé les tabous, le déni, les non-dits. « Il fallait que je fasse quelque chose. »

Il est militant pour les droits LGBTQ+. Dès 1997, il s’est rapproché de l’association Homosphère en Nouvelle-Calédonie.

En Polynésie, il a pris la présidence de l’association Cousins Cousines de Tahiti en octobre 2018. Il est également vice-président de l’organisation régionale Alliance LGBT+ Franco-Océanienne et représentant auprès de l’Association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexuels (ILGA).

Il est aussi à l’International indigenous working group on HIV & AIDS. Il insiste : « aujourd’hui on peut bien vivre avec le sida ».

4 morts depuis 2018

Entre 1985 et 2020, 420 cas d’infections ont été enregistrées, 92 d’entre elles sont décédées, 105 sont au stade sida. En 2018, un homme de 66 ans est décédé, en 2019, c’est une femme de 32 ans et en 2020, un homme de 57 ans et un autre de 23 ans.

Pour le docteur Lam Nguyen, médecin conseil de l’association, la femme de 32 ans et l’homme de 23 ans n’avaient « aucune raison de mourir ». En effet, une personne infectée qui suit correctement son traitement ne voit pas la maladie évoluer.

Sida, comprendre la maladie

Le VIH est le virus dit virus de l’immunodéficience humaine. Ce virus, une fois dans l’organisme, attaque petit à petit certaines cellules qui coordonnent l’immunité. L’immunité est la défense de l’organisme contre les microbes. Les cellules visées par le VIH sont les CD4 (ou T4).Au fil du temps et en l’absence de traitement efficace, les CD4 peuvent devenir de moins en moins nombreuses. Dans ce cas l’immunité est moins efficace. Des maladies de plus en plus graves peuvent alors se développer. Certaines maladies sont appelées les maladies opportunistes parce qu’elles profitent de la diminution de l’immunité pour se développer. Lorsqu’une personne a une ou plusieurs maladies de ce type, on dit qu’elle a le Sida.

Une fois infecté, l’organisme ne peut pas éliminer complètement le VIH.

Le VIH met en général plusieurs années avant de détruire les défenses immunitaires.
Quand une personne a le sida c’est qu’elle est déjà forcément infectée par le VIH. Mais toutes les personnes infectées par le VIH ne développent pas forcément le SIDA.

On peut être séropositif pendant des années tout en se sentant en très bonne santé.

Le fait d’être infecté par le VIH ou d’avoir le sida ne se voit pas en dehors d’examens spécifiques. Seul un test de dépistage du VIH permet de savoir si on est porteur ou non de ce virus.
Les traitements actuels contre le VIH ont plusieurs objectifs :

– empêcher que l’infection par le VIH évolue vers le sida,
– soigner les personnes qui ont développé le sida,
– empêcher la transmission du VIH à une personne qui n’est pas infectée. Cette stratégie s’appelle le TasP.

Source : Sida info service.

 

Source : JIM

Toutes les personnes infectées par le VIH, avec une virémie détectable, doivent débuter le plus rapidement possible après leur diagnostic, un traitement antirétroviral (ART) et ce, quel que soit leur taux de CD4. Des données récentes ont démontré l’intérêt de la combinaison dolutégravir/lamuvidine en traitement initial, ainsi que celui des nouveaux protocoles avec des ART de longue durée d’action, administrables toutes les 4, voire toutes les 8 semaines. L’efficacité des ART a permis à nombre de patients d’avoir une espérance de vie quasi normale et, de fait, le nombre de sujets séropositifs de plus de 50 ans a considérablement augmenté.

Un comité international d’experts dans la prise en charge de l’infection à VIH a été mandaté par l’International Antiviral Society (antérieurement AIDS-USA) pour faire le point sur différents aspects portant sur la recherche, la thérapeutique, les aspects financiers et autres de la maladie, en se basant sur les articles parus sur ces thèmes dans Pub Med et EMBASE entre Janvier 2018 à Aout 2020, le but étant d’actualiser ainsi les recommandations de 2018. Les adultes de plus de 18 ans, à risque ou porteurs d’une infection par VIH étaient ici plus particulièrement ciblés.

Début du traitement le plus rapidement possible

La date de début du traitement n’a guère changé. Il doit être démarré dès que possible après le diagnostic, voire même immédiatement après ou lors de la première visite suivant l’annonce de la séropositivité. En cas d’infection opportuniste, il doit suivre de 2 semaines la date de début du traitement de cette infection. Toutefois, en cas de tuberculose avec un taux de CD4 effondré, à moins de 50/µL, la mise en route doit être différée, dans les 2 à 8 semaines suivant le début du traitement antituberculeux. Il en va de même en cas de méningite tuberculeuse ou cryptococcique. En cas de tuberculose active traitée par rifampicine, le bictegrevir n’est pas recommandé et l’on doit plutôt recourir à une association dolutégravir, éfavirenz ou raltégravir en combinaison à 2 inhibiteurs nucléosidiques transcriptase inverse.
En cas d’utilisation d’un inhibiteur de protéase, la rifabutine doit, dans la mesure du possible, être substituée à la rifampicine. Dans l’hypothèse d’un cancer en évolution, le traitement doit aussi débuter sans délai, en tenant compte cependant des possibles interactions médicamenteuses.

Cette stratégie est dénommée ART rapide, ART immédiat ou ART le jour même. Trois essais cliniques randomisés conduits en Afrique du Sud et en Haïti ont amplement démontré qu’une rapide initiation de l’ART était associée à un taux élevé de suppression virale.

Le protocole ART idéal doit, en théorie, entrainer un taux maximal de suppression du virus, avoir une toxicité réduite, comporter un nombre faible de comprimés à ingérer quotidiennement et comprendre peu d’interactions médicamenteuses. Il peut s’agir d’une combinaison bictegrevir/ ténofovir alafenamide/ emtricitabine, de l’association dolutégravir/ ténofovir ou, avec réserve de dolutégravir/ lamuvidine. De façon générale, le recours à une utilisation préférentielle de dolutégravir, ou de bictegrevir est préconisé du fait de leur grande efficacité, leur tolérance, le nombre faible d’interactions et leur haute barrière à l’apparition de résistances secondaires.
Durant une grossesse, plusieurs protocoles sont disponibles tels atazanavir/ritonavir, darunavir/ritonavir, dolutégravir, éfavirenz…La combinaison dolutégravir/ténofovir emtricitabine est une option sure quand doit démarrer une grossesse.
Sur un autre plan, la mise en route d’ un ART amène souvent à une prise pondérale, liée à réduction de l’inflammation, du catabolisme et de l’anorexie propre à l’infection par le VIH, pouvant conduire à une obésité patente. A ce jour, on ne peut qu’en informer les patients et leur suggérer de modifier leur alimentation et leur style de vie.

Quand des modifications du traitement sont nécessaires

Bien souvent est posé le problème de savoir quand et comment modifier un traitement, soit dans le but de simplification, soit en cas d’effets toxiques, d’interactions médicamenteuses ou de considérations économiques. Il est alors recommandé de doser la charge virale un mois avant le changement éventuel. Si le malade avait atteint un stade de suppression virale, avec charge nulle, le ténofovir alafénamide ou le ténofovir disoproxil fumarate doivent être maintenus. Chez un patient sous inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (nRTI) avec mutations, le changement vers des molécules exposant à une moindre résistance génétique, de type inhibiteur non nucléosidique (nnRTI)ou raltégravir n’est pas recommandé. En cas de modification rendue nécessaire par un échec thérapeutique (défini par un taux d’ARN viral > 200 copies/mL), il est fondamental de tester au préalable les résistances du virus L’ajout d’une nouvelle molécule au régime antérieur n’est pas recommandé et l’association dolutégravir à 2 nRTI ou à d’un inhibiteur boosté de protéase à 2 nRTI est préférable. Dans l’hypothèse de résistances multisites, de nouvelles molécules sont à utiliser, type fostemsavir ou ibalizumab associés à, au moins, une molécule restée active. L’ajustement peut être aussi le fait de pathologies concomitantes. Lors de la prise de ténofovir disoproxil fumarate peut survenir une tubulopathie proximale obligeant à un changement pour le ténofovir alafénamide ou la combinaison dolutégravir/lamuvidine. En cas de cirrhose, la réduction des enzymes hépatiques cytochrome tend à diminuer le métabolisme de certains antiviraux. Le ténofovir, la lamuvidine, le raltégravir, entre autres, ne nécessitent toutefois pas d’ajustement posologique en cas d’hépatopathie à un stade avancé.

PrEP et PEP

La prévention de l’infection VIH passe par une approche multimodale. Il peut s’agir d’une prophylaxie pré exposition (PrEP) ou post exposition (PEP). La PrEP est recommandée chez tous les sujets à risque. Est alors utilisé le ténofovir disoproxil fumarate / emtricitabine une fois par jour, voire double dose en cas d’homosexualité masculine. Le cabotégravir injectable, toutes les 8 semaines, est proposé pour les hommes agenres ou les femmes transgenres qui ont des rapports sexuels avec des hommes. En préalable doivent être effectués une recherche d’anticorps et une antigénémie VIH ainsi qu’un bilan plus large (créatinémie, diagnostic de l’hépatite B, et si besoin, dépistage d’une gonorrhée, d’une chlamydiose et d’une syphilis). En cours de PrEP, la surveillance doit être régulière, avec notamment recherche itérative des anticorps et antigènes VIH. La PEP est, quant à elle, recommandée idéalement dans les 24, au maximum 72 heures suivant une exposition. Elle doit alors être maintenue 28 jours, comportant un protocole dolutégravir/ bictegravir ou ritonavir/danonavir boosté. Une PEP ne doit pas être mise en route en cas de suspicion de VIH aigu ou primaire en évolution.

Une espérance de vie quasi normale avec des risques de comorbidités

Du fait de l’efficacité des ART, l’espérance de vie des malades VIH+ augmente et se rapproche de celle des patients non VIH. Ils présentent, toutefois, dans leur 5e et 6e décennie, des risques accrus de maladies cardiovasculaires, de néphropathies chroniques, de troubles cognitifs et mentaux, souvent agravés par une solitude et un isolement social. Une attention particulière doit être alors portée sur la polymédication, le renforcement des activités physiques et les conseils nutritionnels. L’appréciation annuelle de la fonction cognitive est aussi utile, dépassé l’âge de 60 ans.
Le coût des ART est à prendre en considération car intervenant dans le succès thérapeutique. Il varie énormément selon les pays.
Plusieurs stratégies sont possibles pour tenter de le réduire : prise de génériques, quand ils existent, fractionnement des co médicaments, programmes à la fois gouvernementaux et issus de l’industrie pharmaceutique.
Le programme 90-90-90, visant à vaincre l’épidémie d’infection à VIH, a été mis en place en 2014 : il a pour ambition que 90 % de la population VIH connaisse son statut, que 90 % d’entre eux soient traités et que 90 % doivent alors, sous traitement, aboutir à une suppression virale. Hélas, à ce jour, ces objectifs ne sont que partiellement atteints, respectivement à 79 % (67-92 %) quant au diagnostic, à 78 % (69- 82) pour l’accès aux soins et à 86 % (72- 92) pour la suppression de la virémie. L’épidémie de Covid-19 est, également, venue compliquer la situation, avec les mêmes mesures à prendre contre ce nouveau virus, VIH ou non VIH et maintien, non modifié de l’ART.

Cet ensemble de recommandations doit faire l’objet de quelques réserves. Il y a, constamment, des avancées thérapeutiques, notamment en matière d’ART de longue durée d’action préventive ou curative. Les recommandations, ici rapportées, issues de Pub Med et d’Embase ne reflètent pas l’intégralité de la littérature médicale. Elles s’appliquent essentiellement aux pays à moyen ou haut niveau de vie.

Dr Pierre Margent

Référence
Saag MS et coll. : Antiretroviral Drugs for Treatment and Prevention of HIV Infection in Adults. Recommandations 2020 of the International antiviral Society-USA Panel. JAMA. 2020 ; 324(16):1651-1669. doi: 10.1001/jama.2020.17025.

Source : SERONET

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné, le 16 octobre dernier, son feu vert à une thérapie anti-VIH par injection de deux antirétroviraux (rilpivirine et cabotégravir) mensuelle ou bimestielle, remplaçant une prise quotidienne de comprimés. Seronet fait le point sur ce nouveau traitement déjà disponible aux États-Unis.

Une efficacité sur le long terme

Le site d’info Aidsmap a réalisé une synthèse des dernières données présentées sur le traitement injectable présentées lors de la récente conférence virtuelle IDweek. L’efficacité de l’association par voie orale, cabotégravir (Vocabria, laboratoire ViiV Healthcare) et rilpivirine (Rekambys, laboratoire Janssen) a été démontrée dans l’étude Latte-1. Les données de Latte-2 ont permis de mettre en place l’évaluation du schéma cabotégravir + rilpivirine  sous sa forme injectable à libération prolongée (une injection intramusculaire toutes les quatre ou huit semaines). L’efficacité de ce schéma de traitement injectable a, par ailleurs, été démontrée dans les essais Flair (personnes n’ayant jamais pris de traitements anti-VIH) et Atlas (personnes ayant déjà pris des traitements anti-VIH).

Lors de la conférence IDWeek, le Dr Graham Smith, de la Fondation pour la recherche Maple Leaf à Toronto, a présenté les résultats des cinq années de l’étude Latte-2. Sur les 274 participants-es initiaux, 93 continuaient de recevoir le traitement par injection une fois par mois et 133, une fois tous les deux mois. Pas moins de 88 % des participants-es qui recevaient le traitement une fois tous les deux mois ont maintenu une charge virale indétectable, contre 74 % dans le groupe qui recevait le traitement une fois par mois. Le taux plus bas dans le groupe par injection mensuelle est attribué à des interruptions de traitement. Parmi les personnes qui sont passées d’un traitement par voie orale à un traitement injectable, 93 % ont maintenu une charge virale indétectable.

Lors de la conférence IDWeek, les résultats de l’essai Polar ont été également présentés. L’étude comprenait 97 participants-es qui avaient en prérequis au moins six années de participation à l’essai Latte-2 et une charge virale indétectable. Sur ces 97 personnes, 90 ont accepté de recevoir la bithérapie cabotegravir et rilpivirine en injection tous les deux mois, tandis que 7 participants-es ont accepté de prendre les mêmes molécules, mais par voie orale en un comprimé par jour (Juluca). Après un an, 98 % des personnes sous traitement injectable et 100 % des personnes sous traitement par voie orale avaient maintenu une charge virale indétectable et aucune n’avait connu d’échec thérapeutique.

Dans toutes les études, le traitement injectable était généralement bien toléré. Des réactions aux points d’injections étaient courantes, mais duraient en moyenne trois jours et menaient rarement à des interruptions de traitement. Une majorité de participants-es ont déclaré préférer le traitement injectable au traitement par voie orale avec un comprimé par jour. Une récente étude menée sous l’égide du laboratoire pharmaceutique ViiV Healthcare explique pourquoi une majorité de personnes vivant avec le VIH aimerait passer en traitement injectable.

L’adhérence et l’effet Covid-19

La Dre Paula Teichner du laboratoire ViiV Healthcare a présenté des données sur l’adhérence (ou observance) et la gestion des interruptions de traitement chez les participants-es des essais Latte-2 et Flair. Dans l’essai Latte-2, sur 9 803 rendez-vous pour des injections, programmés sur cinq ans, 39 % ont bien eu lieu à la date prévue et 96 % ont eu lieu dans une fenêtre autorisée de sept jours avec des résultats similaires que l’injection ait lieu tous les mois ou tous les deux mois. Dans l’essai Flair, sur 6 006 rendez-vous pour des injections programmés sur deux ans, les taux d’adhérence étaient similaires soit respectivement 43 % et 97 %. Sur les deux études combinées, 314 des 354 rendez-vous pour des injections qui n’ont pas eu lieu dans la fenêtre autorisée de sept jours ont eu lieu la semaine qui suivait. Par ailleurs, aucune des 41 injections qui ont eu lieu plus de 14 jours après la date initiale de rendez-vous n’a généré des cas confirmés d’échecs thérapeutiques.

Sur les deux études, 18 personnes ont eu un total de 31 rendez-vous pour des injections manqués. Mise à part une personne, elles ont toutes compensé ces rendez-vous manqués par des prises orales de cabotegravir et rilpivirine en comprimés. Et toutes les personnes qui ont suivi cette stratégie ont conservé une charge virale indétectable, quand elles ont repris les injections. La seule personne qui n’a pas pris de traitement par voie orale suite à une injection manquée (en raison d’une hépatite A) a également maintenu une charge virale indétectable jusqu’à sa prochaine injection quatre semaines plus tard. Par ailleurs, la crise sanitaire liée à la Covid-19 a perturbé le suivi des personnes en traitement injectable. D’après la Dre Maggie Czarnogorski du laboratoire ViiV Healthcare, 7 % des participants-es qui reçoivent des traitements par injection dans le cadre d’essais thérapeutiques ont vu leurs rendez-vous pour des injections affectés par les conséquences de la crise sanitaire (confinement, crainte d’aller à l’hôpital, fermetures de cliniques, personnel soignant mobilisé par la Covid-19, etc.). La majorité des personnes qui n’ont pas pu avoir accès à leur traitement par injection est passée en traitement par voie orale. Cette stratégie semble avoir bien fonctionné puisqu’aucun cas d’échec thérapeutique dû aux conséquences de la crise de la Covid-19 n’a été recensé dans ces études.

Déploiement du traitement

Enfin, la Dre Maggie Czarnogorski a présenté les résultats de l’étude Customize qui a analysé les réactions des professionnels-les de santé sur le traitement injectable aux États-Unis. D’ordinaire, les personnes vivant avec le VIH en charge virale contrôlée voient leurs soignants-es tous les trois ou six mois. Le traitement injectable contraint à un suivi plus rapproché tous les mois ou tous les deux mois et l’injection dans une partie intime du corps (les fesses) exige un niveau de confiance entre la personne et son-sa soignant-e. Dans cette étude, les chercheurs-es ont conduit des entretiens qualitatifs avec huit infectiologues, huit infirmier-ères et huit secrétaires médicaux-les dans huit cliniques américaines, dont des centres universitaires et des centres de suivi pour personnes à faibles revenus. Les entretiens ont eu lieu avant les premières injections administrées aux patients-es et après les quatrièmes séries d’injections.

Dès le départ, une majorité des soignants-es s’attendait à ce que le traitement injectable soit bénéfique à la qualité de vie de leurs patients-es notamment en ce qui concerne l’éventuel stigma autour des boites de comprimés (38 %), la possibilité de voyager sans se soucier de prendre ou d’oublier ses comprimés (31 %) et le fait que les comprimés soient un rappel quotidien du VIH (20 %). Certains-es soignants-es et secrétaires craignaient au départ que le déploiement du traitement injectable vienne perturber l’organisation des cliniques (prises de rendez-vous, emploi du temps des soignants-es et utilisation de l’espace de soins). Après quatre mois de pratique du traitement injectable, la plupart des professionnels-les de santé ont déclaré que leurs inquiétudes initiales étaient tout à fait surmontables. La majorité des équipes (71 %) a rapporté qu’il n’y avait pas eu de changement dans le fonctionnement des cliniques, mais certains-es ont souligné le besoin d’adapter les horaires pour que les rendez-vous pour des injections puissent se faire avant l’ouverture de la clinique ou lors de la pause déjeuner. Presque la moitié les soignants-es (46 %) ont cité le haut niveau d’adhérence des patients-es au traitement injectable et ont déclaré qu’un tel retour positif de leurs patients-es les encourageait à développer cette offre.

La firme pharmaceutique ViiV Healthcare va continuer cette étude à un an de pratique du traitement injectable et a lancé en septembre 2020 : Carisel, une étude similaire chez les professionnels-les de santé qui pratiquent le traitement injectable en Europe.

La recommandation d’autorisation de commercialisation de cette thérapie doit maintenant être approuvée par la Commission européenne avant sa mise sur le marché dans les 27 États membres de l’Union et chaque État va décider pour lui-même des conditions d’accès, du prix et du niveau de remboursement.

Références
Czarnogorski M et al. Summary of Covid-related impact on cabotegravir and rilpivirine long-acting (CAB+RPV LA) dosing across the six ongoing global phase IIb and IIIb clinical trials. IDWeek, abstract LB-8, 2020.
Czarnogorski M et al. Qualitative findings from a hybrid III implementation-effectiveness study to explore perspectives of health-care staff on early implementation of cabotegravir and rilpivirine long acting (CAB+RPV LA) injectable HIV treatment in the US (Customize. IDWeek, abstract 1037, 2020.
Mills A et al. Antiviral activity and safety of long-acting cabotegravir (CAB LA) plus long-acting rilpivirine (RPV LA), administered every 2 months (Q2M), in HIV-positive subjects: results from the Polar study. IDWeek, abstract 116, 2020.
Smith G et al. Safety, efficacy, and durability of long-acting CAB and RPV as maintenance therapy for HIV-1 infection: Latte-2 week 256 results. IDWeek, abstract 638, 2020.
Teichner P et al. Long-term patient adherence and management of treatment interruptions with long-acting injectable cabotegravir + rilpivirine for maintenance therapy in phase IIb/III studies. IDWeek, abstract 1029, 2020.

Source : LE QUOTIDIEN DU MEDECIN

Les hommes ne sont pas épargnés par les tumeurs liées aux papillomavirus, notamment de l’oropharynx, de l’anus et du pénis. La Haute Autorité de santé (HAS) recommande d’étendre la vaccination des garçons de 11 à 14 ans révolus.

Parmi la centaine de souches de la famille des papillomavirus (HPV), certaines sont impliquées chez les hommes dans la survenue des cancers de l’oropharynx, de l’anus et du pénis.

La Haute Autorité de santé (HAS) a élargi la vaccination aux garçons depuis décembre 2019. Le vaccin, très efficace et bien toléré, est ainsi recommandé chez tous les adolescents, garçons et filles, entre 11 et 14 ans, avant les premiers rapports, avec un rattrapage pour les 15-19 ans et jusqu’à l’âge de 26 ans pour les homosexuels garçons et/ou les immunodéprimés. Quelque 50 sociétés savantes recommandent le vaccin HPV, ce qui est suffisamment rare pour être mentionné.

Environ 1 200 cancers de l’oropharynx imputables aux HPV chaque année

Sur les quelque 15 000 cancers ORL diagnostiqués chaque année, toutes causes confondues, 3 000 d’entre eux touchent la région de l’oropharynx et parmi eux, 40 % sont liés aux papillomavirus (50 % en région parisienne). « On compte ainsi 1 200 cancers de l’oropharynx dus au papillomavirus, les sites les plus touchés de l’oropharynx étant l’amygdale et la base de langueau niveau du tissu lympho épithélial », précise le Dr Philippe Gorphe, ORL au département de cancérologie cervico-faciale de l’Institut Gustave Roussy. Or l’incidence des cancers de l’oropharynx augmente. Même s’ils sont de meilleur pronostic que les autres tumeurs ORL, ces cancers ont une influence délétère importante sur la qualité de vie.

Les signes d’appel sont classiques : le plus souvent, c’est une douleur pharyngée (angine qui traîne) ou un ganglion cervical de taille anormale et persistant qui donnent l’alerte. « Une douleur angineuse qui ne cède pas au traitement médical sous deux ou trois semaines, doit faire évoquer un carcinome, même chez quelqu’un qui ne fume pas et ne boit pas d’alcool. Il ne faut pas hésiter à envoyer ce patient chez l’ORL pour éviter tout retard au diagnostic », explique le spécialiste. Fibroscopie et/ou scanner avec injection complètent le diagnostic clinique.

Suivi nutritionnel indispensable

« Le traitement repose soit sur la chirurgie (surtout en cas d’atteinte osseuse associée) avec une radiothérapie complémentaire, soit sur la radiothérapie d’emblée associée à une chimiothérapie en cas de grosses tumeurs ou d’atteinte ganglionnaire », indique le Dr Gorphe. La chirurgie robotique permet de retirer la tumeur en passant par la bouche, sans faire d’ouverture au niveau du cou. La radiothérapie provoque des mucites intenses, susceptibles de gêner la déglutition et nécessitant la mise en place d’une nutrition artificielle par sonde. À plus long terme, la radiothérapie peut aussi être responsable d’une xérostomie nécessitant de boire beaucoup et souvent. « Le suivi nutritionnel par le généraliste est essentiel, insiste le chirurgien ORL. L’apparition d’une limitation de l’ouverture de la bouche relève aussi de sa surveillance : des séances avec un kinésithérapeute pour travailler l’ouverture buccale sont alors à prescrire. Enfin, la radiothérapie ayant tendance à atrophier les muscles, l’orthophonie de la déglutition est à travailler régulièrement ».

Cancers anaux, les hommes concernés

L’incidence des cancers anaux est de 1 à 2 pour 100 000 habitants : 65 % touchent des femmes (âge moyen de 61 ans) et 35 %, des hommes (âge moyen de 41-42 ans). Chez ces derniers, il s’agit majoritairement d’homosexuels VIH +. « Leur risque relatif est multiplié par 100, raison pour laquelle un examen anal proctologique complet leur est recommandé au moins une fois, les examens suivants étant programmés en fonction de leur sexualité (un examen annuel en cas de multipartenariat), explique le Dr Laurent Abramowitz, gastro-entérologue et proctologue, à l’hôpital Bichat – Claude Bernard (Paris). Chez les homosexuels VIH- et chez les VIH + non homosexuels, le risque relatif est multiplié par 40-50. De leur côté, les femmes ayant déjà eu une maladie due à l’HPV ont un risque relatif multiplié par 4 à 16 ».

Comme le rappelle le spécialiste, par ailleurs président du Groupe de recherche en proctologie (GREP) de la Société nationale française en coloproctologie : « En fait, tout le monde est infecté par des HPV au niveau de l’anus, du pénis et du col, mais très peu vont développer un cancer car la plupart éliminent spontanément le virus. Être immunodéprimé et/ou avoir plusieurs partenaires, augmentent les risques de cancer anal, mais attention aux idées préconçues : le cancer de l’anus n’est pas forcément lié à un rapport anal. Quant au port du préservatif, il diminue le risque, mais ne l’annule pas ».

Il n’y a pas que la maladie hémorroïdaire qui peut expliquer une symptomatologie anale ! « Il ne faut jamais traiter un anus sans le regarder, insiste le Dr Abramowitz. Les symptômes devant alerter sont une douleur, un saignement, une boule anale et parfois un prurit. Il ne faut pas hésiter à poser la question chez les patients à risque (homosexuels VIH +, immunodéprimés, femmes ayant fait un cancer du col et/ou ayant été traitée par conisation), car par tabou, beaucoup n’osent pas parler spontanément de ces symptômes. Le diagnostic repose sur l’examen visuel de la marge anale et sur un toucher rectal. Si une tuméfaction est ressentie, un avis spécialisé est demandé ».

Un cancer anal presque toujours locorégional

Le bilan d’extension est clinique (mesure de la tumeur, toucher rectal, anuscopie, palpation des aires inguinales), radiologique avec une IRM anorectale, parfois un pet-scan, un scanner thoraco-abdomino-pelvien pour vérifier qu’il n’y a pas de métastase et enfin, la recherche de marqueurs Squamous Cell Carcinoma Antigen (SCC). « Le traitement du cancer de l’anus repose surtout sur la radio-chimiothérapie (car elle est radiosensibilisante). La chirurgie est réservée aux petits cancers de la marge anale car elle présente moins de séquelles, d’où l’intérêt du dépistage précoce par le généraliste », insiste le Dr Abramowitz.

Intérêt possible d’une vaccination tardive

Outre le dépistage et le suivi, le rôle du généraliste est primordial en matière de prévention. « La vaccination est la meilleure prévention primaire et elle est bien tolérée. Toutefois, on ne sait pas encore si elle n’a d’intérêt chez les garçons, qu’avant les premiers rapports sexuels ou si une immunité est rattrapable plus tard », explique le Dr Gorphe. De plus, le vaccin pourrait avoir un intérêt en prévention tardive. « Des petites études ont été réalisées sur des femmes vaccinées bien plus tard (45-49 ans) après conisation et donc une dysplasie de haut grade : elles montrent que ces femmes ont une baisse de 70 % de récidives de haut grade comparativement aux femmes non vaccinées, poursuit le Dr Abramowitz. Il y aurait donc encore un bénéfice à faire le vaccin tardivement, mais il n’y a pas de recommandation en France en ce sens, même si cela se fait dans d’autres pays ».

Dr Nathalie Szapiro

Source : CATIE

On estime que 171 900 personnes s’injectaient des drogues au Canada en 2016, soit une augmentation par rapport à 2011. Les deux tiers des personnes qui s’injectaient des drogues au Canada ont reçu un traitement par agonistes opioïdes en 2016, ce qui représente également une augmentation par rapport à 2011. Près de 50 millions de seringues et d’aiguilles ont été distribuées en 2016, ce qui est inférieur aux cibles canadiennes recommandées.

Les personnes qui s’injectent des drogues ont un risque accru de contracter le virus de l’hépatite C (VHC) et le VIH en partageant ou en réutilisant du matériel de consommation de drogues. Le traitement par agonistes opioïdes (TAO) et la distribution de seringues et d’aiguilles sont tous deux associés à un risque réduit de VHC, de VIH et d’autres méfaits connexes. De plus, la rétention dans le TAO est associée à une diminution des surdoses et des décès chez les personnes ayant une dépendance aux opioïdes.

Compte tenu de l’importance de fournir des services de réduction des méfaits aux personnes qui utilisent des drogues, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recommandé que les pays fournissent un TAO à au moins 40 pour cent des personnes s’injectant des drogues et qu’ils distribuent annuellement au moins 200 seringues et aiguilles à chaque personne qui s’injecte des drogues.

La collecte et la déclaration de données sur les personnes qui s’injectent des drogues sont un aspect clé de la surveillance en santé publique, de la planification des politiques et des programmes et de l’allocation des ressources pour soutenir la santé des personnes qui utilisent des drogues. Une récente étude a estimé le nombre de personnes qui s’injectent des drogues ainsi que de la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada. Ces estimations nationales et provinciales/territoriales sont les données les plus récentes dont nous disposons sur la prévalence de l’injection de drogues, le TAO et la couverture de la distribution de seringues et d’aiguilles au pays.

Détails de l’étude

Afin d’estimer le nombre de personnes qui s’injectent des drogues et la couverture de la réduction des méfaits au Canada, les chercheurs ont utilisé diverses sources, notamment des données provinciales/territoriales sur le nombre de personnes ayant reçu de la méthadone, des données d’enquête sur la proportion de personnes s’injectant des drogues qui ont déclaré avoir reçu de la méthadone, et le nombre de seringues et d’aiguilles distribuées dans chaque province/territoire. Onze provinces et territoires sur 13 sont inclus dans l’étude; les données du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest n’étaient pas disponibles.

Résultats

Au Canada, on estime que 171 900 personnes s’injectaient des drogues en 2016, soit un taux de prévalence de 0,7 % (0,7 sur 100 personnes de 16 à 64 ans s’injectant des drogues). Il s’agit d’une augmentation par rapport aux 130 000 personnes qui s’injectaient des drogues en 2011 (taux de prévalence de 0,55 %). Les taux de prévalence variaient considérablement d’une région à l’autre du pays – de 0,16 % en Alberta à 1,48 % en Colombie-Britannique.

Il est estimé que 113 381 personnes ont reçu un TAO au Canada en 2016. Cela représente un taux de couverture de 66 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues – une hausse par rapport à 2011 (55 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues). La couverture provinciale/territoriale variait de 29 à 163 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues, respectivement au Manitoba et en Alberta.

Les prestataires de services et les organismes gouvernementaux ont distribué 49 958 381 seringues et aiguilles dans l’ensemble du pays, en 2016. Il s’agit d’une augmentation par rapport à 2011 – de 193 à 291 seringues et aiguilles par personne s’injectant des drogues. En 2016, la couverture provinciale/territoriale variait de 134 à 883 seringues et aiguilles distribuées par personne s’injectant des drogues, la plus faible étant à Terre-Neuve-et-Labrador et la plus forte, en Alberta.

La couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles en comparaison avec les lignes directrices de l’OMS

L’étude révèle qu’en moyenne, le Canada a respecté les lignes directrices de l’OMS sur la couverture du TAO, en 2016, avec un taux de 66 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues. L’OMS recommande que les pays fournissent annuellement un TAO à au moins 40 personnes sur 100 qui s’injectent des drogues. À l’échelon provincial/territorial, le Manitoba n’a pas atteint cette norme en 2016.

En moyenne, la même année, le Canada a respecté les lignes directrices de l’OMS sur la distribution de seringues et d’aiguilles, avec environ 291 seringues et aiguilles distribuées par personne s’injectant des drogues. La cible de l’OMS est de distribuer annuellement plus de 200 seringues et aiguilles par personne qui s’injecte des drogues. Toutefois, seulement huit des onze provinces/territoires ont atteint cette cible; la couverture à Terre-Neuve-et-Labrador, au Québec et au Yukon était insuffisante.

Selon une analyse récente, dans le Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au Canada, la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada devrait être supérieure à la norme de l’OMS et atteindre 750 seringues et aiguilles par année par personne qui s’injecte des drogues. En 2016, deux provinces seulement dépassaient cette cible canadienne, soit l’Alberta et la Saskatchewan.

Implications pour les prestataires de services

Depuis 2011, un nombre croissant de personnes s’injectent des drogues, au Canada. On observe également entre 2011 et aujourd’hui une hausse alarmante du nombre de décès par surdose d’opioïdes – plus de 4 000 personnes sont décédées d’une surdose liée aux opioïdes en 2017 uniquement. En outre, même si cette étude précède l’avènement du SRAS-CoV-2, les défis sanitaires, sociaux et systémiques complexes que rencontrent les personnes qui s’injectent des drogues peuvent contribuer à des résultats néfastes de santé associés à la COVID-19. Cela pourrait exacerber les effets de santé négatifs qui ont déjà un impact disproportionné dans cette communauté. La convergence de ces facteurs met en relief l’importance d’une couverture élevée des services de réduction des méfaits et des ressources pour soutenir les personnes qui utilisent des drogues.

L’étude montre que la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles a augmenté dans chaque province et territoire examiné, entre 2011 et 2016, ce qui indique une tendance à la hausse de l’offre de services de réduction des méfaits au fil du temps. Il est nécessaire de maintenir et d’accroître l’accessibilité et la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada afin de réduire encore davantage les méfaits associés à l’injection de drogues et de prévenir le VIH et le VHC, les décès par surdose accidentelle et d’autres méfaits connexes.

L’ensemble de données initial utilisé dans l’étude peut comporter des limites; par conséquent, celle-ci ne brosse pas un portrait complet de la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada. De plus, ces données ne rendent pas compte de la couverture des services au sein d’une province ou d’un territoire spécifique. Les limites de l’ensemble de données initial pourraient avoir entraîné certaines inexactitudes dans les estimations. Des données plus exhaustives présenteraient un aperçu clair du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles dans les régions urbaines, rurales et éloignées, ce qui pourrait révéler des lacunes dans la couverture locale. Les politiques et les décisions relatives à la fourniture des programmes devraient se fonder sur des informations plus détaillées.

Un ensemble complet d’interventions et de services de réduction des méfaits et de soutien est nécessaire pour soutenir la santé des personnes qui utilisent des drogues. Outre le TAO et la distribution de seringues et d’aiguilles, cela doit inclure la distribution de naloxone et de matériel pour l’inhalation de drogues, de même que des sites de prévention des surdoses et des services de soutien pour les personnes qui utilisent des drogues.

—Rivka Kushner

Ressources

Recommandations de pratiques exemplaires pour les programmes canadiens de réduction des méfaits – Recommandations de pratiques exemplaires du Groupe de travail sur les pratiques exemplaires pour les programmes de réduction des méfaits au Canada

Tout doit être neuf chaque fois que vous consommez – Carte postale de CATIE

COVID-19, le VIH, le VHC et la réduction des méfaits : Prévention, épidémiologie et réponse communautaire – Webinaire de CATIE

RÉFÉRENCES :

  1. Comité de rédaction et Groupes de travail du Modèle directeur du Réseau Canadien sur l’Hépatite C. Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au Canada. Montréal, QC. Disponible à l’adresse : https://www.canhepc.ca/sites/default/files/media/documents/modele_directeur_vhc_2019_05.pdf
  2. Jacka B, Larney S, Degenhardt L, et al. Prevalence of injecting drug use and coverage of interventions to prevent HIV and hepatitis C virus infection among people who inject drugs in Canada. American Journal of Public Health. 2020;110(1):45-50.
  3. Organisation mondiale de la Santé. OMS, ONUDC, ONUSIDA. Guide technique pour la définition d’objectifs nationaux pour l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et au soutien en matière de VIH/sida. 2009. Disponible à l’adresse : https://www.who.int/hiv/pub/idu/targetsetting/fr/
  4. Vasylyeva TI, Smyrnov P, Strathdee S, Friedman SR. Challenges posed by COVID‐19 to people who inject drugs and lessons from other outbreaks. Journal of the International AIDS Society. 2020 Jul;23(7):e25583.

Source : TRANSVERSAL MAG

Durant le confinement, psychologues et psychiatres ont suivi par téléconsultation leurs patients vivant avec le VIH. Si ce moment de « pause » a été globalement bien vécu, le déconfinement a souvent été plus compliqué à gérer pour ces patients, encore confrontés aujourd’hui à une situation sanitaire très incertaine.

« Il y a certaines personnes qui veulent vraiment revenir nous voir. Et d’autres qui ont pris l’habitude de consulter, par téléphone, depuis leur canapé. Et qui, finalement, n’ont plus très envie de bouger de leur canapé… » C’est sur le ton de la boutade que cette psychologue, spécialisée dans le VIH, décrit la situation actuelle. « On est dans un entre-deux un peu compliqué à gérer pour nos patients qui, comme tout le monde, font face à une situation sanitaire encore pleine d’incertitudes. Car la vie n’est pas redevenue comme avant », ajoute Serge Hefez, psychiatre et responsable de l’Espace social et psychologique d’aide aux personnes touchées par le virus du sida (Paris).

Les six derniers mois ont été difficiles à gérer pour tous les acteurs de la lutte contre le sida, mais aussi, et surtout, pour les personnes vivant avec le VIH. L’épidémie de Covid-19 a en effet bouleversé un certain nombre de repères et d’habitudes dans leur prise en charge. À ce stade, il ne semble pas que cet événement sanitaire hors-norme ait provoqué de ruptures massives dans le suivi médical et la prise des traitements. Mais le confinement puis le déconfinement n’ont pas été des étapes toujours simples à vivre, en particulier pour les personnes présentant un problème de santé mentale.

Des inquiétudes au début du confinement

Le suivi de ces personnes, fragiles sur le plan psychique, est aujourd’hui un enjeu primordial. On estime ainsi que près de 13 % des personnes vivant avec le VIH rapportent un épisode dépressif majeur dans l’année. Un taux plus élevé que celui observé en population générale, de 5 % à 8 % selon les études. Et sans être atteintes de dépression, de nombreuses personnes vivant avec le VIH souffrent de problèmes d’anxiété, d’angoisses ou de troubles cognitifs. Et au début du confinement, de nombreux psychologues étaient inquiets des semaines à venir pour ces personnes à plus forte vulnérabilité sur le plan psychologique.

Car avec le confinement, toutes les consultations « présentielles » ont dû être arrêtées. Psychiatres et psychologues ont certes continué à travailler en proposant un suivi à distance, par téléphone ou en visioconférence. « Je dois dire que pendant cette période, j’ai été débordée de travail, car pratiquement toutes les personnes que je suivais ont accepté ce suivi à distance. Parfois, il m’est arrivé de faire jusqu’à une vingtaine d’entretiens dans la journée », rapporte Nadège Pierre, psychologue et sexologue au 190, un centre de santé sexuelle parisien, soutenu notamment par l’association Aides.

Ces téléconsultations ont bousculé des habitudes bien ancrées. « Cela a été plus facile à mettre en place avec les patients que je connaissais bien. Le fait de ne pas se voir n’était pas un obstacle majeur. Au début de la conversation, je savais déjà, rien qu’à l’intonation de leur voix, s’ils allaient bien ou pas. Mais pour les patients nouveaux, ce n’est pas simple d’entamer un suivi par téléphone », explique Martine Shindo, psychologue clinicienne dans le service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis (Paris).

Une confidentialité parfois difficile à faire respecter

Dans certains cas, ce suivi à distance s’est heurté à des problèmes très concrets. « J’ai quelques patients qui vivent en couple ou en famille. Et pendant ces quelques semaines, ils ont préféré suspendre leur suivi. Car il n’était pas évident, en étant confinés avec d’autres personnes dans des espaces parfois étroits, de pouvoir parler en toute confidentialité », explique Alice Plutarque, psychologue clinicienne dans l’unité d’immuno-infectiologie de l’Hôtel-Dieu (Paris). « J’ai connu un peu la même situation avec des personnes confinées avec leur compagnon dans un tout petit studio », ajoute Nadège Pierre.

Quelques patients, fragiles psychologiquement, ont mal vécu le confinement. « On a vu des personnes, déjà très seules, qui se sont senties dans quelque chose d’un peu abandonnique. Le téléphone, qui sonnait peu, s’est mis à ne plus sonner du tout, se souvient Nalen Perumal, psychologue clinicien à l’association Envie (Montpellier). Nous suivons des personnes pour qui l’association est le seul point de socialisation. En temps ordinaire, elles ne sortent de chez elles que pour venir nous voir. Et pour ces gens très seuls et vulnérables, le confinement n’a pas été simple, malgré le suivi à distance que nous avons toujours continué à proposer. »

Mais tous les psychologues interrogés pour cet article le disent : dans l’ensemble, leurs patients ont plutôt bien traversé cette épreuve du confinement. « Certains étaient seuls chez eux avec, parfois, très peu de relations sociales, mais ils allaient plutôt bien, car, d’un seul coup, ils avaient l’impression d’être comme tout le reste de la population », indique Nadège Pierre. « Ils devaient rester chez eux, mais c’était pour tout le monde pareil. Et pour certains patients, cela a été un moment où ils avaient l’impression de plus être les seuls à vivre cette solitude », renchérit Martine Shindo, en constatant que ce confinement a aussi été un moment de « pause » pour des personnes d’ordinaire très actives. « Elles ont pu se retrouver un peu au calme, chez elles, dans une relation différente avec le travail », ajoute la psychologue. « Durant ce confinement, c’est comme si un espace de liberté s’était ouvert avec moins de contraintes sociales. Et la liberté de pouvoir être à la maison », observe Alice Plutarque

Le déconfinement, une étape complexe pour la santé mentale

De manière presque paradoxale, c’est le passage au déconfinement qui a été plus compliqué à gérer pour beaucoup. Avec un retour à une vie pas complètement normale et des consultations encore, parfois, effectuées à distance. « Certaines personnes ont éprouvé des difficultés à ressortir, à retourner au travail, à retrouver tout ce qui peut être fatigant dans une ville comme Paris : le bruit, le monde, l’agitation incessante », souligne Nadège Pierre. « Certains patients ont pris goût à ces consultations par téléphone. Par exemple, hier, un patient m’a appelée pour me demander si on pouvait s’entretenir par téléphone. Il m’a dit qu’il était parti pour quelques jours à la campagne et qu’il s’y sentait bien », raconte Martine Shindo.

Alors les « psys » s’adaptent et poursuivent certains suivis à distance. Parce que des patients le demandent ou parce que le protocole sanitaire impose de ne pas recevoir trop de monde en même temps dans les locaux hospitaliers ou associatifs. « Pour le moment, c’est encore 50-50 entre les consultations présentielles et celles faites à distance », indique Nalen Perumal qui, comme la plupart de ses confrères et consœurs, préférerait revenir à des consultations réalisées en présence du patient. « Ces téléconsultations ont été très utiles à un moment donné, mais elles ont également des limites. Au sein de notre association, l’accompagnement des personnes s’accomplit aussi par des soins corporels et de bien-être qui ne peuvent pas se faire à distance », souligne-t-il. « Avec le téléphone, on ne voit pas le mouvement du corps et tout le non verbal, ce qui est important lors d’une consultation », ajoute Martine Shindo.

« Des injonctions contradictoires permanentes »

Et bien que la téléconsultation conserve quelques adeptes, de nombreux patients souhaiteraient revenir dans les lieux de soins ou de soutien. « Le problème est que la situation actuelle reste complexe à gérer en raison de l’incertitude sanitaire, mais surtout des messages adressés à la population, estime Serge Hefez. Avant les vacances, début juillet, il y avait l’espoir que tout serait redevenu complètement normal à la rentrée. Aujourd’hui, ce n’est pas du tout ce qui se passe. Et le plus difficile à gérer pour beaucoup de nos patients, ce sont les discours très discordants. À un moment, on entend que cela va mieux qu’en mars ou avril, que les gens meurent moins et vont moins en réanimation. Et le lendemain, on nous dit que la deuxième vague est là et que la situation risque d’être très grave. »

Pour ce psychiatre, il y a comme un effet de « sidération » chez certains patients et même chez certains soignants. « Un jour, on vous dit de faire ceci et le lendemain, on vous dit de faire l’inverse. C’est cela le plus difficile à gérer dans la période très incertaine que nous vivons en ce moment : toutes ces injonctions contradictoires permanentes », insiste Serge Hefez.

Un retour à la vie d’avant très progressif pour Actions Traitements

Comme toutes les associations de lutte contre le sida, Actions Traitements a vu son activité largement bousculée avec l’épidémie de Covid-19. « Aujourd’hui, on revient à la normale de manière très progressive avec encore du télétravail », souligne Cédric Daniel, chargé de missions au sein de cette association qui réalise un important travail d’information, de soutien et d’accompagnement des personnes vivant avec le VIH.

Actions Traitement a été une des premières associations à faire de l’éducation thérapeutique du patient (ETP). Elle propose aussi, une fois par mois, des ateliers collectifs d’information et anime, depuis 1991, une ligne d’écoute ouverte le lundi et le jeudi. « Nous avons aussi ouvert fin 2019, un jeudi sur deux, une consultation animée par une psychologue-sexologue spécialisée en traumatologie. Elle prend notamment en charge des personnes ayant eu un parcours migratoire difficile lors duquel des agressions sexuelles ont pu se produire », explique Cédric Daniel.

Avec le confinement, ces activités ont été menées par téléphone ou en visioconférence. « Cela n’a pas été simple, mais cela a été l’occasion d’élargir certaines activités, indique-t-il. Ainsi, notre ligne d’écoute a fonctionné du lundi au vendredi, y compris parfois le samedi. La demande était très forte, car de nombreuses personnes avaient besoin d’information et de soutien, certaines d’entre elles étaient très anxieuses. »

Le déconfinement n’a pas entraîné immédiatement un retour à la normale puisque de mai à début septembre l’association a assuré toutes ses activités à distance. « Depuis un mois, on a recommencé à accueillir des personnes sur place, mais de manière très progressive à cause des impératifs sanitaires. Dans les ateliers collectifs, on reçoit 6 à 7 personnes, contre 15 à 20 en temps normal. Et des membres de l’association poursuivent le télétravail certains jours », informe Cédric Daniel, en relevant des points positifs et négatifs dans cette période très particulière.

« On s’est rendu compte des inégalités liées à la fracture numérique. Car parmi les personnes que nous suivons, certaines n’ont pas accès à un ordinateur ou rencontrent de grandes difficultés pour utiliser la visioconférence, souligne-t-il, en ajoutant que durant le confinement, l’association a pu toucher des personnes vivant avec le VIH en dehors de sa sphère géographique habituelle. Nos locaux sont situés dans le 20e arrondissement de Paris. Avec le suivi à distance, nous avons pu entrer en contact avec des personnes vivant dans des zones parfois éloignées de l’Île-de-France. »

Source : FRANCE 3 OCCITTANIE

Le chercheur toulousain Olivier Neyrolles a reçu ce lundi 2 novembre l’un des prix scientifiques de la Fondation pour la recherche médicale. Avec son équipe, il a percé les secrets de la virulence du bacille de la tuberculose.

C’est la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. Chaque année, la tuberculose tue 1,5 millions de personnes. Certaines de ses formes sont de plus en plus résistantes aux traitements, pour d’autres, il n’existe pas encore de vaccin. Percer les mystères de cette maladie, c’est l’objet des recherches d’Olivier Neyrolles. Ce directeur de recherches du CNRS y travaille depuis plus de 20 ans et avec son équipe de l’institut de pharmacologie et de biologie structurale, à Toulouse, il a fait des découvertes majeures dans les mécanismes d’infection et de virulences du bacille de la tuberculose. Ce qui lui vaut de recevoir ce lundi 2 novembre, l’un des 13 prix scientifiques de la Fondation pour la recherche médicale (FRM) qui récompense chaque année des chercheurs « pour leur contribution aux avancées biomédicales« .

« Nous travaillons sur les mécanismes moléculaires des interactions entre le bacille de la tuberculose et le système immunitaire de son hôte » explique Olivier Neyrolles, dans son laboratoire ce lundi. « Concrètement, nous cherchons par exemple à comprendre comment le bacille de la tuberculose peut survivre à l’intérieur de cellules, qu’on appelle les macrophages, qui normalement sont dédiées à détruire les pathogènes et qui, dans la cas de la tuberculose, n’y parviennent pas. »

Des métaux pour lutter contre la maladie

Dans un premier temps, Olivier Neyrolles et son équipe ont démontré que les macrophages, les cellules immunitaires chargées d’éliminer le pathogène, ingérent l’intrus et le soumettent à un taux élevé de métaux pour l’intoxiquer.

Une des découvertes importantes que nous avons faite au cours des dix dernières années, c’est un mécanisme par lequel le système immunitaire, pour se protéger contre les pathogènes, les intoxique avec des métaux. En particulier, nous avons montré ça pour le zinc et des collègues américains ont montré un phénomène similaire pour le cuivre.

Olivier Neyrolles

Mais les chercheurs toulousains ont aussi découvert plus récemment que le bacille de la tuberculose était capable de résister à cette intoxication au zinc. Ils cherchent maintenant à comprendre ce mécanisme pour pouvoir l’enrayer.

Nous avons démontré que la bactérie possède des pompes, des transporteurs qui lui permettent d’exporter le zinc potentiellement toxique depuis l’intérieur vers l’extérieur et nous cherchons à comprendre comment ces pompes fonctionnent. En particulier, nous avons démontré qu’elles ne fonctionnent pas isolément mais qu’elles s’assemblent pour fonctionner ensemble et forment des plateformes. On cherche à comprendre comment s’assemblent ces plateformes et comment on pourrait éventuellement les désassembler pour développer de nouveaux médicaments.

Olivier Neyrolles

Un pas vers de nouveaux traitements

En découvrant à la fois la production de zinc par les cellules immunitaires et la contre-offensive du bacille de la tuberculose contre ce métal, Olivier Neyrolles et son équipe ont fait un pas important qui pourrait permettre de développer de nouveaux traitements. « C’est l’objectif ultime » dit-il, « trouver des traitements complémentaires des antibiothérapies actuelles et nous avons également des travaux sur l’immunité anti-tuberculeuse qui pourraient aider au développement de nouveaux vaccins« .
C’est cette promesse aussi qui est récompensée par la Fondation pour la recherche médicale. Cette reconnaissance s’accompagne d’un prix de 15 000 euros qui permettra de payer pendant plusieurs mois un chercheur-doctorant du laboratoire pour poursuivre ses recherches.

Source :  LE COURRIER DU VIETNAM

Après deux ans de mise en œuvre, le programme de prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) compte près de 13.000 clients, contribuant à contrôler la prévalence du VIH dans la communauté.

C’est ce qui ressort de la conférence « Traitement et prévention de pré-exposition au VIH (PrEP) 2018-2020 et Plan pour 2021 », tenue à Hô Chi Minh-Ville le 3 novembre. Un événement organisé par le Département de prévention et de lutte contre le VIH/Sida – ministère de la Santé, en collaboration avec l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et le projet USAID PATH Healthy Markets.

Le professeur agrégé-Dr. Nguyên Hoàng Long, directeur du Département de prévention et de contrôle du VIH/Sida, a déclaré que le Vietnam a obtenu de nombreuses réalisations remarquables dans la prévention et le contrôle du VIH/Sida. Le virus est en partie sous contrôle avec un taux d’infection  dans la communauté est inférieur à 0,3%.

Le nombre de nouveaux cas et de décès a diminué de façon continue chaque année. Cependant, le taux de séropositivité au sein de la communauté homosexuelle masculine a été en augmentation ces dernières années. Si en 2010, ce taux n’était que d’environ 2%, il est maintenant de 10%, voire 15% dans certaines localités.

Face à cette situation, le Vietnam a été l’un des premiers pays au monde à mettre en œuvre le Programme de traitement de prévention pré-exposition au VIH (PrEP), avec jusqu’à présent  près de 13.000 personnes traitées.

La  PrEP est un moyen par lequel une personne séronégative qui court le risque de contracter le VIH peut réduire son risque d’infection en prenant des médicaments antirétroviraux.

Parlant d’efficacité, Nguyên Hoàng Long a déclaré que la PrEP aide à réduire de 95 à 98% le risque d’infection. Plus précisément, parmi 10.000 cas de traitement PrEP, seules 8 personnes sont séropositives, tandis que sans prophylaxie pré-exposition, le nombre de nouvelles infections est d’environ 700.

En particulier, l’ouverture de la communauté homosexuelle à la PrEP a été très positive. Le Vietnam a pour objectif  qu’environ 30% des hommes homosexuels utilisent la PrEP d’ici 2025 (soit environ 60.000 personnes), puis 40% d’ici 2030 (80.000 personnes).

À l’avenir, l’USAID s’engage à soutenir et à garantir que les clients continuent à utiliser la PrEP. L’USAID vise toujours l’objectif d’éradiquer le Sida d’ici 2030.

La prévention pré-exposition (PrEP) a été introduite pour la première fois au Vietnam   début   2017 et est maintenant présente dans 26 provinces et villes du pays. Depuis le lancement   en 2017, près de 13.000 personnes se sont inscrites pour l’utiliser. D’ici 2021, le PrEP s’étendra à 27 provinces et villes et aura des ajustements appropriés pour continuer à bien répondre aux besoins du groupe cible, en offrant de nouvelles options d’accès aux personnes à haut risque d’infection.