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Source : JIM

La mise en place de mesures de prévention de la transmission périnatale du VIH a conduit à une diminution spectaculaire des contaminations. Ces mesures comprennent le dépistage systématique prénatal, la généralisation du traitement antirétroviral (TAR) des femmes enceintes positives et la prophylaxie chez les nourrissons en fonction de la charge virale de la mère, la césarienne en cas de charge virale ARN VIH-1 élevée et le remplacement de l’alimentation au sein par une formule de lait artificiel.

Selon les cas, les nouveau-nés sont classés en nourrissons à faible risque de contamination (mère suivie, traitée et < 50 copies/ml) ou à risque élevé si la mère n’a pas été traitée ou insuffisamment, n’a reçu un traitement antirétroviral qu’au moment de l’accouchement, a un taux détectable d’ARN viral en fin de gestation, a été contaminée pendant la grossesse. Pour les nouveau-nés à faible risque, la recommandation est l’administration d’AZT per os pendant 4 semaines. Les enfants à haut risque reçoivent une bi ou une trithérapie antirétrovirale durant 6 semaines.

Neuf enfants infectés

Une étude rétrospective a analysé une cohorte de paires mères/enfants exposés au VIH, pris en charge dans le Service d’Immunologie spécialisé de l’hôpital pédiatrique de Washington DC en 2013-2017. Les enfants ont été suivis de la naissance à 18 mois avec les tests virologiques. En tout, 551 enfants exposés et leurs 542 mères ont été inclus dans l’analyse. L’âge médian des mères était de 31 ans (écart interquartile 26-36 ans). Beaucoup (93 %) étaient afro-américaines ou africaines. La charge virale avant l’accouchement était ≤ 1 000 copies/ml chez 81,9 % des mères. La plupart des enfants exposés ont été classés à bas risque (n = 455, 82,6 %) et 96 (17,4 %) à haut risque. La très grande majorité des mères (526/551, 95,5 %) avait reçu un traitement antirétroviral avant l’accouchement : 453/455 (99,6 %) des enfants étaient dans le groupe à bas risque contre 73/96 (76 %) d’enfants dans le groupe à risque élevé (P<0,0001). L’âge médian des mères était respectivement de 31 ans et 28 ans (P=0,0004). Le nombre total des césariennes a été de 323 (58,6 %) : parmi les enfants à bas risque au nombre de 242/455 (53,2 %) et à haut risque de 81/96 (84,4 %, P<0,0001). De la zidovudine a été administrée intra-partum dans 361 cas (65,5 %), 62,9 % des cas à bas risque, 78,1 % à haut risque (P=0,0001). Les enfants ont reçu de la zidovudine prophylactique seule dans 472 cas (85,7 %) : 96,5 % de ceux à bas risque, 34,4 % de ceux à haut risque, ou pour ces derniers une bi ou une trithérapie dans 62,5 % des cas. En définitive, 9 enfants à haut risque ont contracté le VIH.
En conclusion, dans une aire de forte prévalence du VIH, une proportion importante d’enfants à bas risque a reçu de la zidovudine intra-partum et sont nés par césarienne. Plusieurs enfants ont échappé à la prévention de la transmission materno-fœtale.

Source : Télérama

La sérophopie, soit la mise à l’écart des personnes atteintes du VIH, touche davantage les femmes. Témoignages à l’appui, le podcast « Yesss » s’engage contre ces discriminations.

Soutenu par l’association Sidaction, le podcast « Yesss », consacré aux « victoires de femmes ordinaires contre les injonctions et violences sexistes », consacre son 29e épisode à la sérophobie, c’est-à-dire le rejet des personnes vivant avec le VIH. Ce rejet passe par des discriminations et des violences médicales, institutionnelles, communautaires ou professionnelles, qui touchent plus fortement encore les femmes.

« Je vis et je vieillis avec le VIH, et je le dis ouvertement », revendique Florence Thune, directrice générale de Sidaction, qui croit à la force du témoignage. Quatre autres femmes s’illustrent courageusement dans le même exercice, dont Jessica, qui revient sur l’annonce de sa séropositivité par le médecin de famille devant sa mère, et Phindile, originaire d’Afrique du Sud, séropositive de naissance, qui raconte son parcours de combattante pour mener à bien sa grossesse en France… Les journalistes Anaïs Bourdet, Margaïd Quioc et Elsa Miské mènent l’émission avec sérieux, sororité et franc-parler. Avec un objectif : prévenir et éduquer.

Source : SOS Hépatites

Pendant la pandémie de Covid, l’hépatite B continue ses ravages silencieux « le plus contemporain des virus, le SARS CoV 2, ne doit pas faire oublier le plus ancien virus séquencé chez l’homme, qui nous nargue depuis 7000 ans ». Un appel de la société civile à changer de regard sur cette maladie du foie.

Alors que la pandémie de Covid demeure à juste titre au centre de toutes les préoccupations, un virus beaucoup plus silencieux continue à faire des ravages dans le monde entier : le virus de l’hépatite B (VHB). Chaque jour, lui aussi tue des milliers de personnes, par cirrhose ou cancer du foie. Pourtant, lui aussi peut être vaincu grâce à un vaccin très efficace.

Initiés mi-2019, les États Généraux de l’Hépatite B se sont donné pour objectif de mieux mettre en lumière les conséquences de l’hépatite B en France et de formuler des propositions pour une politique plus volontariste contre cette maladie. À l’issue d’une mobilisation sans précédent, de plus d’un an, les participants ont remis aux pouvoirs publics une série de propositions concrètes en décembre 2020. Il est temps désormais de passer aux actes !

Les propositions émises par les États Généraux de l’Hépatite B, qui ont réuni l’ensemble des acteurs de la société civile – patients, soignants et acteurs médico-sociaux – visent à mieux informer le public, les soignants, les autorités sanitaires et politiques pour changer le regard sur cette maladie encore trop souvent stigmatisée, qui touche 135 000 personnes en population générale en France. Elles proposent de faire de chaque patient porteur chronique du VHB un acteur averti de la lutte contre l’hépatite B et de renforcer la médecine préventive en combinant dépistage et prévention.

Le combat contre l’hépatite B en France passe aussi par des mesures très concrètes à prendre à court terme.

– Les Tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) de l’infection par le VHB doivent pouvoir être réalisés dès maintenant afin d’améliorer le dépistage des personnes les plus éloignées du système de soins.

 Il est urgent également d’étendre à l’hépatite B l’arrêté du 22 décembre 2016 relatif à la protection du secret des actes et prestations pour les mineurs, pour leur permettre d’être pris en charge en toute confidentialité, comme c’est le cas pour les infections au VIH et au virus de l’hépatite C.

 Il faut organiser le rattrapage de la vaccination contre l’hépatite B pour les enfants et les adolescents jusqu’à l’âge de 15 ans, afin que ceux nés avant l’obligation vaccinale des nourrissons instaurée en 2018, ne soient pas la génération oubliée du VHB. Enfin, le rattrapage de la vaccination contre l’hépatite B des personnes les plus exposées à partir de 16 ans doit être renforcé.

S’attaquer résolument à l’hépatite B dès maintenant, c’est non seulement permettre à la France d’être au rendez-vous fixé par l’OMS d’élimination de l’hépatite B à l’horizon 2030 mais aussi de permettre à des dizaines de milliers de porteurs du virus d’améliorer leur qualité de vie.

À PROPOS DES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’HÉPATITE B

Les États Généraux de l’Hépatite B ont été officiellement lancés en juillet 2019, à l’initiative de l’association de patients SOS hépatites. Sous la direction d’un comité de pilotage rassemblant une cinquantaine d’experts issus des associations de patients et du monde médico-social, d’institutions médicales et de recherche, ils constituent une initiative inédite de démocratie sanitaire, initiée par les patients et la société civile. Le processus, qui s’est déroulé sur plus d’un an, a permis d’écouter la parole des patients, à travers trois panels de citoyens et une enquête menée par les différents partenaires auprès de personnes atteintes d’hépatite B.

Source : Onusida

La population carcérale dans le monde s’élève à quelque 11 millions de personnes, quel que soit le jour de l’année. Dans les prisons du monde entier, des prisonnier-ères consomment des drogues injectables et ont des rapports sexuels. Le risque de violence sexuelle parmi cette population, ainsi que le manque d’accès aux préservatifs, aux lubrifiants, à la prophylaxie pré-exposition et aux services de réduction des risques, augmente le risque de contamination au VIH, à l’hépatite C et à d’autres infections sexuellement transmissibles.

Les consommateurs-rices de drogues injectables qui commencent leur incarcération voient leur risque d’infection au VIH augmenter de 81 % et celui de contamination à l’hépatite C de 62 %.

Les environnements fermés devraient, en théorie, faciliter la fourniture de services de dépistage et de traitement efficaces, même si les interruptions de traitement et les préoccupations concernant la confidentialité et la discrimination posent des difficultés. En 2019, 78 pays ont signalé à l’ONUSIDA qu’un dépistage du VIH était disponible à tout moment au cours de la détention ou de l’emprisonnement, et 104 pays ont indiqué qu’une thérapie antirétrovirale était mise à disposition de tou-tes les prisonnier-ères vivant avec le VIH. La couverture de la thérapie antirétrovirale est satisfaisante, mais présente encore des lacunes.

Une couverture disparate de la thérapie antirétrovirale parmi la population carcérale vivant avec le VIH, pays ayant des données disponibles, 2016-2019.

Une couverture disparate de la thérapie antirétrovirale parmi la population carcérale vivant avec le VIH, pays ayant des données disponibles, 2016-2019

Comme chaque année, le 8 mars met en avant la lutte pour les droits des femmes, notamment pour la réduction des inégalités et des discriminations. C’est l’occasion de rappeler que les femmes vivant avec le VIH sont encore plus victimes de sérophobie que les hommes et que la lutte contre toute forme de stigmatisation des personnes séropositives reste au cœur de nos préoccupations. C’est pour cela qu’Actions Traitements a mis en place différents outils d’information et programmes d’accompagnement en direction des femmes vivant avec le VIH et/ou une hépatite.

Rappel : aujourd’hui dans le monde, chaque semaine, environ 5500 jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans sont infectées par le VIH. En France, les hétérosexuels nés à l’étranger représentaient près de 40% des découvertes de séropositivité en 2019. Il s’agit en majorité de femmes, nées pour la plupart en Afrique subsaharienne. Parmi les femmes, certaines sont plus particulièrement exposées au VIH : les personnes migrantes, les femmes trans, les travailleuses du sexe et les femmes usagères de drogue.

Actions Traitements a pour objectif d’informer, accompagner, soutenir et défendre les droits des personnes vivant avec le VIH et/ou une hépatite, quels que soient leur genre, leur orientation sexuelle, leur origine, leur mode de vie, etc. Pour autant, nous veillons à proposer des informations spécifiques sur certains sujets, qui s’adressent plus particulièrement aux femmes qui vivent avec le VIH et/ou une hépatite.

Défendre les droits des femmes vivant avec le VIH

Plusieurs projets ont vu le jour pour les accompagner et les aider à devenir actrice de leur santé et de leur prise en charge. Ainsi, divers Ateliers Positifs (APO), qui s’adressaient aux femmes ou qui les concernaient, ont été mis proposés durant l’année 2020, tels que « VIH et Allaitement », « Plaisir et VIH », en février 2020 et « Jeûne/Ramadan, COVID et VIH » en mai 2020. Nous travaillons également en collaboration avec une psychologue, sexologue avec qui les femmes séropositives peuvent aborder tous les sujets concernant la vie avec le VIH y compris les violences sexuelles qu’elles ont pu subir dans leur parcours migratoire. Enfin, notre programme d’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) accueille toutes les femmes vivant avec le VIH et/ou une hépatite qui le souhaitent.

Nous en profitons pour publier le témoignage d’une de nos usagères : « C’est en octobre 2020, qu’Anna a appelé Actions Traitements et a intégré notre programme d’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP) suite aux recommandations de son médecin infectiologue. Elle vivait à la rue et avait parfois de la place en CSAPA. Atteinte du VIH et d’hypertension artérielle, concilier le vécu avec les deux pathologies n’était pas facile. Tout au long de son parcours nous avons travaillé sur sa santé physique mais également sociale (accès à l’A.M.E., renouvellement de son passeport étranger, recherche de médecin traitant). Nous nous sommes mis en relation avec son assistante sociale et différents acteurs de son parcours de soin. Désormais elle est hébergée dans un Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) et a eu accès à tous ses droits. Elle pense à une écrire nouvelle page de sa vie.»

À travers nos outils d’information comme brochures et dépliants, nous veillons à aborder certains sujets importants concernant directement les femmes et le VIH ou les hépatites :

  • Dans la brochure, «Bien vivre avec le VIH après 50 ans» éditée fin 2018, nous évoquons les spécificités de la santé sexuelle des femmes, y compris des femmes trans.
  • Dans la brochure «VIVRE avec le VIH, c’est d’abord VIVRE !», qui évoque plusieurs parcours de personnes séropositives, nous avons souhaité donner la parole à des femmes, comme Valérie, 54 ans, qui lutte contre la sérophobie depuis plus de 30 ans !
  • Enfin, la brochure «Mon premier traitement» aborde plusieurs repères à l’usage des personnes nouvellement diagnostiquées séropositives et traite notamment le sujet de la vie affective et du désir d’enfant quand on vit avec le VIH.

Actions Traitements réalise des vidéos en collaboration avec des professionnel.le.s de santé qui sont interviewé.e.s sur les questions liées au VIH et aux hépatites, afin de les publier sur Youtube. Cela a été l’occasion d’évoquer la santé des femmes vivant avec le VIH avec le Pr Karine Lacombe. Cette vidéo réalisée début 2020 aborde le suivi gynécologique, la grossesse, l’allaitement et le vieillissement des femmes séropositives.

Enfin, nous veillons à poursuivre le développement de notre annuaire géolocalisé de professionnel.le.s de santé sérofriendly. Cet outil permet aux personnes vivant avec le VIH et/ou une hépatite, et donc aux femmes, de trouver près de chez elles des professionnel.le.s qui les prennent en charge efficacement et sans discrimination. En 2019 nous avions mené une mission spécialement destiné à développer le nombre de gynécologues présent.e.s dans l’annuaire. Chacune peut d’ailleurs renseigner directement sur notre site internet les coordonnées d’un.e gynécologue qui pourrait être intégré dans l’annuaire, grâce au formulaire prévu à cet effet.

Nos projets pour les droits des femmes vivant avec le VIH

À l’avenir nous souhaitons poursuivre notre mobilisation en faveur des femmes vivant avec le VIH. Pour cela nous avons pour ambition, au cours de l’année 2021, d’éditer une nouvelle brochure consacrée exclusivement au parcours de soin des femmes vivant avec le VIH, de développer un programme d’accompagnement spécifique et de compléter notre cycle de vidéos par une nouvelle interview centrée cette fois-ci sur les femmes et les traitements antirétroviraux du VIH. Et parce que certaines inégalités restent omniprésentes dans la vie des femmes séropositives, nous poursuivrons également notre plaidoyer auprès des différents acteurs du système de santé pour favoriser l’intégration des femmes et la prise en compte de leurs vécus dans les essais thérapeutiques.

Vous pouvez retrouver tous nos outils d’information (brochures, dépliants, affiches, infocartes, etc.) et les commander gratuitement sur notre sur notre site internet : https://www.actions-traitements.org/commande/

(*) Cette étude explore le rôle du parcours de vie et de migration sur les comportements de prévention et de soins des Africains vivant en France et étudie le rôle de la maladie (VIH/sida ou hépatite B) sur leur trajectoire sociale et administrative.

Source : VIH.org

Source : SERONET

Des citations, quelques données et infos, des femmes qui écrivent, qui s’expriment, qui s’affichent, qui bousculent les conventions, qui montent au front de la santé, contre les discriminations, pour le féminisme, pour que la société change. Petite sélection à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Bonnes découvertes !

5 femmes contre la sérophobie

La parole des femmes vivant avec le VIH est (trop) rare. Saluons donc l’initiative du podcast Yesss, qui, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le VIH le 1er décembre dernier, a donné la parole à cinq femmes séropositives. Ces témoignages sont à découvrir dans l’épisode 29 intitulé Warriors contre la sérophobie. Ce podcast dédié aux « victoires de femmes ordinaires contre les injonctions et violences sexistes », consacre cet épisode spécial à la sérophobie, c’est-à-dire la peur à l’égard et/ou le rejet des personnes vivant avec le VIH. Ce rejet passe par des discriminations et des violences médicales, institutionnelles, communautaires ou professionnelles. « Je vis et je vieillis avec le VIH, et je le dis ouvertement », revendique Florence Thune, directrice générale de Sidaction, qui croit à la force du témoignage. Quatre autres femmes s’illustrent courageusement dans le même exercice, dont Giovanna Rincon, directrice de l’association Acceptess-T, Jessica, qui revient sur l’annonce de sa séropositivité par le médecin de famille devant sa mère, et Phindile, originaire d’Afrique du Sud, séropositive de naissance, qui raconte son parcours de combattante pour mener à bien sa grossesse en France. Cet épisode est réalisé par cinq femmes journalistes Anaïs Bourdet, Margaïd Quioc, Morgan Peyrot, Amélie Desvernay et Elsa Miské avec le soutien de l’association Sidaction.

@GwenFauchois

Sur sa bio Twitter, Gwen Fauchois se présente en ces mots : « Aktiviste lesbienne féministe ». Militante de longue date de la lutte contre le VIH/sida, Gwen Fauchois a été chargée de la communication et vice-présidente d’Act Up-Paris dans les années 90. Depuis 2012, elle participe à différents collectifs lesbiens et féministes. Elle tient également un blog où elle questionne l’actualité d’un point de vue minoritaire. Depuis le début de la crise sanitaire liée à la Covid-19, la militante est très active sur Twitter et ses coups de gueule sur la gestion de la crise par les pouvoirs publics sont repris en masse.

Lucie Hovhannessian

« Depuis que j’ai le virus, j’ai rarement rencontré des personnes malveillantes. Il n’y a que sur Internet que les commentaires peuvent être affreux. Au travail, on vient même me remercier pour mon livre, cela me touche. »
Interview de Lucie Hovhannessian, autrice de Presque comme les autres, ma vie de jeune séropositive (Robert Laffont, 2018), Le Monde, 1er décembre 2019.

Les damnées de la mer

Les femmes représentent 51 % des migrants-es internationaux-les en Europe et autour de 20 % des arrivées maritimes en Europe méridionale, rappelait récemment Mediapart (21 février), en marge d’une interview de la chercheuse Camille Schmoll. Elle a consacré huit années de recherche à la situation des femmes en migration en Méditerranée et vient d’y consacrer un ouvrage : Les damnées de la mer – femmes et frontières en Méditerranée (Éditions La Découverte, 2020). Interrogée par Mediapart, la chercheuse explique : « Avec Les Damnées de la mer, j’ai voulu restituer la place de ces femmes dans les migrations dites irrégulières, car on se les représente souvent comme des migrations essentiellement masculines. En 2009 déjà, lorsque j’ai commencé mon travail de terrain à Malte, il y avait déjà énormément de femmes. Cela s’inscrit dans un mouvement plus général de la féminisation du regard : depuis quelques dizaines d’années, des chercheuses se sont rendu compte de l’importance des femmes dans les migrations, qu’il s’agisse des flux de la traite ou des grandes migrations transcontinentales de la fin du XIXe et du début XXe. Elles étaient souvent majoritaires mais complètement effacées de l’histoire des migrations ». « Sont-elles davantage vulnérables durant le parcours migratoire ? » demande le site d’infos. « On sait qu’elles sont plus nombreuses au départ, et donc plus nombreuses à mourir en route. Il y a plusieurs raisons à cela, dont les violences sexuelles. Il y a une vulnérabilité spécifique aux femmes, et les organisations internationales les reconnaissent d’ailleurs comme une catégorie vulnérable, à l’instar des mineurs. Il est clair que les femmes risquent beaucoup plus que les hommes, même si aujourd’hui la situation est devenue tellement épouvantable que beaucoup d’hommes subissent des violences atroces, y compris sexuelles », explique Camille Schmoll.
Les damnées de la mer. Femmes et frontières en Méditerranées de Camille Schmoll. Éditions La découverte. 20 euros.

Parentalité et salaires à la traîne pour les femmes

Du mieux, certes, mais il reste tant à faire. Les pays progressent vers une plus grande égalité entre les sexes, mais les femmes du monde entier continuent de faire face à des lois et des réglementations qui limitent leurs opportunités économiques. C’est vrai en temps normal et cela prend plus d’importance aujourd’hui car la pandémie de Covid-19 a créé de nouvelles difficultés, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale, dont les conclusions ont été publiées le 24 février. « Les réformes visant à éliminer les obstacles à l’inclusion économique des femmes ont été lentes et inégales dans de nombreuses régions » entre septembre 2019 et octobre 2020, a résumé l’institution en dévoilant la 7e édition de son rapport intitulé « Femmes, entreprises et législation en 2021 ». L’étude fait apparaître que depuis la précédente publication en 2019, il y a eu peu de changements dans l’ensemble puisque les femmes n’ont toujours en moyenne que les trois quarts des droits accordés aux hommes. Parmi les bons élèves, dix pays contre six précédemment (la Belgique, le Danemark, la France, la Lettonie, la Suède, et plus récemment le Canada, l’Islande, le Luxembourg et le Portugal) obtiennent le score parfait de 100, ce qui signifie que hommes et femmes ont des droits égaux dans les domaines mesurés par la Banque mondiale. La pandémie de Covid-19 a exacerbé les inégalités existantes qui désavantagent les filles et les femmes (obstacles pour aller à l’école et conserver un emploi, par exemple). Le rapport pointe aussi que les femmes sont également confrontées à une augmentation de la violence domestique.

Nous sommes tous des féministes

« Partout dans le monde, la question du genre est cruciale. Alors j’aimerais aujourd’hui que nous nous mettions à rêver à un monde différent et à le préparer. Un monde plus équitable. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes. Et voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement. » Voici un extrait d’un des deux discours proposés dans cet ouvrage par l’écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie. Elle y porte une voix rare et puissante d’émancipation.
Nous sommes tous des féministes et Le danger de l’histoire unique de Chimamanda Ngozi Adichie. Traduit de l’anglais (Nigeria) par Mona de Pracontal et Sylvie Schneiter. Collection Folio n°6798, 2 euros.

Amandine Gay alias @OrpheoNegra

Réalisatrice, comédienne, universitaire, conférencière et afroféministe, Amandine Gay est tout cela, et bien plus encore. Son premier film, Ouvrir la voix, sorti en salles en 2017, est un documentaire qui donne la parole aux femmes noires de France. La militante est également, depuis 2017,  à l’initiative du  « Mois des Adopté.e.s ». En novembre, en Suisse, en France, en Belgique et au Québec, le « Mois des Adopté.e.s » vise à rendre visible les personnes adoptées et politiser l’adoption dans le monde francophone. Suivre Amandine Gay sur Twitter ou Instagram, c’est aussi suivre ses combats et c’est souvent très inspirant.

Anne Bouferguène

« …J’ai écrit ce texte dans le but de contribuer à changer le regard sur le VIH – ce mal à dire – …et pour que ceux qui traversent une expérience comparable à la mienne, celle de la honte et du secret qui rongent l’âme, celle de la maladie qui sème inexorablement sa terreur, puissent s’y reconnaître et, pourquoi pas, y trouver quelque raison d’espérer. »
Extrait de l’ouvrage Un mal qui ne se dit pas de Anne Bouferguène aux Éditions Robert Laffont, 2011.

La Cause des femmes

« Le féminisme, c’est quoi ? Ça existe ? Aujourd’hui ça pourrait exister. Et pour quoi faire ? « Les femmes ont tout obtenu », répondent-ils, et même répondent-elles, quelquefois. Et pour quels résultats ? La solitude de fond de la féminité, et la déroute de nos mâles devant leurs égales ». Ces quelques mots sont de l’avocate et militante Gisèle Halimi. Ils sont extraits d’un des textes majeurs de l’autrice : La Cause des femmes. « Enfermée dans son rôle féminin, la femme ne mesure pas à quel point son oppresseur est lui-même prisonnier de son rôle viril. En se libérant, elle aide à la libération de l’homme. En participant à égalité à l’Histoire, elle la fait autre. Cela ressemble fort à une révolution tranquille, mais forte et sûre de l’avenir. Pourquoi le féminisme aujourd’hui ? Justement pour réussir là où l’égalité économique a échoué. Là où la culture patriarcale résiste. Le féminisme vient seulement de commencer sa longue marche. Dans vingt ans, dans cent ans, il aura changé la vie ». Ces mots ont été écrits en 1992. Ils conservent toute leur actualité comme cet ouvrage publié dans la collection Folio (Gallimard).
La Cause des femmes précédé de Le Temps des malentendus de Gisèle Halimi. Nouvelle édition revue, augmentée et annotée par l’autrice. Folio n°2334. 9,70 euros.

Lexie alias @aggressively_trans

Quand Lexie a lancé son compte Instagram en décembre 2018 pour raconter son vécu de femme trans, dénoncer la transphobie et expliquer le vocabulaire trans, elle était loin de s’imaginer tout ce que ce compte allait générer dans sa vie et celles des autres. Deux ans plus tard, Lexie est suivie par plus de 53 000 abonnés-es et ce travail de visibilité et de pédagogie a inspiré à la jeune activiste de 25 ans son premier livre intitulé Une histoire de genres, guide pour comprendre et défendre les transidentités, paru le 10 février chez Marabout.

Nouvelles questions de femmes

Depuis le début du XXIe siècle, la « médecine de la femme a fait des progrès spectaculaires, en cancérologie notamment », explique Anne de Kervasdoué, médecin gynécologue. Elle avance aussi que les attentes des femmes évoluent. « Elles veulent comprendre pour choisir elles-mêmes. Elles veulent maîtriser leur sexualité, comme leur fécondité, avoir des enfants si elles le veulent, quand elles le veulent, en oubliant parfois que leur horloge biologique tourne et échappe à leur volonté ». Forte de cette idée, l’autrice propose un ouvrage, fondé sur les connaissances les plus récentes et s’efforce de « corriger certaines fausses informations qui circulent ». L’ouvrage répond à toutes les questions sur la contraception, la sexualité, le cancer du sein, la cystite, la ménopause, le cancer du col de l’utérus ou les troubles comme l’endométriose. Le livre « concerne toutes les femmes de tous les âges et dans toutes les situations qui se présentent dans leur vie », explique l’autrice.
Nouvelles questions de femmes à paraitre le 28 avril 2021 aux éditions Odile Jacob.

Charline alias Orgasme et moi

Pour Charline, tout commence en février 2019 avec la création d’un compte Instagram dédié aux sexualités, toutes les sexualités. « Ma mission : permettre à chacun-e de s’informer via le partage d’expériences. Les mots-clefs qui permettent ce partage sont : respect, bienveillance, absence de jugement, écoute, communication, inclusivité, ouverture d’esprit », explique Charline sur son site. Très vite, l’audience du compte explose (383 000 abonnés-es en février 2021). Elle s’exprime et donne la parole à de nombreux-ses invités-es sur des thèmes comme le consentement, la masturbation féminine et masculine, la prévention, l’hygiène intime et le plaisir. Un compte d’utilité publique.

Françoise Giroud

« Si le sida ne s’attrapait qu’à travers des seringues, il n’intéresserait personne »
Françoise Giroud, journaliste et ancienne ministre des Droits des femmes, dans Gais-z-et-contents. Journal d’une Parisienne, tome 3. Éditions du Seuil, 1998.

Barbara Butch fait « la Belle »

Icône LGBTQ+ et body positive, Barbara Butch collabore avec Jean Paul Gaultier pour le parfum « La Belle », rappelle Les Inrocks (15 février). L’hebdo culturel a voulu rencontrer cette « DJ, militante féministe pour les droits queer et pour l’inclusivité de tous les corps », à l’occasion du lancement de cette campagne « qui lui permet de porter haut son combat pour les corps invisibilisés ». Interrogée sur cette campagne, Barbara Butch explique : « L’expérience de faire des photos pour cette maison, pour ce créateur si mythique a été incroyable. Je suis fan de son travail depuis longtemps. Je me bats tellement pour la représentation de tous les corps dans les milieux où on ne s’attend pas à nous voir, dont la mode bien évidemment, c’était donc un moment très fort (…) Quand j’ai fait les photos, je n’ai pas mesuré l’impact que ça allait avoir, je les ai faites pour mon ado intérieure, pour lui dire : « Tu vois, tout est possible, c’est pas parce que tu es grosse que tu peux pas te retrouver dans une campagne publicitaire ». En fait, tout est accessible. C’est une manière pour moi également de n’être pas seulement reconnue pour mon corps, mais aussi pour mes engagements. C’est formidable que mon militantisme ne fasse pas peur aux grandes marques ».

Cybèle Lespérance alias @elleestcybele

Sur son compte Twitter de plus 4 500 abonnés-es, Cybèle se présente comme « travailleuse du sexe, accompagnante sexuelle, escort et féministe ». À travers ses tweets, mais aussi des vidéos sur sa page YouTube, Cybèle sensibilise ses abonnés-es aux questions relatives aux droits des travailleurs-ses du sexe et explique aussi ce qu’est l’accompagnement sexuel : « le rôle de l’accompagnement sexuel, c’est lui permettre d’avancer dans son processus d’apprentissage ou d’exploration de la sexualité, avec ses essais et ses erreurs. C’est un espace de recherche, de découverte, d’acquisition d’expérience et de cartographie de son corps pour apprivoiser ses sensations et ses possibilités ! » Cybèle est aussi secrétaire générale du Strass (syndicat du travail sexuel) et milite, entre autres, contre la loi de pénalisation des clients de travailleurs-ses du sexe.

Des protections périodiques gratuites pour les étudiantes

Les protections périodiques seront gratuites à la rentrée prochaine pour toutes les étudiantes, a annoncé mardi 23 février la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Une décision qui s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la précarité des jeunes. Dans les prochaines semaines, les résidences universitaires des Crous et les services de santé universitaires seront équipés en distributeurs de protections hygiéniques, a annoncé Frédérique Vidal lors d’une rencontre à Poitiers avec des étudiants. « On vise 1 500 distributeurs et une gratuité complète à la rentrée », a-t-elle ajouté. Un objectif « ambitieux » mais réaliste, selon la ministre, pour une mesure « pérenne » dont le coût est estimé autour de 15 millions par an.

Féminisme et philosophie

Du sérieux, de l’érudit pour cet ouvrage de Geneviève Fraisse. Sartre écrit, dans Plaidoyer pour les intellectuels, que l’intellectuel est celui qui se mêle de ce qui ne le regarde pas, quand Beauvoir – à l’évidence – se mêle de ce qui la regarde, dans ses livres Le Deuxième SexeLa Vieillesse. La question sexe/genre s’impose désormais comme problème théorique, mais l’objet de pensée échappe encore à la sérénité académique, comme à la légitimité scientifique. Alors étudiante, Geneviève Fraisse a compris que la philosophie était le bastion le plus solide, parce que le plus symbolique, de la prérogative masculine. Alors il fallait chercher les mots possibles de l’émancipation féministe, de la démocratie exclusive au consentement par exemple, pour leur donner une consistance conceptuelle et les colporter sur les chemins de l’universel. L’histoire est un bon matériau, les textes anciens comme l’actualité récente, voire les événements tel Metoo. Car il faut s’introduire dans la tradition pour mieux la subvertir. Voilà le projet de cet essai ambitieux sur féminisme et philosophie.
Féminisme et philosophie de Geneviève Fraisse. Collection Folio Essais n°655. Inédit. 8,10 euros.

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Source : ANSM

Le groupement d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare, constitué par la Cnam et l’ANSM, a réalisé une analyse quasi-exhaustive des données de la population française, soit plus de 66 millions de personnes, afin d’identifier les maladies chroniques et des facteurs tels que l’âge ou le genre susceptibles de présenter un sur-risque d’hospitalisation ou de décès pour Covid-19.

Réalisée à partir des données du SNDS[1] , cette étude de cohorte est l’une des plus vastes jamais réalisée en population générale. Portant sur la première vague de l’épidémie (du 15 février au 15 juin 2020), elle étudie le lien entre 47 maladies chroniques et le risque de développer une forme sévère de la Covid-19. Durant cette période, ce sont un peu plus de 87 800 personnes qui ont été hospitalisées pour cette pathologie, dont 15 660 en sont décédées à l’hôpital.

Les résultats de l’étude confirment que les personnes âgées sont de loin les plus fragiles face à la Covid-19 . Les risques d’être hospitalisé ou de décéder des suites de ce virus augmentent de façon exponentielle avec l’âge . Par rapport aux 40-44 ans, le risque d’hospitalisation est doublé chez les 60-64 ans, triplé chez les 70-74 ans, multiplié par 6 chez les 80-84 ans et par 12 chez les 90 ans et plus.

L’association est encore plus marquée pour le risque de décès avec, par rapport aux 40-44 ans, un risque multiplié par 12 chez les 60-64 ans, par 30 chez les 70-74 ans, par 100 chez les 80-84 ans et par presque 300 chez les 90 ans et plus.

L’étude confirme également que les hommes sont plus à risque  d’hospitalisation et de décès  pour Covid-19 que les femmes, multiplié respectivement par 1,4 et 2,1 .

L’ampleur de l’étude, portant sur l’ensemble de la population, a permis d’effectuer une estimation précise des risques que fait courir le virus aux patients ayant des maladies courantes ou moins fréquentes. Elle souligne notamment que la quasi-totalité des affections chroniques est associée à des risques accrus d’hospitalisation et de décès pour Covid-19 , à l’exception de la dyslipidémie.

Les patients les plus vulnérables  face à ce virus sont ceux souffrant d’une des sept pathologies suivantes : trisomie 21  (7 fois plus de risque d’hospitalisation et 23 fois plus de risque de décès) ; retard mental  (4 fois plus de risque d’hospitalisation et 7 fois plus de risque de décès) ; de mucoviscidose  (4 fois plus de risque d’hospitalisation et 6 fois plus de risque de décès) ; insuffisance rénale chronique terminale sous dialyse (4 fois plus de risque d’hospitalisation et 5 fois plus de risque de décès) ; cancer actif du poumon  (3 fois plus de risque d’hospitalisation et 4 fois plus de risque de décès), ainsi que transplantation rénale  (5 fois plus de risque d’hospitalisation et 7 fois plus de risque de décès) ; ou transplantation du poumon  (3 fois plus de risque d’hospitalisation et 6 fois plus de risque de décès).

Enfin, l’étude montre que le lien entre indice de défavorisation et risque de formes graves de Covid-19 (hospitalisation avec Covid-19 ou décès) est fort chez les personnes de moins de 80 ans , avec un risque de décès multiplié par deux chez les plus défavorisés par rapport aux plus favorisés .

Retrouvez l’intégralité du rapport ici (09/02/2021) application/pdf (1164 ko).

[1]  Le Système National des Données de Santé (SNDS) est un ensemble de bases de données strictement anonymes, comprenant toutes les données de remboursement de l’assurance maladie obligatoire, en particulier les données provenant du traitement des remboursements des soins de santé (feuille de soins électroniques ou papier) et des données provenant des établissements de santé (PMSI).Il couvre l’intégralité de la population française, soit 67 millions d’habitants, et a largement été utilisé en France afin de mener des études en pharmaco-épidémiologie.

Source : Libération

On pouvait espérer qu’en matière de santé publique, le nouveau monde ne ressemblerait en rien à l’ancien, en particulier en ce qui concerne la prévention. Mais voilà, peut-être faudra-t-il attendre encore un peu ? A l’image de la promesse faite en mai par le ministre de la Santé, Olivier Véran, d’un Ségur de la santé… Non seulement on l’attend, mais nul n’a de nouvelles ni même de dates.

Plus inquiétant : en matière de prévention contre le sida, le Conseil d’Etat vient de retoquer, la semaine dernière, le décret d’autorisation de la prophylaxie pré-exposition (Prep) par les médecins généralistes. Or la Prep, on le sait, est une vraie révolution avec l’espoir de casser le cours de l’épidémie : depuis bientôt cinq ans, en effet, la prise d’un médicament antirétroviral (tous les jours, ou bien 24 heures avant une prise de risque, le jour dit et 24 heures après) agit comme un vaccin, en réduisant de près de 100 % la probabilité d’une infection au VIH.

Dans les faits, cela s’est confirmé. En France, alors que l’on comptait entre 2008 et 2018 en moyenne plus de 6 000 nouvelles contaminations par an, les chiffres des découvertes de séropositivité en 2018 puis en 2019 ont été marqués par une baisse inédite, confirmant ainsi l’importance et l’efficacité de cette méthode de prévention. La Direction générale de la santé (DGS) a même estimé que la Prep pourrait éviter «entre 1 000 et 2 500 nouvelles contaminations par an». Et selon tous les acteurs, on peut faire encore mieux, car si le développement de la Prep a été spectaculaire, sa prescription a pour l’heure été cantonnée aux seuls homosexuels. En plus, cette prescription est restée très encadrée, devant être initiée au départ par un médecin hospitalier.

Recul des prescriptions de Prep en 2020

L’idée, toute naturelle, a donc été d’ouvrir son accessibilité, en permettant aux médecins généralistes de prescrire cette prévention médicamenteuse. Un projet de bon sens. Les services de la DGS se sont mis au travail. Cette demande d’ouverture a été encore réitérée par Olivier Véran le 1er décembre, lors de la Journée mondiale contre le sida. A priori, cela ne le relevait pas d’un travail de Sisyphe. Mais allez savoir pourquoi, la DGS a concocté un décret bancal, comme bâclé, qui s’est révélé au final non conforme. Le Conseil d’Etat, auquel ledit décret a été soumis, a ainsi estimé fin janvier que l’autorisation de mise sur le marché (AAM) des médicaments utilisés pour la Prep «évoquait un traitement initié par un médecin spécialiste» et que, même avec la solution d’e-learning mise en place, les médecins généralistes ne correspondaient pas à cette description. Donc impossible ; copie à revoir.

Cette objection était pourtant attendue. «Nous exprimons notre incompréhension face à cet échec sur cet enjeu de santé publique», a réagi l’association de lutte contre le sida et les hépatites Aides, très agacée par ce faux pas. Pointant que «cette décision liée à des points juridiques n’a pas été anticipée par le ministère des Solidarités et de la Santé». Et par conséquent, «cela freine le déploiement d’un des outils les plus efficaces dans la lutte contre le VIH /sida».

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Ce retoquage est d’autant plus inquiétant que la prévention sida va mal : avec le Covid, la situation se tend. Aides a rappelé que, «sur la période de mars à septembre, par rapport à la même période en 2019, une baisse de 27 435 prescriptions de Prep a été constatée». Une diminution qui s’explique en partie, pour Aides, «par la crise sanitaire et la saturation des hôpitaux». Et l’association de conclure : «Il faut rattraper ce retard et la prescription en ville pouvait le permettre.» Même agacement de la Société française de lutte contre le sida : «Dans une période où la crise sanitaire du Covid-19 déstabilise profondément l’activité de dépistage de VIH et l’utilisation de la Prep, la prescription de cette dernière par les médecins de soins primaires est une priorité pour toucher plus largement les populations les plus exposées.» Mais voilà, il faudra donc attendre encore… Comme si la fâcheuse habitude française de parler de santé publique mais sans trop la pratiquer restait la norme.

Triste concours de circonstances, le jour où le Conseil d’Etat a annoncé sa décision, on a appris le décès du professeur Jean Dormont, médecin interniste qui a été essentiel dans les années 90 pour mettre de la cohérence dans les premiers essais cliniques contre le virus du sida. Un médecin discret, d’une grande honnêteté et d’une imposante efficacité. Chaque année était ainsi publié le fameux rapport Dormont qui faisait le point sur l’épidémie et venait comme un repère. Tous les acteurs l’attendaient. Et s’y référaient. C’était une époque où l’on prenait au sérieux la lutte contre le VIH.

Source : Université du Québec 

Poussée par le besoin d’améliorer les traitements conventionnels pour les personnes infectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH-1), le doctorant Hamza Loucif et le professeur Julien van Grevenynghe ont mis au jour une voie thérapeutique pour rétablir l’efficacité de leurs cellules immunitaires.

Pour contrôler l’infection, la majorité des personnes atteintes du VIH-1 doivent prendre des traitements antirétroviraux quotidiens. Ces médicaments entraînent des effets secondaires importants sans restaurer complètement le bon fonctionnement de leur système immunitaire. Or, un certain groupe de patients, appelés les « contrôleurs élites », sont capables de coexister avec l’infection sans aucune intervention médicamenteuse.

« Ils représentent un modèle d’étude incroyable pour détecter, au niveau moléculaire, ce qui doit être amélioré chez les autres patients », indique le professeur Julien van Grevenynghe. L’équipe d’immunologistes a donc voulu savoir ce qui les différenciait des patients traités classiques afin de fournir de nouvelles armes contre l’infection.

Les scientifiques ont démontré que l’avantage de ces contrôleurs élites venait de leur métabolisme énergétique au sein des cellules immunitaires lymphocytes CD8. « Afin de protéger le corps et d’effectuer leurs fonctions, les cellules requièrent de l’énergie, fabriquée dans la mitochondrie. Cette centrale énergétique n’est toutefois pas utilisée efficacement chez les patients traités. À cause d’une dérégulation du métabolisme, les cellules présentent une faiblesse dans la fonction immunitaire », explique le professeur Julien van Grevenynghe, qui travaille sur le VIH depuis 15 ans.

Rééduquer les cellules

Cette déficience énergétique n’est pas définitive. En effet, l’équipe de recherche a montré que les lymphocytes CD8 pouvaient être « rééduqués » grâce à une protéine soluble qui optimise leur apport énergétique et leur fonctionnement immunitaire. « La protéine, l’interleukine-21 (IL-21), restaure le métabolisme mitochondrial énergétique grâce à un processus de recyclage cellulaire, appelé l’autophagie. Chez les contrôleurs élites, la dégradation des réserves lipidiques par un type d’autophagie, soit la lipophagie, est particulièrement efficace. Elle alimente les mitochondries en acides gras essentiels et fournit ainsi un rendement énergétique efficace des lymphocytes CD8 », rapporte le doctorant.

La portée des résultats

Toute la protection immunitaire associée aux lymphocytes CD8 découle de la présence de cellules lymphocytes CD4. En effet, ce sont les chefs d’orchestre du système immunitaire. L’équipe de recherche veut donc déterminer si les lymphocytes CD4 possèdent aussi un avantage métabolique. À plus long terme, le groupe souhaite tester cette voie thérapeutique chez des souris humanisées et même des macaques.

Un intérêt supplémentaire de cette avancée est que les résultats de l’étude ne se limiteraient pas uniquement au VIH-1. « Il y a une comparaison à faire avec les autres pathologies associées à l’inflammation persistante, comme le cancer, le diabète et même la COVID-19 avec l’inflammation des poumons », rapporte Julien van Grevenynghe.

Les données de l’étude ont été amassées à l’aide de la plateforme Agilent Seahorse XFe96 Analyzer. Cet outil, obtenu grâce à la Fondation Armand-Frappier, permet l’analyse du flux métabolique des cellules vivantes en temps réel. « Nous avons utilisé au maximum les plateformes du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie. Les professeures Krista Heinonen et Simona Stäger nous ont permis d’utiliser leur plateforme ImageStream d’Amnis. Le professeur Frédéric Veyrier nous a aussi aidés avec le microscope électronique du laboratoire qu’il dirige. C’est cette collaboration qui fait la force de l’INRS », conclut le chercheur.

À propos de Hamza Loucif

Le doctorant Hamza Loucif a publié six articles, dont trois comme premier auteur, depuis le début de son parcours à l’été 2018 au laboratoire de professeur van Grevenynghe. Il se spécialise dans la caractérisation des dérégulations du métabolisme cellulaire et des défauts immunitaires résultants dans le contexte de l’infection au VIH-1. Soulignons que le doctorant a développé une nouvelle approche pour mesurer la lipophagie dans la présente étude. Elle sera une approche précieuse pour la recherche dans le domaine de l’immunométabolisme au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie.

Source : Seronet

Elle s’appelle Célia ; lui Fred. Tous deux vivent avec le VIH et ont publié un ouvrage sur leurs parcours. Deux visions différentes qui montrent la diversité de la vie avec le VIH.

En version courte, le parcours de Fred Colby (de 1981 à aujourd’hui) se déroule sur huit pages. On le découvre dans un album réalisé par la dessinatrice Alexandra Davis (1) consacré à des personnalités, originaires d’un peu partout dans le monde, peu connues du grand public, mais dont le point commun est d’avoir une vie avec une « dimension héroïque ». Un héroïsme du quotidien. La dessinatrice a travaillé à la façon d’une journaliste, enquêtant, dressant chaque portrait avec concision, s’efforçant de mettre en avant la singularité de chaque personnalité pour qu’aucune d’elle ne devienne un-e « oublié-e ». Reste que le parcours dessiné de Fred Colby (2), étroitement lié au VIH, est frustant : trop court, trop simplifié. Une lacune que pallie T’as pas le sida j’espère ?! (3), l’ouvrage que l’auteur consacre à son propre parcours. En version longue, tout prend une autre intensité, gagne en nuances et en émotion.

À l’instar de bien des personnes séropositives, Fred Colby a un parcours qui semble « classique » et assez partagé dans une partie du milieu gay. Il le résume dans son récit : « C’est l’histoire d’un jeune gay qui a fui une petite ville à la mentalité étriquée pour vivre son homosexualité de façon plus libérée à Paris. Un garçon qui a connu de grands moments de bonheur et aussi de grands moments de peine. Qui a contracté le VIH à une période de sa vie où il était particulièrement seul et vulnérable. Et qui a transformé cette épreuve en force, en combat et en fierté ». Son témoignage rappelle des situations partagées par d’autres : « Révéler sa séropositivité, c’est comme faire un second coming out quand on est gay ». Tout homosexuel passe un jour cette étape du coming out, comme une phase initiatique. Dès lors, on peut penser que concernant le VIH, cela puisse être plus facile. Après tout, l’expérience, déjà vécue, de rendre public un élément clef de son existence, permet de mieux préparer l’annonce, de mieux en anticiper les réactions et d’en gérer les conséquences. Mais rien n’est jamais si simple. Dans le cas de Fred Colby, la tentative de coming out sur sa séropositivité va se conclure d’une formule ressentie comme un « couperet », celle lancée par un membre de sa famille et qui donne son titre au livre. Un livre qui rappelle que « certains mots font plus mal que des coups », mais que, parfois, ils poussent à la riposte. C’est là que réside l’héroïsme qui a séduit la dessinatrice Alexandra Davis. Ce refus d’être écrasé par la sérophobie des autres, fut-elle un réflexe de peur chez celles et ceux qui l’exercent.

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