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Source : CATIE

Le vaccin anti-COVID-19 de Pfizer-BioNTech donne des résultats encourageants chez des personnes séropositives.

  • Rares sont les études traitant de personnes séropositives vaccinées contre la COVID-19
  • Des scientifiques d’Israël ont étudié 143 personnes séropositives qui avaient reçu le vaccin de Pfizer-BioNTech
  • L’équipe a constaté la présence de taux élevés d’anticorps contre le SRAS-CoV-2 après la deuxième vaccination

Même si plusieurs essais cliniques pivots des vaccins anti-COVID-19 de première génération ont été menés, les fabricants n’ont pas publié de rapports détaillés sur l’efficacité des vaccins chez des populations particulières, notamment les personnes vivant avec le VIH. Pour combler cette lacune, des études par observation sont en cours.

Une équipe de recherche d’Israël a rendu compte des résultats obtenus auprès de 143 personnes séropositives qui avaient reçu les deux doses du vaccin anti-COVID-19 de Pfizer-BioNTech. Selon l’équipe, les deux doses du vaccin ont réussi à déclencher la production d’anticorps pouvant s’attaquer au SRAS-CoV-2, le virus qui cause la COVID-19. Les effets secondaires ont généralement été légers, et la charge virale en VIH n’a augmenté que très modestement chez 2 % des personnes vaccinées.

Détails de l’étude

Le personnel du Centre médical Sheba de Tel-Hashomer, à Tel-Aviv, prodigue des soins et des traitements à de nombreuses personnes séropositives vivant en Israël. Aussitôt que le vaccin de Pfizer-BioNTech a été approuvé dans ce pays, le personnel soignant du centre a commencé à l’offrir aux adultes séropositifs qui avaient déjà pris rendez-vous dans la clinique pour recevoir des soins de routine. En tout, 143 personnes séropositives ont accepté de se faire vacciner.

Le groupe avait le profil moyen suivant au début de l’étude :

  • âge : 50 ans (33 % des personnes avaient 55 ans ou plus)
  • 92 % d’hommes, 8 % de femmes
  • principaux groupes ethnoraciaux : 95 % de Blancs, 4 % d’Africains
  • indice de masse corporelle : 25
  • compte de cellules CD4+ : 700 cellules/mm3
  • toutes les personnes suivaient un traitement contre le VIH, et 95 % d’entre elles avaient une charge virale indétectable (moins de 40 copies/ml)
  • 14 % des personnes avaient d’autres problèmes de santé, tels que l’hypertension, le cancer, la co-infection au virus de l’hépatite C, l’insuffisance rénale chronique, l’obésité et l’AVC

À des fins de comparaison, l’équipe de recherche a évalué des échantillons de sang prélevés auprès de 400 travailleurs et travailleuses de la santé séronégatifs en bonne santé.

Aucune des personnes inscrites n’avait été infectée par le SRAS-CoV-2 auparavant.

Rappelons que le vaccin de Pfizer-BioNTech est administré en deux doses distinctes, habituellement à plusieurs semaines d’intervalle.

Résultats

Quatorze jours après la première vaccination, des anticorps contre le SRAS-CoV-2 étaient présents dans les proportions suivantes :

  • personnes séropositives : 51 %
  • personnes séronégatives : 59 %

En général, les taux d’anticorps étaient plus faibles chez les personnes séropositives que chez les personnes séronégatives après la première dose du vaccin. Notons que l’équipe de recherche n’a évalué les taux d’anticorps que peu de temps après chaque vaccination. Il est possible que des quantités plus élevées d’anticorps aient été produites après plus de temps entre la première et la deuxième injection.

Entre 18 et 26 jours après la deuxième dose du vaccin, des anticorps pouvant s’attaquer au SRAS-CoV-2 étaient présents dans les proportions suivantes :

  • personnes séropositives : 98 %
  • personnes séronégatives : 99 %

Notons aussi que les taux d’anticorps dans les échantillons de sang des deux groupes étaient en moyenne cinq fois plus élevés après la deuxième inoculation, par rapport à la première.

Accent sur le VIH

En analysant les anticorps produits à la suite de la deuxième vaccination, l’équipe a constaté que toutes les personnes séropositives sauf quatre avaient des anticorps qui combattaient le SRAS-CoV-2. Ce qui suit est une brève description des quatre personnes chez qui on n’a pas détecté d’anticorps après la deuxième dose du vaccin Pfizer-BioNTech :

  • un homme greffé du rein de 66 ans qui recevait trois sortes de médicaments pour empêcher son système immunitaire de rejeter l’organe transplanté
  • un homme de 58 ans sous dialyse
  • un homme de 72 ans souffrant de coronaropathie
  • une femme de 64 ans atteinte d’arthrite qui prenait le médicament colchicine et qui, selon l’équipe de recherche, « est tombée gravement malade de la COVID-19 quatre semaines après la deuxième dose du vaccin »

Impact des faibles comptes de cellules immunitaires sur la production d’anticorps

Avant la vaccination, le nombre de personnes ayant un compte de CD4+ relativement faible était le suivant :

  • moins de 350 cellules/mm3 : 12 personnes
  • moins de 200 cellules/mm3 : 3 personnes

Selon l’équipe de recherche, l’organisme de toutes ces personnes a réussi à produire de grandes quantités d’anticorps contre le SRAS-CoV-2 après leur deuxième vaccination.

Innocuité

En ce qui concerne les effets secondaires, de nombreuses personnes séropositives ont éprouvé de la douleur au site de l’injection, mais elle était généralement légère et s’estompait après un jour.

La fatigue et un mal de tête figuraient parmi les effets secondaires courants après la première dose du vaccin. Après la deuxième, la fatigue et la fièvre étaient courantes. Dans la plupart des cas, la fièvre était légère.

Trois personnes se sont plaintes de picotements nerveux dans les régions suivantes du corps :

  • visage : 1 personne
  • bras vacciné : 1 personne
  • les deux bras : 1 personne

Cet effet secondaire s’est résorbé dans les 48 heures.

Les médecins ont détecté une augmentation des taux d’enzymes hépatiques dans les échantillons de sang de deux personnes, mais ce problème s’est résolu après quelques jours.

Mesures liées au VIH

Compte de cellules CD4+

Le compte de cellules CD4+ a diminué très modestement après la vaccination, passant de 700 cellules/mm3 à 634 cellules/mm3, mais aucun déclin de la santé générale n’a été associé à cette baisse. Aucun changement significatif ne s’est produit dans le rapport des cellules CD4 aux cellules CD8, ce qui atteste la stabilité de la santé générale du système immunitaire. La baisse du compte de cellules CD4+ ne devrait surprendre personne, car, lors d’une étude menée auprès de 40 000 personnes séronégatives ayant reçu le vaccin de Pfizer-BioNTech, une réduction temporaire des taux de lymphocytes avait été observée après la vaccination. On peut en savoir plus en cliquant ici : Le vaccin de Pfizer-BioNTech.

Charge virale

Chez trois personnes dont la charge virale avait été indétectable précédemment, celle-ci a augmenté jusqu’à 47, à 52 et à 92 copies/ml après la deuxième vaccination. Ces changements sont considérés comme très modestes.

Chez les trois personnes dont la charge virale a augmenté, le compte de cellules CD4+ avait baissé sous le seuil des 200 cellules dans le passé (avant qu’elles commencent le TAR). Un faible compte de CD4+ antérieur laisse soupçonner la présence de déficiences immunologiques persistantes, mais aucune preuve à ce sujet n’a été présentée par l’équipe de recherche.

Notons que le suivi n’a duré que quelques semaines après la deuxième vaccination.

À retenir

Même si la présente étude n’a porté que sur 143 personnes séropositives, ses résultats sont très prometteurs. La même équipe de recherche israélienne a lancé une étude de plus grande envergure auprès d’au moins 500 personnes séropositives qu’elle compte suivre pendant au moins deux ans (Itsik Levy, M.D., Centre médical Sheba, communiqué personnel). Espérons que des études semblables seront menées auprès de personnes ayant reçu des vaccins contre la COVID-19 dans différentes parties du monde.

À l’instar de nombreuses équipes de recherche qui étudient la réponse immunitaire aux vaccins anti-COVID-19, l’équipe israélienne s’est concentrée sur les anticorps qui s’attaquent au SRAS-CoV-2. Il existe cependant un autre genre de réponse immunitaire qui mériterait d’être surveillée, soit l’immunité cellulaire. Pour éclairer le rôle de celle-ci, il faudrait étudier des cellules immunitaires qui combattent les virus, telles les cellules T et les cellules tueuses naturelles. Ces cellules produisent des substances antivirales lorsqu’elles s’attaquent à des virus ou à des cellules infectées par des virus. L’évaluation de l’immunité cellulaire pourrait fournir des informations additionnelles sur la manière dont les vaccins protègent contre la COVID-19. Notons cependant que les évaluations de l’immunité cellulaire sont plus fastidieuses à faire et ne font pas partie des activités de tous les laboratoires.

Comme cette étude israélienne n’a pas encore été soumise à un examen par des pairs, il est important de considérer ses résultats comme préliminaires, quoique très prometteurs.

 

Source : Seronet 

José a 56 ans, quatre enfants et six petits-enfants. Il vit avec le VIH depuis 1992. Jean-Louis a 66 ans, quatre enfants et six petits-enfants. Il vit avec le VIH depuis 2005. Ils ne se connaissent pas et ne se sont jamais parlé. Aujourd’hui, ils participent à un entretien croisé.

Dans quelles circonstances avez-vous découvert votre séropositivité ?

Jean-Louis : Il faut savoir que j’ai eu une première vie hétérosexuelle avec femme et enfants. En parallèle, j’ai dû gérer un problème d’alcoolisme et une homosexualité refoulée. En 1999, avec l’arrêt de l’alcool, j’ai ressenti le besoin d’assumer mon homosexualité. J’en ai d’abord parlé dans un groupe de parole sur le lieu de sevrage. À l’époque, je me considérais comme un « monstre », mais j’ai intégré un groupe de pères de famille gays au sein de l’association LGBT David et Jonathan (1). Cela m’a donné la force d’en parler à mes enfants qui ont accueilli cette nouvelle, même si cela n’a pas été évident au début. Ils ne mesuraient pas en quoi ils étaient concernés. Quelques années plus tard, en 2005, j’ai fait une demande de prêt immobilier à une banque et comme j’avais eu une hospitalisation récente de 30 jours, la banque a exigé un bilan de santé. C’est à l’occasion de ce bilan que j’ai eu un dépistage VIH, sans en être informé. Je ne m’attendais pas du tout à un résultat positif. Le prêt bancaire m’a été refusé en raison du VIH ; ce que j’ai vécu comme une injustice, une incohérence et une discrimination.
José : Je suis originaire du Cap Vert et j’ai découvert ma séropositivité en prison au Portugal en 1992. Je venais d’être incarcéré pour trafic et usage de drogue. C’était un test obligatoire à l’entrée en prison. Le résultat m’a surpris sur le moment et puis, en faisant le point sur ma vie, j’ai réalisé que j’avais un parcours compliqué en tant que dealer et consommateur de drogue et puis je fréquentais des femmes, à droite à gauche, donc je n’ai jamais vraiment su si j’avais été infecté par voie sexuelle ou en consommant de la drogue par injection. Mes craintes principales au début étaient le risque de l’avoir transmis à ma compagne et aussi la peur de ne pas voir grandir mes enfants. On m’a mis sous AZT (2), mais j’avais trop de mal à supporter les effets indésirables. J’avais des vomissements, de la diarrhée, etc. J’ai fini par arrêter. Ce qui m’a sauvé, c’est le sport. J’étais très inspiré par Magic Johnson (3). En prison, je me suis mis à fond dans le sport de combat. Le sport faisait du bien à mon physique et aussi à mon mental. Malgré tout, ma santé s’est dégradée avec le temps. En 1999, j’ai été hospitalisé en stade sida avec une tuberculose de la rate. Comme j’étais mal soigné au Portugal et que je ne voulais pas finir mes jours en prison sans revoir mes enfants, j’ai décidé de m’enfuir en France. J’étais en pyjama quand j’ai fui l’hôpital ! Arrivé en France, j’ai été hospitalisé à l’hôpital Delafontaine, pendant deux mois. On m’a retiré la rate, on m’a mis sous traitement pour soigner ma tuberculose et sous trithérapie. Petit à petit, ma santé s’est améliorée. Le Portugal a demandé mon extradition, mais j’ai pu rester en France car je me suis reconstruit une vie stable avec ma famille et un emploi. L’ironie de la vie c’est que dans le cadre de mon travail (4), j’ai été nommé référent santé en prison !
Jean-Louis : Tu as un parcours extraordinaire, une belle revanche sur la vie et le VIH !

Vos parcours de vie respectifs sont à la fois très différents et avec des points communs notamment le fait d’être tous les deux pères et d’avoir connu des périodes de consommation de drogue. Quels impacts ont eu le VIH et votre consommation de drogue sur votre vie familiale ?

Jean-Louis : J’ai vite ressenti le besoin de parler du VIH que ce soit auprès de ma famille ou de mon patron. Mon patron a été très soutenant et il m’a proposé d’en faire une démarche dynamique pour l’entreprise et sensibiliser les équipes au VIH et aux maladies chroniques avec la mise en place d’une charte dans l’entreprise. Mes enfants se sont inquiétés bien sûr. Ce qui était compliqué pour moi à chaque fois que je l’annonçais à une personne différente, c’est que je ne savais à quoi les gens associaient le VIH. Est-ce qu’ils voyaient la mort ? Une sexualité multi-partenaires ? Ce qui m’a aidé, c’est de m’impliquer dans l’associatif en tant que bénévole chez Basiliade (5). La drogue est arrivée dans ma vie longtemps après, vers 2015. J’ai rencontré un homme qui m’a initié au slam et j’ai vécu une longue descente aux enfers à cause du chemsex (6). Cette relation m’a rendu accro à la drogue ; il m’a manipulé, agressé et volé de grosses sommes d’argent. J’ai dû appeler ma famille à l’aide et j’ai senti que c’était compliqué pour eux à gérer. Il y avait déjà eu l’homosexualité, puis le VIH et maintenant la drogue. Mais ils m’ont soutenu comme toujours avec bienveillance, en particulier mes fils et mon ex-femme avec qui j’ai gardé des liens très forts et qui a proposé de m’héberger à un moment où je subissais des menaces physiques graves. Mon problème avec le chemsex, c’est que j’ai commencé ma sexualité avec les hommes très tard et j’avais peur de ne pas plaire, de finir seul. La drogue était un moyen de faire des rencontres affectives et sexuelles, mais aussi de dépasser mes inhibitions. C’était illusoire bien sûr, mais j’étais dans le déni. J’en ai bavé, mais aujourd’hui je suis abstinent depuis 53 jours et c’est un combat quotidien pour ne pas replonger.
José : Quand j’ai été hospitalisé deux mois en France en stade sida, j’ai dû annoncer ma séropositivité à ma famille, ce qui n’a pas été facile car ils ne s’y attendaient pas, mais ils m’ont soutenu. En ce qui concerne ma consommation de drogue, je cachais tout à mon entourage, au début. Un jour, j’étais chez mon neveu, j’ai fait une injection dans les toilettes et puis j’ai eu une mauvaise réaction. Mon neveu a dû me maintenir au sol car je poussais des cris et ils ont retrouvé la seringue dans les toilettes. J’ai fait un autre « bad trip » dans la chambre de mon fils. Il me tenait contre lui et c’est à ce moment que j’ai eu le déclic de ce que je faisais subir à ma famille à cause de la drogue. Je suis abstinent depuis huit ans et c’est grâce à mes enfants, ils m’ont sauvé la vie.
Jean-Louis : La réaction de tes enfants a eu un impact énorme et pour moi aussi. C’est un regard très pur, très sain et qui compte beaucoup. Je me sentais démuni face au regard et à l’inquiétude de mes enfants et c’est plus ça qui m’a fait arrêter que le reste. J’avais très peur de perdre mes enfants à cause de la drogue. L’année dernière, mon fils, qui a suivi ma descente aux enfers, s’est marié et il m’a dit : « Papa, je te kiffe ». Ça m’a beaucoup ému.
José : Pour moi aussi, le soutien et l’amour de mes enfants m’ont donné la force d’arrêter.

=> Pour lire la suite de l’interview, se rendre sur : Seronet 

Source : What’s Up Doc ?

Selon une méta-analyse, les personnes vivant avec le VIH infectées par la Covid-19 présenteraient un risque de mortalité de près de 80 % plus élevé que les personnes ne vivant pas avec la maladie.

VIH et Covid, un cocktail explosif ? C’est en tout cas ce que semble démontrer les données rassemblées par une méta-analyse parue dans la revue Scientific Reports le 18 mars dernier. «  Les personnes séropositives avaient un risque significativement plus élevé d’infection par le SRAS-CoV-2 […] et de mortalité par COVID-19 », assurent les chercheurs.

Un constat inquiétant qui fait suite au recensement d’un vaste nombre de données portant sur une période d’un an, allant du 1er janvier au 12 décembre 2020. En tout, 22 études comprenant 20 982 498 participants provenant d’Amérique du Nord, d’Afrique, d’Europe et d’Asie, ont été décortiquées par les chercheurs. « Les comorbidités les plus courantes dans la population séropositive étaient l’hypertension, le diabète, la bronchopneumopathie chronique obstructive et l’insuffisance rénale chronique. Dans l’ensemble, le nombre médian de CD4 était de 538 cellules / μL. Plus de 96% des PVVIH étaient sous traitement ARV et plus de 80% des patients séropositifs étaient viralement supprimés », précisent les chercheurs, qui ajoutent dès les premières lignes de leur rapport que la sensibilité à la Covid-19 et le risque de mortalité des PPVIH étaient jusqu’alors « largement inconnus ».

Une part d’ombre qu’ils se sont échinés à éclaircir en déterminant notamment que « le VIH était associé à un risque significativement plus élevé d’infection par le SRAS-CoV-2 (RR 1,24, IC à 95% 1,05–1,46; Fig.  2 ) ». Un enseignement inquiétant auquel s’ajoute un autre, puisque le risque de mortalité augmenterait de « près de 80 % » chez les PVVIH par rapport aux personnes ne vivant pas avec la maladie. « Les effets bénéfiques du ténofovir et des inhibiteurs de protéase sur la réduction du risque d’infection par le SRAS-CoV-2 et de décès par COVID-19 chez les PVVIH ne sont pas concluants », précisent les auteurs.

Hypertension, diabète, maladies cardiovasculaires… Les comorbidités sont légion chez les personnes vivant avec le virus du VIH/SIDA. Un fait qu’ont souhaité rappeler les chercheurs au travers de leur méta-analyse. « Comme ces comorbidités jouent un rôle important dans la gravité du Covid, ces patients, même sous traitement antirétroviral, peuvent présenter un système immunitaire affaibli et, par conséquent, présenter un risque accru de Covid et d’effets indésirables associés », soulignent-ils.

Malgré ces facteurs inquiétants, les personnes souffrant de cette pathologie ne font pour l’heure pas partie des publics prioritaires à la vaccination en France. « Les données spécifiques sur l’innocuité et l’efficacité de ces vaccins (Pfizer/Moderna) dans cette population sont encore limitées », estimait en effet la Haute Autorité de Santé, dans un rapport publié le 30 avril dernier. Cela, même si l’Académie de Médecine appelait, le 20 janvier, à les inclure à la stratégie de vaccination en soulignant que « que lorsque l’infection VIH est bien contrôlée par trithérapie, la réponse sérologique en cas de Covid-19 est équivalente à celle des patients VIH, ce qui peut laisser présager une bonne réponse à la vaccination ». Une prise de position qui rejoint celle formulée par les auteurs de la méta-analyse. « Les personnes vivant avec le VIH doivent être considérées en priorité pour le vaccin contre le SRAS-CoV-2 », concluent-ils.

Source : Le Quotidien du Médecin

L’islatravir, un inhibiteur de la translocation de la transcriptase inverse des nucléosides indiqué dans le traitement de l’infection à VIH, vient de donner de bons résultats dans une étude clinique de phase 2b publiée dans le « Lancet ».

Qualifiée de « molécule très prometteuse », par le Pr Jean-Michel Molina, premier auteur de l’étude et chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Saint Louis et Lariboisière (Université de Paris et AP-HP), l’islatravir est un nouvel inhibiteur de la transcriptase du VIH ayant de multiples mécanismes d’action dont une inhibition de la translocation, et qui dispose d’une barrière génétique très élevée à la résistance. « Sa particularité est aussi que cette molécule reste efficace à des concentrations très faibles et qu’elle dispose d’une très longue demi-vie intracellulaire », complète le Pr Molina.

Vers une bithérapie

Au cours de cette étude, les auteurs franco-américains ont recruté 121 patients adultes naïfs de tout traitement. Tous avaient une charge virale à l’inclusion de plus de 1 000 copies par ml, un décompte de lymphocytes T CD4 d’au moins 200 cellules par ml et une clairance de la créatinine d’au moins 50 ml/min. Ces participants ont été répartis en quatre groupes : trois d’entre eux ont été traités par une association d’islatravir (à des doses soit de 0,25, 0,75 et 2,25 mg), de doravirine (100 mg) et de lamivudine (300 mg) tandis que le dernier, le comparateur, l’était par celle de ténofovir disoproxil fumarate (TDF, à 300 mg), de doravirine (100 mg) et de lamivudine (300 mg). Au bout de 24 semaines, les patientsdes bras islatravir ayant atteint l’objectif de moins de 50 copies par ml ont vu leur traitement évoluer vers une bithérapie islatravir/doravirine.

Au bout de 24 semaines 90 % des patients du groupe islatravir 0,25 mg, 100 % du groupe 0,75 mg et 87 % du groupe 2,25 mg ont obtenu une charge virale VIH plasmatique inférieure à 50 copies par ml, de même que 87 % du groupe comparateur sous TDF. À la semaine 48 (donc après le switch vers la bi thérapie d’une partie des patients sous islatravir) 90 % de patients du groupe 0,25 mg étaient toujours en état de suppression virologique, de même que 90 % de ceux du groupe sous 0,75 mg d’islatravir et 77 % de ceux du groupe 2,25 mg. Dans le groupe comparateur, 84 % des patients avaient moins de 50 copies d’ARN viral par ml.

Une PrEP sous forme d’implant ou en un comprimé mensuel

Grâce à sa longue demi-vie, il est envisagé d’employer l’islatravir dans le cadre de la prophylaxie pré-exposition (PrEP). « Des études sont en cours pour son utilisation sous la forme d’implants ou en traitement oral pris une fois par mois », explique le Pr Molina, qui estime que l’enjeu des prochains travaux sera de déterminer la meilleure combinaison. « Dans notre étude, nous l’avons utilisé en association avec la doravirine, mais il y a un accord qui a été signé entre Merck (le laboratoire développant l’islatravir) et Gilead pour expérimenter une association avec le lenacapavir », complète-t-il.

Un autre essai est également en cours chez les patients dont l’infection résiste à plusieurs lignes de traitement. Les données précliniques indiquent en effet que l’islatravir reste efficace contre les souches résistantes aux autres inhibiteurs nucléosidiques.

L’islatravir s’inscrit dans le mouvement actuel en faveur de traitements longue durée d’action à prises plus espacées, à l’image du cabotegravir en injection intramusculaire qui a obtenu son AMM en 2019. « Il y a une vraie demande des personnes à simplifier leur traitement », juge le Pr Molina.

 

Source : Huffpost

L’acteur américain sait qu’il est porteur du VIH depuis 14 ans. Il veut aujourd’hui envoyer un message positif et assure n’avoir jamais été en « aussi bonne santé ».

C’est une déclaration importante. Dans une interview au Hollywood Reporter, la star de la série à succès “Pose” Billy Porter révèle qu’il a été diagnostiqué positif au VIH il y a 14 ans, en 2007.

“La honte de cette époque et la honte que j’avais accumulée dans ma vie m’ont contraint au silence et j’ai vécu dans le silence pendant 14 ans, a-t-il confié. Être séropositif d’où je viens, dans l’église pentecôtiste avec une famille très religieuse, c’est une punition divine”.

L’acteur de 51 ans explique en avoir parlé à “tous ceux qui avaient besoin de le savoir”, sauf à sa mère. “J’essayais d’avoir une vie et une carrière et je n’étais pas certain que c’était possible si les mauvaises personnes étaient au courant”, ajoute-t-il, précisant n’en avoir jamais discuté avec ses collègues de la série “Pose”.

“Cela aurait été un autre moyen pour certaines personnes de me discriminer dans une profession déjà discriminante. Alors j’ai essayé d’y penser le moins possible, mais la quarantaine (et la crise sanitaire liée au Covid-19, NDLR) m’ont beaucoup appris”.

“Je n’ai jamais été en aussi bonne santé”

L’acteur, qui révèle également avoir été abusé sexuellement par son beau-père quand il avait sept ans, assure que le moment était venu de “passer à autre chose, car la honte est destructive”.

Dans la suite de son interview au Hollywood Reporter, l’acteur entend passer un message positif, s’exclamant: “C’est à ça que ressemble une personne séropositive”: “Je n’ai jamais été en aussi bonne santé de toute ma vie (…) Il est temps de raconter une autre histoire. Il n’y plus de stigma, arrêtons avec ça.”

Comme le rappelait l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dès 2019, “plusieurs études montrent que les personnes vivant avec le VIH qui ont une charge virale “indétectable” ne peuvent pas transmettre le VIH à d’autres personnes […]. En préservant la vitalité de leur système immunitaire, le traitement antirétroviral permet aux personnes vivant avec le VIH de vivre longtemps et en bonne santé”.

Billy Porter, qui assure que sa mère a très bien réagi à la nouvelle, dit en avoir finalement parlé au casting de Pose.

Et de conclure: “La vérité est la guérison. Et j’espère que cela me libère. J’espère que cela me libèrera pour que je puisse éprouver une joie réelle et pure, pour que je puisse expérimenter la paix, pour que je puisse expérimenter l’intimité, pour que je puisse avoir des relations sexuelles sans honte. C’est pour moi. Je fais ça pour moi”.

Source : Inserm

Les mesures de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant ont permis d’éviter 1,4 million de contaminations entre 2000 et 2015. Malgré tout, 160 000 cas de VIH pédiatriques ont été dénombrés en 2018. Pour stopper la transmission maternelle du VIH, des efforts restent à faire, en particulier pour réduire encore plus drastiquement les contaminations par l’allaitement. 

Un groupe de chercheurs internationaux, menés par les Pr Philippe Van de Perre (Inserm, université de Montpellier, EFS et université des Antilles) et Ameena Goga (South Africain Medical Research Council – SA-MRC et université de Pretoria) ont exploré les stratégies biomédicales complémentaires à mener dans les zones à forte prévalence et incidence du VIH pour éviter la transmission postnatale du virus, dans un article publié le 3 avril dans The Lancet.

D’importants progrès ces vingt dernières années ont permis de réduire la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Des estimations rapportent que 1,4 million de contaminations pédiatriques ont été évitées entre 2000 et 2015, soit une réduction de 70 % par rapport aux 15 années précédentes. Ceci a été rendu possible grâce au déploiement de stratégies efficaces : dépistage et traitement universel, trithérapie antirétrovirale pour les femmes enceintes et allaitantes vivant avec le VIH, traitement prophylactique pour les nouveau-nés exposés au virus, etc. En 2018, 160 000 cas de VIH pédiatriques ont cependant été dénombrés.

Si les taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant avant et pendant la naissance décroissent, celui après la naissance, par l’allaitement, connaît une baisse moins prononcée. En 2017, l’allaitement était responsable de plus de 50 % des cas de transmission maternelle du virus dans 15 des 21 pays prioritaires du plan mondial de l’Onusida en Afrique subsaharienne.

Des estimations rapportent qu’en Afrique du Sud, l’allaitement aurait été responsable de 75 % des cas de transmission de la mère à l’enfant entre 2017 et 2018, contre 40 % entre 2004 et 2005.

Plusieurs éléments expliquent le déclin plus lent qu’attendu des transmissions postnatales : des difficultés (logistiques, culturelles, géographiques…) pour dépister les femmes enceintes et rendre leur charge virale indétectable, l’adhérence non optimale au traitement antirétroviral, l’allaitement prolongé au-delà de la période de suivi maternel… De plus, le risque d’acquisition du VIH est plus important chez les femmes pendant le 3e trimestre de grossesse et jusqu’à 6 semaines après l’accouchement pour de raisons qu’il reste à investiguer. En cas d’acquisition du VIH par la femme allaitante, le risque de transmission au nourrisson est très élevé.

Selon Philippe Van de Perre, « non seulement les variations de prévalence du VIH sont substantielles entre les pays, mais aussi au sein d’un pays. Un système très fin est nécessaire pour identifier les zones où la transmission est forte, pour identifier les causes locales de transmission mère-enfant et pour y mettre en œuvre les solutions appropriées ».

Les stratégies actuellement acceptées et réalisables, mais très peu pratiquées, comprennent la prophylaxie pré-exposition – ou PrEP – pour les femmes enceintes ou allaitantes n’ayant pas le VIH afin de prévenir l’acquisition du virus et le renforcement du dépistage répété, les soins maternels adaptés et la PrEP prolongée pour les nourrissons dont les mères ont une charge virale détectable. Par exemple, pour augmenter l’adhérence des mères à la PrEP après l’accouchement, une bonne information sur les risques de transmission du virus par l’allaitement reste à mettre en place. Des essais de phase 3 d’injections de la molécule antirétrovirale cabotégravir à action prolongée sont également en cours.

Des approches pour renforcer les recommandations existantes pourraient consister en des tests de dépistage qualitatifs et quantitatifs en fin de grossesse et pendant l’allaitement afin de diagnostiquer l’infection chez le nourrisson et de déterminer la charge virale maternelle. Par exemple, l’essai PROMISE-EPI, promu par l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes, est en cours en Zambie et au Burkina Faso. Il serait alors possible de mettre en oeuvre une PrEP chez le nourrisson exposé et d’initier ou de renforcer un traitement antirétroviral chez les mères vivant avec le VIH. D’autres approches pourraient inclure l’introduction de schémas alternatifs de PrEP pour les nourrissons, comme la prescription d’antirétroviraux à action prolongée ou d’anticorps neutralisants à large spectre dans les centres de soins pédiatriques. « Ces anticorps pourraient être produits à grande échelle et pour un coût assez faible, ce qui rendrait possible leur utilisation partout, explique Philippe Van de Perre, plusieurs études en cours sur leur utilisation semblent très prometteuses, y compris chez les nouveau-nés ». L’ANRS | Maladies infectieuses émergentes et le SA-MRC soutiennent, à titre d’exemple, l’essai UMBRELLA/SAMBULELO qui devrait être initié prochainement en Afrique du Sud.

Un vaccin anti-VIH efficace administré aux nourrissons serait crucial pour éliminer le VIH pédiatrique. Le développement des approches visant à induire des anticorps neutralisants à large spectre dirigés contre le VIH est en cours, explorant la sécurité, l’immunogénicité et la pharmacocinétique de ces vaccins.

Dans les régions où la prévalence et l’incidence du VIH sont élevées, le renforcement et l’extension des politiques existantes est nécessaire, ainsi que la mise en œuvre de nouvelles stratégies de prévention biomédicale et l’évaluation de l’efficacité des stratégies existantes et nouvelles. « Nous pensons que les protocoles de recherche éthiques visant à tester de nouvelles stratégies complémentaires telles que les vaccins ou les anticorps neutralisants à large spectre, qui ne reposent pas sur une adhésion quotidienne ou des tests, doivent être approuvés de toute urgence par les comités d’éthique de la recherche sur l’homme et testés », rapporte Philippe Van de Perre.

Source : Futura Sciences

Le sel amoindrit la respiration et la production énergétique cellulaire. Avec des conséquences non seulement sur la maturation des monocytes, précurseurs des macrophages, mais aussi probablement sur l’ensemble des cellules de notre corps.

L’excès de sel est connu pour favoriser l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires, les calculs rénaux ou l’ostéoporose. De précédentes études (lire ci-dessous) ont également montré que le sel affaiblit les défenses immunitaires, en inhibant l’action des granulocytes neutrophiles, les globules blancs qui « mangent » les cellules infectées. Des chercheurs de Max Delbrück Center, à Berlin, ont aujourd’hui découvert un nouveau mécanisme à l’œuvre : le sel « étoufferait » littéralement nos cellules en empêchant la respiration mitochondriale.

Les cellules produisent moins d’ATP et consomment moins d’oxygène

En 2015, des chercheurs avaient remarqué que des concentrations élevées de sodium dans le sang affectent à la fois l’activation et la fonction des monocytes circulant, les précurseurs des macrophages qui sont les « camions poubelle » chargés de nettoyer les microbes morts. Mais les mécanismes de cet effet demeuraient encore mystérieux. Sabrina Geisberger et ses collègues ont cherché à en savoir plus : ils ont d’abord examiné le métabolisme des cellules immunitaires d’hommes et de souris soumises à des concentrations élevées en sel. Après seulement trois heures, ils ont observé que le sel perturbait le fonctionnement des mitochondries, la centrale énergétique de la cellule. Résultat : « Les cellules produisent moins d’ATP [le carburant qui alimente les cellules pour que celles-ci fabriquent les protéines et d’autres molécules, ndlr] et consomment moins d’oxygène », atteste Sabrina Geisberger, principale auteure de l’étude parue dans la revue Circulation.

Paradoxalement, l’effet immunitaire est renforcé car cette perturbation de la respiration aboutit à une maturation différente des monocytes. « Ces derniers dopent la réaction inflammatoire des phagocytes, ce qui accroît leur capacité à lutter contre les infections bactériennes mais peut aussi amener à une augmentation du risque cardiovasculaire », explique Dominik Müller, coauteur de l’étude.

Une seule pizza suffit à priver les cellules d’énergie

La bonne nouvelle, c’est que cet effet semble transitoire. Les chercheurs ont étudié l’effet d’une seule pizza contenant 10 grammes de sel chez des volontaires masculins. « Alors que l’effet modérateur sur les mitochondries est significatif trois heures après le repas, il est à peine mesurable après huit heures », note l’étude. « C’est une bonne nouvelle, car s’il s’agissait d’une perturbation prolongée, les cellules pourraient être durablement privées d’énergie, confirme Dominik Müller. Néanmoins, le risque à long terme d’une consommation répétée d’aliments très salés ne doit pas être exclu ».

Si l’étude s’est ici spécifiquement penchée sur les cellules immunitaires, il est probable que l’effet concerne l’ensemble des autres cellules du corps, puisque ces dernières comportent toutes des mitochondries — à l’exception des globules rouges. On les trouve ainsi en nombre particulièrement élevé dans les cellules qui requièrent beaucoup d’énergie, comme les cellules musculaires ou les neurones. Ce n’est sans doute pas un hasard si on a constaté une intensification du déclin cognitif chez des personnes ayant un régime riche en sel. Un effet heureusement là encore réversible.

 

Source : Sci.Dev.Net

Les établissements de santé d’Afrique ont enregistré une baisse de 23 % des consultations concernant les enfants de moins de cinq ans entre avril et septembre 2020, comparativement à la même période en 2019.

Telle est l’une des conclusions d’un rapport publié au mois d’avril 2021 par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, évaluant l’impact de la COVID-19 sur la lutte contre ces trois maladies.

L’étude qui porte sur les données de 502 établissements de santé répartis dans 32 pays d’Afrique et d’Asie, dont 24[1] en Afrique, révèle également que « selon 85 % des établissements sondés, les patients ont cessé de fréquenter les établissements de santé surtout par crainte de contracter la COVID-19 ».

« Ce que nous craignons c’est que la situation du VIH devienne pire en Afrique subsaharienne qui concentre une grande partie des nouvelles infections avec près d’un million en 2019 selon ONUSIDA et où l’accès au traitement reste encore un grand défi »

Alliou Sylla, Coalition Plus

De manière spécifique, l’on apprend que le taux de dépistage du VIH/sida a baissé de 41% en moyenne pendant cette même période. Alors que le nombre de personnes tuberculeuses orientées chez un spécialiste a chuté de 59 %.

Selon l’étude, la situation était aussi préoccupante dans les établissements africains qui, apprend-on, « ont enregistré une baisse de 29 % des orientations et une diminution de 28 % des services de diagnostic et de dépistage de la tuberculose pharmacosensible ».

Un phénomène qui aura été plus perceptible dans les sites communautaires des pays du continent où les enquêteurs ont enregistré une chute de 58 % dans le diagnostic et le dépistage de la tuberculose pharmacosensible par rapport à 2019.

A propos du diagnostic et du traitement du paludisme, les établissements sondés en Afrique ont enregistré une baisse de l’ordre de 17 % et 15% respectivement. « En outre, 21 % des établissements africains subissaient une pénurie d’antipaludéens pour les enfants de moins de cinq ans », indique le rapport.

Cet état des lieux ne surprend pas David Reddy, le directeur général de Medecines for Malaria Venture, une organisation qui lutte pour la réduction du paludisme dans les pays où cette maladie sévit de manière endémique.

Dans une interview qu’il a accordée à SciDev.Net, il affirme que « les tentatives de limiter cette pandémie mondiale par des restrictions sociétales et des confinements ont mis un terme à des prestations de services de santé et à d’autres initiatives ».

Il ajoute qu’en cherchant des moyens optimaux de gérer la COVID-19, les pays ont changé d’orientation et ont dû retirer des ressources qui étaient destinées aux maladies transmissibles et non transmissibles.

Outre la chute des diagnostics et de la fréquentation des hôpitaux relevés dans le rapport, David Reddy fait savoir que « les chaînes d’approvisionnement mondiales de médicaments et de diagnostics ont été perturbées et, plus en amont, les activités liées à la découverte de nouvelles molécules et aux essais cliniques sur de nouveaux antipaludiques ont également été retardées ».

De son côté, Alliou Sylla, directeur du bureau Afrique de Coalition Plus, une union internationale d’ONG spécialisées dans la lutte contre le sida et les hépatites virales, renchérit en disant que « dans de nombreux pays en Afrique de l’Ouest et du Centre, les mesures prises pour ralentir la propagation du virus ont rendu plus difficile l’accès aux soins de santé et à d’autres services pour les personnes atteintes du VIH/sida ».

Avec pour conséquence, précise-t-il, un suivi biologique qui devient de plus en plus difficile de même que la possibilité pour ces personnes d’aller chercher leurs médicaments ou faire des tests de dépistage. Ce qui est d’autant plus préoccupant que le dépistage est un maillon essentiel de la lutte contre cette maladie.

« Ce que nous craignons c’est que la situation du VIH devienne pire en Afrique subsaharienne qui concentre une grande partie des nouvelles infections avec près d’un million en 2019 selon ONUSIDA et où l’accès au traitement reste encore un grand défi », souligne Alliou Sylla.

Il rappelle au passage qu’en Afrique de l’Ouest et du Centre par exemple, seules 2,9 millions de personnes vivant avec le VIH ont accès à un traitement sur un total de 4,9 millions de personnes recensées par l’ONUSIDA en 2019 comme vivant avec la maladie dans la région.

Similitudes

Même son de cloche du côté de Lucica Ditiu, la directrice exécutive de Stop TB Partnership, une institution qui travaille pour un diagnostic, un traitement et des soins de haute qualité en faveur des personnes porteuses de la tuberculose à travers le monde.

Cette dernière confie à SciDev.Net que la tuberculose a payé un lourd tribut à la COVID-19 à cause des similitudes entre les deux maladies qui affectent les poumons. Ce qui fait que les centres de santé et les médecins qui se consacrent d’habitude à la tuberculose ont été réquisitionnés pour prendre en charge les patients souffrant de COVID-19.

« Du moment que la tuberculose et la COVID-19 ont les mêmes symptômes, les gens faisaient les tests de la COVID-19 et on leur disait qu’ils n’avaient pas de COVID-19 et personne ne pensait à la tuberculose. Or, avec le confinement, ils restaient à la maison sans être diagnostiqués », décrit Lucica Ditiu.

Un bulletin produit par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) confirme d’ailleurs cette description en indiquant que « en 2020, 84 pays représentant 84% de l’incidence mondiale estimée de la tuberculose en 2019 ont notifié 4,9 millions de cas, contre 6,3 millions déclarés pour 2019. » Soit une chute de 21% en un an.

« Ainsi, l’impact de la COVID-19 sur la tuberculose est dévastateur et nous sommes en train de perdre 10 à 12 ans de travail de riposte contre cette maladie au niveau mondial », regrette Lucica Ditiu

Pour Alliou Sylla, atténuer ces impacts de la COVID 19 dépend fortement de la capacité de la société civile à maintenir son rôle et à donner la parole aux communautés les plus susceptibles d’être laissées pour compte.

A titre d’exemple, indique-t-il, « certaines de nos organisations ont mobilisé leurs agents communautaires pour organiser des campagnes de sensibilisation au niveau des quartiers, des villes et des villages, distribuer des matériels d’hygiène, expliquer la distanciation physique, etc. »

« Ailleurs, elles ont mis en place des modalités de soutien psychosocial à distance et dispensent des antirétroviraux au domicile des personnes vivant avec le VIH dans des villes ou régions sous mesure de confinement, et bien d’autres interventions », ajoute Alliou Sylla.

Mais le problème, de l’avis de Lucica Ditiu, est que les ressources pour lutter contre ces trois maladies restent très limitées en Afrique subsaharienne.

« En ce qui concerne la tuberculose par exemple, près de 90% des financements viennent du Fonds mondial et 10% des ressources locales. Mais, tout cela ne représente qu’une fraction du montant requis au total », regrette-t-elle.

Source : Ouest France

Un rapport de Santé publique France publié ce lundi 17 mai indique que les discriminations et violences ont un impact négatif sur la santé physique et mentale des personnes LGBT.

Une étude de Santé publique France, publiée ce lundi 17 mai, à l’occasion de la Journée internationale de lutte conte les LGBT-phobies, met en lumière les conséquences de ces discriminations sur les personnes LGBT (lesbiennes, gays, bis et trans).

D’après cette enquête, les personnes LGBT sont plus nombreuses à expérimenter des troubles dépressifs (19 %) et des pensées suicidaires (11 %) que la population générale (respectivement 11 % et 4,5 %). La consommation de substances addictives (drogues, alcool) est aussi plus importante dans cette communauté et peut participer à la contamination par transmission sanguine (VIH, hépatite C).

La santé mentale plus fragile des personnes LGBT serait directement liée aux discriminations et violences rencontrées à l’école, dans la famille, au travail et dans les lieux publics. Elles créent des sentiments de rejet, de honte, et poussent les personnes concernées à se renfermer sur elles-mêmes.

Un suivi médical difficile

Les personnes LGBT souffrent aussi de moins bons diagnostics médicaux, liés à la méconnaissance de leur orientation sexuelle ou identité de genre, qui nécessite une attention particulière. Les hommes ayant des relations avec des hommes ont par exemple plus de risques de développer certaines IST (VIH, hépatite A) ou maladies (HPV). Des traitements préventifs existent (PrEP, vaccins) mais ils ne sont souvent pas proposés par les médecins qui ne connaissent pas l’orientation de leurs patients ou les spécificités que celle-ci implique.

Les femmes lesbiennes ou bisexuelles sont également nombreuses à éviter de se rendre chez un gynécologue : 36 % n’ont jamais consulté et 90 % n’ont jamais eu de dépistage de chlamydia. En conséquence, les IST sont quatre fois plus présentes que chez les femmes hétérosexuelles. Là aussi, les personnes se justifient par la crainte du jugement, du rejet, de remarques désobligeantes ou d’agression en parlant de leur orientation sexuelle à leur médecin.

Les personnes trans encore plus touchées

Ces situations sont encore plus dommageables pour les personnes trans : elles sont plus de 85 % à rapporter des discriminations et un tiers à avoir vécu des agressions. Elles sont aussi davantage sujettes à être rejetées ou mal diagnostiquées par le corps médical. Pour pallier cette situation, la communauté LGBT répertorie et s’échange les noms des professionnels de santé bienveillants et compétents, pour s’assurer un accueil et des soins adaptés.

Alors qu’Emmanuel Macron a apporté son soutien aux personnes LGBT en cette Journée internationale de lutte contre les LGBT-phobies, la France maintient sa treizième place au classement ILGA Europe 2021, qui classe les pays européens en fonction des droits LGBT. L’organisation a d’ailleurs alerté sur la stagnation de ces droits sur le continent européen, qui ne fait plus de progrès depuis 2019.

Source : Têtu

Après de longs mois de retards techniques, votre médecin généraliste pourra enfin délivrer la PrEP en primo-prescription, nous a annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran.

L’aboutissement de longs mois de couacs. En ce mois de juin 2021, la PrEP pourra enfin être prescrite en primo-prescription par les médecins généralistes. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, nous l’a annoncé dans une interview accordée pour TÊTU qui sera publiée en intégralité dans le prochain numéro du magazine, à paraître le 16 juin.

« Il y a eu trop de délai par rapport à ce que j’avais demandé », reconnaît Olivier Véran. De fait, près d’un an après sa promesse, la mesure se fait toujours attendre. « Il y a eu un problème de lecture juridique avec le Conseil d’État », nous a expliqué le ministre, qui en décembre dernier promettait encore : « C’est l’affaire de quelques semaines ».

Réduction du risque VIH

Dans son projet de décret, la direction générale de la Santé prévoyait alors que le traitement préventif de réduction du risque de contamination au VIH (la PrEP signifie prophylaxie pré-exposition) puisse être prescrit par des « médecins expérimentés ». Mais la formulation ne permettait pas de couvrir les médecins qui ont suivi une formation en ligne… « De l’amateurisme », regrettait alors Aurélien Beaucamp, président d’AIDES, assurant avoir souligné auprès du ministère la difficulté.

Une erreur de forme qui a abouti à de longs mois de retard. Après des recommandations de la Haute autorité de Santé (HAS), l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a dû être saisie, retardant de nouveau le texte« Une procédure contradictoire est en cours. Elle sera terminée avant fin mai », indique aujourd’hui Olivier Véran. Une formation est par ailleurs mise en place pour accompagner les médecins généralistes : « Nous allons diffuser les bonnes pratiques de la HAS ainsi que les outils de formation pour qu’au mois de juin, les prescriptions puissent commencer en ville.« 

La PrEP a reculé avec le Covid-19

Ce n’est pas trop tôt. La lutte contre le VIH pâtit en effet déjà cette année de celle contre le Covid-19. Les chiffres sont mauvais : deux mois après le premier confinement, 15% des usagers sous PrEP n’avaient pas repris le traitement préventif. Au total, en 2020 les délivrances de PrEP ont été en baisse de 36% par rapport aux projections. Concernant les dépistages du VIH, c’est la cata : pendant le premier confinement, ils ont baissé de 56%.

« C’est irresponsable de limiter le déploiement de la PrEP pour un simple vice de forme qui, en plus, a été pointé du doigt. Le ministère va être responsable des futures infections », s’agaçait en février Aurélien Beaucamp. Avec la mesure qui entre en vigueur en juin, le ministre de la Santé espère que les délivrances de PrEP vont retrouver une trajectoire ascendante : « On y est, on y est ! ».