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Source : L’économiste

Les progrès du Maroc en matière de lutte contre le VIH-Sida sont « éloquents » et ses réalisations dans ce sens dépassent les moyennes mondiale et régionale, a affirmé le directeur du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA) au Maroc, Kamal Alami.

Il a souligné que le Royaume a réalisé une moyenne de couverture par le traitement antirétroviral de 76% dépassant même la moyenne mondiale qui est de 73% et la moyenne régionale Afrique du Nord/Moyen Orient qui est de 41%. Selon un dernier rapport du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/Sida (ONUSIDA) intitulé « Engagements mondiaux, action locale. Après 40 ans de Sida, la voie à suivre pour mettre fin à la pandémie », la région de l’Afrique du Nord et du Monde arabe est très en retard dans ce domaine avec une couverture par le traitement antirétroviral qui ne dépasse pas les 40%.

Toutefois, le Maroc se démarque par rapport à sa région et, selon le rapport, se trouve sur la bonne voie grâce notamment à la stratégie qu’il a mise en place depuis de nombreuses années, à son engagement politique de haut niveau et aux plans stratégiques de lutte contre le Sida qu’il a mis sur pied tous les cinq années depuis l’année 2002. Dans le sillage de la pandémie de la Covid-19, le directeur de ONUSIDA-Maroc a dit que la lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus a impacté la riposte au VIH au niveau mondial.

 

Source : Santé Log

Ils l’appellent la « dream team », il s’agit plus sérieusement d’une combinaison de 2 médicaments, le nelfinavir, un médicament antirétroviral utilisé pour le traitement de l’infection par le VIH et la cépharanthine, un composé anti-inflammatoire et anticancéreux, isolé d’une plante orientale. Ce duo de médicaments pourrait présenter une efficacité très élevée contre le COVID-19, démontrent ces expériences précliniques publiées dans la revue iScience.

Les scientifiques de l’Université de Tokyo ont, là encore, « criblé » toute une base de médicaments, à la recherche de repositionnements d’agents existants dans le traitement de COVID-19. Car si nous disposons aujourd’hui de toute une série de vaccins efficaces contre la maladie, et contre la propagation du virus, l’épidémie poursuit sa course dans le monde, avec chaque jour des milliers de victimes. Il s’agit donc, en dépit des vaccins, de poursuivre les progrès dans le traitement et la prévention de la maladie.

Sensibiliser déjà les cliniciens sur cette nouvelle option de traitement

De plus, les vaccins ne sont pas à 100 % protecteurs, ce qui souligne le besoin, aujourd’hui plus que jamais, de traitements antiviraux efficaces. De plus, certaines personnes ne peuvent pas se faire vacciner en raison de problèmes de santé. Enfin, de nouvelles variantes du SRAS-CoV-2 émergent, dont les résistances commencent à être documentées.

Tout commence par un criblage : ici, les chercheurs ont d’abord mis en place un système de criblage de médicaments efficaces à contrôler les infections. Ce système utilisait un type de cellules appelées cellules VeroE6/TMPRSS2, qui avaient été manipulées pour être efficacement infectées et produire le SARS-CoV-2. « Pour déterminer si un médicament pouvait combattre efficacement l’infection par le SRAS-CoV-2, nous avons exposer ces cellules VeroE6/TMPRSS2 à la fois au médicament et au SARS-CoV-2, puis nous avons observé si le médicament permettait d’entraver le processus d’infection et la propagation du virus ». Avec cette méthodologie, les chercheurs ont criblé tout un panel de médicaments déjà approuvés pour une utilisation clinique,

y compris le remdesivir et la chloroquine, des médicaments déjà approuvés comme traitements pour COVID-19.

Cette recherche aboutit à un résultat à la fois nouveau et passionnant : 2 médicaments induisent in vitro une suppression efficace du SRAS-CoV-2 : la cépharanthine, utilisée pour traiter l’inflammation, et le nelfinavir, approuvé pour le traitement de l’infection par le VIH :

  • la cépharanthine inhibe l’entrée du virus dans les cellules en empêchant le virus de se lier à une protéine de la membrane cellulaire, qu’il utilise comme passerelle ;
  • le nelfinavir empêche le virus de se répliquer à l’intérieur de la cellule en inhibant une protéine dont le virus a besoin pour sa réplication ;
  • ces médicaments ayant des mécanismes antiviraux distincts, l’utilisation du « duo » pourrait être particulièrement efficace pour les patients, les modèles informatiques prédisant que la thérapie combinée cépharanthine/nelfinavir pourrait accélérer l’élimination du SRAS-CoV-2 des poumons d’un patient et l’éliminer en seulement 4,9 journées.

Le duo de médicaments n’est pas encore prêt à être déployé dans les systèmes de santé mais de nouvelles recherches sur son potentiel clinique sont déjà planifiées.

« Néanmoins », écrivent les chercheurs dans leur communiqué « étant donné la poursuite de la pandémie et le nombre croissant et continu de décès, ces données peuvent suggérer aux cliniciens, une nouvelle option de traitement  ».

 

Source : Coalition Plus

En 2020, 690 000 personnes sont mortes de maladies liées au VIH / sida. Partout dans le monde, l’épidémie reste une menace pour la santé publique. Du 8 au 10 juin 2021, l’Assemblée générale des Nations Unies se réunira pour évaluer les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH / sida. A cette occasion, les Etats membres adopteront une déclaration politique, afin de définir les grandes orientations et objectifs de la riposte à l’épidémie pour les 5 prochaines années. Coalition PLUS, ses membres et partenaires, ont souhaité apporter leurs contributions.

Moins d’inégalités, plus d’inclusion, moins de VIH

En tant que réseau international d’ONG communautaires de lutte contre le sida et les hépatites virales agissant dans 52 pays auprès d’une centaine d’organisations de la société civile, nous reconnaissons les efforts importants qui ont été déployés par les États qui ont participé au processus de négociation, ainsi que par le groupe de travail multipartite afin de porter la société civile aux devants de la scène internationale, à travers divers espaces de consultation et de participation.

Coalition PLUS reconnaît les progrès accomplis de la déclaration politique et demande à ce que les points suivants soient inclus :

  1. Intégrer explicitement la réponse au VIH/sida dans la vision globale de la garantie du droit à la santé en mettant en avant les stratégies de couverture sanitaire universelle et en incluant une approche de santé basée sur les droits humains et le genre dans toutes les politiques de santé publique.
  2. Inclure explicitement la nécessité d’aborder la relation entre les causes structurelles (comme la pauvreté, les inégalités de genre, l’accès à l’éducation,) de l’inégalité en tant qu’éléments clés pour fournir une réponse globale au VIH/SIDA.
  3. Affirmer la nécessité pour les États d’adopter des lois, des politiques et des pratiques dépénalisant et déstigmatisant le travail sexuel, la consommation de drogues, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre. Dans le même temps, mettre en œuvre des lois de protection et de lutte contre les discriminations afin d’aborder la question de la stigmatisation et de la discrimination.
  4. Reconnaître universellement le rôle et le statut des pairs-es éducateurs-rices dans les structures des systèmes de santé publique, en affirmant le rôle essentiel de leur travail dans la réalisation des objectifs 95-95-95.
  5. Mentionner que la participation effective de la société civile est encore limitée étant donné les problèmes structurels d’inégalité dans l’accès à l’information dans différentes langues, aux médias et aux technologies numériques disponibles, aux différents processus de formation professionnelle et d’expansion pour le renforcement des capacités. Ce constat s’aggrave au fur et à mesure que les événements et institutions sont de haut niveau, excluant ainsi matériellement la société civile de certains des pays les plus touchés par l’épidémie. Cela pose la nécessité d’inclure des stratégies et des mécanismes d’élimination de ces obstacles comme la communication en toutes les langues (y compris les dialectes autochtones), la mise en place de facilitation de la mobilité de ses représentants, le financement de projets d’inclusion numérique dédiés à la société civile et adaptée à ses besoins.
  6. L’importance de proposer des mécanismes plus inclusifs, plus actifs et plus concrets de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des engagements pris dans la déclaration, en renforçant les stratégies participatives de responsabilisation et reddition de comptes.

VIH : l’engagement de Coalition PLUS en faveur d’une réponse communautaire coordonnée, basée sur les droits humains et l’équité de genre

Dans le même temps, bien que les problèmes suivants aient été mis en évidence, nous demandons que l’accent soit mis sur les points suivants :

  1. Inclure la nécessité d’éliminer toutes les formes de violence contre les populations les plus exposées au risque d’infection au VIH, y compris l’importance de briser les obstacles structurels et de condamner fermement les comportements et les discours qui normalisent la violence, notamment celles basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.
  2. Inclure explicitement toutes les populations qui sont les plus exposées au VIH/SIDA, aux IST, et hépatites virales dans les instances nationales de planification et de coordination de la riposte au VIH. Ce terme désigne les réfugiés, les victimes de déplacements forcés, les demandeurs d’asile et les populations déplacées internes, c’est-à-dire les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays (PDI).
  3. Prioriser le droit d’avoir le contrôle et de décider librement et de façon responsable des questions liées à la sexualité, y compris la santé sexuelle et la santé de la reproduction, à l’abri de toute contrainte, de toute discrimination et de toute violence.
  4. Prendre des mesures de santé publique cohérentes sur la question des hépatites virales et de santé anale en privilégiant les interventions efficaces, en encourageant les approches de prestation de services garantissant qualité et équité, en élargissant la couverture des programmes de manière à obtenir un impact durable au sein des populations, et en établissant des responsabilités claires pour les parties prenantes.

Nous réaffirmons l’engagement le plus ferme de Coalition PLUS en faveur d’une réponse communautaire engagée, basée sur les droits humains et l’équité de genre, et coordonnée aux défis du VIH, des hépatites virales et autres infections sexuellement transmissibles pour mettre fin à l’épidémie mondiale de VIH/sida.

Source : Konbini Biiinge

L’épisode 4 de la saison 8 de Skam a révélé qu’un des personnages était porteur du VIH.

Dans la grande tradition de Skam, la version française diffusée avec succès depuis 2018 propose pour chacune de ses saisons de se centrer sur un personnage, et d’aborder à travers lui une thématique sociétale importante. Lancée le 3 mai dernier sur France.tv Slash, la saison 8 ne semblait pas déroger à la règle. Parmi la nouvelle génération d’adolescent·e·s – introduite dans une saison 7 centrée sur le personnage de Tiffany Prigent (Lucie Fagedet) et son déni de grossesse –, on allait cette fois s’intéresser au quotidien compliqué de Bilal Cherif (Khalil Ben Gharbia) et aborder la question de la précarité des jeunes.

En effet, dans les premiers épisodes, le jeune homme se retrouve sans domicile fixe avec son petit frère, tandis que sa mère, partie travailler dans le Sud, ne se doute de rien. Il se retrouve alors à squatter dans les caves du lycée. De peur d’être séparé de son frère ou d’attirer des ennuis à sa mère, il ne se résout pas à partager sa situation, ni avec les instances scolaires, ni avec la Mif, ni même avec son meilleur ami, Redouane (Abdallah Charki).

Toujours aussi juste dans sa peinture de l’adolescence, cette saison 8 de Skam ne résume pas le personnage de Khalil à sa condition précaire. Le jeune homme continue de coudre ses vêtements, montrant une appétence certaine pour des métiers de la mode, et se lie un peu plus intensément avec le personnage de Jo (Louise Malek). Mais la jeune femme aussi semble cacher un secret qui la ronge. Finalement, après quelques malentendus, dans l’épisode 4 diffusé le 28 mai dernier, l’adolescente se confie à Khalil. « En fait, j’ai le VIH », lui explique-t-elle. La série propose donc une deuxième thématique forte dans sa saison 8, et c’est une première.

À la base, on devait centrer la saison sur la précarité. Mais à la suite d’un sondage qui parlait de la hausse des contaminations du VIH en France chez les jeunes, la chaîne a décidé d’inclure cette thématique du sida à travers un autre personnage », m’explique Shirley Monsarrat, la réalisatrice de cette saison 8 (également de la saison 7).

Comme pour chaque thématique abordée dans Skam, la production se met à la recherche d’une personne consultante, experte du sujet. Ce sera Sylvain, membre de l’association Séropotes.

Il a épaulé les scénaristes pour la crédibilité du récit. Il a raconté sa propre histoire, comment il l’a vécue, le regard des autres, et ainsi, il a pu aiguiller la psychologie du personnage de Jo. Le sida et le VIH, on vit avec, mais c’est surtout le regard des autres qui joue. Après ce travail avec les scénaristes, on a organisé une rencontre entre Sylvain, Khalil et Louise pour qu’ils puissent échanger. Ils ne connaissaient pas du tout le sujet. Il est venu une après-midi, et ils ont pu lui poser toutes les questions qu’ils avaient en tête. Pour Louise, ça lui a donné de précieuses informations pour interpréter des scènes comme l’annonce ou le problème du traitement. On a fait ce travail avant le tournage. »

« Les jeunes n’y pensent pas du tout. Pour eux, ça n’arrive qu’aux autres »

Skam France a toujours été applaudie pour sa faculté à explorer la jeunesse française dans toute sa diversité. La série a ainsi proposé plusieurs personnages LGBTQ+, une communauté particulièrement touchée par le VIH. Pourtant, c’est un personnage hétérosexuel, Jo, qui contracte le virus dans cette saison 8. Shirley Monsarrat explique ce choix :

« On avait tous très envie de voir une histoire d’amour entre Jo et Bilal. Et ça nous semblait intéressant d’avoir un couple hétérosexuel plutôt qu’un couple homosexuel à nouveau. On a eu beaucoup de films et de séries sur le sujet déjà*. Et même si les sondages le montrent, beaucoup d’homos sont touchés par le sida, mais pas que.

Et pour moi, ça va au-delà du sida, il s’agit de parler à travers cet arc narratif des MST (maladies sexuellement transmissibles) en général. Les jeunes n’y pensent pas du tout. Pour eux, ça n’arrive qu’aux autres. Cette pensée est très ancrée. »

Dans ce même épisode (S08E04), Jo explique à Khalil qu’elle n’a couché qu’avec un seul garçon et, comme elle prenait la pilule, elle n’a pas jugé nécessaire de mettre un préservatif (son partenaire non plus). Elle ne l’a pas encore dit à ses parents. Elle détaille aussi les effets secondaires de son traitement : de nombreuses insomnies et des vomissements. Skam assure à travers ce genre de scène une transmission pédagogique sur un sujet lourd, de la façon la plus réaliste et fluide possible dans le récit. Mais ce n’est pas toujours une mince affaire, confirme la réalisatrice.

« Ces scènes ne sont jamais faciles à jouer. Ce sont souvent les répliques les moins appréciées des acteurs et actrices, mais elles sont hyper importantes, et on a des scénaristes qui se débrouillent vraiment bien pour rendre ces scènes intéressantes. En saison 7, on avait le rendez-vous chez la gynécologue, où tu apprends comment se passe un déni de grossesse.

On essaie de trouver des mises en scène captivantes. On passe par les émotions, on essaie de ne pas alourdir une scène d’informations mais de les disséminer au fur et à mesure. On a aussi la chance d’avoir un public hyper curieux. Il est en demande d’apprendre des choses. Les fans mettent des commentaires du genre : ‘Ah ça, je ne savais pas, je l’ai appris.’ Ces scènes qui peuvent paraître un peu lourdes, un peu pédago, sont en fait hyper appréciées parce que les fans en ressortent contents d’avoir appris quelque chose. C’est toujours cool à observer. »

On ne saluera jamais assez le travail de représentation fantastique qu’effectue Skam France, l’une des rares séries à mettre en scène l’adolescence française dans toute sa diversité et toute sa complexité, en n’oubliant pas d’y ajouter du cœur, de l’humour et de précieuses informations sur des sujets sensibles trop peu abordés par les instances officielles et qui pourtant les concernent directement.

La saison 8 de Skam est diffusée tous les vendredis sur la plateforme France.tv Slash.

*On pense aux séries et films It’s a Sin, 120 battements par minute, The Normal Heart, Angels in America ou encore Philadelphia.

Source : Medscape

Les pharmaciens, à l’instar des infirmiers, bénéficient depuis l’adoption de la loi du 24 juillet 2019 sur la transformation et l’organisation du système de santé, de nouvelles prérogatives en matière de prescriptions. Et ce malgré l’opposition farouche des syndicats de médecins libéraux, qui avaient bataillé contre l’amendement du député et médecin urgentiste Thomas Mesnier, lequel avait introduit cette possibilité de prescription pharmaceutique, très encadrée néanmoins.

Des nouveaux textes de loi apportent des précisions.

Un décret du 28 mai 2021 rend désormais possible la désignation, par le patient, d’un pharmacien correspondant. Dans le cadre d’une structure d’exercice coordonné, celui-ci aura la capacité de renouveler un traitement et, le cas échéant, d’en ajuster la posologie, toujours en accord avec le prescripteur.

Aussi, un arrêté publié au Journal officiel du 11 mai dernier, apporte de nouvelles précisions sur la prescription pharmaceutique.

 Renouvellement périodique des ordonnances : mode d’emploi

Pour ce qui est du renouvellement périodique des ordonnances et de leur adaptation, le décret a été publié au JO du 30 mai dernier.

Cet article stipule que le patient peut désigner auprès de l’assurance maladie, comme pharmacien correspondant, un pharmacien participant au même exercice coordonné que le médecin traitant du patient, avec l’accord du pharmacien. Le pharmacien correspondant peut renouveler ou adapter le traitement prescrit par le médecin traitant dans le cadre d’un exercice coordonné, dans les conditions suivantes :

  • Le projet de santé du dispositif auquel participent le pharmacien correspondant et le médecin traitant définit les modalités d’information du médecin, notamment en cas d’ajustement de la posologie.
  • La prescription médicale comporte une mention autorisant le renouvellement par le pharmacien correspondant de tout ou partie des traitements prescrits ainsi que, le cas échéant, une mention autorisant l’ajustement de posologie de tout ou partie des traitements.
  • L’officine dispose de locaux avec une isolation phonique et visuelle permettant un accueil individualisé des patients. La même condition s’applique lorsque le pharmacien intervient auprès d’un résident en établissement médico-social.
  • La durée totale de la prescription et de l’ensemble des renouvellements réalisés par le pharmacien correspondant ne peut excéder douze mois.

Par ailleurs « une liste des traitements non éligibles » à ce dispositif peut être fixé par le ministre de la santé, ajoute le décret.

Quelles pathologies ? Quels médicaments ?

L’arrêté du 11 mai apporte des précisions sur les conditions de prescription et la liste des médicaments que peut prescrire un pharmacien pour un certain nombre des pathologies bénignes.

Pour la pollakiurie et les brûlures mictionnelles chez la femme de 16 à 65 ans, il a été ajouté la notion de « non fébriles ». Les médicaments qui peuvent être prescrits sont la Fosfomycine trométamol PO et le Pivmecillinam PO.

Pour l’odynophagie (angine), il a été précisé la borne d’âge « de 6 à 45 ans » : Aussi, les antibiotiques suivants ont été ajoutés dans l’angine aigue streptococcique : cefotiam hexetil PO, clarithromycine PO et josamycine PO. Les antibiotiques pouvant être prescrits sont donc les suivants : Amoxicilline PO, Céfuroxime-Axetil PO, Céfpodoxime-Proxétil PO, Azithromycine P0, Cefotiam hexetil PO, Clarithromycine PO et Josamycine PO.

Selon le conseil national de l’ordre des pharmaciens, ce sont donc à ce jour 4 protocoles nationaux autorisés [qui] entrent dans le champ de la dispensation protocolisée : rhino-conjonctivite allergique saisonnière de patients de 15 à 50 ans (renouvellement de traitement), la pollakiurie et brûlure mictionnelle non fébrile chez la femme de 16 à 65 ans, l’odynophagie de 6 à 45 ans et l’éruption cutanée vésiculeuse prurigineuse chez l’enfant de 12 mois à 12 ans.

Dans quelles conditions le pharmacien peut-il prescrire ces médicaments ?

La prescription de ces médicaments par un pharmacien, désigné pharmacien correspondant, répond à certaines conditions. Ainsi ces prescriptions ne peuvent s’effectuer que dans le cadre d’un exercice coordonné. Le pharmacien devra être partie prenante d’une équipe de soins primaire, d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), d’une maison de santé ou encore d’un centre de santé.

Aussi, pour pouvoir prescrire ces médicaments, les pharmaciens doivent y avoir été formés, comme le précise un décret du 21 janvier 2021.

Les nouvelles prérogatives des pharmaciens

Outre la dispensation protocolisée (prescription pharmaceutiques) et « renouveler périodiquement des traitements chroniques et ajuster, au besoin, leur posologie », la loi du 24 juillet 2019 a étendu les prérogatives des pharmaciens dans d’autres domaines. Ainsi les pharmaciens peuvent aussi, « proposer des conseils et prestations destinés à favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes », « effectuer les vaccinations dont la liste est fixée par arrêté du ministre chargé de la santé pris après avis de la Haute Autorité de santé ».  Pour ce qui est de la vaccination, avant l’adoption de la loi du 24 juillet 2019, les pharmaciens d’officine étaient déjà autorisés, de manière expérimentale, à vacciner contre la grippe saisonnière. Aussi, de manière dérogatoire, dans le cadre de la lutte contre la pandémie Covid19, les pharmaciens d’officine sont autorisés à vacciner contre la Covid19.

 

Source : Santé Log

Comment l’infection par le VIH rétrécit la substance blanche du cerveau, c’est ce que nous explique cette équipe de l’Université de Pennsylvanie. Un mécanisme par lequel l’infection bloque le processus de maturation des cellules cérébrales qui produisent la myéline, une substance grasse qui isole et protège les neurones. Ces travaux, publiés dans la revue Glia, identifient notamment le rôle clé du glutamate, un neurotransmetteur, produit en excès par les macrophages infectés par le VIH et déjà connu pour ses effets neurotoxiques à niveaux élevés.

On sait depuis longtemps que les personnes vivant avec le VIH accusent une perte de substance blanche dans le cerveau. Contrairement à la « matière grise », composée des corps cellulaires des neurones, la matière blanche est constituée d’une substance grasse, la myéline qui forme une gaine protectrice autour des neurones et contribue à leur signalisation. « Même sous thérapie antirétrovirale (TARV), les personnes vivant avec le VIH ont toujours le virus présent dans leur corps, l’infection par le VIH elle-même pouvait donc affecter la substance blanche », précise l’auteur principal, le Dr Kelly Jordan-Sciutto, professeur à la Penn Medicine. « Une réduction de la substance blanche est associée à des troubles moteurs et cognitifs, il est donc important de mieux comprendre ces mécanismes ».

L’infection influe aussi sur la démyélinisation

De précédentes recherches de cette équipe de la Penn et de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie (CHOP) avaient révélé que la TARV pouvait avoir un effet de réduction de la substance blanche cependant la responsabilité du virus lui-même restait mal comprise. Cette nouvelle recherche, menée à la fois sur des cellules de souris et des cellules humaines, révèle précisément comment le VIH empêche les cellules cérébrales productrices de myéline appelées oligodendrocytes de mûrir, ce qui freine la production de substance blanche.

Le rôle clé de la myélinisation aux différentes étapes de la vie : dans la petite enfance, à l’adolescence et probablement pendant l’apprentissage à l’âge adulte aussi, la myélinisation ou production de substance blanche joue un rôle clé dans la plasticité cérébrale. Prévenir la perte de substance blanche ou démyélinisation permet de prévenir les dommages cognitifs associés. Les chercheurs savaient que le TARV peut perturber la fonction des oligodendrocytes, réduisant ainsi la formation de myéline, ils montrent ici que le virus lui-même a une responsabilité dans ce processus.

Le glutamate : L’examen des macrophages humains, des cellules immunitaires infectées par le VIH – alors que le virus n’infecte pas les neurones ou les oligodendrocytes- montre que cellules immunitaires infectées sécrètent des substances nocives, qui peuvent également tuer les cellules voisines, telles que les neurones, ou les empêcher de se différencier. Précisément, une fois infectées, elles produisent en excès, un neurotransmetteur, le glutamate, connu pour ses effets neurotoxiques à niveaux élevés. Et lorsque les chercheurs réduisent avec un autre composé les niveaux de glutamate dans une culture de macrophages infectés par le VIH avant le transfert du milieu de croissance aux précurseurs d’oligodendrocytes, ces cellules précurseurs peuvent mûrir normalement en oligodendrocytes. Ainsi, ces travaux in vitro révèlent que le glutamate sécrété par les macrophages infectés est responsable du blocage des cellules précurseurs au stade immature.

La réponse biologique au stress : c’est la deuxième explication documentée, à cette réduction de substance blanche. Cette réponse intègre 4 voies de signalisation différentes, qui entraînent des changements dans l’expression des gènes qui servent à protéger la cellule du stress ou à inciter la cellule à mourir, si le stress est insupportable. Ici, les chercheurs montrent que la réponse intégrée au stress est activée dans des cultures de cellules précurseurs d’oligodendrocytes.

La boucle est bouclée : ces différentes données permettent de reconstituer le puzzle ou le mécanisme complet : les macrophages infectés par le VIH sécrètent du glutamate, ce qui active la réponse au stress en activant une voie appelée PERK, qui bloque la maturation des précurseurs d’oligodendrocytes, ce qui réduit les oligodendrocytes et la production de myéline.

De nouvelles cibles médicamenteuses ? La compréhension de ce mécanisme permet de discerner les effets du virus de ceux des médicaments. L’identification de la voie de signalisation PERK notamment, ouvre également de nouvelles pistes thérapeutiques pour les troubles cognitifs liés au VIH.

« Lorsque nous mettons nos patients sous TARV, en particulier les enfants ou les adolescents, il est important de comprendre les implications : les antirétroviraux peuvent empêcher l’établissement d’un réservoir viral dans le système nerveux central, ce qui contribue à l’objectif, mais nous savons aussi que les médicaments peuvent nuire à la substance blanche ».

Source : Act-Up Paris

Nous, personnes vivant avec le VIH, activistes de la lutte contre le VIH-sida, personnes handicapé·e·s et militant·e·s d’Act Up-Paris appelons les député·e·s à voter le 17 juin prochain en faveur de la loi 3970 portant sur diverses mesures de justice sociale qui prévoit notamment de déconjugaliser le calcul de l’Allocation Adulte Handicapé.

Nous, personnes vivant avec le VIH, activistes de la lutte contre le VIH-sida, personnes handicapé·e·s et militant·e·s d’Act Up-Paris appelons les député·e·s à voter le 17 juin prochain en faveur de la loi 3970 portant sur diverses mesures de justice sociale qui prévoit notamment de déconjugaliser le calcul de l’Allocation Adulte Handicapé. Nous portons également d’autres revendications pour une véritable justice sociale pour tou·te·s

L’AAH, UN ENGAGEMENT HISTORIQUE D’ACT UP-PARIS

L’Allocation Adulte Handicapé a toujours été au cœur des luttes d’Act Up-Paris dès la création de l’association en 1989.

Alors que le sida aura 40 ans en juin 2021, les personnes séropositives, les personnes atteintes du sida et l’ensemble des militant·e·s de l’époque ont mené un combat acharné pour obtenir leur droit à l’AAH qui leur était refusé. Ce n’est qu’en 1993 que l’État consentit enfin à octroyer l’AAH aux séropos quand bon nombre d’entre eux-elles étaient en train de mourir, quand beaucoup trop étaient déjà mort·e·s.

Comment oublier que beaucoup de malades du sida sont décédé·e·s avant de pouvoir la percevoir comme ce fut le cas notamment de Cleews Vellay présidente d’Act Up-Paris entre 1992 et 1994 ?

Impossible d’oublier que des personnes malades du sida alors dans le plus grand désespoir arrêtaient leurs traitements au péril de leur vie pour que cette allocation leur soit accordée. Telle était l’abrupte et si particulière réalité pour les personnes séropositives à l’époque mais aussi pour un grand nombre de personnes en situation de handicap évolutif, c’est-à-dire des personnes atteintes de pathologies chroniques de longue durée, ce que la loi du 5 février 2005 qualifiera plus tard de « troubles de santé invalidants » dans sa définition du handicap.

Peu de temps après l’arrivée des trithérapies en 1996, le gouvernement français affirmait sa froide logique budgétaire en disant que les personnes avaient des traitements, qu’elles pouvaient donc contrôler le virus, que les malades du sida allaient bien et pouvaient donc retourner au travail.

La lutte que nous menons aujourd’hui pour l’individualisation de l’AAH est inscrite dans notre histoire activiste, militante, elle est dans notre ADN. La légitimité d’Act Up-Paris et donc des personnes vivant avec le VIH sur ce sujet est incontestable.

Il était important de remettre en exergue le combat d’Act Up-Paris, des personnes séropositives et de ses militant·e·s pour l’accès et la défense de leurs droits sociaux notamment l’AAH acquise grâce à une lutte sans relâche.

Vous devez prendre la mesure historique de ce combat qui rassemble toutes les personnes en situation de handicap dit visible ou invisible, que nous soyons atteint·e·s d’un handicap moteur, cognitif, sensoriel, mental ou d’un trouble de santé invalidant comme le VIH ou toute autre pathologie chronique qu’elle soit curable ou non.

Nous nous battons ensemble pour que la loi 3970 portant sur diverses mesures de justice sociale soit enfin votée, pour que le calcul de notre AAH soit désolidarisé des revenus de nos partenaires, pour qu’enfin nous puissions vivre en couple sans avoir à sacrifier notre indépendance financière et pour que l’État cesse de nous imposer ce choix injuste auquel personne ne devrait être jamais confronté.

Notre détermination est entière comme vous avez pu le constater lors du vote de la loi le 9 mars dernier au Sénat, au travers du rassemblement organisé par l’association Act Up-Paris, où un grand nombre de collectifs, de personnes concernées et d’allié·e·s nous ont rejoint·e·s.

UN ENGAGEMENT POUR TOU·TE·S LES MALADES CHRONIQUES

De toute évidence, il ne s’agissait là que d’une déclaration de principe qui ignore la réalité criante de l’atteinte à nos droits les plus fondamentaux alors que nous connaissons une situation d’urgence sanitaire et sociale d’ampleur.

Comment peut-on nous refuser notre indépendance financière tout en affirmant vouloir relever le défi de mettre en place « une société accessible où les personnes en situation de handicap pourraient vivre de façon autonome et participer à tout » ?

Ce n’est qu’un exemple des propos contradictoires tenus par Madame Sophie Cluzel, Secrétaire d’État en charge du handicap, comme lorsqu’elle se permet de parler de la citoyenneté des personnes handicapées alors même qu’elle continue de refuser avec obstination la déconjugalisation de l’AAH.

Elle fait tout simplement des personnes handicapées en couple une quantité négligeable, méprisable, faisant de nous des ersatz de citoyen·ne·s.

La primauté de la solidarité familiale est défendue par le gouvernement comme un état de fait dans l’unique but d’argumenter son désengagement sur le financement de l’action et de l’aide sociale au mépris de la solidarité nationale. La diversité des allocations liées au handicap montre à quel point ériger la solidarité familiale est contradictoire et n’a en réalité qu’un seul objectif, réduire les dépenses publiques et notamment concernant le financement des prestations sociales.

Le cas de l’AEEH en est un exemple puisque l’allocation d’éducation d’enfant handicapé est attribuée indépendamment des ressources familiales mais versée jusqu’aux 21 ans de l’enfant qui percevra l’AAH ensuite. Quand l’adulte handicapé vit chez ses parents qui sont tenus par la loi à une obligation alimentaire envers leur enfant, son AAH est versée à taux plein mais lorsqu’il-elle vit en couple avec sonsa conjoint·e qui n’est pas tenu·e à cette obligation, son AAH est réduite voire supprimée par la prise en compte des revenus du/de la conjoint·e.

UNE MESURE DE JUSTICE SOCIALE

Les différences de traitement des droits des personnes handicapées existent. Nous sommes infantilisé·e·s par l’État qui considère que nous devons vivre toute notre vie chez nos parents, ou seul·e·s et appauvri·e·s dans la solitude ou bien nous devons dépendre de nos conjoint·e·s financièrement.

C’est une véritable injustice et une souffrance car le gouvernement ne peut pas ignorer les nombreuses personnes handicapées qui sont victimes de violences conjugales. Et quand le gouvernement affirme que la personne victime de violences quitte le domicile conjugal, qu’elle doit le signaler à la CAF et que son AAH lui sera versée immédiatement sur un compte allocataire personnalisé, c’est mal connaître la situation des violences conjugales et la difficulté d’y échapper, de s’en libérer parfois.

Lorsque Madame Sophie Cluzel évoque la notion de droit commun pour motiver son refus de cesser de prendre en considération les revenus des conjoint·e·s pour le calcul de l’AAH pour les personnes bénéficiaires, c’est révoltant et c’est surtout incohérent. Le droit commun, ce sont des règles juridiques communes applicables à tou·te·s sans aucune particularité ni spécificité. Madame Sophie Cluzel se contredit car elle oublie de préciser que l’AAH est une des rares prestations qui est accordée sur la base de critères médicaux. Quant aux personnes détenues en prison, elles ne relèvent pas du droit commun pour Madame Cluzel puisqu’elles perçoivent uniquement 30% de leur AAH même si les revenus du couple ne dépassent pas le plafond.

Une injustice sociale supplémentaire pour les personnes incarcérées handicapées, atteintes de pathologie chronique de longue durée.

Dès le début, ce gouvernement a affirmé sa volonté de poursuivre une politique néolibérale mise en place depuis 2008 après la crise financière qui vise à se désengager toujours plus du financement de l’aide sociale, de la solidarité nationale, c’est-à-dire le financement des prestations sociales telles que l’AAH mais aussi le RSA pour les personnes précaires, fragiles et vulnérables. Tous les gouvernements de ces dernières années n’ont jamais cessé d’opposer les personnes actives aux personnes inactives, avecce discours dérangeant sur l’assistanat et du fameux donnant-donnant comme l’exigence de contrepartie en retour de l’aide sociale.

Cela dérange parce que ces prestations ne sont pas contributives car les bénéficiaires ne sont pas soumis·e·s à l’impôt et elles sont insaisissables contrairement aux allocations chômage et à la pension d’invalidité. Le gouvernement poursuit donc une politique néolibérale où la croissance est le modèle économique dominant et où le système d’aides sociales repose entièrement sur le travail.

LE SOCIAL AU SERVICE DE L’HUMAIN ET DE SON AUTONOMIE

Depuis des années, l’objectif de cette politique à impact social est de remettre à tout prix au travail les personnes en situation de handicap mais aussi les chômeur·se·s de longue durée et les bénéficiaires des minima sociaux avec des stratégies telles que « territoire zéro chômeur·se, stratégie de lutte contre la pauvreté… ».

Pour exemple, la grande campagne actuelle visant à augmenter les primes pour l’embauche des travailleur·se·s handicapé·e·s, comme si c’était une avancée sociale, alors que la part versée aux salarié·e·s avec une RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé) n’est plus en vigueur depuis longtemps et que cela reste au bon vouloir de l’employeur·se aujourd’hui d’en donner une partie aux travailleur·se·s handicapé·e·s.

L’emploi de plus en plus important de jeunes en situation de handicap, ou pas en service civique qui n’est pas cumulable avec le RSA alors que ce dernier l’est avec une activité salariée, est un moyen d’avoir une main d’œuvre bon marché. La coercition avec la privation de droits comme moyen de remettre tout le monde au travail tel est l’objectif de cette politique néolibérale que nous refusons de subir.

C’est dans cette perspective qu’en 2018 le gouvernement a voulu, lors de la grande consultation citoyenne sur le revenu universel d’activité, y intégrer l’AAH et face aux revendications de plusieursassociations, le Président Macron retirait cette allocation du revenu universel d’activité.

Dans la droite ligne du gouvernement Fillon sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron a aussi cherché à diviser les travailleur·se·s au sein même des personnes en situation de handicap car les malades chroniques ont clairement été visées dans le décretdu 16 aout 2011 et de sa circulaire du 27/10/2011 qui fait suite à la réforme de l’AAH en 2010 instaurant la déclaration trimestrielle de ressources (DTR) et la RSDAE (Restriction Substantielle et Durable d’Accès à l’Emploi) dans l’objectif de faire des économies sur le dos des personnes malades chroniques.

Dans ce cas, l’AAH n’est donc plus versée à la personne, même si un taux d’incapacité la rend éligible (50 et 79%) à cette prestation si la RSDAE ne lui est pas reconnue, c’est à dire que ses difficultés d’accéder à un emploi et/ou de s’y maintenir durablement ne sont pas prises en compte ou qu’elles soient minimisées.

Le complément de ressources de 179,04€, dont les seul·e·s bénéficiaires étaient les personnes reconnues avec un taux d’incapacité (= ou + 80%), n’est plus versé aux nouveaux·elle·s bénéficiaires depuis le 1er décembre 2019, journée mondiale de lutte contre le VIH-sida. Il reste maintenu uniquement pour 10 ans pour les ancien·ne·s bénéficiaires. Il ne reste que la MVA (Majoration pour la vie autonome) de 104,77€ pour les bénéficiaires de l’AAH à plus de 80% donc une perte de 75€.

L’AAH, le complément de ressources, la PCH et la MVA sont quatre aides sociales différentes, elles doivent se compléter et non être mutualisées,
substituées ou supprimées. Quant à la PCH (Prestation de Compensation du Handicap), l’aide humaine attribuée aux personnes handicapées qui en ont besoin pour les gestes et les actes de la vie quotidienne, il est révoltant de voir à quel point elle est calculée au rabais. Les personnes lésées par cette froide logique budgétaire sont facilement quantifiables auprès des associations qui accompagnent les personnes dans leur demande de PCH contrairement aux 44000 perdant·e·s invoqué·e·s par Madame Sophie Cluzel pour argumenter le refus d’individualiser l’AAH. Madame Catherine Deroche, Présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, l’a dit elle même : il n’existe aucune étude d’impact, aucune donnée sérieuse pour motiver le refus du gouvernement et corroborer cette théorie comme quoi cela coûterait trop cher de financer cette mesure tout en disant qu’elle trouvait curieuse l’absence d’éléments probants sur ce sujet.

Les handicaps et les maladies invalidantes ne disparaissent pas avec le temps, les personnes apprennent à vivre avec leur pathologie, leur handicap et l’impact sur leur vie quotidienne est une réalité que le gouvernement ne peut nier et en ce sens l’AAH devrait être attribuée à vie. 

EN FINIR AVEC LA MISE EN OPPOSITION DES MALADES CHRONIQUES ET DES TRAVAILLEUR·EUSE·S

Nous pensions que la loi 2005 permettrait un meilleur accès aux droits des personnes handicapées mais c’est loin d’être le cas car cela fait plus de dix ans que tout est mis en œuvre pour restreindre, supprimer, voire refuser l’AAH à de nombreuses personnes handicapées.

« La loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 Février 2005 établissait dans son article 2 une définition du handicap, « constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant » et remplace la loi du 30 Juin 1975. »

En France, le seuil de pauvreté est de 1.065€/ mois et l’AAH est de 902,70€/mois en 2021 et son augmentation récente de 0,90€ montre que l’on sera loin de l’atteindre à ce rythme. Le gouvernement actuellement au pouvoir se félicite de l’avoir augmentée de 100€ depuis son arrivée (de 800 à 900€).

Nous ne faisons pas la charité, nous exigeons le respect de nos droits sociaux conquis grâce à une lutte acharnée et qui depuis une dizaine d’années ne cessent d’être attaqués. Nous exigeons un niveau de vie digne et décent qui soit a minima égal ou supérieur au seuil de pauvreté pour l’ensemble des bénéficiaires de l’AAH.

Le jeudi 13 février 2020, contre l’avis du gouvernement et alors que les député·e·s LREM de la majorité étaient en minorité présentielle ce jour-là, l’Assemblée Nationale a adopté une proposition de loi supprimant la prise en compte des ressources des conjoint·e·s pour le calcul de l’AAH pour la personne bénéficiaire. Ce que le président Macron n’a pas digéré ainsi qu’une grande partie des député·e·s LREM.

Mesdames et Messieurs les député·e·s, nous exigeons le vote en faveur de la loi 3970 pour qu’enfin les revenus des conjoint·e·s cessent d’être pris en compte pour le calcul de l’AAH des personnes bénéficiaires.

NOUS EXIGEONS DÈS MAINTENANT :

1. La désolidarisation des revenus du/de la conjoint·e pour le calcul de l’AAH pour tou·te·s les bénéficiaires car nous ne voulons pas dépendre de notre conjoint·e,

2. L’augmentation de l’AAH pour atteindre le seuil de pauvreté pour tou·te·s les bénéficiaires c’est-à-dire 1065€ ou plus,

3. L’attribution à vie de l’AAH pour les personnes en situation de handicap visible ou invisible car un handicap, une maladie chronique, invalidante, ne disparaît pas avec le temps, on vit et on évolue avec,

4. L’abrogation du décret du 16 août 2011 et donc de la RSDAE,

5. La suppression de la DTR pour le calcul de l’AAH,

6. L’accès à la complémentaire santé solidaire pour tou·te·s les bénéficiaires de l’AAH sans aucune participation financière,

7. Que l’ensemble des personnes incarcérées bénéficient de l’intégralité de leur AAH alors qu’actuellement elles n’en perçoivent que 30%,

8. Que les personnes hospitalisées continuent de percevoir leur AAH même au-delà des 60 jours d’hospitalisation,

9. Que l’AAH soit versée à la personne handicapée dès la majorité à 18 ans,

10. La présence des associations au sein des recours juridiques après le refus du RAPO aux côtés des avocat·e·s,

11. Une réelle priorité au logement social pour les personnes bénéficiaires de l’AAH qu’elles soient en couple, célibataires avec ou sans enfants,

12. Des logements sociaux 100% accessibles comme prévu initialement dans la loi Elan avant qu’ils ne soient réduits à seulement 20%,

13. Une meilleure représentation des associations de lutte contre le VIH-sida dans les CDAPH,

14. Une prise en compte respectueuse des besoins des personnes dans le cadre de l’aide humaine et de la PCH

15. Une transparence totale sur l’accès aux demandes d’allocations ou d’autres prestations faites par les personnes auprès des MDPH, dans certaines grandes villes les personnes ont un identifiant et un mot de passe pour suivre leur dossier en temps réel et cela devrait être un droit absolu et généralisé. L’opacité parisienne sur le sujet de l’accès au suivi de son dossier est problématique,

16. La même transparence sur les demandes de logements sociaux, un accès aux demandeur·se·s via Internet sur leur dossier pour modifier leurs informations, y apporter des documents de mise à jour, ce qui encore une fois n’est pas le cas à Paris et revoir la copie quant au système de points comptabilisés pour bénéficier de la priorité au logement social,

17. De remettre le cumul ASS et AAH supprimé le 1er janvier 2017,

18. Le versement de la pension de veuvage à tou·te·s les conjoint·e·s survivant·e·s que seuls les couples mariés perçoivent alors que les personnes pacsées et concubines notoires n’y sont pas éligibles,

19. Le complément de ressources doit être à nouveau versé à toutes les personnes reconnues à 80% et plus qui a été supprimé le 1er décembre 2019, journée mondiale de lutte contre le VIH-sida,

20. Le RSA pour tou·te·s les jeunes de 18 à 25 ans,

21. Le seuil de pauvreté pour tou·te·s les bénéficiaires du RSA,

22. Le forfait logement ne doit plus être appliqué pour le calcul d’éligibilité à la complémentaire santé solidaire car c’est ce dernier qui fait que les personnes ont une participation financière pour la mutuelle.

Nous, séropos, personnes en situation de handicap, voulons faire nos propres choix, celui de notre indépendance financière, celui de vivre en couple ou pas et le calcul du montant de notre AAH doit cesser de prendre en compte les revenus de nos conjoint·e·s car c’est notre handicap, notre pathologie.

Nous avons bien l’intention, au travers de notre plaidoyer, de convaincre l’ensemble des député·e·s de voter en faveur de la loi 3970.

Nous souhaitons aussi qu’elle soit votée sans tentative de blocage à coups d’amendements pour retarder le processus législatif et si la loi est votée, nous exigerons qu’elle soit promulguée et appliquée dans les plus brefs délais.

Refuser la désolidarisation des revenus des conjoint·e·s dans le calcul de l’AAH pour les personnes bénéficiaires, c’est continuer de bafouer des principes constitutionnels. Pour n’en citer qu’une partie : « Tout être humain qui en raison de son âge, de son état physique ou mental, de sa santé, de la situation économique se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ».

C’est cela la véritable solidarité nationale, la justice sociale, le principe d’égalité des droits.

Nous ne cesserons jamais de nous battre pour nos droits.

Source : Le Monde

En moins d’un an, plusieurs vaccins contre le Covid-19 ont été créés. A l’inverse, quarante ans après la première alerte sur le sida, il n’en existe aucun contre cette maladie. La virologue Christine Rouzioux explique les raisons de ce décalage.

Quarante ans après la première alerte sur le sida, le 5 juin 1981, il n’existe toujours aucun vaccin contre le sida. On ne guérit pas du sida : les personnes séropositives sont contraintes de suivre un traitement à vie. A l’inverse, les chercheurs ont réussi une course contre la montre exceptionnelle face au coronavirus. En moins d’un an, plusieurs vaccins contre le Covid-19 ont été autorisés. Comment expliquer un tel décalage ?

Le VIH et le coronavirus sont en fait deux virus très différents, explique Christine Rouzioux, professeure émérite en virologie à la faculté de médecine René-Descartes (hôpital Necker), membre de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie nationale de pharmacie.

Pouvez-vous rappeler ce qu’est le VIH ? Comment ce virus agit-il dans le corps ?

Le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) est un virus qui infecte les cellules du système immunitaire – les lymphocytes. Il a pour particularité d’intégrer son matériel génétique dans le chromosome des cellules qu’il infecte. Le VIH est un lentivirus qui induit une lente dégradation du système immunitaire et conduit progressivement à la maladie sida (syndrome d’immunodéficience acquise). Le corps est alors vulnérable à de multiples infections opportunistes (toxoplasmose, pneumocystose, cryptococcose, etc.).

Comme les lymphocytes sont des cellules qui ont un rôle extrêmement important dans le système immunitaire, elles sont toujours en action. Or, dès qu’elles sont actives, elles produisent du virus. La réplication du virus est donc continue.

Les traitements antirétroviraux et leur combinaison en trithérapie permettent uniquement de bloquer la multiplication du virus. Ces traitements – qui doivent être pris à vie – empêchent l’infection d’évoluer vers le sida mais ne permettent pas d’éliminer les cellules infectées et donc d’éradiquer le virus. Les lymphocytes infectés se mettent à l’état de dormance et ne sont pas reconnus comme infectés, il est donc impossible de les éliminer. C’est l’obstacle majeur de cette infection. C’est aussi un obstacle à la vaccination thérapeutique.

C’est la raison pour laquelle il n’existe, à ce jour, aucun vaccin contre le sida ?

Ce virus déjoue continuellement les réponses immunitaires, il les contourne. Toutes les approches vaccinales qui ont été testées ont, jusqu’à présent, échoué à faire un vaccin efficace, y compris les vaccins à adénovirus (qui utilisent un virus vivant, mais rendu inoffensif, pour véhiculer une partie de l’ADN d’un autre virus, en l’occurrence celui du VIH, dans les cellules afin de déclencher une réponse immunitaire).

Le VIH induit une réponse immunitaire bien modeste, et l’on ne sait pas la rendre puissante et efficace ; on ne sait pas quelles sont les réponses immunitaires qui seraient assez efficaces pour protéger les personnes de l’entrée du virus dans l’organisme. De plus, il existe beaucoup de variants, il faudrait donc plein de vaccins différents.

Les personnes séropositives ont des anticorps contre le VIH, mais ce ne sont pas des anticorps capables d’éliminer les cellules infectées car ces cellules sont majoritairement au repos et ne sont pas reconnues par le système immunitaire comme étant porteuses du virus.

Ce virus est terriblement intelligent : il sait se cacher et contourner les défenses de l’organisme. En infectant directement le système immunitaire, il va en quelque sorte « diriger » les réponses immunitaires, tout en les détruisant progressivement.

En quoi le coronavirus est-il différent du VIH ? Comment expliquer qu’on ait réussi à trouver un vaccin contre le Covid-19 en moins d’un an ?

Il y a un point commun entre le VIH et le coronavirus : ce sont des virus dont le matériel génétique est de l’ARN (acide ribonucléique). Mais seul le VIH a une enzyme capable de transformer son ARN en ADN, lui permettant de s’incorporer dans le chromosome des cellules infectées. Or c’est précisément ce qu’on ne sait pas faire : éliminer un génome viral d’un chromosome.

Les coronavirus n’ont pas cette enzyme. De plus, ils touchent des cellules qui vont être facilement détruites par le système immunitaire et l’organisme va réussir à déclencher des réponses immunitaires globales associées dans un premier temps à une inflammation – le nez qui coule, par exemple. L’organisme va déclencher ensuite des réponses immunitaires spécifiques, c’est-à-dire adaptées au coronavirus. Le tout permet d’éliminer le virus et d’éradiquer totalement l’infection, le plus souvent en une dizaine de jours.

Le SARS-CoV-2 est un virus qui entre par les voies aériennes supérieures (nez, pharynx et larynx) et qui se multiplie dans les cellules du nez et de la gorge. Grâce au système que je viens de décrire, dans la majorité des cas, le virus est éliminé en quelques jours sans aucune incorporation du matériel génétique dans le chromosome des cellules. Mais chez certaines personnes, notamment celles ayant une ou plusieurs comorbidités, les choses peuvent s’aggraver : le virus persiste et descend dans les poumons, il peut alors conduire à une pneumonie, voire à une insuffisance respiratoire pouvant causer la mort du patient.

Les vaccins à ARN messager constituent une révolution

Comme pour l’infection par le virus de la grippe, l’infection par le SARS-CoV-2 induit des réponses immunitaires relativement solides, que l’on sait en outre produire par la vaccination. Les vaccinés sont protégés au moins dix à douze mois. Le problème qui persiste actuellement est lié aux variants qui peuvent émerger pour contourner les réponses vaccinales. Jusqu’à présent, on constate que la vaccination contre le virus A protège relativement bien contre le variant B. Toutefois, même vacciné contre le A, une surinfection au B reste possible (sans développement de forme grave).

C’est tout l’enjeu dans les mois à venir et cela dépendra de la puissance des vaccins, car tous les vaccins disponibles ne sont pas équivalents. Les vaccins à ARN messager constituent une révolution : ils sont particulièrement puissants et représentent une avancée considérable en vaccinologie. Avec ces vaccins, l’idée est de laisser nos cellules fabriquer elles-mêmes en abondance le composant contre lequel notre organisme va apprendre et s’entraîner à lutter.

Aujourd’hui, quels sont les traitements utilisés pour les patients séropositifs ? Pourquoi ces traitements ont-ils mis du temps avant d’être efficaces ?

La recherche de traitements a pu paraître longue, mais les résultats sont là : d’abord la monothérapie, puis la bithérapie, avec des effets secondaires importants, puis les trithérapies à partir de 1995. Les traitements actuels sont de plus en plus efficaces et de mieux en mieux tolérés, avec relativement peu d’effets indésirables. A tel point que, désormais, les sujets infectés traités ont une vie pour ainsi dire normale. C’est la compréhension très fine des mécanismes moléculaires de la multiplication du virus qui a permis peu à peu de créer des molécules bloquantes, empêchant l’évolution vers le sida.

Il faut comprendre que le virus n’est rien sans la cellule : à l’extérieur d’une cellule, un virus est une particule inerte. Une fois à l’intérieur de la cellule, le virus va détourner toute la machinerie cellulaire à son profit. C’est le virus qui gagne. La cellule, elle, construit et produit progressivement de nombreuses particules virales qui vont se diffuser.

Toutes ces recherches ont permis de montrer qu’en ciblant des enzymes spécifiques du VIH on empêche la multiplication du virus et on bloque l’évolution de l’infection. Les cellules infectées sont dormantes et il n’y a pas de destruction des lymphocytes. Mais, une fois encore, cela n’élimine pas les cellules infectées, qu’on appelle alors cellules réservoirs du VIH.

Dans combien de temps peut-on espérer avoir un vaccin contre le sida ?

C’est impossible à dire. Néanmoins, je suis optimiste : on peut espérer que des essais de vaccins à ARN messager contre le sida puissent être rapidement testés pour empêcher l’infection de pénétrer l’organisme (donc à titre préventif). Peut-être, aussi, pourra-t-on commencer par tester des vaccins thérapeutiques. En tout cas, vu la puissance de ces vaccins, le champ des possibles est devenu énorme. Mais n’oublions pas que l’aventure scientifique des vaccins à ARN messager a débuté il y a plus de vingt ans. Il faut du temps.

Dans un futur plus ou moins proche, il est possible d’imaginer que l’industrie pharmaceutique va d’abord s’intéresser à des maladies simples et touchant un public très large, comme la grippe saisonnière, afin de prouver l’efficacité du système à ARN messager, avant de s’attaquer à des infections virales plus complexes comme celle du VIH.

 

Source : CNRS Le Journal

Il y a tout juste 40 ans, une revue américaine faisait état d’une nouvelle forme de pneumonie touchant cinq patients : il s’agit en fait de la première évocation du sida. Rappel des faits dans cette chronique de Denis Guthleben, historien des sciences au CNRS.

5 juin 1981. La revue américaine Morbidity and Mortality Weekly Report publie une note révélant que cinq malades ont été admis depuis octobre 1980 dans trois hôpitaux de Los Angeles, et traités pour une forme de pneumonie qui n’apparaît que lorsque le système immunitaire est très affaibli. Or ces malades, dont deux sont déjà décédés, sont tous de jeunes hommes qui ne se connaissaient pas et étaient en parfaite santé jusqu’à l’apparition des premiers symptômes…

SIDA, Sida, sida

Difficile de ne pas être saisi aux tripes en lisant cette note, « Pneumocystis Pneumonia – Los Angeles », à quarante ans de distance. Sans le savoir encore, ses auteurs posent un jalon dans notre histoire : il s’agit de la première mention, dans la littérature scientifique, d’une maladie baptisée dans les mois suivants « syndrome d’immunodéficience acquise ». En France, l’acronyme « SIDA » se transformera peu à peu en nom propre, « le Sida », puis en nom commun, « le sida », un parcours étymologique qui est à lui seul révélateur de la place que la maladie a prise dans nos vies.

Des vies, justement, le sida en fauche de plus en plus au début des années 1980. Après la publication initiale, de nouveaux cas ne tardent pas à être identifiés en Amérique du Nord et en Europe. En France, les docteurs Willy Rozenbaum et Jacques Leibowitch font le lien entre certains des malades qu’ils rencontrent et les observations effectuées outre-Atlantique. Ensemble, ils créent le premier « groupe français de travail sur le SIDA ». Et le travail ne manque pas, en effet, pour trouver l’origine de cette maladie dont le profil des victimes, tous « active homosexuals » comme le relevait dès juin 1981 la MMWR, commence à déchaîner les passions… et les délires : des enragés n’hésitent pas à évoquer un châtiment tombé du ciel, comme au bon vieux temps de la peste noire !

Garde haute

Dans ce contexte parfois nauséabond, la recherche, elle, progresse. À Paris, au sein de l’unité Institut Pasteur/CNRS/Inserm d’oncologie virale, une équipe de scientifiques est sur la piste du responsable : le « virus de l’immunodéficience humaine » est isolé sur le ganglion d’un malade traité à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, et décrit en 1983. Cette découverte vaudra le prix Nobel de physiologie ou médecine à Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier 25 ans plus tard. Mais la communauté savante n’est pas non plus à l’abri des polémiques. Un âpre conflit de paternité sur le VIH a opposé l’équipe française à un chercheur américain, Robert Gallo, finalement débouté au terme de longues années de procédures. De plus, au grand regret des récipiendaires eux-mêmes, en 2008 le comité Nobel a ignoré le rôle clé joué par l’un des membres de l’équipe de Luc Montagnier, Jean-Claude Chermann.

Mais si la recherche n’est pas un long fleuve tranquille, elle n’en débouche pas moins sur des résultats prometteurs, en matière de diagnostic et de traitement. En 1987, l’anti­rétroviral AZT apporte une première réponse encourageante – avec en prime une réduction des risques de transmission de la mère à l’enfant, mais hélas de sévères effets secondaires. D’autres solutions thérapeutiques suivront, plus ciblées, mieux tolérées, au point qu’aujourd’hui une personne infectée conserve son espérance de vie si elle est détectée et traitée précocement – avec cette fois-ci pour revers imprévu une quasi banalisation de la maladie, alors que des centaines de milliers de personnes continuent d’être infectées chaque année dans le monde, et dépistées trop tardivement.
Heureusement, à côté des chercheurs, les associations veillent et agissent : depuis la création de Gay Men Health Crisis en 1982 aux États-Unis, puis de Vaincre le SIDA en 1983 et Aides en 1984 en France, elles ont été à la pointe de la lutte et ont mené un combat qui a bousculé les politiques et transformé jusqu’à la pratique scientifique elle-même : le sida marque clairement un tournant dans le domaine des relations entre chercheurs, médecins et malades. Ensemble, ils nous rappellent qu’il ne faut pas baisser la garde : à l’heure où une nouvelle pandémie accapare nos esprits, un vieil ennemi rode toujours, qui continue de tuer !

Source : Catie

On a mené de grands essais cliniques pivots sur les vaccins contre la COVID-19 auprès de dizaines de milliers de personnes séronégatives. Nous disposons cependant de peu de données sur l’effet de ces vaccins chez les personnes vivant avec le VIH.

En Angleterre, des équipes de recherche de Londres et de l’Université Oxford ont collaboré à une étude portant sur 54 adultes séropositifs qui avaient reçu deux doses du vaccin d’AstraZeneca contre la COVID-19.

Avant de s’inscrire à l’étude, toutes les personnes suivaient un traitement du VIH (TAR) et avaient une quantité indétectable de ce virus dans leur sang (charge virale), ainsi qu’un compte de cellules CD4+ relativement élevé. Le suivi a duré presque deux mois. À des fins de comparaison, les équipes ont analysé des données se rapportant à 50 adultes séronégatifs qui avaient également reçu le vaccin d’AstraZeneca.

Selon les équipes de recherche, les effets secondaires post-vaccination ont été semblables chez les deux groupes, et aucun effet secondaire grave n’a été signalé.

Les taux d’anticorps anti-SRAS-CoV-2 ont augmenté après la vaccination et sont restés détectables jusqu’à la fin de l’étude. La capacité des lymphocytes T à déclencher une réponse au SRAS-CoV-2 s’est également renforcée après la vaccination et s’est maintenue jusqu’à la fin de l’étude. Aucune différence significative n’a été constatée entre les personnes séropositives et les personnes séronégatives en ce qui concerne les taux d’anticorps et les réponses des lymphocytes T après la vaccination.

Les résultats de cette petite étude indiquent que le vaccin d’AstraZeneca est sûr, et qu’il pousse le système immunitaire à fabriquer et à maintenir des anticorps et des lymphocytes T qui s’attaquent au SRAS-CoV-2 chez des personnes séropositives en bonne santé sous TAR.

Détails de l’étude

Les sujets de cette étude participaient à un grand essai clinique de phase II/III du vaccin d’AstraZeneca contre la COVID-19. Recrutées en novembre 2020, elles ont reçu par la suite deux doses du vaccin à quatre à six semaines d’intervalle.

Les participants séropositifs (tous des hommes) avaient le profil moyen suivant au début de l’étude :

  • âge : 43 ans
  • principaux groupes ethnoraciaux : 85 % de Blancs; 7 % de personnes métissées, 4 % d’Asiatiques
  • compte de CD4+ : 700 cellules/mm3
  • charge virale en VIH : moins de 50 copies/ml

À des fins de comparaison, les équipes de recherche ont analysé les données recueillies auprès de 50 adultes séronégatifs, soit 26 hommes et 24 femmes âgés en moyenne de 39 ans à peu près.

Résultats

Aucun effet secondaire grave ne s’est produit; la plupart des effets secondaires ont été légers ou modérés dans les deux groupes.

Chez les personnes séropositives, les effets secondaires systémiques courants incluaient les suivants après la première dose du vaccin :

  • fatigue : 49 %
  • mal de tête : 49 %
  • douleur musculaire : 36 %
  • malaise général : 34 %
  • frissons : 23 %
  • douleur articulaire : 9 %

Les personnes séronégatives ont fait état d’effets secondaires similaires et d’intensité semblable après la première et la deuxième dose du vaccin. Cependant, chez les personnes séropositives, les effets secondaires semblent avoir été moins prononcés après la deuxième dose.

Vaccins : entraînement du système immunitaire

Les vaccins entraînent le système immunitaire à reconnaître un microbe envahissant, dans ce cas le virus appelé SRAS-CoV-2. Il existe d’ordinaire deux sortes de réponses générales à la vaccination :

  • Des anticorps sont créés pour aider le système immunitaire à identifier le SRAS-CoV-2 et, dans certains cas, à empêcher ce dernier de causer l’infection.
  • Certaines cellules du système immunitaire, soit les lymphocytes T et les cellules tueuses naturelles, apprennent à reconnaître et à attaquer les cellules infectées par le SRAS-CoV-2.

Résultats concernant les anticorps

Selon les analyses de sang effectuées auprès des personnes séropositives, les taux d’anticorps contre le SRAS-CoV-2 ont atteint leur sommet 14 jours après la deuxième dose du vaccin. Après ce moment, les quantités d’anticorps sont restées stables pendant toute l’étude. Aucune différence significative n’a été constatée entre les personnes séropositives et les personnes séronégatives en ce qui concerne les taux d’anticorps.

Chez les personnes séropositives, les comptes de cellules CD4+ se situaient entre 300 cellules/mm3 et 1 100 cellules/mm3 au cours de l’étude. Le vaccin n’a pas eu d’impact sur les comptes de cellules CD4+. De plus, les réponses des anticorps ont été semblables après la vaccination, peu importe le compte de CD4+.

Chez un sous-groupe de 15 personnes séropositives, les équipes de recherche ont analysé la capacité des anticorps générés par la vaccination à empêcher l’infection des cellules par le SRAS-CoV-2. Après la vaccination, des taux d’anticorps suffisamment élevés pour bloquer l’infection par le SRAS-CoV-2 ont été détectés chez 13 personnes sur 15, et ces taux ont continué d’augmenter au cours de l’étude.

Résultats concernant les lymphocytes T

Les équipes ont utilisé différentes techniques pour évaluer la capacité des lymphocytes T à déceler le SRAS-CoV-2 et à y répondre. Elles ont trouvé que les réponses antivirales étaient les plus fortes entre le 14e et le 28e jours suivant la première dose du vaccin. Après cette période, la capacité des lymphocytes T à répondre au virus a faibli mais elle est restée détectable jusqu’à la fin de l’étude. Aucune différence significative n’a été constatée entre les personnes séropositives et les personnes séronégatives en ce qui concerne les réponses des lymphocytes T.

Activation immunitaire excessive

L’infection au VIH, qui est chronique, provoque une activation immunologique persistante chez les personnes atteintes. Les taux d’activation immunologique sont alors plus élevés chez les personnes séropositives que chez les personnes séronégatives en bonne santé. L’amorce du TAR et l’atteinte et le maintien d’une quantité indétectable de VIH dans le sang permettent de réduire énormément l’activation immunologique excessive, mais sans pour autant la normaliser. De l’avis de nombreux scientifiques, l’activation immunologique excessive alimente l’inflammation et contribue ainsi à la lente dégradation des systèmes organiques chez les personnes vivant avec le VIH.

Compte tenu de ce risque d’activation immunologique, il est important d’évaluer les interventions comme les vaccins contre la COVID-19 pour déterminer leur impact éventuel sur le fonctionnement du système immunitaire. La bonne nouvelle à cet égard est que le vaccin d’AstraZeneca n’a pas augmenté l’activation du système immunitaire. De plus, le vaccin s’est révélé efficace, peu importe les taux d’inflammation observés chez les personnes séropositives avant la vaccination.

À retenir

Même si cette étude a porté sur un faible nombre de personnes, elle a révélé que le vaccin d’AstraZeneca contre la COVID-19 était généralement sans danger et amenait le système immunitaire des personnes séropositives à lancer une réponse appropriée. Les équipes britanniques ont effectué de nombreuses analyses immunologiques qui devraient inspirer d’autres équipes à mener des études semblables sur d’autres vaccins contre la COVID-19 administrés aux personnes séropositives.

Cette étude n’a pas été conçue pour évaluer les effets du vaccin quant à la prévention de la maladie. Les équipes de recherche britanniques ont cependant souligné ceci : les réponses immunitaires observées chez les personnes séropositives après la vaccination étaient semblables à celles rapportées lors d’études de plus grande envergure où les vaccins ont bel et bien réduit le risque d’infection par le SRAS-CoV-2 et de COVID-19 chez des personnes séronégatives. Les équipes britanniques se sentent donc encouragées par les résultats de cette petite étude.

À l’avenir

Les personnes inscrites à cette étude étaient en bonne santé, se portaient bien et avaient un compte de CD4+ de 350 cellules/mm3 ou plus. Rappelons toutefois que certaines personnes séropositives peuvent avoir un compte de CD4+ plus faible même si elles suivent fidèlement leur TAR et maintiennent une charge virale indétectable. Des études devraient être menées pour explorer l’effet des vaccins anti-COVID-19 sur les personnes ayant un compte de cellules CD4+ plus faible ou des préoccupations sous-jacentes comme les suivantes :

  • cancer
  • greffe d’organe
  • prise d’anti-inflammatoires puissants pour la polyarthrite rhumatoïde, l’inflammation intestinale (maladie de Crohn, colite), le psoriasis ou d’autres affections

Ces équipes britanniques prévoient poursuivre la collecte et l’analyse de données auprès de ce groupe de personnes au sixième et au 12e mois suivant la vaccination. Notons que les données en provenance du Royaume-Uni dont nous venons de rendre compte ont été soumises à la revue Lancet HIV mais n’ont pas encore fait l’objet d’un examen par des pairs. Il est donc important de considérer ces résultats comme préliminaires, quoique prometteurs.