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Pharmaciens prescripteurs : leurs prérogatives précisées.

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Source : Medscape

Les pharmaciens, à l’instar des infirmiers, bénéficient depuis l’adoption de la loi du 24 juillet 2019 sur la transformation et l’organisation du système de santé, de nouvelles prérogatives en matière de prescriptions. Et ce malgré l’opposition farouche des syndicats de médecins libéraux, qui avaient bataillé contre l’amendement du député et médecin urgentiste Thomas Mesnier, lequel avait introduit cette possibilité de prescription pharmaceutique, très encadrée néanmoins.

Des nouveaux textes de loi apportent des précisions.

Un décret du 28 mai 2021 rend désormais possible la désignation, par le patient, d’un pharmacien correspondant. Dans le cadre d’une structure d’exercice coordonné, celui-ci aura la capacité de renouveler un traitement et, le cas échéant, d’en ajuster la posologie, toujours en accord avec le prescripteur.

Aussi, un arrêté publié au Journal officiel du 11 mai dernier, apporte de nouvelles précisions sur la prescription pharmaceutique.

 Renouvellement périodique des ordonnances : mode d’emploi

Pour ce qui est du renouvellement périodique des ordonnances et de leur adaptation, le décret a été publié au JO du 30 mai dernier.

Cet article stipule que le patient peut désigner auprès de l’assurance maladie, comme pharmacien correspondant, un pharmacien participant au même exercice coordonné que le médecin traitant du patient, avec l’accord du pharmacien. Le pharmacien correspondant peut renouveler ou adapter le traitement prescrit par le médecin traitant dans le cadre d’un exercice coordonné, dans les conditions suivantes :

  • Le projet de santé du dispositif auquel participent le pharmacien correspondant et le médecin traitant définit les modalités d’information du médecin, notamment en cas d’ajustement de la posologie.
  • La prescription médicale comporte une mention autorisant le renouvellement par le pharmacien correspondant de tout ou partie des traitements prescrits ainsi que, le cas échéant, une mention autorisant l’ajustement de posologie de tout ou partie des traitements.
  • L’officine dispose de locaux avec une isolation phonique et visuelle permettant un accueil individualisé des patients. La même condition s’applique lorsque le pharmacien intervient auprès d’un résident en établissement médico-social.
  • La durée totale de la prescription et de l’ensemble des renouvellements réalisés par le pharmacien correspondant ne peut excéder douze mois.

Par ailleurs « une liste des traitements non éligibles » à ce dispositif peut être fixé par le ministre de la santé, ajoute le décret.

Quelles pathologies ? Quels médicaments ?

L’arrêté du 11 mai apporte des précisions sur les conditions de prescription et la liste des médicaments que peut prescrire un pharmacien pour un certain nombre des pathologies bénignes.

Pour la pollakiurie et les brûlures mictionnelles chez la femme de 16 à 65 ans, il a été ajouté la notion de « non fébriles ». Les médicaments qui peuvent être prescrits sont la Fosfomycine trométamol PO et le Pivmecillinam PO.

Pour l’odynophagie (angine), il a été précisé la borne d’âge « de 6 à 45 ans » : Aussi, les antibiotiques suivants ont été ajoutés dans l’angine aigue streptococcique : cefotiam hexetil PO, clarithromycine PO et josamycine PO. Les antibiotiques pouvant être prescrits sont donc les suivants : Amoxicilline PO, Céfuroxime-Axetil PO, Céfpodoxime-Proxétil PO, Azithromycine P0, Cefotiam hexetil PO, Clarithromycine PO et Josamycine PO.

Selon le conseil national de l’ordre des pharmaciens, ce sont donc à ce jour 4 protocoles nationaux autorisés [qui] entrent dans le champ de la dispensation protocolisée : rhino-conjonctivite allergique saisonnière de patients de 15 à 50 ans (renouvellement de traitement), la pollakiurie et brûlure mictionnelle non fébrile chez la femme de 16 à 65 ans, l’odynophagie de 6 à 45 ans et l’éruption cutanée vésiculeuse prurigineuse chez l’enfant de 12 mois à 12 ans.

Dans quelles conditions le pharmacien peut-il prescrire ces médicaments ?

La prescription de ces médicaments par un pharmacien, désigné pharmacien correspondant, répond à certaines conditions. Ainsi ces prescriptions ne peuvent s’effectuer que dans le cadre d’un exercice coordonné. Le pharmacien devra être partie prenante d’une équipe de soins primaire, d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), d’une maison de santé ou encore d’un centre de santé.

Aussi, pour pouvoir prescrire ces médicaments, les pharmaciens doivent y avoir été formés, comme le précise un décret du 21 janvier 2021.

Les nouvelles prérogatives des pharmaciens

Outre la dispensation protocolisée (prescription pharmaceutiques) et « renouveler périodiquement des traitements chroniques et ajuster, au besoin, leur posologie », la loi du 24 juillet 2019 a étendu les prérogatives des pharmaciens dans d’autres domaines. Ainsi les pharmaciens peuvent aussi, « proposer des conseils et prestations destinés à favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes », « effectuer les vaccinations dont la liste est fixée par arrêté du ministre chargé de la santé pris après avis de la Haute Autorité de santé ».  Pour ce qui est de la vaccination, avant l’adoption de la loi du 24 juillet 2019, les pharmaciens d’officine étaient déjà autorisés, de manière expérimentale, à vacciner contre la grippe saisonnière. Aussi, de manière dérogatoire, dans le cadre de la lutte contre la pandémie Covid19, les pharmaciens d’officine sont autorisés à vacciner contre la Covid19.

 

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