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Source : SERONET

Du 8 au 11 novembre 2020, Dakar a accueilli la dixième conférence Afravih, crise sanitaire oblige, en version connectée. Seronet a suivi au jour le jour cette importante conférence francophone sur le VIH, les hépatites virales, la santé sexuelle et la Covid-19.

Covid-19 et VIH : l’Afravih 2020 au cœur de la collision

Du Covid, encore et encore. Et manifestement, cela va durer. C’est la tonalité qui se dégageait des premières sessions de cette dixième conférence Afravih et de la séance d’ouverture de cet événement des acteurs-rices francophones de la lutte contre le sida et les hépatites virales. La conférence a d’ailleurs choisi de consacrer plusieurs sessions à la nouvelle pandémie. Voici un retour sur les temps forts de la première journée (8 novembre) de cette conférence.
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Le VIH à l’ombre de la Covid-19

Ce chiffre. On l’a dit, redit et répété. Signe que l’heure est grave : le nombre de contaminations par la Covid-19 dans le monde a franchi, dimanche 8 novembre, le seuil de 50 millions de cas, selon les calculs de différentes agences de presse sur la base des données officielles de chaque pays. Un quart de ces cas a été diagnostiqué au cours des trente derniers jours et le mois d’octobre 2020 a été, en termes d’infections, le pire mois enregistré depuis l’apparition de la pandémie en début d’année 2020. Les États-Unis ont été ainsi le premier pays à faire état de plus de 100 000 nouvelles contaminations en 24 heures. Une forte hausse des infections en Europe a également contribué à cette deuxième vague. Une deuxième vague, dont Meg Doherty, directrice du département VIH, hépatites et IST de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a rappelé qu’elle ne se limitait pas à sévir en Europe… même si avec plus de 12 000 000 de cas, l’Europe est le continent le plus touché et passe désormais devant l’Amérique latine. Le « Vieux continent » représente d’ailleurs près d’un quart du nombre total de cas.
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Pas de contradiction entre droits humains et santé publique

« La stigmatisation, c’est un traitement injuste, fondé sur des représentations négatives basées sur des identités et notamment la peur de la mort. Elle véhicule la dévalorisation », propose la définition d’Erving Goffmann, théorisée dans les années 60. Comme l’a rappelé Auguste Didier Blibolo (chercheur en sciences humaines), le sida a été présenté comme une maladie de mort et de personnes « peu recommandables » aux « comportements socialement condamnés ». Au départ, la vision était celle d’une maladie de personnes qui avaient un comportement sexuel déviant. Et cela associé à la méconnaissance des modes de transmission. Pour le chercheur, il y a des situations comparables entre les deux pandémies, mais dans une moindre mesure avec la Covid-19 qui a quelques mois par rapport à la pandémie de VIH qui dure depuis 40 ans. Un des leviers possibles pour changer cela est de sensibiliser l’opinion par la disance des personnes vivant avec le VIH. C’est-à-dire l’affirmation publique et volontaire de son statut sérologique. Un autre est de privilégier la stratégie Santé Positive Dignité Protection (SPDP). Son objectif est d’améliorer la dignité, la qualité et la durée de vie des personnes vivant avec le VIH. Si ce principe se réalise, il devrait avoir un impact bénéfique et une grande portée sur les communautés de personnes vivant avec le VIH, leurs partenaires et leurs familles. Telle qu’elle a été pensée, notamment par des activistes, la « Santé positive, Dignité et Prévention » reconnaît et recouvre la totalité des questions de santé et de justice sociale pour les personnes vivant avec le VIH. Elle épouse les « principes fondamentaux selon lesquels la responsabilité de la prévention du VIH devrait être partagée et les politiques et les programmes destinés aux personnes vivant avec le VIH devraient être conçus et mis en œuvre avec la participation significative des personnes vivant avec le VIH ».
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Dans le communautaire, we trust !

Une session était consacrée à la prévention du VIH et des IST. Le Dr Martin Siguier (service des maladies infectieuses, hôpital Tenon, AP-HP Paris) a fait le point sur les différents essais autour de la Prep. Il a notamment parlé d’une étude qui va comparer l’efficacité de l’islatravir (MK-8591), le premier inhibiteur nucléosidique de la translocation (INTTI), en prise orale mensuelle par rapport à l’association TDF/FTC (fumarate de ténofovir disoproxil et emtricitabine) en prise orale quotidienne. L’infectiologue a également parlé des bons résultats avec le cabotégravir par injection, tous les deux mois. Le même jour, l’Onusida annonçait de très bons résultats sur cette stratégie de prévention chez les femmes : « Une étude montre que les injections sont 89 % plus efficaces dans la prévention contre le VIH par rapport à des comprimés oraux de prophylaxie préexposition (Prep) pris quotidiennement », a souligné l’agence onusienne.
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Rien pour nous, sans nous ?

L’unique session de cette conférence consacrée à la santé numérique a été l’occasion de découvrir deux projets innovants. Le Dr Alexandre Aslan (hôpital Saint-Louis, AP-HP Paris) a présenté l’outil WeFlash, sur lequel il travaille depuis quatre ans. Imaginé et conçu comme un outil digital de santé sexuelle, WeFlash est composé, entre autres, d’une application et d’un site internet destinés aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) sous Prep et leurs soignants-es. Côté usagers, l’appli centralise bilans biologiques, annuaire de professionnels-les de santé, pilulier intelligent ainsi qu’un système innovant permettant de rester en lien virtuel avec ses partenaires sexuels-les, également dotés-es de l’application. L’appli permet aussi de recevoir une notification anonyme s’ils-elles contractent une IST pour être amené à consulter et être traité avant même de diffuser l’infection. Un pré-lancement de l’application avait eu lieu en décembre 2019 lors d’une soirée privée et le lancement officiel était prévu lors de la Marche des fiertés de Paris, en juin 2020. Marche qui a été annulée en raison de la crise sanitaire. À ce jour, l’appli est prête, mais le Dr Aslan déclare être en recherche d’un partenaire financier pour lancer ce dispositif à l’échelle nationale, « voire internationale ». Selon l’infectiologue, qui est aussi sexologue et psychothérapeute, cette application permettrait un dépistage plus ciblé et plus réactif des IST et donc à terme des économies pour la Sécurité sociale, puisque des infections seraient évitées. Ce serait également un outil important pour générer des données pour la recherche scientifique.
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Source : LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN

Le gouvernement s’est engagé hier à accélérer la mise à disposition du stock d’État de vaccins antigrippaux, initialement prévue pour la fin du mois de novembre. Une première livraison pourrait avoir lieu la semaine prochaine. La FSPF estime avoir été entendue face aux fortes tensions d’approvisionnement en vaccins contre la grippe

Lors d’une réunion hier après-midi avec la Direction générale de la santé (DGS), la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et de l’assurance-maladie, les syndicats et l’Ordre des pharmaciens ont obtenu un engagement quant à la mise à disposition rapide des vaccins grippe du stock d’État. « Nous nous sommes d’abord émus des propos du ministre concernant 18 % des officines en pénurie de vaccins grippe, ce qui ne correspond absolument à la réalité. Il est au contraire nécessaire que le ministre modifie sa communication vers les Français et prévienne qu’il n’y en aura pas pour tout le monde. La priorisation pour les patients fragiles doit devenir absolue, et non s’arrêter au 1er décembre comme envisagée », explique Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.

La question des pénuries posée, le gouvernement a accepté d’accélérer la mise à disposition du stock d’État dont la première livraison pourrait même avoir lieu dès la semaine prochaine si la logistique le permet. Ce stock, d’environ 1,5 million de doses, sera acheminé de façon séquentielle vers les pharmacies jusqu’à la fin du mois de décembre.

Il comprend trois types de vaccins contre la grippe :

• le vaccin haute dose de Sanofi (Fluzone HD, équivalent américain d’Efluelda qui n’est pas encore commercialisé en France) réservé aux personnes de 65 ans et plus, dont la première livraison sera destinée aux résidents des EHPAD, et que le pharmacien est autorisé à administrer lui-même. Ces vaccins sont conditionnés par boîte de 10, il conviendra donc de les déconditionner et reconditionner pour les dispenser.

• les vaccins « habituels » mais initialement destinés à d’autres marchés européens, qui devront donc être dispensés avec une notice en français lorsqu’ils ne seront pas administrés par le pharmacien.

• le vaccin nasal d’AstraZeneca, Fluenz Tetra, réservé aux enfants, que les pharmaciens pourront dispenser mais pas administrer.

Un arrêté doit être publié la semaine prochaine pour détailler la méthode de déconditionnement et reconditionnement à appliquer pour les vaccins conditionnés en boîte de 10. Les modalités de facturation pour ces vaccins du stock État ne sont pas encore connues et doivent faire l’objet d’une nouvelle réunion.

Source : SERONET

Accessible en France depuis janvier 2016, la Prep est une véritable révolution dans la prévention du VIH mais par manque de volonté politique son déploiement n’est pas à la hauteur des enjeux. Pire, c’est une prévention à deux vitesses qui est en train de se mettre en place.

Débuts laborieux

23 novembre 2015, c’est une victoire pour les activistes de la lutte contre le VIH en France, Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, donne son feu vert à la Prep associé à son remboursement intégral par la Sécurité sociale, dès janvier 2016. L’espoir est immense tant ce nouvel outil de protection a montré son efficacité dans les villes où il a été déployé à grande échelle comme San Francisco.

Malheureusement force est de constater que les débuts de la Prep en France sont compliqués. D’abord, aucune campagne de communication officielle nationale n’en fait la promotion et seules des associations communautaires vont faire connaître la Prep. Cette absence de promotion a une conséquence directe : le grand public passe à côté ! Ensuite, le déploiement de la Prep est laborieux. Uniquement disponible en Smit (Service des maladies infectieuses et tropicales) ou en Cegidd (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par le VIH et les hépatites virales et les infections sexuellement transmissibles), les équipes ne sont pas toutes formées. Certains centres se retrouvent vite saturés (comme le 190, un centre de santé sexuelle LGBT à Paris) tandis que d’autres peinent à commencer les inclusions. La première année, les délais d’attente pour avoir un premier rendez-vous sont longs, parfois plusieurs mois. Certaines personnes se découragent.

La Prep souffre d’une mauvaise presse dans une partie de la communauté scientifique et de la communauté gay. Certains-es remettent en cause son efficacité et brandissent cet outil comme une menace de santé publique qui va faire exploser les IST. Le professeur Éric Caumes à la tête du Smit de la Pitié-Salpêtrière à Paris, parle d’un « scandale » et déplore le court-circuitage du Haut Conseil de la santé publique, dont il est membre, sur cette question. En évoquant la Prep, il estime ainsi qu’on privilégie le combat contre le VIH au détriment d’autres infections sexuellement transmissibles, anciennes et nouvelles toutes aussi « dangereuses et exponentielles ». Dans la communauté gay, un fossé se creuse entre les pro et les anti Prep. Certains militants très visibles découragent ceux qui veulent essayer la Prep et accusent les pro Prep de vouloir la fin du préservatif. Sur les applis de drague gay comme Grindr, les messages anti Prep se multiplient avec des messages parfois très virulents du genre « Pas de mecs sous Prep, ce sont des salopes ou des nids à IST ». On peut lire aussi certaines théories complotistes sur des conflits d’intérêts qui existeraient entre les structures qui font la promotion de la Prep et l’industrie pharmaceutique. Dans un article publié par Têtu, Cédric Daniel, alors président de AIDES Paris, déconstruit les idées reçues sur la Prep mais les tensions entre pro et anti Prep empêchent parfois un dialogue apaisé et constructif.

(Trop) lente progression

Tous ces effets délétères jouent sur le déploiement de la Prep en France. Le 27 novembre 2017, Santé publique France présente les données actualisées de l’année 2016 concernant le VIH en France et c’est la douche froide. L’effet Prep ne se fait pas ressentir et l’épidémie ne baisse pas. Quelques jours plus tard, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publie les premiers chiffres disponibles d’utilisateurs de la Prep en France. On apprend ainsi qu’entre le 1er janvier 2016 et le 31 juillet 2017, 5 352 personnes ont initié la Prep. C’est peu, bien trop peu pour avoir un réel impact sur l’épidémie. Un an plus tard, en décembre 2018, la lente progression de la Prep se poursuit. L’ANSM indique que 10 405 personnes ont initié une Prep entre janvier 2016 et juin 2018, dont plus de la moitié (5 500 personnes) depuis juillet 2017. En très grande majorité des HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes), 98 %, dont la moitié réside en Île-de-France. Pour les experts-es de l’ANSM, le peu de femmes sous Prep illustrerait « le fait que le traitement est probablement rarement proposé dans les situations exposant les femmes au risque d’acquisition du VIH ».

Une prévention à deux vitesses

Il faut attendre octobre 2019 pour voir enfin les premiers effets de la Prep sur l’épidémie de VIH en France. Santé publique France (SFP) et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, annoncent un recul de 7 % des nouveaux cas répertoriés, une première depuis des années. À Paris, cette baisse est de 16 % et va jusqu’à 28 % chez les HSH nés en France, du jamais vu ! Quelques semaines plus tard, en décembre, l’ANSM annonce qu’entre mi-2018 et mi-2019, 9 591 initiations de Prep ont eu lieu, ce qui représente 47 % de l’ensemble total des personnes ayant eu au moins une prescription de Prep, soit 20 478 personnes. Cette première baisse de l’épidémie de VIH depuis dix ans est un message d’espoir. Mais les chiffres révèlent également un fossé qui se creuse entre des communautés très exposées au VIH. Cette baisse des nouveaux diagnostics ne se retrouve pas dans deux groupes : les femmes nées à l’étranger et les HSH nés à l’étranger. Quant à la Prep, elle reste toujours en écrasante majorité utilisé par des HSH (96 %).

Le risque de créer une prévention à deux vitesses est réel. Ainsi quatre ans après son autorisation, fin 2015, la Prep est toujours associée aux hommes gays et bisexuels. Par manque de volonté politique, aucune campagne officielle de communication d’envergure nationale n’a été mise en place par le ministère de la Santé pour faire connaître la Prep au plus grand monde et particulièrement aux femmes.

Le milieu associatif tente de pallier ce manque avec des initiatives louables. Ainsi Afrique Avenir et Paris sans sida lancent en mars 2020 Les Bonnes Nouvelles, une web série destinée aux diasporas afro-caribéennes qui vivent en France. La série traite, entre autres, de la Prep, du Tasp ou du TPE avec un humour et un parler vrai : les scénarios ont été co-écrits avec des associations communautaires. Malheureusement, peu de temps après le lancement de la série, l’épidémie de Covid-19 explose en France et le premier confinement est annoncé.

Et la Covid-19 arriva…

Le 6 octobre dernier lors du congrès de la Société française de lutte contre le sida (SFLS), on apprend qu’une forte baisse des délivrances de Prep a été constatée pendant et après le premier confinement. Les délivrances de Prep ont chuté de 36 % par rapport à ce qui était attendu (estimation sur la base des chiffres de la même période en 2018 et 2019), passant de quelque 5 500 délivrances (par période de deux semaines) avant le confinement à environ 3 000, fin mars. Cette baisse était toujours visible entre la fin du confinement le 11 mai et le 13 septembre, avec -19 % de délivrances de Prep par rapport à l’attendu. Sur l’ensemble de la période, il y a donc eu un déficit de 27 435 délivrances de Prep.

Il est trop tôt pour savoir quel sera le réel impact de la Covid-19 sur l’épidémie de VIH. Le 30 novembre prochain, Santé Publique France annoncera les chiffres du VIH en France pour l’année 2019, donc avant l’arrivée de la Covid-19. Mais une chose est certaine, tout reste à faire pour déployer la Prep à grande échelle. Une des pistes est la primo prescription par les médecins généralistes en ville, dont le décret d’application aurait dû être signé en mars, mais qui a été retardé à cause de la Covid-19. Il devrait être signé fin novembre/début décembre d’après le docteur Pascal Pugliese, président de la SFLS. Mais une signature de décret, ce ne fait pas tout. Il va falloir (in)former les médecins, y compris celles et ceux qui restent parfois réticents-es à la Prep ou peu à l’aise avec la santé sexuelle, en général.

Il va aussi falloir communiquer massivement, pour que les personnes les plus exposées aient accès à cet outil. Si le gouvernement ne le fait pas, ce sera encore aux associations de porter ce plaidoyer et faire en sorte que la Prep soit aussi accessible que le préservatif ou la pilule contraceptive. Tout l’enjeu est de faire en sorte que cet outil révolutionnaire sorte des grandes villes et des communautés les plus informées pour aller vers les personnes qui sont éloignées du système de santé et qui ont un réel besoin de cet outil préventif : toucher les femmes d’origine subsaharienne lors de leur visite au planning familial, ouvrir les téléconsultations dans les déserts médicaux, faire de la communication ciblée sur les applis de rencontres pour informer ces « hétéros curieux » qui ont des rapports non protégés par des préservatifs avec des hommes, mais ne s’identifient pas forcément comme des hommes gays ou bisexuels.

En parallèle, il faut que la Prep soit autant connue que le préservatif, qu’on les mette au même niveau, sans hiérarchie, dans la palette de la prévention diversifiée. Il faut déconstruire l’idée que le préservatif est la seule protection efficace contre le VIH et expliquer avec des mots simples qu’un rapport sexuel sous Prep EST un rapport protégé.

Il faut qu’au prochain Sidaction, Christophe Dechavanne dise en direct à la télévision « Sortez couvert, mettez une capote ou prenez la Prep ». Il est temps. C’est urgent.

Source : TÊTU

Une étude publiée dans The Lancet s’intéresse à ce que ressentent les personnes qui vivent avec le VIH. Une personne sur trois éprouve un stress « très lourd » à cause du virus. Mais les craintes s’estompent avec le temps.

C’est la prestigieuse revue The Lancet qui l’affirme. Pour les gays et les bi, c’est encore difficile de vivre avec le VIH en 2020. L’annonce de son statut sérologique reste compliquée et a des conséquences sur les relations sociales, même si les inquiétudes diminuent avec le temps.

L’étude a été réalisée aux Pays-Bas. Elle montre qu’environ un tiers des 438 participants hollandais considèrent que le VIH les expose à des conséquences négatives et à un haut niveau d’anxiété. Dans The Lancet, seul un répondant sur cinq (23%) affirme qu’être porteur du VIH n’a pas de conséquence psychologique. Près de la moitié disent éprouver un niveau de stress « medium » et 31% disent que c’est « très lourd » pour eux. Mais globalement, les hommes qui ont été diagnostiqués récemment considèrent la vie avec le virus plus facile que ceux qui ont été diagnostiqués plus tôt. Et les chercheurs l’affirment : les personnes qui connaissent d’autres porteurs s’en sortent mieux.

Crainte des effets secondaires

Près d’une personne sur deux (44%) est inquiète des effets secondaires de son traitement. Cette préoccupation décroît avec le temps. Les chercheurs indiquent que ce niveau de préoccupation des effets secondaires n’est pas aussi élevé pour les autres affections de longue durée.

Lorsqu’on leur demande ce qui est difficile lorsqu’ils sont confrontés au VIH, les répondants indiquent avant tout l’annonce du statut sérologique et son influence sur les relations sociales. Près de la moitié des sondés (45%) estiment qu’il est encore difficile d’en parler avec sa famille. Mais 36% considèrent que ne pas le dire est tout aussi compliqué. Une personne sur trois craint de l’annoncer à ses collègues de bureau mais un quart des personnes porteuses du VIH (PPVIH) ne sont pas tranquilles à l’idée de cacher leur statut sérologique au travail.

Des conséquences sur la vie sociale

Les réactions face à l’annonce sont les plus redoutées. On constate un double fardeau : les PPVIH interrogées ne veulent pas garder leur statut pour eux (37%). Mais elles redoutent également le rejet lors de l’annonce (23%). Une bonne nouvelle tout de même : lorsqu’une personne est installée dans une relation de longue durée, le virus n’a pas d’effet négatif sur la qualité des rapports sexuels, rapporte Aidsmap. Malgré tout, presque un sondé sur deux (41%) explique avoir plus de difficultés à s’installer dans une relation stable, à cause du VIH. Un tiers craint que le VIH ait une conséquence négative sur leurs liens avec les amis ou la famille.

Source : JIM

Le grand âge et les comorbidités cardiovasculaires pèsent lourd dans le pronostic de la Covid-19. Les états d’immunosuppression augmentent également la sévérité de l’infection virale. L’infection par le VIH est un modèle du genre car elle s’accompagne d’un déficit immunitaire lié à la maladie au travers de la destruction des lymphocytes T4 par le virus. C’est à ce mécanisme pathogénique que répondent les antirétroviraux qui vont améliorer les fonctions immunitaires sans nécessairement les restaurer intégralement au prix d’effets indésirables qui augmentent le risque cardiovasculaire.

Le diabète et les dyslipidémies, mais aussi l’insuffisance rénale chronique et les maladies respiratoires viennent assombrir le pronostic qui dépend également de conditions socio-économiques souvent défavorables. Pour toutes ces raisons, les interactions entre l’infection par le VIH et la Covid-19 sont plus que probables, mais les quelques études publiées sur ce sujet n’ont pas permis de conclure formellement, les effectifs étant insuffisants ou l’approche transversale manquant de rigueur. Les résultats se sont avérés d’ailleurs contradictoires

Les patients VIH+ sont plus jeunes et ont moins de comorbidités

D’où l’intérêt de l’étude d’observation internationale de grande envergure diligentée par ISARIC (International Severe Acute Respiratory and emerging Infections Consortium) visant à préciser les caractéristiques cliniques des patients hospitalisés pour Covid-19. Les données ont été recueillies au Royaume-Uni auprès de 207 établissements hospitaliers et l’analyse a porté sur 47 952 patients hospitalisés pour une Covid-19 sévère, dont 122 (0,6 %) étaient atteints d’une infection par le VIH prouvée, la plupart bénéficiant d’un traitement antirétroviral (112/122 ; 91,8 %).
L’objectif était d’évaluer la mortalité au 28e jour de l’hospitalisation dans le groupe des cas (Infectés par le VIH) et des témoins en s’aidant de l’analyse des courbes de survie de Kaplan-Meier et de la méthode des risques proportionnels de Cox et en procédant à des ajustements statistiques selon diverses variables : sexe, ethnie, âge, date de l’hospitalisation, comorbidités individuelles et sévérité de la Covid-19 (hypoxémie ou oxygénothérapie).

Les deux groupes différaient quelque peu à l’état basal, les patients VIH+ étant plus jeunes (âge médian 56 versus 75 ans ; p<0,001), moins symptomatiques et atteints de moins de comorbidités. Sur le plan biologique, chez ces derniers, les concentrations plasmatiques de lymphocytes étaient en outre plus élevées, tout comme ceux de la CRP. La mortalité cumulée au 28e jour a été globalement similaire dans les deux groupes, soit 26,7 % (VIH+) versus 32,1 % (VIH-) (p = 0,16).

Surmortalité à J28 pour les moins de 60 ans

Cependant, chez les moins de 60 ans, la séropositivité a été associée à une surmortalité, soit 21,3 % versus 9,6 % dans le groupe des témoins (p<0,001 [log-rank test]). Après ajustement selon l’âge, le risque de décès est resté plus élevé, le hazard ratio ajusté (HRa) correspondant étant estimé à 1,47 (intervalle de confiance [IC] 1,01-2,14 ; p = 0,05). Cette surmortalité est restée significative, même après ajustement selon les autres variables, le HRa restant globalement à un niveau voisin, soit 1,69 (IC95 % 1,15-2,48 ; p = 0,008). Une analyse restreinte aux VIH+ de moins de 60 ans a conduit à un HRa de 2,87 (IC 95 % 1,70-4,84 ; p < 0,001).

Cette étude transversale ne prétend pas faire toute la lumière sur les connexions entre Covid-19 et infection par le VIH. Il semble néanmoins qu’au prix d’ajustements multiples et serrés, la séropositivité soit associée à une surmortalité significative, tout au moins chez les patients hospitalisés en raison d’une infection sévère par le SARS-CoV-2. Le risque vital serait nettement plus élevé chez les moins de 60 ans. Des résultats qu’il conviendrait de confirmer par des études longitudinales difficiles à mener dans le contexte de l’infection à VIH. En attendant, ces notions méritent d’être prises en compte dans la prise en charge de la Covid-19.

Dr Philippe Tellier

Référence
Geretti AM et coll. : Outcomes of COVID-19 related hospitalization among people with HIV in the ISARIC WHO Clinical Characterization Protocol (UK): a prospective observational study. Clinical Infectious Diseases 2020 ; publication avancée en ligne 23 octobre. doi.org/10.1093/cid/ciaa1605.

Source : FRANCE ASSO SANTE

En pleine crise sanitaire et sociale, le gouvernement publie un nouveau décret réduisant l’accès à la protection maladie des personnes étrangères.

Depuis le début de l’année, le gouvernement s’est déjà attaqué à la protection maladie des demandeurs-ses d’asile en instaurant un délai de carence, qui durcissait les conditions d’accès à l’aide médicale d’Etat (AME) et, amorçait une fragilisation de l’accès aux soins des personnes étrangères en situation régulière en France. Après les mesures adoptées fin 2019, c’est maintenant au travers de décrets techniques, qu’est restreinte  la protection de la santé des étrangers-ères.

Avec ce décret publié au journal officiel, coïncidence, certes, mais ô combien symbolique,  dans les premiers jours du re-confinement, c’est au tour du mécanisme légal de prolongation des droits à la prise en charge des frais de santé par l’assurance maladie d’être raboté. En pratique,  ce sont  800 000 personnes étrangères, détentrices de titres de séjour renouvelés chaque année,  qui vont être impactées. Ces personnes disposaient auparavant d’un délai pour produire leur nouveau titre de séjour à la caisse d’assurance maladie. Le délai de prolongation des droits permettait avant tout de pallier les carences des préfectures qui ne délivrent pas à temps les documents pourtant prévus par la réglementation et permettant de justifier de la régularité du séjour des étrangers-ères. Pour les milliers de personnes visées par cette mesure, cela signifie des démarches répétées et épuisantes et, in fine, représente un surcroit de travail de gestion pour les caisses.


Ce nouveau décret met également en œuvre des restrictions de l’AME, dans le prolongement des décisions prises précédemment.
Ces durcissements successifs sont pris alors même que toutes les études montrent que les personnes étrangères font d’ores et déjà face à des obstacles importants pour accéder aux droits et aux soins et sont plus exposés aux risques de santé.

Loin de la rationalisation et de l’efficience des mécanismes de protection maladie, le gouvernement développe une politique de découragement et d’usure administrative conduisant à priver des usagers-ères de toute protection maladie. L’incitation au « non-recours » aux droits et aux soins ne peut fonder une politique de protection de la santé respectueuse de la dignité humaine, de la continuité des soins et de la préservation de la santé publique.


Nos organisations demandent : 

  • la sécurisation du parcours de soins des personnes étrangères ;
  • le retour au mécanisme du maintien de droits de douze mois à l’Assurance Maladie ;
  • la suppression des obstacles à la demande d’AME telle que l’obligation du dépôt en personne.

Que prévoit ce décret ?

Le décret n° 2020-1325 du 30 octobre 2020 relatif à l’aide médicale de l’Etat et aux conditions permettant de bénéficier du droit à la prise en charge des frais de santé pour les assurés qui cessent d’avoir une résidence régulière en France :

  • entérine la réduction du mécanisme légal de prolongation des droits à la prise en charge des frais de santé par l’assurance maladie

Le gouvernement avait déjà réduit ce mécanisme de 12 mois à 6 mois depuis le 1er janvier 2020. Ce décret le réduit à deux mois lorsque la personne a fait l’objet d’une mesure d’éloignement devenue définitive. Cette mesure technique en apparence anodine va pourtant avoir des conséquences très graves en matière d’accès aux soins. Par exemple pour les demandeurs d’asile, privés de carte vitale depuis 2017, leur attestation de droit sous format papier ne permettra plus d’attester de l’ouverture de leurs droits puisqu’ils auront pu être fermés entretemps. Pour les professionnels de santé, l’échéance figurant sur une attestation ne présentera aucune garantie de remboursement, ce qui ne pourra que conduire à des difficultés accrues pour accéder aux soins pour un public souvent discriminé.

  • restreint les conditions d’accès à l’AME dans le prolongement des modifications législatives précédentes

Dans le fil des discours selon lesquels des étrangers viendraient en France pour bénéficier du prétendu système avantageux que représenterait l’AME, le décret exclu certains soins ne revêtant pas un caractère d’urgence durant les neuf mois de la première admission à l’AME, sauf à obtenir un accord préalable de la caisse de sécurité sociale. Cette mesure accentue un traitement inégal qui pourrait préfigurer des exclusions futures y compris pour les assurés sociaux.

Alors que l’accès aux mécanismes de protection sociale se dématérialise, le décret oblige désormais les personnes à venir déposer physiquement leur première demande d’AME, y compris quand ils habitent à l’autre bout du département, dans un unique objectif de lutte contre les prétendus abus et fraudes qui ne sont pas démontrés. Cette mesure intervient alors que la France entre dans une deuxième période de confinement national et que les déplacements doivent être limités, ce qui est un non-sens en termes de santé publique.

Il existe toutefois des exceptions en cas d’hospitalisation auprès de l’établissement médical, ou en cas de suivi au sein d’une permanence d’accès aux soins de santé (PASS), pour les mineurs, ou en cas d’impossibilité de se déplacer.

Ces durcissements vont à l’encontre des constats selon lesquels la moitié des personnes éligibles à l’AME n’en dispose pourtant pas.

Contacts presse :

COMEDE : Didier Maille – 06 51 33 65 93

Médecins du Monde :  Fanny Mantaux – fanny.mantaux@medecinsdumonde.net – 06 09 17 35 59

Sidaction : Marine Charlier –  m.charlier@sidaction.org – 01 53 26 45 36

Référence :
–  Décret n° 2020-1325 du 30 octobre 2020 relatif à l’aide médicale de l’Etat et aux conditions permettant de bénéficier du droit à la prise en charge des frais de santé pour les assurés qui cessent d’avoir une résidence régulière en France
– «Le gouvernement s’apprête à dégrader la santé des personnes étrangères : le cri d’alarme des associations », communiqué inter-associatif, 31 octobre 2019

Source : SILVERECO

Maison DAÉLIA et Lucky Link lancent un programme d’accueil pour seniors souffrant de pathologies chroniques (ou ALD – Affections Longue Durée). Cette démarche débute par deux programmes pilotes pour personnes âgées diabétiques et personnes âgées vivant avec le VIH. La Maison DAÉLIA invite l’ensemble des acteurs de la santé, du grand âge et les aidants à collaborer à leur développement.

Pourquoi ces deux pathologies chroniques, le diabète et le VIH chez les seniors ?

Il convient ici de rappeler que selon le « Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance maladie » un tiers (1/3) des personnes de plus de 60 ans souffrent d’une à plusieurs pathologies chroniques. L’offre spécifique dans les traitements de ces deux affections, que sont le diabète et le VIH, doit être absolument renforcée pour répondre aux besoins correspondants.

Ces pathologies, sans cesse en augmentation, se rapportent pour la première, à l’affection de longue durée chez les personnes âgées et pour la seconde à l’arrivée de la première génération  » senior VIH « .

Vivre chez soi le plus longtemps en étant le plus autonome possible, un enjeu social prioritaire

Prendre en compte le parcours de soins dans lequel s’inscrit la personne âgée et adapter des activités qui incluent l’histoire de celle-ci, voilà le travail que réalise Célia Abita, fondatrice de Maison DAÉLIA.

Nous savons qu’en mettant de l’humain et du sens dans les relations avec les personnes âgées, nous favorisons leur maintien à domicile dans de bonnes conditions.

Célia Abita, fondatrice de Maison DAÉLIA

Il s’agit de créer un programme proposant une série d’ateliers physiques et cognitifs adaptés aux conséquences engendrées par chacune de ces ALD qui sera dans un premier temps expérimentée à Maison DAÉLIA. Ainsi, des implications neuropathiques dans le cas du VIH pourra donner lieu à un atelier d’automassage, ou encore des ateliers dédiés à la prévention de chutes occasionnées par les troubles visuels fréquents présents chez les personnes diabétiques.

Une urgence en ces temps de Covid

Célia Abita alerte sur les conditions de prise en charge des personnes de 65 ans ou plus, atteintes d’ALD durant la crise sanitaire. Plus vulnérables, ces personnes risquent ne pas recevoir les attentions requises par leur situation. La mise en œuvre de ce programme permettra de soulager leurs états, garder le lien et d’ainsi rester vigilant quant à leurs besoins spécifiques.

Un soulagement tout à fait significatif, pour les aidants et les médecins lorsqu’ils qui connaitront la teneur du programme dispensé par DAÉLIA.

Célia ABITA

Les ateliers auront lieu à Maison DAÉLIA ou, en cas de besoin et si la situation l’exige, au domicile du bénéficiaire.

Aborder les pathologies du grand âge de façon globale et participative

Tous les acteurs – professionnels de la santé (médecin généraliste, infirmière, pharmacien, podologue, diabétologue…), associations de patients, proches aidants, bénéficiaires, collectivités – sont ainsi appelé à participer à la mise en place des ateliers de ce programme ALD.

La Maison Daélia permet de développer une approche globale et humaniste de l’accueil de personnes âgées et vulnérables. Il nous semble primordial d’associer l’ensemble des acteurs pour aligner ces ateliers aux besoins réels et spécifiques des bénéficiaires et de leurs proches aidants.

Oriane Bismuth, présidente de Lucky Link

Afin d’inscrire ce programme dans une démarche co-construite avec l’ensemble des acteurs concernés, la Maison Daélia a fait appel au soutien de l’entreprise Lucky Link, expert en partenariat à impact positif en santé.

Source : KOMITID

L’épidémie de covid-19 a-t-elle causé des dégâts dans la prévention du VIH chez les gays ? Et cela peut-il faire repartir à la hausse les contaminations ? Komitid a enquêté auprès des acteurs de la prévention.

L’épidémie de covid-19 a-t-elle causé des dégâts dans la prévention du VIH chez les gays ? Et cela peut-il faire repartir à la hausse les contaminations ? Komitid a enquêté auprès des acteurs de la prévention.

C’est ce que peut faire craindre une étude présentée lors du Congrès de la Société Française de Lutte contre le sida (SFLS), il y a quelques semaines. L’étude d’Epi-phrare, présentée par Rosemary Dray-Spira s’est en effet penché sur les chiffres de dépistage du VIH et de prescription de la Prep lors du confinement et dans les semaines qui ont suivi.

Pour Rosemary Dray-Spira, citée par VIH.org« l’épidémie de Covid-19 a profondément et durablement déstabilisé l’utilisation de la PrEP et le recours aux tests VIH en laboratoire ».

Les chiffres sont éloquents. Selon VIH.org, « le nombre de délivrances des médicaments utilisés en prophylaxie pré-exposition a chuté de 36% pendant la période de confinement par rapport aux estimations basées sur les chiffres de la même période en 2018 et 2019. On est ainsi passé de près de 5500 délivrances sur deux semaines avant le confinement, à 3000 durant. »

Tout cela n’est pas surprenant pour le Dr Michel Ohayon, du Centre de santé sexuelle parisien le 190, que Komitid a interviewé à la veille du second confinement. « Hier j’ai eu une discussion avec un collègue hospitalier, qui me dit qu’il a l’impression que ses patients n’ont jamais autant baisé. Ici, on a à peu près tous entendu unanimement : “ on n’a plus rien fait ”», explique le médecin, avec son franc parler habituel.

« J’ai vu des gens qui n’ont eu quasiment aucune relation sexuelle depuis le début de la crise du Covid »

« Il y a des partouzes qui ont été organisées, mais plutôt des gens qui avaient l’habitude de touzer ensemble. Globalement, j’ai vu des gens qui n’ont eu quasiment aucune relation sexuelle depuis le début de la crise du covid, d’autres qui ont quasiment divisé leur nombre de partenaires par dix, qui ont arrêté le sexe en groupe. Il y a quand même eu un effet de la fermeture des lieux de sexe [saunas et sex-clubs], qui n’est pas négligeable. »

Et ce militant de longue date d’affirmer : « À force de penser que les gays sont tous des irresponsables, on oublie un petit peu que beaucoup de gens n’avaient pas envie d’attraper le covid. »

Directives sanitaires

Un autre facteur pourrait aussi expliquer cette baisse de prescription de la PrEP : les difficultés de prise en charge dues d’une part à la surcharge du système hospitalier par les patients covid et d’autre part par les directives sanitaires imposées aux centres de santé, qui pouvaient rendre plus difficiles les démarches habituelles.

« Il est fort possible que la réduction de l’accès aux consultations ait pu poser problème à certaines personnes », concède Michel Ohayon.

Les centres ont en effet dû s’adapter aux mesures de distanciation, dans des lieux qui ne sont pas toujours fait pour.

« Pendant le confinement c’était quasiment 100 % de téléconsultation, explique Michel Ohayon. Comme beaucoup de cabinets médicaux, nous avons la contrainte de salles d’attente qui ne sont pas très vastes. On ne peut pas mettre 15 personnes dans une salle d’attente dans les conditions de distanciation actuelle. On n’a pas envie que nos patients viennent se contaminer chez nous. »

À Marseille, l’organisation aussi a été chamboulée par l’épidémie. « Nous avons mis en place des téléconsultations et permanences sur rendez-vous, explique à Komitid Maxime Supion, du Spot Longchamp, le Centre de santé sexuelle de Aides à Marseille. « C’est contraignant, car pas adapté à tout le monde. Pour l’accompagnement communautaire qui est une de nos spécificités, les entretiens étaient aussi réalisés avant le rendez-vous. Et pour éviter les perdus de vue, on rappelait les personnes pour savoir où elles en étaient de leurs rendez-vous pour leur prise de PrEP. »

Plus de 27 000 PrEP en moins

Motif d’inquiétude, la baisse des prescriptions de PrEP s’est poursuivie au delà du confinement, avec 19 % de délivrances en moins par rapport à l’attendu, soit 27435 délivrances de PrEP.

À Marseille, le Spot Longchamps a observé le phénomène inverse. « C’est la force de notre modèle. Depuis le déconfinement, on a eu entre cinq et huit initiations de PrEP par semaine, alors qu’auparavant on en avait deux ou trois », indique Maxime Supion, infirmier coordinateur.

Pour les mêmes raisons que la PrEP, le dépistage a aussi souffert du Covid, note l’enquête de la SFLS, avec une baisse du recours au dépistage pendant le confinement, qui s’est poursuivie ensuite avec des chiffres 15 % inférieurs à ce qui était attendu.

Comme pour la PrEP, le Spot Longchamps n’a pas tout à fait le même constat. « La limite de la prise de rendez-vous imposée, c’est vrai que ça ne laisse pas de place au dépistage spontané. Cela fait baisser le rendu. Après on a eu une forte demande des HSH à la fin du confinement. Nous sommes débordés. »

Faut-il craindre dès lors une hausse des contaminations au VIH pour 2020 ? Michel Ohayon n’y croit pas trop : « Je pense qu’il y aura des victimes collatérales, mais je pense qu’il y en aura très peu. »

« Les déclarations d’IST, qui sont un bon indicateur, elles ne sont pas faites. Dès qu’il y a une crise sanitaire. Toute la paperasse que tu dois faire pour ça, ça tombe à l’eau », note le médecin parisien.

« On n’a pas remarqué d’explosion d’IST. Quand on a analysé la prévalence après coup, il n’y avait pas de chiffre disproportionné », note Maxime Supion, à Marseille.

Deuxième confinement

Fort de leur expérience du premier confinement les centres de santé sexuelles sont maintenant prêt pour le deuxième :

« On va rester ouvert, on va maintenir les rendez-vous, forts de notre expérience du confinement, on a la chance en plus d’avoir un lieu avec un extérieur et une grande salle d’accueil, » explique Maxime Supion.

« Les entretiens communautaires seront réalisés par téléphone avant, la téléconsultation va se généraliser à nouveau. On envoie les résultats par email, en sécurisé, s’il y a quelque chose de positif, on téléphone avant. Les personnes ont toujours la possibilité de rencontrer un médecin pour leurs résultats. »

On devrait bientôt connaître les chiffres des découvertes de séropositivité pour l’année 2019, traditionnellement annoncés autour du 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le VIH/sida. Ce sera l’occasion de voir si la baisse de 7 % des contaminations observée  entre 2017 et 2018 , qui avait été attribuée entre autres au succès de la Prep, va se poursuivre. Il faudra en revanche attendre encore une année supplémentaire pour voir les effets du Covid sur l’épidémie de VIH.

Source: LA NOUVELLE REPUBLIQUE

Depuis septembre, une permanence de dépistage VIH se tient le premier mardi du mois à la Maison de la solidarité et propose des traitements.

Des dépistages rapides, gratuits et anonymes, pour détecter un virus à Loches. Non, il ne s’agit pas du Covid-19 mais du Virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable du Syndrome d’immunodéficience acquise (Sida). Depuis le 1er septembre, chaque premier mardi du mois, de 9 h 30 à 12 h, le centre de vaccination et dépistage des infections sexuellement transmissibles d’Indre-et-Loire propose une permanence à la Maison départementale de la solidarité de Loches. Cette action est conjointe avec le centre de vaccination publique dans le but « d’avoir une offre de soins la plus large possible », selon Guillaume Gras, médecin coordinateur du Cegidd 37 et président du comité de lutte régionale contre le VIH.

« Mieux mailler le territoire »

Après l’ouverture d’un centre à Tours en 2016, l’Agence régionale de santé Centre-Val de Loire constate que 50 % des patients habitent à moins de 5 km. « Ils nous ont dit qu’on avait une vocation départementale et qu’il y avait des disparités, poursuit le docteur. Notre objectif en 2020 est de mieux mailler le territoire. » Au programme de cette permanence, des vaccinations dès l’âge de 6 ans (tétanos, rougeole, etc.), des dépistages du VIH, des hépatites ou des infections sexuellement transmissibles, un kit urgence moins de 48 heures après une exposition sexuelle, des contraceptions d’urgence, des tests de grossesse mais aussi des traitements préventifs du VIH comme la PrEP.« Ce traitement est assez révolutionnaire car c’est en train de faire disparaître l’épidémie du VIH, souligne l’infectiologue, on a rencontré le docteur lochois Frédéric Lebeau et on a vu qu’autour de la PrEP, il y avait un peu de travail à Loches pour identifier des laboratoires et des pharmacies et pour qu’on puisse avoir des collègues pour le renouvellement et le suivi. »
Médecin généraliste à Loches, le dr Lebeau ressent une nécessité de pouvoir parler de santé sexuelle. « Je ne suis pas sûr que tous mes confrères soient au courant de la PrEP et des patients m’interpellent car ils en ont besoin, expose-t-il. Je pense que ce n’est pas si simple d’en parler avec son médecin traitant dans une petite ville où tout le monde se connaît, d’où l’importance d’ouvrir localement. »

« Des relais locaux »

Par le biais de ce centre, Guillaume Gras espère « former et informer des acteurs à Loches pour avoir des relais locaux ». Une volonté partagée par Gisèle Gravier, coordinatrice de la Communauté professionnelle territoriale de santé Sud-Lochois : « Le but est d’établir des liens plus étroits avec les médecins pour travailler en collaboration et continuer le suivi en dehors des permanences. Cela ouvre dans un contexte compliqué mais quand ça sera derrière nous, cela ne pourra que monter en puissance. »
Après Loches, le centre ouvrira une permanence à Chinon en janvier et plus tard, à Amboise ou Château-Renault, de manière à n’oublier personne.
Centre de vaccination et dépistage des infections sexuellement transmissibles d’Indre-et-Loire à la Maison départementale de la solidarité de Loches, 24 bis, avenue du Général-de-Gaulle, chaque premier mardi du mois, de 9 h 30 à 12 h, avec ou sans rendez-vous. Couverture sociale non obligatoire. Tél. 02.47.47.38.91 ; prevention@chu-tours.fr ; sida-info-service. org

Source : INSIDE NEWS

Annette Ebsen Treebhoobun prend ses fonctions comme Directrice exécutive de l’ONG Prévention Information Lutte contre le sida (PILS). En poste depuis le 19 octobre 2020, son arrivée chez PILS fait suite au départ de Nicolas Ritter. Le directeur sortant est désormais à la vice-présidence du conseil d’administration de PILS. Son départ avait été annoncé lors de l’assemblée annuelle le 2 juillet 2020.

Annette Ebsen Treebhoobun n’est pas une inconnue dans la lutte contre le VIH/sida à Maurice. Elle a déjà travaillé aux côtés de PILS pendant quatre ans et auprès du National AIDS Secretariat en tant que consultante. Détentrice d’une maîtrise en économie et administration sociale, Annette Ebsen Treebhoobun compte une vaste expérience dans la gestion et en tant que professeure universitaire. Ses expériences en management et ses connaissances de la lutte sont parfaitement adaptées à son rôle de directrice exécutive de PILS. De plus, nous sommes convaincus que son esprit d’innovation fera progresser notre réponse contre les épidémies. « Je suis très enthousiasmée de rejoindre la lutte contre le VIH et honorée de suivre les pas de Nicolas. Je me réjouis de rejoindre l’équipe de PILS, qui a déjà une grande expérience de la lutte contre le VIH, l’hépatite C et les infections sexuellement transmissibles, et de contribuer avec elle à accélérer notre riposte contre les épidémies de VIH et d’hépatite C et les infections sexuellement transmissibles. »

Annette Ebsen Treebhoobun occupera aussi la fonction de coordinatrice de la Plateforme Océan Indien de Coalition PLUS, réseau international dont PILS est membre.

Après 13 ans à la barre de PILS, Nicolas Ritter quitte la direction de PILS avec un sentiment de satisfaction, même s’il reste encore du travail à abattre. « Je suis fier aujourd’hui de laisser la direction entre les mains d’Annette. PILS a grandi et est désormais un acteur clé dans la réponse nationale contre le VIH, que ce soit sur le plan des programmes, de la collaboration régionale ou internationale. Ce travail a pu être accompli avec des gens remarquables. Cependant, je suis conscient que nous pouvons et devons avoir encore plus d’impact sur ce virus et sur les personnes qui vivent avec. »