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Source : LE QUOTIDIEN DU MEDECIN

Les hommes ne sont pas épargnés par les tumeurs liées aux papillomavirus, notamment de l’oropharynx, de l’anus et du pénis. La Haute Autorité de santé (HAS) recommande d’étendre la vaccination des garçons de 11 à 14 ans révolus.

Parmi la centaine de souches de la famille des papillomavirus (HPV), certaines sont impliquées chez les hommes dans la survenue des cancers de l’oropharynx, de l’anus et du pénis.

La Haute Autorité de santé (HAS) a élargi la vaccination aux garçons depuis décembre 2019. Le vaccin, très efficace et bien toléré, est ainsi recommandé chez tous les adolescents, garçons et filles, entre 11 et 14 ans, avant les premiers rapports, avec un rattrapage pour les 15-19 ans et jusqu’à l’âge de 26 ans pour les homosexuels garçons et/ou les immunodéprimés. Quelque 50 sociétés savantes recommandent le vaccin HPV, ce qui est suffisamment rare pour être mentionné.

Environ 1 200 cancers de l’oropharynx imputables aux HPV chaque année

Sur les quelque 15 000 cancers ORL diagnostiqués chaque année, toutes causes confondues, 3 000 d’entre eux touchent la région de l’oropharynx et parmi eux, 40 % sont liés aux papillomavirus (50 % en région parisienne). « On compte ainsi 1 200 cancers de l’oropharynx dus au papillomavirus, les sites les plus touchés de l’oropharynx étant l’amygdale et la base de langueau niveau du tissu lympho épithélial », précise le Dr Philippe Gorphe, ORL au département de cancérologie cervico-faciale de l’Institut Gustave Roussy. Or l’incidence des cancers de l’oropharynx augmente. Même s’ils sont de meilleur pronostic que les autres tumeurs ORL, ces cancers ont une influence délétère importante sur la qualité de vie.

Les signes d’appel sont classiques : le plus souvent, c’est une douleur pharyngée (angine qui traîne) ou un ganglion cervical de taille anormale et persistant qui donnent l’alerte. « Une douleur angineuse qui ne cède pas au traitement médical sous deux ou trois semaines, doit faire évoquer un carcinome, même chez quelqu’un qui ne fume pas et ne boit pas d’alcool. Il ne faut pas hésiter à envoyer ce patient chez l’ORL pour éviter tout retard au diagnostic », explique le spécialiste. Fibroscopie et/ou scanner avec injection complètent le diagnostic clinique.

Suivi nutritionnel indispensable

« Le traitement repose soit sur la chirurgie (surtout en cas d’atteinte osseuse associée) avec une radiothérapie complémentaire, soit sur la radiothérapie d’emblée associée à une chimiothérapie en cas de grosses tumeurs ou d’atteinte ganglionnaire », indique le Dr Gorphe. La chirurgie robotique permet de retirer la tumeur en passant par la bouche, sans faire d’ouverture au niveau du cou. La radiothérapie provoque des mucites intenses, susceptibles de gêner la déglutition et nécessitant la mise en place d’une nutrition artificielle par sonde. À plus long terme, la radiothérapie peut aussi être responsable d’une xérostomie nécessitant de boire beaucoup et souvent. « Le suivi nutritionnel par le généraliste est essentiel, insiste le chirurgien ORL. L’apparition d’une limitation de l’ouverture de la bouche relève aussi de sa surveillance : des séances avec un kinésithérapeute pour travailler l’ouverture buccale sont alors à prescrire. Enfin, la radiothérapie ayant tendance à atrophier les muscles, l’orthophonie de la déglutition est à travailler régulièrement ».

Cancers anaux, les hommes concernés

L’incidence des cancers anaux est de 1 à 2 pour 100 000 habitants : 65 % touchent des femmes (âge moyen de 61 ans) et 35 %, des hommes (âge moyen de 41-42 ans). Chez ces derniers, il s’agit majoritairement d’homosexuels VIH +. « Leur risque relatif est multiplié par 100, raison pour laquelle un examen anal proctologique complet leur est recommandé au moins une fois, les examens suivants étant programmés en fonction de leur sexualité (un examen annuel en cas de multipartenariat), explique le Dr Laurent Abramowitz, gastro-entérologue et proctologue, à l’hôpital Bichat – Claude Bernard (Paris). Chez les homosexuels VIH- et chez les VIH + non homosexuels, le risque relatif est multiplié par 40-50. De leur côté, les femmes ayant déjà eu une maladie due à l’HPV ont un risque relatif multiplié par 4 à 16 ».

Comme le rappelle le spécialiste, par ailleurs président du Groupe de recherche en proctologie (GREP) de la Société nationale française en coloproctologie : « En fait, tout le monde est infecté par des HPV au niveau de l’anus, du pénis et du col, mais très peu vont développer un cancer car la plupart éliminent spontanément le virus. Être immunodéprimé et/ou avoir plusieurs partenaires, augmentent les risques de cancer anal, mais attention aux idées préconçues : le cancer de l’anus n’est pas forcément lié à un rapport anal. Quant au port du préservatif, il diminue le risque, mais ne l’annule pas ».

Il n’y a pas que la maladie hémorroïdaire qui peut expliquer une symptomatologie anale ! « Il ne faut jamais traiter un anus sans le regarder, insiste le Dr Abramowitz. Les symptômes devant alerter sont une douleur, un saignement, une boule anale et parfois un prurit. Il ne faut pas hésiter à poser la question chez les patients à risque (homosexuels VIH +, immunodéprimés, femmes ayant fait un cancer du col et/ou ayant été traitée par conisation), car par tabou, beaucoup n’osent pas parler spontanément de ces symptômes. Le diagnostic repose sur l’examen visuel de la marge anale et sur un toucher rectal. Si une tuméfaction est ressentie, un avis spécialisé est demandé ».

Un cancer anal presque toujours locorégional

Le bilan d’extension est clinique (mesure de la tumeur, toucher rectal, anuscopie, palpation des aires inguinales), radiologique avec une IRM anorectale, parfois un pet-scan, un scanner thoraco-abdomino-pelvien pour vérifier qu’il n’y a pas de métastase et enfin, la recherche de marqueurs Squamous Cell Carcinoma Antigen (SCC). « Le traitement du cancer de l’anus repose surtout sur la radio-chimiothérapie (car elle est radiosensibilisante). La chirurgie est réservée aux petits cancers de la marge anale car elle présente moins de séquelles, d’où l’intérêt du dépistage précoce par le généraliste », insiste le Dr Abramowitz.

Intérêt possible d’une vaccination tardive

Outre le dépistage et le suivi, le rôle du généraliste est primordial en matière de prévention. « La vaccination est la meilleure prévention primaire et elle est bien tolérée. Toutefois, on ne sait pas encore si elle n’a d’intérêt chez les garçons, qu’avant les premiers rapports sexuels ou si une immunité est rattrapable plus tard », explique le Dr Gorphe. De plus, le vaccin pourrait avoir un intérêt en prévention tardive. « Des petites études ont été réalisées sur des femmes vaccinées bien plus tard (45-49 ans) après conisation et donc une dysplasie de haut grade : elles montrent que ces femmes ont une baisse de 70 % de récidives de haut grade comparativement aux femmes non vaccinées, poursuit le Dr Abramowitz. Il y aurait donc encore un bénéfice à faire le vaccin tardivement, mais il n’y a pas de recommandation en France en ce sens, même si cela se fait dans d’autres pays ».

Dr Nathalie Szapiro

Source : CATIE

On estime que 171 900 personnes s’injectaient des drogues au Canada en 2016, soit une augmentation par rapport à 2011. Les deux tiers des personnes qui s’injectaient des drogues au Canada ont reçu un traitement par agonistes opioïdes en 2016, ce qui représente également une augmentation par rapport à 2011. Près de 50 millions de seringues et d’aiguilles ont été distribuées en 2016, ce qui est inférieur aux cibles canadiennes recommandées.

Les personnes qui s’injectent des drogues ont un risque accru de contracter le virus de l’hépatite C (VHC) et le VIH en partageant ou en réutilisant du matériel de consommation de drogues. Le traitement par agonistes opioïdes (TAO) et la distribution de seringues et d’aiguilles sont tous deux associés à un risque réduit de VHC, de VIH et d’autres méfaits connexes. De plus, la rétention dans le TAO est associée à une diminution des surdoses et des décès chez les personnes ayant une dépendance aux opioïdes.

Compte tenu de l’importance de fournir des services de réduction des méfaits aux personnes qui utilisent des drogues, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recommandé que les pays fournissent un TAO à au moins 40 pour cent des personnes s’injectant des drogues et qu’ils distribuent annuellement au moins 200 seringues et aiguilles à chaque personne qui s’injecte des drogues.

La collecte et la déclaration de données sur les personnes qui s’injectent des drogues sont un aspect clé de la surveillance en santé publique, de la planification des politiques et des programmes et de l’allocation des ressources pour soutenir la santé des personnes qui utilisent des drogues. Une récente étude a estimé le nombre de personnes qui s’injectent des drogues ainsi que de la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada. Ces estimations nationales et provinciales/territoriales sont les données les plus récentes dont nous disposons sur la prévalence de l’injection de drogues, le TAO et la couverture de la distribution de seringues et d’aiguilles au pays.

Détails de l’étude

Afin d’estimer le nombre de personnes qui s’injectent des drogues et la couverture de la réduction des méfaits au Canada, les chercheurs ont utilisé diverses sources, notamment des données provinciales/territoriales sur le nombre de personnes ayant reçu de la méthadone, des données d’enquête sur la proportion de personnes s’injectant des drogues qui ont déclaré avoir reçu de la méthadone, et le nombre de seringues et d’aiguilles distribuées dans chaque province/territoire. Onze provinces et territoires sur 13 sont inclus dans l’étude; les données du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest n’étaient pas disponibles.

Résultats

Au Canada, on estime que 171 900 personnes s’injectaient des drogues en 2016, soit un taux de prévalence de 0,7 % (0,7 sur 100 personnes de 16 à 64 ans s’injectant des drogues). Il s’agit d’une augmentation par rapport aux 130 000 personnes qui s’injectaient des drogues en 2011 (taux de prévalence de 0,55 %). Les taux de prévalence variaient considérablement d’une région à l’autre du pays – de 0,16 % en Alberta à 1,48 % en Colombie-Britannique.

Il est estimé que 113 381 personnes ont reçu un TAO au Canada en 2016. Cela représente un taux de couverture de 66 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues – une hausse par rapport à 2011 (55 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues). La couverture provinciale/territoriale variait de 29 à 163 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues, respectivement au Manitoba et en Alberta.

Les prestataires de services et les organismes gouvernementaux ont distribué 49 958 381 seringues et aiguilles dans l’ensemble du pays, en 2016. Il s’agit d’une augmentation par rapport à 2011 – de 193 à 291 seringues et aiguilles par personne s’injectant des drogues. En 2016, la couverture provinciale/territoriale variait de 134 à 883 seringues et aiguilles distribuées par personne s’injectant des drogues, la plus faible étant à Terre-Neuve-et-Labrador et la plus forte, en Alberta.

La couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles en comparaison avec les lignes directrices de l’OMS

L’étude révèle qu’en moyenne, le Canada a respecté les lignes directrices de l’OMS sur la couverture du TAO, en 2016, avec un taux de 66 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues. L’OMS recommande que les pays fournissent annuellement un TAO à au moins 40 personnes sur 100 qui s’injectent des drogues. À l’échelon provincial/territorial, le Manitoba n’a pas atteint cette norme en 2016.

En moyenne, la même année, le Canada a respecté les lignes directrices de l’OMS sur la distribution de seringues et d’aiguilles, avec environ 291 seringues et aiguilles distribuées par personne s’injectant des drogues. La cible de l’OMS est de distribuer annuellement plus de 200 seringues et aiguilles par personne qui s’injecte des drogues. Toutefois, seulement huit des onze provinces/territoires ont atteint cette cible; la couverture à Terre-Neuve-et-Labrador, au Québec et au Yukon était insuffisante.

Selon une analyse récente, dans le Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au Canada, la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada devrait être supérieure à la norme de l’OMS et atteindre 750 seringues et aiguilles par année par personne qui s’injecte des drogues. En 2016, deux provinces seulement dépassaient cette cible canadienne, soit l’Alberta et la Saskatchewan.

Implications pour les prestataires de services

Depuis 2011, un nombre croissant de personnes s’injectent des drogues, au Canada. On observe également entre 2011 et aujourd’hui une hausse alarmante du nombre de décès par surdose d’opioïdes – plus de 4 000 personnes sont décédées d’une surdose liée aux opioïdes en 2017 uniquement. En outre, même si cette étude précède l’avènement du SRAS-CoV-2, les défis sanitaires, sociaux et systémiques complexes que rencontrent les personnes qui s’injectent des drogues peuvent contribuer à des résultats néfastes de santé associés à la COVID-19. Cela pourrait exacerber les effets de santé négatifs qui ont déjà un impact disproportionné dans cette communauté. La convergence de ces facteurs met en relief l’importance d’une couverture élevée des services de réduction des méfaits et des ressources pour soutenir les personnes qui utilisent des drogues.

L’étude montre que la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles a augmenté dans chaque province et territoire examiné, entre 2011 et 2016, ce qui indique une tendance à la hausse de l’offre de services de réduction des méfaits au fil du temps. Il est nécessaire de maintenir et d’accroître l’accessibilité et la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada afin de réduire encore davantage les méfaits associés à l’injection de drogues et de prévenir le VIH et le VHC, les décès par surdose accidentelle et d’autres méfaits connexes.

L’ensemble de données initial utilisé dans l’étude peut comporter des limites; par conséquent, celle-ci ne brosse pas un portrait complet de la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada. De plus, ces données ne rendent pas compte de la couverture des services au sein d’une province ou d’un territoire spécifique. Les limites de l’ensemble de données initial pourraient avoir entraîné certaines inexactitudes dans les estimations. Des données plus exhaustives présenteraient un aperçu clair du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles dans les régions urbaines, rurales et éloignées, ce qui pourrait révéler des lacunes dans la couverture locale. Les politiques et les décisions relatives à la fourniture des programmes devraient se fonder sur des informations plus détaillées.

Un ensemble complet d’interventions et de services de réduction des méfaits et de soutien est nécessaire pour soutenir la santé des personnes qui utilisent des drogues. Outre le TAO et la distribution de seringues et d’aiguilles, cela doit inclure la distribution de naloxone et de matériel pour l’inhalation de drogues, de même que des sites de prévention des surdoses et des services de soutien pour les personnes qui utilisent des drogues.

—Rivka Kushner

Ressources

Recommandations de pratiques exemplaires pour les programmes canadiens de réduction des méfaits – Recommandations de pratiques exemplaires du Groupe de travail sur les pratiques exemplaires pour les programmes de réduction des méfaits au Canada

Tout doit être neuf chaque fois que vous consommez – Carte postale de CATIE

COVID-19, le VIH, le VHC et la réduction des méfaits : Prévention, épidémiologie et réponse communautaire – Webinaire de CATIE

RÉFÉRENCES :

  1. Comité de rédaction et Groupes de travail du Modèle directeur du Réseau Canadien sur l’Hépatite C. Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au Canada. Montréal, QC. Disponible à l’adresse : https://www.canhepc.ca/sites/default/files/media/documents/modele_directeur_vhc_2019_05.pdf
  2. Jacka B, Larney S, Degenhardt L, et al. Prevalence of injecting drug use and coverage of interventions to prevent HIV and hepatitis C virus infection among people who inject drugs in Canada. American Journal of Public Health. 2020;110(1):45-50.
  3. Organisation mondiale de la Santé. OMS, ONUDC, ONUSIDA. Guide technique pour la définition d’objectifs nationaux pour l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et au soutien en matière de VIH/sida. 2009. Disponible à l’adresse : https://www.who.int/hiv/pub/idu/targetsetting/fr/
  4. Vasylyeva TI, Smyrnov P, Strathdee S, Friedman SR. Challenges posed by COVID‐19 to people who inject drugs and lessons from other outbreaks. Journal of the International AIDS Society. 2020 Jul;23(7):e25583.

Source : TRANSVERSAL MAG

Durant le confinement, psychologues et psychiatres ont suivi par téléconsultation leurs patients vivant avec le VIH. Si ce moment de « pause » a été globalement bien vécu, le déconfinement a souvent été plus compliqué à gérer pour ces patients, encore confrontés aujourd’hui à une situation sanitaire très incertaine.

« Il y a certaines personnes qui veulent vraiment revenir nous voir. Et d’autres qui ont pris l’habitude de consulter, par téléphone, depuis leur canapé. Et qui, finalement, n’ont plus très envie de bouger de leur canapé… » C’est sur le ton de la boutade que cette psychologue, spécialisée dans le VIH, décrit la situation actuelle. « On est dans un entre-deux un peu compliqué à gérer pour nos patients qui, comme tout le monde, font face à une situation sanitaire encore pleine d’incertitudes. Car la vie n’est pas redevenue comme avant », ajoute Serge Hefez, psychiatre et responsable de l’Espace social et psychologique d’aide aux personnes touchées par le virus du sida (Paris).

Les six derniers mois ont été difficiles à gérer pour tous les acteurs de la lutte contre le sida, mais aussi, et surtout, pour les personnes vivant avec le VIH. L’épidémie de Covid-19 a en effet bouleversé un certain nombre de repères et d’habitudes dans leur prise en charge. À ce stade, il ne semble pas que cet événement sanitaire hors-norme ait provoqué de ruptures massives dans le suivi médical et la prise des traitements. Mais le confinement puis le déconfinement n’ont pas été des étapes toujours simples à vivre, en particulier pour les personnes présentant un problème de santé mentale.

Des inquiétudes au début du confinement

Le suivi de ces personnes, fragiles sur le plan psychique, est aujourd’hui un enjeu primordial. On estime ainsi que près de 13 % des personnes vivant avec le VIH rapportent un épisode dépressif majeur dans l’année. Un taux plus élevé que celui observé en population générale, de 5 % à 8 % selon les études. Et sans être atteintes de dépression, de nombreuses personnes vivant avec le VIH souffrent de problèmes d’anxiété, d’angoisses ou de troubles cognitifs. Et au début du confinement, de nombreux psychologues étaient inquiets des semaines à venir pour ces personnes à plus forte vulnérabilité sur le plan psychologique.

Car avec le confinement, toutes les consultations « présentielles » ont dû être arrêtées. Psychiatres et psychologues ont certes continué à travailler en proposant un suivi à distance, par téléphone ou en visioconférence. « Je dois dire que pendant cette période, j’ai été débordée de travail, car pratiquement toutes les personnes que je suivais ont accepté ce suivi à distance. Parfois, il m’est arrivé de faire jusqu’à une vingtaine d’entretiens dans la journée », rapporte Nadège Pierre, psychologue et sexologue au 190, un centre de santé sexuelle parisien, soutenu notamment par l’association Aides.

Ces téléconsultations ont bousculé des habitudes bien ancrées. « Cela a été plus facile à mettre en place avec les patients que je connaissais bien. Le fait de ne pas se voir n’était pas un obstacle majeur. Au début de la conversation, je savais déjà, rien qu’à l’intonation de leur voix, s’ils allaient bien ou pas. Mais pour les patients nouveaux, ce n’est pas simple d’entamer un suivi par téléphone », explique Martine Shindo, psychologue clinicienne dans le service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis (Paris).

Une confidentialité parfois difficile à faire respecter

Dans certains cas, ce suivi à distance s’est heurté à des problèmes très concrets. « J’ai quelques patients qui vivent en couple ou en famille. Et pendant ces quelques semaines, ils ont préféré suspendre leur suivi. Car il n’était pas évident, en étant confinés avec d’autres personnes dans des espaces parfois étroits, de pouvoir parler en toute confidentialité », explique Alice Plutarque, psychologue clinicienne dans l’unité d’immuno-infectiologie de l’Hôtel-Dieu (Paris). « J’ai connu un peu la même situation avec des personnes confinées avec leur compagnon dans un tout petit studio », ajoute Nadège Pierre.

Quelques patients, fragiles psychologiquement, ont mal vécu le confinement. « On a vu des personnes, déjà très seules, qui se sont senties dans quelque chose d’un peu abandonnique. Le téléphone, qui sonnait peu, s’est mis à ne plus sonner du tout, se souvient Nalen Perumal, psychologue clinicien à l’association Envie (Montpellier). Nous suivons des personnes pour qui l’association est le seul point de socialisation. En temps ordinaire, elles ne sortent de chez elles que pour venir nous voir. Et pour ces gens très seuls et vulnérables, le confinement n’a pas été simple, malgré le suivi à distance que nous avons toujours continué à proposer. »

Mais tous les psychologues interrogés pour cet article le disent : dans l’ensemble, leurs patients ont plutôt bien traversé cette épreuve du confinement. « Certains étaient seuls chez eux avec, parfois, très peu de relations sociales, mais ils allaient plutôt bien, car, d’un seul coup, ils avaient l’impression d’être comme tout le reste de la population », indique Nadège Pierre. « Ils devaient rester chez eux, mais c’était pour tout le monde pareil. Et pour certains patients, cela a été un moment où ils avaient l’impression de plus être les seuls à vivre cette solitude », renchérit Martine Shindo, en constatant que ce confinement a aussi été un moment de « pause » pour des personnes d’ordinaire très actives. « Elles ont pu se retrouver un peu au calme, chez elles, dans une relation différente avec le travail », ajoute la psychologue. « Durant ce confinement, c’est comme si un espace de liberté s’était ouvert avec moins de contraintes sociales. Et la liberté de pouvoir être à la maison », observe Alice Plutarque

Le déconfinement, une étape complexe pour la santé mentale

De manière presque paradoxale, c’est le passage au déconfinement qui a été plus compliqué à gérer pour beaucoup. Avec un retour à une vie pas complètement normale et des consultations encore, parfois, effectuées à distance. « Certaines personnes ont éprouvé des difficultés à ressortir, à retourner au travail, à retrouver tout ce qui peut être fatigant dans une ville comme Paris : le bruit, le monde, l’agitation incessante », souligne Nadège Pierre. « Certains patients ont pris goût à ces consultations par téléphone. Par exemple, hier, un patient m’a appelée pour me demander si on pouvait s’entretenir par téléphone. Il m’a dit qu’il était parti pour quelques jours à la campagne et qu’il s’y sentait bien », raconte Martine Shindo.

Alors les « psys » s’adaptent et poursuivent certains suivis à distance. Parce que des patients le demandent ou parce que le protocole sanitaire impose de ne pas recevoir trop de monde en même temps dans les locaux hospitaliers ou associatifs. « Pour le moment, c’est encore 50-50 entre les consultations présentielles et celles faites à distance », indique Nalen Perumal qui, comme la plupart de ses confrères et consœurs, préférerait revenir à des consultations réalisées en présence du patient. « Ces téléconsultations ont été très utiles à un moment donné, mais elles ont également des limites. Au sein de notre association, l’accompagnement des personnes s’accomplit aussi par des soins corporels et de bien-être qui ne peuvent pas se faire à distance », souligne-t-il. « Avec le téléphone, on ne voit pas le mouvement du corps et tout le non verbal, ce qui est important lors d’une consultation », ajoute Martine Shindo.

« Des injonctions contradictoires permanentes »

Et bien que la téléconsultation conserve quelques adeptes, de nombreux patients souhaiteraient revenir dans les lieux de soins ou de soutien. « Le problème est que la situation actuelle reste complexe à gérer en raison de l’incertitude sanitaire, mais surtout des messages adressés à la population, estime Serge Hefez. Avant les vacances, début juillet, il y avait l’espoir que tout serait redevenu complètement normal à la rentrée. Aujourd’hui, ce n’est pas du tout ce qui se passe. Et le plus difficile à gérer pour beaucoup de nos patients, ce sont les discours très discordants. À un moment, on entend que cela va mieux qu’en mars ou avril, que les gens meurent moins et vont moins en réanimation. Et le lendemain, on nous dit que la deuxième vague est là et que la situation risque d’être très grave. »

Pour ce psychiatre, il y a comme un effet de « sidération » chez certains patients et même chez certains soignants. « Un jour, on vous dit de faire ceci et le lendemain, on vous dit de faire l’inverse. C’est cela le plus difficile à gérer dans la période très incertaine que nous vivons en ce moment : toutes ces injonctions contradictoires permanentes », insiste Serge Hefez.

Un retour à la vie d’avant très progressif pour Actions Traitements

Comme toutes les associations de lutte contre le sida, Actions Traitements a vu son activité largement bousculée avec l’épidémie de Covid-19. « Aujourd’hui, on revient à la normale de manière très progressive avec encore du télétravail », souligne Cédric Daniel, chargé de missions au sein de cette association qui réalise un important travail d’information, de soutien et d’accompagnement des personnes vivant avec le VIH.

Actions Traitement a été une des premières associations à faire de l’éducation thérapeutique du patient (ETP). Elle propose aussi, une fois par mois, des ateliers collectifs d’information et anime, depuis 1991, une ligne d’écoute ouverte le lundi et le jeudi. « Nous avons aussi ouvert fin 2019, un jeudi sur deux, une consultation animée par une psychologue-sexologue spécialisée en traumatologie. Elle prend notamment en charge des personnes ayant eu un parcours migratoire difficile lors duquel des agressions sexuelles ont pu se produire », explique Cédric Daniel.

Avec le confinement, ces activités ont été menées par téléphone ou en visioconférence. « Cela n’a pas été simple, mais cela a été l’occasion d’élargir certaines activités, indique-t-il. Ainsi, notre ligne d’écoute a fonctionné du lundi au vendredi, y compris parfois le samedi. La demande était très forte, car de nombreuses personnes avaient besoin d’information et de soutien, certaines d’entre elles étaient très anxieuses. »

Le déconfinement n’a pas entraîné immédiatement un retour à la normale puisque de mai à début septembre l’association a assuré toutes ses activités à distance. « Depuis un mois, on a recommencé à accueillir des personnes sur place, mais de manière très progressive à cause des impératifs sanitaires. Dans les ateliers collectifs, on reçoit 6 à 7 personnes, contre 15 à 20 en temps normal. Et des membres de l’association poursuivent le télétravail certains jours », informe Cédric Daniel, en relevant des points positifs et négatifs dans cette période très particulière.

« On s’est rendu compte des inégalités liées à la fracture numérique. Car parmi les personnes que nous suivons, certaines n’ont pas accès à un ordinateur ou rencontrent de grandes difficultés pour utiliser la visioconférence, souligne-t-il, en ajoutant que durant le confinement, l’association a pu toucher des personnes vivant avec le VIH en dehors de sa sphère géographique habituelle. Nos locaux sont situés dans le 20e arrondissement de Paris. Avec le suivi à distance, nous avons pu entrer en contact avec des personnes vivant dans des zones parfois éloignées de l’Île-de-France. »

Source : FRANCE 3 OCCITTANIE

Le chercheur toulousain Olivier Neyrolles a reçu ce lundi 2 novembre l’un des prix scientifiques de la Fondation pour la recherche médicale. Avec son équipe, il a percé les secrets de la virulence du bacille de la tuberculose.

C’est la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. Chaque année, la tuberculose tue 1,5 millions de personnes. Certaines de ses formes sont de plus en plus résistantes aux traitements, pour d’autres, il n’existe pas encore de vaccin. Percer les mystères de cette maladie, c’est l’objet des recherches d’Olivier Neyrolles. Ce directeur de recherches du CNRS y travaille depuis plus de 20 ans et avec son équipe de l’institut de pharmacologie et de biologie structurale, à Toulouse, il a fait des découvertes majeures dans les mécanismes d’infection et de virulences du bacille de la tuberculose. Ce qui lui vaut de recevoir ce lundi 2 novembre, l’un des 13 prix scientifiques de la Fondation pour la recherche médicale (FRM) qui récompense chaque année des chercheurs « pour leur contribution aux avancées biomédicales« .

« Nous travaillons sur les mécanismes moléculaires des interactions entre le bacille de la tuberculose et le système immunitaire de son hôte » explique Olivier Neyrolles, dans son laboratoire ce lundi. « Concrètement, nous cherchons par exemple à comprendre comment le bacille de la tuberculose peut survivre à l’intérieur de cellules, qu’on appelle les macrophages, qui normalement sont dédiées à détruire les pathogènes et qui, dans la cas de la tuberculose, n’y parviennent pas. »

Des métaux pour lutter contre la maladie

Dans un premier temps, Olivier Neyrolles et son équipe ont démontré que les macrophages, les cellules immunitaires chargées d’éliminer le pathogène, ingérent l’intrus et le soumettent à un taux élevé de métaux pour l’intoxiquer.

Une des découvertes importantes que nous avons faite au cours des dix dernières années, c’est un mécanisme par lequel le système immunitaire, pour se protéger contre les pathogènes, les intoxique avec des métaux. En particulier, nous avons montré ça pour le zinc et des collègues américains ont montré un phénomène similaire pour le cuivre.

Olivier Neyrolles

Mais les chercheurs toulousains ont aussi découvert plus récemment que le bacille de la tuberculose était capable de résister à cette intoxication au zinc. Ils cherchent maintenant à comprendre ce mécanisme pour pouvoir l’enrayer.

Nous avons démontré que la bactérie possède des pompes, des transporteurs qui lui permettent d’exporter le zinc potentiellement toxique depuis l’intérieur vers l’extérieur et nous cherchons à comprendre comment ces pompes fonctionnent. En particulier, nous avons démontré qu’elles ne fonctionnent pas isolément mais qu’elles s’assemblent pour fonctionner ensemble et forment des plateformes. On cherche à comprendre comment s’assemblent ces plateformes et comment on pourrait éventuellement les désassembler pour développer de nouveaux médicaments.

Olivier Neyrolles

Un pas vers de nouveaux traitements

En découvrant à la fois la production de zinc par les cellules immunitaires et la contre-offensive du bacille de la tuberculose contre ce métal, Olivier Neyrolles et son équipe ont fait un pas important qui pourrait permettre de développer de nouveaux traitements. « C’est l’objectif ultime » dit-il, « trouver des traitements complémentaires des antibiothérapies actuelles et nous avons également des travaux sur l’immunité anti-tuberculeuse qui pourraient aider au développement de nouveaux vaccins« .
C’est cette promesse aussi qui est récompensée par la Fondation pour la recherche médicale. Cette reconnaissance s’accompagne d’un prix de 15 000 euros qui permettra de payer pendant plusieurs mois un chercheur-doctorant du laboratoire pour poursuivre ses recherches.

Source :  LE COURRIER DU VIETNAM

Après deux ans de mise en œuvre, le programme de prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) compte près de 13.000 clients, contribuant à contrôler la prévalence du VIH dans la communauté.

C’est ce qui ressort de la conférence « Traitement et prévention de pré-exposition au VIH (PrEP) 2018-2020 et Plan pour 2021 », tenue à Hô Chi Minh-Ville le 3 novembre. Un événement organisé par le Département de prévention et de lutte contre le VIH/Sida – ministère de la Santé, en collaboration avec l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et le projet USAID PATH Healthy Markets.

Le professeur agrégé-Dr. Nguyên Hoàng Long, directeur du Département de prévention et de contrôle du VIH/Sida, a déclaré que le Vietnam a obtenu de nombreuses réalisations remarquables dans la prévention et le contrôle du VIH/Sida. Le virus est en partie sous contrôle avec un taux d’infection  dans la communauté est inférieur à 0,3%.

Le nombre de nouveaux cas et de décès a diminué de façon continue chaque année. Cependant, le taux de séropositivité au sein de la communauté homosexuelle masculine a été en augmentation ces dernières années. Si en 2010, ce taux n’était que d’environ 2%, il est maintenant de 10%, voire 15% dans certaines localités.

Face à cette situation, le Vietnam a été l’un des premiers pays au monde à mettre en œuvre le Programme de traitement de prévention pré-exposition au VIH (PrEP), avec jusqu’à présent  près de 13.000 personnes traitées.

La  PrEP est un moyen par lequel une personne séronégative qui court le risque de contracter le VIH peut réduire son risque d’infection en prenant des médicaments antirétroviraux.

Parlant d’efficacité, Nguyên Hoàng Long a déclaré que la PrEP aide à réduire de 95 à 98% le risque d’infection. Plus précisément, parmi 10.000 cas de traitement PrEP, seules 8 personnes sont séropositives, tandis que sans prophylaxie pré-exposition, le nombre de nouvelles infections est d’environ 700.

En particulier, l’ouverture de la communauté homosexuelle à la PrEP a été très positive. Le Vietnam a pour objectif  qu’environ 30% des hommes homosexuels utilisent la PrEP d’ici 2025 (soit environ 60.000 personnes), puis 40% d’ici 2030 (80.000 personnes).

À l’avenir, l’USAID s’engage à soutenir et à garantir que les clients continuent à utiliser la PrEP. L’USAID vise toujours l’objectif d’éradiquer le Sida d’ici 2030.

La prévention pré-exposition (PrEP) a été introduite pour la première fois au Vietnam   début   2017 et est maintenant présente dans 26 provinces et villes du pays. Depuis le lancement   en 2017, près de 13.000 personnes se sont inscrites pour l’utiliser. D’ici 2021, le PrEP s’étendra à 27 provinces et villes et aura des ajustements appropriés pour continuer à bien répondre aux besoins du groupe cible, en offrant de nouvelles options d’accès aux personnes à haut risque d’infection.