Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

 

Il y a presque deux semaines, à Lyon, s’est tenue la 6ème conférence de Reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Pendant plus d’un mois, avec l’opération La Boucle du Ruban Rouge, le Crips Île-de-France et ses partenaires se sont mobilisés.
Un seul objectif : inciter le Président de la République à augmenter la contribution de la France pour qu’elle retrouve son rôle de leader dans la lutte conte le Sida. 

Lutte contre les pandémies : Succès pour la France. Espoir pour les malades du monde entier !


À Lyon, le 10 octobre 2019, s’est clôturée la conférence de Reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, organisée sous l’égide du Président Macron. Les ONG saluent l’atteinte des 13,92 milliards de dollars levés ainsi que l’augmentation de la contribution française de 20%, portée à 1,3 milliard d’euros pour 2020-2022.

Nous prenons acte de l’engagement de Bill Gates et d’Emmanuel Macron de lever d’ici le 1er décembre prochain (Journée mondiale de lutte contre le Sida) les 100 millions d’euros qui manquent pour atteindre la cible des 14 milliards qui avait été fixée comme un minimum par le Fonds mondial et la France.

 

source : seronet

En partenariat avec Michel Bourrelly et Olivier Maurel, IDF Prévention santé sida organise un après-midi table-ronde jeudi 28 novembre de 14h à 18h. Cette rencontre est proposée en lien avec l’ouvrage « Une histoire de la lutte contre le sida » que co-écrivent Michel Bourrelly et Olivier Maurel pour le CNRS, à paraître en 2021.

Le livre se conclura sur un chapitre abordant trois questions sous forme de table-ronde. Peut-on vaincre le sida ? Cette table ronde sera animée par Viviane Jungfer, avec Jean-François Delfraissy et François Berdougo. Dans les pays riches, le sida est aujourd’hui devenu une maladie chronique. Mais d’une part, la conscience des risques de contamination demeure insuffisante dans certaines populations parmi lesquelles le nombre de séroconversions ne diminue guère ; d’autre part, en vieillissant avec le VIH, on constate des co-morbidités induites par le virus lui-même ou par les traitements.

Fin du vih : amélioration

Dans les pays les moins favorisés, à peine plus de la moitié des personnes vivant avec le VIH/sida a accès aux traitements, à cause de la faiblesse des budgets nationaux de santé et d’une aide internationale insuffisante. Les statistiques mondiales publiées par l’Onusida en 2017 montrent que 70 % des personnes séropositives connaissent leur statut sérologique ; parmi ces dernières, 77 % seulement sont sous traitement (soit 54 % des personnes infectées) et 82 % d’entre elles ont une charge virale indétectable (soit 44 % des personnes touchées). Les trois objectifs à atteindre d’ici 2030 sont 95 % des personnes vivant avec le VIH diagnostiquées, 95 % des personnes diagnostiquées sous traitement et 95 % de charge virale indétectable chez ces patients sous traitement. Ces objectifs sont-ils réalistes ? Est-il pensable de vaincre le sida, et à quel horizon ? Pour ce faire, quelles doivent être les priorités de santé publique et de financement ? Comment la recherche et l’industrie pharmaceutique peuvent-elles contribuer à rendre la prévention et le soin plus efficaces et accessibles ?
Quel héritage politique la lutte contre le sida offre-t-elle aux luttes actuelles ? Cette table ronde sera animée par Danièle Messager, avec Daniel Defert et Hakima Himmich.

Contrairement à ce qui existait pour d’autres pathologies, le cancer par exemple, la lutte contre le sida a très vite rassemblé des personnes directement infectées et affectées par l’épidémie. Mues par l’urgence et la solidarité, elles se sont engagées physiquement, affectivement, mais aussi politiquement. Parce que c’était souvent une question de vie ou de mort, cette mobilisation sociale a su faire entendre sa parole, développer ses propres réponses et soutenir des mutations sociales au service de l’intérêt général. Quels sont les facteurs qui ont permis de cristalliser un collectif de lutte contre le sida et de politiser son action ? En quoi les façons dont s’est structurée la lutte contre le sida peuvent-elles fournir des pistes encore pertinentes aux mouvements sociaux actuels ? Quelles sont les « luttes transversales » (dans l’esprit de Michel Foucault, « Le sujet et le pouvoir » dans « Dits et écrits », tome IV, texte 306) ?
Que peut apporter la lutte contre le sida à la santé mondiale aujourd’hui et demain ?

Cette dernière table ronde sera animée par Frédérique Prabonnaud, avec Michel Kazatchkine et Stéphanie Tchiombiano. Daniel Defert avait défini le malade du sida comme un réformateur social. De fait, la lutte contre le sida a eu des implications multiples dans la santé, mais aussi dans la société : la relation au savoir et au pouvoir médical, la relation soigné-soignant, la place des usagers dans le système de santé, la santé communautaire, l’accès aux nouveaux médicaments, l’implication des personnes concernées dans la recherche médicale et comportementale, la reconnaissance des droits des malades et de ceux des minorités, le changement de regard sur la maladie en général, etc. Avant de désorganiser une lutte qui n’est pas encore terminée, quelles leçons en tirer pour faire avancer la recherche, la prévention, le soin, l’accompagnement pour d’autres pathologies ? Comment transférer l’expérience acquise à propos du VIH/sida ? Quels enjeux de santé publique peuvent s’inspirer de la lutte contre le sida au niveau mondial ?
L’inscription en ligne est obligatoire. Cet événement se déroule à IDF Prévention santé sida (90 avenue du Général Leclerc – 93500 Pantin. Infos au 01 84 03 96 96).

source : inserm

Grâce aux thérapies antirétrovirales, vieillir avec le VIH tout en le contrôlant est possible. Cependant, l’impact de cette infection chronique pourrait ne pas être sans conséquences sur les fonctions cognitives. C’est pourquoi Alain Makinson (Unité « Recherche translationnelle sur le VIH et les maladies infectieuses », CHU de Montpellier, Université de Montpellier, Inserm, IRD) et son équipe se sont intéressés à la survenue de déficiences neurocognitives (DNC)  -telles qu’une baisse de l’attention, de la mémoire et des capacités motrices- chez les patients vivant avec le VIH dans l’étude ANRS EP58 HAND 55-70.

Dans leur dernier travail paru dans Clinical Infectious diseases, les chercheurs décrivent les résultats de leurs observations sur 200 personnes vivant avec le VIH recrutées dans six centres français. Les mesures collectées chez ces patients ont ensuite été comparées, en utilisant les mêmes méthodes d’évaluation neurocognitives, à celles d’une population témoin composée de 1 000 personnes de même âge, genre et niveau d’éducation issues de la cohorte Constances recrutées en population générale (comportant plus de 200.000 volontaires). Les chercheurs mettent en évidence que chez des personnes vivant avec le VIH, âgées de  55 à 70 ans, le risque de développer des déficiences neurocognitives légères (et dans certains cas, sans symptômes) est accru de 50%.

Grâce aux thérapies antirétrovirales, les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) peuvent contrôler le virus. Cependant, si la mortalité de ces personnes n’est plus majoritairement causée par le VIH et a beaucoup diminué depuis l’avènement de ces thérapies, d’autres risques sont à prendre en compte. Ainsi, quelques études récentes ont souligné l’augmentation de la prévalence des déficiences neurocognitives (DNC) chez les PVVIH par rapport aux personnes non-infectées par le virus. Cette augmentation est d’autant plus marquée chez les patients qui ne contrôlent pas le virus. Cependant, ces DNC pourraient également être dues à des facteurs cardiovasculaires ou encore à la survenue de dépression, plus fréquente dans cette population.

Pour tenter de préciser la nature de l’association entre le fait de vieillir avec le VIH et être atteint de déficiences neurocognitives (telles qu’une baisse de l’attention, de la mémoire et des capacités motrices), Alain Makinson et ses collaborateurs ont étudié les données de 200 PVVIH, âgées de 55 à 70 ans et contrôlant le VIH, enrôlées entre janvier 2016 et octobre 2017 dans l’étude ANRS EP58 HAND (HIV-Associated Neurocognitive Disorder). Chaque patient a été comparé à cinq personnes non exposées au VIH de même âge, genre et niveau d’éducation, appartenant à la cohorte Constances recrutées en population générale. Les méthodes de passage des tests cognitifs et de recueil des données de l’étude étaient identiques dans les deux populations. Au total, 1 200 personnes ont donc été incluses dans le cadre de cette étude.

Bien que les déficiences observées dans l’étude soient légères ou sans symptôme apparent (c’est à dire n’impactant pas ou légèrement les activités de la vie malgré des résultats anormaux aux tests), les PVVIH étaient plus touchées par la DNC : 35% contre 24% pour le groupe contrôle.

Le risque de souffrir d’une DNC est donc augmenté de 50 % pour une personne amenée à vieillir avec le VIH, comparée à une personne non infectée, tous critères égaux par ailleurs (âge, genre, niveau d’éducation).

Les auteurs parviennent à la même conclusion après prise en compte de plusieurs facteurs de confusion potentiels (consommation d’alcool ou de tabac, activité physique, diabète, hypertension…), y compris en utilisant plusieurs méthodes d’évaluation des tests cognitifs.

Malgré ces résultats très solides, un lien de causalité entre le fait de vieillir avec le VIH et la survenue de DNC ne peut pas être établi, et plusieurs hypothèses sont possibles. L’une est que l’infection par le VIH et ses traitements causent une inflammation récurrente du cerveau. Une deuxième est que les complications associées à l’immunodéficience ont pu impacter la cognition avant la mise sous traitement contre le VIH, mais sans aggravation plus rapide par la suite par rapport à la population générale. Enfin, la séropositivité  pourrait être associée à d’autres facteurs de risques (consommation de drogues notamment) qui sont difficiles à mesurer pleinement dans les deux populations de cette étude.

Les auteurs souhaitent continuer à suivre la même population plus longtemps afin de mieux préciser les causes de DNC dans cette population vieillissante et tester l’hypothèse d’un vieillissement cognitif accéléré chez les PVVIH, d’autant que très peu d’études avec un groupe contrôle sont disponibles. Tester l’hypothèse de l’inflammation du cerveau en recueillant certains biomarqueurs spécifiques présents dans le sang constitue une autre perspective de l’équipe pour mieux comprendre les mécanismes causant les dommages au cerveau.