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Source: destinationsanté.com

Eliminer l’hépatite C d’ici 2030 ? C’est un objectif réalisable à en croire les spécialistes. A l’occasion de la semaine européenne de dépistage du VIH et de l’hépatite qui a lieu du 17 au 24 novembre, le Dr Denis Ouzan, hépato-gastro-entérologue à Saint-Laurent du Var (06) fait le point sur les défis que la France doit relever pour parvenir à cette élimination.

Avec 170 millions de personnes touchées par le VHC dans le monde et un potentiel évolutif de l’infection vers une maladie sévère du foie (cirrhose, cancer du foie), l’hépatite C chronique est un enjeu de santé publique majeur. Selon les derniers chiffres disponibles en France datant de 2011, un total de 344 500 personnes étaient infectées.

Rappelons que l’hépatite C se transmet par contact avec le sang d’une personne contaminée :

  • réception d’une transfusion sanguine, de produits sanguins ou d’un greffon contaminés ;
  • injections réalisées avec des seringues contaminées ou blessures par piqûre d’aiguille en milieu de soins ;
  • utilisation de drogues injectables ;
  • naissance chez une mère infectée par l’hépatite C.

Caractérisée par une évolution lente, cette affection peut dans certains cas rester silencieuse pendant des années. Mais en l’absence de traitement, les patients sont exposés à un risque de complications, avec notamment une progression de la fibrose hépatique vers une cirrhose, voire un carcinome hépatocellulaire (cancer du foie). Cependant en matière de prise en charge du VHC, la donne a radicalement changé.

« L’avènement des antiviraux d’action directe a complétement révolutionné la prise en charge », explique le Dr Ouzan. « Grâce à des traitements à la fois efficaces, courts, simples et bien tolérés, nous pouvons guérir l’hépatite C chronique ». En effet certains traitements peuvent désormais être pris pendant seulement 8 semaines. « Et aujourd’hui, grâce au traitement universel, tous les patients présentant une infection par le VHC, quel que soit l’état d’avancement de la maladie, peuvent être pris en charge».

Aller chercher tous les patients

Cette révolution permet certes de guérir l’hépatite C chronique. Cependant d’autres défis sont à relever. L’un d’eux consiste à renforcer les actions de dépistage, notamment auprès des patients à risque de contamination. « Le dépistage des populations à risque comme les usagers de drogue, les détenus et les migrants est déterminant », explique le Dr Ouzan. « Il est également essentiel de faire connaître la recommandation suivante : faites-vous dépister au moins une fois dans votre vie contre le VIH, le VHC et le virus de l’hépatite B. » Ce dépistage universel constitue la pierre angulaire d’une éventuelle éradication. Selon les estimations, la France compterait environ 70 000 personnes qui ne connaissent pas leur statut sérologique.

Par ailleurs, le Dr Ouzan insiste sur un autre défi ! « Nous devons aller chercher les patients dépistés il y a plusieurs années et dont la maladie à l’époque ne présentait pas de caractère de gravité mais qui sont toujours porteurs du VHC. Pour éradiquer, nous devons traiter tous les patients pour interrompre la transmission du virus ».

Pour plus d’informations sur les hépatites, rendez-vous sur le site de SOS Hépatites à l’adresse : www.soshepatites.org.

Source : jim.fr

La gonorrhée est l’une des maladies sexuellement transmissibles les plus fréquentes chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). Sa prévalence et son incidence ont augmenté de manière substantielle au cours des dernières années. Cette évolution fait craindre l’apparition de souches de Neisseria gonorrhoeae de plus en plus résistantes à l’antibiothérapie.

Une étude randomisée récente a démontré qu’une dose unique d’antibactériens sous la forme d’un bain de bouche avait un effet inhibiteur sur l’apparition d’une gonorrhée oropharyngée. Ce résultat a conduit EPF Chow et coll. à entreprendre le premier essai contrôlé visant à évaluer l’effet d’une telle stratégie utilisée quotidiennement sur le risque de survenue d’une gonorrhée oropharyngée.

Mise en place d’un essai multicentrique

L’étude dite OMEGA (Oral Mouthwash use to Eradicate Gonorrhoe A) est un essai multicentrique contrôlé mené à double insu. Il va impliquer à la fois des dispensaires spécialisés et des centres de soins primaires très actifs, tous situés à Melbourne ou à Sidney, en Australie. L’objectif est de recruter 504 HARSAH fréquentant les établissements précédents. Les participants seront répartis par tirage au sort dans deux groupes, respectivement A et B, selon la composition du bain de bouche (BB) qui sera utilisé quotidiennement pendant 12 semaines. Le BBA aura un effet inhibiteur sur la croissance de N. gonorrhoeae in vitro, alors que le BBB sera sans effet. Les participants devront apprendre à se rincer la bouche et à se gargariser avec le BB pendant 60 secondes tous les jours. Le critère d’évaluation principal est la proportion de sujets chez lesquels le germe restera détectable au niveau de l’oropharynx par amplification de l’ADN au terme de 12 semaines de ce traitement.

Les résultats de cet essai peuvent déboucher sur une nouvelle stratégie thérapeutique capable de réduire la prévalence et la transmission des gonorrhées, sans recourir à l’antibiothérapie qui peut favoriser l’apparition de résistances. Si ce traitement se révèle efficace, le recours au BB à grande échelle devrait permettre de diminuer la prévalence des gonorrhées oropharyngées qui jouent un rôle décisif dans l’émergence de gonocoques résistants aux antibiotiques du fait des échanges d’ADN entre ces derniers et les bactéries buccales commensales. In fine, il est permis d’anticiper une interruption de la transmission croissante de N. gonorrhoeae au sein des réseaux sexuels très denses de la population HARSAH.

Rédigé par Dr Philippe Tellier