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Un bain de bouche contre la gonorrhée oropharyngée

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Source : jim.fr

La gonorrhée est l’une des maladies sexuellement transmissibles les plus fréquentes chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH). Sa prévalence et son incidence ont augmenté de manière substantielle au cours des dernières années. Cette évolution fait craindre l’apparition de souches de Neisseria gonorrhoeae de plus en plus résistantes à l’antibiothérapie.

Une étude randomisée récente a démontré qu’une dose unique d’antibactériens sous la forme d’un bain de bouche avait un effet inhibiteur sur l’apparition d’une gonorrhée oropharyngée. Ce résultat a conduit EPF Chow et coll. à entreprendre le premier essai contrôlé visant à évaluer l’effet d’une telle stratégie utilisée quotidiennement sur le risque de survenue d’une gonorrhée oropharyngée.

Mise en place d’un essai multicentrique

L’étude dite OMEGA (Oral Mouthwash use to Eradicate Gonorrhoe A) est un essai multicentrique contrôlé mené à double insu. Il va impliquer à la fois des dispensaires spécialisés et des centres de soins primaires très actifs, tous situés à Melbourne ou à Sidney, en Australie. L’objectif est de recruter 504 HARSAH fréquentant les établissements précédents. Les participants seront répartis par tirage au sort dans deux groupes, respectivement A et B, selon la composition du bain de bouche (BB) qui sera utilisé quotidiennement pendant 12 semaines. Le BBA aura un effet inhibiteur sur la croissance de N. gonorrhoeae in vitro, alors que le BBB sera sans effet. Les participants devront apprendre à se rincer la bouche et à se gargariser avec le BB pendant 60 secondes tous les jours. Le critère d’évaluation principal est la proportion de sujets chez lesquels le germe restera détectable au niveau de l’oropharynx par amplification de l’ADN au terme de 12 semaines de ce traitement.

Les résultats de cet essai peuvent déboucher sur une nouvelle stratégie thérapeutique capable de réduire la prévalence et la transmission des gonorrhées, sans recourir à l’antibiothérapie qui peut favoriser l’apparition de résistances. Si ce traitement se révèle efficace, le recours au BB à grande échelle devrait permettre de diminuer la prévalence des gonorrhées oropharyngées qui jouent un rôle décisif dans l’émergence de gonocoques résistants aux antibiotiques du fait des échanges d’ADN entre ces derniers et les bactéries buccales commensales. In fine, il est permis d’anticiper une interruption de la transmission croissante de N. gonorrhoeae au sein des réseaux sexuels très denses de la population HARSAH.

Rédigé par Dr Philippe Tellier

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