Source : ladepeche.fr
De nombreux patients sont victimes de stigmatisation et d’un manque de compassion de la part des prestataires de soins. Une nouvelle étude montre que les personnes séropositives sont plus susceptibles de poursuivre leur traitement si le personnel médical qui les suit ne porte pas de jugement et implique le patient dans la prise de décision.
Grâce au développement des traitements antirétroviraux, les personnes séropositives peuvent désormais vivre de nombreuses années avec le virus du sida et avec une charge de virus indétectable, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas le transmettre à d’autres personnes.
Séropositivité et inquiétudes
Mais la complexité de la maladie et le caractère invasif du traitement peuvent parfois décourager le patient. Sans compter que la peur de la stigmatisation les empêche souvent de commencer ou de poursuivre le traitement, soulignent des chercheurs de l’université Rutgers (New Jersey, Etats-Unis) qui ont réalisé une méta-analyse de 41 études publiées entre 1997 et 2017.
« Aujourd’hui, le VIH est considéré comme une maladie chronique que l’on peut traiter. Cependant, cette étude a révélé que de nombreux patients la perçoivent comme une condamnation à mort », déplore Andrea Norberg, autrice principale et directrice exécutive du Centre François-Xavier Bagnoud de l’École des sciences infirmières de Rutgers, qui fournit des soins aux personnes atteintes du VIH.Le personnel de santé
L’échantillon étudié comprenait 1.597 adultes vivant avec le VIH ainsi que des détails sur l’accompagnement fourni par différents prestataires de soins (médecins, infirmiers, pharmaciens). Toutes les personnes porteuses du virus étaient âgées de 18 à 65 ans.L’équipe d’Andrea Norberg a constaté que de nombreux patients étaient victimes de stigmatisation et d’un manque de compassion souvent fondé sur l’ignorance des prestataires de soins primaires au sujet du VIH et des risques de transmission. La mauvaise communication qui en résulte entre les prestataires de soins et les patients se traduit par le fait que de nombreux patients ne cherchent pas à recevoir un traitement.
Bannir le jargon médical
A l’inverse, les chercheurs ont constaté que les patients étaient plus enclins à suivre leur traitement lorsque leurs prestataires de soins primaires faisaient preuve d’empathie, d’écoute et de confiance. Le vocabulaire employé par les professionnels joue également un rôle important dans l’implication du patient, remarque Andrea Norberg.
« Les prestataires de soins devraient utiliser un langage commun, et non un jargon médical, pour éduquer les patients sur le VIH, les médicaments et la façon dont ils peuvent mener une vie saine. Les prestataires peuvent s’inscrire à une formation professionnelle pour améliorer leurs connaissances sur le VIH, utiliser les techniques d’entrevue motivationnelle et chercher des occasions d’apprentissage expérientiel, d’observation et de pratique en travaillant directement avec les patients atteints du VIH », conclut la chercheuse.