Un nouveau rapport publié par l’Onusida (fin avril) montre que la fin de l’épidémie de sida en Afrique est possible à condition d’assurer les investissements et de mettre en place des plans pour la durabilité à long terme. L’idée n’est pas nouvelle, mais se retrouve de nouveau mise en avant avec cette nouvelle initiative.
Le rapport n’a pas choisi la concision pour son titre : « Un tournant décisif pour l’Afrique : une opportunité historique d’en finir avec le sida comme menace de santé publique d’ici à 2030 et de lancer une nouvelle ère de durabilité », mais mais propose une stratégie assez simple. Il recommande de développer des plans de durabilité sur mesure pour chaque pays, afin de permettre la transition vers une appropriation nationale et un financement au rythme propre à chaque pays. Evidemment, expliqué comme cela, ça fait un peu jargon. Ce qu’il faut retenir, c’est que des progrès durables nécessitent un changement de politique, un accroissement des ressources humaines consacrées à la santé, une augmentation de l’efficacité et la lutte contre les inégalités systémiques et une augmentation réelle des financements. Ce rapport, le directeur exécutif de l’Onusida l’a récemment présenté aux ministres des Finances africains, à des partenaires multilatéraux et à d’autres hauts responsables lors d’une réunion sur l’optimisation des investissements et des partenariats pour en finir avec le sida en Afrique, organisée par le Département du trésor des Etats-Unis et le Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (Pepfar).
Les progrès enregistrés en Afrique orientale et australe, la région du monde la plus touchée, suscitent l’optimisme à l’échelle mondiale, explique l’Onusida. Dans cette région, le nombre de personnes vivant avec le VIH sous traitement antirétroviral a plus que doublé depuis 2010, atteignant près de 12,5 millions de personnes en juin 2017. En Afrique orientale et australe, les nouvelles infections à VIH ont baissé d’un tiers en seulement six ans, tandis que le nombre de décès dus au sida a chuté de 42 % sur la même période. « Nous obtenons un retour sur investissement remarquable dans les programmes contre le VIH : augmentation de l’espérance de vie, productivité économique accrue et baisse des frais de santé au fil du temps, puisque les gens restent en bonne santé », note d’ailleurs Michel Sidibé.
Le rapport montre qu’en adoptant les objectifs de la stratégie d’accélération de l’Onusida au lieu de s’en tenir au statu quo, plus de 15 millions de nouvelles infections à VIH peuvent être évitées et plus de cinq millions de vies sauvées. De plus cela permettra d’économiser 4,7 milliards de dollars de ressources financières consacrées au traitement en Afrique subsaharienne entre 2017 et 2030, dont 1,7 milliard de dollars pour l’Afrique orientale et australe et 3 milliards pour l’Afrique centrale et occidentale. Evidemment une stagnation voire une baisse des financements. « Nous avons pour perspective très réelle de pouvoir mettre un terme à l’épidémie, la contrôler efficacement ; nous savons ce qu’il faut faire. Mais cela nécessite davantage d’investissements d’une manière soutenue et parfaitement coordonnée », a prudemment rappelé Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial.
Ces besoins de financements, ils sont rappelés depuis des années, notamment dans des rapports alarmistes comme le rapport de Médecins sans frontières : « Le prix de l’oubli », publié en avril 2016. « Les 6,6 millions de personnes vivant avec le VIH dans la région de l’Afrique de l’ouest et du centre (AOC) représentent 17,9 % de toutes les personnes vivant avec le VIH dans le monde entier, 21 % des nouvelles infections globales et 45 % des nouvelles infections chez les enfants. Plus d’un décès sur quatre dans le monde lié au sida survient en AOC, alors que quatre enfants sur dix qui succombent à la maladie meurent dans la région. Si l’échec actuel des politiques et du financement international de la santé à lutter contre l’épidémie croissante dans cette région n’est pas abordé, les chances d’atteindre les nouveaux et ambitieux objectifs 90-90-90 sont très minces », expliquait le rapport. On le voit les enjeux de financement restent bien majeurs.