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Source : jim.fr

En Angleterre, en 2015, 435 000 nouveaux cas d’IST ont été diagnostiqués et les gays, transsexuels, et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) sont les groupes de la population les plus concernés. Entre 2012 et 2015, l’incidence des IST a « explosé » : 105 % d’augmentation pour celle des gonorrhées, 95 % d’augmentation pour la syphilis, 52 % pour les infections à Chlamydia. L’incidence des infections entériques s’est également accrue avec de plus en plus de diagnostics d’infections à Shigella flexneri 2a chez les hommes (+ 30 % entre 2014 et 2015) alors le taux restait stable chez les femmes. Le nombre de nouveaux cas de VIH a atteint 3 360 en 2014.

Certains facteurs concourent à cette évolution inquiétante, notamment le développement d’une nouvelle pratique sexuelle : le sexe sous drogue ou chemsex.

Le chemsex consiste à recourir à des drogues avant ou pendant la relation sexuelle afin de décupler le plaisir et les perceptions. Les produits les plus utilisés sont la métamphétamine ou crystal meth, le GHB/GBL, la méphédrone (MCAT) et la kétamine. Les drogues peuvent être injectées, on parle alors de slamsex.
Les rapports non protégés et prolongés conduisent inévitablement à des traumatismes des muqueuses d’où une augmentation du risque de transmission du VIH, du virus de l’hépatite C (VHC) et des autres agents des IST.
Les auteurs de cette étude anglaise ont cherché à évaluer le rôle de la pratique du sexe sous l’emprise de drogues dans la propagation des IST parmi la population des HSH séropositifs pour le VIH en envoyant des questionnaires à des patients consultant dans des centres prenant en charge cette infection en Angleterre.
Au total 4 350 propositions de participations ont été envoyées ; les réponses de 392 hommes sexuellement actifs séropositifs pour le VIH, considérés comme représentatifs de la population, ont pu être exploitées.

Au total, 29,5 % de ces 392 hommes ont déclaré avoir eu, au cours de l’année précédente, des relations de type chemsex et 10,1 % du slamsex. Pour le chemsex, les drogues les plus utilisées étaient le GHB/GBL (71,6 %) et la méphédrone (71,4 %) et pour le slamsex, c’est le crystal meth (69,2 %) et la méphédrone (64,2 %).

Augmentation de l’incidence des IST

Près de trois quarts (72,3 %) de ces hommes signalent avoir eu des rapports non protégés, 35 % des rapports non protégés avec des sujets de statut inconnu vis-à-vis du VIH ou négatifs et, 9,8 % des rapports non protégés malgré une charge virale détectable. Ces conduites à risque étaient significativement plus fréquentes (respectivement odds ratio OR 5,73, p < 0,001 ; OR 2,34, p < 0,05 ; OR 3,86, p < 0,01) en cas de pratiques du chemsex. Par ailleurs les utilisateurs de chemsex et slamsex avaient un nombre de partenaires occasionnels plus important.

Sous chemsex versus absence d’utilisation de drogues, les taux d’infection sont de 34 % vs 14 % toutes IST confondues, de 37 % vs 19 % pour les infections à Chlamydia, de 45 %vs 15 % pour celles à gonocoques et de 16 % vs 18 % pour la syphilis. Sous slamsex versus absence de drogues les chiffres correspondants sont 51 % vs 17 % (toutes IST confondues), 49 % vs 22 % (Chlamydia), 54 % vs 22 % (gonocoque), 31 % vs15 % (syphilis).

De plus, on note une augmentation des cas d’hépatite C (OR 6,58 p < 0,01), des IST bactériennes (OR 2,65 ; p < 0,01) sous chemsex ainsi que sous slamsex (respectivement OR 9,39 ; p < 0,001 et OR 6,11 ; p < 0,001).

Au final, 1/3 des HSH sexuellement actifs rapportent pratiquer le chemsex. Celui-ci favorise les comportements à risque (grand nombre de partenaires, rapports non protégés avec des partenaires de statut inconnu) et est associé à une augmentation de l’incidence des IST.

Les auteurs n’ont pas noté de différence selon la région de naissance, le niveau d’éducation, l’emploi, les relations, la fréquence des binge drinking, et l’ancienneté de la séropositivité pour le VIH.

Dr Sylvie Coito

 

Source : greypride.blog4ever.com

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie tout d’abord de me permettre de témoigner devant vous de mes expériences concernant la fin de vie. Je souhaite tout d’abord vous faire part de la fin de vie d’une amie très proche, militante comme moi de la lutte contre le SIDA.

Combattre est sans doute le verbe qui définit le mieux sa vie.

Déportée avec ses parents et son frère, alors qu’elle était jeune fille, Hanna connut la souffrance et l’humiliation : humiliation du corps et de l’esprit. Mais sa volonté, son énergie, sa rage de survivre lui permirent de ressortir de ces camps de la mort. Fait encore plus rarissime, c’est toute sa famille, bien que malade et affaiblit qui rentra sur Paris.

Toute sa vie de femme fut marquée par ces moments tragiques de sa déportation.

Libre et engagée, aussi bien dans ses amours que dans les causes qu’elle défendait, elle avait l’énergie de ceux et celles qui ne se laissent pas dévier de leurs objectifs.

Dans les années 80, la mort de son fils de cœur, la plongea dans la lutte contre le SIDA. Ainsi année, après année son engagement fût total.

Vers ses 70 ans, un premier cancer du sein, et une rechute quelques années plus tard l’amenèrent à organiser sa fin de vie.

Plus d’espoir de traitement, il fallait donc avoir une sortie digne, loin de tout ce qui pouvait rappeler les humiliations qu’elle avait subies dans sa jeunesse.

Pour cela elle chercha comment pouvoir mettre fin à sa vie, sans attendre de subir les stigmates d’une fin qui n’en finit pas. Elle se rapprocha de l’association, le droit à mourir dans la dignité, rencontra son médecin à qui elle confia ses volontés, elle fit les démarches auprès d’une association Suisse qui permettait aux personnes qui le souhaitaient de bénéficier d’un suicide assisté, et écrivit même ses dernières volontés ; ainsi elle se sentait rassurée.

Se sentant affaiblie, elle organisa les repas d’adieux avec ses amis proches, sans évoquer le fait que ce serait sans doute la dernière occasion de se voir.

Le voyage en Suisse était prévu ; mais quel jour décider de partir ? Plus on tarde, plus le voyage semble difficile à faire… Elle reporta sa décision, jusqu’au jour où elle se dit que ce serait sans doute plus facile d’en finir ici, chez elle, près de son chat, entourée des photos, des souvenirs de toute sa vie.C’est ce qu’elle fit. Un soir, avant d’aller se coucher, elle prit 3 boîtes de cachets, donna une dernière caresse au chat et s’endormit pour ne plus se réveiller.

Tout aurait pu finir ainsi, dans le respect et la dignité de la mort qu’elle avait choisie.

Hélas, le sort en décida autrement.

Le lendemain matin, l’amie, la confidente décida de passer la voir pour s’assurer qu’elle n’avait besoin de rien. Malgré son insistance, personne ne vint ouvrir la porte, elle se décida donc à utiliser la clé que lui avait confié son amie.

Elle trouva Hanna inconsciente dans son lit. Encore en vie, sa faible respiration en témoignait.

Lorsqu’on aime quelqu’un, si on le sent en danger, la première réaction est de vouloir le sauver ! C’est ce qu’elle fit en appelant le 17.

Réanimée, hospitalisée, son corps et son esprit meurtris, elle fut ramenée malgré elle à la vie.

Dés cet instant, affaiblie dans son corps par sa maladie et par sa tentative de suicide, elle ne pouvait utiliser que sa parole pour exprimer ses souhaits et demander à d’autres de l’aider à mourir. C’est ce qu’elle fit, à l’hôpital, auprès du cancérologue qui lui assura que le moment venu on l’enverrait dans un service de soin palliatif.

Quelques jours plus tard, ce fut le cas.

Jour après jour elle fit part de sa demande de mourir. Lorsqu’elle fut trop faible pour parler, elle demanda un stylo pour écrire, et redire sans fléchir qu’elle voulait en finir dignement sans que la mort l’humilie, la souille comme les camps l’avaient fait dans sa jeunesse.

Rien n’y fit. Elle dut attendre que son corps se rende, que le dernier fluide de vie s’évapore. Cela dura des semaines…

Cela se passait il y a 6 ans, mais je ne pense pas que la loi Léonetti dans sa version actuelle aurait mieux respecté la volonté d’Hanna de mourir sans subir cette agonie qui lui a enlevé la dignité qu’elle souhaitait conserver à tout prix.

Mais revenons à la population des seniors LGBT.

La fin de vie, j’y ai été confronté tout d’abord entre 1985 et 1995, à une époque ou beaucoup de personnes touchées par le VIH décédaient dans des conditions très difficiles.

A cette époque, l’incapacité des médecins à apporter des soins curatifs a provoqué un choc devant l’ampleur du nombre de personnes jeunes, soudainement confrontées à leur fin de vie.

Ce choc a sans doute contribué à donner une plus grande place à l’écoute des patients et a cassé la toute puissance du milieu médical face à cette nouvelle pathologie.

 Ainsi, comme en témoigne le film « 120 battements par minute » des solutions ont du être trouvées pour aider à mourir des hommes, des femmes pour lesquels il n’y avait plus d’espoir.

Les soins palliatifs n’étaient pas très répandus, et les multi-pathologies qui touchaient des malades en grande souffrance nous ont obligé à trouver des solutions pour aider activement les personnes à mourir.

Soit avec l’aide du corps médical, soit avec l’aide de proches qui trouvaient des moyens pour arrêter une agonie sans fin (cécité, troubles mentaux, dérèglements généralisés de tous les organes…).

A cette époque, l’euthanasie active était pratiquée, par humanité.

Mais heureusement, il y eut des survivants.

Mon ami, touché par le SIDA, a été hospitalisé en 95 pour une pneumocystose. Une très forte allergie au Bactrim (antibiotique), a été à l’origine d’une dégradation rapide de son état général. Des hospitalisations successives, un affaiblissement continu, une perte de poids vertigineuse l’on conduit à penser à sa fin de vie. Il a demandé à un ami proche de l’aider activement à mourir. Le deal était simple : « Un jour quand je t’appellerai, est-ce que tu pourras venir à l’hôpital me faire une piqûre pour m’aider à mourir ».

Quelques semaines plus tard, un soir, ne pouvant plus marcher, il appelle cet ami pour lui dire : « c’est pour demain matin ».

Cette nuit fut calme, apaisée, car il n’avait plus l’angoisse de savoir comment éviter cette souffrance physique et morale.

Le lendemain matin, il se sentit mieux.

Est-ce cette nuit de calme ? Est-ce ce rayon de soleil qui rentrait dans la chambre ? Son envie de vivre repris soudainement le dessus. Il appela son ami et lui dit simplement : « ne viens pas… « 

Peu de temps après, nous eûmes l’écho d’un traitement miraculeux aux Etats-Unis où les anti-protéases étaient prescrites. Je pris contact avec une pharmacie locale, et en accord avec son médecin traitant, j’importai ce médicament qui n’avait pas encore reçu l’autorisation de mise sur le marché en France.

Ces 3 mois, pendant lesquels j’importai ce médicament des USA, furent décisifs. Peu à peu, cachet après cachet, son état général se rétablit et ainsi après une longue convalescence il revint à la vie.

Aujourd’hui, il vit toujours.

Avec une certitude cependant, de revendiquer son choix à pouvoir mourir quand lui le décidera. Ce choix, de vivre ou mourir, cette liberté, lui a permis, aux moments les plus difficiles, de retrouver un apaisement et ainsi sans doute d’avoir l’énergie de dire : « je vais me battre et je ne suis pas prêt à mourir ».

De nos jours, quelle est la situation des seniors LGBT ?

Un grand nombre d’entre eux choisit l’invisibilité comme stratégie de défense par rapport à la crainte d’être stigmatisés ou discriminés.

Cette invisibilité conduit inexorablement à un isolement plus marqué, à l’absence de toute expression des problèmes qui leur sont propres et à la perte d’une grande part de leur identité (impossibilité d’exprimer leur désir, impossibilité de raconter l’histoire de leur vie…).

Nous savons que le taux de suicide chez les personnes âgées est important et bien qu’aucune statistique puisse le confirmer, je pense que les seniors LGBT doivent  être dans la catégorie la plus touchée par le suicide. Au canada, une étude récente montre que les gays âgés mouraient plus par suicide que par le sida.

Une autre étude américaine sur la vision de leur vieillesse, réalisée auprès des personnes LGBT de plus de 55 ans, fait apparaître les points suivants :

67% craignent d’être négligé-e-s

62% craignent d’être maltraité-e-s

60% craignent de subir des violences physique ou verbales

50% pensent qu’ils cacheront leur orientation sexuelle

Au delà des craintes exprimées, nous avons quelques données objectives :

– les seniors LGBT ont pour la plupart d’entre eux vécus dans leur passé une stigmatisation de leur identité sexuelle, qui les conduit à anticiper le rejet et à s’en protéger

– 60 à 70% vivent seuls et n’ont pas de liens familiaux

– un grand nombre a vécu des périodes de dépression profonde

– les problèmes d’addiction sont beaucoup plus importants que dans la population générale

 Ainsi, en vieillissant, la population LGBT est encore plus isolée que le reste de la population.  Une récente étude réalisée pour les Petits Frères des pauvres faisait le constat de « la mort sociale » d’un grand nombre de personnes âgées. Alors que penser de la situation des centaines de milliers de vieux et vieilles LGBT, sans conjoint-e, sans famille et se tenant à distance des activités de convivialité proposées aux seniors.

Lorsqu’on sait que l’isolement est le principal facteur de risque pour les personnes âgées, on comprend que leur qualité de vie ne peut être que dégradée et leur désir d’en finir ne peut être qu’accentué.

C’est pour cela que dans notre réflexion sur la fin de vie, nous portons une double parole :

– améliorer les conditions de vie et préserver l’identité des personnes âgées, condition nécessaire à leur qualité de fin de vie

– mais aussi laisser le choix à chacun chacune de disposer de sa vie et de mourir comme il ou elle le souhaite.

Ainsi à Greypride nous préconisons :

– Un plan de formation des acteurs médico/sociaux pour permettre aux seniors LGBT de vivre dignement leur fin de vie dans des lieux bienveillants,

– Une formation des tuteurs et curateurs pour une plus grande proximité avec les personnes sous leur protection,

– Un engagement des pouvoirs publics pour sensibiliser tous les acteurs de la filière vieillesse au respect de l’identité de chacun et chacune, et donner le droit de pouvoir choisir avec qui l’on souhaite vieillir,

– La création de lieux affinitaires pour permettre, aux personnes les plus discriminées, d’avoir une fin de vie digne (maisons de retraite des diversités, comme ce qui existe déjà pour les lieux confessionnels ou professionnels),

– Le développement de petites structures de vie en centre ville sur le modèle des MARPA afin de maintenir les seniors dans leurs lieux de vie habituels et dans des structures à taille humaine,

– Une campagne sur le droit à la sexualité des personnes âgées quel que soit leur orientation sexuelle ou leur identité de genre,

– La légalisation des accompagnants sexuels/sensuels pour toute personne handicapée,

– le droit à vivre et à mourir dans la dignité sa fin de vie, dans le respect de l’identité et du choix de chacun et de chacune.

Merci,

Francis Carrier

Président de GreyPRIDE

Source : seronet.info

Les Universités des personnes séropositives (UPS) sont une institution dans AIDES. Chaque année, elles rassemblent plus d‘une soixantaine de personnes séropositives au VIH et/ou aux hépatites, souvent isolées ou dans l’incapacité d’évoquer leur séropositivité dans leur entourage. Pendant ces cinq jours, la parole se libère et émergent les besoins, toujours immenses, des personnes quant à une meilleure qualité de vie ; émergent aussi d’incroyables parcours de vie.

Christian Verger, président de la région Grand Est et administrateur de AIDES, a accueilli cette édition 2018 et participé à son organisation. Il explique le sens et le rôle de ce week-end de ressourcement et de mobilisation important pour les personnes et la structure, sonnant comme un rappel aux fondamentaux de l’association.

Pouvez-vous nous présenter les Universités des personnes séropositives et quels étaient les objectifs de l’édition 2018 ?

Christian Verger : Cette rencontre a lieu chaque année dans une région française différente, et permet de rassembler plus de soixante personnes. En l’occurrence, cette année, cet événement a été co-porté par les régions Grand Est et Ile-de-France de AIDES. Les Universités des personnes séropositives (UPS) sont destinées aux personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales, sans conditions d’être ou non sous traitement. Cet événement se veut être une action de soutien et de partage. C’est une étape d’un processus de mobilisation communautaire, pour sa santé au sens large : la santé physique, sociale, affective, sexuelle, etc. Le soin de soi et de la communauté des personnes vivant avec le VIH et les hépatites virales passe aussi par l’amélioration du système de soins, en tenant compte des besoins et des problématiques auxquels sont confrontées les personnes. L’objectif principal de ces UPS est de soutenir les capacités des personnes vivant avec le VIH à agir pour leur santé par la mobilisation des ressources du groupe et le partage des expériences de vie avec le VIH et les hépatites virales, selon les cas. Partant de là, ces journées visent aussi à améliorer les capacités de chacun-e à aider et être aidé-e par d’autres personnes vivant avec le VIH, aller vers un mieux-être, notamment sur le plan psychologique et communiquer avec son environnement (proches, milieu de vie, professionnels de santé, etc.).

Qui sont les personnes qui viennent aux UPS ?

Généralement des personnes séropositives depuis longtemps et essentiellement des hommes gays ou bisexuels. Cette année, 80 % des personnes étaient nées à l’étranger et résidaient en France en situation régulière ou irrégulière de séjour, venant essentiellement des banlieues. De plus, près des deux tiers des personnes migrantes participantes étaient des femmes. Les autres participants étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris, le plus marqué avec l’édition 2018 ?

Deux aspects ont vraiment été marquants. Le fait que les personnes séropositives, qu’elles soient récemment contaminées ou depuis longtemps — mis à part les différences de vécu avec les différentes générations de traitements — vivent aujourd’hui les mêmes difficultés d’accès aux soins, de discriminations et d’isolement, que ce soit en ville ou en zone rurale. Ensuite, les échanges ont permis de faire place à une formidable solidarité entre toutes et tous, générée par le vécu commun autour de la séropositivité. Ce furent des moments très forts et très fédérateurs.

Le deuxième fait marquant est que nous avons été projetés plus de vingt ans en arrière avec le parcours de certains participants et participantes : les discriminations vécues par les personnes, surtout les personnes migrantes, tant au niveau du soin, que de l’accès aux droits, sont d’une violence telle que nous ne pouvions imaginer cela encore possible en 2018 ! Nous avons, avec l’évolution des droits pour les gays notamment, été habitués à ce que ces aspects soient toujours présents, mais un peu plus « adoucis » grâce aux avancées légales. Au niveau de la non reconnaissance sociale, les personnes migrantes aujourd’hui en France, en sont au même point que l’étaient les gays au début des années 90.

A l’issue des UPS, la mobilisation individuelle et collective a été très forte : il faut la soutenir. Cela doit engager davantage notre responsabilité, au sein de AIDES, mais aussi en matière de transformation sociale. L’accompagnement des personnes vivant avec le VIH au long cours doit retrouver place dans AIDES, notamment en direction des personnes migrantes, avec et pour elles. Notre expérience capitalisée depuis plus de trente ans doit servir à cela. Le chemin de la reconnaissance sociale des personnes migrantes est encore devant nous, il suffit de voir comment ce gouvernement traite aujourd’hui la question avec notamment son projet de loi « Asile et immigration ».

Propos recueillis par Mathieu Brancourt

Source : afravih.org

« Appel de Bordeaux : Nous dénonçons l’insuffisance des politiques de lutte contre les hépatites B et C. Nous sommes dans une situation d’urgence devenue inacceptable. Nous voulons une réaction politique immédiate sur ce sujet. »

La Conférence AFRAVIH 2018 a été l’occasion d’officiellement lancer l’ Appel de Bordeaux en faveur de la lutte contre les hépatites B et C.

Les hépatites B et C sont une urgence mondiale et un défi lancé à la communauté internationale : prévention, diagnostic et médicaments existent et peuvent rapidement inverser ces pandémies.

Faisons en sorte qu’ils soient accessibles partout et pour tous.

Engageons-nous ensemble à créer une mobilisation politique d’envergure en faveur de la lutte contre les hépatites virales B et C. Plus nous serons nombreux à signer l’Appel, plus nous aurons du poids.

Votre engagement à nos côtés est essentiel.

Comme des membres de SOS Hépatites, Médecins du monde, l’IAS, Coalition Plus, Arcad Sida, AIDES, la SFLS, SOS Hépatites, Sidaction, l’IRD et bien d’autres…

« Chaque fois qu’il sera utile, nous nous mobiliserons contre les injustes sanitaires. »

C. Katlama, Présidente de l’AFRAVIH

Continuons le combat pour favoriser l’accès universel aux traitements, signez l’Appel de Bordeaux en faveur de la lutte contre les hépatites virales B et C !

Atrophie cérébrale : une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université McGill met en lumière l’importance du dépistage et du traitement antirétroviral précoces du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) sur le cerveau.

Les scientifiques ont voulu ainsi percer le mystère du traitement antirétroviral d’association (TARa) sur l’amincissement du cortex provoqué par l’infection par VIH.

Des chercheurs de l’Université McGill ont analysé, en collaboration avec leurs collègues de l’Université de Washington et de l’Université Yale, des données d’imagerie par résonnance magnétique (IRM) de 65 porteurs du virus depuis moins d’un an.

Ils ont comparé ces données à celles de 19 sujets exempts du VIH et de 16 autres sujets porteurs du VIH depuis au moins trois ans.

Les résultats ont montré que la perte volumique cesse après la mise en route du traitement antirétroviral dans les régions cérébrales touchées. D’où le plaidoyer des chercheurs en faveur d’un diagnostic précoce de l’infection par le VIH.

«Les résultats démontrent que le traitement précoce protège les structures neurologiques. Les porteurs du VIH peuvent donc espérer qu’en amorçant sans tarder un TARa et en le suivant à la lettre, ils mettront leur cerveau à l’abri des lésions provoquées par le virus», a affirmé Ryan Sanford, auteur principal de l’étude publiée dans la revue «Clinical Infectious Diseases» le 24 avril dernier.

«De plus, sachant que les lésions cérébrales se produisent principalement en l’absence de traitement, nous pouvons mieux cibler notre recherche des mécanismes lésionnels, ce qui ouvre la porte à la mise au point de traitements novateurs capables de faire rétrocéder ces altérations structurelles», a-t-il expliqué.

Selon l’ONU, seulement 53% des 36,7 millions de porteurs du VIH dans le monde avaient accès à un traitement en 2016.

Un nouveau rapport publié par l’Onusida (fin avril) montre que la fin de l’épidémie de sida en Afrique est possible à condition d’assurer les investissements et de mettre en place des plans pour la durabilité à long terme. L’idée n’est pas nouvelle, mais se retrouve de nouveau mise en avant avec cette nouvelle initiative.

Le rapport n’a pas choisi la concision pour son titre : « Un tournant décisif pour l’Afrique : une opportunité historique d’en finir avec le sida comme menace de santé publique d’ici à 2030 et de lancer une nouvelle ère de durabilité », mais mais propose une stratégie assez simple. Il recommande de développer des plans de durabilité sur mesure pour chaque pays, afin de permettre la transition vers une appropriation nationale et un financement au rythme propre à chaque pays. Evidemment, expliqué comme cela, ça fait un peu jargon. Ce qu’il faut retenir, c’est que des progrès durables nécessitent un changement de politique, un accroissement des ressources humaines consacrées à la santé, une augmentation de l’efficacité et la lutte contre les inégalités systémiques et une augmentation réelle des financements. Ce rapport, le directeur exécutif de l’Onusida l’a récemment présenté aux ministres des Finances africains, à des partenaires multilatéraux et à d’autres hauts responsables lors d’une réunion sur l’optimisation des investissements et des partenariats pour en finir avec le sida en Afrique, organisée par le Département du trésor des Etats-Unis et le Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (Pepfar).

Les progrès enregistrés en Afrique orientale et australe, la région du monde la plus touchée, suscitent l’optimisme à l’échelle mondiale, explique l’Onusida. Dans cette région, le nombre de personnes vivant avec le VIH sous traitement antirétroviral a plus que doublé depuis 2010, atteignant près de 12,5 millions de personnes en juin 2017. En Afrique orientale et australe, les nouvelles infections à VIH ont baissé d’un tiers en seulement six ans, tandis que le nombre de décès dus au sida a chuté de 42 % sur la même période. « Nous obtenons un retour sur investissement remarquable dans les programmes contre le VIH : augmentation de l’espérance de vie, productivité économique accrue et baisse des frais de santé au fil du temps, puisque les gens restent en bonne santé », note d’ailleurs Michel Sidibé.

Le rapport montre qu’en adoptant les objectifs de la stratégie d’accélération de l’Onusida au lieu de s’en tenir au statu quo, plus de 15 millions de nouvelles infections à VIH peuvent être évitées et plus de cinq millions de vies sauvées. De plus cela permettra d’économiser 4,7 milliards de dollars de ressources financières consacrées au traitement en Afrique subsaharienne entre 2017 et 2030, dont 1,7 milliard de dollars pour l’Afrique orientale et australe et 3 milliards pour l’Afrique centrale et occidentale. Evidemment une stagnation voire une baisse des financements. « Nous avons pour perspective très réelle de pouvoir mettre un terme à l’épidémie, la contrôler efficacement ; nous savons ce qu’il faut faire. Mais cela nécessite davantage d’investissements d’une manière soutenue et parfaitement coordonnée », a prudemment rappelé Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial.

Ces besoins de financements, ils sont rappelés depuis des années, notamment dans des rapports alarmistes comme le rapport de Médecins sans frontières : « Le prix de l’oubli », publié en avril 2016. « Les 6,6 millions de personnes vivant avec le VIH dans la région de l’Afrique de l’ouest et du centre (AOC) représentent 17,9  % de toutes les personnes vivant avec le VIH dans le monde entier, 21 % des nouvelles infections globales et 45 % des  nouvelles infections chez les enfants. Plus d’un décès sur  quatre dans le monde lié au sida survient en AOC, alors que quatre enfants sur dix qui succombent à la maladie meurent dans la région. Si l’échec actuel des politiques et du financement international de la santé à lutter contre l’épidémie croissante dans cette région n’est pas abordé, les chances d’atteindre les nouveaux et ambitieux objectifs  90-90-90 sont très minces », expliquait le rapport. On le voit les enjeux de financement restent bien majeurs.