Des chercheurs de l’école universitaire de médecine du Colorado ont décrit, dans « Journal of Experimental Medicine », la manière dont un mécanisme capable de prévenir les maladies auto-immunes est détourné par le VIH pour bloquer la production d’anticorps neutralisants capables de le combattre. Le secret réside dans la similitude entre les protéines de l’enveloppe du virus et la protéine nucléaire : l’histone H2A.
On savait déjà que les patients infectés par le VIH ne produisent des anticorps capables de neutraliser une large variété de VIH-1 (bnAbs) qu’au bout de plusieurs années. Les bnAbs ont en effet pour caractéristiques de se fixer sur des protéines présentes à la surface des cellules humaines. C’est la raison pour laquelle leur production est bloquée par les mécanismes du système immunitaire chargés d’empêcher les pathologies autoimmunitaire.
Protégés par le lupus
Les chercheurs avaient observé que les patients atteints de lupus érythémateux systémique étaient moins susceptibles que le reste de la population générale de développer une infection par le VIH. Un patient atteint de lupus érythémateux systémique capable de contrôler son infection sans l’aide d’un traitement antirétroviral a même été récemment décrit. Ce mécanisme se base sur la destruction des lymphocytes B capables de produire les bnAbs sont détruits alors qu’ils sont encore en maturation dans la moelle osseuse.
L’équipe du Pr Raul Torres, de l’école universitaire de médecine du Colorado, a tenté de savoir quelle serait la conséquence d’un blocage de ce mécanisme chez la souris. Ils ont commencé par travailler sur des lignées de souris génétiquement modifiées pour présenter les symptômes du lupus érythémateux systémique. Après une injection d’alun, une production de bnAbs était observée chez ces souris modifiées.
La technique du camouflage
Dans un deuxième temps, ils ont traité des souris normales avec une molécule qui inhibe la tolérance immunologique. Ces dernières ont alors commencé à produire des anticorps neutralisant les VIH-1. La quantité de bnAbs produite est augmentée quand les chercheurs injectent en plus de l’alun.
Dans tous les cas, il y avait au sein de ces anticorps anti-VIH-1 des anticorps capables de reconnaître une protéine nucléaire : l’histone H2A. « Nous pensons qu’il s’agit d’un exemple d’adaptation du virus dont les protéines de l’enveloppe imitent la forme d’un épitope de l’histone H2A,explique le Pr Torres, mais en bloquant la tolérance immunologique périphérique nous permettons la production d’anticorps neutralisant le VIH-1 », conclut-il, estimant que ces travaux sont importants pour les chercheurs tentant de mettre au point un vaccin contre le sida.
Sources : lequotidiendumedecin.fr