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Cette semaine, 3 questions au Pr Jean-Michel Molina dans le cadre du démarrage de l’étude ANRS Prévenir, chef du service des maladies infectieuses et tropicales, Hôpital Saint-Louis, Paris AP-HP, investigateur coordinateur de l’étude ANRS PREVENIR.

Quels sont les objectifs de l’étude ANRS Prévenir ?

Il s’agit d’évaluer le déploiement de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au sein d’une stratégie globale de prévention du VIH à l’échelle de la région Ile-de-France. La PrEP repose sur la prise d’un traitement antirétroviral, soit de façon continue, soit à la demande, c’est-à-dire avant et après un ou plusieurs rapports sexuels. L’essai ANRS Ipergay a montré la très grande efficacité de la PrEP sur le plan individuel ; elle serait voisine de 100 % lorsque le traitement est pris de façon optimale. Il est désormais nécessaire d’en évaluer le bénéfice en termes de santé publique et donc son impact sur l’épidémie du VIH en Ile-de-France, une région particulièrement touchée. L’objectif est donc de parvenir à démontrer qu’une stratégie globale de prévention, basée sur le dépistage régulier de personnes à risque, le traitement immédiat des celles identifiées séropositives, et l’utilisation de la PrEP pour celles qui sont séronégatives, permet d’obtenir une diminution significative du nombre de nouveaux cas d’infection par le VIH chez les personnes les plus à risque. L’étude, qui va durer trois ans, va également nous permettre de caractériser les comportements des personnes vis-à-vis de la prévention et des outils que nous mettons à leur disposition.

Pourquoi est-il nécessaire de renforcer l’offre de prévention avec la PrEP ?

Tout simplement parce que les données d’incidence sur le VIH montrent que le nombre de contaminations n’a toujours pas baissé au cours des dix dernières années en France, en particulier dans les populations les plus à risque. Nous continuons de voir dans les services hospitaliers beaucoup de nouvelles contaminations chez des personnes qui devraient pourtant être informées et se protéger. Avec la PrEP, nous disposons d’un nouvel outil très efficace et complémentaire du préservatif. Il est indispensable de pouvoir le proposer largement aux personnes les plus à risque en espérant ainsi enrayer enfin l’épidémie. C’est ce que vise l’étude ANRS Prévenir dans le cadre d’une évaluation scientifique.

C’est donc une étude très importante pour l’avenir ?

Elle va être déterminante pour la politique de prévention du VIH en France. La preuve en est que de nombreux acteurs sont mobilisés autour de cette étude : la ville de Paris, la région Ile-de-France, Aides, l’AP-HP, Santé Publique France, etc. Il existe un fort consensus sur l’intérêt de ANRS Prévenir. Cette étude va permettre de savoir comment il faut proposer la PrEP aux personnes afin qu’elles l’adoptent. Elle sera aussi l’occasion de reparler de prévention au sens large, de l’utilisation du préservatif en particulier. Ce dernier a en effet l’avantage de protéger aussi des autres infections sexuellement transmissibles. Une meilleure information sur la prévention du VIH reste cruciale alors que trop de gens tendent à penser que la bataille contre le sida est déjà gagnée.

Sources : anrs.fr

Des chercheurs de l’école universitaire de médecine du Colorado ont décrit, dans « Journal of Experimental Medicine », la manière dont un mécanisme capable de prévenir les maladies auto-immunes est détourné par le VIH pour bloquer la production d’anticorps neutralisants capables de le combattre. Le secret réside dans la similitude entre les protéines de l’enveloppe du virus et la protéine nucléaire : l’histone H2A.

On savait déjà que les patients infectés par le VIH ne produisent des anticorps capables de neutraliser une large variété de VIH-1 (bnAbs) qu’au bout de plusieurs années. Les bnAbs ont en effet pour caractéristiques de se fixer sur des protéines présentes à la surface des cellules humaines. C’est la raison pour laquelle leur production est bloquée par les mécanismes du système immunitaire chargés d’empêcher les pathologies autoimmunitaire.

Protégés par le lupus

Les chercheurs avaient observé que les patients atteints de lupus érythémateux systémique étaient moins susceptibles que le reste de la population générale de développer une infection par le VIH. Un patient atteint de lupus érythémateux systémique capable de contrôler son infection sans l’aide d’un traitement antirétroviral a même été récemment décrit. Ce mécanisme se base sur la destruction des lymphocytes B capables de produire les bnAbs sont détruits alors qu’ils sont encore en maturation dans la moelle osseuse.

L’équipe du Pr Raul Torres, de l’école universitaire de médecine du Colorado, a tenté de savoir quelle serait la conséquence d’un blocage de ce mécanisme chez la souris. Ils ont commencé par travailler sur des lignées de souris génétiquement modifiées pour présenter les symptômes du lupus érythémateux systémique. Après une injection d’alun, une production de bnAbs était observée chez ces souris modifiées.

La technique du camouflage

Dans un deuxième temps, ils ont traité des souris normales avec une molécule qui inhibe la tolérance immunologique. Ces dernières ont alors commencé à produire des anticorps neutralisant les VIH-1. La quantité de bnAbs produite est augmentée quand les chercheurs injectent en plus de l’alun.

Dans tous les cas, il y avait au sein de ces anticorps anti-VIH-1 des anticorps capables de reconnaître une protéine nucléaire : l’histone H2A. « Nous pensons qu’il s’agit d’un exemple d’adaptation du virus dont les protéines de l’enveloppe imitent la forme d’un épitope de l’histone H2A,explique le Pr Torres, mais en bloquant la tolérance immunologique périphérique nous permettons la production d’anticorps neutralisant le VIH-1 », conclut-il, estimant que ces travaux sont importants pour les chercheurs tentant de mettre au point un vaccin contre le sida.

Sources : lequotidiendumedecin.fr