Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Source: lequotidiendumedecin.fr

Face à une couverture vaccinale HPV très basse, et une proportion de femmes qui ne sont pas assez ou pas du tout dépistées, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande d’allouer « prioritairement les moyens à l’augmentation de la couverture vaccinale et à l’organisation du dépistage ».

« La couverture vaccinale contre le HPV est faible en France et elle a encore baissé ces dernières années », souligne auprès du « Quotidien » le Pr Élisabeth Bouvet, infectiologue et membre du collège de la HAS. Quelles raisons à cela ? Le Pr Bouvet en avance plusieurs : « un phénomène général de défiance face à la vaccination en France », « des recos initiales qui concernaient une tranche d’âge de 14-17, très difficile à vacciner. Vacciner plus jeune, à 11 ans (comme le proposent les nouvelles recos), à un âge plus lointain des premiers rapports sexuels, et au moment des rappels vaccinaux, pourrait améliorer la couverture. »

Enfin, ajoute l’infectiologue, « les bénéfices du vaccin anti HPV sont probablement méconnus. Il faut vraiment une pédagogie à ce sujet, entre autres de la part des médecins car c’est en eux que les patients ont confiance. Il faut faire connaître les résultats positifs de la vaccination. »

Le Pr Bouvet estime aussi qu’une vaccination au sein du système scolaire serait sans doute plus efficace. « Nous sommes très en retard sur le reste de l’Europe », précise-t-elle. « La Suède a un taux de couverture vaccinale de 80 %, le Portugal de 87 %, alors que la France est en dessous de 20 %, ce qui est catastrophique. » Le Plan Cancer 2014-2019 fixe un objectif de 60 %.

Côté dépistage

Le dépistage par frottis pourrait lui aussi être amélioré. « Près d’une femme sur deux ne se fait pas dépister assez régulièrement », indique la HAS. L’institut national du cancer a annoncé que la généralisation du dépistage sera lancée fin 2017. « Pour la HAS, il s’agit d’une excellente nouvelle, qui permettra en particulier de relancer les non-participantes », ajoute le Pr Bouvet. « La vaccination et le dépistage sont des actions complémentaires qui ont chacune leur importance. »

La Haute Autorité souligne que « l’enjeu se situe dans le renforcement de la couverture vaccinale et du recours au dépistage. La HAS recommande en particulier une information large et argumentée auprès des professionnels de santé et du public sur les maladies à HPV, les vaccins, leur efficacité et leurs effets indésirables. Elle recommande également le développement d’interventions facilitant la vaccination, notamment auprès des populations les moins favorisées au sein desquelles le recours à la vaccination et au dépistage est moins fréquent. »

En septembre dernier, le CNGE (Collège national des généralistes enseignants) avait réagi à la mise en place du dépistage organisé en rappelant les risques de celui-ci (surdépistage et surtraitement) et, tout en approuvant cette mise en place, avait recommandé « une information éthique pour les femmes ».

Pour un remboursement du Gardasil 9

La HAS a évalué un nouveau vaccin anti-HPV, Gardasil 9, qui protège contre 5 génotypes supplémentaires par rapport au Gardasil, « lui conférant une protection de 90 % des cancers du col liés au HPV. » La HAS propose donc le Gardasil 9 au remboursement en lui attribuant un SMR important.

Toutefois, dans son évaluation du progrès représenté par Gardasil 9, la HAS constate aussi que les génotypes 16 et 18, responsables des cancers du col de l’utérus les plus graves et les plus nombreux, sont déjà couverts par Gardasil. L’impact supplémentaire en vie réelle sera donc « faible » et la HAS attribue une Amélioration de service médical rendu 5.

Rédigé par Fabienne Rigal