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Source : JIM.fr

Le virus HPV (Human Papillomavirus Virus) est l’agent essentiel du développement du cancer du col de l’utérus. Les cancers vaginaux et anaux sont aussi pour la grande majorité d’entre eux (90 % et 80 % respectivement) liés à un HPV. La proportion est plus faible, aux alentours de 30 % pour les cancers pénien et vulvaire et variable géographiquement pour certains cancers du tractus aéro-digestif haut, particulièrement l’oropharynx et les amygdales. Le virus HPV 16 est de loin le plus souvent détecté, quel que soit le site considéré, tandis que la fréquence d’implication des autres HPV oncogènes varie selon les sites, traduisant le fait que le potentiel oncogénique et le tropisme tissulaire ne sont pas identiques pour tous les HPV à haut risque.

De nombreux pays ont mis en place un dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, qui a prouvé son efficacité dans la réduction du risque de cancer cervical. La prophylaxie vaccinale dispose quant à elle de 3 vaccins, 2 contre les types 16 et 18 et un qui protège aussi contre les types 31, 33, 45, 52 et 58. Deux des vaccins protègent aussi contre les types 6 et 11 responsables des verrues génitales. Les essais cliniques ont montré une bonne efficacité de ces 3 vaccins contre l’infection et les lésions précancéreuses causées par les virus contenus dans les vaccins, et les études réalisées dans la « vraie vie » semblent confirmer cette efficacité.

Une équipe norvégienne vient de publier les résultats d’une étude dont l’objectif était d’établir l’évolution au fil du temps de l’incidence des cancers en rapport avec le HPV et l’efficacité préventive des vaccins HPV actuellement disponibles. Les données sont issues du registre du cancer norvégien et l’étude couvre la période de 1953 à 2015.

Des cancers qui pourraient être évités, ailleurs que sur le col de l’utérus et chez les hommes

Pendant cette période, chez les femmes, les incidences des carcinomes épidermoïdes de l’anus, de l’oropharynx, de la vulve et de l’adénocarcinome cervical ont augmenté, alors que celle du cancer à cellules squameuses du vagin reste stable. Pour l’ensemble de ces lésions, non visées par les dépistages systématiques, le taux annuel d’augmentation est de 1,2 %. En revanche, l’incidence du cancer épidermoïde du col a bénéficié de l’amélioration du dépistage et décline à partir de 1976 jusqu’en 2004, pour se stabiliser ensuite. Chez les hommes, les incidences des carcinomes épidermoïdes de l’anus, de l’oropharynx et du pénis augmentent selon une progression moyenne annuelle de 1,9 %.

En ce qui concerne les cancers en lien avec un HPV de type contenu dans l’un des vaccins, il apparaît que la vaccination pourrait en éviter un nombre significatif. La vaccination contre les HPV 16/18 pourrait éviter chaque année 402 cancers. Celle contre les HPV 16/18/31/33/45/52/58 en éviterait 478,parmi lesquels 206 survenant sur un autre site que le col de l’utérus, donc actuellement non dépistés de façon systématique, 113 cancers seraient évités chaque année chez les hommes, principalement des cancers de l’oropharynx.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES
Hansen B.T. et coll. : Long-term incidence trends of HPV related cancers, and cases preventable by HPV vaccination: a registry-basedstudy in Norway
BMJ Open 2018;8:e019005.

 

Source: univadis.fr

La papillomatose respiratoire récurrente est caractérisée par la présence de papillomes dans les voies aériennes. Sa forme qualifiée de « juvénile » (JPRR) touche les jeunes adolescents et ses symptômes dépendent du site affecté.

Les papillomes peuvent être très agressifs dans leur développement et présenter un taux de récidive important, même après leur retrait. Liée au papillomavirus humain HPV 6 ou 11, la JPRR affecte le plus souvent les voies aériennes supérieures et principalement le larynx. Le virus se transmet par contact sexuel ou lors de la naissance, lorsque la mère est infectée par des verrues génitales.

Une cohorte rétrospective de 43 patients

Le traitement des récidives est un vrai défi pour la recherche. Ces récidives mènent en effet à des chirurgies itératives, parfois fort invalidantes. Comme cette maladie est rare (incidence d’environ 4,3 pour 100 000 enfants), on ne connaît que fort mal son histoire naturelle, raison pour laquelle une équipe de l’hôpital Necker s’est attachée à décrire dans les détails une cohorte de 43 patients consécutifs traités dans deux hôpitaux comportant un département pédiatrique tête et cou. Pris en charge entre 1980 et 2017, ces patients appartenaient aux deux sexes : 23 filles et 20 garçons, pour un âge moyen de 37,5 mois (1 à 108 mois) au moment du diagnostic. Les données démographiques, historiques, chirurgicales, génotypiques du HPV, et histologiques ont été récoltées en avril 2017.

Un traitement préventif : le vaccin HPV

Pratiquement, ces patients ont encouru en moyenne 9,3 procédures chirurgicales. Sept cas de dysplasie (une de haut grade, 6 de bas grade) ont été enregistrés tandis que 5 patients ont présenté une extension trachéale de la pathologie et 3 patients ont manifesté des lésions pulmonaires. Une trachéotomie de sécurité a dû être réalisée chez un patient. Une autre étude prospective américaine présentée au cours du même symposium et qui portait sur 101 cas a montré de son côté que, outre des caractéristiques démographiques similaires à l’étude de Necker, les enfants atteints sont souvent des premiers-nés de mère non vaccinée (21 ans en moyenne) délivrés par voie vaginale et sans verrues génitales visibles. Les sérotypes 6 et 11 du HPV ont été détectés chez quasi tous les patients. Les deux études mènent aux mêmes conclusions : la nécessité de vacciner sans relâche et celle de réaliser des études prospectives adaptées en fonction du sérotype.

Source: univadis.fr

Les papillomavirus humains (HPV) sont responsables de cancers chez les deux sexes, au niveau du col de l’utérus, la vulve, l’anus, le pénis et l’oropharynx. L’HPV est également responsable d’autres maladies comme les verrues anogénitales et la papillomatose respiratoire récurrente.

En France, chaque année, environ 4.700 nouveaux cas de cancers du col de l’utérus, de la vulve, du vagin et de l’anus seraient attribuables à l’HPV. Depuis 2007, des programmes de vaccination anti-HPV ont été initiés à travers différents pays européens. Un impact significatif a pu être mesuré dans les pays où l’incitation à la vaccination a été la plus forte. En France, le taux de couverture vaccinale anti- HPV est le plus faible d’Europe avec 17,2% en 2015 chez les jeunes filles de 16 ans. Une étude a tenté d’en évaluer les conséquences.

Méthodologie
Les évaluations ont consisté à comparer deux taux théoriques de couverture vaccinale sur le territoire français : 17% d’une part et 70% d’autre part, afin de modéliser une couverture vaccinale similaire à celle d’Europe de l’Ouest.
Les analyses portent sur un horizon de 100 ans.

Résultats
Si l’on considère le faible taux de couverture vaccinale anti-HPV actuel (17%), 85.000 cancers supplémentaires pourraient se développer sur les 100 prochaines années. 28.000 décès et plus de 5 millions de cas de maladies évitables supplémentaires pourraient survenir par rapport à un taux de couverture vaccinale de 70%.

À l’équilibre (après 100 ans), 1.700 cancers, 600 décès et 66.000 évènements de maladies évitables supplémentaires pourraient survenir chaque année si le taux est maintenu à 17% par rapport à un taux de 70%.

Financements
Étude financée par Sanofi Pasteur MSD.

À retenir
Conscient de ces pertes de chances, les autorités de santé françaises ont formellement inscrit l’augmentation de la couverture vaccinale anti-HPV dans le plan cancer 2014-2019. Contrairement à d’autres pays européens, la vaccination des garçons n’est pas identifiée comme une priorité en France ; cependant elle constituerait un élément stratégique important pour réduire l’incidence des cancers et des maladies liés à l’HPV.

Rédigé par : Nathalie Barrès