Le ratio CD4/CD8 est considéré comme un marqueur de restauration immunitaire reflétant l’activation et l’inflammation résiduelles.
Sa persistance à un niveau faible (<0,3) chez des patients sous traitement, avec une charge virale contrôlée est associée au risque de la survenue de pathologies non liés au Sida (cancer et autres morbidités), par rapport à un niveau supérieur à 0,45. Ce ratio apparait comme un marqueur prédictif du déficit immunitaire bien meilleur que le taux de CD4, même ajusté sur le niveau de la charge virale. Malgré l’efficacité des traitements anti-rétroviraux, 80% des patients maintiennent un ratio inversé (<1).
L’objectif de cette étude réalisée au sein de la base FHDH était de déterminer, la proportion de patients avec un ratio >1 sous traitement efficace, le délai pour récupérer ce ratio >1, ainsi que les facteurs associés à cette restauration immunitaire. Les 10012 patients inclus étaient des patients traités en première ligne entre janvier 2000 et décembre 2010 avec un contrôle virologique (<500 copies) dans le 9 mois suivants la mise sous traitement et un ratio CD4/CD8 <1.
A l’initiation du traitement, la médiane de charge virale était à 4,7 log10 copies/ml, le nadir médian des CD4 à 237 mm3, le taux médian de CD8 à 826/mm3 et le ratio CD4/CD8 à 0,26 (0,15-0,40). A l’initiation, 59% des patients avaient un ratio inférieur à 0,3. La probabilité d’obtenir un ratio CD4/CD8 >1 était de 23 % à 5 ans du contrôle virologique, et de 30 % à 8 ans. Cette probabilité était de 17% chez les patients au stade Sida et de 45% chez les patients avec un taux de CD4 supérieur à 500/mm3.
Les principaux facteurs associés à la restauration immunitaire (ratio >1) étaient le traitement initié au cours de la primo-infection par le VIH quel que soit le nombre de CD4, un taux de CD4 >500/mm3 en phase chronique, un taux plus faible de CD8 à l’initiation en phase chronique, et un traitement initié plus récemment en 2009-2010, notamment avec un traitement par comportant un inhibiteur d’intégrase et aussi un délai plus court d’obtention du contrôle virologique. Ces résultats sont concordants avec l’introduction en 2008 de cette nouvelle classe connue pour avoir une activité antirétrovirale rapide et importante.
N’oublions pas que ce ratio CD4/CD8 >1, marqueur de la restauration immunitaire est sous la double dépendance de la récupération des lymphocytes CD4 mais aussi de la normalisation des lymphocytes CD8 liée à la réplication résiduelle du VIH, à la translocation microbienne et aux co-infections chroniques (CMV, VHC…)
Rédigé par : Dr Laurence Morand-Joubert
Source: info-vih.com