Source : Seronet
La série Pose, produite par Ryan Murphy, se déroule dans la ville de New York entre 1987 et 1997. Elle explore le milieu de la culture ball (1) très fréquenté par les communautés LGBT noires et latinos. L’épidémie de VIH/sida est un thème central de Pose avec trois personnages séropositifs. Retour sur cette série qui, en seulement trois saisons et 25 épisodes, aura marqué l’histoire de la représentation des personnes LGBT et/ou vivant avec le VIH à la télévision.
Une histoire peu racontée
Dès le premier épisode diffusé aux États-Unis, le 3 juin 2018 (2), le décor est planté. Nous sommes en 1987 dans la ville de New York, Damon, jeune danseur noir, est mis à la porte du domicile familial de façon violente par son père après que ce dernier ait découvert son homosexualité. Blanca, une femme trans afro-portoricaine, le croise dans la rue en train de danser et décide de le prendre sous son aile en l’invitant à rejoindre sa « famille », la House of Evangelista. Car oui, plus qu’une troupe de danseurs-ses, les « maisons » dans la scène ballroom sont des foyers pour toutes les personnes qui ont été rejetées de leurs familles. Gays, trans, travailleurs-ses du sexe, etc., tous-tes issus-es des communautés noires et latinos, se retrouvent sous le même toit, dans la même galère, mais aussi avec la même détermination de s’en sortir. Cette famille de cœur vient panser les plaies de ces personnes fragilisées par le double rejet de la société et celui de leur propre famille. Pose raconte la difficulté d’être une minorité dans une minorité et la façon dont ces familles recomposées retrouvent leur dignité et leur fierté, la nuit, dans des clubs confidentiels à travers le voguing et des mises en scènes extravagantes de la scène ballroom. Au même moment, l’épidémie de VIH/sida fait des ravages dans ces communautés particulièrement exposées et va devenir le thème secondaire le plus marquant de la série. Une menace permanente dans la vie de ces jeunes qui débordent de vie et de rêves. En choisissant de raconter cette chronique, Ryan Murphy donne un énorme coup de projecteur sur une histoire peu racontée jusqu’ici dans les fictions grand public.
Du jamais vu !
Le 25 octobre 2017, lorsque le casting de Pose est annoncé à la presse, c’est une onde de choc qui secoue l’industrie de la télévision américaine. Pour la première fois, cinq personnages principaux seront joués par des actrices trans et racisées : MJ Rodriguez, Indya Moore, Dominique Jackson, Hailie Sahar et Angelica Ross. La production annonce qu’elle a recruté le plus gros casting d’acteurs-rices trans de l’histoire et qu’au final 50 personnages trans seront inclus dans la série. Du jamais vu !
Même constat en ce qui concerne les personnages vivant avec le VIH. En janvier 2021, la Glaad (Gay & Lesbian Alliance Against Defamation – une association américaine de veille médiatique œuvrant à dénoncer les discriminations et les attaques à l’encontre des personnes LGBT au sein des médias) publie « Where we are on TV report », son rapport annuel sur la présence des personnages LGBT à la télévision américaine. On apprend qu’en 2020, sur 773 personnages réguliers dans les séries américaines, seuls trois étaient séropositifs et tous issus de la même série : Pose. Dans son rapport, Glaad exhorte l’industrie de la télévision américaine à remédier à cette sous-représentation des personnes vivant avec le VIH, en ajoutant au moins trois nouveaux personnages réguliers vivant avec le VIH. « Hollywood doit raconter ces histoires qui sont, non seulement divertissantes, mais qui ont aussi la possibilité d’informer et d’éduquer le public », affirme DaShawn Usher, un membre de Glaad. Et d’ajouter : « Alors qu’il y a eu tellement d’avancées sur la prévention et le traitement du VIH, je ne peux pas en dire autant au sujet d’Hollywood et sa façon de raconter ces histoires dans leur diversité ».
Pour Juan Michael Porter II, journaliste chez The Body, un média américain spécialisé dans le VIH, Pose est un outil d’empowerment pour les minorités queer. Il cite des séries populaires comme Will & Grace, The L World, Nip/Tuck ou encore plus récemment It’s a Sin pour démontrer le peu de visibilité des personnages LGBT issus des communautés noires ou latinos. « C’est ce qui a rendu la troisième saison de Pose si déterminante et maintenant qu’elle est terminée, douloureuse. Les spectateurs-rices sont ressortis de cette série avec le sentiment que les personnes noires, latinos et trans avaient enfin la représentation qu’elles méritaient et le tout dans une joie digne des bals les plus décadents » affirme le journaliste.
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