Source : Têtu
Le militant aura participé à sensibiliser le monde avec son fameux ruban rouge, devenu le symbole de la lutte contre l’épidémie de VIH/sida, à une époque où la société ne voulait pas voir les malades.
On l’a tous épinglé sans savoir forcément qui l’avait créé. Le ruban rouge, symbole mondial de la lutte contre le VIH, a perdu son créateur, Patrick O’Connell, mort à l’âge de 67 ans. Il était l’un des fondateurs de Visual AIDS, un groupe militant de soutien aux artistes vivant avec le virus. Pendant les années 1990, il a conçu des campagnes de mobilisation pour alerter sur le VIH et les discriminations qui entourent le virus.
Son frère, Barry, a indiqué au New York Times la mort du militant, survenue le 23 mars dans un hôpital de Manhattan. « Alors que tu es parti, ton militantisme autour du VIH/sida continuera à nous habiter grâce à ton infatigable travail. Merci Patrick. Act Up. Combattons. Arrêtons le sida », a réagi Act Up-New York. « Nous vivions dans une zone de guerre mais c’était comme si cette guerre était entourée de secret et que nous étions les seuls à en être informés », disait Patrick O’Connell en 2011 dans une interview à Newsday.
Lutter contre le déni du VIH/sida
Dans les années 1980, la société tout entière ne voulait surtout pas parler d’épidémie mais lui, comme nombre d’hommes gays, allait tous les mois aux funérailles d’amis. C’est à ce moment que Patrick O’Connell se met à multiplier les campagnes de sensibilisation. En 1991, Visual AIDS lance le ruban rouge, devenu depuis le symbole international de la lutte contre le VIH/sida.
Patrick O’Connell a organisé une distribution de ces rubans à des milliers d’Américains. Il a également permis, rappelle le New York Times, que le ruban soit porté à la télévision lors des Tony Awards, l’équivalent des Molière français. Le soir de la cérémonie, des militants ont réussi à placer ces rubans sur tous les sièges. Le présentateur a ouvert la soirée en arborant le ruban à sa pochette et de nombreuses célébrités l’ont suivi.
Des projets pour montrer le deuil
Le symbole a commencé à ensuite être reconnu dans d’autres villes du pays. Les rubans sont apparus aux Oscars, aux Emmy Awards puis aux Grammys. La Poste américaine l’a utilisé comme timbre en 1993. En 1989, le « jour sans art » propose aux galeries et aux muséums de mettre un linceul sur leurs oeuvres pour symboliser le deuil des artistes. Des musées d’envergure internationale ont participé, de New York à Los Angeles. Un soir de 1990, la skyline de New York est devenue sombre alors que les monuments, les ponts, les immeubles ou encore Broadway ont éteint leurs lumières pendant 15 minutes. Sous Bill Clinton, en 1993, la Maison Blanche participe également à l’événement.
« C’était la vie de nos amis et de tous ceux que nous ne connaissions pas »
« Dans ces projets, quelque chose d’important était en jeu : c’était la vie de nos amis et de tous ceux que nous ne connaissions pas », expliquait Patrick O’Connell en 2013 dans un documentaire. Né le 12 avril 1953, c’est au milieu des années 1980 qu’il apprend qu’il est contaminé. Il doit alors avaler plus de 30 cachets par jours. Après un sevrage d’alcool, il s’investit auprès de Visual AIDS en 1989.
James Morrow, l’homme qui a partagé sa vie, est mort du cancer en 2000. « Autour de lui, de nombreuses personnes qui l’ont accompagné dans son combat sont morts, il devait lutter avec sa maladie seul. Il était l’un des derniers survivants de cette époque », témoigne son ami proche Peter Hay Halpart, cité par nos confrères américains.