Source : Liberté Algérie
Désespérés et à bout de force, les porteurs du VIH à Oran et dans d’autres wilayas de l’Ouest commencent doucement à lâcher prise : “La situation est trop dure sur le plan psychologique. Nous sommes sans médicaments depuis plusieurs mois, et il ne semble pas qu’un arrivage soit programmé dans l’immédiat, malgré les assurances des autorités locales et nationales. Les malades ont cette sensation qu’on les laisse mourir tout doucement”, constate Ahlem Azzi, présidente de l’association “Rêve de vivre positif”.
Ce sentiment d’abandon s’est accentué avec l’apparition du coronavirus qui accapare toute l’attention des responsables de la santé : “En pareille situation, les porteurs du VIH sont les plus vulnérables en raison de l’affaiblissement de leur immunité et devraient bénéficier d’une attention particulière. Ce n’est malheureusement pas le cas”, continue la responsable, en indiquant qu’en désespoir de cause les malades se sont rendus, en fin de semaine dernière, à l’annexe de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour s’enquérir d’un éventuel approvisionnement. “Aucune réponse concrète ne nous a été fournie.
Nous sommes repartis avec les mêmes incertitudes et le même désespoir”, indique L., porteur du VIH, qui s’inquiète de l’état de dépression dans lequel, dit-il, les malades s’enfoncent inexorablement. Après avoir organisé des sit-in et des manifestations au CHU d’Oran, à la direction de la santé et même devant la direction régionale de la télévision (ce qui donne la mesure du désespoir de malades très attachés à l’anonymat), les porteurs du VIH semblent se résigner. “Cela fait quelques jours qu’ils ne se rendent plus au service infectieux.
Ils ne s’inquiètent plus de l’évolution de la situation, et c’est à peine s’ils demandent des nouvelles par téléphone”, s’angoisse la présidente de l’association “Rêve de vivre positif”, en s’inquiétant de la santé mentale des malades “qui se laissent doucement dépérir”. Rappelons que pour Othmane Bourouba, président de l’Association pour l’information sur les drogues et le sida (AIDS), la récurrence des ruptures des antirétroviraux à l’Ouest (la présente pénurie a commencé en janvier) est aussi incompréhensible qu’inadmissible dans la mesure où cette situation n’est enregistrée nulle part ailleurs en Algérie. “C’est un cas typique d’absence de planification au niveau national, mais aussi de mauvaise gestion au niveau local”, a-t-il affirmé, en appelant à une gestion plus transparente.