Source: lequotidiendumedecin.fr
Un nouveau rapport de l’OMS sur les agents antimicrobiens en cours de développement clinique s’alarme du « grave manque d’antibiotiques en développement pour combattre la menace grandissante de la résistance antimicrobienne » et pointe l’urgence à développer la recherche dans ce domaine.
Ce rapport rappelle que « le monde a longtemps ignoré les avertissements quant à la perte d’efficacité des antibiotiques après des dizaines d’années d’usage excessif et de mésusage en médecine humaine et vétérinaire et en agriculture. Des maladies communes comme la pneumonie, les infections postopératoires, la diarrhée et les IST (…) deviennent impossibles à soigner du fait de l’émergence et du développement des résistances. »
Or, la plupart des antibiotiques qui se trouvent actuellement dans le pipeline ne sont que des modifications de classes déjà existantes, et il n’existe que peu d’options ciblant les infections résistantes identifiées par l’OMS comme particulièrement menaçantes (en particulier la tuberculose).
Tuberculose et autres infections
Car si la tuberculose (TB) tue 1,8 million de personnes dans le monde chaque année, la TB multirésistante (MR) est, elle, responsable de 250 000 morts. Et en plus de la TB MR, l’OMS a identifié 12 classes de pathogènes prioritaires (certains causant des infections très communes comme la pneumonie ou les infections urinaires) qui sont de plus en plus résistants et nécessitent donc très vite de nouveaux traitements. Sur les 51 candidats antibiotiques en développement clinique pour traiter ces pathogènes, seulement 8 sont classés comme des traitements innovants.
L’OMS recommande donc d’abord de développer en priorité des antibiotiques ciblant Mycobacterium tuberculosis (donc les souches résistantes) et les bactéries Gram négatives (causant des infections cliniques aiguës) ; mais aussi des bactéries plus communes comme Salmonella, Campylobacter, Helicobacter pylori ou Neisseria gonorrhoeae ou encore les entérobactéries résistantes à la céphalosporine de troisième génération. Pour l’organisation, la recherche de nouvelles classes d’antibiotiques sans résistance croisée avec les classes existantes est aussi une priorité, de même que le développement d’antibiotiques à usage pédiatrique et en formulations orales.
Le manque de fonds est dénoncé par l’OMS, qui souligne en particulier que la R&D en tuberculose en est à son niveau le plus bas depuis 2008.