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source: info.sante.lefigaro.fr

INFOGRAPHIE – Dans la sphère ORL, le tabac et l’alcool sont plus dangereux que le papillomavirus.

En révélant en 2013 avoir contracté un cancer de la gorge parce qu’il pratiquait le sexe oral, l’acteur américain Michael Douglas a probablement inquiété bon nombre de ses contemporains tout en occultant le fait qu’il était aussi fumeur et buveur! Pour le Pr Renaud Garrel, responsable de l’Unité de cancérologie tête et cou-laryngologie au CHRU Montpellier, «il est vrai qu’aux États-Unis un triplement du nombre de cancers de l’oropharynx en rapport avec un papillomavirus a été rapporté en l’espace de cinq ans. En France, bien qu’il n’existe pas de données aussi précises, bon nombre d’ORL ont aussi eu l’impression d’être face à une épidémie».

La libéralisation des moeurs sexuelles aurait-elle créé de toutes pièces un nouveau cancer? «Cette impression de flambée des cancers oropharyngés est à tempérer par le fait que l’on sait maintenant détecter le papillomavirus, ce qui n’était pas le cas avant 2005, poursuit le Pr Garrel. Or, quand on cherche, on trouve! Ce qui nous conforte dans cette hypothèse que le cancer de la gorge dû au papillomavirus a toujours été présent, c’est que les sites touchés par le virus sont bien spécifiques: il s’agit soit de l’amygdale, soit de la base de la langue (au niveau du tissu lympho-épithélial). Or ces sites ne sont pas des nouveaux sites de cancer. Ils étaient déjà décrits depuis longtemps! Finalement, il est plus probable qu’une certaine proportion de cancers ORL liés au papillomavirus ait toujours existé mais sans qu’on le sache.»

Pour le Dr Philippe Gorphe, du service de chirurgie oncologique tête et cou à l’Institut Gustave-Roussy, «en France, où la consommation de tabac et d’alcool reste élevée, nous voyons encore une grande proportion de cancers de l’oropharynx due à ce double facteur de risque. Les cancers de l’oropharynx dus au papillomavirus ne seraient que de 27 % à 40 % dans notre pays (donc minoritaires) contre 60 % à 80 % aux États-Unis, 75 % en Angleterre et 80 % en Suède, où les cancers ORL d’origine tabagique sont proportionnellement moins fréquents». Avis partagé par le Pr Garrel: «Il est possible que les cancers de l’oropharynx liés au sexe oral et/ou à la multiplication des partenaires progressent. Mais ceux qui ont véritablement explosé depuis un siècle sont ceux liés au tabac et cela explique pourquoi les femmes sont de plus en plus souvent concernées. Il est surtout là, le vrai danger!»

Lorsque le papillomavirus induit un cancer à lui seul (chez un non-fumeur, non-buveur), c’est la situation la moins grave. Lorsque le papillomavirus est en cause, mais que le cancer se déclare chez un fumeur-buveur, le pronostic s’en trouve affecté. C’est tout de même mieux que lorsque le tabac et l’alcool sont seuls en cause, car le processus de cancérisation qui s’ensuit est le plus agressif. «Le taux de survie à 5 ans est de 85 % en cas de cancer lié au seul papillomavirus (70 % en cas de tabagisme associé) contre 45 % en cas de cancer dû au tabac, à l’alcool et sans présence du papillomavirus», confirme le Pr Garrel. Autre facteur de risque moins connu: la résine de cannabis ; dans ce cas, le cancer se développe plus tôt, volontiers autour de la quarantaine.

«Désescalade des traitements»

«Papillomavirus ou pas, les signes d’appel du cancer de l’oropharynx sont classiques, note le Dr Gorphe. Le plus souvent, c’est une douleur dans la gorge (angine qui traîne) ou un ganglion cervical, de taille anormale et persistant, qui donnent l’alerte. Toute personne, même jeune (quarante, cinquante ans), présentant un ganglion ou une douleur dans la gorge ne passant pas au bout de trois semaines doit donc consulter même si elle n’est pas ou peu fumeuse.» La prochaine Semaine européenne de sensibilisation aux cancers ORL aura lieu du 18 au 22 septembre 2017: ce peut être l’occasion de mieux s’informer et de consulter dans un service participant à l’opération.

Soit le diagnostic est fait à la fibroscopie (induration repérée au niveau des amygdales ou de la base de la langue), soit un scanner avec injection fait la différence. Une endoscopie sous anesthésie générale est alors programmée pour réaliser des biopsies et rechercher éventuellement une autre masse, ce qui peut se voir quand le cancer est lié au tabac. Si la biopsie confirme le cancer de l’oropharynx, le choix du traitement dépend de son degré d’extension, de l’état de la personne concernée et des habitudes de l’équipe soignante. Jusqu’ici, la prise en charge reposait soit sur une radio-chimiothérapie, soit sur la chirurgie suivie d’une radiothérapie (car les tumeurs liées au papillomavirus sont très radio-sensibles).

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Source: lequotidiendumedecin.fr

Un nouveau rapport de l’OMS sur les agents antimicrobiens en cours de développement clinique s’alarme du « grave manque d’antibiotiques en développement pour combattre la menace grandissante de la résistance antimicrobienne » et pointe l’urgence à développer la recherche dans ce domaine.

Ce rapport rappelle que « le monde a longtemps ignoré les avertissements quant à la perte d’efficacité des antibiotiques après des dizaines d’années d’usage excessif et de mésusage en médecine humaine et vétérinaire et en agriculture. Des maladies communes comme la pneumonie, les infections postopératoires, la diarrhée et les IST (…) deviennent impossibles à soigner du fait de l’émergence et du développement des résistances. »

Or, la plupart des antibiotiques qui se trouvent actuellement dans le pipeline ne sont que des modifications de classes déjà existantes, et il n’existe que peu d’options ciblant les infections résistantes identifiées par l’OMS comme particulièrement menaçantes (en particulier la tuberculose).

Tuberculose et autres infections

Car si la tuberculose (TB) tue 1,8 million de personnes dans le monde chaque année, la TB multirésistante (MR) est, elle, responsable de 250 000 morts. Et en plus de la TB MR, l’OMS a identifié 12 classes de pathogènes prioritaires (certains causant des infections très communes comme la pneumonie ou les infections urinaires) qui sont de plus en plus résistants et nécessitent donc très vite de nouveaux traitements. Sur les 51 candidats antibiotiques en développement clinique pour traiter ces pathogènes, seulement 8 sont classés comme des traitements innovants.

L’OMS recommande donc d’abord de développer en priorité des antibiotiques ciblant Mycobacterium tuberculosis (donc les souches résistantes) et les bactéries Gram négatives (causant des infections cliniques aiguës) ; mais aussi des bactéries plus communes comme Salmonella, Campylobacter, Helicobacter pylori ou Neisseria gonorrhoeae ou encore les entérobactéries résistantes à la céphalosporine de troisième génération. Pour l’organisation, la recherche de nouvelles classes d’antibiotiques sans résistance croisée avec les classes existantes est aussi une priorité, de même que le développement d’antibiotiques à usage pédiatrique et en formulations orales.

Le manque de fonds est dénoncé par l’OMS, qui souligne en particulier que la R&D en tuberculose en est à son niveau le plus bas depuis 2008.