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IAS2019: VIH : «Le cycle des grands essais vaccinaux va se terminer fin 2020»

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Source : liberation.fr

Au moment où débute un congrès international à Mexico sur le sida, les progrès à accomplir sont encore immenses.

Entretien avec l’épidémiologiste François Dabis.

Météo très incertaine.

Dimanche soir, la conférence mondiale sur le sida, la plus grande «conférence scientifique sur le VIH dans le monde», s’est ouverte à Mexico. Ce congrès intervient à un moment unique dans l’histoire de la pandémie, comme le fait remarquer l’éditorial de la grande revue scientifique The Lancet, ce week-end. Elle s’alarme de l’absence de leadership mondial et, en particulier des menaces portées contre l’ONU-sida, cette structure internationale essentielle qui n’a plus de directeur depuis des mois (1) et dont plusieurs personnes demandent la disparition en l’intégrant dans l’OMS. Une aberration aux yeux des experts : «Près de 37 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH. Et 1,9 million de personnes sont nouvellement infectées chaque année», écrit ainsi le rédacteur en chef.

«L’épidémie de sida est à un moment critique. Ralentir la réponse politique en éteignant l’ONU-sida maintenant serait une erreur catastrophique», conclut fortement Richard Horton dans son édito. Pour d’autres experts, c’est toute la solidarité mondiale qui est ainsi remise en cause.

C’est notamment l’avis du professeur François Dabis, directeur de l’Agence nationale de recherche contre le sida (ANRS), qui a répondu aux questions de Libération.

Etes-vous inquiet, vous aussi, au sujet de la solidarité internationale ?

Je suis un optimiste de nature, mais là, ce n’est plus le cas. Au niveau mondial, il n’y a plus de gouvernance. Nous n’avons plus de directeur ONU-sida. Jamais nous n’avons vécu cela lors d’un congrès mondial. Chacun se retrouve isolé. Comme si ce n’était plus une question majeure. C’est alarmant. Tout cela donne un sentiment d’incertitude élevé. Certes, si lors de la réunion de financement du Fonds mondial de lutte contre le sida, en octobre à Lyon, on voit que les versements suivent correctement les demandes, alors nous resterons dans un contexte de progrès, mais ce n’est pas sûr. Et le rôle de la France est important. S’il n’y a pas de signal fort, tout est à redouter.

Dans le monde, le nombre d’infections nouvelles ne baisse toujours pas.

Oui, et c’est un défi. Cette stagnation fait suite à une forte baisse pendant des années. On a beaucoup progressé sur les «trois 90» (2), mais selon les dernières estimations, on est autour de 53 % de personnes vivant avec le VIH qui sont en situation de ne pas transmettre le virus. En somme, on n’a fait que la moitié du chemin. Or nous avons de plus en plus de mal à toucher les populations dites cibles, c’est-à-dire les plus à risques, avec des inégalités territoriales qui se creusent. L’Afrique du Sud a fait des progrès rapides, quand des pays stagnent et d’autres régressent comme certains de l’Europe de l’Est.

En matière de prévention, la Prep – c’est-à-dire prendre un médicament antisida pour empêcher une contamination -, s’impose-t-elle comme la grande solution?

La Prep marche bien. Elle rencontre une forte adhésion des populations dans les pays occidentaux. En France, on a pu arriver rapidement aux 3 000 «prepeurs» pour notre étude. Et la reconnaissance internationale du modèle à la française avec une Prep à la demande, c’est-à-dire non pas en continu mais lors d’une prise de risque, est validée. Et puis, bien sûr, pour ce qui est de l’efficacité, il n’y a aucun signal négatif qui apparaît. Nous sommes proches de zéro contamination sous Prep. Et les quelques rares cas d’infection sont liés à des mauvaises prises de traitement.

Mais la Prep ne concerne toujours que les pays occidentaux…

C’est exact, le basculement vers les pays à forte pandémie n’a pas encore eu lieu. En Afrique du Sud ou au Brésil, cela reste peu diffusé.

Y a-t-il des changements à attendre au niveau des traitements ?

Les traitements marchent très bien. La question qui se pose aux cliniciens est la suivante : peut-on simplifier la vie des gens qui sont sous traitement ? Pour cela, il y a deux façons de faire. Soit utiliser des formes injectables, c’est-à-dire une injection une fois par mois. Cette voie est réaliste et on s’approche de l’enregistrement de ces molécules, mais cela restera une option car elle ne remporte pas l’adhésion de tous les patients. Deuxième approche, moins de pilules. On en prend aujourd’hui une. Peut-on ne pas en prendre tous les jours ? Cela semble possible, mais quelle régularité ? On va voir des résultats à Mexico.

Et comme toujours, ce vaccin qui n’arrive pas.

En tout cas, la conférence de Mexico se déroule quelques mois trop tôt. Le cycle des grands essais vaccinaux, actuellement en cours en Afrique du Sud et australe, va se terminer fin 2020. On ne sait pas encore les résultats d’efficacité. Il faut espérer que ces essais donneront un signal meilleur que les essais réalisés en Thaïlande il y a dix ans, avec un taux d’efficacité de 20 % à 30 %. Mais on ne le saura que lors de la conférence mondiale en octobre 2020.

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