Source: Univadis
Paris, le mercredi 24 octobre 2018 – La Haute autorité de santé (HAS) recommande dans un avis publié hier le dépistage systématique de l’infection à Chlamydia trachomatis.
Cet appel n’est pas inédit. En 2003 déjà, un des ancêtres de la HAS, l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (ANAES) avait recommandé une systématisation du dépistage, rappelant la nécessité de ne pas attendre l’apparition de symptômes pour proposer la recherche de l’infection. Cependant, cette préconisation a été imparfaitement suivie, en raison notamment des tests alors majoritairement utilisés qui nécessitaient des prélèvements endo-cervicaux. Mais l’évolution des tests et leur possible réalisation par des sages-femmes et des infirmières a contribué à améliorer l’acceptabilité du dépistage. Ce dernier a été plus fréquent comme l’ont mis en évidence des chiffres publiés récemment signalant une forte augmentation du nombre d’infections à Chlamydia trachomatis recensées (de 77 000 en 2012 à 267 097 en 2016, une progression [on l’espère] en grande partie liée à de meilleures pratiques de dépistage).
Facteurs de risque
Dans ce contexte favorable, la HAS effectue une piqûre de rappel qu’elle espère décisive en faveur du dépistage systématique de l’infection à Chlamydia trachomatis chez les jeunes femmes sexuellement actives de 15 à 25 ans, y compris les femmes enceintes. « En cas de test négatif et de rapports sexuels non protégés avec un nouveau partenaire, le dépistage est répété chaque année. Si le test est positif, un traitement est défini et le dépistage est répété à 3-6 mois » précise la HAS. Elle préconise par ailleurs qu’un « dépistage opportuniste ciblé » soit proposé à toutes personnes présentant des facteurs de risque et aux femmes consultant pour une IVG (sans limite d’âge), les facteurs de risque étant le multipartenariat, le changement de partenaire récent, le diagnostic d’une autre IST, des rapports homosexuels, la prostitution et le fait d’avoir été victime d’un viol.
Promouvoir l’auto-prélèvement La systématisation du dépistage passe (comme toujours) par une plus grande implication des professionnels de santé afin que les tests ne soient pas uniquement réalisés dans les centres spécialisés. La HAS juge également opportun de « promouvoir l’auto-prélèvement (…). Sans pour autant se substituer systématiquement au prélèvement réalisé par un professionnel de santé, l’auto-prélèvement vaginal pour les femmes et urinaire pour les hommes représente une alternative qui doit être proposée dans tous les lieux de dépistage » signale-t-elle. A contrario, les tests de diagnostic rapide pour Chlamydia trachomatis ne sont pas encore considérés comme suffisamment performants.
Enfin, s’appuyant sur les résultats d’une enquête conduite auprès des structures spécialisées, la HAS observe que le manque de financement et de moyens peut être un frein à l’essor du dépistage et insiste donc sur la nécessité de répondre à ces limites. Dans la même perspective, elle propose « d’élargir le remboursement à plusieurs sites de prélèvement, selon les pratiques sexuelles » alors qu’aujourd’hui, seul un site de prélèvement peut être pris en charge. Le suivi de ces différentes recommandations, si l’on assiste à une véritable dynamique, doit permettre d’améliorer la prise en charge des infections et une réduction de la circulation de la bactérie.