En France, 1% des femmes échapperaient au dépistage prénatal du VIH.
Celles qui sont considérées à moindre risque ou pour lesquelles la prise en charge est partagée entre plusieurs professionnels de santé sont celles qui sont le plus à risque de ne pas en bénéficier.
Les professionnels de santé doivent systématiquement proposer aux femmes un test de dépistage du VIH au cours du premier trimestre de grossesse et au moins un autre test avant le début du troisième trimestre chez celles présentant un haut risque d’infection. L’Enquête Nationale Périnatale 2010 a montré notamment que 8,0% des femmes avaient déclaré ne pas en avoir bénéficié parce que le professionnel de santé ne le leur avait pas proposé, 4,5% parce qu’elles avaient eu un test négatif peu de temps avant la grossesse et 1,0% avaient avoir refusé le dépistage. La réactualisation des données permet de disposer d’une photographie plus contemporaine du dépistage prénatal du VIH en France.
Dépistage prénatal : un taux de séropositivité de 0,15%
Cette enquête a pris place dans toutes les maternités françaises et visait à inclure durant une semaine toutes les naissances ayant eu lieu à partir de la 22 e semaine de grossesse ( ≥500 g) , soit 14.142 enfants nés de 13.894 femmes, avec un questionnaire médical disponible pour 95,3% d’entre elles. Leur analyse a montré que 96,8% de ces femmes avaient été dépistées pour le VIH, tandis que 1,0% d’entre elles ne l’avaient pas été (informations manquantes pour 2,2%). Le test a permis d’identifier une séropositivité chez 19 femmes, soit 0,15% de celles ayant bénéficié du dépistage.
Si ces chiffres illustrent l’efficacité du dispositif français, ils permettent aussi d’apporter des repères afin de l’améliorer : ainsi, l’analyse multivariée montre que le fait d’être pacsée, d’avoir un niveau d’éducation intermédiaire (1-2 années post-bac) ou être multipare était associé à de moindres chances de participation, sans doute parce que les professionnels de santé étaient moins vigilants envers ces populations jugées à risque moindre. Par ailleurs, ce risque était aussi plus élevé chez les femmes qui étaient suivies par plusieurs professionnels de santé ou par un médecin généraliste durant les premiers mois de grossesse, suggérant une perte d’information au cours de la prise en charge. Enfin, celles qui avaient eu des soins prénataux inadéquats et qui travaillaient à temps partiels avaient également moins de chance de bénéficier d’un tel dépistage.
Il est important que les femmes pour lesquelles le risque semble faible fassent l’objet d’une vigilance visant à ce qu’elles n’échappent pas au dispositif français de dépistage.
Pour améliorer la disponibilité et la qualité des soins pour les patients vivant avec le VIH et la tuberculose en province du Nord-Kivu, l’organisation Médecin Sans Frontières, (MSF), estime que le système d’approvisionnement doit devenir plus flexible afin de permettre aux patients de recevoir les traitements dès que possible.
Elle estime pour ce faire que les organismes de coordination provinciaux devraient s’atteler de toute urgence sur les conditions inacceptables des patients et les autorités sanitaires à prendre des mesures concrètes pour améliorer l’accès des patients aux soins de santé.
Dans un point de presse tenu à Goma ce mercredi 18 décembre, cette organisation médicale humanitaire a fait savoir qu’il est urgent d’améliorer la qualité, l’efficacité et la mise en œuvre de la chaine d’approvisionnement afin de garantir que les produits exacts et la quantité de médicaments nécessaires soient fournis en temps voulu aux patients dans le besoin.
Médecin Sans Frontières recommande que des mesures pertinentes soient prises par tous les acteurs concernés pour remédier aux faiblesses de la chaîne d’approvisionnement pour garantir l’accès des patients aux services décentralisés, conviviaux et gratuits de prise en charge du VIH et de la tuberculose afin de renforcer les soins et le traitement en République démocratique du Congo.
La stratégie de vaccination contre les papillomavirus humains cible aujourd’hui les jeunes femmes et les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Or, 10 ans après les premières recommandations, la couverture vaccinale reste très insuffisante au regard des objectifs fixés par le Plan Cancer. Sachant que les hommes sont également infectés par ces virus et les transmettent, la HAS soumet à consultation publique jusqu’au 27 novembre un projet de recommandation en faveur d’une vaccination élargie à tous les garçons de 11 à 14 ans.
La vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) est aujourd’hui recommandée chez les jeunes filles et jeunes hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) pour prévenir l’apparition de cancers du col de l’utérus, de la vulve, du vagin et des cancers anaux. Associée au dépistage du cancer du col de l’utérus, elle constitue la meilleure stratégie de lutte contre ce cancer qui provoque toujours en France près de 1000 décès par an. Mais les HPV sont également impliqués dans la survenue de cancers qui ne touchent pas uniquement les femmes ou les HSH comme les cancers de la sphère ORL. Ainsi, près de 25 % des cancers provoqués par les HPV surviennent chez les hommes.
Si à ce jour il est recommandé de vacciner les jeunes filles et les HSH, qui continuent d’être les plus affectés par les maladies liées aux papillomavirus, une vaccination élargie à tous les hommes, quelle que soit leur orientation sexuelle, bénéficierait non seulement à leur santé, en les protégeant directement, mais améliorerait aussi la protection des jeunes filles non vaccinées.
La HAS souhaite ainsi recommander une vaccination des garçons de 11 à 14 ans avec un rattrapage possible pour tous les adolescents et jeunes adultes de 15 à 19 ans. Cette recommandation provisoire est soumise à la consultation publique sur le site de la HAS jusqu’au 27 novembre prochain. L’objectif de cette dernière étape d’élaboration est de recueillir l’avis de tous les acteurs concernés par la politique vaccinale tels que les associations de patients et d’usagers du système de santé, les collèges nationaux professionnels, les sociétés savantes, les institutions publiques, les industriels, etc. Toutes les contributions seront ensuite analysées et discutées par les membres de la commission technique des vaccinations (CTV) qui en tiendront compte pour établir la version finale de la recommandation.
De nombreux arguments scientifiques et éthiques motivent la recommandation de la HAS
Gardasil 9 a démontré sa sécurité et son profil de tolérance est identique chez les garçons et chez les filles. Le vaccin a aussi démontré son efficacité dans la prévention des condylomes génitaux et des lésions précancéreuses et cancéreuses liées aux HPV. Les pays qui ont obtenu une couverture vaccinale élevée, constatent aujourd’hui les bénéfices de la vaccination tant chez les filles vaccinées que chez les garçons indirectement protégés.
Pourtant, en France, plus de dix ans après les premières recommandations, le constat est aujourd’hui préoccupant : seules 24% des jeunes filles se sont faites vacciner selon un schéma complet à 16 ans, ce qui est bien en dessous de l’objectif de 60% fixé à l’horizon 2019 dans le cadre du Plan Cancer. L’un des freins à la vaccination contre les HPV est la difficulté pour les professionnels de santé à faire accepter ce vaccin : d’abord réticents à aborder la question de la sexualité avec des adolescents qui n’ont parfois pas commencé leur vie sexuelle, ils sont aussi confrontés à la méfiance des patients et de leurs familles envers la sécurité des vaccins. Rendre la proposition vaccinale sans considération de genre pourra les aider à aborder la question.
Par ailleurs, il s’agit aussi pour la HAS de considérer plusieurs enjeux éthiques. Premièrement, la vaccination contre les HPV ciblant les filles et les HSH pose des questions d’égalité d’accès à la vaccination vis-à-vis des autres hommes. Ces derniers peuvent être infectés par les HPV, il apparait donc juste de leur proposer le vaccin. Et parce que la santé des femmes concerne également les hommes, l’élargissement de la vaccination contre les HPV aux jeunes garçons responsabiliserait l’ensemble des adolescents à la santé sexuelle face au problème de santé publique que représentent les maladies induites par les HPV. De plus, la stratégie de vaccination actuelle peut engendrer un non-respect de la vie privée et une stigmatisation liée à l’orientation sexuelle. A l’instar de la quinzaine de pays européens qui ont déjà mis en place une vaccination universelle contre les HPV pour les deux sexes, la HAS considère que la vaccination de tous les adolescents favoriserait la vaccination avant le début de leur activité sexuelle et sans distinction des préférences sexuelles.
Au regard de la couverture vaccinale constatée en France, la HAS estime cependant que l’élargissement de la vaccination par Gardasil 9 aux garçons est une condition nécessaire mais pas suffisante pour atteindre l’objectif de protection de la population, estimant que la couverture vaccinale des garçons resterait au mieux similaire à celle des filles sans autre mesure. Cette extension n’aura de sens que si les pouvoirs publics mettent en œuvre une politique vaccinale plus engagée visant à une proposition vaccinale systématique de la part des professionnels de santé et à restaurer de la confiance vis-à-vis de cette vaccination auprès du public et des professionnels de santé, tout en poursuivant les efforts sur le dépistage du cancer du col de l’utérus.
À l’occasion de la journée internationale des migrants ce 18 décembre, nous co-signons ce communiqué rédigé à l’initiative du COMEDE et qui condamne les nouvelles restrictions dans l’accès aux droits et aux soins pour les étrangers, que le gouvernement programme.
61 organisations interpellent aujourd’hui Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, alors que le Gouvernement s’attache à restreindre l’accès aux droits et aux soins des personnes étrangères vulnérables. Après avoir soutenu la pétition des médecins ayant recueilli 6000 signatures1, les associations de terrain et les organisations de professionnels·les de santéalertent à nouveau sur les conséquences graves de cette politique, représentant un recul sans précédent pour les droits des étrangers·ères et la santé publique en France. Ces décisions transformeront encore un peu plus l’accès aux soins en un parcours du combattant et feront peser une pression supplémentaire sur les équipes hospitalières, les centres de santé associatifs, les caisses d’assurance maladie et les finances publiques. À ce jour, aucune réponse adaptée n’a été apportée pour anticiper ces bouleversements. C’est pourquoi nos organisations renouvellent leur appel à ne pas déstabiliser l’insertion déjà fragile des personnes étrangères et à ne pas affaiblir le travail des professionnels·lles de santé et du médico-social.
Des mesures qui entraîneront davantage de retards et de renoncements d’accès aux soins
61 organisations ont alerté la ministre sur les conséquences dangereuses des mesures annoncées lors du comité interministériel sur l’immigration et l’intégration. Parmi ces annonces, le Gouvernement prévoit en effet :
d’imposer un délai de trois mois avant l’accès à la sécurité sociale pour les demandeurs·ses d’asile ;
de repousser de trois mois supplémentaires l’accès à l’Aide médicale d’État (AME) pour les personnes sans-papiers entrées en France avec un visa ;
et, pour les étrangers-ères titulaires d’un titre de séjour précaire, de restreindre à six mois voire de supprimer le délai de maintien des droits à l’Assurance maladie (qui est d’un an actuellement).
Inévitablement, cette réforme conduira à des renoncements et à des retards de soins pour des centaines de milliers de personnes, y compris pour plus de 800 000 personnes étrangers·ères en séjour légal2. Privées d’accès aux soins préventifs et curatifs précoces, des personnes en situation de précarité consulteront aux urgences, ou attendront l’aggravation de leur état de santé, pour devoir in fine se rendre à l’hôpital. Concrètement, ces prises en charge plus nombreuses et à un stade plus avancé s’imposeront aux équipes des hôpitaux, en particulier des urgences et des PASS déjà saturées, mais aussi aux centres de santé associatifs et établissements médico-sociaux.Ces décisions vont ainsi accroître considérablement les coûts humains et financiers du système de santé, tel que cela a été démontré dans d’autres pays européens.
Face à la pression supplémentaire exercée sur l’hôpital, le Gouvernement ne prévoit rien
Nos organisations interrogent la ministre sur les conséquences de cette politique pour les professionnels·les de santé et du médico-social :
Comment les professionnels·lles de santé pourront-ils assurer l’accès aux soins et la continuité des soins de ces personnes, si leurs droits peuvent être remis en cause d’un jour à l’autre, sans préavis ?
Comment soigner les personnes dont les droits à l’Assurance maladie seront coupés, mais qui seront interdites d’AME pendant une durée d’au moins trois mois, dans l’attente d’une éventuelle régularisation ?
Quelles instructions seront données par la ministre de la Santé aux soignants·es et aux établissements hospitaliers pour préserver dans toutes les situations la délivrance des soins nécessaires ?
L’analyse de ces mesures suscite de nombreuses inquiétudes: elles s’avèrent néfastes pour la santé des personnes étrangères vulnérables, pour les équipes hospitalières, les professionnels·lles de santé et du médico-social et les caisses de sécurité sociale.
Organisations signataires :
ACAT, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture
ACTIF Santé
Actions Traitements
Act Up-Paris
AFVS, Association des Familles Victimes de Saturnisme
Aides
APH, Intersyndicale Action Praticiens Hôpital
ARCAT/Le Kiosque
ARDHIS, Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour
ASPMP, Association des Secteurs de Psychiatrie en Milieu pénitentiaire
La Case de Santé
CATRED, le Collectif des Accidentés du Travail, handicapés et Retraités pour l’Égalité des Droits
CEDETIM, Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale
Centre Primo Levi
CFDA, Coordination Française pour le Droit d’Asile
La Cimade
Collectif Inter Urgences
Comede, le Comité pour la santé des exilé·e·s
COMeGAS, le Collectif des Médecins généralistes pour l’accès aux soins
Coordination Nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité
Créteil Solidarité
Dom’Asile
Droits d’Urgence
Elena France, Association des avocats du droit d’asile.
Emmaüs France
Fasti
FAS, Fédération des Acteurs de la Solidarité
Fédération Française de Psychiatrie
FTCR, Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives
G.A.S, Groupe Accueil et Solidarité
Gisti
INDECOSA – CGT, Association pour l’information et la défense des consommateurs salariés
JRS France, Jesuit Refugee Service
Ligue des droits de l’homme
Médecins du Monde
Médecins sans Frontières
MG France
Migrations Santé Alsace
MRAP, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples
ODSE, Observatoire du droit à la santé des étrangers
OTMeds, Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament
Organisation de Femmes Egalité
Osiris, association de soutien thérapeutique aux victimes de torture et de répression politique
Le Planning Familial
REAGJIR, Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants
Réseau Louis Guilloux
Réseau RVH77Sud
Secours Catholique-Caritas France
SFLS, Société Française de Lutte contre le Sida
SFSP, Société Française de Santé Publique
Sidaction
SIP, Société de l’information psychiatrique
SMG, Syndicat de la Médecine Générale
SNJMG, Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes
Sol En Si, Solidarité Enfants Sida
Solidarité Sida
SOS Hépatites
SPH, Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux
SPILF, Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française
Uniopss, Union nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux
Association Watizat
1 Pétition « Dr Buzyn, nous refusons de choisir qui soigner ! »
2 Etrangers titulaires d’un titre de séjour d’une durée inférieure ou égale à un an. Source : Ministère de l’Intérieur (2016)
Où en est la recherche sur des vaccins contre le VIH ? Quelles sont les stratégies mises en place dans le développement de vaccin ? Comment le virus infecte-t-il les cellules humaines ? Quelles sont les limitations au développement de thérapies vis à vis du cycle de vie de ce virus ?
Alors que se tenait hier la journée mondiale de lutte contre le SIDA, le VIH met encore et toujours la recherche à rude épreuve. Malgré la mise au point de traitements qui permettent aux personnes séropositives d’avoir une espérance de vie accrue et de ne plus être contaminantes ou encore le recours à des méthodes préventives de plus en plus efficaces, rien ne permet aujourd’hui de guérir du virus de l’immunodéficience humaine. Si des tests de vaccins commencent à prouver une certaine efficacité sur des souches bien précises du VIH, le combat s’annonce encore âpre contre le virus qui oppose des obstacles de taille à son éradication. La recherche doit donc s’aventurer sur des terrains complexes. Des anticorps neutralisants à la thérapie génique, de nouvelles pistes sont aujourd’hui ouvertes par les chercheurs pour mettre à mal le virus et proposer aux 38 millions de personnes atteintes par le VIH la rémission tant attendue.
VIH : la bataille de l’immunité, c’est le sujet fondamental que nous explorerons tout au long de cette heure bienvenue dans la Méthode scientifique.
Et pour comprendre en quoi consistent cette aventure scientifique en cours qu’est la lutte contre le VIH, nous avons le plaisir de recevoir Olivier Schwartz, directeur scientifique de l’Institut Pasteur et directeur au sein de cet institut de l’Unité : Virus et immunité et Jean-Daniel Lelièvre, médecin et responsable de la recherche clinique au sein du Vaccine Research Institute.
Le reportage du jour
Quels mécanismes métaboliques sont à l’oeuvre dans les cellules réservoirs du #VIH et quels sont les mécanismes cellulaires à l’oeuvre chez les patients contrôleurs du VIH ? Rencontre avec Asier Saez-Cirion, chercheur à l’Institut Pasteur, directeur du groupe « Réservoirs et contrôle viral ». Par Antoine Beauchamp :
Repères
A l’échelle mondiale, près de 37 millions de personnes sont contaminées par le VIH. En France, l’année passée, 6.200 nouvelles contaminations ont été comptabilisées. Cela concerne aussi bien les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes que les hommes et femmes contaminés par rapports hétérosexuels, ces derniers représentant plus de la moitié des transmissions. Grâce aux traitements antiviraux, qui permettent de contrôler l’infection, l’espérance de vie des séropositifs rejoint celui des séronégatifs. La combinaison des différents traitements, antiviraux ou préventifs, ne permettent pas encore d’enrayer l’épidémie. Pour cela, des équipes de recherche travaillent sur le développement de vaccins et d’immunothérapie.
Chaque année 6 000 nouveaux cas sont détectés, les quadras et quinquas sont les plus touchés. Selon Santé Publique France, près de 6 000 personnes ont découvert leur séropositivité en France en 2019.
Ce n’est pas parce qu’on parle moins du Sida, qu’il faut penser que la bataille contre la maladie est gagnée. Près de 40 ans après l’explosion des cas de VIH, la recherche a fait des progrès remarquables au point d’avoir transformé un virus tueur en maladie chronique.
« En 2019, on découvre toujours des cas. La génération qui est aujourd’hui âgée entre 40 et 50 ans n’avait pas l’habitude de se protéger pendant leur jeunesse et ça se ressent encore », souligne Stéphanie Occhipinti, infirmière en éducation thérapeutique à l’hôpital Saint-Joseph. Avec l’explosion des applications de rencontre, avoir une relation est aussi facile que d’envoyer un SMS. Un changement de paradigme qui s’est ressenti dans les cabinets médicaux. « Les patients sont libres de faire ce qu’ils veulent, mais on se doit de les alerter sur le dépistage, c’est l’arme principale contre la maladie. »
La politique française en matière de lutte contre le sida est un échec. Voici en substance ce qu’affirme le Conseil national du sida (CNS), instance publique indépendante, dans un rapport accablant publié mercredi 27 novembre. Le document pointe des « faiblesses », des lenteurs en matière de prévention. Pire, le CNS juge que la situation actuelle est « inacceptable », compte-tenu du fait que tous les outils permettant d’enrayer l’épidémie sont disponibles, qu’il s’agisse du dépistage du VIH ou des traitements dans leurs différents usages préventifs.
Aujourd’hui, on vieillit avec le sida
La France vise en effet l’objectif du « 3 x 95 » qui consiste à ce que 95 % de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, que 95 % des personnes qui connaissent leur séropositivité au VIH aient accès au traitement et que 95 % des personnes sous traitement aient une charge virale normale d’ici 2020.
Un objectif encore loin d’être acquis. “On pense que 6 000 personnes ne savent pas qu’elles sont séropositives, tout ça parce qu’elles ne se font pas connaître des services de prévention. » Au total, 173 000 Français vivent actuellement avec le Sida. Un chiffre important, qui correspond également au nombre de personnes qui ne transmettent plus le virus.
« Aujourd’hui, une personne traitée, et présentant une charge virale indétectable, ne transmet plus le virus. D’où l’importance de se faire dépister pour mettre en place un traitement adapté », insiste-t-elle. Certains hommes et femmes de “la génération sida” ne pensaient sûrement pas vivre aujourd’hui. Les molécules utilisées dorénavant empêchent la multiplication du virus en piochant dans les réservoirs du corps pour empêcher la dissémination du VIH.
S’ils sont mieux soignés, les séropositifs ne voient toujours pas la vie en rose, puisque la simple évocation de la maladie leur ferme encore de nombreuses portes.
« Ça reste une maladie honteuse. On a du mal à en parler aux proches, à la famille, ses collègues de travail et même des soignants. Il leur est parfois difficile de se faire prendre en charge par des médecins qui ont peur d’être contaminés, sauf qu’un patient qui est malade ne peut plus transmettre le virus. Même chose pour certains EHPAD qui refusent des séropositifs », alerte-t-elle.
De nombreuses études font état de tests concluant pour enfin trouver un vaccin contre le sida, mais le chemin est encore long même si des lueurs d’espoir existent comme ce patient britannique en rémission totale plus de 16 ans après l’apparition de la maladie.
Déployé depuis trois ans, le traitement pré-exposition (PrEP) est suivi par 550 personnes à risque en région. Le Cegidd de Tours va proposer des téléconsultations pour toucher les personnes isolées.
En moins de trois ans, la « PrEP », ou prophylaxie pré-exposition, s’est fait sa place dans l’arsenal de prévention du VIH. Ce traitement préventif réservé aux personnes séronégatives ayant des comportements à risque est suivi régulièrement par 550 personnes en région Centre-Val de Loire, soit le double de l’année dernière.
Ce mode de prévention qui réduit à presque rien le risque d’infection est essentiellement utilisé par des hommes, pour la plupart proches des centres urbains, notamment de Tours, où le Cegidd (*) est seul prescripteur. « Si on habite dans l’Indre, c’est quasi impossible d’accéder à une consultation PrEP, de même pour les travailleurs du sexe, qui sont souvent en déplacement », constate Romain Perrolaz, chargé de prévention au sein de l’association Aides. A partir de janvier, la mise en place d’une e-consultation depuis le Cegidd de Tours fera tomber cette barrière géographique. Une première en France, développée grâce à Aides en région dans le cadre d’un appel à projet national. « La PrEP est une consultation très spécifique, encore très difficile à déployer partout, constate le Dr Guillaume Gras, infectiologue et responsable du Cegidd de Tours. La e-PrEP sera une entrée au moins pour la première consultation ». Totalement gratuite, même sans numéro de Sécurité sociale, et accessible même depuis un smartphone, cette téléconsultation vidéo sera réservée, durant cette phase pilote, aux habitants de la région Centre-Val de Loire. Les salariés et militants de Aides seront les relais de cette nouvelle proposition sur le terrain, et sur les réseaux, via un chargé de prévention numérique. « On a tous les outils, le défi est de les déployer » « Sur les réseaux, et sur les sites d’annonces, on contacte directement les personnes à risque, comme les travailleurs du sexe », explique Romain Perrolaz. Jusqu’à maintenant, l’association proposait des entretiens de prévention et l’envoi d’auto-test. La prescription du traitement préventif après une simple téléconsultation permettrait de diminuer encore les risques de transmission. « On espère toucher les personnes des zones plus rurales, et les personnes isolées dans la ville », escompte le Dr Gras. Et ainsi fermer un nouveau maillon de la chaîne pour mettre fin aux contaminations. « On a tous les outils en main, le défi est de les déployer là où c’est nécessaire », appuie Romain Perrolaz. Un horizon que les acteurs de la lutte contre le sida espèrent voir apparaître d’ici dix ans. (*) Centre gratuit d’information dépistage et diagnostic du VIH, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles, 5, rue Jehan-Fouquet, à Tours, tél. 02.47.66.88.41.
Repères
> La PrEP est une méthode de prévention déployée depuis 2017 en France. Il s’agit d’un médicament – le Truvada – prescrit à une personne non infectée par le VIH, réservée aux personnes ayant des pratiques à risque, et à qui les autres méthodes de prévention ne conviennent pas.
> La PrEP réduit le risque d’infection par le VIH mais ne l’élimine pas et, à la différence du préservatif, ne prévient pas les autres infections sexuellement transmissibles (IST).
La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a indiqué ce mercredi 9 octobre, qu’environ 6 200 nouvelles personnes ont découvert leur séropositivité en 2018 en France. Un chiffre en légère baisse (-7%), alors qu’il était stable depuis 2010. Un mieux, probablement lié à la PrEP, mais pas une révolution.
«C’est la première fois depuis plusieurs années qu’il y a une diminution du nombre de personnes qui se contaminent», s’est félicitée la ministre sur France Info. C’est effectivement ce qu’annonce Santé publique France, avec un bémol de taille néanmoins: Si le nombre total de découvertes de séropositivité a diminué de façon significative entre 2017 et 2018 (-7%), après plusieurs années de stabilité, cette diminution très récente devra être confirmée avec le recul d’une année supplémentaire. Ce qui veut dire que si la tendance est à la baisse, l’ampleur et la nature précise de cette baisse doit être encore clarifiée. une tendance nationale à la baisse qui reste modeste, logique puisque les nouveaux diagnostics reflètent les infections survenues depuis quelques années à un moment où le paradigme de la prévention combinée n’était pas déployée.
Pour l’agence, comme l’activité de dépistage est en augmentation, cette diminution du nombre global de découvertes peut refléter une baisse du nombre de personnes vivant avec le VIH précédemment non diagnostiquées, et/ou une diminution de l’incidence —du nombre de contaminations et non de découvertes— depuis plusieurs années.
Une baisse globale récente, mais la diminution du nombre de découvertes est par contre observée depuis plusieurs années chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) de 25 à 49 ans nés en France, et chez les hommes hétérosexuels de 25 à 49 ans, qu’ils soient nés en France ou à l’étranger. Le nombre de découvertes diminue également chez les femmes hétérosexuelles nées en France.
Les chiffres 2018 du VIH par Santé publique France
Que nous disent les chiffres? 6155 personnes précisément ont découvert leur séropositivité en France l’an dernier, contre 6583 en 2017. Le chiffre pour 2017 a été affiné par rapport à l’estimation fournie lors du précédent bilan fin mars, qui était de 6.400. Cette diminution fait bien suite à plusieurs années de stabilité.
Comme les années précédentes, les taux de découvertes de séropositivité sont très variables sur le territoire français; ils sont beaucoup plus élevés dans les départements français d’Amérique, notamment en Guyane, ainsi qu’en Ile-de-France pour la métropole.
Par mode de contamination, les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2018 ont été contaminées par rapports hétérosexuels (56%), rapports sexuels entre hommes (40%), usage de drogues injectables (2%), ou un autre mode de transmission (2%). Les hommes ont été contaminés majoritairement par rapports sexuels entre hommes (61%).
En 2018, les femmes représentent 35% des découvertes de séropositivité VIH. Elles ont été contaminées par rapports hétérosexuels pour 96% d’entre elles.
Des dépistages précoces, mais pas assez
Les diagnostics précoces, identifiés par un profil virologique de séroconversion, un stade clinique de primo-infection ou un test d’infection récente positif, représentent toujours 25% des découvertes chez les adultes en 2018, une proportion stable par rapport aux années précédentes, dans toutes les populations étudiées.
La part des diagnostics précoces varie selon le mode de contamination et le pays de naissance. Elle est plus élevée chez les HSH : 42% chez ceux nés en France, 26% chez ceux nés à l’étranger. Chez les hétérosexuels elle est deux fois plus élevée parmi ceux nés en France (31% chez les femmes, 27% chez les hommes) que parmi ceux nés à l’étranger (13% chez les femmes, 14% chez les hommes), et chez les UDI elle est plus faible (8%).
A l’autre bout du spectre, la part des diagnostics tardifs, au stade sida ou à moins de 200 CD4, stagne à 29%. C’est encore énorme, alors qu’ils contribuent beaucoup, avec les primo-infections, à la circulation du virus.
Le nombre de diagnostics de sida en 2018 est estimé à 1205. Ce nombre a diminué entre 2013 et 2018 (-24%). Parmi les personnes âgées de 15 ans et plus diagnostiquées avec un sida en 2018, la majorité d’entre elles (63%) ignoraient leur séropositivité, et donc n’avaient pu bénéficier de traitements antirétroviraux (ARV) avant le sida, et 19% connaissaient leur séropositivité mais n’avaient pas été traitées par ARV. Seuls 18% avaient reçu des ARV, et avait donc bien sûr une charge virale non contrôlée.
L’effet TasP et la PrEP explique cette baisse
Cette tendance nationale à la baisse reste modeste, ce qui peut sembler logique puisque les nouveaux diagnostics reflètent les infections survenues depuis quelques années, à un moment où le paradigme de la prévention combinée n’était pas déployée.
Difficile de quantifier les causes de cette baisse. L’augmentation du dépistage précoce semble indiquer un renforcement de l’effet Tasp, l’effet Traitement comme prévention. On sait désormais qu’une personne traitée, avec une charge virale indétectable ne risque pas de transmettre le VIH à ses partenaires. Mais beaucoup reste à faire pour bénéficier du plein effet du Tasp : En 2018, les personnes présentant une charge virale élevée (≥ 100 000 copies/ml) au moment de la découverte représentent 38% des découvertes (44% chez les HSH, 35% chez les hétérosexuels et 32% chez les UDI). Autant de cas où les risques de transmission sont augmentés.
Le déploiement de la Prep joue aussi un rôle dans cette amélioration, même si tant reste à faire pour améliorer son accessibilité. Les derniers chiffres encourageants à Paris, où le nombre de prépeurs est important, ainsi que la baisse du nombre de découvertes de contaminations chez les HSH confirment l’intérêt de cette méthode de prévention.
Le recours aux préservatifs n’est pas détaillé dans ces chiffres. Difficile, en tout cas, de mettre en avant un effet lié aux préservatifs remboursés, la nouvelle mesure n’a été effective qu’en novembre 2018. Nous devrions être en mesure de mesurer son impact en 2020.
Une baisse timide et inégale
Peut-on se réjouir? Evidemment. Doit-on rester prudent? Tout autant. Cette baisse globale de 7% pour la dernière année recouvre des réalités bien différentes et les données sont assez difficiles à interpréter. Beaucoup de déclarations fournies électroniquement sont encore incomplètes et le mode de transmission et le pays de naissance des cas déclarés sont donc des données imputées —estimées— pour la majorité des cas. Le BEH indiquait ainsi en 2017 que le taux de données imputées pour ces 2 variables était estimé à 60%.
D’autre part, la tendance à la baisse, légère, est notable depuis plusieurs années chez les personnes déclarant des rapports hétérosexuels, ce qui souligne probablement l’effet préventif du traitement chez les personnes vivant avec le VIH.
Par classe d’âge, 13% des personnes ayant découvert leur séropositivité sont âgées de moins de 25 ans, 64% de 25 à 49 ans et 23% de 50 ans ou plus. Chez les HSH nés en France et les hommes hétérosexuels nés en France ou à l’étranger, la diminution depuis 2013 n’est observée que chez les 25 à 49 ans. Cette stabilité chez les moins de 25 ans et chez les plus de 60 ans souligne cruellement l’absence de campagne publique de prévention et d’incitation au dépistage, alors que ces mêmes populations ne se retrouvent quasiment pas dans les essais et les programmes de Prep.
Enfin comment expliquer le différentiel entre -16% de nouvelles contaminations à Paris et -7% au niveau national? Faisons-nous face, en France, comme aux USA, à une épidémie «rurale» ou des petites villes, mal connue, et entretenue par une inégalité face à l’accès aux nouvelles méthodes de prévention et de dépistage?
De la même façon, Santé publique France insiste sur le fait que la diminution du nombre de découvertes de séropositivité VIH ne concerne ni les femmes hétérosexuelles nées à l’étranger, ni les HSH nés à l’étranger. Chez ces femmes, la vulnérabilité liée au parcours migratoire les expose au VIH et elles bénéficient peu du Tasp à cause du dépistage tardif chez leurs partenaires masculins. Chez les HSH nés à l’étranger, le recours au dépistage pourrait avoir augmenté ces dernières années mais il reste tardif. Et leur accès à la PrEP est encore bien insuffisant. La situation épidémiologique des migrants appelle une action déterminée en termes de dépistage et d’accès aux soins et à la PrEP qui ne peut qu’être contrecarrée par les discours ambiants de stigmatisation, les politiques de plus en plus drastiques contre leur présence sur le territoire et le déni des droits fondamentaux.
Les données régionales qui seront publiées fin novembre seront très intéressantes pour comprendre les tendances actuelles de l’épidémie selon la mobilisation des acteurs au niveau régional et local.
À l’occasion de la 20ème Conférence ICASA qui se déroule du 2 au 7 décembre 2019 à Kigali, au Rwanda, l’équipe de Priorité Santé vous permet de suivre cette conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique de l’est. Le thème est « L’Afrique sans sida – Innovation, leadership communautaire et politique ».
Comment s’organise cette lutte contre le VIH en Afrique de l’Est et quels sont ses résultats ? Quelles sont ses spécificités ? Quel bilan peut-on chercher à en tirer ?
Winnie Byanyima, directrice exécutive d’ONUSIDA
Dr Sabin Nsanzimana, directeur général du Rwanda Biomedical Centre, ancien Chef du Programme SIDA au Rwanda (pendant plus de 10 ans)
Jeanne Gapiya, président fondateur de l’Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et malades du Sida (ANSS), la principale association de lutte contre le Sida au Burundi.
Une émission radio (accessible sur le site internet de RFI – lien en haut de notre article) réalisée en partenariat avec l’Initiative 5 %, mise en œuvre par Expertise France et complémentaire du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Pour les vieux séropositifs, arriver à 60 ans devrait être la célébration d’une victoire…
ACTIONS TRAITEMENTS organisait vendredi 22 novembre dernier un colloque sur « Vivre avec le VIH après 60 ans »
Plusieurs intervenants ont présenté l’état des études sur les facteurs de risques et les autres pathologies fréquentes (comorbidités) qui touchent les personnes âgées séropositives.
Lorsqu’on a vécu 20, 30 ans avec le VIH, que l’on a vu mourir nombre de ses amis, en arrivant à l’âge de la retraite, on souffle, en se disant : «Je n’y croyais pas et pourtant je suis toujours là ! Maintenant foutez-moi la paix avec le SIDA, je suis un survivant ! »
On comprend que, suite à l’exposé des résultats des études médicales qui montrait des résultats assez inquiétants, les réactions furent marquées par l’angoisse et la lassitude de participants : «Vous m’annoncez encore des mauvaise nouvelles ? Arrêtez, je n’en peux plus !»
Je ne vais pas faire un exposé détaillé des différentes présentations, mais globalement on peut dire que toutes les études montrent une augmentation importante pour les PVVIH (Personnes Vivant avec le Virus du VIH) de multi-pathologies ( diabète, insuffisance rénale, risques cardio-vasculaires, cancers, dépressions… ) avec comme conséquence des risques d’interactions médicamenteuses liées aux polymédications.
Cependant la plupart de ces études ne prennent pas en compte la typologie sociale des populations étudiées et font une comparaison avec la population générale. Il est évident que l’orientation sexuelle, l’identité de genre, la toxicomanie, la précarité, l’isolement social sont des facteurs loins d’être neutres et ont des effets sur l’état de santé et l’espérance de vie des populations étudiées.
Quelques données factuelles…
Le nombre de personnes séropositives de plus de 60 ans est en constante augmentation et représentera 30% des personnes séropositives en 2030, soit 65 000 personnes.
La répartition géographique de cette population est très hétérogène et concerne en particulier, l’Ile-de-France, les Alpes Maritimes et les dom-tom (Mayotte).
Les obstacles liés à la discrimination, l’isolement, la précarité ont comme grave conséquence de rendre plus difficile l’accès au soin.
L’accueil et le suivi des vieux séropositifs doit faire l’objet d’une prise en charge adaptée et multidisciplinaire associant médecin généraliste, infectiologue et gériatre.
Des formations nécessaires
Que ce soit dans les secteur de l’aide à domicile où dans les institutions d’hébergement de personnes âgées, le personnel aidant/soignant est rarement formé à l’accueil des personnes séropositives. Mais parler de séropositivité nécessite aussi d’aborder les thèmes comme la sexualité des personnes âgées, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et les problèmes de santé propres aux minorités. Tous ces thèmes ne sont jamais abordés lors de la formation initiale des intervenants.
Il faut très rapidement, et en priorité dans les territoires ayant le plus de personnes séropositives, déployer des formations sur la sexualité et le VIH. GERONFOR (organisme de formation de la FNAQPA) en collaboration avec GreyPRIDE proposera en 2020 des modules de formation sur ces thèmes ainsi qu’un label «GreyPRIDE Bienvenue» pour les EHPAD et l’aide à domicile.
Mais bien vieillir n’est pas qu’un problème médical !
Lorsqu’on parle de notre âge, de notre vieillissement, cela fait écho à notre finitude, et ce n’est pas parce qu’on est survivant du VIH que l’on y échappera et aucun médecin ne nous donnera la pilule de l’immortalité.
Cependant nous pouvons rester acteur de notre «bien vieillir» qui ne concerne pas que les aspects de santé : s’occuper de soi, continuer à avoir des liens sociaux, familiaux, amoureux, avoir une sexualité, conserver un rôle social, avoir un logement adapté, autant de sujets essentiels pour notre qualité de vie.
L’isolement premier facteur de risque
Les discriminations vécues par les populations séropositives, à cause du VIH ou de leur parcours de vie, de leur sexualité, de leur identité de genre ont comme conséquence d’accentuer un isolement déjà vécu par la population des personnes âgées en général.
Ces difficultés se cumulent avec l’expression d’un «agisme» dans notre société qui réduit les personnes âgées à une identité de vieux, de vieille ou a un objet de soin.
Pouvoir reprendre son destin en main, c’est d’abord changer de regard sur la vieillesse et penser que nous pouvons conserver l’intégrité de notre identité et notre désir de vivre.
Il est donc essentiel de se re-mobiliser collectivement et de retrouver des lieux de solidarité et de convivialité pour échanger, agir, se soutenir. GreyPRIDE va prochainement ouvrir un lieu de ce type, une maison sur Paris pour permettre de faire des rencontres, trouver des ressources et se sentir moins seul-e.
Une solidarité retrouvée
On voit bien que les messages purement liés à la santé ne peuvent passer que si les conditions de vie des personnes sont correctes. A quoi sert de dire : «Arrêtez de fumer ! » à une personne qui vit dans des conditions misérables et qui n’a plus le désir de vivre (le tabac est un facteur de risque aggravant spécifiquement pour les PVVIH).
Nous avons combattu toute notre vie, alors ce n’est pas pour finir maintenant seul dans notre coin. Nous devons réagir, continuer de nous battre et inventer de nouvelles solidarités.
Grande enquête TABAC & VIH
Vous vivez avec le VIH. Vous fumez ou avez déjà fumé (tabac, cannabis, chicha, etc.) OU vous êtes un·e professionnel·le de santé. CLIQUEZ ICI ET RÉPONDEZ À NOTRE ENQUÊTE, conçue en partenariat avec Ipsos, afin de partager votre vécu et votre expérience.