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source : catie

  • Certaines affections augmentent le risque de stéatose hépatique chez les personnes séropositives
  • Des chercheurs de Montréal ont étudié l’effet de la vitamine E chez des personnes séropositives atteintes de stéatose hépatique
  • Les taux d’enzymes du foie sont revenus à la normale chez 85 % des participants sous l’effet de la vitamine E quotidienne

La grande accessibilité des traitements du VIH puissants (TAR) a fait diminuer considérablement les taux de maladie et de décès liés au sida au Canada et dans les autres pays à revenu élevé. Le TAR est tellement puissant que les chercheurs prévoient de plus en plus que de nombreux utilisateurs du TAR auront une espérance de vie quasi normale.

Le VIH provoque de l’inflammation excessive et l’activation du système immunitaire; ces problèmes s’atténuent sous l’effet du TAR, mais ne sont pas éliminés. Comme de nombreuses cellules du système immunitaire sont dispersées un peu partout dans le corps, les problèmes qui nuisent au système immunitaire peuvent nuire à d’autres systèmes aussi, ainsi qu’aux organes. Pour cette raison, au cours des décennies, l’inflammation chronique et l’activation immunitaire risquent de compromettre la santé d’organes vitaux comme le cerveau, les os, le cœur, le foie et les reins, entre autres.

Un problème émergent : la stéatose hépatique

Des chercheurs de l’Université McGill à Montréal ont constaté que la stéatose hépatique (accumulation de graisse dans le foie) était en train de devenir un problème au sein de la population, et ce, sans égard au statut VIH des gens. Voici quelques informations au sujet de la stéatose hépatique provenant du National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases (NIDDK) des États-Unis :

Stéatose hépatique non alcoolique

Cette affection est caractérisée par l’entreposage de graisse excessive dans le foie. Elle se subdivise en deux catégories :

  • Stéatose hépatique simple : Celle-ci est caractérisée par la présence de graisse excessive dans le foie, mais les taux d’inflammation restent minimes. De plus, selon le NIDDK, « la stéatose hépatique simple ne progresse pas typiquement de sorte à causer des dommages au foie ou des complications ».
  • SHNA (stéatohépatite non alcoolique) : Cette forme de stéatose est caractérisée par la présence de graisse et d’inflammation excessives dans le foie. De plus, sous l’effet du processus pathologique que provoque la SHNA, les cellules saines du foie sont graduellement remplacées par du tissu cicatriciel. La SHNA peut donner lieu à de graves lésions hépatiques et, dans certains cas, augmenter le risque de cancer du foie.

SHNA et VIH

Les chercheurs de l’Université McGill ont mené une petite étude exploratoire sur la SHNA auprès de 27 personnes vivant avec l’infection au VIH. Ils ont constaté que la prise de suppléments de vitamine E pendant 24 semaines consécutives pouvait réduire l’inflammation et la mortalité excessive des cellules du foie. Tous ces changements sont des indices de l’amélioration de la santé du foie. En général, la supplémentation en vitamine E s’est révélée sûre. Des études de plus grande envergure et de plus longue durée seront nécessaires pour confirmer les résultats prometteurs de cette étude.

Détails de l’étude

Tous les participants suivaient un TAR et avaient une charge virale inférieure à 50 copies/ml depuis au moins six mois avant de s’inscrire à l’étude.

Les participants ne présentaient aucun des facteurs suivants qui peuvent causer des lésions hépatiques :

  • virus de l’hépatite B ou de l’hépatite C
  • consommation importante d’alcool
  • consommation de drogues

Les chercheurs ont évalué la santé hépatique à l’aide des mesures et tests suivants :

  • Échographie spécialisée appelée FibroScan (fabriquée par la compagnie Echosens de Paris, France) : Pour évaluer les données captées par les échographies, les chercheurs avaient recours à un logiciel conçu pour classer la gravité de la stéatose hépatique.
  • CK-18 (cytokératine-18) : Cette protéine est libérée dans le sang lorsque des cellules du foie meurent. Un taux de CK-18 excessif indique que la santé du foie est anormale et que des cellules hépatiques sont en train de mourir.
  • ALT (alanine aminotransférase) : Un taux supérieur à la normale de cette enzyme du foie porte fortement à croire qu’il y a de l’inflammation dans le foie.

Ces tests et d’autres ont été effectués tout au long de l’étude.

L’étude a duré 72 semaines que les chercheurs ont divisées en trois segments de 24 semaines :

  • Période 1 : les participants étaient suivis, passaient des tests de sang et faisaient l’objet de FibroScan et d’autres évaluations
  • Période 2 : les participants prenaient de la vitamine E à raison de 800 UI une fois par jour, étaient suivis et faisaient l’objet d’évaluations
  • Période 3 : les participants étaient suivis, passaient des tests et faisaient l’objet d’évaluations

Résultats

Durant la période de supplémentation en vitamine E, les résultats des trois évaluations de l’état du foie se sont améliorés. Voici quelques résultats obtenus par l’équipe de McGill à la fin de 24 semaines de supplémentation en vitamine E :

  • Le taux d’ALT est rentré dans la fourchette normale chez 85 % des participants, ce qui suggère une réduction de l’inflammation hépatique. Après l’arrêt de la prise de vitamine E, la normalisation du taux d’ALT s’est poursuivie chez ces participants.
  • La proportion de participants touchés par une forte accumulation de graisse dans le foie a diminué, passant de 67 % au début de l’étude à 41 %.
  • La stéatose hépatique s’est résorbée chez 22 % des participants.

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, toutes les mesures principales utilisées pour évaluer la santé du foie étaient non invasives et indirectes. Chez quatre participants, cependant, les médecins ont prélevé un minuscule fragment de tissu hépatique avant et après l’étude. L’analyse de ces échantillons de tissu a confirmé directement la résorption de la stéatose hépatique.

Innocuité

Onze personnes ont signalé des effets indésirables légers ou modérés au cours de l’étude. Comme cet essai n’incluait pas de groupe témoin traité par placebo ou d’autres interventions, les chercheurs ne pouvaient être certains de la cause des effets indésirables, qui étaient les suivants :

  • fatigue : 2 personnes
  • nausées et crampes abdominales : 2 personnes
  • vue brouillée : 2 personnes
  • maux de tête : 2 personnes
  • étourdissements : 2 personnes
  • démangeaisons : 1 personne

Lors d’une étude contrôlée contre placebo américaine menée auprès de personnes séronégatives atteintes de SHNA, on a constaté que la prise de 800 UI de vitamine E par jour pendant 96 semaines était efficace et généralement sûre (les effets indésirables ressemblaient à ceux éprouvés par les personnes recevant le placebo).

Dans la société plus large

Les chercheurs montréalais s’attendent à voir les lésions du foie attribuables à la stéatose hépatique devenir un plus grand problème chez les personnes séronégatives au cours de la prochaine décennie. Le moteur de cette augmentation réside très probablement dans les tendances croissantes comme l’obésité et le surpoids, ainsi que le prédiabète et le diabète. Il est toutefois important de souligner que les personnes minces sont également sujettes à la stéatose hépatique et à la SHNA dans certaines situations. Dans les cas en question, nombre de facteurs jouent vraisemblablement un rôle, dont la génétique, l’activité physique insuffisante, la difficulté à maintenir une glycémie normale, une alimentation trop riche en sucre, les anomalies des hormones thyroïdiennes et d’autres problèmes hormonaux.

Stéatose hépatique chez les personnes séropositives

Selon les chercheurs de McGill et d’autres instituts, de nombreux facteurs pourraient contribuer au problème de la stéatose hépatique chez les personnes séropositives de nos jours, dont les suivants :

  • prédiabète et diabète
  • taux de cholestérol anormaux
  • hypertension
  • inflammation chronique causée par le VIH (elle semble nuire au foie)
  • exposition à des médicaments anti-VIH plus anciens comme ddI (stavudine, Zerit), d4T (didanosine, Videx) et l’éfavirenz (Sustiva et Stocrin, ingrédient d’Atripla)
  • interruption du TAR

Il importe de souligner que les tendances qui s’observent dans la société plus large chez les personnes séronégatives, soit le surpoids, l’obésité et les problèmes de glycémie, touchent également les personnes séropositives.

À propos de ce dernier point, notons que l’expert en VIH et en métabolisme Giovanni Guaraldi, M.D., de l’Université de Modène en Italie a examiné les résultats de l’étude montréalaise et constaté que près de 80 % des participants étaient en surpoids ou obèses.

Le Dr Guaraldi a également souligné que les médicaments anti-VIH plus anciens comme ddI et d4T n’étaient plus utilisés dans les pays à revenu élevé. En revanche, les inhibiteurs de l’intégrase sont couramment utilisés de nos jours. Selon le Dr Guaraldi, deux essais cliniques ont trouvé une association entre l’inhibiteur de l’intégrase raltégravir (Isentress) et une réduction de la stéatose hépatique. Notons cependant que des inhibiteurs de l’intégrase plus fréquemment utilisés comme le bictégravir (ingrédient de Biktarvy) et le dolutégravir (ingrédient de Dovato, de Juluca et de Triumeq) n’ont pas été évalués formellement pour en déterminer l’impact sur la stéatose hépatique.

Durant l’étude montréalaise, 93 % des participants prenaient un inhibiteur de l’intégrase en combinaison avec deux analogues nucléosidiques. Cependant, comme la plupart d’entre eux vivaient avec leur diagnostic de VIH depuis environ 23 ans, il est probable qu’ils avaient utilisé des médicaments anti-VIH différents au fil des années. Nous ne savons pas à quel moment les participants ont commencé à souffrir de stéatose hépatique. Ces facteurs font en sorte qu’il est difficile de décrire avec certitude l’impact potentiel du TAR (ou des catégories spécifiques du TAR) sur l’apparition de la stéatose hépatique.

Rôle de la vitamine E

Le Dr Guaraldi envisage la vitamine E comme un « traitement de transition » (bridge therapy) que l’on peut utiliser éventuellement pour stabiliser la santé du foie chez certaines personnes séropositives atteintes de stéatose hépatique en attendant l’émergence d’un traitement plus efficace. Face à l’augmentation du risque de stéatose hépatique au sein de la population séronégative, les compagnies pharmaceutiques mettent à l’essai de nombreux composés pour le traitement éventuel de cette affection. Notons cependant que les essais cliniques de ces médicaments excluent les personnes séropositives parce que les compagnies souhaitent généralement mettre leur médicament sur le marché aussitôt que possible, et les personnes séronégatives constituent une population cible beaucoup plus nombreuse.

Avant d’envisager l’usage de médicaments expérimentaux pour le traitement de la stéatose hépatique chez les personnes séropositives, il faudrait commencer par mener des études bien conçues pour déterminer l’innocuité de ces médicaments, ainsi que le risque d’interactions médicamenteuses avec les régimes anti-VIH. Ainsi, selon les estimations des chercheurs montréalais, si les choses évoluent comme d’habitude, il pourrait s’écouler entre sept et 10 ans avant que ces médicaments soient mis à la disposition des personnes séropositives. L’équipe de Montréal envisage aussi la vitamine E comme une option utile pour les personnes séropositives atteintes de stéatose hépatique.

Impact énorme de l’exercice et de l’alimentation

Le point que nous avons soulevé plus tôt à propos du surpoids et de l’obésité revêt une grande importance. Des chercheurs ont mené des études cliniques sur l’exercice physique (aussi simple que la marche) et la réduction de l’apport de calories et de glucides chez des personnes séronégatives souffrant de stéatose hépatique. Le Dr Guaraldi fait valoir que l’impact de telles études peut être considérable. À titre d’exemple, il affirme qu’« une réduction de seulement 7 % à 10 % du poids corporel donne lieu à la résorption de la SHNA dans 64 % à 90 % des cas », selon l’étude en question. De plus, selon le Dr Guaraldi, « on a prouvé que l’activité physique chez les personnes séronégatives atteintes de stéatose hépatique réduisait la mortalité toutes causes confondues [et en particulier] la mortalité associée aux maladies cardiovasculaires et au diabète ».

À l’avenir

L’étude menée par les chercheurs de l’Université McGill sur la vitamine E est un excellent point de départ vers la découverte d’un moyen de venir en aide aux personnes séropositives souffrant de stéatose hépatique et de SHNA. Les chercheurs disposent maintenant de suffisamment de données pour soumettre une demande de financement pour mener un essai randomisé de plus grande envergure dont ils pourront tirer des conclusions solides à l’égard de l’efficacité et de l’innocuité de la vitamine E chez les personnes séropositives (Gaida Sebastiani, M.D., communiqué par écrit).

source : bfmtv

Le Royaume-Uni s’est donné comme objectif de mettre fin à l’épidémie du VIH avant l’année 2030.

source : voltage.fr

 Si les nouveaux traitements ont amélioré le quotidien des personnes atteintes du SIDA, la précarité et l’exclusion sociale à laquelle ils doivent faire face, elle, a malheureusement peu évolué, note sol en si.

Depuis 1990, l’association Sol en Si – pour Solidarité Enfants Sida – se bat pour lutter contre la discrimination et aider les familles touchées par le VIH, le Sida ou les hépatites, à conserver leur cohésion malgré des parcours de vie et de soins parfois très lourds.

Dans ses différents centres, qui abritent aussi des crèches/halte garderies, Sol en Si offre un soutien psychologique, social et matériel aux enfants et à leurs parents.

Elle s’occupe aussi de prévention en milieu scolaire, de formation et d’information ; et depuis 20 ans, intervient en milieu carcéral à la prison des Beaumettes à Marseille.

Pour aider, Sol en Si a besoin de dons, mais aussi de bénévoles pour accompagner les familles, participer aux activités de la crèche ou encore accueillir un enfant pour quelques nuits lors, par exemple, de l’hospitalisation imprévue d’un parent isolé.

 source : catie
  • Une étude française a comparé la fonction neurocognitive des personnes séropositives à celle des personnes séronégatives
  • Les participants séropositifs étaient plus susceptibles d’avoir un certain degré de déficit neurocognitif
  • Toutefois, la plupart des participants ayant un déficit n’éprouvaient que des symptômes légers ou même aucun

Des cas de sida ont été constatés pour la première fois dès le début des années 1980 en Amérique du Nord et en Europe. Durant ces premières années, on a fait l’observation importante selon laquelle de jeunes hommes pourtant en bonne santé commençaient inopinément à présenter une grave déficience immunitaire. Par conséquent, cela permettait à des bactéries, à des champignons et à des parasites opportunistes de profiter de l’état immunitaire affaibli de ces hommes pour dévaster leurs systèmes organiques majeurs, y compris le cerveau.

Durant les premières années de la pandémie, il n’y avait aucune cause évidente pour expliquer la variété de problèmes cérébraux dont certaines personnes séropositives souffraient. Ces problèmes incluaient des difficultés par rapport à la concentration, à la capacité de faire des calculs, à la mémoire et à la faculté de penser clairement (cognition). Avec le temps, les chercheurs ont fini par reconnaître l’infection au VIH comme la cause sous-jacente de ces problèmes. Comme il n’existait à l’époque aucun traitement efficace contre le VIH, les symptômes s’aggravaient continuellement et d’autres problèmes pouvaient apparaître, y compris des difficultés de coordination musculaire et de mouvement, de graves changements de personnalité et, dans les cas extrêmes, la démence.

La situation aujourd’hui

Si l’on revient rapidement au présent, on constate que la grande accessibilité des combinaisons de traitements anti-VIH puissants (TAR) au Canada et dans d’autres pays à revenu élevé a changé radicalement l’univers du sida. Le TAR aide à supprimer le VIH jusqu’à un niveau très faible que l’on qualifie couramment d’« indétectable », et le maintien de l’observance thérapeutique permet de supprimer le virus de façon continue. Cela aide le système immunitaire à commencer à faire des réparations, ce qui fait augmenter généralement le compte de cellules CD4+ jusqu’à un niveau normal, et à prévenir les infections caractéristiques du sida. Pour cette raison, les chercheurs s’attendent à ce que de nombreux utilisateurs du TAR aient une espérance de vie quasi normale.

Grâce à l’utilisation d’évaluations neuropsychologiques approfondies, des études menées à l’époque actuelle ont permis de constater que les lésions cérébrales de faible grade, autrement appelées déficits neurocognitifs, sont relativement courantes chez les personnes vivant avec le VIH. La bonne nouvelle est que la plupart des cas de déficit neurocognitif sont asymptomatiques ou légers de nos jours chez les personnes séropositives dont la charge virale est indétectable grâce au TAR. Qui plus est, des études ont révélé que la démence liée au VIH est relativement rare au Canada et dans les autres pays à revenu élevé parmi les personnes qui maintiennent une charge virale indétectable.

Il est à noter que la plupart des études sur le déficit neurocognitif menées à l’époque actuelle ont porté sur des personnes séropositives relativement jeunes. Il est donc nécessaire que des études longitudinales d’envergure sur des utilisateurs du TAR plus âgés soient menées.

Le vieillissement augmente-t-il le risque de dégénérescence cérébrale chez les personnes vivant avec le VIH?

À mesure que les personnes séronégatives vieillissent, leur risque de connaître un déclin neurocognitif augmente généralement, il est donc logique de s’attendre à une tendance semblable chez les personnes séropositives. De plus, certains neuroscientifiques sont d’avis que le déclin neurocognitif pourrait être plus rapide et plus intense chez les personnes séropositives en raison de l’impact connu du VIH sur le cerveau.

Une étude française : ANRS EP58 HAND 55–70

Afin d’initier un examen de la question du vieillissement et de la fonction neurocognitive, des chercheurs français ont mené une étude bien conçue portant le nom d’ANRS EP58 HAND 55–70. Ils ont recruté 200 personnes séropositives et 1 000 personnes séronégatives âgées de 55 à 70 ans. Chaque participant séropositif a été jumelé au hasard à cinq participants séronégatifs en fonction de son âge, de son sexe et de son niveau de scolarité. Grâce au TAR, toutes les personnes séropositives inscrites à l’étude avaient une charge virale supprimée (moins de 50 copies/ml) et au moins 200 CD4+ cellules/mm3 dans leurs échantillons de sang. Chaque participant a été soumis à une évaluation neuropsychologique approfondie.

Les chercheurs ont constaté un certain degré de déficit neurocognitif chez environ 36 % des participants séropositifs et chez 24 % des participants séronégatifs. Après avoir tenu compte de nombreux facteurs dans leur analyse statistique, ils ont trouvé que l’infection au VIH était associée à un risque accru de déficit neurocognitif. Notons toutefois que la majorité des personnes touchées n’avaient pas de symptômes (asymptomatiques) ou n’éprouvaient que des symptômes légers pour la plupart.

Plus loin dans ce bulletin de Nouvelles CATIE, nous mettons ces résultats en contexte et soulignons des facteurs non reliés au VIH pouvant compromettre le fonctionnement neurocognitif.

Détails de l’étude

Des chercheurs travaillant dans six principaux hôpitaux de France ont recruté des personnes séropositives répondant aux critères suivants :

  • âgées de 55 à 70 ans
  • charge virale inférieure à 50 copies/ml depuis au moins 24 mois avant de s’inscrire à l’étude
  • compte de CD4+ d’au moins 200 cellules/mm3 depuis 12 mois avant de s’inscrire à l’étude

Les chercheurs ont stipulé que les personnes appartenant aux groupes suivants n’ont pas été inscrites :

  • personnes souffrant de confusion
  • personnes ayant des antécédents de maladies cérébrales
  • personnes souffrant de syndromes psychiatriques majeurs
  • personnes ayant subi des traumatismes sensoriels (goût, toucher, odorat, etc.)
  • personnes incarcérées
  • personnes ayant subi une évaluation neuropsychologique détaillée au cours des six derniers mois
  • personnes ne parlant pas couramment le français

Les participants séropositifs ont été recrutés séquentiellement lors de leurs consultations cliniques de routine. Le protocole de l’étude permettait d’assurer qu’environ le tiers des participants appartenaient à chacun des groupes d’âge suivants :

  • 55 à 59 ans
  • 60 à 64 ans
  • 65 à 70 ans

Les personnes séropositives ont servi de groupe de comparaison (également dit groupe témoin) et ont été recrutées d’une cohorte existante appelée Constance. Les membres de la cohorte Constance avaient été sélectionnés au hasard dans la population générale.

Les chercheurs français ont comparé les données se rapportant à chaque personne séropositive à celles de cinq personnes séronégatives dont le profil était semblable par rapport à l’âge, au sexe et au niveau de scolarité.

Les taux de maladies cardiovasculaires et de diabète étaient semblables dans les groupes de personnes séropositives et séronégatives.

En comparant les données des deux groupes, les chercheurs ont constaté que, dans l’ensemble, les personnes séropositives étaient plus susceptibles de :

  • être des « fumeurs de tabac et consommateurs de cannabis actifs »
  • avoir « des taux accrus de maladies cardiovasculaires et d’insuffisance rénale chronique »
  • être « moins actives physiquement »
  • vivre seules
  • être des hommes gais, bisexuels ou autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH)

Chaque personne a subi une évaluation neurocognitive une seule fois. Cela veut dire que nous parlons ici d’une étude transversale pour laquelle les données ont été recueillies à un seul moment dans le temps.

Selon les chercheurs, la prévalence générale des déficits neurocognitifs était la suivante :

  • personnes séropositives : 36 %
  • personnes séronégatives : 24 %

Les chercheurs ont affirmé que « la plupart des individus [atteints d’un déficit neurocognitif] étaient asymptomatiques ». Ils ont également calculé la répartition des différentes classifications de déficits neurocognitifs, avec les résultats suivants :

Déficit neurocognitif asymptomatique (DNA)

  • personnes séropositives : 25 %
  • personnes séronégatives : 19 %

Trouble neurocognitif léger (TNL); cet état peut interférer avec le fonctionnement quotidien jusqu’à un degré léger ou modéré

  • personnes séropositives : 11 %
  • personnes séronégatives : 5 %

Démence

  • personnes séropositives : 1 participant (0,5 %)
  • personnes séronégatives : 3 participants (0,3 %)

source : seronet

Depuis le 1er janvier, la prise en charge des produits en optique et dentaire est intégrée par les complémentaires santé grâce à la réforme « 100 % Santé ». Cette offre concerne les personnes couvertes par une complémentaire santé, y compris les bénéficiaires de la Complémentaire santé solidaire (CSS). Pour les prothèses auditives il faudra attendre encore un an. Concrètement comment ça va se passer ? France Assos Santé et le ministère de la Santé font le point.

 

La réforme du « 100 % santé » continue à se déployer au bénéfice de la santé de tous-tes : après une première étape en 2019 qui a permis de baisser le reste à charge par aide auditive de 200 euros en moyenne et des nouvelles mesures qui ont permis d’améliorer l’accès aux soins dentaires, rappelle un communiqué du ministère de la Santé. Depuis le 1er janvier donc, tous les Français-es bénéficiant d’une complémentaire santé responsable ou de la complémentaire santé solidaire (CSS) peuvent bénéficier d’une prise en charge à 100 % des lunettes (montures et verres) et des soins dentaires (bridges et couronnes) mais également d’une diminution de 250 euros supplémentaire du reste à charge sur les prothèses auditives inclues dans le panier 100 % santé.

En optique

Des montures et des verres, dits de classe A, sans restes à charge pour les personnes couvertes par une complémentaire santé, devront être obligatoirement proposés par l’opticien-ne. Ces verres couvriront tous les besoins de correction et répondent à des critères de qualité technique avec des traitements obligatoires (anti reflet, anti rayures) et esthétique avec l’amincissement. Les personnes auront bien sûr la liberté de choisir d’autres équipements, dits de classe B, à tarifs libres et donc potentiellement avec un reste à charge pour elles, ou bien de panacher par exemple des verres de classe A avec des montures de classe B ou vice-versa.

L’opticien-ne aura l’obligation d’avoir au moins 17 modèles différents de montures en deux couleurs minimum, à proposer aux adultes (10 pour les enfants). Depuis le 1er janvier 2020, tous-tes les opticiens-nes ont l’obligation de présenter un devis comportant au minimum un équipement 100 % Santé.

En dentaire

Actuellement en France, le reste à charge sur les soins dentaires est encore élevé, rappelle le gouvernement. Il se concentre sur les prothèses dentaires, c’est-à-dire les couronnes, les bridges et les dentiers, donnant lieu à un important niveau de renoncement aux soins qui peut avoir des conséquences néfastes sur la santé globale des personnes concernées assurées comme sur leur vie professionnelle et sociale.

Depuis le 1er janvier 2020, huit prothèses dites « fixes » (couronnes et bridges) seront intégralement remboursées :

  • À compter du 1er janvier 2020, tous-tes les chirurgiens-nes-dentistes conventionnés-es doivent systématiquement mentionner dans leur devis un plan de traitement « 100 % Santé » quand il existe. Chaque patient-e est libre de choisir l’alternative thérapeutique qui lui convient au mieux, en ayant pris soin de voir les conditions de remboursement prévues par sa complémentaire santé pour les paniers aux tarifs maîtrisés et libres.
  • À compter du 1er janvier 2021, 50 autres prothèses dites « fixes » (couronnes et bridges) et « amovibles » (dentiers) entreront dans le panier de soins sans reste à charge.

Si le-la chirurgien-ne-dentiste est tenu-e d’informer les patients-es concernés-es des soins proposés dans le cadre du « 100 % Santé » et/ou aux tarifs maîtrisés dans son devis, il n’est pas en revanche dans l’obligation de réaliser lui-même ces actes. Il devra en informer son-sa patient-e.

Concrètement, il existe trois offres différentes en dentaire :

  • l’offre 100 % Santé entièrement remboursée par la Sécurité sociale et la complémentaire santé. Les produits concernés proposent des matériaux en fonction de la localisation de la dent. Par exemple pour les dents visibles jusqu’à la première prémolaire, des couronnes céramo-métalliques blanches sont intégrées au panier de soins. Pour la seconde prémolaire le matériau proposé est le zircone, et pour les molaires, des couronnes métalliques ;
  • l’offre à tarifs maîtrisés avec un reste à charge potentiel mais avec des tarifs plafonnés permettant de le modérer. Cette offre permettra notamment de choisir des couronnes céramo-métalliques ou en zircone sur les molaires du fond, avec un reste à charge modéré ;
  • l’offre à tarifs libres sans plafonnement et pouvant entraîner potentiellement des restes à charge élevés en fonction du contrat de complémentaire santé. Cette offre laissera la possibilité de choisir des matériaux et des techniques particulièrement innovants et de répondre à des critères esthétiques comme la possibilité d’avoir des couronnes céramo-céramiques sur toutes les dents.

Contrairement aux opticiens-nes, le dentiste n’aura pas l’obligation de proposer des produits 100 % Santé, il devra néanmoins indiquer dans le devis l’existence d’ « alternatives thérapeutiques » possibles aux produits qu’il propose.

Les prothèses auditives

Si la prise en charge intégrale ne sera effective qu’en janvier 2021 pour les prothèses auditives, un plafonnement des tarifs, c’est-à-dire un prix limite de vente, ainsi qu’une hausse de la base de remboursement de la Sécurité sociale se mettent en place progressivement depuis 2019, rappelle France Assos Santé. Ainsi, dès janvier 2020, les prothèses auditives de classe 1 (produit 100 % Santé) auront un tarif plafonné à 1 100 euros et une base de remboursement Sécurité sociale de 350 euros. Le reste à charge dépend du contrat de complémentaire santé dont les personnes concernées bénéficient, mais ces évolutions permettent déjà une baisse du reste à charge conséquente. En 2021 le  plafond sera de 950 euros, la base de remboursement Sécurité sociale de 450 euros et le reste sera intégralement remboursé par la complémentaire santé.

Tous les types d’appareils sont intégrés à l’offre 100 % Santé (contour d’oreille, micro-contour et intra-auriculaires). Ils doivent respecter certains critères pour assurer une audition confortable : au moins douze canaux de réglage pour assurer une adaptation efficace à la perte auditive du patient, quatre ans de garantie, au moins trois options parmi les suivantes : système anti-acouphène, connectivité sans fil, réducteur de bruit du vent, synchronisation binaurale, directivité microphonique adaptative, bande passante élargie ≥ 6 000 Hz, fonction apprentissage de sonie, système anti-réverbération.

Des appareils de classe 2, à tarifs libres, pourront être choisis par les usagers-ères, il s’agit généralement d’appareils hautement performants avec des options supplémentaires pour un confort d’écoute optimal. Leurs prix ne sont pas plafonnés mais les contrats responsables des complémentaires Santé ne peuvent rembourser au-delà de 1 700 euros.

Est-ce que les produits de l’offre 100 % Santé sont des produits « low cost », s’interroge France Assos Santé. « Non ! Il était exclu dès le début des négociations de cette réforme de proposer des produits bas de gamme, de mauvaise qualité et inesthétiques qui ne correspondent pas aux besoins et aux attentes des usagers-ères. L’intérêt de cette réforme est bien d’améliorer l’accès aux soins dans ces trois domaines et il aurait été contre-productif de proposer des produits de mauvaise qualité. En outre, tous les produits du panier de soins répondent à des normes de qualités européennes et sont référencés », explique le collectif.

Qui pourra bénéficier de l’offre 100 % Santé ?

« Pour bénéficier de l’offre 100 % Santé sans reste à charge, il est nécessaire d’être couvert-e par une complémentaire Santé. 95% de la population est aujourd’hui couverte, néanmoins ce taux passe à 12 % parmi les populations les plus pauvres, bien que potentiellement éligibles à la Complémentaire santé solidaire (CSS). Ainsi une partie de la population, et notamment les plus précaires n’auront pas de prise en charge intégrale de ces produits, même s’ils bénéficieront du plafonnement des tarifs et de la hausse de la base de remboursement Sécurité sociale », explique le dossier de France Assos Santé.

source : journaldusida

Spécialiste de la santé et de l’accès aux systèmes de soins en France pour les personnes immigrées, Annabel Desgrées du Loû est actuellement impliquée dans le projet de recherche interventionnelle intitulé « Makasi » (1), destiné à favoriser la prévention du VIH auprès des migrants originaires d’Afrique subsaharienne et de la Caraïbe en grande précarité. Entièrement co-construite, co-pilotée et co-réalisée avec des associations et des personnes concernées, Makasi relève de ce qu’on appelle la « recherche communautaire ». Un terme dont Annabel Desgrées du Loû nous précise ici les enjeux et les modalités.

Makasi se situe dans le prolongement de l’enquête « Parcours », consacrée à l’étude des « parcours de vie et santé chez les migrants d’origine d’Afrique subsaharienne vivant en Ile-de-France ». Pouvez-vous nous en rappeler les principaux enseignements ?

Parcours a montré que 35 à 49% des personnes d’origines africaines suivies pour une infection à VIH ont été contaminées après leur arrivée en France, soulignant la nécessité d’un fort travail de prévention auprès d’elles. L’étude a fait apparaître que ces infections étaient largement liées à la précarité imposée aux immigrés quand ils arrivent en France. La majorité d’entre eux passent par une période très instable au plan administratif (avec des moments longs où on se retrouve sans papiers, ou juste avec un récépissé), au plan du logement et dans une moindre mesure au plan financier

L’enquête Parcours relevait-elle déjà de ce qu’on appelle la « recherche communautaire » ?

« Parcours » était un projet de recherche classique, avec une dimension purement descriptive, la construction d’un état des lieux. Mais elle comportait effectivement déjà une dimension communautaire, car, bien qu’entièrement menée par des chercheurs, cette recherche a fait appel dès sa conception à tout un réseau d’associations africaines et caribéennes de lutte contre le VIH qui a eu un rôle de conseil au moment de l’élaboration du projet, de sensibilisation des personnes interviewées lors de la réalisation des enquêtes, et qui a beaucoup aidé à la diffusion des résultats. C’est clairement grâce à ce portage associatif que Parcours a eu une telle résonance. La différence est très nette pour moi par rapport à d’autres recherches que j’ai pu faire. Donc on peut dire que Parcours se situe au premier stade de ce qu’on nomme la « recherche communautaire » : les associations n’étaient pas directement impliquée dans le processus de recherche, mais elles étaient présentes à chaque étape comme facilitatrices.

Makasi constitue une étape supplémentaire dans ce processus de co-construction ?

Oui, tout à fait. À l’issue du projet Parcours, nous autres chercheurs avons eu envie d’aller plus loin, de passer à une recherche plus interventionnelle et plus communautaire, donc co-menée et co-portée par les associations. Le terme de recherche communautaire est assez polysémique (cf. encadré), mais pour vraiment pouvoir le revendiquer, j’estime qu’il faut un partenariat équitable à tous les niveaux entre les chercheurs et les personnes concernées. Makasi associe ainsi les associations Arcat et Afrique Avenir, ainsi que trois unités de recherche : le Centre Population et Développement (CEPED) qui coordonne la recherche, la DIAL – qui est une unité d’économistes spécialisés dans la question du développement –, et ERES – une unité d’épidémiologistes. Le financement du projet lui-même est mixte, puisqu’il associe la Direction générale de la santé (DGS), à travers un appel à projet, et un financement de l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) pour le volet recherche. D’où un mixage des approches à tous les niveaux.

Comment s’est monté le projet ?

L’idée est née au moment de l’AFRAVIH de 2016, durant laquelle il a beaucoup été question de l’enquête Parcours. Comme un appel à projet de la DGS pour expérimenter des modes innovants d’accompagnement à l’autonomie de personnes vulnérables est sorti concomitamment, l’association Arcat a proposé de déposer un projet sur la prévention du VIH et des risques sexuels dans les communautés africaines vivant en Ile-de-France. Et comme on souhaitait promouvoir une démarche d’« aller vers », on a sollicité Afrique Avenir. Ensuite, la première phase a consisté à co-construire l’intervention en lisant, en observant, en réfléchissant entre nous. Nous nous sommes collectivement informés sur ce qui se faisait dans d’autres pays en matière d’empowerment auprès des populations – par exemple, sur des actions menées aux Etats-Unis dans les salons de coiffure fréquentés par des Afro-Américains – car c’est dans ce sens d’un outillage des populations concernées que nous souhaitions aller. Nous avons fait le constat que s’il existe beaucoup d’initiatives en France pour les migrants, ces différents services ne sont pas coordonnés et sont souvent peu connus des migrants.

En quoi consiste aujourd’hui le projet Makasi ?

Nous testons actuellement une intervention assez légère sur le camion d’Afrique Avenir, qui propose des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD). Quand les personnes y passent un TROD, on leur fait remplir un questionnaire qui permet de repérer les plus vulnérables d’entre elles, que ce soit pour des questions de papiers, de travail, de logement ou de risques sexuels). Lorsqu’on repère une personne présentant des facteurs de vulnérabilité on propose le dispositif d’intervention ponctuelle Makasi qui consiste en une demi-heure de discussion avec une travailleuse sociale. Celle-ci fait le point sur les besoins de la personne, demande à celle-ci de les prioriser, et lui donne des conseils et des adresses clés sur ces points. Comme la précarité des premières années en France est directement associée au risque d’être infecté par le VIH (multipartenariat ou partenariat « transactionnel », c’est-à-dire des relations sexuelles en échange d’un toit, par exemple, notamment pour les femmes NDLR), Makasi tente d’outiller ces publics pour qu’ils sachent comment sortir de ces épisodes et qu’ils comprennent la nécessité de prendre soin de leur santé. Une évaluation à trois et six mois de cette action est effectuée, pour voir où ils en sont.

Les intervenants du projet sont-ils issus de ces communautés africaines ?

Oui, les intervenantes Makasi en sont issues. Par ailleurs, nous avons recruté deux pairs-aidants début septembre (2) pour effectuer de l’orientation active des personnes parmi les plus fragiles vers les services dont elles ont besoin (appelé navigation en santé, NDLR) Nous pensions initialement que les travailleuses sociales et médiatrices en santé de Makasi s’en chargeraient, mais il s’avère qu’elles n’en ont pas le temps (3). Ce sont donc les pairs-aidants qui le feront. Dans le cadre d’un projet comme Makasi, comme la recherche est menée sur et à partir d’une intervention donnée, on s’autorise à apporter des adaptations au cadre au fur et à mesure, cela fait partie du processus de recherche.

Comment décririez-vous ce qu’apporte la dimension communautaire à ce type de projets ?

Je suis convaincue qu’on ne peut pas faire de recherche interventionnelle auprès de ces publics si on n’est pas dans une approche communautaire. La recherche académique permet une compréhension fine des communautés, des enjeux, mais cela passe par un regard extérieur, dont la portée reste académique. C’est indispensable, mais ce n’est pas suffisant. Les questions que nous abordons se posent dans des groupes de population particuliers, qu’il faut savoir approcher, mettre en confiance. Ce sont vraiment les associations qui sont à même de mener cette action, avec leur savoir-faire. Nous leur apportons de nouvelles idées – c’est très positif, car les acteurs de terrain sont souvent noyés dans leur pratique quotidienne –, mais elles seules peuvent nous dire ce qui est faisable ou pas. En plus, notre recherche porte sur de l’empowerment : il ne s’agit pas juste d’apporter un service aux gens mais de voir quel est leur niveau de maîtrise de leur propre vie. C’est inséparable d’un aller vers, d’une vraie proximité avec les personnes.

La recherche communautaire se développe-t-elle beaucoup dans le secteur de la santé ?

Elle est très pratiquée dans le champ du VIH et je la vois arriver sur d’autres questions de santé. Il y a par exemple de la recherche interventionnelle autour du cancer, avec des associations de patients. Mais ce n’est pas le cas de toutes les pathologies car il faut que les patients se soient constitués en associations. Ce que l’on peut dire c’est que ce type de recherche est très exigeant, il prend beaucoup d’énergie et de temps. Mais c’est passionnant de croiser les regards et les savoir-faire.

(1) Le projet Makasi est porté conjointement par Arcat et Afrique Avenir.
(2)  Le recrutement était effectué dans le cadre du programme Repair.e.s d’Arcat, soutenu par la fondation Sanofi espoirs.
(3) Le territoire d’action comprend le nord-est de Paris et la Seine Saint Denis.

source : seronet

Forte inquiétude. C’est ce qu’indique France Assos Santé dans un communiqué (2 décembre) concernant le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2020). Le collectif explique que « le rationnement » s’invite dans la future loi concernant l’accès aux médicaments. Ce sont les ATU (autorisations temporaires d’utilisation) qui font l’objet de l’inquiétude.

ATU :  un dispositif qui a fait ses preuves

Le dispositif des ATU constitue un « cadre exceptionnel permettant aux personnes malades d’obtenir un accès à des médicaments avant leur autorisation de mise sur le marché (AMM) ». Ce dispositif a été créé face aux urgences thérapeutiques de l’épidémie de VIH/sida, rappelle le collectif. Les ATU répondent à des urgences vitales ou à l’absence de traitement approprié pour des personnes atteintes de maladies rares ou graves comme le cancer et pour pallier le manque cruel de traitements appropriés pour les enfants, détaille France Assos santé. Il existe les ATU nominatives (ATUn). Elles sont demandées pour une personne par un médecin. Les ATU de cohorte (ATUc) sont délivrées pour un groupe de patients-es répondant à certains critères définis par l’Agence nationale de sécurité du médicament.

Un dispositif utilisé à des fins lucratives par les laboratoires

Le problème est que ce « précieux outil » qui sauve des vies est trop souvent « utilisé par certains industriels [du médicament, ndlr] pour peser dans les négociations de prix et générer des profits excessifs ». C’est le laboratoire qui fixe lui-même son prix. « Des mesures correctrices sont régulièrement proposées pour répondre à cet enjeu majeur : faciliter l’accès aux traitements tout en maitrisant la négociation des prix », indique France Assos Santé. Le collectif se dit aujourd’hui « particulièrement inquiet des nouvelles dispositions discutées dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (article 30) qui rabotent ce dispositif et génèrent de sérieuses pertes de chance pour les patients-es ». Ces propositions « amèneraient – entres autres – à limiter le nombre de personnes bénéficiant d’ATU nominatives. Les patients-es n’auront donc pas accès à certains traitements au-delà de quotas fixés par arrêté ministériel. Un rationnement est donc officiellement proposé et nous nous interrogeons sur l’éthique de cette mesure », interroge le collectif. « Le gouvernement fait aujourd’hui fausse route, nous demandons aux parlementaires de rejeter ces sombres dispositions », conclut France Assos Santé.

source : seronet

 

Dans un communiqué (2 décembre dernier), le ministère de la Santé a annoncé la création « officielle » du Health data hub. Les nouveaux outils numériques, comme le traitement de masse des données de santé et l’intelligence artificielle (IA) vont permettre d’importants progrès dans l’accompagnement des personnes malades, dans l’évaluation et le choix des traitements et la gestion du système de santé, indique le ministère.

Le 31 mars 2019, le Président de la République avait lancé un plan « intelligence artificielle » pour que la France devienne un leader dans ce domaine. Par ailleurs, la France possède une recherche en médecine et en mathématiques appliquées, une base de données médico-administratives, de nombreuses cohortes, notamment dans le VIH et les hépatites virales, registres et données hospitalières, ainsi qu’un écosystème de start-ups dans ces domaines très actif. Du côté du gouvernement, on estime qu’il manquiat une structure permettant de mettre en synergie l’ensemble de ces données et en faire ainsi un outil plus performant. Cela passe, du point de vue des pouvoirs publics, par la création d’une infrastructure clef, d’un système de base de données et de services liés.

Health data club : croiser les base de données de toute la France

C’est le « Health data hub » qui permettra de croiser les bases de données de santé dont la France dispose et de faciliter leurs utilisations par les nombreuses équipes de recherche et de développement avec un respect total de la vie privée des personnes usagères du système de santé. À partir d’une feuille de route établie avec l’ensemble des parties prenantes, les infrastructures juridiques et techniques ont été développées, rappelle le ministère de la Santé. En juillet dernier, la loi relative à l’organisation et la transformation du système de santé a formalisé la création de la future infrastructure sous la forme d’un groupement d’intérêt public : la Plateforme de données de santé (ou Health data hub). Cette structure est donc officiellement créée. Les textes relatifs à sa création ont été publiés le 30 novembre 2019.

 

Dans quelques semaines, la plateforme technologique sera ouverte aux premiers projets et un premier catalogue de bases de données sera mis à disposition des chercheurs-euses, mais aussi des associations de patients-es et citoyens-nes, des institutions, des start ups, et des différentes parties prenantes du secteur de la santé, indique le gouvernement. Cette plateforme bénéficie d’un haut degré de sécurité et ne pourra conserver que des données non nominatives, veut rassurer le ministère de la Santé. La ministre de la Santé a fixé les premiers axes de la feuille de route du Health data hub. Il devra, d’ici 2022, « enrichir le catalogue de données, déployer une offre attractive de services pour faciliter le traitement et l’usage des données, informer les usagers du système de santé et leur faciliter l’exercice de l’ensemble de leurs droits et d’acquérir une visibilité nationale et internationale ». C’est l’institut national des données de santé qui est le précurseur du GIP ; à noter que le représentant de France Assos Santé assure les fonctions de vice-président du Health data hub.

source : seronet

Depuis le mois de novembre, des personnes vivant avec le VIH rapportent des problèmes pour récupérer leur traitement habituel en pharmacie. Ces problèmes ont fini par remonter auprès des collectifs de patients-es, comme le TRT-5.

Selon les militants-es, on dénombre plusieurs cas d’approvisionnement aléatoires : après une première alerte sur le Sustiva (dans sa version princeps) puis deux médicaments du laboratoire MSD (Isentress et Pifeltro, noms commerciaux), il y aurait désormais une difficulté pour obtenir du Triumeq (laboratoire ViiV) depuis fin novembre. Après enquête, le TRT-5 explique que ces ruptures s’expliquent par de mauvaises communications et des décalages dans la distribution entre laboratoires et grossistes répartiteurs, qui tardent eux-mêmes à livrer les officines de ville.

Pas de pénuries d’ARV mais une inquiétude

Pas de problème de fabrication ou de pénurie à proprement parler, mais un phénomène inquiétant et préjudiciable pour les personnes. Tous-tes les acteurs-rices s’accordent sur le fait que le problème est multifactoriel. Et cela n’est pas sans effet, ainsi un quart des Français-es s’est déjà vu refuser la délivrance d’un médicament ou d’un vaccin pour cause de pénurie, selon une enquête publiée en janvier 2019 à l’initiative de France Assos Santé. Face à cette situation, quelques conseils habituels : lancer la procédure Numéros d’urgence (48 heures grâce à un coursier envoyé par le labo), le recours à une autre pharmacie ou à l’hôpital en cas d’urgence.

Aussi, il ne faut pas hésiter à aller chercher ses médicaments une semaine avant l’échéance, afin de pouvoir trouver des solutions de recours en cas de ruptures d’approvisionnement temporaires. Si vous êtes témoin ou personnellement concerné-e par ces problèmes d’approvisionnement, vous pouvez signaler tout problème d’accès sur l’observatoire des ruptures du TRT-5 prévu à cet effet.

source : le matin

Les 13e Assises nationales de l’Association de lutte contre le sida (ALCS) ont été l’occasion de repenser la stratégie et les missions de l’institution dans la lutte contre ce fléau, selon une approche basée sur le droit à la santé et les principes universels des droits de l’Homme.

L’Association de lutte contre le sida (ALCS) a tenu, du 10 au 12 janvier, ses treizièmes Assises nationales, placées sous le thème «La délégation des tâches pour mettre fin au VIH». Cette rencontre, qui a eu lieu deux ans après les dernières Assises nationales de l’association, a eu pour objectif d’examiner les nouveautés et avancées enregistrées dans le domaine de la lutte contre le VIH et les hépatites, que ce soit au niveau scientifique ou en matière d’action sociale de prévention et de lutte contre cette maladie.
Les treizièmes Assises nationales, organisées en collaboration entre les sections de l’ALCS d’Oujda et de Nador, ont également été une occasion de repenser la stratégie et les missions de l’ALCS dans la lutte contre ce fléau, selon une approche basée sur le droit à la santé et les principes universels des droits de l’Homme, indiquent les organisateurs.

L’importance de la délégation des tâches chez l’ALCS

Intervenant lors de la séance d’ouverture de ces assises, tenue vendredi dernier, le président de l’ALCS, Mehdi Karkouri, a mis l’accent sur l’importance du principe de délégation des tâches, recommandé depuis 2006 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et consacré par la conférence internationale d’Addis-Abeba en 2008, et qui a prouvé son efficacité dans l’organisation des services de soins visant la lutte contre le sida. «Ce principe met l’accent sur la flexibilité dans la délégation des tâches non seulement au personnel médical non spécialisé, mais également au personnel paramédical, aux cadres de santé (pharmaciens, techniciens de laboratoire et tout personnel intervenant dans les soins liés au VIH) et aux agents communautaires, y compris les personnes vivant avec le VIH. La délégation des tâches permet de gagner du temps, améliorer le suivi des patients et surmonter la problématique du manque en ressources humaines et financières destinées à la lutte contre le Sida et les hépatites virales», a souligné Karkouri. Et d’ajouter que «Ces assises nationales, qui ont connu la participation de quelque 300 militants de l’association, bénévoles, représentants des institutions partenaires et des experts du Maroc et d’autres pays, constituent une occasion pour approfondir la réflexion autour de la délégation des tâches, afin de déterminer les domaines où ce principe peut être appliqué avec succès, déterminer les conditions de sa réussite et jeter les bases d’une mobilisation sociétale autour de ce thème».

Donner un rôle  aux personnes vivant avec le VIH

De son côté, la présidente de la Coalition internationale sida et ancienne présidente de l’ALCS, Hakima Himmich, a exprimé sa satisfaction de voir l’ALCS continuer sur sa lancée depuis 32 ans en tant qu’acteur essentiel dans ce domaine à l’échelle nationale, régionale et internationale, notamment en tant que membre fondateur de la Coalition. «L’objectif commun des membres de cette organisation internationale est de donner aux personnes vivant avec le VIH et en communautés à risque le rôle clé qu’elles doivent jouer dans la riposte au sida», a-t-elle relevé, notant que ces communautés sont désormais reconnues pour leur rôle très spécifique et impactant qu’elles jouent en tendant la main aux personnes les plus vulnérables, stigmatisées et souvent criminalisées, et qui sont les plus touchées par les épidémies.
Cette rencontre a été marquée par l’organisation de plusieurs tables rondes et ateliers autour de thèmes liés à la délégation de tâches, le VIH et les hépatites virales, avec un accent mis sur les expériences innovantes et le rôle des associations communautaires dans ce domaine. Au cours de ces Assises, un exposé sur le thème «La dépénalisation : une condition incontournable pour répondre aux défis de santé, des droits humains et de développement liés aux drogues», a également été présenté par Juan Fernandez Ochoa, du Consortium international sur les politiques des drogues.