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source : alternatives humaines

 

Malgré les progrès scientifiques, le VIH continue de tuer près de 800 000 personnes et d’en infecter 1,7 millions chaque année. Allouer à cette lutte des ressources financières reste donc une nécessité, tant l’enjeu est grand de maintenir dans les soins plus de 37 millions de personnes tout au long de leur vie. Mais parce que le VIH est aussi un puissant révélateur d’inégalités, on doit y répondre par de nouvelles alliances entre ONG pour poursuivre un combat hautement politique.

Il y a trente-six ans de cela, en 1983, une équipe de chercheurs français découvrait le virus du sida, le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), virus mortel qui a tué depuis le début de l’épidémie 32 millions de personnes et en a infecté 75 millions(1). Si l’infection par le VIH conduisait inévitablement à la mort faute de traitements efficaces, la donne a changé à partir de 1996 grâce à l’arrivée des trithérapies, traitements antirétroviraux combinant trois molécules. Pour ceux qui y ont accès, et qui en supportent les effets indésirables, commence alors une nouvelle période : on ne meurt plus du sida, on vit avec, plus ou moins bien, en prenant des médicaments quotidiennement et pour le restant de ses jours.

Pendant plusieurs années, comme pour la plupart des traitements efficaces quelles que soient les pathologies, ces traitements ne restent bien sûr accessibles que dans les pays à revenus élevés. Mais un formidable et puissant mouvement communautaire, forgé sur les cinq continents par les personnes vivant avec le VIH, va s’emparer de la question de l’accessibilité financière aux traitements antirétroviraux, et va changer là aussi la donne pour des millions de malades à travers le monde.

La force d’une communauté

Ce mouvement, supporté par des alliés issus du monde de l’humanitaire et de la recherche, va se battre pour obtenir l’accès à des médicaments à bas coûts et à large échelle, notamment sur l’ensemble du continent africain où vivent plus de 70 % des personnes infectées par le VIH dans le monde. Un combat qui passe par un vibrant plaidoyer international, mais également par l’arsenal juridique, comme celui qui fera céder 39 industries pharmaceutiques en 2001 face à une association sud-africaine majeure, Treatment Action Campaign, et à Médecins Sans Frontières. La victoire de ces derniers, grâce à une mobilisation internationale sans précédent et à une expertise technique construite au fil du temps, permettra enfin de faire appliquer une loi datant de 1997 autorisant le gouvernement sud-africain à fabriquer ou à importer des médicaments ARV à moindre coût et d’accélérer ainsi l’accès aux génériques dans ce pays comptant ses morts par centaines de milliers.

La même année, en 2001, à la veille de l’Assemblée générale des Nations unies, le directeur de l’USAID estime que les Africains, n’ayant pas de montre, ne pourront pas être aptes à suivre des traitements contraignants à prendre à des heures précises. Fort heureusement, des acteurs politiques et internationaux considèrent qu’il est temps de passer à l’action pour déployer l’accès aux ARV pour les pays les plus démunis. Sous l’impulsion de Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, ou de Jacques Chirac (qui sera à l’origine du Fonds de solidarité thérapeutique en 2001), le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est créé en 2002. Depuis cette date, ce sont plus de 32 millions de vies qui ont été sauvées grâce aux programmes financés par le Fonds, sur la base des contributions d’une soixantaine de pays donateurs, ainsi que des partenaires privés comme la Fondation Bill et Melinda Gates. Cet outil de financement multilatéral a directement contribué à faire baisser de 40 % le nombre de décès dus au sida, à la tuberculose et au paludisme depuis 2002. Souvent accusé d’avoir travaillé en silos et favorisé une approche par pathologie, il a progressivement augmenté la part de ses financements dédiée à l’amélioration des systèmes de santé, y consacrant annuellement plus d’un milliard de dollars. Au-delà des programmes visant à contribuer à l’amélioration de l’accès aux outils de prévention et aux traitements pour les trois pathologies, le Fonds mondial se distingue par l’attention qu’il porte au rôle joué par les communautés les plus touchées par le VIH et la tuberculose. Il en va notamment des personnes les plus exclues et discriminées telles que les usagers de drogue, les travailleuses du sexe, ou les personnes homosexuelles. Il soutient des actions permettant de défendre les droits humains, dont le non-respect constitue un obstacle majeur à l’accès aux services de santé, de même que des approches basées sur le genre permettant aux jeunes filles et aux femmes d’avoir un accès aux outils de prévention et aux traitements, dans le cadre d’une offre de service englobant la santé sexuelle et reproductive. Enjeu d’autant plus crucial lorsqu’on sait que le VIH/sida demeure la première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 44 ans dans le monde.

Des besoins financiers permanents

Malgré ces investissements considérables, un net recul de la mortalité et des progrès de la science indéniables, le VIH continue de tuer près de 770 000 personnes par an et en infecte 1,7 million dans le monde, avec une augmentation de ces infections dans un certain nombre de pays, notamment en Europe de l’Est. Sur les 37,9 millions de personnes vivant avec le VIH en 2018, un peu plus de 23 millions d’entre elles ont accès à un traitement.

Face à cette pathologie qui ne guérit pas, mais qu’il s’agit de contrôler tout au long de sa vie, les défis au niveau mondial sont majeurs. Si nous souhaitons progresser vers le 3e objectif de développement durable (l’accès à la santé) et l’objectif « 3 × 95(2) » fixé par l’ONUSIDA pour 2030, il s’agira non seulement de mettre au moins 10 millions de personnes supplémentaires sous traitement dans les dix prochaines années, mais également de trouver les financements internationaux et nationaux pour maintenir a minima33 millions de personnes sous traitement jusqu’à la fin de leurs jours. À l’heure où l’Organisation mondiale de la santé s’alarme des poches de résistances qui émergent dans 12 pays du monde, rendant certains traitements disponibles inefficaces face au virus(3), il s’agit aujourd’hui de décupler les efforts pour s’assurer que les progrès accomplis en termes de baisse de nombre de décès et de nouvelles infections ne soient pas vains.

C’est notamment pour cette raison que s’est tenue à Lyon les 9 et 10 octobre dernier la 6e conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial, avec pour objectif de rassembler au moins 14 milliards de dollars pour couvrir une large partie(4) des besoins du prochain cycle de financement 2020-2022 de ce bailleur multilatéral. Avec un objectif presque atteint (80 millions manquent encore à l’appel), nous pouvons bien entendu considérer cette conférence comme un succès quasi inespéré, au vu de la difficulté aujourd’hui de mobiliser les gouvernements sur la question du VIH malgré les défis qui restent à relever.

En dépit de ce succès, les acteurs associatifs et communautaires, piliers historiques de la lutte contre le sida dans le monde entier, ne peuvent qu’exprimer leurs inquiétudes malgré les milliards évoqués à l’instant. Des inquiétudes face aux choix de financement qui s’opèrent dans la lutte contre le sida, face à la « course aux chiffres » des « 3 × 95 » tendant à occulter le fait que le VIH n’est pas qu’une pathologie médicale, mais également une pathologie sociale discriminante. Des inquiétudes face à la montée ou à la résurgence des inégalités, des processus d’exclusion et de discrimination qui ont fait, et font toujours, le jeu de l’épidémie de VIH, en France et dans le monde.

Des inquiétudes persistantes

Quels que soient les progrès de la recherche, quels que soient le niveau d’amélioration des systèmes de santé et les milliards annoncés, tout ceci sera vain si les personnes n’ont pas accès à ces services de santé, ou en sont rejetés, simplement parce qu’ils ou elles sont homosexuels, lesbiennes, usagers de drogues, travailleuses du sexe, incarcérées, transgenres ou immigrées. Tant que les personnes ne sont pas en mesure d’identifier des lieux sécurisés pour parler de sexualité, tant qu’elles sont victimes de violences basées sur le genre, tant que des gouvernements leur dénient des droits fondamentaux, l’épidémie ne reculera pas…

Et il n’est pas hélas nécessaire de regarder très loin pour constater les effets délétères d’une politique excluant des soins des personnes déjà fragilisées par des parcours de vie difficile. Les politiques liées à l’immigration en France depuis plusieurs années placent les personnes concernées dans des situations de grande précarité les exposant encore plus au risque de contamination par le VIH. Rappelons ainsi que les personnes originaires d’Afrique subsaharienne et vivant avec le VIH ont été contaminées en grande partie après leur arrivée en France, comme l’ont démontré les études menées dans le cadre de l’enquête Parcours ANRS(5). Et nous ne pouvons que nous inquiéter face aux menaces pesant sur les principes fondamentaux de l’aide médicale d’État, risquant de dégrader encore un peu plus la santé des personnes concernées.

Plus globalement, en France comme à l’étranger, les associations constatent les difficultés de pouvoir continuer de financer des postes essentiels dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH et ne relevant pas de fonctions purement médicales : médiation en santé, prévention par les pairs, aide au maintien dans le parcours de soins, appui social et juridique… Ces postes fondamentaux ont fait le succès de la lutte contre le sida dans de nombreux pays et ont souvent été occupés, et le sont encore, par des personnes directement touchées par le VIH et issues des communautés concernées.

Les financements disponibles aujourd’hui sont prioritairement dédiés aux actions de dépistage du VIH, ainsi qu’à l’achat de traitements antirétroviraux et au paiement des salaires du personnel médical. Il est certain que tout démontre aujourd’hui qu’une connaissance aussi rapide que possible de son statut sérologique et une mise sous traitement précoce sont indispensables pour espérer mettre un terme à l’épidémie de VIH, notamment depuis qu’a été scientifiquement prouvé qu’une personne sous traitement efficace ne peut plus transmettre le virus par voie sexuelle.

Mais les ressources humaines en santé dans le monde sont insuffisantes pour répondre aux défis qui nous attendent dans la lutte contre le sida. Sans compter qu’un nombre croissant de personnes vivant avec le VIH seront, ou sont déjà, confrontées à l’avancée en âge et à la survenue de maladies cardiovasculaires ou de cancers liés aux effets délétères de certains traitements pris sur le long terme ou à la persistance d’un état inflammatoire dû à la présence du VIH.

Pour pouvoir répondre à tout cela, il sera bien entendu nécessaire de renforcer les systèmes de santé et de décloisonner les services, mais il faudra aussi exploiter, au sens positif du terme, l’expertise des patients, des personnes concernées, non seulement dans la gestion de leur(s) propre(s) pathologie(s), mais également dans l’accompagnement de leurs pairs… Chacun sait à quel point cette expertise partagée permet aux personnes de mieux connaître leur pathologie et leurs traitements, d’adhérer à ces traitements et d’en connaître les bénéfices pour leur santé, celle de leurs partenaires sexuels et celle de leurs enfants… Cette expertise non médicale rend possible l’accès à un parcours de santé globale et de s’y maintenir.

Mais cette expertise doit être valorisée et rémunérée, telle qu’elle l’est actuellement lorsque ces personnes occupent des fonctions aussi diverses que médiateurs de santé, agents de santé communautaire, conseillers psychosociaux… Tous ces postes ont, partout dans le monde, un impact considérable tant sur le plan de la prévention que sur l’accompagnement de personnes porteuses de pathologies chroniques comme le VIH, le diabète et de nombreuses autres maladies non transmissibles.

Il nous reste encore un chemin sinueux à parcourir, semé d’embûches et de vents contraires avant de pouvoir parler de fin de l’épidémie de VIH. Grâce aux progrès de la recherche et aux traitements antirétroviraux, le virus du sida, bien qu’encore présent, est maintenant devenu « indétectable ». Mais face aux défis qui nous attendent, si une chose ne doit pas devenir indétectable, c’est bien notre lutte face à l’épidémie qui persiste, nos combats pour un monde plus égalitaire et moins excluant. Pour cela, et pour être détectables, entendus et convaincants, nous devrons renforcer nos alliances entre ONG, au-delà de nos propres spécificités d’actions, et mener un plaidoyer et un combat politique communs. Cette alliance a porté ses fruits lors de la dernière conférence du Fonds mondial avec l’action menée en France par une dizaine d’associations et ONG issues d’horizons divers. Elles ont su mettre de côté leurs spécificités pour porter un plaidoyer commun fort et politique auprès du gouvernement français. Cette alliance se crée aujourd’hui également pour défendre, en France, l’aide médicale d’État. Elle se traduit également par des liens renforcés avec les acteurs de la recherche qui apportent de leur côté les preuves scientifiques constitutives d’un plaidoyer renforcé et argumenté. Sans ces alliances, sans ces combats politiques forts, nous resterons relégués au rang d’observateur d’un monde aux inégalités croissantes.

 

source : lemonde

Depuis plus de vingt ans, l’association vient en aide aux femmes africaines séropositives qui arrivent « fracassées » en France.

Le jaune et le bleu pétants de la salle de restaurant font oublier la grisaille de janvier qui colle aux rues de Saint-Denis, en proche banlieue parisienne. A deux encablures du Stade de France, dans un immeuble barbouillé par la pluie, se niche l’association Ikambéré. Là, une vingtaine de femmes africaines sont attablées et discutent en attaquant l’entrée composée de légumes frais et d’un demi-œuf dur. Un délicieux poulet braisé aux herbes suivra avec compotée d’oignons, fondue de poireaux-carottes et riz, avant de terminer avec une poire parfumée à souhait. Le soin apporté à la qualité du repas, jusque dans sa présentation, illustre l’ambition première du lieu : accueillir, réconforter, respecter, avant même de trouver un endroit où dormir.

Pour plusieurs de ces migrantes au regard encore baissé, ce déjeuner sera le seul repas de la journée. Certaines n’ont pas osé quitter leur manteau, comme en transit perpétuel malgré l’accueil bienveillant. Aucune exigence horaire pour venir se restaurer. Même à 17 heures, on trouve toujours quelque chose à bricoler en cuisine pour ces femmes en grande précarité. De Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Mali ou du Niger, elles sont parvenues en France par l’Espagne via le Maroc ou par l’Italie via la Libye. Beaucoup sont passées par la terrible traversée de la Méditerranée « pour tenter d’avoir un avenir », explique Mariam, récemment débarquée du continent où elle a laissé son mari et son fils de 7 ans.

Mais, ajoutant à la souffrance d’avoir quitté leur famille et subi racket, séquestration, esclavagisme, violences sexuelles et parfois des deuils au long d’un parcours migratoire de plusieurs années, ces femmes découvrent à leur arrivée en France qu’elles sont séropositives.

« J’étais comme morte pour les autres »

« Le repas est le cœur battant d’Ikambéré. Il nourrit le corps, mais aussi le cœur de ces femmes qui arrivent fracassées », écrit Annabel Desgrées du Loû, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), dans le livre sensible qu’elle a consacré au travail de l’association. Sorti fin 2019, Ikambéré, la maison qui relève les femmes raconte un modèle de solidarité qui permet à ces migrantes subsahariennes de retrouver leur autonomie en leur donnant les clés pour s’installer en France et vivre avec leur maladie. Pas d’assistanat ni d’infantilisation, les femmes sont tout de suite invitées à agir pour retrouver du courage.

« Elles n’ont parfois besoin que d’un petit coup de pouce, explique Bernadette Rwegera, directrice et fondatrice d’Ikambéré. Mais elles sont tellement accablées qu’elles ne savent pas par où commencer. On les aide à tout mettre à plat. Le secret d’Ikambéré, c’est d’apprendre des autres. Ici, notamment durant le repas, les femmes découvrent que d’autres femmes, porteuses comme elles du VIH, font des projets. »

C’est à l’occasion d’une visite à l’hôpital pour leur trithérapie qu’elles sont orientées vers I’association. Ici, tout est fait pour qu’au choc de la maladie ne s’ajoute pas celui de la stigmatisation. On écoute, on console, on désamorce les tabous liés au sida, encore très puissants. Car « découvrir qu’elles sont porteuses du VIH après un itinéraire vraiment rude peut les anéantir », explique Bintou Fofana, assistante sociale à Ikambéré.

« Quand les gens savent que tu as le VIH, c’est comme si tu devenais handicapée », témoigne Eva, Camerounaise de 38 ans qui a laissé deux filles au pays : « J’étais comme morte pour les autres et à l’intérieur aussi, je pensais que tout était fini. » Eva avait trouvé refuge chez son frère en arrivant à Paris, mais il a découvert sa séropositivité et sa belle-sœur a eu peur qu’elle contamine leurs enfants. Eva s’est retrouvée à la rue du jour au lendemain. « Je viens à Ikambéré depuis deux mois et demi. Ici, je vois des filles plus avancées que moi. Je ne suis plus seule, j’ai commencé à reprendre espoir, dit-elle en osant un demi-sourire. Ikambéré est plus qu’une maison d’accueil, plus que des amies, c’est devenu ma famille. Il n’y a que dans une famille que tu peux parler de choses aussi intimes. »

« L’information, c’est notre arme de guerre »

Le déjeuner est l’occasion de côtoyer des femmes qui ont progressé dans leurs démarches, d’autres qui ont été régularisées, ont trouvé une formation, un travail, un logement, mais aussi d’anciennes migrantes âgées, venues en soutien, qui se qualifient de « femmes-roseaux » pour leur résistance à l’adversité. « Le sida voulait nous emporter mais il n’a pas pu, résume l’une d’elles. Nous sommes toujours debout. » C’est tout un système de paires qui se met en place pour que chaque femme puisse mesurer ses progrès à l’aune d’une autre qui s’en est sortie.

A Ikambéré, la personne tout entière est prise en considération. Eva, Mariam et Kariatou se dépêchent de finir leur café pour participer à l’atelier d’expression corporelle, où elles vont pouvoir « oublier leurs soucis », explique Mai Ishiwata, danseuse franco-japonaise qui intervient pour le théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis : « Certaines sont assises au début, mais se mettent en mouvement par contamination. Il y a beaucoup de joie, de rires et d’encouragements mutuels. La bienveillance domine. Elles ne sont pas du tout gênées par le regard des autres. »

Demain, elles pourront apprendre à lire et à écrire, l’informatique, feront de la gymnastique ou du yoga avec Luc, le lendemain Shérifo, maître tailleur, leur apprendra à coudre, un autre jour Elodie l’esthéticienne les prendra en main pour les aider à restaurer une belle image d’elles-mêmes. Petit à petit, les femmes redressent la tête et le corps, trouvent des espaces de liberté où elles peuvent parler sexualité, suivi thérapeutique, éducation, ménopause. « Ici on entre en pleurant, on sort en riant ! », ont coutume de dire les bénéficiaires. « Mais tout n’est pas qu’une question de partage,explique Rose Nguekeng, médiatrice en santé sexuelle au sein d’Ikambéré. L’information, c’est le pouvoir, c’est notre arme de guerre dans la lutte contre le sida. »

« Cette expérience rappelle que prendre en charge un malade dépasse largement le cadre médical », explique Annabel Desgrées du Loû. Spécialiste en sciences sociales de la santé, la chercheuse a passé une journée par semaine, durant un an, au sein d’Ikambéré pour son livre : « Bien au-delà de la question médicale, le cœur du sujet était de raconter comment les femmes peuvent retrouver le pouvoir sur leur vie. »

Une permanence dans douze hôpitaux

Ce modèle d’autonomisation s’est construit grâce à la personnalité exceptionnelle d’une femme : Bernadette Rwegera. Rwandaise installée en France depuis 1989, elle rêvait plutôt de haute couture après des études d’ingénierie en textile à Kigali. L’explosion de l’épidémie de sida, dans les années 1990, qui prend en Afrique un tour tragique et dont les femmes sont les premières victimes invisibles, va la dérouter. Elle est touchée de près puisque sa propre sœur est emportée par le sida. A ses côtés jusqu’à sa mort, elle se reproche de n’avoir pas su l’aider psychologiquement. « Ma sœur se sentait seule sur ce chemin-là, a-t-elle confié pudiquement à Annabel Desgrées du Loû. Cela m’a rendue perméable à la solitude intérieure de ces femmes qui vivent avec le VIH. Cela m’a rendue humble. Il faut beaucoup de douceur et d’amour face à la violence que suscite le sida. »

Son mari, qui termine sa thèse de doctorat en anthropologie à Paris, l’encourage à reprendre des études et à se pencher sur la problématique des femmes. Déjà mère de deux petites filles, la trentenaire s’inscrit en 1994 en anthropologie à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et part recueillir les témoignages d’Africaines atteintes par le VIH qu’elle rencontre grâce au suivi de leurs enfants par l’association Sol En Si (Solidarité Enfants Sida). Le monde associatif qui s’ouvre à elle va la happer. En 1997, elle lance son propre projet, qui deviendra deux ans plus tard Ikambéré, littéralement « la maison située devant les autres », en kinyarwanda.

La première année, Bernadette Rwegera accompagne une trentaine de migrantes avec l’aide de deux amies. Aujourd’hui, près de 500 d’entre elles sont accueillies chaque année et, depuis sa création, la maison de Saint-Denis a remis sur pied plus de 3 500 femmes séropositives. Vingt-trois salariés travaillent à Ikambéré, dont la moitié sont d’anciennes bénéficiaires. L’association, devenue un acteur majeur du travail psychosocial, tient une permanence dans douze hôpitaux d’Ile-de-France. La région a d’ailleurs décerné en novembre son prix de la solidarité à Bernadette Rwegera.

Mais avec sa détermination discrète, la Rwandaise regarde déjà plus loin. Soutenue par l’Agence régionale de santé et le ministère des solidarités, Ikambéré s’est lancée dans la création d’une nouvelle « maison accueillante » pour proposer une prise en charge globale des personnes souffrant de maladies chroniques comme le diabète, les hépatites, le cancer. « On ne dira jamais assez que les immigrés qui arrivent en France sont des battants, rappelle Annabel Desgrées du Loû en conclusion de son livre. Ils sont pleins de ressources. »

source : info vih

La réponse urbaine au VIH/sida est cruciale pour mettre fin à l’épidémie d’ici 2030. C’est pourquoi, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida 2014,

Depuis 2007, plus de 50 % de la population mondiale vit dans des zones urbaines. En 2015, l’ONUSIDA estimait qu’environ 25% des personnes vivant avec le VIH vivaient dans 200 villes, et 156 de ces villes se trouvaient dans des pays où résident 90% des personnes nouvellement infectées par le VIH. Le ciblage des efforts dans les villes peut donc avoir une incidence significative sur les résultats nationaux. Par rapport aux zones rurales, les villes disposent d’une meilleure infrastructure, de meilleures ressources et de meilleurs services de santé. En outre, les villes ont tendance à avoir de bons réseaux communautaires qui relient les prestataires de soins de santé, les structures et collectivités territoriales et les organisations non gouvernementales.

Londres a été la première ville à dépasser les objectifs 95-95-95, avec ses derniers chiffres à 95-98-97. Amsterdam, Brighton, et Manchester ont également atteint ou dépassé l’objectif de 90-90-90. Des 61 villes pour lesquelles les données sont disponibles, 14 ont dépassé le premier palier de la cascade, 16 ont dépassé le second et 23 ont dépassé le 3ème palier.

Concernant Londres, le diagnostic précoce demeure néanmoins un problème puisque 37 % des découvertes de séropositivité surviennent à un stade avancé. D’autres défis subsistent, notamment le déploiement limité de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et les moyens pour atteindre les populations à risque restantes. Bien que les villes puissent faire face à des défis similaires, il n’existe pas de solution unique. Des approches novatrices et l’engagement communautaire sont essentiels à la réussite de l’ensemble du continuum de soins. Par exemple, l’approche neutre de New York en matière de soins est un moyen novateur de s’attaquer à la stigmatisation liée au VIH. L’approche multidimensionnelle de la ville, qui comprend également la surveillance moléculaire du VIH, le marketing social pour la PrEP et les programmes de « déstigmatisation » destinés aux jeunes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres, l’a aidée à dépasser les 3X90.

L’approche Fast-track Cities peut être particulièrement efficace parce que les décideurs territoriaux ont une compréhension des problèmes locaux et peuvent réagir de manière plus appropriée que les stratégies nationales, parfois même en s’opposant aux contraintes nationales. Bien qu’elle ne soit pas membre du réseau, Saint-Pétersbourg, en Russie, est une ville qui s’est opposée aux politiques nationales et qui a pris des mesures positives pour lutter contre son épidémie en pleine poussée parmi les populations clés. Toutefois, la stigmatisation et la discrimination persistent, non seulement parmi la société civile, mais aussi parmi les services et les prestataires de soins de santé. En effet, l’enquête Positive Voices menée au Royaume-Uni a montré que, même parmi les villes ayant atteint les objectifs 90-90-90, la stigmatisation et la discrimination demeurent des problèmes importants.

Selon The Lancet HIV, les gouvernements nationaux peuvent s’inspirer de l’expérience des villes pour adapter leurs programmes nationaux de lutte contre le VIH de manière appropriée. Alors que le réseau Fast-Track Cities continue de se développer et que la complexité du problème du VIH dans les zones urbaines est mieux comprise, les villes peuvent montrer la voie en cette ère d’urbanisation croissante.

source : le quotidien du pharmacien

Maviret, traitement pangénotypique de l’hépatite C qui permet de guérir de l’hépatite C en 8 semaines, vient d’obtenir son remboursement chez les enfants de 12 à moins de 18 ans.

Auparavant indiqué uniquement chez l’adulte, Maviret (glécaprévir/pibrentasvir, Laboratoire Abbvie) a obtenu en mai 2019 une extension d’indication chez l’adolescent de 12 ans à moins de 18 ans. Mais, jusqu’alors, le médicament était remboursable chez l’adulte mais pas chez l’adolescent. C’est aujourd’hui chose faite, comme le précise un arrêté publié au « Journal officiel » du 9 janvier. La prise en charge de Maviret est étendue au « traitement de l’infection chronique par le virus de l’hépatite C (VHC) chez les adultes et les adolescents âgés de 12 ans à moins de 18 ans », indique cet arrêté. Le prix de Maviret est de 12 382,39 euros (84 comprimés) et sa prise en charge de 100 %.

Rappelons que l’extension d’indication de Maviret chez l’adolescent repose sur les résultats d’une étude de phase 2/3, non randomisée, menée en ouvert, multicentrique, appelée DORA et réalisée sur 47 patients âgés de 12 à moins de 18 ans, infectés par le VHC. Les résultats ont montré un profil pharmacocinétique chez les adolescents similaire à celui observé chez les adultes, ainsi qu’un taux de réponse virologique de 100 % (aucun patient n’a présenté d’échec virologique) rapporté avec Maviret administré pendant 8 semaines, chez les patients naïfs non cirrhotiques, sans nécessité d’ajouter de la ribavirine. Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté et le profil de tolérance chez l’adolescent a été comparable à celui obtenu chez l’adulte.

source : tetu

La culpabilisation n’a jamais protégé personne. Le chemsex comporte des risques et il est nécessaire que ses adeptes soient bien informés de ces dangers et des mesures à adopter pour une meilleure prévention. Voici donc plusieurs règles à lire très attentivement…

Règle n°1 : se protéger des IST

Les spécialistes de la prévention sont unanimes pour dire que le préservatif n’est pas la solution la plus efficace lors de ces marathons sexuels. En effet, les drogues utilisées vous désinhibant complètement,“le comportement est altéré, on ne se contrôle plus”, prévient la sexologue Catherine Blanc. On imagine bien que la capote ne fait donc pas partie du décor. Les infectiologues préconisent aux hommes séronégatifs d’utiliser laPrEP, le traitement préventif qui protège d’une contamination au VIH. Il est aussi recommandé de se faire vacciner contre les hépatites A et B, ainsi que contre le papillomavirus, pour les moins de 26 ans. Se faire dépister régulièrement, au moins tous les trois mois, permet de traiter rapidement différentes infections sexuellement transmissibles, comme la syphilis, la chlamydia ou la gonorrhée. Enfin, pour empêcher la transmission du VIH lorsque l’on est séropositif, un traitement anti­rétroviral (TaSP) est essentiel.

Règle n°2 :  surveiller sa consommation

Pour démarrer une session de chemsex, on conseille de mettre à disposition des participants un tableau afin d’inscrire l’heure et la dose de chaque prise pour être sûr de bien les espacer et éviter ainsi une surconsommation.“À court terme, il y a un risque de crise cardiaque, de coma. On a eu des cas de décès par overdose, explicite Chloé Lucet, psychiatre et addictologue à l’hôpital Sainte Anne, à Paris. À long terme, on remarque un risque psychiatrique, comme des hallucinations ou de l’anxiété chronique.”À l’heure actuelle, il est difficile de recenser le nombre de morts liés au chemsex. “Bien souvent, les urgentistes ne connaissent pas cette pratique, ajoute la médecin. De ce fait, on ne réalise pas systématiquement une analyse toxicologique.”

Règle n°3 : prendre garde à son corps

Si vous vous injectez des drogues, prêtez attention à votre réseau veineux.“Il ne faut surtout pas multiplier les injections sur le même point”, prévient Fred Bladou, en charge de l’addictologie communautaire à Aides. Sinon, vous risquez de voir apparaître des plaies ou des abcès. L’association propose d’ailleurs un accompagnement pour que les chemsexeurs puissent se piquer dans les meilleures conditions possible. Par ailleurs, sniffer trop régulièrement des substances en poudre peut provoquer des nécroses de la cloison nasale. Fred Bladou préconise de“faire des breaks et d’alterner son mode de consommation”.

Règle n°4 : connaître le produit

Que ce soit sur internet ou dans la rue, acheter une drogue illégale présentent des risques. Il y a bien souvent une différence entre le produit que l’on pense acheter et celui qu’on obtient.“Très régulièrement, lorsque l’on analyse un produit, on remarque que le pourcentage de principe actif n’est pas celui annoncé ou qu’il est mélangé à d’autres substances toxiques”, raconte Fred Bladou. Ces sites, très intelligents sur le plan marketing,“se donnent une apparence de laboratoire pharmaceutique, avec des molécules dessinées, etc.”ajoute-t-il. En cas de doute, pour connaître la composition exacte d’un produit, il est possible d’analyser un échantillon dans un centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) ou auprès de l’association Aides.

Des sites spécialisés (psychoactif.org ou technoplus.org) contiennent de nombreuses informations sur les différents produits (dosage, effets, risques, etc.). Prenez soin de savoir quelle molécule se dissimule derrière une appellation commerciale (par exemple, ce que l’on nomme “crystal”, c’est de la méthamphétamine, une substance encore plus addictive que les amphétamines). Si vous n’avez pas le temps de faire des tests ou des recherches sur le produit, Fred Bladou recommande de commencer par une très petite quantité et d’attendre 45 minutes minimum avant toute nouvelle prise.

Règle n°5 : ne pas partager son matos

Le chemsex se pratique à plusieurs, mais le partage du matériel doit absolument être proscrit. Chaque participant doit avoir son propre matériel : ses seringues, ses pailles, sa pipe, etc. Cela est aussi valable pour les ustensiles de préparation, comme les coupelles. Des structures associatives de réduction des risques distribuent gratuitement des kits de shoot, d’inhalation et de sniff. Les seringues doivent impérativement être stériles; il faut donc en changer après chaque injection.“Le danger est la transmission d’infections sexuellement transmissibles et d’autres bactéries”, précise Fred Bladou. Après utilisation, l’ensemble du matériel doit être jeté dans une bouteille en plastique pour éviter les blessures, et être apporté dans un lieu dédié (Caarud ou certaines pharmacies).

Et la règle d’or : se soucier des autres

Si l’on fait du sexe à plusieurs, ce n’est pas pour ne s’occuper que de sa petite personne. Pensez donc à afficher des numéros d’urgence (112 en premier lieu, 15 pour le Samu, 18 pour les pompiers, 0177939777 pour Aides), à veiller au consentement de chacun. N’oubliez pas de vous hydrater régulièrement. Si vous ou l’un de vos proches avez besoin d’aide ou de soutien, l’association Aides a mis en place un numéro sur WhatsApp (0762932229, chiffré de bout en bout) et un groupe fermé sur Facebook, InfoChemsex.

 

source : Tetu

Selon une enquête, les personnes porteuses du VIH continuent de subir au quotidien des discriminations. Et les campagnes visant à faire intégrer qu’une personne correctement traitée ne transmet pas le virus n’y font rien.

Le message ne passe visiblement pas. L’association Sida Info Service vient de dévoiler les premiers résultats de sa sixième enquête sur les discriminations à l’égard des personnes vivant avec le VIH, aussi connues sous le nom de sérophobie. Et c’est alarmant.

L’enquête a été menée en ligne, sur le site de l’association mais aussi sur Facebook et Twitter, entre juillet et octobre 2018. La majorité des répondants sont des hommes homosexuels ou bisexuels. Deux tiers (66 %) des personnes interrogées pensent avoir déjà été discriminés parce que séropositifs.

« Indétectable = intransmissible »

Ces discriminations sont le plus souvent subies dans le milieu de santé, pour 60 % des répondants. Les dentistes sont particulièrement cités. Concernant les autres sphères de la vie quotidienne, la discrimination semble être moindre : la moitié des répondants disent avoir déjà été discriminés dans la sphère privée, et un tiers dans le monde professionnel.

Depuis quelques années, les associations de lutte contre le VIH/sida ont lancé des campagnes visant à faire passer le message « indétectable = intransmissible » (ou « I = I« ). C’est-à-dire qu’une personne séropositive correctement traitée et ayant donc une charge indétectable ne peut pas transmettre le virus. Malgré cette communication, l’enquête de Sida Info Service montre que 53,7 % des répondants n’ont pas constaté d’évolution dans les situations de discrimination et de rejet. « Cela montre la nécessité de communiquer à plus large échelle sur l’impossibilité de transmettre le VIH dans cette situation« , conclut l’association.

 

 

source : bfmtv

Le Royaume-Uni s’est donné comme objectif de mettre fin à l’épidémie du VIH avant l’année 2030.

source : catie

  • Certaines affections augmentent le risque de stéatose hépatique chez les personnes séropositives
  • Des chercheurs de Montréal ont étudié l’effet de la vitamine E chez des personnes séropositives atteintes de stéatose hépatique
  • Les taux d’enzymes du foie sont revenus à la normale chez 85 % des participants sous l’effet de la vitamine E quotidienne

La grande accessibilité des traitements du VIH puissants (TAR) a fait diminuer considérablement les taux de maladie et de décès liés au sida au Canada et dans les autres pays à revenu élevé. Le TAR est tellement puissant que les chercheurs prévoient de plus en plus que de nombreux utilisateurs du TAR auront une espérance de vie quasi normale.

Le VIH provoque de l’inflammation excessive et l’activation du système immunitaire; ces problèmes s’atténuent sous l’effet du TAR, mais ne sont pas éliminés. Comme de nombreuses cellules du système immunitaire sont dispersées un peu partout dans le corps, les problèmes qui nuisent au système immunitaire peuvent nuire à d’autres systèmes aussi, ainsi qu’aux organes. Pour cette raison, au cours des décennies, l’inflammation chronique et l’activation immunitaire risquent de compromettre la santé d’organes vitaux comme le cerveau, les os, le cœur, le foie et les reins, entre autres.

Un problème émergent : la stéatose hépatique

Des chercheurs de l’Université McGill à Montréal ont constaté que la stéatose hépatique (accumulation de graisse dans le foie) était en train de devenir un problème au sein de la population, et ce, sans égard au statut VIH des gens. Voici quelques informations au sujet de la stéatose hépatique provenant du National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases (NIDDK) des États-Unis :

Stéatose hépatique non alcoolique

Cette affection est caractérisée par l’entreposage de graisse excessive dans le foie. Elle se subdivise en deux catégories :

  • Stéatose hépatique simple : Celle-ci est caractérisée par la présence de graisse excessive dans le foie, mais les taux d’inflammation restent minimes. De plus, selon le NIDDK, « la stéatose hépatique simple ne progresse pas typiquement de sorte à causer des dommages au foie ou des complications ».
  • SHNA (stéatohépatite non alcoolique) : Cette forme de stéatose est caractérisée par la présence de graisse et d’inflammation excessives dans le foie. De plus, sous l’effet du processus pathologique que provoque la SHNA, les cellules saines du foie sont graduellement remplacées par du tissu cicatriciel. La SHNA peut donner lieu à de graves lésions hépatiques et, dans certains cas, augmenter le risque de cancer du foie.

SHNA et VIH

Les chercheurs de l’Université McGill ont mené une petite étude exploratoire sur la SHNA auprès de 27 personnes vivant avec l’infection au VIH. Ils ont constaté que la prise de suppléments de vitamine E pendant 24 semaines consécutives pouvait réduire l’inflammation et la mortalité excessive des cellules du foie. Tous ces changements sont des indices de l’amélioration de la santé du foie. En général, la supplémentation en vitamine E s’est révélée sûre. Des études de plus grande envergure et de plus longue durée seront nécessaires pour confirmer les résultats prometteurs de cette étude.

Détails de l’étude

Tous les participants suivaient un TAR et avaient une charge virale inférieure à 50 copies/ml depuis au moins six mois avant de s’inscrire à l’étude.

Les participants ne présentaient aucun des facteurs suivants qui peuvent causer des lésions hépatiques :

  • virus de l’hépatite B ou de l’hépatite C
  • consommation importante d’alcool
  • consommation de drogues

Les chercheurs ont évalué la santé hépatique à l’aide des mesures et tests suivants :

  • Échographie spécialisée appelée FibroScan (fabriquée par la compagnie Echosens de Paris, France) : Pour évaluer les données captées par les échographies, les chercheurs avaient recours à un logiciel conçu pour classer la gravité de la stéatose hépatique.
  • CK-18 (cytokératine-18) : Cette protéine est libérée dans le sang lorsque des cellules du foie meurent. Un taux de CK-18 excessif indique que la santé du foie est anormale et que des cellules hépatiques sont en train de mourir.
  • ALT (alanine aminotransférase) : Un taux supérieur à la normale de cette enzyme du foie porte fortement à croire qu’il y a de l’inflammation dans le foie.

Ces tests et d’autres ont été effectués tout au long de l’étude.

L’étude a duré 72 semaines que les chercheurs ont divisées en trois segments de 24 semaines :

  • Période 1 : les participants étaient suivis, passaient des tests de sang et faisaient l’objet de FibroScan et d’autres évaluations
  • Période 2 : les participants prenaient de la vitamine E à raison de 800 UI une fois par jour, étaient suivis et faisaient l’objet d’évaluations
  • Période 3 : les participants étaient suivis, passaient des tests et faisaient l’objet d’évaluations

Résultats

Durant la période de supplémentation en vitamine E, les résultats des trois évaluations de l’état du foie se sont améliorés. Voici quelques résultats obtenus par l’équipe de McGill à la fin de 24 semaines de supplémentation en vitamine E :

  • Le taux d’ALT est rentré dans la fourchette normale chez 85 % des participants, ce qui suggère une réduction de l’inflammation hépatique. Après l’arrêt de la prise de vitamine E, la normalisation du taux d’ALT s’est poursuivie chez ces participants.
  • La proportion de participants touchés par une forte accumulation de graisse dans le foie a diminué, passant de 67 % au début de l’étude à 41 %.
  • La stéatose hépatique s’est résorbée chez 22 % des participants.

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, toutes les mesures principales utilisées pour évaluer la santé du foie étaient non invasives et indirectes. Chez quatre participants, cependant, les médecins ont prélevé un minuscule fragment de tissu hépatique avant et après l’étude. L’analyse de ces échantillons de tissu a confirmé directement la résorption de la stéatose hépatique.

Innocuité

Onze personnes ont signalé des effets indésirables légers ou modérés au cours de l’étude. Comme cet essai n’incluait pas de groupe témoin traité par placebo ou d’autres interventions, les chercheurs ne pouvaient être certains de la cause des effets indésirables, qui étaient les suivants :

  • fatigue : 2 personnes
  • nausées et crampes abdominales : 2 personnes
  • vue brouillée : 2 personnes
  • maux de tête : 2 personnes
  • étourdissements : 2 personnes
  • démangeaisons : 1 personne

Lors d’une étude contrôlée contre placebo américaine menée auprès de personnes séronégatives atteintes de SHNA, on a constaté que la prise de 800 UI de vitamine E par jour pendant 96 semaines était efficace et généralement sûre (les effets indésirables ressemblaient à ceux éprouvés par les personnes recevant le placebo).

Dans la société plus large

Les chercheurs montréalais s’attendent à voir les lésions du foie attribuables à la stéatose hépatique devenir un plus grand problème chez les personnes séronégatives au cours de la prochaine décennie. Le moteur de cette augmentation réside très probablement dans les tendances croissantes comme l’obésité et le surpoids, ainsi que le prédiabète et le diabète. Il est toutefois important de souligner que les personnes minces sont également sujettes à la stéatose hépatique et à la SHNA dans certaines situations. Dans les cas en question, nombre de facteurs jouent vraisemblablement un rôle, dont la génétique, l’activité physique insuffisante, la difficulté à maintenir une glycémie normale, une alimentation trop riche en sucre, les anomalies des hormones thyroïdiennes et d’autres problèmes hormonaux.

Stéatose hépatique chez les personnes séropositives

Selon les chercheurs de McGill et d’autres instituts, de nombreux facteurs pourraient contribuer au problème de la stéatose hépatique chez les personnes séropositives de nos jours, dont les suivants :

  • prédiabète et diabète
  • taux de cholestérol anormaux
  • hypertension
  • inflammation chronique causée par le VIH (elle semble nuire au foie)
  • exposition à des médicaments anti-VIH plus anciens comme ddI (stavudine, Zerit), d4T (didanosine, Videx) et l’éfavirenz (Sustiva et Stocrin, ingrédient d’Atripla)
  • interruption du TAR

Il importe de souligner que les tendances qui s’observent dans la société plus large chez les personnes séronégatives, soit le surpoids, l’obésité et les problèmes de glycémie, touchent également les personnes séropositives.

À propos de ce dernier point, notons que l’expert en VIH et en métabolisme Giovanni Guaraldi, M.D., de l’Université de Modène en Italie a examiné les résultats de l’étude montréalaise et constaté que près de 80 % des participants étaient en surpoids ou obèses.

Le Dr Guaraldi a également souligné que les médicaments anti-VIH plus anciens comme ddI et d4T n’étaient plus utilisés dans les pays à revenu élevé. En revanche, les inhibiteurs de l’intégrase sont couramment utilisés de nos jours. Selon le Dr Guaraldi, deux essais cliniques ont trouvé une association entre l’inhibiteur de l’intégrase raltégravir (Isentress) et une réduction de la stéatose hépatique. Notons cependant que des inhibiteurs de l’intégrase plus fréquemment utilisés comme le bictégravir (ingrédient de Biktarvy) et le dolutégravir (ingrédient de Dovato, de Juluca et de Triumeq) n’ont pas été évalués formellement pour en déterminer l’impact sur la stéatose hépatique.

Durant l’étude montréalaise, 93 % des participants prenaient un inhibiteur de l’intégrase en combinaison avec deux analogues nucléosidiques. Cependant, comme la plupart d’entre eux vivaient avec leur diagnostic de VIH depuis environ 23 ans, il est probable qu’ils avaient utilisé des médicaments anti-VIH différents au fil des années. Nous ne savons pas à quel moment les participants ont commencé à souffrir de stéatose hépatique. Ces facteurs font en sorte qu’il est difficile de décrire avec certitude l’impact potentiel du TAR (ou des catégories spécifiques du TAR) sur l’apparition de la stéatose hépatique.

Rôle de la vitamine E

Le Dr Guaraldi envisage la vitamine E comme un « traitement de transition » (bridge therapy) que l’on peut utiliser éventuellement pour stabiliser la santé du foie chez certaines personnes séropositives atteintes de stéatose hépatique en attendant l’émergence d’un traitement plus efficace. Face à l’augmentation du risque de stéatose hépatique au sein de la population séronégative, les compagnies pharmaceutiques mettent à l’essai de nombreux composés pour le traitement éventuel de cette affection. Notons cependant que les essais cliniques de ces médicaments excluent les personnes séropositives parce que les compagnies souhaitent généralement mettre leur médicament sur le marché aussitôt que possible, et les personnes séronégatives constituent une population cible beaucoup plus nombreuse.

Avant d’envisager l’usage de médicaments expérimentaux pour le traitement de la stéatose hépatique chez les personnes séropositives, il faudrait commencer par mener des études bien conçues pour déterminer l’innocuité de ces médicaments, ainsi que le risque d’interactions médicamenteuses avec les régimes anti-VIH. Ainsi, selon les estimations des chercheurs montréalais, si les choses évoluent comme d’habitude, il pourrait s’écouler entre sept et 10 ans avant que ces médicaments soient mis à la disposition des personnes séropositives. L’équipe de Montréal envisage aussi la vitamine E comme une option utile pour les personnes séropositives atteintes de stéatose hépatique.

Impact énorme de l’exercice et de l’alimentation

Le point que nous avons soulevé plus tôt à propos du surpoids et de l’obésité revêt une grande importance. Des chercheurs ont mené des études cliniques sur l’exercice physique (aussi simple que la marche) et la réduction de l’apport de calories et de glucides chez des personnes séronégatives souffrant de stéatose hépatique. Le Dr Guaraldi fait valoir que l’impact de telles études peut être considérable. À titre d’exemple, il affirme qu’« une réduction de seulement 7 % à 10 % du poids corporel donne lieu à la résorption de la SHNA dans 64 % à 90 % des cas », selon l’étude en question. De plus, selon le Dr Guaraldi, « on a prouvé que l’activité physique chez les personnes séronégatives atteintes de stéatose hépatique réduisait la mortalité toutes causes confondues [et en particulier] la mortalité associée aux maladies cardiovasculaires et au diabète ».

À l’avenir

L’étude menée par les chercheurs de l’Université McGill sur la vitamine E est un excellent point de départ vers la découverte d’un moyen de venir en aide aux personnes séropositives souffrant de stéatose hépatique et de SHNA. Les chercheurs disposent maintenant de suffisamment de données pour soumettre une demande de financement pour mener un essai randomisé de plus grande envergure dont ils pourront tirer des conclusions solides à l’égard de l’efficacité et de l’innocuité de la vitamine E chez les personnes séropositives (Gaida Sebastiani, M.D., communiqué par écrit).

source : seronet

Tout a démarré en 2019 par une mission d’expertise dans la Fédération de Russie, confiée par le ministère des Affaires étrangères français à l’association de lutte contre le sida Aremedia. L’été dernier, un partenariat entre l’association française et l’association russe de lutte contre le sida Zerkalo (le miroir) était conclu. Zerkalo intervient auprès des personnes usagères de drogues et des travailleurs-ses du sexe dans l’agglomération de Perm (ville de plus d’un million d’habitants-es), dans l’Oural, au centre du pays. Perm est un des foyers historiques de l’épidémie de sida dans le pays.

S’inspirer des réussite françaises pour enrayer l’épidémie VIH à Perm

Le partenariat porte sur des actions de dépistage « hors les murs » qui seront conduites entre avril et décembre 2020. En marge du 1er décembre dernier, le professeur Willy Rozenbaum et Aremedia étaient invités à une conférence à Perm sur les enjeux de la lutte contre le sida chez les jeunes consommateurs-rices de drogues. En présence des autorités locales de santé, de chercheurs-ses et de médias locaux, le professeur Willy Rozenbaum, un des pionniers français de la lutte contre le sida, est revenu sur l’expérience française dans ce domaine. Une expérience marquée par le succès de la réduction des risques et de l’accès aux traitements de substitution pour les personnes consommatrices de drogues : deux grandes lacunes actuelles de la réponse russe à l’épidémie. Longuement interviewé, le clinicien et chercheur est revenu sur les avancées thérapeutiques, le Tasp et son efficacité, scientifiquement démontrée.

Intégrer les personnes vivant avec e VIH dans la société russe

Il a surtout défendu une approche respectueuse des personnes vivant avec le VIH et l’idée qu’un des principaux obstacles à la réussite de la lutte contre le VIH est l’existence de discriminations contre les personnes et/ou certaines pratiques. « Les personnes séropositives ne sont pas un problème, elles sont la solution, la clé pour traiter toutes les personnes infectées. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons obtenir des données objectives pour la poursuite de la recherche et la création de nouvelles générations de médicaments. Nous devons tous cesser de stigmatiser ces personnes. Les personnes vivant avec le VIH doivent être intégrées dans la société. Il ne s’agit pas seulement d’une question de science, mais aussi de nos valeurs morales », a-t-il ainsi expliqué. Il s’est montré aussi très critique des choix gouvernementaux russes en matière de drogue. « Il est dommage que la Russie reste le leader mondial en matière d’incidence du VIH. La maladie progresse, mais même en Afrique, l’incidence de l’épidémie a été réduite. Je pense que c’est lié à la politique antidrogue. Le ministère français de la Santé a introduit en 1987 une loi autorisant la vente gratuite de seringues, car jusque-là, les consommateurs de drogues injectables les avaient réutilisées, entraînant des infections. Si l’on veut lutter contre l’épidémie, il faut mettre de côté tous les préjugés et faire preuve de pragmatisme ». Interrogé sur la coopération entre Paris et Perm (via le partenariat entre Aremedia et Zerkalo), Willy Rozenbaum a parlé du « projet pilote « Dans les rues de Perm », qui transférera l’expérience des hôpitaux parisiens dans les rues de Perm. Une camionnette spécialement équipée avec une infirmière française sera livrée à la ville. De manière anonyme, grâce à l’information par SMS, plusieurs types de dépistages dont ceux de la tuberculose, du VIH, du VHC, des IST, seront proposés en même temps. Cette technique s’est avérée très efficace en France, puisqu’elle facilite un accès aux soins sécurisé, non jugeant et gratuit.

source : voltage.fr

 Si les nouveaux traitements ont amélioré le quotidien des personnes atteintes du SIDA, la précarité et l’exclusion sociale à laquelle ils doivent faire face, elle, a malheureusement peu évolué, note sol en si.

Depuis 1990, l’association Sol en Si – pour Solidarité Enfants Sida – se bat pour lutter contre la discrimination et aider les familles touchées par le VIH, le Sida ou les hépatites, à conserver leur cohésion malgré des parcours de vie et de soins parfois très lourds.

Dans ses différents centres, qui abritent aussi des crèches/halte garderies, Sol en Si offre un soutien psychologique, social et matériel aux enfants et à leurs parents.

Elle s’occupe aussi de prévention en milieu scolaire, de formation et d’information ; et depuis 20 ans, intervient en milieu carcéral à la prison des Beaumettes à Marseille.

Pour aider, Sol en Si a besoin de dons, mais aussi de bénévoles pour accompagner les familles, participer aux activités de la crèche ou encore accueillir un enfant pour quelques nuits lors, par exemple, de l’hospitalisation imprévue d’un parent isolé.