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Source : Libération

La recherche-développement dans le biomédical dépend beaucoup d’investissements publics ou caritatifs, attribués notamment à des entreprises privées. La pandémie nous offre l’occasion de revoir ce système opaque.

Tribune. Les annonces de financements publics destinés à la recherche et au développement pour endiguer l’épidémie de Covid-19 se multiplient depuis le début de la crise. Sans conditions claires et sans transparence, ces investissements ne peuvent pourtant pas tenir les promesses d’accessibilité qui les accompagnent.

Lundi 8 mai, la conférence des donateurs organisée par la présidente de la Commission européenne et plusieurs dirigeants·es européens·nes a récolté 7,4 milliards d’euros de fonds pour la recherche et le développement de médicaments, vaccins et outils de diagnostics contre le Covid-19. Nombre de chef·fe·s d’Etat participant à la conférence ont, à cette occasion, rappelé la nécessité d’une réponse mondiale et coordonnée à la crise sanitaire, mais également de garantir l’accès universel à de futurs produits de santé sûrs et efficaces.

Emmanuel Macron, coprésident de la conférence, y a notamment annoncé une contribution française de 500 millions d’euros et s’est engagé à faire du futur vaccin «un bien public mondial». Cette initiative n’est pas une première dans le cadre de la pandémie : la Coalition pour les innovations et la préparation des épidémies (Cepi) a reçu 690 millions d’euros de fonds publics mondiaux destinés à financer des projets de vaccins, dont celui de l’Institut Pasteur en lien avec l’entreprise Themis et l’université de Pittsburgh.

L’ampleur de ces mobilisations illustre un constat déjà éprouvé par nombre de chercheur·euse·s et d’associations de patient·e·s : une part importante de la recherche et du développement dans le domaine biomédical repose sur des investissements publics ou caritatifs. Or pour assurer des outils médicaux accessibles universellement et à un coût abordable comme l’appellent de leurs vœux de nombreux dirigeants mondiaux, les investissements dont ils sont issus doivent plus que jamais être conditionnés et répondre à un impératif de transparence. Ce second constat, a priori trivial, est pourtant loin de correspondre à un usage courant en France ou en Europe.

Des investissements publics opaques

Depuis le début de la crise sanitaire, le gouvernement a annoncé débloquer 58 millions d’euros de fonds destinés à la recherche et au développement pour endiguer l’épidémie de Covid-19. En l’état, les informations rendues publiques ne permettent pas de déterminer si ces investissements profiteront plutôt aux acteurs publics ou privés impliqués dans le domaine de l’innovation biomédicale. Or sans conditions claires, les résultats d’une recherche fondamentale menée par des établissements publics et financée par l’Etat pourraient bénéficier sans contrepartie aux firmes pharmaceutiques qui souvent en rachètent les droits, développent le candidat et le commercialisent le cas échéant.

Par ailleurs, le secteur privé bénéficie déjà d’abondantes aides publiques à la recherche et au développement, à l’emploi et à la politique industrielle dans le domaine de la santé. Qu’il s’agisse de financements directs ou d’exonérations d’impôts et de cotisations, ces aides françaises et européennes parfois cumulatives sont accessibles aux entreprises sans restriction de taille et sans mécanismes de transparence. En 2017, on estime que près de 500 millions d’euros ont bénéficié à l’industrie pharmaceutique au titre du seul crédit d’impôt recherche.

Il n’existe encore aucune quantification du montant total des investissements publics alloués chaque année en France à la recherche et au développement dans le domaine biomédical. Aucune traçabilité des investissements sur les politiques industrielles pharmaceutiques n’est disponible. Ces aides sont pourtant pleinement assimilées par des firmes financiarisées, qui les intègrent dans leurs modèles économiques comme une ressource disponible. Enfin, les produits finis issus de ces investissements publics sont souvent vendus à l’Etat au prix fort, sans garantie que ce dernier soit soutenable pour la solidarité nationale et les patients.

Le contexte appelle donc à repenser la doctrine économique et industrielle de la France concernant l’innovation médicale, l’accès et la disponibilité des produits de santé. Des initiatives ont déjà été engagées, comme celle d’Olivier Véran et Frédérique Vidal demandant l’accès libre et public aux publications et données issues de la recherche en lien avec l’épidémie de Covid-19 en France, mais elles demandent à être renforcées.

La transformation des pratiques

La transparence, la traçabilité des investissements publics dans la recherche et le développement, la mise en place de conditionnalités liées à ces investissements publics, les licences non exclusives pour les découvertes issues de la recherche publique sont à ce titre des garanties nécessaires pour assurer l’accessibilité aux meilleurs soins et la pérennité de notre système de santé. Elles impliquent que soit audité le système de financement de la recherche biomédicale pour prendre la mesure des investissements publics qui y convergent.

En complément, l’Etat dispose d’outils permettant la production massive et à bas coûts des traitements vitaux dans la lutte contre l’épidémie. Les licences obligatoires et autres flexibilités présentes dans le droit de la propriété intellectuelle (importations parallèles, limites à la protection des données) doivent être considérées pour assurer l’approvisionnement en produits indispensables et éviter la constitution de monopoles menaçant l’accessibilité universelle.

Une transformation des pratiques est plus que jamais nécessaire pour que l’allocation d’aides publiques permette une politique ambitieuse et globale de lutte contre l’épidémie, en réponse aux besoins de la population et non à la recherche de profits.

Signataires : Act Up Sud-Ouest, Act Up-Paris, Action Santé Mondiale, Actions Traitements, AFTOC, Aides, Amalyste, APF France Handicap, Dessine-moi un mouton, France Assos Santé, La Ligue contre le cancer, Médecins du Monde, Renaloo, Sol en Si, UAEM France, UFC-Que Choisir, Unapecle, Théau Brigand (Médecins du Monde, Cermes3), Catherine Bourgain (Inserm), Maurice Cassier (IFRIS CNRS), Nathalie Coutinet (CEPN-UMR CNRS 7234), Pierre-André Juven (CNRS – Cermes3), Fabienne Orsi (LPED-IRD).

Source : ansm.sante.fr

Nous mettons en garde toute personne souhaitant acheter des produits vendus sur Internet présentés comme pouvant guérir ou prévenir l’infection à COVID-19. Nous avons par exemple constaté des messages portant sur l’Artemisia annua et ses supposées vertus thérapeutiques. Au-delà d’un risque d’inefficacité, le recours à ce type de produits en automédication peut présenter un danger pour la santé.

Nous rappelons que la mise en vente de produits de santé sur Internet est strictement réglementée. Seul le circuit des pharmacies d’officine et de leurs sites Internet autorisés pour la vente en ligne de médicaments, régulièrement contrôlés par les autorités sanitaires, apportent des garanties sur les médicaments achetés. La qualité et la sécurité des médicaments achetés sur un site non autorisé ne sont pas garanties, des médicaments falsifiés (faux médicaments, ou faussement étiquetés) ou contrefaits peuvent y être proposés. Ces produits sont présents en grand nombre sur Internet [1] .

Il ne faut jamais acheter de produits à visée thérapeutique sur des sites non autorisés, au risque de mettre en danger sa santé  : les sites autorisés pour la vente en ligne de médicaments sont disponibles sur le site du Conseil de l’Ordre National des Pharmaciens.

Cette mise en garde concerne entre autres les produits à base de plantes, notamment la plante Artemisia annua  ou Armoise annuelle, qui est présentée comme une solution thérapeutique ou préventive de l’infection, sous forme de plante sèche, décoction, tisane ou gélules. Ces allégations sont fausses et dangereuses : elles pourraient retarder une prise en charge médicale nécessaire en cas d’infection confirmée. En effet, les produits à base d’Artemisia annua n’ont jusqu’alors pas fait la preuve de quelconques vertus thérapeutiques. Nous rappelons que cette plante a auparavant fait l’objet du même type de message sur de prétendues vertus thérapeutiques contre le paludisme. Là encore, la preuve de son efficacité n’a pas été démontrée et des personnes en ayant pris ont développé des formes graves de paludisme lors d’un séjour à l’étranger. Nous avions dans ce cadre interdit à plusieurs opérateurs de commercialiser des produits contenant de l’Artemisia annua en 2015 et 2017 [2] .

  Si vous souhaitez vous protéger contre le COVID-19, respectez les gestes barrières.

  Si vous pensez avoir des symptômes de la maladie, contactez votre médecin. De manière générale, nous recommandons aux patients d’éviter l’automédication devant tout symptôme évocateur d’une infection COVID-19 (toux, associée à de la fièvre, difficultés respiratoires, douleurs musculaires, perte de goût et/ou d’odorat).

  Si vous souhaitez acheter des médicaments en ligne en toute sécurité, consultez notre dossier [Vente en ligne de médicaments ].

 Pour en savoir plus sur les médicaments dans le contexte du COVID-19, consultez les réponses d’experts de la  Société française de pharmacologie et de thérapeutique

Lire aussi
  • Dossier COVID-19
  • [1] L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ 50% des médicaments vendus sur Internet sont des médicaments falsifiés (médicaments contrefaits, médicaments non autorisés…).
  • [2] Décisions du  18/02/2015 ,  22/04/2015  et du  11/04/2017

Source : anrs.fr

Madame, Monsieur, Cher(e) collègue,

L’ANRS publie ce jour son rapport d’activité 2019 accessible dès à présent sur notre site web que je suis très heureux de pouvoir partager avec vous.

Aujourd’hui, nous mesurons combien la structuration en réseau de la recherche scientifique facilite la génération d’hypothèses, leur exploration et la production de nouvelles preuves, avec et pour les communautés. Ce principe fondateur de l’ANRS s’avère totalement d’actualité depuis que la pandémie de Covid19 balaye le monde et la France et il restera plus que jamais valable pour la recherche de l’après Covid19.

J’écrivais en février dernier, dans mon éditorial,  « La fin du sida » ne se décrète pas, et l’heure n’est donc pas à l’inventaire. D’abord parce que la fin de cette pandémie VIH/Sida nécessitera encore des efforts soutenus notamment en matière de recherche fondamentale et translationnelle… ». On pourrait bien sûr dire aujourd’hui la même chose du Covid-19.

Il y a trois mois, j’écrivais, toujours en ouverture de notre rapport d’activité 2019, « Les nombreuses problématiques de santé mondiale actuelles constituent un enjeu de recherche à part entière pour la France ». J’entrevoyais que l’expertise de l’agence était une force potentielle pour les nouvelles recherches qui s’avéreraient ainsi nécessaires tant en France que dans les pays à ressources limitées. Trois mois plus tard, je peux témoigner du plein engagement de nos équipes dans la phase de recherche particulièrement intense que nous vivons sur le Covid19, problématique de santé mondiale s’il en est.

Souhaitons que les mois à venir nous permettent de poser les bases d’une structuration plus marquée encore de la recherche française sur les pathologies émergentes, garantissant sa performance scientifique et son utilité pour la santé publique en toutes circonstances.

Pr François Dabis
Directeur de l’ANRS

Source : LeMonde.fr

Les structures de santé, aidées par des associations, ont pris des mesures pour assurer la continuité des soins, le dépistage du VIH et le soutien psychologique aux malades.

La boule au ventre, Marieme* s’est rendue au centre de traitement ambulatoire (CTA) de l’hôpital de Fann, à Dakar, pour récupérer trois mois de traitements antirétroviraux. « Je sais que les personnes vivant avec le VIH, comme moi, sont plus vulnérables au coronavirus », lâche la jeune mère de famille, élégantes boucles dorées aux oreilles. Depuis le premier cas de Covid-19 au Sénégal, le 2 mars, elle ne sort plus sans son masque, ses gants, son gel hydroalcoolique, et évite les transports collectifs. « Au début, j’avais même peur de rentrer à l’intérieur de l’hôpital », avoue celle qui craint « une deuxième infection ».

Marieme a été appelée par le personnel de santé du CTA, tout comme les 900 personnes qui avaient une consultation entre les mois de mars et de mai. « En plus de confirmer les rendez-vous, nous les avons surtout sensibilisés à ne pas rompre leurs traitements », explique la docteure Kiné Ndiaye, infectiologue au CTA. Les risques encourus sont l’augmentation de la charge virale et une immunodépression qui rend davantage vulnérable au Covid-19.

Au Sénégal, 42 000 personnes vivent avec le VIH, selon l’Onusida, mais seules la moitié d’entre elles connaissent leur statut sérologique. Le pays, qui compte 16 millions d’habitants, est régulièrement cité comme modèle pour sa lutte contre le sida : le nombre de nouvelles infections a baissé de 40 % entre 2010 et 2018. Mais l’irruption du Covid-19 fait planer une nouvelle menace. A la date du 15 mai, le Sénégal recensait 2 189 cas positifs au coronavirus, dont 23 décès.

Distribution de médicaments

A l’échelle de l’Afrique subsaharienne, le nombre de morts du sida risque de doubler à cause du coronavirus, selon l’ONU. Perturbation dans l’accès aux antirétroviraux, rupture d’accès aux soins, baisse de la prévention et de la fréquentation des centres de santé… Ces facteurs pourraient entraîner 500 000 décès supplémentaires sur une année.

Pourtant, les patients respectant leur traitement ne sont pas plus vulnérables au Covid-19 que le reste de la population, affirme Soukeyna Ndiaye, présidente du Réseau national des personnes vivant avec le VIH (RNP +). Fort de ce constat, le personnel hospitalier de Dakar s’est mis en ordre de marche, en collaboration avec des associations, dont l’Alliance nationale des communautés pour la santé (ANCS), leader dans la réponse contre le VIH au Sénégal.

La première mesure a été de donner automatiquement au moins trois mois d’antirétroviraux à tous les patients. La continuité des soins est ainsi assurée, sans nécessité de se déplacer. Et pour les patients de plus de 50 ans ou diabétiques, les 250 médiateurs de santé de l’ANCS sont allés distribuer en main propre les médicaments. « Les personnes fragiles doivent rester chez elles et éviter tout contact. C’est aussi mon rôle de les rassurer et d’assurer un accompagnement psychosocial », estime Zaccaria, un médiateur basé à l’hôpital de Fann.

A l’entrée des bâtiments bleu turquoise du CTA, un agent de sécurité prend la température des patients et leur demande d’utiliser le lave-mains mobile installé à l’ombre de grands arbres. « Nous avons tout de suite sécurisé les structures où nous suivons 1 412 patients, dont certains sont gravement immunodéprimés. Ils risquent de développer des formes graves du Covid-19 s’ils sont contaminés », s’inquiète la docteure Kiné Ndiaye.

Désormais, un maximum de dix consultations par jour a été fixé, contre une trentaine habituellement, pour éviter tout contact. « Nos partenaires nous ont donné des masques, du détergent et du gel hydroalcoolique. Les dotations du ministère de la santé n’étaient pas suffisantes », regrette l’infectiologue. Des mesures nécessaires alors que la structure de suivi des personnes vivant avec le VIH se trouve au milieu de l’hôpital, où sont hospitalisés des patients Covid-19.

Des centres de santé désertés

L’autre enjeu est de continuer de dépister, alors que les hôpitaux et centres de santé sont désertés, par crainte de contracter le coronavirus. Dans la salle d’attente pour le dépistage de l’hôpital de Fann, seules trois personnes sont assises sur les chaises en plastique.

« D’habitude, nous dépistons plus de 40 personnes par jour, contre une dizaine aujourd’hui, constate Kiné Ndiaye. C’est dangereux, car certains vont être diagnostiqués trop tard, une fois qu’ils consulteront leur médecin pour des symptômes sévères. » La situation inquiète aussi Soukeyna Ndiaye, du RNP + : « Certains ne connaissent pas leur statut sérologique et ne prennent pas de précautions supplémentaires face au coronavirus, alors qu’ils sont plus vulnérables sans le savoir. »

Ces carences risquent d’affecter les plus jeunes. Landry Tsague, spécialiste du VIH au bureau de l’Unicef pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, rappelle qu’un quart des nouvelles infections dans la région sont déclarées chez les enfants. « Sept enfants sur dix n’ont pas accès aux antirétroviraux par manque de dépistage. La situation va empirer avec le Covid-19, faute de personnel et à cause des restrictions de déplacements et de rassemblements. Il va falloir rattraper le retard une fois sortis de la pandémie », anticipe le spécialiste.

L’autre défi, dit-il, est « le risque de dépression et de stress additionnel pour ceux qui n’ont plus de soutien psychosocial ». Au Sénégal, les activités communautaires de sensibilisation auprès des « populations clés » (professionnels du sexe, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, usagers de drogue) sont à l’arrêt. Le seul appui reste le numéro vert de la ligne d’écoute téléphonique. « Elle est primordiale pour nos patients, assure Kiné Ndiaye. Mais nous recevons beaucoup d’appels concernant le coronavirus quand la ligne dédiée est saturée. »

Au niveau de l’ANCS, le soutien moral se fait par téléphone, mais aussi sur le terrain. « Nous avons distribué environs 400 kits contenant du riz, de l’huile et de l’eau de javel aux plus vulnérables », explique Massogui Thiandoum, volontaire de l’ANCS, pour qui la stabilité socio-économique permet une meilleure observance du traitement. « Nous mobilisons maintenant les fonds pour une deuxième distribution alimentaire », ajoute le militant.

* A sa demande, le prénom a été changé

Source : The Conversation France

« Je me suis dit que c’était une blague, je me suis demandé si c’était sérieux. » Un Nîmois de 38 ans témoigne dans le magazine Têtu le 14 avril 2020 suite au courrier homophobe (anonyme) qu’il a reçu, pointant que son homosexualité le rendait vulnérable au VIH et donc au coronavirus.

Les maladies infectieuses et la stigmatisation partagent une relation longue et problématique, en particulier lorsque les décès sont importants et le Covid-19 n’est pas une exception.

Cette attaque reflète le type de comportement discriminatoire et parfois criminel qui surgit en temps de crise à l’encontre des minorités, dans des périodes particulièrement anxiogènes. Or, la stigmatisation et les actes discriminatoires contre les minorités sexuelles (LGBTQ+), représentent aussi un obstacle à leurs suivis médicaux.

Violence et disparités dans l’accès aux soins

Souvent marginalisées et ostracisées, les minorités sexuelles subissent depuis de nombreuses années des discriminations liées, non seulement à leur sexualité mais aussi aux éventuelles pathologies qu’elles peuvent contracter, tel le VIH. Ces phénomènes engendrent des disparités dans l’accès, la qualité et la disponibilité des soins de santé.

La discrimination peut entraîner le refus pur et simple de fournir des soins, ou de subir des soins de mauvaise qualité et des traitements irrespectueux ou abusifs, entre autres. Plusieurs personnes LGBTQ+ ont déjà signalé, dans le cadre de la prise en charge médicale du VIH, avoir subi un refus de traitement et des violences verbales de la part du personnel soignant.

Les professionnels de santé peuvent aussi également avoir une mauvaise compréhension des besoins de santé spécifiques de ce groupe cible comme quoi par exemple ? comme les aptitudes et compétences médicales et culturelles spécifiques permettant l’amélioration de la sensibilité, de la réceptivité et de la prise en charge adaptée aux minorités sexuelles.

Les minorités sexuelles ont précédemment été accusées de plusieurs catastrophes, qu’elles soient d’origine humaine ou naturelle. Au début de l’épidémie de VIH, dans de nombreux pays, les homosexuels étaient fréquemment victimes d’abus, car ils étaient considérés comme responsables de la transmission du VIH.

Aussi, dans le contexte actuel de la pandémie de Covid-19 plusieurs rapports, évoqués par le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida, suggèrent que les personnes LGBTQ+ sont tenues pour responsables de ce fléau et qu’elles subissent une augmentation des actes discriminatoires.

De plus, en raison des restrictions de mouvements et des mesures de distanciation sociale en vigueur, les minorités sexuelles sont aussi confinées dans des environnements familiaux et communautaires parfois hostiles pouvant augmenter leur exposition à la violence et à la maltraitance. Elles peuvent également être victimes de violence y compris de la part de leurs partenaires sans pouvoir procéder à des suites légales par crainte de répercussions, exacerbant ainsi leurs problèmes de santé physique et mentale préexistants.

Les discriminations et la haine exacerbées

Il n’y a actuellement aucune preuve que les personnes vivant avec le VIH courent un risque accru d’acquérir le Covid-19 en raison de leur statut sérologique.

Mais, les fausses accusations et l’augmentation des actes de discrimination et de violence fondées sur l’orientation sexuelle peuvent augmenter les risques liés, non seulement au VIH, mais également au Covid-19 chez les minorités sexuelles. Le Covid-19 est pernicieux et est à la base de risques complexes, et bien que le virus ne fasse pas de discrimination, il est évident qu’il frappe les communautés marginalisées de nos sociétés de manière disproportionnée.

La crise actuelle risque d’être utilisée comme une nouvelle occasion par certains chefs religieux, politiciens et gouvernements hostiles, pour blâmer les minorités sexuelles, augmentant encore la haine populaire.

De telles déclarations, accusant une minorité d’une responsabilité dans cette pandémie, peuvent provoquer un sursaut de haine.

À titre d’exemple, un journal chrétien de la Corée du Sud, Kookmin Ilbo, a rapporté que les lieux visités par un homme nouvellement infecté par le coronavirus à Itaewon comprenaient un club gay. Le reportage a notamment reproché à l’homme et à ceux du club de mettre en danger la lutte du pays contre la pandémie et a déclenché un flot d’insultes homophobes sur les réseaux sociaux.

Impact sur les services VIH

Cette discrimination envers les minorités sexuelles se ressent également dans les services de santé VIH.

Ainsi, les programmes de prévention, axés sur les activités associatives tant en Haïti qu’en Belgique, destinés spécifiquement aux minorités sexuelles et tenant compte des relations potentiellement complexes entre la stigmatisation et les comportements sexuels à risque, ont été suspendus. Ces activités associatives et institutionnelles comprennent la sensibilisation, le conseil et le dépistage éventuel.

Dans certains pays où les discriminations à caractère homophobe sont courantes, les professionnels de soins de santé ne traitent pas les patients atteints du VIH de façon équitable stigmatisant les homosexuels. Les entretiens que j’ai menés il y a trois semaines avec des personnes LGBTQ+ en Haïti pour mes recherches doctorales ont montré notamment une exacerbation de ces comportements pendant la pandémie du Covid-19.

La confidentialité et la peur du dépistage et de recevoir un résultat positif restent et demeurent des préoccupations majeures. Ce qui contribue à un accès aux traitements plus incohérent et interrompu.

Ces minorités font également face à des défis économiques qui représentent une des conséquences de l’ostracisme, d’un soutien social limité, d’une éducation souvent interrompue et d’une réduction de leur capacité à gagner dignement leur vie. Le manque de soutien structurel est considéré comme un obstacle majeur à l’amélioration de l’accès aux soins.

Par ailleurs, les responsables de programmes VIH pour les homosexuels en Haïti que j’ai interviewé craignent que l’attention des chercheurs, des bailleurs de fonds et des programmes de financement se détournent de la lutte contre le VIH afin de prioriser la réponse mondiale pour soutenir la pandémie de Covid-19.

Cela aurait pour conséquence un retard dans les chaînes d’approvisionnement des produits destinés à la lutte contre le VIH, y compris la logistique et l’expédition.

Développer de meilleurs outils pour les minorités en temps de Covid-19

Les dirigeants politiques et religieux ont un rôle particulièrement influent pour assurer une réponse appropriée à la crise actuelle. Les restrictions des droits à la liberté personnelle et à la sécurité ne peuvent être imposées que dans des situations limitées, et doivent répondre à des directives claires et strictes dans le respect des normes internationales relatives aux droits humains. Mettre l’accent sur la non-discrimination dans le maintien de l’ordre des mesures d’urgence est primordial.

Par ailleurs, il paraît urgent de développer des réponses innovantes au sein du système de santé pour que les minorités sexuelles, marginalisées et donc particulièrement vulnérables y aient accès au même titre que l’ensemble de la population. Par exemple, en favorisant les technologies pour recourir au soutien psychosocial, mieux suivre et retrouver les « perdus de vue » (ceux qui ratent leurs rendez-vous médicaux) et renforcer l’observance des traitements.

Comme l’a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA :

« Le VIH nous a appris que la violence, l’intimidation et la discrimination ne servent qu’à marginaliser davantage les plus vulnérables. Toute personne, indépendamment de son orientation sexuelle, de son identité de genre ou de son expression, a droit à la santé, à la sûreté et à la sécurité, sans exception. Le respect et la dignité sont plus que jamais nécessaires. »

Les pays doivent désormais trouver un équilibre entre la réponse directe à la pandémie de Covid-19 et le maintien des services de santé essentiels aux niveaux national, régional et local.

source : ANSM

Dans le contexte mondial et national exceptionnel, nous assurons depuis le début de la pandémie la mise à disposition des médicaments et des produits de santé afin de garantir la prise en charge des patients atteints du COVID-19 et l’accès aux traitements indispensables pour les autres patients, notamment ceux atteints de maladie chronique.

Concernant les médicaments et face à cette situation inédite, nous avons dès le mois de février mobilisé les industriels afin de connaître l’état de leurs stocks en médicaments jugés indispensables (anticancéreux, immunosuppresseurs, antihypertenseurs, antipsychotiques, paracétamol, etc). Nous avons mis en place une cellule dédiée dont la mission est d’anticiper les situations de tensions et trouver immédiatement des solutions (importations, contingentements) afin d’assurer la continuité d’accès aux médicaments pour les professionnels de santé et les patients sur l’ensemble du territoire.

Pour ce faire et en complément de l’obligation des industriels de communiquer à l’ANSM tout risque de rupture ou de rupture de stock avérée, nous les interrogeons régulièrement sur l’état de leurs stocks et de leurs approvisionnements. Aujourd’hui et hors médicaments COVID-19, le volume et les causes des tensions d’approvisionnement observées sont globalement comparables à celles observées habituellement.

Tout signalement d’une éventuelle tension d’approvisionnement permet de mettre rapidement en œuvre les actions nécessaires afin d’améliorer la situation. Cela a été rappelé aux représentants des professionnels de santé et des patients lors d’une réunion d’échanges et d’information qui s’est tenue lundi 27 avril 2020. Nous adaptons en effet notre approche et les mesures que nous déployons en fonction de l’actualité, du suivi de l’utilisation des médicaments en ville via les études épidémiologiques menées par EPI-PHARE  et de l’évolution du contexte épidémique.

Une attention particulière est portée quotidiennement sur les médicaments de réanimation[1]  (midazolam, propofol atracurium, cisatracurium, rocuronium), les médicaments utilisés dans la prise en charge des patients COVID-19 et les différents médicaments testés dans les essais cliniques en cours. S’agissant des médicaments utiles à la prise en charge de maladies chroniques qui sont actuellement utilisés contre le COVID-19, ils font également l’objet d’une surveillance continue tant au plan de leur disponibilité que des effets indésirables liés à cette nouvelle utilisation.

Concernant les dispositifs médicaux, nous accompagnons l’ensemble des acteurs mobilisés (institutionnels, fabricants, professionnels de santé et représentants des patients) afin d’équiper les professionnels de santé et les patients en matériel et dispositifs nécessaires dans le contexte de pandémie : respirateurs, systèmes d’aspiration pulmonaire, masques, tests diagnostiques, kits de prélèvement, etc.

Pour cela, nous contribuons à chercher des solutions d’approvisionnement, nous contrôlons la conformité des produits importés, nous accompagnons les porteurs de projets et encadrons la mise à disposition des innovations.

source : tetu

Comment apprendre à vivre avec le VIH ? Philippe lui a mis plusieurs années à se relever, mais aujourd’hui il a réussi à en faire une force.

Solitude

Onze ans plus tard, Philippe en parle toujours avec beaucoup d’émotion. Les mots se
mélangent aux larmes et à cette souffrance que l’on ne dit pas. Il raconte cette angoisse
d’avoir peut-être contaminé, son copain de l’époque, Rodrigue, de ne pas avoir su comment réagir, de ces amis qui s’en vont. De cette nuit aux urgences pour le traitement préventif de son homme qui lui reste à ses côtés… “Il a été parfait. Il prenait soin de moi tous les soirs et me rassurait”. Pendant un mois, tous deux vont arrêter de respirer. Le temps pour son copain de recevoir les résultats négatifs de ses tests. “Ça a été un tel soulagement pour moi. Je pense que je n’aurais pas pu supporter de lui avoir transmis le VIH. C’était la seule chose qui comptait.”

Par crainte, il va le repousser et lui demander de s’en aller. “Dans ma tête, je me disais, il
fallait qu’il s’en aille avant que je le contamine”. Peu à peu la solitude et les rendez-vous
médicaux remplacent les sorties, la vie affective et les amis. S’en suivent plusieurs mois
d’errance médicale entre manque de confiance en soi et recherche d’un nouveau traitement.

« Ce n’est que ça »

“Je me souviens, un jour, ma psy m’explique que quand le traitement sera le bon, je ne pourrais plus transmettre le VIH et que j’enlèverais même la capote”. Une hérésie pour lui qui, à ce moment-là, ne voit pas comment il pourrait ravoir une vie sexuelle ou affective. À son travail, ses collègues s’inquiètent de son visage soucieux. “J’ai fini par me confier, sans vraiment réfléchir. Et j’ai été viré. Mon responsable m’a convoqué pour m’expliquer que j’allais être malade tout le temps et qu’il ne pouvait pas me garder parce que cela coûterait trop cher à ma boite !”

Comment avancer dans cette situation ? Reprendre confiance en soi et dans le corps médical ? Ses proches lui soumettent alors l’idée de lancer sa propre société de
conseils. “La meilleure alternative possible !” En juin 2009, il se lance et embauche
Micheline, 62 ans. Jusqu’en 2015, il va se laisser envahir par le travail. Oublier le virus et
avancer. “Un jour, nous étions en déplacement, et elle exige d’arrêter la voiture et me
demande pourquoi j’ai l’air en permanence pas bien. C’est terrible, il faut que je sache”. Sur un air de défi, il le lui balance, plante son regard dans ses yeux et toise sa réaction. “ Si ce n’est que ça… Je suis tellement soulagée ! Ça va aller alors”. Ce soulagement honnête a eu l’effet d’un électrochoc pour Philippe. Comme le déclic qu’il attendait pour renaître. “Ce n’est que ça”. Une petite phrase qui le fait relativiser.

« Je suis fier de ce que je suis devenu »

Entre temps, il trouve un traitement qui lui correspond. Les effets secondaires disparaissent et il tombe amoureux. Une belle histoire qui va durer cinq ans et où le VIH n’a jamais été un problème. “Quand je lui ai annoncé que j’étais séropositif nous étions sur la plage. Et il n’a pas réagi. Mais il n’est pas parti.” Les jours passent et Philippe revient à la charge. Entre étonnement et craintes, il le questionne, l’interroge sur son absence de réaction. “Merci de m’avoir fait suffisamment confiance pour me le dire. Mais pour moi ça ne change rien”.

En renouant avec une vie sociale et affective, Philippe va aussi changer de regard sur lui. Ce cachet qu’il voyait comme un rappel quotidien de son statut sérologique devient au fil du temps son “meilleur ami”“Grâce à lui, aujourd’hui, je vis de façon tout à fait normale. Je n’ai plus aucun effet secondaire, j’ai une vie affective et sexuelle, de nouveaux amis. Bref, tout va bien”. Il décrit une vie plus saine, plus équilibrée. Du sport et des fruits. Des rires aussi. Et le grand air de son village non loin de Nantes. De son parcours, il a tiré une force. “On vit avec le VIH et on vit très bien. Maintenant la société va devoir faire avec nous ! En plus, le VIH a changé beaucoup de choses en moi. Et aujourd’hui, je suis fier de qui je suis devenu.”

source : Le Monde

Le conseil scientifique sur le Covid­19 a transmis à l’exécutif, lundi 20 avril, son avis sur la sortie pro­

gressive du confinement, avis qui aura attendu cinq jours pour être mis en ligne sur le site du minis­tère de la santé. Président de ce conseil, Jean­François Delfraissy revient sur les conditions indis­pensables à la levée graduelle de ce dispositif contraignant et sur la mise en œuvre opérationnelle du déconfinement pour les deux mois qui suivront.

Où en sera l’épidémie en France à la fin du confine­ ment ?

Notre sixième avis rappelle ce qui a été obtenu avec le confine­ ment : la non­saturation des ser­ vices de réanimation et une nette diminution du nombre moyen de personnes contaminées à partir d’un même cas infecté. Mais cela doit être clairement dit : le virus circulera encore début mai et l’immunité de la population res­ tera relativement faible au début du déconfinement.

Le nombre de contaminations à l’issue du confinement devrait être de 2000 à 3000 par jour, quand on en comptait entre 60 000 et 80 000 au plus fort de l’épidémie. Avec ce niveau plus ré­ duit, nous pouvons déployer une stratégie de repérage des person­ nes contagieuses.

Les « prérequis » au déconfine­ ment listés par le conseil né­ cessitent d’importants moyens humains et techniques. La France est­elle en mesure de les mobiliser ?

L’identification rapide des cas et de leurs contacts nécessite d’im­ portantes capacités diagnosti­ ques avec les tests RT PCR [qui dé­ tectent le matériel génétique du vi­ rus]. Nous partons avec une capa­ cité de 100 000 à 150 000 tests par jour. C’est le minimum pour dé­ pister sur l’ensemble du territoire les 2 000 à 3 000 nouveaux cas quotidiens. Sans compter les per­ sonnes asymptomatiques, qui re­ présentent environ 20 % des por­ teurs du virus. Nous devons tester très largement les personnes qui ont le moindre symptôme évoca­ teur. Il faut écouter les gens et, dans le doute, les tester.

Vous préconisez que les tests diagnostiques soient effectués sur prescription médicale…

Oui, dans un premier temps, pour éviter un appel d’air, mais cela peut évoluer. Beaucoup de gens veulent se faire tester parce qu’ils sont inquiets. Une grande société comme Veolia veut offrir un test le 11 mai à tous ses salariés. Si l’ensemble des grands groupes en faisaient autant, cela condui­ rait à une large utilisation de tests qui ne servent à rien en popula­ tion générale – il faudrait les re­ faire chaque semaine – et pas as­ sez de tests pour les patients ayant des symptômes, qui sont des sources de dissémination.

Une fois qu’on a identifié
des cas, comment voyez­vous le dispositif de traçage des contacts ?

Il nécessite des équipes dédiées pour identifier les contacts en in­terrogeant les cas identifiés. On a souvent présenté à tort cette opé­ ration en Corée du Sud comme re­posant sur le tout ­numérique. Elle impliquait aussi une brigade mobile de 20 000 membres.

Comment monter une telle bri­ gade en deux semaines en France ? Toute une série d’acteurs qui ont joué un rôle limité jus­ qu’ici doivent être utilisés. Vu la taille de notre pays, il faut tabler sur environ 30 000 personnes : des médecins généralistes, des soignants, des membres du mi­ lieu associatif, les services sanitai­ res des mairies… Sans cela, cela ne marchera pas.

L’avis évoque « un choix per­ sonnel éclairé » pour les per­ sonnes les plus à risque. Mais ces décisions individuelles ont un impact collectif. Comment parvenir à un équilibre ?

C’est une petite musique qui court dans l’ensemble de cet avis : s’appuyer sur la responsabilité in­ dividuelle et citoyenne des per­ sonnes, sans imposer de mesures pour cette première sortie du con­ finement. Les personnes à risque comme les personnes dépistées prendront une décision informée d’accepter ou non ce qui leur est conseillé : un confinement volon­ taire, une quarantaine.

Un âge élevé ou des pathologies multiples constituent un risque pour les patients. En réanimation, 82 % des décès touchent des per­ sonnes de plus de 70 ans. Ils ne sont pas plus contaminants que les autres. Des grands­parents veulent revoir leurs petits­en­ fants. C’est à eux de décider s’ils veulent prendre un risque. Cela dit, l’avis porte sur les deux pre­

Le président du conseil scientifique, Jean­Francois Delfraissy, à Paris, le 26 avril. JOEL SAGET/AFP

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miers mois. Cette attitude libérale pourrait évoluer en cas de reprise de l’épidémie.

Pourquoi la question de la réouverture des écoles est­elle difficile à trancher ?

Il y a un enjeu de santé publique mais aussi des enjeux sociétaux : des mamans et des papas qui doi­ vent retourner travailler, des ris­ ques de maltraitance. C’est une dé­ cision politique. Cela dit, les en­ fants sont moins contagieux et, à l’exception du lycée de Crépy­en­ Valois (Oise), il n’y a pas de publi­ cation signalant une école comme point de départ épidémique.

Les modèles montrent que la contribution de la fermeture des écoles à la baisse globale de la cir­ culation du virus n’est pas ma­ jeure. Nous détaillons les moda­ lités possibles du retour à l’école dans une note intitulée « En­ fants, écoles et environnement familial ».

Selon vous, les enjeux du déconfinement ont­ils été clairement exposés à l’opinion publique ?

Aujourd’hui, notre ennemi est invisible jusqu’à ce qu’un proche soit touché. Les tests le rendront davantage visible. C’est ce qu’ont très bien fait les Allemands. Il faut de la transparence, faire com­ prendre une certaine forme de complexité, de doute et d’hésita­ tion. Soit on revient au type de dé­ cision très verticale, du sommet vers la base, qui a prévalu lors de la mise en place du confinement, soit comme dans notre avis, on est beaucoup plus nuancé. Le ci­ toyen doit s’en emparer.

Il ne sera pas facile d’obtenir l’adhésion de la population dans la durée…

Une fois qu’un test est positif ou négatif, nous pouvons prendre toutes les décisions du monde, nous sommes dans la situation du médecin face à son patient. Il lui annonce un diagnostic et lui prescrit un traitement. Encore faut­il que le patient l’accepte. Même dans des maladies graves comme le cancer ou le VIH, le taux d’observance ne dépasse pas 70 %. Pour un résultat efficace, il faut une adhésion.

Le virus circulera encore début mai et l’immunité

de la population restera faible au début
du déconfinement

C’est pour cela qu’au nom du conseil scientifique j’ai écrit, mi­ avril, à l’Elysée et à Matignon pour demander la mise sur pied d’un comité de liaison citoyen qui se­ rait associé à l’équipe qui pilote le déconfinement. Ce dialogue bé­ néficiera des propositions de la société civile, dont le retour nous aidera à comprendre comment se passe l’après­11 mai.

Pourquoi n’avez­vous pas re­ tenu le principe d’une stratégie régionale de déconfinement ?

Nous y avons travaillé, du fait que les niveaux de circulation vi­ rale diffèrent, avant d’abandon­

ner cette fausse bonne idée. Même l’Allemagne avec ses Län­ der a décidé de ne pas trop entrer dans une stratégie régionale. Il y aura des déplacements de foule difficiles à maîtriser.

Environ 1,3 million d’habitants d’Ile­de­France, qui ont quitté la région avant le confinement, vont y revenir. Des retraités vont partir dans l’autre sens. A l’inté­ rieur de grandes régions, il aurait fallu des exceptions pour les gran­ des villes.

Dans ces conditions, les grands chassés­croisés d’été sont­ils envisageables en 2020 ?

Il faudra qu’il y ait des vacances, mais les vacances de 2020 seront différentes et plus contraintes que d’habitude, avec moins de dé­ parts à l’étranger. Peut­on avoir une stratégie de distanciation so­ ciale sur des zones de grandes concentrations entre le 20 juillet etle20août?Jenesaispascequi se passera au­delà de deux mois après le déconfinement. 

source : Onusida

En 2018, dans le monde, chez les personnes âgées de 15 ans et plus vivant avec le VIH, la couverture de la thérapie antirétrovirale était plus élevée chez les femmes que chez les hommes. De nombreuses études montrent que les hommes sont moins susceptibles que les femmes de se faire dépister, de commencer et de respecter un traitement contre le VIH. Cela se traduit par de plus mauvais résultats cliniques et un risque plus élevé de mourir de causes liées au sida. La faible utilisation par les hommes des services de lutte contre le VIH est à l’image de leur comportement général en matière de santé. On attribue cette attitude aux normes de masculinité en vigueur, à la stigmatisation, aux possibilités offertes et aux autres coûts liés à une visite dans un établissement de santé, ainsi qu’à des services inadaptés (parmi d’autres facteurs).

Cette disparité se retrouve dans de nombreux contextes géographiques et épidémiques. Des estimations régionales ventilées par sexe indiquent que la couverture de la thérapie antirétrovirale était plus élevée chez les femmes que chez les hommes dans toutes les régions sauf une. Cette disparité est la plus forte en Afrique occidentale et centrale où l’on estime que 61 % [32 %-67 %] des femmes séropositives recevaient un traitement contre le VIH en 2018, par rapport à 40 % [18 %-41 %] des hommes dans la même situation. L’écart entre les deux sexes est d’au moins 10 % en Asie et dans le Pacifique, dans les Caraïbes, en Afrique orientale et centrale, ainsi qu’en Europe de l’Est et en Asie centrale. Les services prénataux expliquent probablement cette disparité, car ils représentent un point d’entrée essentiel au dépistage du VIH et aux services de traitement dans de nombreuses régions.

source : medscape

Jean-Marc Naccache et Colas Tcherakian discutent la mise en place de l’étude française OUTCOV dans le traitement ambulatoire des patients Covid-19. L’essai randomisé a reçu les autorisations ANSM et CPP le 17 avril dernier et testera 4 bras (hydroxychloroquine, azithromycine, lopinavir/ritonavir, sans traitement).

Colas Tcherakian  Bonjour, je suis le Dr Colas Tcherakian, pneumologue. Nous sommes sur Medscape et j’ai la chance d’avoir avec moi le Dr Jean-Marc Naccache, également pneumologue. Nous allons aujourd’hui discuter de la prise en charge de la Covid-19 en ambulatoire.

Pour refaire un point rapide, l’infection au Covid-19 est entrée en France il y a quelques semaines avec aujourd’hui [15 avril 2020] 15 000 morts, de façon assez rapide et concentrée. Devant l’amplitude de l’atteinte, cela a conduit à proposer un confinement dont on voit aujourd’hui les effets positifs, puisque nous voyons vraiment, au quotidien, baisser le nombre de patients Covid-19 qui rentrent à l’hôpital. C’est bien, parce que cela a permis de soulager le volume de patients pris en réanimation et en hospitalisation, sachant que nous avons dû générer trois fois plus de lits de réanimation que d’habitude pour pouvoir prendre en charge cette explosion de patients graves sur le plan respiratoire.

Aujourd’hui, profitant de cette accalmie, les discussions sont de mettre en place des stratégies qui éviteront de se retrouver à nouveau noyés lorsque l’on va relever le confinement. On considère que 5 % (à peut-être 20 % au grand maximum) de la population en France aurait rencontré le COVID-19, et on voit que ce petit pourcentage de patients a entraîné une saturation du système français. Donc est en train de réfléchir pour que cela ne recommence pas. L’idée est de traiter les patients non pas quand ils sont à l’hôpital, mais en amont, parce qu’aujourd’hui la stratégie hospitalière a vraiment été optimisée : il y a beaucoup de bras thérapeutiques qui sont en cours d’évaluation pour éviter que les patients hospitalisés passent en réanimation — c’est un élément fondamental. Il y a des résultats qui vont sortir sur l’utilisation en vraie vie de l’hydroxychloroquine, qui, vous le verrez, vont être finalement assez décevants. Il y a des éléments qui sont très intéressants sur la modulation de l’inflammation avec des biothérapies anti-inflammatoires, en particulier les anti-IL-6, pour lesquels il y a des données préliminaires très intéressantes qui vont sortir. Et, actuellement, plusieurs essais sur des antiviraux, sur des anti-IL-6 mais à plus large échelle, pour confirmer ces premiers résultats qui sont en place à l’hôpital. Mais, encore une fois, c’est probablement déjà trop tard. Et l’idée est de prendre les patients plus en amont.

Le Dr Jean-Marc Naccache voudrait proposer une étude de prise en charge des patients ambulatoires avec l’idée d’éviter que l’infection ne s’éparpille et que l’on ait un passage à des formes plus graves, à l’hospitalisation, et à toute cette cascade de saturation du système. Jean-Marc, peux-tu nous expliquer en quoi consiste cette étude OUTCOV ?

Jean-Marc Naccache  Oui. Effectivement, cette maladie a submergé les hôpitaux avec des formes très, très graves et on voit qu’il y a tout un arsenal de recherche thérapeutique qui s’est fait sur cette forme grave avec ce gros syndrome inflammatoire. L’idée est donc de prendre la maladie un peu en amont, avant qu’il y ait ce gros syndrome inflammatoire et avant que les malades soient graves. C’est un peu difficile à mettre en place parce qu’on a tous constaté, dans la littérature mais aussi dans notre pratique, que les patients arrivaient entre 7 et 10 jours après le début des symptômes. Il faut essayer de les prendre en charge avant, et faire des évaluations de traitement avant l’hospitalisation. Pour cela, il faut qu’on soit coordonné avec les médecins de ville, parce que ce sont eux qui les voient, mais aussi avec les urgentistes, parce qu’ils voient aussi des malades qui sont peu graves et qu’ils renvoient parfois à la maison.

Au départ, on faisait les diagnostics de Covid-19 uniquement chez les patients qui arrivaient aux urgences et qui étaient hospitalisés. Aujourd’hui, il y a eu au total 100 000 nouveaux patients Covid-19, dont 70 000 hospitalisés, soit 70 %. Donc la porte d’entrée était vraiment l’hôpital. Quand on regarde les choses dans la journée qui vient de se passer, les 24 dernières heures, il y a eu 5500 nouveaux cas et uniquement 2000 hospitalisés. Donc il y a de plus en plus de cas qu’on va diagnostiquer avant l’hospitalisation tout simplement parce qu’on développe les stratégies de diagnostic en ville. C’est vraiment la fenêtre de tir pour essayer d’évaluer les traitements précoces.

Je vais expliquer brièvement en quoi cela va consister : les médecins de ville vont prendre en charge ces malades, faire le diagnostic avec la fièvre, des signes respiratoires et un test positif. Certains médecins de ville ont déjà mis dans leur pratique le fait de faire un scanner quand les malades se présentent avec une suspicion de Covid, donc on sait aujourd’hui que c’est un bon critère diagnostique et on pourra l’utiliser pour entrer dans l’étude. Et à l’issue de cette démarche, le patient sera envoyé dans un centre d’inclusion — il y aura plusieurs centres en Île-de-France (on va commencer avec cinq centres).

Dans ces centres d’inclusion, on vérifiera les critères d’inclusion et les patients seront randomisés en quatre bras :

  1. hydroxychloroquine,
  2. azithromycine
  3. lopinavir/ritonavir
  4. sans traitement

Il est important de rappeler qu’aujourd’hui la recommandation de prise en charge est vraiment une surveillance à domicile pour ces patients sans traitement médicamenteux hors traitement symptomatique. On est donc obligé, par conscience professionnelle, de faire cet essai avec un bras sans traitement pour vraiment prouver qu’un de ces médicaments peut être efficace et supérieur à l’absence de traitement.

Colas Tcherakian  Effectivement, je voulais rebondir sur cette notion. C’est un élément fondamental : je vous disais que l’hydroxychloroquine, en tout cas chez les patients hospitalisés et oxygénodépendants, n’arrivait pas à prévenir le passage en réanimation. Est-ce la mort de l’hydroxychloroquine ? La réponse est : pour l’instant, on n’a pas démontré que cela ne fonctionnait pas chez les patients précoces. Et c’est ce qui est préconisé. C’est vraiment la fenêtre de tir où le virus se développe qui pourrait être une fenêtre intéressante pour ce médicament, donc effectivement il ne faut pas l’enterrer. Mais, comme tu le dis toi-même ou comme le disait plutôt le professeur Raoult, est-ce que c’est vraiment éthique de faire aujourd’hui un bras placebo face à ces médicaments ?

Jean-Marc Naccache  Soit on a vraiment un médicament dit « magique » qui transforme tous les patients et alors on va le voir en très peu de temps, soit la différence est moins importante et, dans ces cas-là, il va falloir inclure une centaine, voir 200, 300 malades pour voir la différence. Et cela veut dire qu’il faut absolument faire cet essai avec un bras placebo pour prouver qu’il y a une petite différence.

On a, en pneumologie, 2 beaux exemples de recommandations d’experts qui se sont avérées être délétères pour le malade : dans la fibrose pulmonaire idiopathique avec des traitements qu’on mettait jusqu’en 2014 et qui étaient une recommandation d’experts internationale mais qui avaient un effet délétère. Et il y a aussi un exemple en cancérologie sur des malades qui avaient des ganglions proches de la tumeur où on disait qu’il fallait faire une radiothérapie et cela a été battu en brèche totalement par une méta-analyse. Donc il ne faut pas qu’on refasse les erreurs du passé. Aujourd’hui, il y a beaucoup de malades et ces malades nous permettent de faire rapidement une étude propre, dans les règles de l’art.

Colas Tcherakian  Merci. Je pense qu’effectivement c’est un message qui était important et je voulais t’entendre le dire : il n’y a pas de certitude, aujourd’hui, sur l’efficacité de ces médicaments. C’est des médicaments dont il faut démontrer le rapport bénéfice-risque comme positif dans le traitement de ces maladies et on ne peut pas se contenter — je suis d’accord avec toi — d’un consensus d’experts ou d’avis pour dire que c’est efficace. Le seul élément — et j’espère que ce ne sera pas un frein à l’inclusion — c’est qu’aujourd’hui, proposer un bras placebo à des gens qui écoutent la télé, la radio et qui entendent toute la journée dire que les médicaments sont efficaces, est-ce que tu n’as pas peur que ce sera un frein à l’inclusion ?

Jean-Marc Naccache  Il va falloir vraiment qu’on soit persuasif. On saura le faire, probablement, puisque, justement, comme tu le dis, il y a peut-être un signal négatif sur les malades hospitalisés sur l’intérêt de l’hydroxychloroquine, il y a aussi des risques cardiovasculaires, donc peut-être que ces éléments, ces nouveaux éléments qui vont arriver dans la semaine, vont nous permettre de persuader les patients pour leur dire, effectivement, « il faut faire cet essai. » Et, de toute façon, il y a deux choses très importantes à prendre en compte : ces malades seront suivis en télésurveillance très étroite avec des signaux d’alerte comme on le fait actuellement en Île-de-France avec le système COVIDOM, et deuxièmement, il y a un comité de surveillance de l’étude qui va se réunir tous les 15 jours pour voir s’il y a un gros déséquilibre contre un bras médicament et le bras placebo. C’est très important. Et on arrêtera si on voit qu’il y a un grand déséquilibre dans un sens ou dans l’autre.

Donc on espère mettre en place cet essai OUTCOV le plus rapidement possible, les démarches administratives sont en cours, nous avons répondu aux questions du CPP et de la NSM, qui ne sont pas simples. Cela demande beaucoup de rigueur pour mettre en place cet essai et beaucoup d’énergie. Mais on en a avec l’équipe de l’hôpital Saint-Joseph, actuellement.

Colas Tcherakian  Écoute, merci. Je te souhaite une réussite pour cette étude. Je pense qu’effectivement c’est fondamental de s’intéresser à cette partie de la population que les hospitaliers oublient et qui est, quand même, la grande partie de la population française, et pour essayer de prévenir l’engorgement des hôpitaux si on trouve un traitement efficace. Merci à toi et je vous souhaite à tous une bonne journée.