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Source : TAHITI INFOS

Karel Luciani, nouveau président de l’association Agir contre le sida, souhaite décliner le mouvement du Patchwork des noms en Polynésie. L’association présentera ses premiers patchworks polynésiens lors de la journée mondiale du sida le 1er décembre. Elle invite toute personne concernée à réaliser son patchwork.

Il a pris la présidence d’Agir contre le sida en janvier 2020. Karel Luciani, depuis, dynamise cette association endormie ces dernières années.

À quelques semaines de la journée mondiale de lutte contre le sida qui a lieu le 1er décembre, il annonce le lancement du Patchwork des noms en Polynésie. Il espère, par ce biais, « rendre hommage aux victimes du sida en Polynésie », mais également « sensibiliser » le plus grand nombre.

Il aimerait pouvoir lever les tabous liés à la maladie en général, au sida en particulier. Car, en 2020, grâce à l’évolution des traitements, il ne devrait plus y avoir de décès des suites du sida. Karel Luciani et son association visent le « zéro infection, zéro discrimination, zéro décès ».

 

Une action mondiale

Le Patchwork des noms est une initiative qui se décline dans de très nombreux pays partout dans le monde.Elle est née aux États-Unis à la fin des années 1980 et consiste à réaliser pour chaque victime un patchwork de pièces textiles.

Ces pièces sont cousues en un rectangle de 1,80 m par 90 cm qui rappelle la taille d’un cercueil.

A la fin des années 1980, les personnes décédées des suites du sida ne bénéficiaient pas de funérailles à cause de la stigmatisation sociale et du refus de certains salons funéraires et cimetières de s’occuper de leur corps.

Le patchwork est devenu une occasion pour les proches de commémorer les êtres disparus. La toute première manifestation du patchwork des noms a assemblé huit rectangles pour former une unité de 3,60 x 3,60 m.

Depuis, l’exposition de ces réalisations donne naissance à une œuvre géante. Elle est considérée comme la plus grande œuvre populaire du monde.

« Ce projet représente à la fois la mémoire de tous ceux qui ne sont pas avec nous aujourd’hui et l’espoir d’une nouvelle génération en combinant nos efforts pour en finir avec l’épidémie sida », dit Vinay P. Saldanha, directeur de l’équipe de l’Onusida d’appui aux régions pour l’Europe de l’est et l’Asie centrale.

Ce concept résonne en Polynésie « où les tifaifai font partie de la culture », compare Karel Luciani. « Le patchwork des noms a donc du sens chez nous. »

L’association Agir contre le sida va réaliser au moins un patchwork avec le ruban rouge et un ou plusieurs autres, selon ses moyens, qui rendront hommage à toutes les victimes polynésiennes.

Elle invite les proches concernés mais également toute personne sensible au sujet à participer à cette initiative en fournissant des morceaux de tissus ou bien en réalisant leur propre œuvre. Ce projet a pour marraine Maire Bopp-Dupont qui a longtemps été la présidente d’Agir contre le sida.

Tabous et déni

Polynésien, Karel Luciani, 54 ans, a vécu pendant vingt-ans aux Fidji, en Nouvelle-Calédonie. Après des études en biologie, il a travaillé par exemple comme chargé de développement de la pêche et de l’aquaculture pour la Communauté du Pacifique sud (CPS).

« Je suis homosexuel et suis concerné par la question du sida depuis toujours car cette maladie est très associé à l’homosexualité. » Tout de suite, autour de lui, il a relevé les tabous, le déni, les non-dits. « Il fallait que je fasse quelque chose. »

Il est militant pour les droits LGBTQ+. Dès 1997, il s’est rapproché de l’association Homosphère en Nouvelle-Calédonie.

En Polynésie, il a pris la présidence de l’association Cousins Cousines de Tahiti en octobre 2018. Il est également vice-président de l’organisation régionale Alliance LGBT+ Franco-Océanienne et représentant auprès de l’Association internationale des lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexuels (ILGA).

Il est aussi à l’International indigenous working group on HIV & AIDS. Il insiste : « aujourd’hui on peut bien vivre avec le sida ».

4 morts depuis 2018

Entre 1985 et 2020, 420 cas d’infections ont été enregistrées, 92 d’entre elles sont décédées, 105 sont au stade sida. En 2018, un homme de 66 ans est décédé, en 2019, c’est une femme de 32 ans et en 2020, un homme de 57 ans et un autre de 23 ans.

Pour le docteur Lam Nguyen, médecin conseil de l’association, la femme de 32 ans et l’homme de 23 ans n’avaient « aucune raison de mourir ». En effet, une personne infectée qui suit correctement son traitement ne voit pas la maladie évoluer.

Sida, comprendre la maladie

Le VIH est le virus dit virus de l’immunodéficience humaine. Ce virus, une fois dans l’organisme, attaque petit à petit certaines cellules qui coordonnent l’immunité. L’immunité est la défense de l’organisme contre les microbes. Les cellules visées par le VIH sont les CD4 (ou T4).Au fil du temps et en l’absence de traitement efficace, les CD4 peuvent devenir de moins en moins nombreuses. Dans ce cas l’immunité est moins efficace. Des maladies de plus en plus graves peuvent alors se développer. Certaines maladies sont appelées les maladies opportunistes parce qu’elles profitent de la diminution de l’immunité pour se développer. Lorsqu’une personne a une ou plusieurs maladies de ce type, on dit qu’elle a le Sida.

Une fois infecté, l’organisme ne peut pas éliminer complètement le VIH.

Le VIH met en général plusieurs années avant de détruire les défenses immunitaires.
Quand une personne a le sida c’est qu’elle est déjà forcément infectée par le VIH. Mais toutes les personnes infectées par le VIH ne développent pas forcément le SIDA.

On peut être séropositif pendant des années tout en se sentant en très bonne santé.

Le fait d’être infecté par le VIH ou d’avoir le sida ne se voit pas en dehors d’examens spécifiques. Seul un test de dépistage du VIH permet de savoir si on est porteur ou non de ce virus.
Les traitements actuels contre le VIH ont plusieurs objectifs :

– empêcher que l’infection par le VIH évolue vers le sida,
– soigner les personnes qui ont développé le sida,
– empêcher la transmission du VIH à une personne qui n’est pas infectée. Cette stratégie s’appelle le TasP.

Source : Sida info service.

 

Source : CATIE

On estime que 171 900 personnes s’injectaient des drogues au Canada en 2016, soit une augmentation par rapport à 2011. Les deux tiers des personnes qui s’injectaient des drogues au Canada ont reçu un traitement par agonistes opioïdes en 2016, ce qui représente également une augmentation par rapport à 2011. Près de 50 millions de seringues et d’aiguilles ont été distribuées en 2016, ce qui est inférieur aux cibles canadiennes recommandées.

Les personnes qui s’injectent des drogues ont un risque accru de contracter le virus de l’hépatite C (VHC) et le VIH en partageant ou en réutilisant du matériel de consommation de drogues. Le traitement par agonistes opioïdes (TAO) et la distribution de seringues et d’aiguilles sont tous deux associés à un risque réduit de VHC, de VIH et d’autres méfaits connexes. De plus, la rétention dans le TAO est associée à une diminution des surdoses et des décès chez les personnes ayant une dépendance aux opioïdes.

Compte tenu de l’importance de fournir des services de réduction des méfaits aux personnes qui utilisent des drogues, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recommandé que les pays fournissent un TAO à au moins 40 pour cent des personnes s’injectant des drogues et qu’ils distribuent annuellement au moins 200 seringues et aiguilles à chaque personne qui s’injecte des drogues.

La collecte et la déclaration de données sur les personnes qui s’injectent des drogues sont un aspect clé de la surveillance en santé publique, de la planification des politiques et des programmes et de l’allocation des ressources pour soutenir la santé des personnes qui utilisent des drogues. Une récente étude a estimé le nombre de personnes qui s’injectent des drogues ainsi que de la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada. Ces estimations nationales et provinciales/territoriales sont les données les plus récentes dont nous disposons sur la prévalence de l’injection de drogues, le TAO et la couverture de la distribution de seringues et d’aiguilles au pays.

Détails de l’étude

Afin d’estimer le nombre de personnes qui s’injectent des drogues et la couverture de la réduction des méfaits au Canada, les chercheurs ont utilisé diverses sources, notamment des données provinciales/territoriales sur le nombre de personnes ayant reçu de la méthadone, des données d’enquête sur la proportion de personnes s’injectant des drogues qui ont déclaré avoir reçu de la méthadone, et le nombre de seringues et d’aiguilles distribuées dans chaque province/territoire. Onze provinces et territoires sur 13 sont inclus dans l’étude; les données du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest n’étaient pas disponibles.

Résultats

Au Canada, on estime que 171 900 personnes s’injectaient des drogues en 2016, soit un taux de prévalence de 0,7 % (0,7 sur 100 personnes de 16 à 64 ans s’injectant des drogues). Il s’agit d’une augmentation par rapport aux 130 000 personnes qui s’injectaient des drogues en 2011 (taux de prévalence de 0,55 %). Les taux de prévalence variaient considérablement d’une région à l’autre du pays – de 0,16 % en Alberta à 1,48 % en Colombie-Britannique.

Il est estimé que 113 381 personnes ont reçu un TAO au Canada en 2016. Cela représente un taux de couverture de 66 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues – une hausse par rapport à 2011 (55 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues). La couverture provinciale/territoriale variait de 29 à 163 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues, respectivement au Manitoba et en Alberta.

Les prestataires de services et les organismes gouvernementaux ont distribué 49 958 381 seringues et aiguilles dans l’ensemble du pays, en 2016. Il s’agit d’une augmentation par rapport à 2011 – de 193 à 291 seringues et aiguilles par personne s’injectant des drogues. En 2016, la couverture provinciale/territoriale variait de 134 à 883 seringues et aiguilles distribuées par personne s’injectant des drogues, la plus faible étant à Terre-Neuve-et-Labrador et la plus forte, en Alberta.

La couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles en comparaison avec les lignes directrices de l’OMS

L’étude révèle qu’en moyenne, le Canada a respecté les lignes directrices de l’OMS sur la couverture du TAO, en 2016, avec un taux de 66 TAO par 100 personnes s’injectant des drogues. L’OMS recommande que les pays fournissent annuellement un TAO à au moins 40 personnes sur 100 qui s’injectent des drogues. À l’échelon provincial/territorial, le Manitoba n’a pas atteint cette norme en 2016.

En moyenne, la même année, le Canada a respecté les lignes directrices de l’OMS sur la distribution de seringues et d’aiguilles, avec environ 291 seringues et aiguilles distribuées par personne s’injectant des drogues. La cible de l’OMS est de distribuer annuellement plus de 200 seringues et aiguilles par personne qui s’injecte des drogues. Toutefois, seulement huit des onze provinces/territoires ont atteint cette cible; la couverture à Terre-Neuve-et-Labrador, au Québec et au Yukon était insuffisante.

Selon une analyse récente, dans le Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au Canada, la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada devrait être supérieure à la norme de l’OMS et atteindre 750 seringues et aiguilles par année par personne qui s’injecte des drogues. En 2016, deux provinces seulement dépassaient cette cible canadienne, soit l’Alberta et la Saskatchewan.

Implications pour les prestataires de services

Depuis 2011, un nombre croissant de personnes s’injectent des drogues, au Canada. On observe également entre 2011 et aujourd’hui une hausse alarmante du nombre de décès par surdose d’opioïdes – plus de 4 000 personnes sont décédées d’une surdose liée aux opioïdes en 2017 uniquement. En outre, même si cette étude précède l’avènement du SRAS-CoV-2, les défis sanitaires, sociaux et systémiques complexes que rencontrent les personnes qui s’injectent des drogues peuvent contribuer à des résultats néfastes de santé associés à la COVID-19. Cela pourrait exacerber les effets de santé négatifs qui ont déjà un impact disproportionné dans cette communauté. La convergence de ces facteurs met en relief l’importance d’une couverture élevée des services de réduction des méfaits et des ressources pour soutenir les personnes qui utilisent des drogues.

L’étude montre que la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles a augmenté dans chaque province et territoire examiné, entre 2011 et 2016, ce qui indique une tendance à la hausse de l’offre de services de réduction des méfaits au fil du temps. Il est nécessaire de maintenir et d’accroître l’accessibilité et la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada afin de réduire encore davantage les méfaits associés à l’injection de drogues et de prévenir le VIH et le VHC, les décès par surdose accidentelle et d’autres méfaits connexes.

L’ensemble de données initial utilisé dans l’étude peut comporter des limites; par conséquent, celle-ci ne brosse pas un portrait complet de la couverture du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles au Canada. De plus, ces données ne rendent pas compte de la couverture des services au sein d’une province ou d’un territoire spécifique. Les limites de l’ensemble de données initial pourraient avoir entraîné certaines inexactitudes dans les estimations. Des données plus exhaustives présenteraient un aperçu clair du TAO et de la distribution de seringues et d’aiguilles dans les régions urbaines, rurales et éloignées, ce qui pourrait révéler des lacunes dans la couverture locale. Les politiques et les décisions relatives à la fourniture des programmes devraient se fonder sur des informations plus détaillées.

Un ensemble complet d’interventions et de services de réduction des méfaits et de soutien est nécessaire pour soutenir la santé des personnes qui utilisent des drogues. Outre le TAO et la distribution de seringues et d’aiguilles, cela doit inclure la distribution de naloxone et de matériel pour l’inhalation de drogues, de même que des sites de prévention des surdoses et des services de soutien pour les personnes qui utilisent des drogues.

—Rivka Kushner

Ressources

Recommandations de pratiques exemplaires pour les programmes canadiens de réduction des méfaits – Recommandations de pratiques exemplaires du Groupe de travail sur les pratiques exemplaires pour les programmes de réduction des méfaits au Canada

Tout doit être neuf chaque fois que vous consommez – Carte postale de CATIE

COVID-19, le VIH, le VHC et la réduction des méfaits : Prévention, épidémiologie et réponse communautaire – Webinaire de CATIE

RÉFÉRENCES :

  1. Comité de rédaction et Groupes de travail du Modèle directeur du Réseau Canadien sur l’Hépatite C. Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au Canada. Montréal, QC. Disponible à l’adresse : https://www.canhepc.ca/sites/default/files/media/documents/modele_directeur_vhc_2019_05.pdf
  2. Jacka B, Larney S, Degenhardt L, et al. Prevalence of injecting drug use and coverage of interventions to prevent HIV and hepatitis C virus infection among people who inject drugs in Canada. American Journal of Public Health. 2020;110(1):45-50.
  3. Organisation mondiale de la Santé. OMS, ONUDC, ONUSIDA. Guide technique pour la définition d’objectifs nationaux pour l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et au soutien en matière de VIH/sida. 2009. Disponible à l’adresse : https://www.who.int/hiv/pub/idu/targetsetting/fr/
  4. Vasylyeva TI, Smyrnov P, Strathdee S, Friedman SR. Challenges posed by COVID‐19 to people who inject drugs and lessons from other outbreaks. Journal of the International AIDS Society. 2020 Jul;23(7):e25583.

Source : FRANCE 3 OCCITTANIE

Le chercheur toulousain Olivier Neyrolles a reçu ce lundi 2 novembre l’un des prix scientifiques de la Fondation pour la recherche médicale. Avec son équipe, il a percé les secrets de la virulence du bacille de la tuberculose.

C’est la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. Chaque année, la tuberculose tue 1,5 millions de personnes. Certaines de ses formes sont de plus en plus résistantes aux traitements, pour d’autres, il n’existe pas encore de vaccin. Percer les mystères de cette maladie, c’est l’objet des recherches d’Olivier Neyrolles. Ce directeur de recherches du CNRS y travaille depuis plus de 20 ans et avec son équipe de l’institut de pharmacologie et de biologie structurale, à Toulouse, il a fait des découvertes majeures dans les mécanismes d’infection et de virulences du bacille de la tuberculose. Ce qui lui vaut de recevoir ce lundi 2 novembre, l’un des 13 prix scientifiques de la Fondation pour la recherche médicale (FRM) qui récompense chaque année des chercheurs « pour leur contribution aux avancées biomédicales« .

« Nous travaillons sur les mécanismes moléculaires des interactions entre le bacille de la tuberculose et le système immunitaire de son hôte » explique Olivier Neyrolles, dans son laboratoire ce lundi. « Concrètement, nous cherchons par exemple à comprendre comment le bacille de la tuberculose peut survivre à l’intérieur de cellules, qu’on appelle les macrophages, qui normalement sont dédiées à détruire les pathogènes et qui, dans la cas de la tuberculose, n’y parviennent pas. »

Des métaux pour lutter contre la maladie

Dans un premier temps, Olivier Neyrolles et son équipe ont démontré que les macrophages, les cellules immunitaires chargées d’éliminer le pathogène, ingérent l’intrus et le soumettent à un taux élevé de métaux pour l’intoxiquer.

Une des découvertes importantes que nous avons faite au cours des dix dernières années, c’est un mécanisme par lequel le système immunitaire, pour se protéger contre les pathogènes, les intoxique avec des métaux. En particulier, nous avons montré ça pour le zinc et des collègues américains ont montré un phénomène similaire pour le cuivre.

Olivier Neyrolles

Mais les chercheurs toulousains ont aussi découvert plus récemment que le bacille de la tuberculose était capable de résister à cette intoxication au zinc. Ils cherchent maintenant à comprendre ce mécanisme pour pouvoir l’enrayer.

Nous avons démontré que la bactérie possède des pompes, des transporteurs qui lui permettent d’exporter le zinc potentiellement toxique depuis l’intérieur vers l’extérieur et nous cherchons à comprendre comment ces pompes fonctionnent. En particulier, nous avons démontré qu’elles ne fonctionnent pas isolément mais qu’elles s’assemblent pour fonctionner ensemble et forment des plateformes. On cherche à comprendre comment s’assemblent ces plateformes et comment on pourrait éventuellement les désassembler pour développer de nouveaux médicaments.

Olivier Neyrolles

Un pas vers de nouveaux traitements

En découvrant à la fois la production de zinc par les cellules immunitaires et la contre-offensive du bacille de la tuberculose contre ce métal, Olivier Neyrolles et son équipe ont fait un pas important qui pourrait permettre de développer de nouveaux traitements. « C’est l’objectif ultime » dit-il, « trouver des traitements complémentaires des antibiothérapies actuelles et nous avons également des travaux sur l’immunité anti-tuberculeuse qui pourraient aider au développement de nouveaux vaccins« .
C’est cette promesse aussi qui est récompensée par la Fondation pour la recherche médicale. Cette reconnaissance s’accompagne d’un prix de 15 000 euros qui permettra de payer pendant plusieurs mois un chercheur-doctorant du laboratoire pour poursuivre ses recherches.

Source : TRANSVERSAL MAG

Durant le confinement, psychologues et psychiatres ont suivi par téléconsultation leurs patients vivant avec le VIH. Si ce moment de « pause » a été globalement bien vécu, le déconfinement a souvent été plus compliqué à gérer pour ces patients, encore confrontés aujourd’hui à une situation sanitaire très incertaine.

« Il y a certaines personnes qui veulent vraiment revenir nous voir. Et d’autres qui ont pris l’habitude de consulter, par téléphone, depuis leur canapé. Et qui, finalement, n’ont plus très envie de bouger de leur canapé… » C’est sur le ton de la boutade que cette psychologue, spécialisée dans le VIH, décrit la situation actuelle. « On est dans un entre-deux un peu compliqué à gérer pour nos patients qui, comme tout le monde, font face à une situation sanitaire encore pleine d’incertitudes. Car la vie n’est pas redevenue comme avant », ajoute Serge Hefez, psychiatre et responsable de l’Espace social et psychologique d’aide aux personnes touchées par le virus du sida (Paris).

Les six derniers mois ont été difficiles à gérer pour tous les acteurs de la lutte contre le sida, mais aussi, et surtout, pour les personnes vivant avec le VIH. L’épidémie de Covid-19 a en effet bouleversé un certain nombre de repères et d’habitudes dans leur prise en charge. À ce stade, il ne semble pas que cet événement sanitaire hors-norme ait provoqué de ruptures massives dans le suivi médical et la prise des traitements. Mais le confinement puis le déconfinement n’ont pas été des étapes toujours simples à vivre, en particulier pour les personnes présentant un problème de santé mentale.

Des inquiétudes au début du confinement

Le suivi de ces personnes, fragiles sur le plan psychique, est aujourd’hui un enjeu primordial. On estime ainsi que près de 13 % des personnes vivant avec le VIH rapportent un épisode dépressif majeur dans l’année. Un taux plus élevé que celui observé en population générale, de 5 % à 8 % selon les études. Et sans être atteintes de dépression, de nombreuses personnes vivant avec le VIH souffrent de problèmes d’anxiété, d’angoisses ou de troubles cognitifs. Et au début du confinement, de nombreux psychologues étaient inquiets des semaines à venir pour ces personnes à plus forte vulnérabilité sur le plan psychologique.

Car avec le confinement, toutes les consultations « présentielles » ont dû être arrêtées. Psychiatres et psychologues ont certes continué à travailler en proposant un suivi à distance, par téléphone ou en visioconférence. « Je dois dire que pendant cette période, j’ai été débordée de travail, car pratiquement toutes les personnes que je suivais ont accepté ce suivi à distance. Parfois, il m’est arrivé de faire jusqu’à une vingtaine d’entretiens dans la journée », rapporte Nadège Pierre, psychologue et sexologue au 190, un centre de santé sexuelle parisien, soutenu notamment par l’association Aides.

Ces téléconsultations ont bousculé des habitudes bien ancrées. « Cela a été plus facile à mettre en place avec les patients que je connaissais bien. Le fait de ne pas se voir n’était pas un obstacle majeur. Au début de la conversation, je savais déjà, rien qu’à l’intonation de leur voix, s’ils allaient bien ou pas. Mais pour les patients nouveaux, ce n’est pas simple d’entamer un suivi par téléphone », explique Martine Shindo, psychologue clinicienne dans le service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis (Paris).

Une confidentialité parfois difficile à faire respecter

Dans certains cas, ce suivi à distance s’est heurté à des problèmes très concrets. « J’ai quelques patients qui vivent en couple ou en famille. Et pendant ces quelques semaines, ils ont préféré suspendre leur suivi. Car il n’était pas évident, en étant confinés avec d’autres personnes dans des espaces parfois étroits, de pouvoir parler en toute confidentialité », explique Alice Plutarque, psychologue clinicienne dans l’unité d’immuno-infectiologie de l’Hôtel-Dieu (Paris). « J’ai connu un peu la même situation avec des personnes confinées avec leur compagnon dans un tout petit studio », ajoute Nadège Pierre.

Quelques patients, fragiles psychologiquement, ont mal vécu le confinement. « On a vu des personnes, déjà très seules, qui se sont senties dans quelque chose d’un peu abandonnique. Le téléphone, qui sonnait peu, s’est mis à ne plus sonner du tout, se souvient Nalen Perumal, psychologue clinicien à l’association Envie (Montpellier). Nous suivons des personnes pour qui l’association est le seul point de socialisation. En temps ordinaire, elles ne sortent de chez elles que pour venir nous voir. Et pour ces gens très seuls et vulnérables, le confinement n’a pas été simple, malgré le suivi à distance que nous avons toujours continué à proposer. »

Mais tous les psychologues interrogés pour cet article le disent : dans l’ensemble, leurs patients ont plutôt bien traversé cette épreuve du confinement. « Certains étaient seuls chez eux avec, parfois, très peu de relations sociales, mais ils allaient plutôt bien, car, d’un seul coup, ils avaient l’impression d’être comme tout le reste de la population », indique Nadège Pierre. « Ils devaient rester chez eux, mais c’était pour tout le monde pareil. Et pour certains patients, cela a été un moment où ils avaient l’impression de plus être les seuls à vivre cette solitude », renchérit Martine Shindo, en constatant que ce confinement a aussi été un moment de « pause » pour des personnes d’ordinaire très actives. « Elles ont pu se retrouver un peu au calme, chez elles, dans une relation différente avec le travail », ajoute la psychologue. « Durant ce confinement, c’est comme si un espace de liberté s’était ouvert avec moins de contraintes sociales. Et la liberté de pouvoir être à la maison », observe Alice Plutarque

Le déconfinement, une étape complexe pour la santé mentale

De manière presque paradoxale, c’est le passage au déconfinement qui a été plus compliqué à gérer pour beaucoup. Avec un retour à une vie pas complètement normale et des consultations encore, parfois, effectuées à distance. « Certaines personnes ont éprouvé des difficultés à ressortir, à retourner au travail, à retrouver tout ce qui peut être fatigant dans une ville comme Paris : le bruit, le monde, l’agitation incessante », souligne Nadège Pierre. « Certains patients ont pris goût à ces consultations par téléphone. Par exemple, hier, un patient m’a appelée pour me demander si on pouvait s’entretenir par téléphone. Il m’a dit qu’il était parti pour quelques jours à la campagne et qu’il s’y sentait bien », raconte Martine Shindo.

Alors les « psys » s’adaptent et poursuivent certains suivis à distance. Parce que des patients le demandent ou parce que le protocole sanitaire impose de ne pas recevoir trop de monde en même temps dans les locaux hospitaliers ou associatifs. « Pour le moment, c’est encore 50-50 entre les consultations présentielles et celles faites à distance », indique Nalen Perumal qui, comme la plupart de ses confrères et consœurs, préférerait revenir à des consultations réalisées en présence du patient. « Ces téléconsultations ont été très utiles à un moment donné, mais elles ont également des limites. Au sein de notre association, l’accompagnement des personnes s’accomplit aussi par des soins corporels et de bien-être qui ne peuvent pas se faire à distance », souligne-t-il. « Avec le téléphone, on ne voit pas le mouvement du corps et tout le non verbal, ce qui est important lors d’une consultation », ajoute Martine Shindo.

« Des injonctions contradictoires permanentes »

Et bien que la téléconsultation conserve quelques adeptes, de nombreux patients souhaiteraient revenir dans les lieux de soins ou de soutien. « Le problème est que la situation actuelle reste complexe à gérer en raison de l’incertitude sanitaire, mais surtout des messages adressés à la population, estime Serge Hefez. Avant les vacances, début juillet, il y avait l’espoir que tout serait redevenu complètement normal à la rentrée. Aujourd’hui, ce n’est pas du tout ce qui se passe. Et le plus difficile à gérer pour beaucoup de nos patients, ce sont les discours très discordants. À un moment, on entend que cela va mieux qu’en mars ou avril, que les gens meurent moins et vont moins en réanimation. Et le lendemain, on nous dit que la deuxième vague est là et que la situation risque d’être très grave. »

Pour ce psychiatre, il y a comme un effet de « sidération » chez certains patients et même chez certains soignants. « Un jour, on vous dit de faire ceci et le lendemain, on vous dit de faire l’inverse. C’est cela le plus difficile à gérer dans la période très incertaine que nous vivons en ce moment : toutes ces injonctions contradictoires permanentes », insiste Serge Hefez.

Un retour à la vie d’avant très progressif pour Actions Traitements

Comme toutes les associations de lutte contre le sida, Actions Traitements a vu son activité largement bousculée avec l’épidémie de Covid-19. « Aujourd’hui, on revient à la normale de manière très progressive avec encore du télétravail », souligne Cédric Daniel, chargé de missions au sein de cette association qui réalise un important travail d’information, de soutien et d’accompagnement des personnes vivant avec le VIH.

Actions Traitement a été une des premières associations à faire de l’éducation thérapeutique du patient (ETP). Elle propose aussi, une fois par mois, des ateliers collectifs d’information et anime, depuis 1991, une ligne d’écoute ouverte le lundi et le jeudi. « Nous avons aussi ouvert fin 2019, un jeudi sur deux, une consultation animée par une psychologue-sexologue spécialisée en traumatologie. Elle prend notamment en charge des personnes ayant eu un parcours migratoire difficile lors duquel des agressions sexuelles ont pu se produire », explique Cédric Daniel.

Avec le confinement, ces activités ont été menées par téléphone ou en visioconférence. « Cela n’a pas été simple, mais cela a été l’occasion d’élargir certaines activités, indique-t-il. Ainsi, notre ligne d’écoute a fonctionné du lundi au vendredi, y compris parfois le samedi. La demande était très forte, car de nombreuses personnes avaient besoin d’information et de soutien, certaines d’entre elles étaient très anxieuses. »

Le déconfinement n’a pas entraîné immédiatement un retour à la normale puisque de mai à début septembre l’association a assuré toutes ses activités à distance. « Depuis un mois, on a recommencé à accueillir des personnes sur place, mais de manière très progressive à cause des impératifs sanitaires. Dans les ateliers collectifs, on reçoit 6 à 7 personnes, contre 15 à 20 en temps normal. Et des membres de l’association poursuivent le télétravail certains jours », informe Cédric Daniel, en relevant des points positifs et négatifs dans cette période très particulière.

« On s’est rendu compte des inégalités liées à la fracture numérique. Car parmi les personnes que nous suivons, certaines n’ont pas accès à un ordinateur ou rencontrent de grandes difficultés pour utiliser la visioconférence, souligne-t-il, en ajoutant que durant le confinement, l’association a pu toucher des personnes vivant avec le VIH en dehors de sa sphère géographique habituelle. Nos locaux sont situés dans le 20e arrondissement de Paris. Avec le suivi à distance, nous avons pu entrer en contact avec des personnes vivant dans des zones parfois éloignées de l’Île-de-France. »

Source :  LE COURRIER DU VIETNAM

Après deux ans de mise en œuvre, le programme de prophylaxie pré-exposition au VIH (PrEP) compte près de 13.000 clients, contribuant à contrôler la prévalence du VIH dans la communauté.

C’est ce qui ressort de la conférence « Traitement et prévention de pré-exposition au VIH (PrEP) 2018-2020 et Plan pour 2021 », tenue à Hô Chi Minh-Ville le 3 novembre. Un événement organisé par le Département de prévention et de lutte contre le VIH/Sida – ministère de la Santé, en collaboration avec l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et le projet USAID PATH Healthy Markets.

Le professeur agrégé-Dr. Nguyên Hoàng Long, directeur du Département de prévention et de contrôle du VIH/Sida, a déclaré que le Vietnam a obtenu de nombreuses réalisations remarquables dans la prévention et le contrôle du VIH/Sida. Le virus est en partie sous contrôle avec un taux d’infection  dans la communauté est inférieur à 0,3%.

Le nombre de nouveaux cas et de décès a diminué de façon continue chaque année. Cependant, le taux de séropositivité au sein de la communauté homosexuelle masculine a été en augmentation ces dernières années. Si en 2010, ce taux n’était que d’environ 2%, il est maintenant de 10%, voire 15% dans certaines localités.

Face à cette situation, le Vietnam a été l’un des premiers pays au monde à mettre en œuvre le Programme de traitement de prévention pré-exposition au VIH (PrEP), avec jusqu’à présent  près de 13.000 personnes traitées.

La  PrEP est un moyen par lequel une personne séronégative qui court le risque de contracter le VIH peut réduire son risque d’infection en prenant des médicaments antirétroviraux.

Parlant d’efficacité, Nguyên Hoàng Long a déclaré que la PrEP aide à réduire de 95 à 98% le risque d’infection. Plus précisément, parmi 10.000 cas de traitement PrEP, seules 8 personnes sont séropositives, tandis que sans prophylaxie pré-exposition, le nombre de nouvelles infections est d’environ 700.

En particulier, l’ouverture de la communauté homosexuelle à la PrEP a été très positive. Le Vietnam a pour objectif  qu’environ 30% des hommes homosexuels utilisent la PrEP d’ici 2025 (soit environ 60.000 personnes), puis 40% d’ici 2030 (80.000 personnes).

À l’avenir, l’USAID s’engage à soutenir et à garantir que les clients continuent à utiliser la PrEP. L’USAID vise toujours l’objectif d’éradiquer le Sida d’ici 2030.

La prévention pré-exposition (PrEP) a été introduite pour la première fois au Vietnam   début   2017 et est maintenant présente dans 26 provinces et villes du pays. Depuis le lancement   en 2017, près de 13.000 personnes se sont inscrites pour l’utiliser. D’ici 2021, le PrEP s’étendra à 27 provinces et villes et aura des ajustements appropriés pour continuer à bien répondre aux besoins du groupe cible, en offrant de nouvelles options d’accès aux personnes à haut risque d’infection.

Source : LE QUOTIDIEN DU MEDECIN

Les hommes ne sont pas épargnés par les tumeurs liées aux papillomavirus, notamment de l’oropharynx, de l’anus et du pénis. La Haute Autorité de santé (HAS) recommande d’étendre la vaccination des garçons de 11 à 14 ans révolus.

Parmi la centaine de souches de la famille des papillomavirus (HPV), certaines sont impliquées chez les hommes dans la survenue des cancers de l’oropharynx, de l’anus et du pénis.

La Haute Autorité de santé (HAS) a élargi la vaccination aux garçons depuis décembre 2019. Le vaccin, très efficace et bien toléré, est ainsi recommandé chez tous les adolescents, garçons et filles, entre 11 et 14 ans, avant les premiers rapports, avec un rattrapage pour les 15-19 ans et jusqu’à l’âge de 26 ans pour les homosexuels garçons et/ou les immunodéprimés. Quelque 50 sociétés savantes recommandent le vaccin HPV, ce qui est suffisamment rare pour être mentionné.

Environ 1 200 cancers de l’oropharynx imputables aux HPV chaque année

Sur les quelque 15 000 cancers ORL diagnostiqués chaque année, toutes causes confondues, 3 000 d’entre eux touchent la région de l’oropharynx et parmi eux, 40 % sont liés aux papillomavirus (50 % en région parisienne). « On compte ainsi 1 200 cancers de l’oropharynx dus au papillomavirus, les sites les plus touchés de l’oropharynx étant l’amygdale et la base de langueau niveau du tissu lympho épithélial », précise le Dr Philippe Gorphe, ORL au département de cancérologie cervico-faciale de l’Institut Gustave Roussy. Or l’incidence des cancers de l’oropharynx augmente. Même s’ils sont de meilleur pronostic que les autres tumeurs ORL, ces cancers ont une influence délétère importante sur la qualité de vie.

Les signes d’appel sont classiques : le plus souvent, c’est une douleur pharyngée (angine qui traîne) ou un ganglion cervical de taille anormale et persistant qui donnent l’alerte. « Une douleur angineuse qui ne cède pas au traitement médical sous deux ou trois semaines, doit faire évoquer un carcinome, même chez quelqu’un qui ne fume pas et ne boit pas d’alcool. Il ne faut pas hésiter à envoyer ce patient chez l’ORL pour éviter tout retard au diagnostic », explique le spécialiste. Fibroscopie et/ou scanner avec injection complètent le diagnostic clinique.

Suivi nutritionnel indispensable

« Le traitement repose soit sur la chirurgie (surtout en cas d’atteinte osseuse associée) avec une radiothérapie complémentaire, soit sur la radiothérapie d’emblée associée à une chimiothérapie en cas de grosses tumeurs ou d’atteinte ganglionnaire », indique le Dr Gorphe. La chirurgie robotique permet de retirer la tumeur en passant par la bouche, sans faire d’ouverture au niveau du cou. La radiothérapie provoque des mucites intenses, susceptibles de gêner la déglutition et nécessitant la mise en place d’une nutrition artificielle par sonde. À plus long terme, la radiothérapie peut aussi être responsable d’une xérostomie nécessitant de boire beaucoup et souvent. « Le suivi nutritionnel par le généraliste est essentiel, insiste le chirurgien ORL. L’apparition d’une limitation de l’ouverture de la bouche relève aussi de sa surveillance : des séances avec un kinésithérapeute pour travailler l’ouverture buccale sont alors à prescrire. Enfin, la radiothérapie ayant tendance à atrophier les muscles, l’orthophonie de la déglutition est à travailler régulièrement ».

Cancers anaux, les hommes concernés

L’incidence des cancers anaux est de 1 à 2 pour 100 000 habitants : 65 % touchent des femmes (âge moyen de 61 ans) et 35 %, des hommes (âge moyen de 41-42 ans). Chez ces derniers, il s’agit majoritairement d’homosexuels VIH +. « Leur risque relatif est multiplié par 100, raison pour laquelle un examen anal proctologique complet leur est recommandé au moins une fois, les examens suivants étant programmés en fonction de leur sexualité (un examen annuel en cas de multipartenariat), explique le Dr Laurent Abramowitz, gastro-entérologue et proctologue, à l’hôpital Bichat – Claude Bernard (Paris). Chez les homosexuels VIH- et chez les VIH + non homosexuels, le risque relatif est multiplié par 40-50. De leur côté, les femmes ayant déjà eu une maladie due à l’HPV ont un risque relatif multiplié par 4 à 16 ».

Comme le rappelle le spécialiste, par ailleurs président du Groupe de recherche en proctologie (GREP) de la Société nationale française en coloproctologie : « En fait, tout le monde est infecté par des HPV au niveau de l’anus, du pénis et du col, mais très peu vont développer un cancer car la plupart éliminent spontanément le virus. Être immunodéprimé et/ou avoir plusieurs partenaires, augmentent les risques de cancer anal, mais attention aux idées préconçues : le cancer de l’anus n’est pas forcément lié à un rapport anal. Quant au port du préservatif, il diminue le risque, mais ne l’annule pas ».

Il n’y a pas que la maladie hémorroïdaire qui peut expliquer une symptomatologie anale ! « Il ne faut jamais traiter un anus sans le regarder, insiste le Dr Abramowitz. Les symptômes devant alerter sont une douleur, un saignement, une boule anale et parfois un prurit. Il ne faut pas hésiter à poser la question chez les patients à risque (homosexuels VIH +, immunodéprimés, femmes ayant fait un cancer du col et/ou ayant été traitée par conisation), car par tabou, beaucoup n’osent pas parler spontanément de ces symptômes. Le diagnostic repose sur l’examen visuel de la marge anale et sur un toucher rectal. Si une tuméfaction est ressentie, un avis spécialisé est demandé ».

Un cancer anal presque toujours locorégional

Le bilan d’extension est clinique (mesure de la tumeur, toucher rectal, anuscopie, palpation des aires inguinales), radiologique avec une IRM anorectale, parfois un pet-scan, un scanner thoraco-abdomino-pelvien pour vérifier qu’il n’y a pas de métastase et enfin, la recherche de marqueurs Squamous Cell Carcinoma Antigen (SCC). « Le traitement du cancer de l’anus repose surtout sur la radio-chimiothérapie (car elle est radiosensibilisante). La chirurgie est réservée aux petits cancers de la marge anale car elle présente moins de séquelles, d’où l’intérêt du dépistage précoce par le généraliste », insiste le Dr Abramowitz.

Intérêt possible d’une vaccination tardive

Outre le dépistage et le suivi, le rôle du généraliste est primordial en matière de prévention. « La vaccination est la meilleure prévention primaire et elle est bien tolérée. Toutefois, on ne sait pas encore si elle n’a d’intérêt chez les garçons, qu’avant les premiers rapports sexuels ou si une immunité est rattrapable plus tard », explique le Dr Gorphe. De plus, le vaccin pourrait avoir un intérêt en prévention tardive. « Des petites études ont été réalisées sur des femmes vaccinées bien plus tard (45-49 ans) après conisation et donc une dysplasie de haut grade : elles montrent que ces femmes ont une baisse de 70 % de récidives de haut grade comparativement aux femmes non vaccinées, poursuit le Dr Abramowitz. Il y aurait donc encore un bénéfice à faire le vaccin tardivement, mais il n’y a pas de recommandation en France en ce sens, même si cela se fait dans d’autres pays ».

Dr Nathalie Szapiro

Source : INFO VIH

Depuis quelques années, les inhibiteurs d’intégrase ont été décrits comme association à une prise de poids chez les PVVIH. Des cas cliniques et quelques séries ont évoqué un sur-risque de diabète chez les patients traités par inhibiteurs d’intégrase.

Les inhibiteurs d’intégrase font prendre du poids. Pour certains auteurs, ils pourraient même être associés à une augmentation du risque de diabète chez les PVVIH. Qu’en est-il dans la cohorte française DAT’AIDS ? Les auteurs se sont intéressés à l’occurrence d’un diabète chez les patients ayant initié un traitement antirétroviral entre 2009 et 2017. Parmi les 19 462 patients recevant une première ligne de traitement entre 2009 et 2017, 3 403 ont initié un traitement avec un inhibiteur d’intégrase.

L’incidence du diabète a été estimée à 4,2/1000 patients/année. Aucune différence n’a été observée entre les troisième agents (inhibiteurs d’intégrase, inhibiteurs de protéase, inhibiteurs non nucléotidiques de la transcriptase inverse) sur le risque de survenue de diabète. Seuls, l’indice de masse corporelle > 30 kg/m2 et un âge supérieur à 46 ans étaient associés à une augmentation du risque de diabète. Ces résultats peuvent être comparés à ceux d’une étude nord américaine dans la cohorte NA-ACCORD, qui identifie un sur-risque de diabète en cas d’utilisation des inhibiteurs d’intégrase et des inhibiteurs de protéase en comparaison avec inhibiteurs non nucléotidiques de la transcriptase inverse. Cependant, le poids semble aussi bien jouer aux Etats-Unis, lorsque les auteurs considéraient la prise de poids en 12 mois, l’effet des inhibiteurs d’intégrase sur la survenue d’un diabète était tout de même atténué. Faut-il réserver les inhibiteurs d’intégrase aux patients les plus minces et qui conservent une bonne activité physique ?

Source : LE QUOTIDIEN DU PARHAMACIEN

Le 22 octobre, le ministère de la Santé a indiqué aux syndicats et à l’Ordre des pharmaciens que 3 millions de doses de vaccins contre la grippe seraient livrées aux officines d’ici à la fin du mois de novembre. Insuffisant pour envisager la vaccination des personnes hors de la population cible, estime la FSPF. Inacceptable, pour l’USPO : les pharmacies n’auront finalement pas plus de doses que l’an passé.

Les pharmaciens n’oublieront pas de si tôt le début de la campagne de vaccination antigrippale 2020-2021. Les chiffres donnent en effet le tournis. Au premier jour de campagne, le mardi 13 octobre, 2,2 millions de doses de vaccins ont été délivrées en officine dont 400 000 directement administrés aux patients. À la date du 21 octobre, 7,5 millions de doses ont été écoulées par les pharmaciens français selon les chiffres du ministère de la Santé.

L’appel des médecins, de sociétés savantes et même de certains politiques aux personnes âgées et vulnérables à se faire immuniser contre la grippe, alors que l’épidémie de Covid-19 risque d’engorger les hôpitaux cet hiver, a été largement entendu. L’an dernier, seulement la moitié des 16 millions de patients de la population cible avait été immunisée contre la grippe. Va-t-on considérablement améliorer la couverture vaccinale cette année « grâce » à la menace Covid ? Les chiffres exceptionnels des premiers jours s’expliquent peut-être, comme cela a été observé dans l’hémisphère sud, par la peur de la pénurie de la part de patients qui ont parfaitement compris qu’il ne valait mieux pas attendre le mois de novembre. Toujours est-il que cet afflux de demandes a entraîné une pénurie dans de nombreuses pharmacies. Selon l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), 60 % des officines étaient en rupture dès le samedi suivant le lancement de la campagne et plus de 80 % l’étaient dans le courant de la deuxième semaine selon les chiffres du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP).

Des situations difficiles au comptoir

Des ruptures dues à l’engouement des patients mais aussi au séquençage des livraisons, regrette Gilles Bonnefond, président de l’USPO. « Pourquoi les pharmacies n’ont-elles pas été approvisionnées en 2020 de la même manière que les années précédentes ?, questionne-t-il. Les laboratoires ont décidé de nous livrer en plusieurs fois, alors qu’auparavant l’intégralité des commandes étaient reçues avant le début de la campagne. » Pire, Gilles Bonnefond affiche sa déconvenue après avoir appris, le 22 octobre, que le nombre de vaccins prévu dans les officines n’a en réalité pas été revu à la hausse. « On a tous compris qu’il y avait une augmentation de 20 % de l’approvisionnement, qu’il y aurait 13 millions de doses au lieu des 11 millions de l’an dernier, ça a été dit et repris partout dans les médias, et aujourd’hui on nous dit que nous avons mal compris. Je réponds que cela a été assez mal formulé pour qu’on ne comprenne pas, car si nous avions su qu’il n’y avait pas de dose supplémentaire, on aurait très mal réagi ! » A cela s’ajoutent des commandes de vaccins faites directement par des entreprises pour en faire bénéficier leurs collaborateurs, en dehors de toute considération de priorisation. « Lorsque la DGS a annoncé le principe de priorisation en septembre, les laboratoires auraient dû refuser de livrer ces entreprises même si rien ne les y obligeait », souligne le président de l’USPO.

En tout cas, les pharmaciens ont respecté la doctrine de priorisation des patients, selon les constatations du CNOP. Ce que Gilles Bonnefond confirme : « L’an dernier, 11 % des vaccins ont été délivrés à des personnes ne présentant pas de bon. Cette année, nous en sommes à 7 %, et il s’agit principalement du personnel des EHPAD et de l’officine, et de personnes bénéficiant d’une prescription médicale. » Pour sa part, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a eu vent de plaintes – ou de menaces de plaintes – de patients à qui des pharmaciens ont refusé la délivrance d’un vaccin parce qu’ils n’avaient pas de bon ou que les doses encore en stock étaient déjà réservées à des patients prioritaires. « Le courrier du ministre la Santé au sujet de la priorisation des patients a été publié dans le « Journal Officiel », cela lui donne un certain poids, rappelle Pierre Béguerie, président de la section A du CNOP. Toutefois, nous aurions préféré que cette règle fasse l’objet d’une loi ou d’un décret. » Sans jurisprudence sur le sujet, difficile aujourd’hui de savoir si une plainte adressée contre un pharmacien pour refus de vente de vaccin pourrait aboutir.

Trois millions de doses à venir

Le 22 octobre, lors d’une réunion au ministère de la Santé, les syndicats et l’Ordre des pharmaciens ont obtenu quelques précisions sur le nombre de vaccins qui seront livrés dans les prochaines semaines. « Les pharmacies recevront 3 millions de doses entre la semaine 44 (du 26 octobre au 1er novembre) et la semaine 48 (entre le 23 et le 29 novembre). Dès cette semaine, un peu moins d’un million de doses seront livrées aux officines, détaille Philippe Besset, président de la FSPF. À partir du 1er décembre, il ne restera plus que le stock de l’État, soit environ 2 millions de doses. » Un stock d’État qui n’existe pas encore puisque les négociations sont en cours, selon Gilles Bonnefond. Pour lui, au vu de la forte concurrence entre les pays, tant que ces vaccins ne sont pas arrivés en France, mieux vaut ne pas trop compter dessus.

Il regrette par ailleurs le manque de flexibilité des laboratoires pour accélérer les livraisons de vaccins aux officines. Mais Philippe Besset tempère : « Les laboratoires Mylan et Sanofi nous ont assuré que l’ensemble des commandes faites par les pharmacies seront livrées. Néanmoins, ces quantités ne suffiront pas à couvrir l’ensemble des besoins. Il faut prendre conscience dès aujourd’hui qu’il ne sera pas possible de vacciner cette année des personnes hors de la population cible. » Face à ce constat, Philippe Besset demande la parution d’un arrêté. « Aujourd’hui, le courrier de la Direction générale de la Santé (DGS) indique que les personnes qui n’ont pas de bon pourront être vaccinées à partir du 1er décembre. De toute évidence, cela ne va pas être possible. Il y a besoin d’une clarification qui doit passer, selon nous, par un arrêté. » Une demande à laquelle la DGS a, semble-t-il, été plutôt réceptive.

Cet hiver, les personnes qui ne peuvent prétendre aux bons de vaccination devront donc se contenter des gestes barrière pour se protéger de la grippe saisonnière. Pour l’heure, insatisfait de la situation, Gilles Bonnefond demande une réunion, dès janvier, avec les industriels, les grossistes-répartiteurs, les pharmaciens, l’assurance-maladie et l’État pour mettre en place ensemble la stratégie de vaccination antigrippale pour la saison 2021-2022.

Pascal Marie et Mélanie Mazière

Source : UNAIDS

Des données obtenues récemment révèlent que la pandémie de COVID-19 a des répercussions considérables sur les services de dépistage du VIH, mais son impact sur le traitement du VIH a été moindre que ce qui était craint à l’origine.

La situation concernant les services de prévention de la transmission verticale du VIH (de la mère à l’enfant) est néanmoins contrastée. À partir d’avril, les pays ont enregistré de manière générale un recul du nombre de femmes faisant un dépistage du VIH lors de leur première visite prénatale dans un établissement de santé, mais cette tendance s’est inversée dès le mois de juin.

L’ONUSIDA, l’Organisation mondiale de la Santé et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance ont lancé en août 2020 une campagne de collecte de données afin de recenser les perturbations causées par la COVID-19 et affectant les services réguliers de la lutte contre le VIH au niveau national, régional et mondial. Parmi les 43 pays ayant fourni des informations concernant la prévention de la transmission verticale du VIH, 17 ont partagé des données qui ont permis d’identifier des tendances.

Un ratio a été calculé en utilisant janvier comme point de comparaison afin de mesurer l’impact de la COVID-19 sur les services de prévention de la transmission verticale du VIH. Autrement dit, si le nombre de femmes accueillies en avril est resté constant par rapport à janvier, alors ce ratio est de 1. S’il a reculé, alors ce taux est inférieur à 1.

En avril par rapport à janvier, tous les pays sauf le Mozambique et la Jamaïque ont signalé un déclin du nombre de femmes faisant un test du VIH lors de leur première visite prénatale dans un établissement de santé. À partir de juin ou juillet, 14 des 17 pays avaient de nouveau atteint le niveau de février (tous sauf l’Indonésie, le Botswana et la Sierra Leone).

Parmi les 15 pays ayant fourni des informations sur le traitement de femmes enceintes vivant avec le VIH, le nombre de femmes sous traitement est revenu au niveau de février pour tous les pays sauf 5 (Botswana, Afrique du Sud, Sierra Leone, Togo et Guatemala).

Source : LIBERATION

Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société suspendue à l’évolution du coronavirus. Aujourd’hui, il donne la parole à l’activiste du sida Fred Bladou.

J’ai rencontré Fred Bladou dans une autre vie, en 2007, quand je militais au côté d’Act Up contre les franchises qu’imposait Nicolas Sarkozy pour défaire la prise en charge solidaire des soins. Jeune médecin en loden, bon client pour les journaux télévisés, j’ai été adopté par cette troupe courageuse. Ces «usual suspects» n’hésitaient pas à zapper les meetings de Sarkozy, à asperger de faux sang l’entrée du ministère de la Santé. Ils poursuivaient dans les allées de Solidays Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, qui réformait l’hôpital public et mettait en place la tarification à l’activité et des économies drastiques qui ont fait le lit de la situation actuelle. Nous avons perdu. Les malades ont payé dans leur chair. Parce qu’il n’y avait déjà pas d’argent magique, et que piquer de la petite monnaie dans la poche des cancéreux et des séropos était mieux vu que de taxer les stock-options, comme l’avait alors proposé Philippe Seguin, qui n’était pourtant pas exactement le sous-commandant Marcos. Toujours militant, toujours en colère, toujours activiste du sida, Fred Bladou aborde le Covid avec en mémoire la lutte contre cette autre pandémie :

«On n’allait pas y échapper et très franchement, je ne voyais aucune alternative au confinement, face aux chiffres catastrophiques enregistrés ces derniers jours. Je vais me plier aux injonctions, aux mesures coercitives, liberticides, à contrecœur. Je vais également me passer, bien volontiers, des leçons de morale de quelques adeptes du catastrophisme au rabais. Je les connais depuis si longtemps sur d’autres sujets – les drogues , le sida, la prep… – que je ne prête aucune attention à leurs discours.

«Délires mégalomanes de certains médecins»

«Mais je suis assailli de questions existentielles… Vais-je devoir écrire sur l’attestation infantilisante que je sors à moins d’un kilomètre acheter de la bouffe séparatiste et communautariste au rayon halal ou cacher de l’hyper ? Ces sujets semblaient si essentiels pour le gouvernement alors que l’épidémie explosait. Je suis autoconfiné depuis des mois : plus de rapports sexuels, de participation à des manifestations publiques, télétravail permanent, réduction drastique des interactions sociales (hors cercle amical très proche), limitation des déplacements, plus de théâtre, de cinéma ou de spectacles. Je les respecte ces putains de règles pour éviter de m’infecter ou d’infecter mes voisines octogénaires. Je les respecte tellement que ma vie se borne à travailler, que tout ce qui me procurait du plaisir est proscrit. Je les subis doublement parce que je vis avec le VIH et une invalidité et que, potentiellement, je serais à risques. « A risques » comme beaucoup, les obèses, les asthmatiques, les diabétiques, les vieux… toutes ces personnes que l’on a poussées à l’isolement sans rien faire pour les protéger et réduire l’angoisse qu’elles vivent depuis le mois de février.

«Nous subissons l’incapacité des pouvoirs publics à nous protéger, les délires mégalomanes de certains médecins qui veulent leur quart d’heure de gloire télévisuel, leurs publications et leurs financements. Nous gérons entre mensonges de l’Etat, approximations scientifiques et brimades infondées. Nous gérons et nous subissons.

«C’est le pouvoir des politiques et des sociétés savantes contre le peuple. C’est l’hôpital public, ses soignants précaires et les malades, les familles des malades, les plus pauvres, les travailleurs sans télétravail qui trinquent. Ce sont les médecins et les personnels en ville qui ont été abandonnés littéralement pendant la première vague. Ils se sont débrouillés avec les moyens du bord, sans masque, sans soutien. Certains en ont fait les frais et ont payé très cher le respect du serment d’Hippocrate. Rien à ma connaissance n’a été amélioré pour aucun d’entre eux depuis la première vague.

«Je suis en colère. Terriblement»

«Le peuple subit une stratégie de santé à la petite semaine, sans jamais être consulté. On l’enferme, on le pénalise, on lui dresse des procès-verbaux parce qu’il n’est pas sage, qu’il se promène dans les bois ou sur la plage. Les délateurs affichent ces citoyens irresponsables sans consentement dans les pages d’une sale presse ou sur les réseaux sociaux, dès qu’il boit une bière sur le bord du canal. On lui interdit d’accompagner ses aînés qui crèvent, seuls, en Ehpad. On lui interdit de se marier ou même d’aller faire l’amour avec un ou une inconnu(e).

«Un contre-pouvoir ? Eh bien non. Certaines associations de défense des usagers du système de santé sont pour le moins complaisantes. D’autres, au contraire, se démènent. Elles doivent être entendues afin que les personnes malades qu’elles représentent voient de réelles améliorations dans leur vie quotidienne. Tout ce que nous avons appris du sida est effacé des stratégies de santé. On gère cette épidémie comme si c’était la première.

«Alors oui, je suis en colère. Terriblement. On perd nos familles, nos libertés, nos emplois pendant que quelques boomers suffisants se tirent la bourre sur les plateaux télé et massacrent notre vie sociale, nos promenades, nos salles de sport, nos dance-floor, nos artistes et nos réunions de famille.

«Les experts de la santé mentale sont ignorés. Rien n’est fait ou même pensé pour réduire les risques psycho-sociaux. Je suis membre du comité scientifique de SOS addictions. Les personnes vulnérables, souffrant d’une pathologie psy ou d’addictions se sont retrouvées en rupture de soins ou de traitement à une période hyper anxiogène, renvoyées à l’isolement et à la détresse. Les professionnels de l’addictologie se sont adaptés en mettant en place des systèmes de prise en charge à distance, en exposant les acteurs de la réduction des risques et de l’auto-support, ne comptant plus leurs heures et sans qu’aucun soutien particulier n’ait été réfléchi par le ministère de la Santé. Nous avons assuré et tenu bon malgré le contexte exceptionnel et inédit, pour protéger nos publics. Depuis le déconfinement, nous gérons des situations de plus en plus complexes et ce second confinement risque de replonger les plus fragiles dans une situation incontrôlable. Nos recommandations sont occultées par les pouvoirs publics. Les usagers de produits psycho-actifs et les personnes en grande fragilité psy n’intéressent pas le gouvernement, dont l’objectif le plus flagrant est d’envoyer les gens travailler coûte que coûte.

«Il faut susciter l’adhésion du plus grand nombre»

«Françoise Barré-Sinoussi et Jean-François Delfraissy ont demandé à de nombreuses reprises la création d’une instance citoyenne composée d’acteurs de la santé, de citoyens, d’associatifs. Ces demandes sont restées vaines. La santé de toute la population ne dépend que de la décision politique sur fond de luttes fratricides entre médecins médiatiques et experts choisis prompts à soutenir un Etat défaillant. L’expérience du sida nous a enseigné que les politiques publiques, la prévention et la prise en charge des personnes vivant avec le VIH se construisent entre médecins, décideurs politiques et représentants associatifs des groupes les plus exposés. Pour qu’une stratégie de santé fonctionne, il faut susciter l’adhésion du plus grand nombre. On construit avec les gens et pas pour les gens.

«Les erreurs du gouvernement ont lâché sur la Toile des milliers de conspirationnistes. Il faut changer de braquet et coconstruire avec le peuple, une stratégie adaptée. Il est temps d’envoyer chier ces quelques mandarins égocentriques qui monopolisent le débat public et les chaînes d’infos pour vendre un traitement inefficace. Il est temps de prendre la place des associations plus préoccupées par leur train de vie et les cocktails ministériels que par notre survie, notre bien-être et notre qualité de vie.

 «Rien n’a été préparé, rien n’a été anticipé. Les masques, les tests, la détresse des soignants, le manque de personnels, les fermetures de lits. Rien n’a changé depuis mars. Le gouvernement a compté sur un essoufflement de la dynamique de l’épidémie et nous en payons les conséquences aujourd’hui, nous, les personnels hospitaliers, les soignants. Le déconfinement est un échec et cette deuxième vague était prévisible.

«Il faut cesser de compter les morts et d’agiter des chiffres alarmistes sans mettre en place une réelle stratégie de santé concertée et innovante, à la hauteur des challenges que nous impose cette nouvelle épidémie. Comme nous l’avions fait au temps d’Act Up-Paris, imposons-nous dans les débats et imposons notre calendrier pour ne plus nous faire enfermer sans bruit.»