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Source : Catie 

L’effet du traitement du VIH (TAR) est tellement transformateur que les chercheurs prévoient de plus en plus que les utilisateurs du TAR seront nombreux à connaître une espérance de vie quasi normale. Nombre de facteurs peuvent toutefois miner la capacité d’une personne à prendre son TAR exactement comme il est prescrit, à respecter continuellement ses rendez-vous en clinique et au laboratoire et à adopter de saines habitudes de vie. La santé mentale figure parmi ces facteurs nombreux. La santé mentale d’une personne peut être influencée par des facteurs biologiques, sociaux et structuraux, ainsi que par des événements passés ou actuels qui sont source de détresse psychologique et de traumatismes.

  • La violence interpersonnelle peut être de nature physique, psychologique ou sexuelle
  • Selon des chercheurs de Calgary, sur 1 064 personnes séropositives, 36 % avaient des antécédents de violence interpersonnelle
  • Les victimes de violence avaient une santé plus fragile et moins de chances de survie à long terme, notamment si la violence avait eu lieu dans l’enfance

Accent sur la violence interpersonnelle

Selon une équipe de la Southern Alberta HIV Clinic à Calgary, la violence interpersonnelle « comprend la violence entre les partenaires intimes, les membres d’une même famille, les amis et les connaissances ». L’équipe a évalué plus de 1 000 personnes séropositives afin de connaître leurs antécédents de violence interpersonnelle. Les personnes qui disaient avoir été victimes de violence se faisaient diriger vers des travailleurs sociaux pour recevoir du counseling. Les chercheurs ont suivi les participants pendant neuf ans après l’évaluation initiale.

Trente-six pour cent des participants ont dévoilé avoir vécu de la violence interpersonnelle. Selon les chercheurs, malgré le counseling, ces personnes couraient plus de risques de présenter de nombreux indices d’une mauvaise santé, notamment un faible compte de cellules CD4+, une charge virale détectable persistante et une durée de survie réduite, comparativement aux personnes n’ayant pas signalé d’antécédents de violence.

Dans un rapport à paraître dans la revue AIDS, les chercheurs décrivent l’algorithme qu’ils proposent pour venir en aide aux victimes de violence interpersonnelle. Ils encouragent d’autres cliniques VIH à effectuer des évaluations semblables et à diriger les patients vers des travailleurs sociaux, que ce soit sur place ou ailleurs, afin de recevoir un traitement et un soutien psychosocial.

Détails de l’étude

En juin 2009, les chercheurs ont commencé à évaluer les participants pour déterminer s’ils avaient vécu de la violence interpersonnelle. Le suivi des participants a duré neuf ans après cette évaluation initiale.

Résultats

Plus du tiers des participants (36 %) ont dévoilé des expériences de violence interpersonnelle dans les proportions suivantes :

  • violence interpersonnelle dans l’enfance seulement : 21 %
  • violence interpersonnelle après l’atteinte de l’âge adulte seulement : 15 %

Sexe

Les femmes (46 %) étaient plus susceptibles que les hommes (33 %) de dévoiler des antécédents de violence interpersonnelle. Elles étaient également plus susceptibles (25 %) que les hommes (12 %) de signaler des actes de violence subis depuis qu’elles étaient des adultes.

Groupes ethnoraciaux

Les personnes autochtones étaient plus susceptibles (71 %) de dévoiler des antécédents de violence interpersonnelle que les personnes de race blanche (38 %) et les personnes d’origine africaine, caraïbéenne ou noire (20 %).

Affections médicales concomitantes

Aucune différence n’a été constatée entre les victimes de violence interpersonnelle et les non-victimes en ce qui concerne les taux d’affections médicales concomitantes, telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète, les troubles gastro-intestinaux et les lésions nerveuses.

Les chercheurs ont toutefois constaté que les personnes ayant subi des actes de violence étaient considérablement plus susceptibles d’éprouver les problèmes suivants :

  • consommation problématique de substances (dont la méthamphétamine, la cocaïne ou le crack et/ou l’héroïne et d’autres opioïdes)
  • co-infection au virus de l’hépatite C
  • pensées ou actes d’automutilation
  • troubles de santé mentale

Abandon des soins

Au cours de l’étude, les chercheurs ont trouvé que les personnes ayant dévoilé des antécédents de violence interpersonnelle dans l’enfance étaient significativement plus susceptibles (40 %) d’abandonner les soins que les personnes ayant vécu de la violence interpersonnelle depuis l’âge adulte seulement (26 %) ou celles n’ayant signalé aucun antécédent de violence interpersonnelle (27 %).

Notons que les taux de discontinuation des soins attribuables à un déménagement hors du sud de l’Alberta étaient semblables sans égard aux antécédents de violence interpersonnelle.

Impact sur la survie

Selon les chercheurs, le risque de décès prématuré était presque le double (16 %) chez les personnes ayant dévoilé des antécédents de violence interpersonnelle dans l’enfance, comparativement aux personnes n’ayant aucun antécédent de violence interpersonnelle ou des antécédents de violence interpersonnelle survenus depuis l’âge adulte seulement (environ 8 %). Les chercheurs ont affirmé que les décès parmi les victimes de violence interpersonnelle dans l’enfance étaient « souvent associés à des problèmes de santé mentale et de dépendance (surdose de drogue, violence, suicide) ou à des complications du VIH/sida ».

Mesures du comportement et de la santé

Au cours de l’étude, les chercheurs ont constaté les conséquences défavorables suivantes chez les personnes ayant dévoilé des antécédents de violence interpersonnelle de n’importe quel genre, par rapport aux personnes n’ayant pas dévoilé de violence interpersonnelle :

  • 36 % plus susceptibles de mettre fin aux soins
  • 81 % plus susceptibles d’avoir une charge virale élevée, soit 500 copies/ml ou plus
  • 47 % plus susceptibles de connaître une baisse du compte de CD4+ sous le seuil des 200 cellules/mm3
  • 65 % plus susceptibles de mourir

Ces tendances se maintenaient sans égard au sexe, au groupe ethnoracial ou au niveau de scolarité des participants.

À retenir

L’équipe de recherche a fait valoir ceci : « Pour les victimes de maltraitance, les rendez-vous cliniques manqués, la discontinuation des soins de santé [et la mauvaise observance thérapeutique] reflètent souvent des antécédents de traumatismes et de stigmatisation ».

Quelles mesures sont en cours?

Selon les chercheurs, « il est crucial d’entamer un dialogue avec [les personnes séropositives] sur leurs antécédents de violence interpersonnelle. Lors d’une étude précédente menée également dans la Southern Alberta HIV Clinic, les participants étaient ouverts à l’idée de passer une évaluation de leurs antécédents de violence interpersonnelle parce qu’une relation de confiance existait déjà entre eux et leurs professionnels de la santé. L’évaluation des individus offrait l’occasion de diriger ceux-ci vers un travailleur social se spécialisant dans la violence familiale/interpersonnelle et les abus. La Southern Alberta HIV Clinic vise à évaluer chaque personne pour déterminer ses antécédents de violence interpersonnelle et à fournir l’occasion de parler aux travailleurs sociaux [de la clinique] à toutes les personnes qui en dévoilent. Les travailleurs sociaux permettent aux individus de parler de leurs traumatismes et peuvent élaborer des plans sécuritaires pour aider les patients à obtenir du soutien additionnel ».

Un héritage de violence

Cette étude albertaine met en évidence l’impact durable que la violence dans l’enfance exerce sur la santé des adultes. Le mécanisme précis par lequel la violence interpersonnelle dans l’enfance fragilise la santé plus tard n’est pas clair, mais il est probable que l’interaction de divers effets psychologiques et biologiques joue un rôle. Les chercheurs de Calgary ont mentionné d’autres études où l’on avait observé que des changements anormaux dans les hormones et les signaux chimiques participant à la réponse au stress étaient associés à un risque accru de trouble de stress post-traumatique (TSPT) et de dépression.

Cette étude est importante et s’ajoute à la masse croissante de données probantes révélant les séquelles importantes de la violence interpersonnelle, surtout si celle-ci a lieu dans l’enfance. Le travail effectué par cette équipe souligne l’importance d’aider les populations vulnérables à améliorer leur santé globale de façon durable.

 

Et la moitié sont des adolescents.

Avant d’aller plus avant dans ce billet, évitons un malentendu. La situation à laquelle je le consacre est l’héritage du passé, et non la conséquence de l’état actuel du système de santé russe. Et les adolescents dont je parle n’ont pas été contaminés par l’injection de drogues ou par des relations sexuelles non protégées, mais à la naissance.

Entre le début de l’épidémie en Russie, il y a un peu plus de vingt ans, et la fin septembre 2020, 215 695 enfants sont nés vivants d’une mère séropositive. À l’accouchement, la transmission du virus à l’enfant n’a pu être évitée pour 11 623 d’entre eux, soit 5,6 %. C’est une moyenne. Au début des années 2000, le taux de transmission était de l’ordre de 20 %, il est maintenant en dessous de 1,5 %.

Le nombre des naissances d’enfants séropositifs a donc fortement baissé, il est en 2020 de 165. Cette baisse et le vieillissement des enfants expliquent que la part des adolescents dans le total des mineurs séropositifs augmente continûment. Elle est actuellement de la moitié, elle est passée de 30 à 50 % en quatre ans.

La prise en charge thérapeutique des enfants et des adolescents séropositifs est maintenant effective. Selon le professeur Ievgueni Voronine, médecin expert fédéral pour les questions de maternité, d’enfance et de VIH, la quasi-totalité est suivie médicalement, 95 % sont sous traitement antirétroviral, et 90 % ont une charge virale indétectable.

Ces chiffres ont été présentés au Conseil des questions de tutelle dans la sphère sociale, une instance importante, parce qu’elle est placée auprès de la vice-première ministre chargée des questions sociales, Tatiana Golikova, et aussi parce qu’elle comporte d’éminentes représentantes de la société civile.

Ils étaient assortis d’une alerte : la période de l’adolescence est celle où l’observance des traitements est fragile, sans cesse remise en cause.  Toujours selon Ievgueni Voronine, c’est à ce moment que l’enfant prend vraiment conscience de la séropositivité : « pour beaucoup, c’est difficile, et ils ne l’acceptent pas, ils veulent oublier. Et lorsque vous devez prendre des médicaments tous les jours, il est difficile d’oublier le diagnostic, alors ils refusent de prendre des médicaments. En conséquence, la maladie progresse ».

Ievgueni Voronine a également souligné qu’en Russie, seulement 25 % à 30 % des enfants séropositifs grandissent dans une famille stable. Les autres sont dans une famille d’accueil ou dans un orphelinat, et « cette ressource [le soutien de leur famille] leur fait défaut ». Il a aussi mentionné la fragilité des adolescents. En 2017, une étude de la fondation Svetlana Izambleva, qui s’occupe de l’accompagnement de ces enfants au Tatarstan, montrait les difficultés rencontrées par les adolescents lorsqu’ils entament leur première relation amoureuse, et la peur de ne pas être accepté par la société, qui s’intensifie entre 16 et 18 ans.

Il a ajouté que dans ce contexte, les approches habituelles ne suffisaient pas, et qu’il fallait introduire « des méthodes innovantes pour augmenter l’adhésion des adolescents » au traitement. Un plaidoyer, à minima, pour le recours à des médicaments plus modernes, combinant les antirétroviraux dans une seule prise, une fois par jour, et, probablement, pour une attention plus profonde et plus soutenue à ces enfants qui ont grandi avec les VIH et deviennent adultes. Ils sont une dizaine de milliers, c’est peu au regard du million de citoyens russes vivant avec le VIH et connaissant leur statut. C’est aussi beaucoup.

Étonnamment, ces échanges n’ont pas été repris ni même évoqués dans le compte rendu du conseil de la tutelle dans lequel ils ont eu lieu. Celui-ci évoque plutôt l’utilité du registre fédéral des personnes séropositives pour contrôler l’épidémie, l’augmentation des budgets consacrés à l’achat de médicaments, de 19 % en trois ans, ce qui est finalement peu, au regard de l’augmentation du nombre de personnes séropositives et de leur taux de couverture par un traitement antirétroviral (52 %), et la nécessite de développer une production nationale de ces médicaments. Une marque, a contrario, de l’absence d’empathie qui semble être le fil conducteur d’une partie des autorités de santé russes lorsqu’il s’agit du VIH.

Source : Le Quotidien du Pharmacien

Les séropositifs n’ont pas été épargnés par l’épidémie de Covid-19, notamment en raison de leur immunodépression, ou de comorbidités fréquentes, comme l’obésité ou le diabète. C’est pourquoi, même si les vaccins anti-Covid ont été peu étudiés chez les séropositifs, leur vaccination apparaît comme une priorité aux yeux de l’Académie de médecine et de la Société française de lutte contre le Sida.

Des sociétés savantes et associations de patients se sont penchées sur les risques du Covid-19 chez les personnes vivant avec le VIH. La question cruciale étant de savoir si elles devaient être vaccinées en priorité contre la maladie.

L’Académie de médecine, la Société française de lutte contre le Sida (SFLS) et le collectif interassociatif TRT-5 y ont répondu favorablement, tout en reconnaissant qu’on manque de données à ce sujet. En effet, les participants recrutés initialement dans les études cliniques des vaccins contre le SARS-CoV-2, actuellement homologués ou sur le point de l’être, étaient la plupart en bonne santé et non porteurs du VIH. Secondairement, des personnes séropositives au VIH ont été incorporées dans ces études, mais, leur faible nombre et la courte durée de leur suivi n’ont pas encore permis de confirmer l’efficacité et la tolérance de ces vaccins chez ces patients.

Néanmoins, cette population doit être protégée en priorité car plusieurs études rapportent un risque de mortalité par Covid-19 deux à trois fois plus élevé chez les séropositifs : c’est l’immunodépression, avec un taux de lymphocytes CD4 < 200/l ou une charge virale VIH > 1 000 copies/ml, qui est associée à un risque accru de décès par Covid-19.

Et, même sous traitement antirétroviral efficace et avec une charge virale contrôlée au long cours, ces patients peuvent rester plus vulnérables en raison d’une dérégulation immunitaire résiduelle. De plus, les personnes séropositives au VIH présentent souvent des comorbidités associées à un risque accru de forme grave de Covid-19 : obésité, diabète, pathologies respiratoires, cardiovasculaires, rénales ou hépatiques.

Pour ces raisons, « aucune contre-indication de principe n’est actuellement opposable à la vaccination des personnes séropositives au VIH, à l’exception des vaccins à virus entiers atténués (développés notamment par la Chine) dont l’utilisation n’est pas envisagée dans l’Union européenne », avance l’Académie de médecine. Les séropositifs doivent « bénéficier de la vaccination anti-SARS-CoV-2 au même titre que des vaccinations antigrippale et antipneumococcique », martèlent les Sages, qui recommandent donc de les inclure parmi les populations vulnérables devant bénéficier dès que possible de la vaccination, sans considération d’âge. L’indication et le suivi de cette vaccination devront être confiés au médecin référent. De leur côté, la SFLS et le TRT-5 ont saisi la Haute Autorité de santé (HAS) afin que « les personnes vivant avec le VIH non contrôlées sur le plan immunovirologique puissent être priorisées dans la liste des sujets actuellement vaccinables », ainsi que « toutes les personnes qui ont un risque significativement plus élevé de forme grave de Covid-19 ».

Des traitements à poursuivre

Par ailleurs, l’Académie de médecine s’est penchée sur les traitements antirétroviraux. Elle insiste sur le fait qu’il ne faut pas interrompre ou relâcher la prise en charge thérapeutique des séropositifs au VIH pendant la pandémie de Covid-19. De la même façon, il n’y a pas lieu de modifier les schémas de trithérapie en cours dans l’espoir de prévenir ou de guérir le Covid-19 chez les séropositifs, étant donné que les médicaments antirétroviraux testés contre le SARS-CoV-2 se sont tous révélés inefficaces. En revanche, il apparaît que lorsque l’infection VIH est bien contrôlée par la trithérapie, la réponse sérologique en cas de Covid-19 est équivalente à celle des patients non-VIH, ce qui peut laisser présager une bonne réponse à la vaccination.

Charlotte Demartia

Source : Medscape

Attention aux interactions entre anti-rétroviraux et médicaments couramment utilisés en cardiologie, comme les AOD, les antiplaquettaires ou les statines. Le point avec Atul Pathak

TRANSCRIPTION

Bonjour, je suis le Pr Atul Pathak et j’aimerais, en quelques minutes, partager avec vous des réflexions sur les interactions médicamenteuses qui peuvent survenir avec les médicaments que l’on propose pour traiter la COVID-19.

La difficulté de valider des traitements anti-COVID

La première chose importante à retenir est que le niveau de preuve et la qualité initiale des essais cliniques qui ont fait la preuve de l’efficacité des traitements a été longtemps critiquée, car ce sont des essais qui ont été faits dans l’urgence. Rappelez-vous, au moment de l’explosion de la pandémie, l’an dernier, un grand nombre de patients ont été inclus pour tester un grand nombre de médicaments. Et l’histoire de la chloroquine est un bon exemple, puisque ce médicament, par exemple, n’a jamais réussi à faire la preuve de son efficacité. Peut-être que deux médicaments ont fait la preuve de leur efficacité dans la prise en charge de la maladie… D’un côté, l’antirétroviral remdésivir a pu démontrer dans un essai que chez des patients atteints par l’infection à coronavirus, qu’il réduisait le passage aux formes graves [ndlr : le remdésivir n’est pas recommandé par l’OMS et la HAS lui a accordé un faible service médical rendu]. D’un autre côté, un essai avec la dexaméthasone montre que ce médicament réduit la morbi-mortalité imputable à l’infection au coronavirus.

De façon générale, il faut retenir qu’il existe des médicaments qui ont peut-être une efficacité modérée et ceci s’explique aussi par la compréhension de la maladie, qui s’est faite au fil de l’eau. Maladie infectieuse au départ, dont on a compris ensuite qu’elle pouvait être aussi pulmonaire et probablement inflammatoire in fine ; ceci explique que si le bon médicament n’est pas donné au bon moment, l’échec de l’essai clinique peut être au bout de l’histoire.

Les interactions médicamenteuses en cardio- et diabétologie

Dans le domaine cardiométabolique, ces inhibiteurs ou ces antirétroviraux sont des médicaments qui ne sont pas dénués d’effets et qui sont notamment à risque d’interactions médicamenteuses. C’est particulièrement important pour les patients en diabétologie ou en cardiologie. Ces médicaments, vous les reconnaîtrez parce qu’ils se terminent tous par le suffixe « vir », donc ils sont faciles à reconnaître. Et si vous êtes dans un établissement où vos collègues utilisent ces médicaments dans le cadre du soin continu ou dans le cadre d’un protocole, vous ne devez pas passer pas à côté de ces médicaments.

  • les anticoagulants : les interactions médicamenteuses les plus importantes à retenir sont tout d’abord celles qui concernent les patients traités par anticoagulants. En effet, ces antirétroviraux bloquent l’enzyme cytochrome P450 3A4 qui est impliquée dans la dégradation et la métabolisation de ces anticoagulants oraux directs — apixaban, rivaroxaban. Le risque est donc d’avoir une augmentation des concentrations plasmatiques de ces AOD et une augmentation du risque hémorragique. Si vos patients sont sous AOD, spécifiquement sous rivaroxaban/apixaban, il faut soit passer à un autre AOD (edoxaban ou dabigatran), soit revenir à un traitement par AVK.
  • les antiagrégants plaquettaires : le 2e risque est avec les antiagrégants plaquettaires, notamment le clopidogrel (Plavix). C’est un pro-médicament, cela veut dire qu’il a besoin d’être transformé par l’enzyme, la fameuse cytochrome P450 3A4, pour devenir actif. Autrement dit, quand vous prenez un comprimé de Plavix, ce médicament est inactif, il a besoin d’être transformé dans le foie pour devenir actif. Là encore, si vous exposez vos patients à des antirétroviraux, vous allez empêcher la transformation du clopidogrel, donc réduire les effets antiagrégants plaquettaires du clopidogrel et exposer vos patients à un risque de thrombose. Donc pour les patients sous clopidogrel, pensez à changer l’antiagrégant plaquettaire et aller plutôt vers le prasugrel ou le ticagrelor.
  • les statines : enfin, il y a une 3e interaction médicamenteuse, avec les statines. En diabétologie et en cardiologie nous avons un grand nombre de patients qui reçoivent ce traitement par statines et là aussi ces inhibiteurs du cytochrome P450 3A4 empêchent la dégradation de ces statines, augmentent leurs taux circulants et exposent les patients au risque d’effets indésirables qui sont dose-dépendants, que ce soient les risques d’effets myologiques (la myotoxicité de ces statines) et d’insuffisance rénale.

Donc trois warnings d’interaction médicamenteuse : anticoagulants, antiagrégants plaquettaires et statines, si vos patients reçoivent un médicament qui se termine par « vir ».

Attention à la désinformation

Troisième et dernier point, je crois qu’il faut aussi aider nos patients à ne pas tomber dans le piège de ce que sont les fake news. Il y a énormément de fake news sur le risque de certains médicaments ou leur intérêt. C’est tellement important que l’OMS, sur son site, va y répondre dans une foire aux questions. On sait par exemple que les vitamines ou les minéraux n’ont aucun effet sur la prise en charge par le coronavirus, que boire de l’alcool, manger des piments, manger de l’ail… tout ceci sont des informations rapportées, mais dont l’efficacité et l’impact en termes de prévention chez les patients infectés par le coronavirus n’ont pas été démontrés.

Conclusion

Le message important pour la communauté est donc : quand on a un patient cardiométabolique infecté par le coronavirus et qui reçoit un traitement cardiologique et un « traitement » pour la COVID, attention à ce risque d’interaction médicamenteuse. Comment l’éviter ? Prescrire le bon médicament — autrement dit celui qui a été évalué dans un essai clinique — faire attention aux à AOD, aux antiagrégants plaquettaires et aux statines si votre patient reçoit un médicament qui se termine par « vir ». Et surtout, ne pas tomber dans le piège des fake news. Merci pour votre attention.

Source : VIH.ORG

Alors que la campagne de vaccination en France peine à trouver son rythme de croisière et que la colère gronde, les personnes vivant avec le VIH, et particulièrement les immunodéprimées, ne sont pas considérées «à très haut risque face au Covid-19». Aucune donnée solide ne permet pourtant de l’affirmer, au contraire.

Dans un communiqué commun, la Société Française de lutte contre le sida (SFLS) et le TRT-5 CHV, regroupement d’associations de personnes concernées, annoncent avoir saisi la Haute Autorité de santé (HAS) afin que les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) «non contrôlées sur le plan immuno-virologique puissent être priorisées dans la liste des personnes actuellement vaccinables». La SFLS demande également de «proposer dès à présent la vaccination à toutes les personnes qui ont un risque significativement plus élevé de forme grave de Covid-19, y compris les personnes les plus précaires». En effet, les personnes immunodéprimées conjuguent souvent d’autres facteurs de vulnérabilité vis-à-vis du Covid-19, notamment sociaux.

Le communiqué indique qu’il est «particulièrement compliqué» pour les acteurs de terrain dans la lutte contre le VIH/sida de «justifier que la revue de la littérature ne permette pas actuellement de considérer dans les listes de priorisation de vaccination de Covid-19 les personnes vivant avec le VIH et particulièrement immunodéprimées (taux de CD4 inférieur à 200/mm3) et/ou en échappement virologique, ce qui représente une partie non négligeable de la file active de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) en ville comme à l’hôpital».

Cette demande est également appuyée par une recommandation de l’Académie nationale de médecine, publié le 20 janvier dernier, et qui préconise «d’inclure les PVVIH parmi les populations vulnérables devant bénéficier dès que possible de la vaccination, sans considération d’âge» et «de confier l’indication et le suivi de cette vaccination au médecin référent».

=> Pour lire la suite de l’article, rendez-vous sur : VIH.ORG

Source : ONUSIDA 

Parmi 151 pays produisant un rapport, 92 continuent de criminaliser l’exposition au VIH, sa transmission et sa non-divulgation ; autant de violations graves des droits des personnes séropositives qui entravent les efforts pour contrôler l’épidémie de VIH.

Ces lois favorisent la stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH et des plus exposées au risque de le contracter. Elles piétinent les connaissances scientifiques actuelles sur les risques et les dommages liés au VIH et nuisent à la santé publique.

Les dernières données obtenues au cours d’enquête de population révèlent un recul constant des comportements discriminants envers les personnes vivant avec le VIH dans certaines régions, mais un renforcement dans d’autres. En Afrique orientale et australe, par exemple, les attitudes discriminantes ont atteint des niveaux historiquement bas dans certains pays. Ailleurs, cependant et de façon déconcertante, une grande proportion d’adultes continue d’adopter des attitudes discriminantes vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH. Dans 25 pays sur 36 ayant produit des données récentes relatives à un indice combinant deux types d’attitudes discriminantes, plus de 50 % des personnes entre 15 ans et 49 ans ont déclaré adopter une attitude discriminante vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH.

Pourcentage de personnes entre 15 ans et 49 ans ayant déclaré adopter une attitude discriminante vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH, dans les pays disposant de données, 2014-2019.

Pourcentage de personnes âgées de 15 à 49 ans rapportant des attitudes discriminantes.

Les données ne concernent que les femmes entre 15 et 49 ans.

Source : enquêtes auprès de la population, 2014-2019.

Source : Le Quotidien du Médecin

Les médecins généralistes sont désormais en première ligne pour le dépistage et le traitement de l’infection au virus de l’hépatite C.

La Haute Autorité de santé (HAS) a publié en mai 2019 un parcours simplifié dans le traitement de l’infection au virus de l’hépatite C (VHC). Il est désormais possible pour les médecins généralistes de prescrire des antiviraux à action directe.

Les questions à se poser pour le diagnostic

À qui proposer une sérologie de l’hépatite C ?

— L’hépatite C est le plus souvent asymptomatique ou paucisymptomatique. Les tableaux d’hépatite aiguë sont rares. Le virus C se transmet par voie sanguine.

— Chez les patients sans signe clinique, la HAS a donné une liste de populations ciblées chez qui faire le dépistage. Il s’agit : des personnes ayant eu, avant 1992, une transfusion, une intervention chirurgicale lourde, un séjour en réanimation, un accouchement difficile, une hémorragie digestive, des soins à la naissance en hématologie et en pédiatrie, une greffe de tissus (cellules ou organes) ; des patients hémodialysés ; des personnes ayant consommé une fois dans leur vie une drogue par voie intraveineuse ou nasale avec partage de matériel ; les enfants nés de mères séropositives pour le VHC ; des partenaires sexuels de patients ayant une hépatite C ; des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ; de l’entourage familial de personnes atteintes d’hépatite chronique C ; des personnes étant ou ayant été incarcérées ; des individus ayant subi un tatouage, un piercing, une mésothérapie, de l’acupuncture sans usage de matériel à usage unique ; des personnes ayant reçu des soins buccaux ou dentaires dans des pays de forte prévalence du VHC ; des patients ayant un taux d’alanine transférase supérieur à la normale ; des patients séropositifs pour le virus de l’hépatite B (VHB) ; et des professionnels de santé en cas d’accident d’exposition au sang.

— En pratique, il faut dépister toute personne chez laquelle on n’a pas un panorama exhaustif des facteurs de risques, et ce d’autant qu’il est avancé en âge.

Chez un patient Ac anti-VHC positif, rechercher l’ARN viral.

Si l’ARN est détectable, il faut interroger le patient. A-t-il déjà été traité sans succès de son hépatite C ? Présente-t-il des comorbidités (obésité, diabète, alcool) ? Est-il infecté par le VHB ou le VIH ? Dans tous ces cas, le patient doit être référé à un hépatogastroentérologue.

Le bilan initial comporte :

— un bilan biologique standard : ASAT, ALAT, phosphatases alcalines, gamma GT, bilirubine totale/conjuguée, TP, INR, NFS, créatinine, glycémie, sérologies VIH et VHB (Ag HBs, Ac anti-HBs, Ac anti HBc).

— des tests de fibrose : les recommandations de l’Association française pour l’étude du foie (Afef, mars 1998) reposent sur deux tests non invasifs sanguins, le Fibrotest et le Fibromètre, ainsi que sur la mesure de l’élasticité du foie par Fibroscan. Ces tests sont pris en charge par l’Assurance-maladie. Si le Fibrotest est < 0,58 ou le Fibromètre < 0,78 ou le Fibroscan < 10 kPa, le patient ne présente pas de fibrose avancée et ne nécessite pas d’avis spécialisé.

Dans ce cas, le généraliste demandera une échographie abdominale pour éliminer un éventuel cancer du foie.

Ce qu’il faut faire pour le traitement

— Il repose sur deux médicaments pangénotypiques (dispensant de demander le génotype de l’hépatite C). L’Epclusa (sofosbuvir/velpatasvir, du laboratoire Gilead) et le Maviret (glécaprévir/pibrentasvir, Abbvie). La posologie de l’Epclusa est d’un comprimé par jour pendant 12 semaines, et celle de Maviret est de trois comprimés par jour (en une prise avec des aliments) pendant huit semaines.

— Le médecin doit vérifier l’absence d’interaction médicamenteuse avec les traitements habituels du patient en allant, par exemple, sur le site internet de Liverpool, « HEP iChart » (www.hep-druginteractions.org ou application smartphone HEP iChart).

— Les traitements sont bien tolérés.

— On suivra le patient en faisant un bilan hépatique une fois par mois et en vérifiant que l’ARN du VHC disparaît. Il peut disparaître au bout d’un mois et le traitement devra alors quand même se poursuivre pendant la durée prévue.

— Douze semaines après l’arrêt du traitement, on réalisera une mesure de l’ARN du VHC dont la négativité définit la guérison, qui est observée chez plus de 97 % des patients.

— Si le patient n’est pas répondeur, il faut se poser la question de l’observance.

— Environ 2 % de patients rechutent entre l’arrêt du traitement et le troisième mois. Dans ce cas, il faut les adresser au spécialiste pour des traitements de seconde ligne.

Ce qu’il faut retenir

— N’hésitez pas à faire un dépistage de l’hépatite C, le traitement est très efficace.

— La prise en charge est simple : une prise de sang, un test de fibrose, une échographie, un interrogatoire sur la prise médicamenteuse.

— L’adhérence au traitement (huit ou douze semaines selon le médicament) est indispensable.

— Après le traitement, surveiller les comorbidités : alcool, diabète, surpoids.

D’après un entretien avec le Dr Marc Bourlière, chef du service d’hépato-gastro-entérologie (hôpital Saint-Joseph, Marseille), président de l’Association française pour l’étude du foie (AFEF)

Dr Alain Dorra

Source : SERONET 

Prévue pour mars 2020, la primo-prescription de la Prep par les médecins généralistes a finalement été annoncée le 1er décembre dernier par le ministre de la Santé, Olivier Véran. Il ne manquait plus qu’une formalité administrative, plusieurs fois différée, la validation du décret d’application par le Conseil d’État et puis, coup de théâtre, le 26 janvier, le décret est retoqué en Conseil d’État. Une décision liée à des points juridiques non anticipés par le ministère des Solidarités et de la Santé qui freine ainsi le déploiement d’un des outils les plus efficaces dans la lutte contre le VIH. Retour sur une occasion manquée (provisoire ?) que certains-es qualifient « d’échec en santé publique ».

Tout était prêt !

À ce jour, le seul moyen d’initier un traitement de Prep est de prendre rendez-vous avec un médecin qui exerce soit dans un Cegidd (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic des infections par le VIH et les hépatites virales et les infections sexuellement transmissibles), soit à l’hôpital dans un Smit (service des maladies infectieuses et tropicales). Cette limitation constitue un réel frein pour de nombreuses personnes en fonction des horaires, de la distance et des services souvent saturés. Le-la médecin traitant ne pouvait que renouveler l’ordonnance et pas effectuer la prescription initiale (primo prescription).

« Ces modalités de prescription doivent donc évoluer pour que tous les médecins, en ville comme à l’hôpital, puissent prescrire et initier la Prep. C’est l’assurance d’un maillage territorial efficace, d’une plus grande diffusion auprès des professionnels-les de santé d’une approche en santé sexuelle globale », indiquait le ministre de la Santé dans un communiqué publié le 1er décembre dernier. « Pour cela, le Conseil d’État a été saisi d’un projet de décret permettant la primo-prescription de la Prep par les médecins de ville, et qui devrait la rendre effective dès le début d’année 2021 ».

Tout était prêt pour accompagner cette mesure. La SFLS (Société française de lutte contre le sida) a conçu, notamment en partenariat avec AIDES, une plateforme de e-learning destinée à aider les médecins de ville à se former et s’informer sur la Prep. Interrogé par Seronet, le Dr Pascal Pugliese, président de la SFLS, réagit à ce refus du Conseil d’État : « La SFLS regrette bien sûr la décision du Conseil d’État. Dans une période où la crise sanitaire de la Covid-19 déstabilise profondément et durablement l’activité de dépistage de VIH et l’utilisation de la Prep, faisant craindre un recul de plusieurs années dans les acquis de la lutte contre le VIH, la primo-prescription de la Prep par les médecins de soins primaires est une priorité pour toucher plus largement les populations les plus exposées ».

Le point d’achoppement pour le Conseil d’État est que l’autorisation de mise sur le marché (AMM) des produits utilisés pour la Prep évoque des « prescripteurs expérimentés » et le Conseil d’État aurait considéré que même avec le e-learning de la SFLS pour former les médecins prescripteurs, les médecins de ville ne correspondraient pas à ce critère. Pour le Dr Michel Ohayon, directeur médical du centre de santé sexuelle Le 190 à Paris, cette décision est « vraiment regrettable ». Il ajoute : « C’est de la bureaucratie à la française, les médecins de Cegidd n’étaient pas expérimentés lorsqu’ils ont eu la possibilité d’initier la Prep en 2016, et ils n’ont eu aucune formation. Dans le cas présent, nous travaillons tous justement pour accompagner et former les médecins généralistes », explique le Dr Ohayon. Et d’ajouter : « Il y a deux poids, deux mesures dans cette décision. Si les médecins en Cegidd ont pu prescrire la Prep sans formation particulière, pourquoi les médecins généralistes ne le pourraient-ils pas avec une formation ? ».

Le Dr Pascal Pugliese espère que la Direction générale de la Santé (DGS) sera facilitante pour remettre la primo prescription Prep à l’ordre du jour rapidement : « La SFLS a mis tout en œuvre avec ses partenaires pour que la plateforme de e-learning accompagnant le décret soit opérationnelle dès février, et elle le sera : au-delà de la primo-prescription, cette formation à distance permet de former les professionnels-les de santé aux indications de la Prep, aux modalités du suivi des usagers, aux stratégies de prévention diversifiée et à la connaissance des réseaux de soins en santé sexuelle. Nous allons donc mettre à disposition cette formation à distance dès février, afin que le plus grand nombre de professionnels-les de santé puisse en bénéficier dès à présent, tout en œuvrant avec la DGS pour aider à trouver une solution réglementaire autorisant la primo-prescription de la Prep par les médecins généralistes dans les meilleurs délais ».

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Source : TRT-5 CHV

Préambule

La pandémie de COVID-19 a soulevé de nombreuses interrogations pour les personnes qui vivent avec le VIH (PVVIH) :

  • Suis-je plus à risque d’être contaminé·e par le SARS-CoV-2 ?
  • Suis-je plus à risque de développer une forme sévère de la maladie ?
  • Mon traitement antirétroviral me protège-t-il du virus ? de la maladie ?
  • Dois-je me faire vacciner ?
  • Est-ce que je fais partie des publics prioritaires ?

Le but de la présente note n’est pas de répondre à ces interrogations de manière définitive, mais de synthétiser les éléments connus à l’heure actuelle, tout en rassemblant les sources qui permettront à chacun d’aller plus loin. Rappelons que le temps de la recherche et du savoir n’est pas celui des médias, ni du politique. Les informations contenues dans le présent document devront être actualisées en fonction de l’évolution de la situation épidémique et des connaissances.

Vaccination COVID-19 et VIH fera l’objet d’une publication à venir prochainement.

Voici ci-dessous les conclusions de la note. 

L’intégralité du texte est disponible au téléchargement.

Conclusions : un besoin de données complémentaires et de recommandations spécifiques pour les PVVIH

Si les PVVIH ne semblent pas avoir plus de risques d’être contaminées par le SARS-CoV-2 que la population générale, leur vulnérabilité face à la COVID-19 reste à évaluer.

Pour certains spécialistes, le VIH pourrait être un facteur de risque indépendant, associé à une augmentation de la mortalité12. En l’état actuel des connaissances, il convient de nuancer ce propos. L’hétérogénéité des données disponibles et la multiplicité des facteurs impactants rendent difficile d’affirmer si l’infection à VIH est, en soi, un risque de développer une forme grave de COVID-19 et/ou de surmortalité, ou si la prévalence dans la population VIH+ de facteurs impactants connus par ailleurs (comorbidités, critères ethniques et sociodémographiques) provoquerait un sur-risque de développer une forme grave et/ou de surmortalité pour les PVVIH. C’est pourquoi il est impératif que la recherche soit mobilisée pour mieux comprendre l’impact de la COVID-19 chez les PVVIH.

A noter cependant que les premières observations semblent montrer que l’âge, facteur de risque déterminant de sévérité de la COVID-19, impacterait plus précocement l’évolution de la COVID-19 vers des formes sévères chez les PVVIH. Il est important que les recommandations publiques se saisissent de ces données dans leur définition de la vulnérabilité et donc l’accès des PVVIH aux dispositifs à destination des personnes à risque de forme grave (arrêts de travail dérogatoires) et l’accès à la vaccination.

De même, les PVVIH immunodéprimées (CD4 < 350/mm3) et/ou en échappement virologique sont elles aussi exposées à un risque de développer des formes graves de la maladie et donc de surmortalité. Ces dernières doivent être incluses dans la stratégie vaccinale française comme prioritaires. Notre position rejoint en ce point les recommandations des sociétés savantes européennes BHIVA, DAIG, EACS, GESIDA, Polish Scientific AIDS Society and Portuguese Association for the clinical study of AIDS (APECS)[1], ainsi que celles de la Société française de Lutte contre le VIH (SFLS)[i] et de l’Académie nationale de médecine[ii].


[1]Dans leur note de position, les sociétés savantes BHIVA, DAIG, EACS, GESIDA, Polish Scientific AIDS Society and Portuguese Association for the clinicalstudy of AIDS (APECS)11 résument ainsi : « En bref, les récentes publications suggèrent que les PVVIH avec une charge virale non-controlée, ou une immunodépression prononcée, ou vivant avec des co-morbidités associées ont un risque aggravé de surmortalité liée à la COVID-19. Par conséquent, les PVVIH devraient être considérées hautement prioritaires pour la vaccination contre le SARS-CoV-2 » (« In summary, the recent findings suggest that PLWH and either uncontrolled HIV-infection or advanced immunodeficiency, or in the context of additional co-morbidities might have a higher risk for COVID-19 death. PLWH, therefore, need priority consideration for SARS-CoV-2 vaccination “)


[i] Communiqué de presse – VIH et COVID-19 : La Société Française de lutte contre le Sida (SFLS) et le TRT-5 CHV demandent que les personnes vivant avec le VIH et immunodéprimées soient elles aussi priorisées dans le programme de vaccination contre la COVID-19. https://www.trt-5.org/covid-19-et-vih/

[ii] Communiqué de l’Académie : Infection à VIH et vaccination anti-SARS-Cov2. https://www.academie-medecine.fr/communique-de-lacademie-infection-a-vih-et-vaccination-anti-sars-cov2/

Source : SERONET

Jean-Paul a 58 ans et vit avec le VIH depuis 1985. Dimitri a 27 ans. Il vit avec le VIH depuis 2018. Ils ne se sont jamais rencontrés ni parlé. Aujourd’hui, ils participent à un entretien croisé autour de la question de la vie affective et sexuelle.

Quelle était votre situation personnelle au moment où vous avez découvert votre séropositivité ?

Jean-Paul : J’étais célibataire avec quelques aventures avec des femmes, mais la stabilité est arrivée quelques années plus tard. J’avais 23 ans à l’époque et pas forcément l’envie de me caser.
Dimitri : Moi, j’avais 25 ans et j’étais également célibataire avec quelques aventures avec des hommes, mais pas si souvent en fait.

Qu’est-ce que le VIH a changé dans votre façon d’aborder votre vie affective et/ou sexuelle ?

Dimitri : Contrairement à ce que j’aurais pu penser, ça n’a pas changé beaucoup de choses, car j’ai décidé d’annoncer dès le départ que j’étais séropositif à chaque personne avec qui j’envisageais de faire une rencontre. Au début, c’était un peu compliqué de se dire à chaque fois, il faut que je l’annonce à un inconnu. Mais au final, j’ai eu beaucoup de personnes bienveillantes et je n’ai pas subi beaucoup de rejets. Je pense que cela m’a aidé à accepter les choses au début. Pra exemple, il y a ce garçon que j’ai rencontré et qui, du coup, s’est informé sur le sujet et a décidé de prendre la Prep. Je trouve ça important d’informer les personnes sur le VIH. Ça donne de l’espoir de savoir que de belles rencontres sont possibles malgré le VIH.
Jean-Paul : Pour moi, c’était une autre époque et ce n’est pas un sujet qu’on abordait facilement. Il faut se remettre dans le contexte de 1985, les débuts de l’épidémie. J’avais pour projet de partir vivre en Angleterre et quand le médecin m’a annoncé mon diagnostic, il m’a conseillé de rester en France pour profiter de mes « derniers instants », avec mes parents. Ce bouleversement m’a empêché de me projeter dans quoi que ce soit, y compris d’un point de vue affectif. Ce n’était pas dicible, alors je gardais cette information pour moi et je mettais des préservatifs avec mes partenaires, mais je me refusais toute relation suivie à cause du VIH. À cette époque, je me suis réfugié dans la drogue, qui était la cause initiale de ma contamination. Et puis une fois sorti de la drogue, j’ai eu une période de stabilité de 1988 à 1992 avec la même personne. Ma « chance » a été que je suis resté en bonne santé, je n’ai pas développé de maladies liées à mon VIH et je n’ai jamais été en stade sida, même si mes CD4 ont fini par baisser dangereusement. Mais heureusement, c’était juste au moment de l’arrivée des trithérapies efficaces [1996, ndlr].

Parlez-vous de votre statut sérologique avec vos partenaires ? Si oui, à quel moment de la relation ?

Jean-Paul : J’ai parlé de ma séropositivité à visage découvert dans plusieurs médias importants comme Canal+. Le VIH est devenu une part de mon identité quasiment revendiquée ; donc oui, en parler est important pour moi et le plus tôt possible. À ce jour, j’ai la chance de ne jamais avoir subi de rejet dans mes rencontres amoureuses, en raison de mon statut sérologique, du moins pas de façon frontale. Ça complique les débuts d’une relation, c’est vrai, mais ce n’est pas un obstacle insurmontable pour moi. Et puis, si rejet il y a, c’est une façon de faire du « tri » et de m’épargner une personne qui ne serait pas pour moi.
Dimitri : Sur les applis de rencontre, j’en parlais assez rapidement dès le début et maintenant je précise même cette information sur mon profil. J’ai l’impression que moins de mecs viennent me parler sur les applis depuis que je précise mon statut sérologique, mais, effectivement, c’est une façon de faire du tri. Si la personne réagit bien, on reprend le cours de notre discussion. Une fois, j’étais à un mariage. C’était juste trois mois après la découverte de ma séropositivité, et j’ai rencontré un mec qui me plaisait bien. L’alcool aidant, je lui ai annoncé le soir même que j’étais séropositif et que je venais tout juste de commencer un traitement, donc j’ignorais si ma charge virale était déjà indétectable. Il a très bien pris cette annonce et on a passé plusieurs jours ensemble après le mariage.

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