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Source : Université de Montréal

La metformine, un médicament employé pour traiter le diabète de type 2, pourrait permettre de réduire l’inflammation chronique observée chez les personnes vivant avec le VIH et sous trithérapie, selon une équipe de recherche du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM).

Si la thérapie antirétrovirale a permis d’améliorer la santé des personnes séropositives, elles ont cependant plus de risque de développer des complications associées à la chronicité de l’inflammation, comme les maladies cardiovasculaires. Ces problèmes de santé sont notamment dus aux réservoirs viraux dans lesquels le VIH persiste et à l’activation constante du système immunitaire.

Dans une étude-pilote publiée récemment dans EBioMedicine, la chercheuse Petronela Ancuta, professeure à l’Université de Montréal, et la doctorante Delphine Planas, première auteure de l’étude, évaluent la capacité de la metformine à améliorer la fonction immunitaire et à réduire la taille des réservoirs viraux.

L’occasion pour nous de faire le point avec Petronela Ancuta du CRCHUM.

Q. Malgré l’utilisation de la trithérapie, les personnes séropositives présentent une activation immunitaire et une inflammation excessive. Dans votre étude-pilote, vous tentez de contrecarrer ces effets en utilisant la metformine. Pouvez-vous en dire plus sur vos travaux ?

Actuellement, les thérapies antirétrovirales bloquent la réplication du VIH en agissant au niveau de l’entrée et de la sortie des virions. Il reste toutefois une étape qui n’est pas ciblée par ces thérapies : la multiplication du génome viral à l’intérieur même de la cellule infectée.

En dépit de la trithérapie, cette multiplication virale intracellulaire cause une inflammation et une activation immunitaire chroniques qui conduisent à l’apparition de comorbidités telles que des maladies cardiovasculaires. Au laboratoire, nous travaillons donc à identifier de nouveaux traitements pour bloquer la multiplication virale intracellulaire.

L’idée d’utiliser la metformine chez les personnes vivant avec le VIH est venue du Dr Jean-Pierre Routy (Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill), notre collaborateur dans cette étude. Largement utilisé en médecine, ce médicament stimule ou freine les réactions du système immunitaire du corps.

Dans notre étude, nous avons donné de la metformine à 22 patients non-diabétiques sous trithérapie (13 à Montréal et 9 à Ottawa) en gardant à l’esprit que ce médicament interfère avec l’activité de la molécule mTOR (Mechanistic Target Of Rapamycin), impliquée dans la transcription du VIH.

In vitro, il a déjà été montré que l’inhibition de mTOR par des médicaments permet de freiner considérablement la réplication du VIH dans les cellules de patients infectés par le virus.

Q. Les résultats de votre étude vous ont-ils surpris ?

Oui, nous avons été enthousiasmés par les résultats positifs de cette étude-pilote. Le médicament a été extrêmement bien toléré par les patients et nous avons constaté les effets biologiques bénéfiques de la metformine dans les biopsies de colon.

Pour mémoire, le VIH se terre dans les cellules T CD4, des cellules du système immunitaire qui lui servent d’abri, et qui forment des réservoirs viraux dans différents tissus périphériques, notamment dans l’intestin. Dans ces réservoirs, le virus continue de se multiplier et entraîne un état d’inflammation.

Dans l’étude, nous avons observé une réduction de l’activation de mTOR dans les cellules T CD4 présentes dans le colon, ainsi qu’une diminution de certains marqueurs d’inflammation et de dommage intestinal dans le plasma. La metformine aurait donc un effet intestinal, mais aussi systémique.

Q. La taille des réservoirs du VIH est liée au niveau d’inflammation. Est-ce que de nouvelles approches thérapeutiques comme la vôtre visant à réduire l’inflammation immunitaire pourraient diminuer la taille de ces réservoirs ? L’avez-vous observé dans votre étude ?

La taille du réservoir viral ADN dans les cellules T du sang périphérique et dans le colon a été plutôt stable, ce qui est en accord avec la stabilité connue des réservoirs du VIH. Toutefois, on anticipe qu’un traitement de plus longue durée pourrait induire une réduction de ces réservoirs. Cette hypothèse mérite d’être testée.

Q. Poursuivrez-vous vos recherches sur un plus large échantillon de patients ?

Nous allons lancer une nouvelle étude randomisée sur plus de 58 participants où la metformine sera administrée à plus long terme. Nous prévoyons de le faire sur 6 à 12 mois afin de valider les bienfaits de la metformine dans le contrôle de l’inflammation, en partie via la régulation de mTOR.

Finalement, je tiens à remercier les participants à l’étude LILAC pour leur don d’échantillons biologiques et pour leur confiance dans nos efforts de recherche. Des travaux de recherche qui ont pu aboutir grâce à une collaboration étroite avec plusieurs chercheurs, notamment les équipes des Drs Jean-Pierre Routy et Maged Peter Ghali (Centre universitaire de santé McGill), de Nicolas Chomont (CRCHUM) et du Dr Jonathan Angel (Institut de recherche de l’hôpital d’Ottawa).

À propos de l’étude

L’article «  LILAC Pilot Study: Effects of Metformin on mTOR Activation and HIV Reservoir Persistence during Antiretroviral Therapy  », par Delphine Planas et ses collègues, a été publié le 1er mars 2021 dans The Lancet eBioMedicine.

Le financement de l’étude a été assuré par les Instituts de recherche en santé du Canada, le Fonds de Recherche du Québec-Santé, le Consortium canadien de recherche sur la guérison du VIH (CanCURE) et la Fondation du CHUM

 

Source : LCI

Alors que la 28ème édition du Sidaction a débuté jeudi soir, TF1 a recueilli le témoignage de Pascale Lassus, 60 ans, dont 37 à vivre avec le VIH.

Contaminée par son petit-ami au tout début de la pandémie de sida, en 1984, Pascale Lassus ne sera diagnostiquée que dix ans plus tard. Les prédictions des docteurs n’étaient alors guère optimistes. « Quand le médecin m’a annoncé que j’étais séropositive, il m’a dit froidement ‘il vous reste deux, trois ans à vivre' », se souvient-elle. « Je suis une survivante parce que parmi les personnes qui ont été contaminées au début des années 1980, il n’y en a plus qu’une sur dix qui est toujours là. »   

Avant de se savoir infectée au VIH, Pascale avait mis au monde une petite fille. Elle découvrira quelques années plus tard qu’elle lui a transmis le virus. Toutes deux commencent alors à prendre un traitement lourd, jusqu’à vingt-cinq cachets par jour. « Toutes les quatre heures, je la réveillais la nuit pour lui faire avaler son cachet », raconte la maman. Qui a dû adopter des stratégies afin de préserver sa fille du regard des autres, du rejet et des préjugés. « À l’école, j’avais pris un vieux flacon, j’avais mis le médicament dedans et j’avais dit à la maîtresse qu’elle avait un problème d’allergie. » 

Grand-mère d’un enfant séronégatif

Un « miracle » se produit ensuite lorsqu’elle devient grand-mère d’un enfant séronégatif. « Je ne pensais pas être grand-mère un jour. Je ne voulais pas revivre ce que j’avais vécu avec ma fille », confie-t-elleGrâce à la mise en place de thérapies à la pointe de la médecine, la charge virale des malades peut désormais être diminuée, permettant aux mamans de réduire le risque de transmission du VIH.

Durant toutes ces années, de nombreux progrès médicaux ont également permis de réduire la quantité de comprimés à absorber. À tel point qu’aujourd’hui, Pascale n’a plus à prendre qu’un seul cachet par jour. Au Centre hospitalier de Bayonne, son infectiologue, Sophie Farbos, a vu la pratique se perfectionner au fil des années. Autrefois, « on avait à peu près un décès par semaine, ça faisait plus de 50 personnes qui décédaient chaque année », explique-t-elle. Aujourd’hui, « on est dans une stratégie d’accompagnement dans le bien vieillir, c’est complètement différent. » 

De traitement en traitement, le chemin aura été éprouvant pour Pascale, qui a passé des dizaines de séjours à l’hôpital. La sexagénaire estime néanmoins qu’elle a « énormément de chance » d’être toujours en vie, entourée de sa petite famille.

 

Source : France 3 Paris Ile-de-France

Alors que le Sidaction lance son week-end de collecte ce vendredi, l’association Les ActupienNEs, basée à Paris, continue de lutter contre le sida, le manque d’information et la sérophobie.

« Il faut en parler, parfois de façon brutale, pour que la génération actuelle et les générations futures comprennent« . Alors que la crise sanitaire actuelle a tendance à faire passer la question du VIH au second plan, Romain Colson, vice-président des ActupienNEs, continue de lutter contre la sérophobie. « C’est la méconnaissance, la peur et l’aversion vis-à-vis des personnes séropositives, explique-t-il. La stigmatisation a commencé dès le début de l’épidémie dans les années 1980, avec l’idée d’un cancer gay, d’une maladie de PD, de noir, de drogué. Une sorte de peste qu’on a peur de choper.« 

« On parle d’une peur irrationnelle, 95% des personnes séropositives sous traitement ne transmettent plus le virus« , souligne Romain Colson. Pourtant les personnes touchées par le VIH subissent une exclusion et des discriminations « au quotidien« , déplore-t-il : « On vous met de côté, on évite de vous fréquenter. Ça peut être le rejet d’un partenaire quand la personne annonce sa séropositivité, ou une rupture avec son entourage, une mise à l’écart dans le contexte professionnel ou le milieu sportif.« 

Et de poursuivre : « Ça provoque de l’isolement, des syndromes dépressifs, mais une perte de confiance en soi et donc des problèmes de recherche d’emploi et de précarité. Il y aussi des refus de soins de la part de gynécologues ou de dentistes par exemple, parfois mal formés face au risque de propagation du VIH. Du coup certaines personnes ne vont plus consulter.« 

Pour dénoncer la situation, le vice-président des ActupienNEs met en avant de nombreuses données. « 30% des séropos déclarent avoir subi des discriminations au cours de l’année écoulée, d’après une étude d’AIDES en 2016. C’est deux fois plus qu’en population générale. C’est encore plus inquiétant aujourd’hui : le chiffre semble monter à 57% en 2019, mais les données restent provisoires, selon une enquête de Sida Info Service.« 

« 42,3% des appels à Sida Info Droit concernent des problèmes d’accès à l’assurance d’un prêt bancaire, selon des chiffres de 2016, poursuit Romain Colson. Il faut aussi savoir que 38% des séropos ne se sentent que peu, voire pas du tout soutenus par leur entourage, d’après une étude SIS Observatoire en 2014. Par ailleurs 40% des personnes séropositives vivent seules, un chiffre qui monte à 55% chez les homosexuels, selon une enquête ANRS-Vespa2, en 2013. Enfin 43% des séropos mentent à leur entourage vis-à-vis de leur statut, d’après des données de 2018.« 

« L’Etat s’est totalement désengagé »

A l’origine de ces discriminations, le vice-président des ActupienNEs pointe du doigt un manque d’information : « L’Etat s’est totalement désengagé. Il faut des campagnes nationales de prévention, mais aussi remettre en place de la sensibilisation dans les collèges et les lycées.« 

De son côté, Romain Colson explique que l’association tente, « avec ses petits moyens« , de « déstigmatiser la maladie, de déconstruire ce mythe du pestiféré« . « Dernièrement, on a par exemple créé pour les réseaux sociaux une vidéo contre la sérophobie, avec l’aide de la Dilcrah (Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT), raconte-t-il. On avait lancé une campagne juste avant la crise du Covid-19. La Ville de Paris avait notamment diffusé pendant deux semaines des messages sur des panneaux lumineux. On est aussi en train de créer un site internet spécifique sur la sérophobie, avec des témoignages et des ressources pour que les personnes concernées puissent faire valoir leurs droits.« 

Aujourd’hui, Romain Colson, qui précise être « personnellement concerné par le VIH depuis 20 ans« , dresse un constat « un peu ambigu » : « La vie des personnes séropositives est facilitée grâce aux nouveaux traitements, mais les mentalités ont peu évolué, du point de vue des discriminations sociales et médicales« . Il souligne qu’aujourd’hui en France, on compte environ 170 000 personnes séropositives, « plus entre 24 et 25 000 personnes qui l’ignorent, selon les estimations« .

De son côté, le Sidaction rappelle d’ailleurs que 23% des jeunes âgés de 15 à 24 ans n’ont jamais bénéficié d’un enseignement ou d’un moment d’information spécifique sur le VIH au cours de leur scolarité. En ce qui concerne la collecte, les dons peuvent être faits par téléphone au 110 (appel gratuit) ou en ligne, dès ce vendredi 26 mars et jusqu’au dimanche 28.

Source : Dossier de Presse -SIDACTION-2021

La crise sanitaire a causé une chute du dépistage du VIH et un risque de reprise de l’épidémie.

En 2019, nous refusions de crier victoire.

Malgré les indéniables batailles remportées par la lutte contre le sida ces dernières décennies, il restait en effet de trop nombreux efforts à fournir pour atteindre les objectifs fixés par l’Onusida en 2020. Tant sur le front politique, afin de garantir à tous un accès équitable au dépistage et aux traitements, que sur celui de la recherche ou de la prévention. Un tiers des personnes vivant avec le VIH dans le monde n’avait toujours pas accès aux traitements et le sida demeurait la première cause de mortalité chez les femmes âgées de 15 à 49 ans ; 1,7 million de personnes avaient encore été contaminées au cours de l’année, rendant inatteignable l’objectif fixé pour 2020 de moins de 500 000 personnes infectées.

Dès le début de l’année 2020, nous sommes donc retournés au combat. Mais la pandémie de Covid-19 a mis à mal les avancées déjà insuffisantes de 2019. Sur le terrain, en France et dans le monde, les associations de lutte contre le sida ont pourtant fait preuve d’une mobilisation remarquable. Elles se sont adaptées aux contraintes sanitaires, tout en affrontant une explosion de la précarité et de l’isolement. Leurs activités habituelles, notamment en matière de dépistage et de prévention, ont trop souvent été éclipsées par la nécessité de répondre aux besoins les plus vitaux de leurs bénéficiaires : nourriture, logement, mise à l’abri des violences, poursuite des traitements antirétroviraux (ARV)… En dépit de l’annulation du grand week-end de collecte du Sidaction, nous avons pu, grâce à nos fonds de réserve, poursuivre notre soutien financier à ces acteurs majeurs, qui se sont par ailleurs fortement mobilisés sur la prévention de la Covid-19. Parallèlement, la recherche sur le VIH/sida a elle aussi été impactée. Les différents confinements ont tenu les chercheurs à distance de leur laboratoire une partie de l’année et de nombreux spécialistes en épidémiologie, immunologie, virologie ou infectiologie se sont investis dans la recherche sur la Covid-19. Face à l’urgence, les acteurs de la lutte contre le VIH ont su mettre leurs ressources, leur savoir-faire et leurs connaissances au service d’une autre épidémie.

Mais aujourd’hui, la lutte contre le VIH ne peut plus attendre.

Le retard pris sur la prévention et le dépistage doit nous faire craindre le pire. Partout dans le monde, un nombre conséquent de diagnostics n’a pas pu être effectué. En France, cela représente 650 000 tests en moins et dans certains pays, une chute de 50 % de l’activité de dépistage. Nous ne cessons de le répéter : le dépistage est une condition essentielle à la lutte contre le sida. Pour être mises sous traitement, rester en bonne santé et ne plus transmettre le virus, les personnes infectées doivent connaître leur statut sérologique. La suspension des campagnes d’information, des actions de prévention, notamment auprès des jeunes, et la baisse de délivrance de la prophylaxie préexposition (PrEP) sont également de lourds facteurs d’inquiétude quant à la recrudescence du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles (IST). En même temps, les travailleuses et travailleurs du sexe, les personnes migrantes, LGBT+ ou détenues, ont vu leurs conditions de vie se dégrader. Dans ce contexte sanitaire et sécuritaire particulier, c’est une vigilance accrue qu’il faut mettre en place pour lutter contre la stigmatisation et protéger leurs droits, en France comme à l’international. La recherche sur le VIH/sida est essentielle et ses acquis scientifiques ont d’ores et déjà bénéficié à la compréhension de nombreuses autres maladies. En 2020, nous n’avons cependant toujours pas de vaccin contre le VIH ni de traitement curatif, et de nombreux champs de recherche, tels que la résistance aux ARV ou les comorbidités entraînées par le vieillissement des personnes vivant avec le VIH, restent primordiaux.

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Source : Dossier de Presse -SIDACTION-2021

En raison de la pandémie causée par le Sars-CoV-2, la communauté scientifique s’est plongée dans une course aux vaccins et aux traitements, quitte à délaisser momentanément les projets en cours.

Qu’en est-il des chercheurs impliqués dans la lutte contre le sida ? L’apparition du Sars-CoV-2 rappelle étrangement le début des années 1980, époque de la découverte du VIH. Une infection dont on ne savait d’abord pas vraiment expliquer la cause et qui a créé un sentiment de peur au sein de la population. Sauf que le Sars-CoV-2 est bien différent du VIH, que ce soit par son mode d’action ou par son mode de transmission. En effet, bien qu’il s’agisse d’un virus à ARN, comme le VIH, il n’a pas la capacité de s’intégrer dans le génome humain et ne forme donc pas de réservoirs qui sont, rappelons-le, l’obstacle majeur à la guérison du VIH. Les récepteurs ciblés à la surface des cellules sont également différents et, enfin, tandis que le VIH se transmet dans un contexte particulier – lors de relations sexuelles ou de contact avec le sang –, le Sars-CoV-2 est beaucoup plus contagieux, car transmissible dans les gouttelettes d’air.

Une mobilisation massive des scientifiques

Les recherches sur ce nouveau virus, et la maladie qui l’accompagne, se sont développées à une vitesse incroyable, du jamais vu dans le monde scientifique. Mais cela n’aurait pas été possible sans les bases scientifiques bâties année après année grâce aux recherches menées sur d’autres virus, dont le VIH. Que ce soit en immunologie, virologie, épidémiologie, sciences sociales…, tout le monde a pris part à l’effort pour lutter contre la Covid-19. De nombreux chercheurs, menant initialement des projets en lien avec le VIH, ont redirigé leurs recherches, en réponse notamment à l’appel à projets Flash mis en place par l’Agence nationale de la recherche. Cette initiative a permis de démarrer 44 projets dès le 26 mars 2020. Dans cette phase primaire de la pandémie, les projets étaient surtout tournés vers la compréhension du virus et de son mode d’infection. Des scientifiques bien connus dans le domaine de la recherche sur le VIH ont répondu à l’appel et ont obtenu un financement afin de mettre leur expertise à contribution. Parmi eux, le projet Mucolong, de l’équipe de Morgane Bomsel, institut Cochin (Paris), vise à étudier les interactions du Sars-CoV-2 avec les cellules de la muqueuse pulmonaire. Le projet AM-Cov-Path, de l’équipe de Roger Legrand, CEA de Fontenay-aux-Roses, a pour but d’établir un modèle d’infection chez des primates non humains afin d’aider au développement de traitements et de stratégies préventives. Ces deux chercheurs ont travaillé de longues années sur ces sujets appliqués au VIH.

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Source : Dossier de Presse -SIDACTION-2021

Il y a un an, le nombre de nouveaux diagnostics du VIH en France, un chiffre qui stagnait depuis de longues années, enregistrait enfin une baisse de 7 %. C’était peu, certes, mais le travail des différents acteurs de la lutte contre le sida et leurs efforts conjugués en matière de dépistage, de prévention, d’accompagnement et de traitement portaient leurs fruits.

Nous vivions alors un moment charnière : il s’agissait de poursuivre cette dynamique pour infléchir durablement les courbes de l’épidémie. Malheureusement, en 2020, la Covid-19 est venue mettre à mal cet espoir balbutiant. Le recours au dépistage a baissé de 60 % entre février et avril. Un recul préoccupant, qui n’a pas été rattrapé les mois suivants. En parallèle, le nombre de découvertes de séropositivité chez des personnes qui n’avaient jamais été dépistées a, lui, augmenté, tout comme les diagnostics réalisés à un stade avancé de l’infection. De nombreux outils de prévention, tels que la PrEP ou les tests rapides d’orientation diagnostique (Trod), n’ont pas pu être déployés de façon satisfaisante. Nous avons peu de chiffres pour le moment, mais ils dessinent une tendance très inquiétante.

Des associations mobilisées, mais fragilisées

Sur le terrain, la crise sanitaire s’est accompagnée d’une extrême recrudescence de la précarité. Les associations communautaires ont dû s’adapter à l’urgence, malgré les mesures prises par le gouvernement pour limiter les déplacements et les regroupements, afin de tisser un indispensable réseau solidaire, auquel Sidaction a pu contribuer grâce au maintien de ses financements, mais aussi en collectant et en relayant les informations. Ces associations ont ainsi pu aller au-devant des personnes les plus fragiles et répondre à leurs besoins les plus élémentaires. Leur travail est essentiel, mais les financements de la lutte contre le VIH s’essoufflent toujours plus et la crise économique, en fragilisant les communautés dont ces structures sont issues, met à mal leurs capacités de fonctionnement.

Des publics à protéger d’urgence

Déjà vulnérables et fortement exposées au VIH, les populations clés ont été particulièrement touchées par les conséquences de l’épidémie de Covid-19. Les travailleuses et les travailleurs du sexe ont été privés de revenus, sans possibilité d’avoir recours à des aides de l’État. Les personnes migrantes ont dû faire face au ralentissement des procédures administratives concernant leurs demandes de titre de séjour, ainsi qu’à la peur des contrôles policiers lors de leurs déplacements, pourtant essentiels pour se nourrir et/ou se soigner. Leurs conditions de vie se sont significativement détériorées. Le premier confinement a également provoqué une augmentation des violences envers les femmes et des situations à risque pour les jeunes LGBT+. Dans les prisons, les visites ont été gelées et les personnes détenues n’ont pas pu être équipées tout de suite en masques ou en gel hydroalcoolique. Enfin, pour les personnes vivant avec le VIH, la pandémie a réveillé des traumatismes liés à la stigmatisation de la maladie, les poussant à s’isoler davantage.

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Source : SciDev.Net

La probabilité que les pays africains atteignent les objectifs de dépistage du VIH et d’utilisation du préservatif d’ici 2030 n’est que de 12,1% et 28,5% respectivement, ce qui fait du besoin de tests et de traitements supplémentaires une priorité, selon une étude de modélisation.

Le Programme commun des Nations Unies sur le VIH / sida (ONUSIDA) a lancé des objectifs ambitieux en 2014 pour mettre fin à l’épidémie de sida d’ici 2030, en s’assurant que 95% des malades sont diagnostiqués et que 95% des personnes séropositives prennent des médicaments contre la maladie.

L’étude a estimé la probabilité pour 38 pays africains d’atteindre les objectifs, en utilisant une méthode basée sur la population et menée de 2003 à 2018, impliquant 1 456 224 adultes sexuellement actifs âgés de 15 à 49 ans.

«Bien que de nombreux pays aient des tendances à la hausse dans le dépistage du VIH et l’utilisation du préservatif, le taux annuel d’augmentation est trop lent et les probabilités d’atteindre les objectifs de l’ONUSIDA étaient très faibles», déclare Stuart Gilmour, co-auteur de l’étude et professeur de biostatistique et bioinformatique à l’université internationale de St. Luke au Japon.

“Bien que de nombreux pays aient des tendances à la hausse dans le dépistage du VIH et l’utilisation du préservatif, le taux annuel d’augmentation est trop lent et les probabilités d’atteindre les objectifs de l’ONUSIDA étaient très faibles”

Stuart Gilmour, université internationale de St. Luke, Japon

En 2019, il y a eu 690 000 décès liés au sida et 1,7 million de nouvelles infections, les jeunes femmes et les adolescentes représentant environ 25% des nouvelles infections en Afrique subsaharienne, bien qu’elles représentent environ 10% de la population, selon l’ONUSIDA.

L’étude, qui a été présentée à la fin du mois de janvier à la conférence 2021 sur la recherche pour la prévention du VIH, a identifié sept pays présentant des tendances à la baisse du dépistage annuel du VIH. Ce sont le Bénin, le Congo-Brazzaville, la Gambie, le Ghana, la Guinée, Madagascar et la Sierra Leone. Le Tchad, Madagascar, le Niger et le Soudan du Sud ont pour leur part présenté des tendances à la baisse dans l’utilisation du préservatif.

Mais l’étude prédit un taux de dépistage annuel élevé du VIH en 2030 dans des pays comme Eswatini (92,6%), le Lesotho (90,5%) et l’Ouganda (90,5%). Pour l’utilisation du préservatif, les trois premiers pays sont l’Eswatini (85%), le Lesotho (75,6%) et la Namibie (75,5%).

Bien que des progrès significatifs aient été accomplis au cours des dernières décennies vers l’objectif de couverture des tests, cette étude n’a trouvé que de très faibles chances pour les pays africains d’atteindre les premiers objectifs de l’ONUSIDA d’ici 2030.

«C’est important que les pays africains et les citoyens de ces pays comprennent, car le VIH est un problème majeur de santé en Afrique et il ressort de nos résultats que davantage doit être fait pour le contrôler», explique Stuart Gilmour à SciDev.Net. «Le VIH ne peut pas être éliminé sans une couverture très élevée de tests et de faibles niveaux de comportements à risque ; il est donc important de comprendre quelles sont les tendances de ces comportements pour savoir si les pays africains sont sur la bonne voie pour contrôler ou éliminer le VIH», ajoute-t-il.

Les pays africains doivent décider de la meilleure façon d’utiliser leurs ressources pour lutter contre le VIH, mais d’un point de vue international, le retrait de l’aide étrangère et de l’aide au développement pour la santé ciblant le VIH/SIDA doit être reconsidéré, explique le chercheur.

«L’attention portée au VIH/SIDA a diminué au cours de la dernière décennie…, mais de nouveaux efforts seront nécessaires si nous voulons nous assurer que le VIH sera éliminé à l’avenir», ajoute-t-il.

Linda-Gail Becker, professeur de maladies infectieuses à l’université du Cap en Afrique du sud affirme que les résultats de cette étude révèlent un problème plus important qui couve dans la réponse collective au VIH.

«Le dépistage et les préservatifs sont à la base même de la riposte au VIH. Si nous ne sommes pas sur la bonne voie sur ces deux aspects fondamentaux, alors il y a vraiment une très grande préoccupation sur de nombreux autres problèmes comme les objectifs de traitement et de prévention», dit-elle à SciDev.Net.

Pour Linda-Gail Becker, chaque pays doit examiner sa propre situation par rapport au VIH et décider d’une réponse adaptée qui aura un impact sur les nouvelles infections ainsi que sur la réduction des cas et des décès.

«Nous avons encore beaucoup à faire en Afrique sur le sida et bien que le COVID-19 nous ait tous frappés durement, nous ne pouvons pas nous permettre baisser les bras sur une épidémie qui nous a auparavant mis à genoux», dit-elle.

 

Source : BBC News Afrique

Thembi Nkambule a été là pour des centaines de personnes qui sont mortes du sida en Eswatini, un pays où une personne sur quatre est séropositive. Voici les leçons qu’elle a tirées sur ce que signifie « une mort digne ».

Thembi voit trois types de mort.

La première est la plus courante. La personne la regarde avec des yeux vides qui disent : « C’est fini. J’ai abandonné ». Thembi regarde en fermant les yeux et en lâchant prise. Une vie vécue dans le secret qui se termine dans la honte. C’est une mort honteuse.

« Et puis il y a le deuxième type », dit Thembi. « La personne a un message, ou parfois un avertissement, pour les gens qu’elle va laisser derrière elle. Il y a une leçon qu’elle a apprise et qu’elle veut faire passer ».

Le troisième type est le meilleur type de mort ; c’est une mort digne. La personne est sur le point de mourir en sachant qu’elle laissera sa famille et sa communauté en bon ordre et que tous les conflits seront résolus. Ce type de mort n’a pas besoin de la présence de Thembi, bien que pour toute personne atteinte de la maladie, elle est souvent présente pour ces derniers moments.

La maladie est le sida et Thembi vit dans une ferme rurale – des poulets gloussant dans les vastes champs à l’extérieur de sa maison – dans le royaume d’Eswatini en Afrique australe.

Le pays – autrefois connu sous le nom de Swaziland – est ce que l’Organisation mondiale de la santé appelle « l’épicentre de l’épidémie mondiale du VIH et du sida » – une épidémie qui, selon les experts, s’aggrave à cause du Covid.

Bien que des progrès importants aient été réalisés dans la lutte contre le virus au cours des dernières décennies, ce pays de 1,3 million d’habitants présente toujours le taux de prévalence du VIH le plus élevé au monde, estimé à 26 %.

Mais la situation était bien pire il y a une vingtaine d’années.

« La mort était alors partout autour de nous », dit Thembi.

Elle se souvient très bien de la première fois où elle a entendu parler du VIH. C’était au milieu des années 90 et elle était une mère récemment mariée qui étudiait pour obtenir une licence en sciences humaines à l’université du Swaziland. Il y avait eu une campagne pour encourager le don de sang dans le pays. De nombreux amis de Thembi ont fait des dons, mais quelques semaines plus tard, ils ont abandonné l’université pour ne plus jamais y revenir.

« Des rumeurs circulaient selon lesquelles leur sang avait été contaminé par une maladie mortelle », dit-elle. « Rien n’a été confirmé par le gouvernement ou les autorités, mais les rumeurs disaient que lorsque vous avez contracté cette maladie, il n’y avait aucun espoir, vous êtes juste mort. »

La peur s’est emparée du campus, et Thembi et plusieurs de ses autres amis ne se sont pas portés volontaires pour donner du sang eux-mêmes.

« Nous avons pensé que si nous ne donnions pas de sang et que l’on nous disait que nous aussi nous avions du sang contaminé, nous pourrions être en sécurité.

Quelques années plus tard, alors que Thembi travaillait comme enseignante dans un lycée, elle a commencé à entendre parler du VIH. Il semble maintenant qu’il touche une grande partie de la population du pays, y compris d’autres enseignants, ses amis et, ce qui est inquiétant, ses élèves aussi.

Elle pouvait dire quand les gens tombaient malades, car ils disparaissaient soudainement. Ils s’enferment à l’abri des regards de tout le monde. Des semaines plus tard, elle lisait leur décès dans les nécrologies du journal local – bien que la maladie n’ait jamais été mentionnée.

Mais nous sommes au début des années 2000 et le VIH fait l’objet de reportages dans la presse et de discussions à la radio.

Thembi est allée à la bibliothèque et a lu des articles sur le virus, qui infectait des gens partout dans le monde. Elle s’est rendu compte que cela s’accompagnait d’une stigmatisation universelle.

On savait que le virus pouvait être transmis par le sexe, mais certains dirigeants communautaires ont ajouté leurs propres théories.

Seuls ceux qui avaient une morale peu rigoureuse et qui pratiquaient des pratiques sexuelles dépravées et diaboliques étaient infectés, ont déclaré certains pasteurs dans leurs sermons.

Thembi savait que cela ne pouvait pas être vrai, une femme qu’elle connaissait et qui n’avait jamais été intime avec son mari venait d’en mourir.

Au lieu de fuir les personnes « diaboliques » qu’elle soupçonnait d’être malades et que leurs familles et amis évitaient, Thembi s’est efforcée de se rendre chez eux et de leur offrir sa compagnie.

« Parfois, je frappais aux portes et la personne ne me laissait pas entrer », dit-elle. « Ils avaient trop honte. Mais j’ai attendu et je leur ai dit que j’étais là s’ils voulaient me voir. Je n’avais pas peur d’eux ».

Et puis, en 2002, Thembi a attrapé une toux dont elle ne pouvait pas se débarrasser. Au début, alors qu’elle s’occupait de sa jeune famille, elle a supposé que c’était un rhume. Mais la toux a persisté. Un jour, elle a eu un moment d’ébullition.

« Peut-être », se dit-elle, « que cette toux ne disparaîtra pas parce qu’elle est due au VIH. »

Thembi est allée se faire tester. Les résultats sont revenus positifs.

Les premières semaines après son diagnostic ont été un véritable tourbillon de peur.

« Comment j’ai attrapé ça ? » « Que va-t-il arriver à mes trois enfants ? »

À l’époque, les médicaments antirétroviraux contre le VIH coûtaient 50 dollars par mois, soit une grande partie des revenus du ménage de Thembi.

« Comment puis-je me permettre cela ? »

« Quand vais-je mourir ? »

Il y avait trop de choses à organiser, alors Thembi a fait ce qu’elle avait vu : trop de gens se dérobent. Elle a dit à tout le monde qu’elle savait qu’elle était séropositive.

« Je savais que quoi qu’il m’arrive, j’aurais besoin de l’aide et du soutien des personnes que j’aime », dit-elle. « Si je me cachais dans la honte et le secret, autant mourir ».

Elle a fait asseoir toute sa famille pour leur parler de sa séropositivité.

Elle leur a dit qu’elle allait suivre un traitement. Thembi a expliqué qu’il s’agissait d’un virus dont elle savait déjà quelque chose.

Depuis son diagnostic, elle a découvert un programme appelé « People Living With HIV » et elle travaillera avec eux pour la guider dans cette maladie. Elle travaillera avec eux pour l’aider à surmonter cette maladie, ce qui la guidera [et guidera son mari] à travers cette maladie

Elle et son mari ont fait asseoir leurs enfants pour leur parler de leur séropositivité.

Ils leur ont dit que la maladie ne pouvait pas être transmise par une étreinte ou en partageant la même salle de bain.

En 2002, Thembi n’en avait aucune idée, mais en quelques années, elle allait devenir la directrice nationale du programme. Son expérience du virus a fait que les gens se sont ouverts à elle.

Thembi a été appelée à être témoin des cartes postales les plus intimes et les plus dévastatrices de la vie des personnes atteintes du VIH et du sida.

Une veuve choquée qui a découvert la lettre de diagnostic positif de son mari après ses funérailles, cachée dans un tiroir sous son lit, un secret sur lequel ils ont dormi pendant des années.

Une femme qui avait conçu tout un plan pour aider les communautés rurales à faire face à la maladie, pour ensuite tomber violemment malade et mourir elle-même avec, ne vivant pas pour voir son rêve se réaliser.

Des pères qui laissent derrière eux leurs petites filles en pleurs. Des fils honteux, demandant à Thembi s’ils seraient pardonnés dans l’au-delà. Des centaines et des centaines de morts.

De nombreux malades ont demandé à Thembi, une concitoyenne séropositive d’Eswatini, d’être là dans les derniers moments de leur vie.

« Je prends cela très au sérieux », dit-elle, « je peux voir ce qu’ils attendent de moi à ce moment-là sans même qu’ils aient besoin de dire quoi que ce soit. Certains veulent que je les prenne dans mes bras.

D’autres ne veulent pas être touchés, mais ils veulent que quelqu’un soit présent. Je traite chaque personne comme un individu. Je leur donne cette dignité ».

Elle veut leur donner une mort digne.

Source : Aidsmap

Lors d’une session plénière du congrès virtuel sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI 2021)le professeur James Hildreth a fortement recommandé de s’attaquer aux déterminants sociaux de la santé afin de réduire les disparités raciales marquées des pandémies du VIH et de la COVID-19 aux États-Unis.

Un accès insuffisant aux informations sur la santé, des soins médicaux tardifs, des maladies chroniques mal gérées, l’incarcération massive et l’instabilité économique font partie des facteurs qui agissent comme déterminants sociaux de la santé, a-t-il déclaré.

De nouvelles données présentées lors du congrès par le Dr Jun Li, des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), indiquent que si les différences raciales ont diminué entre 2012 et 2018, les personnes noires séropositives sont toujours moins susceptibles que leurs homologues blancs de recevoir un traitement antirétroviral dans le mois qui suit leur prise en charge.

Le Sud profond des Etats-Unis présente le taux le plus élevé de nouveaux diagnostics de VIH, le plus grand nombre de personnes séropositives et le taux le plus faible de suppression virale du pays. Une étude menée en Alabama, en Louisiane et au Mississippi indique que, si les tendances générales relatives à la suppression virale s’améliorent, les jeunes noirs atteignent la suppression virale beaucoup plus tard que d’autres groupes.

Une troisième étude a démontré comment un financement accru dans certaines juridictions permettait de corriger certaines de ces disparités. Le projet pilote THRIVE a aidé certaines régions, où les hommes noirs ou latinos séropositifs étaient nombreux, à développer des services communautaires complets de prévention et de prise en charge du VIH, dont des activités destinées à soutenir le déploiement de la PrEP.

Dans les juridictions financées par THRIVE, on a constaté une réduction estimée à 4,2 % des nouveaux diagnostics de VIH chez les hommes noirs ayant des rapports sexuels avec des hommes entre 2014 et 2018. Par contre, dans les zones comparables ne recevant pas de financement, le nombre de nouveaux diagnostics est resté constant.  Chez les hommes latinos ayant des rapports sexuels avec des hommes, on a constaté une augmentation de 1,7 % dans les villes ne recevant pas de financement, contre une réduction de 2,7 % dans celles qui en ont bénéficié.

Source : Seronet

À l’occasion de la conférence internationale Croi 2021 en virtuel, le professeur Jean-Michel Molina, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP, Université de Paris) a présenté, mardi 9 mars, les toutes dernières données de l’étude ANRS Prévenir, dont il est l’investigateur principal et le coordinateur. Pas de gros scoop, mais des résultats qui confirment, une fois de plus, la grande efficacité de la Prep.

Pouvez-vous rappeler les objectifs de l’étude ANRS Prévenir qui fut lancée en 2017 ?

Professeur Jean-Michel Molina : L’objectif de cet essai était d’avoir en vie réelle une idée de l’efficacité de la prophylaxie pré-exposition du VIH, dans une population de personnes à risque d’exposition au VIH. Le but était à la fois de confirmer les données de l’étude ANRS Ipergay (1) sur l’efficacité de la Prep et au-delà de l’efficacité individuelle, d’évaluer comment l’introduction de cet outil de protection à large échelle pouvait entrainer la baisse des nouveaux diagnostics. C’est pour cette raison que nous avons choisi l’Île-de-France, une région où l’incidence du VIH est particulièrement élevée (2).

Plus de trois ans après son lancement, quel bilan tirez-vous de cette étude ? Que nous apprennent les données récoltées sur l’efficacité de la Prep ?

Dans l’essai ANRS Ipergay, nous avions montré une efficacité de la Prep à 86 % en double aveugle [ni les participants-es ni les médecins ne connaissaient le traitement reçu par telle ou telle personne, ndlr], nous étions passés à 97 % d’efficacité quand le placebo a été retiré et que les participants savaient que la Prep était efficace et qu’ils la prenaient bien. L’incidence (3) du VIH dans le groupe qui prenait la Prep était de 2 pour 1 000. Dans l’étude ANRS Prévenir, après trois ans de suivi sur 3 000 personnes très exposées au VIH, il y a eu six infections à VIH, toutes dues à une mauvaise observance du traitement. Dans ce groupe, l’incidence du VIH est tombée à 1 pour 1 000. Cela confirme largement la grande efficacité de la Prep chez les personnes qui prennent bien le traitement que ce soit en schéma en continu ou à la demande (4).

L’étude ANRS Prévenir est prolongée de cinq ans, que cherchez-vous à savoir de plus ?

Ce qui est crucial avec la Prep, c’est de s’assurer sur le long terme que les personnes continuent bien à la prendre si elles sont exposées à un risque. Nous pouvons voir dans d’autres pays un taux d’arrêt de Prep très élevé. Évidemment, la personne n’est plus protégée quand elle arrête la Prep donc il est important d’observer ce qui va se passer sur les prochaines années. Cette prolongation de l’essai va également nous permettre de mettre en place des études sur la prévention des infections sexuellement transmissibles et des hépatites virales ainsi qu’une étude sur le chemsex [consommation de produits psychoactifs en contexte sexuel]. Et puis nous allons également tester les nouvelles façons de prendre la Prep comme les injections de cabotegravir, par exemple. Nous espérons que les participants vont accepter de continuer le suivi et nous allons également inclure de nouveaux volontaires dans une autre étude destinée aux jeunes gays.

=> Pour lire la suite de l’interview, se rendre sur : Seronet