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Source : Medscape

Les pharmaciens, à l’instar des infirmiers, bénéficient depuis l’adoption de la loi du 24 juillet 2019 sur la transformation et l’organisation du système de santé, de nouvelles prérogatives en matière de prescriptions. Et ce malgré l’opposition farouche des syndicats de médecins libéraux, qui avaient bataillé contre l’amendement du député et médecin urgentiste Thomas Mesnier, lequel avait introduit cette possibilité de prescription pharmaceutique, très encadrée néanmoins.

Des nouveaux textes de loi apportent des précisions.

Un décret du 28 mai 2021 rend désormais possible la désignation, par le patient, d’un pharmacien correspondant. Dans le cadre d’une structure d’exercice coordonné, celui-ci aura la capacité de renouveler un traitement et, le cas échéant, d’en ajuster la posologie, toujours en accord avec le prescripteur.

Aussi, un arrêté publié au Journal officiel du 11 mai dernier, apporte de nouvelles précisions sur la prescription pharmaceutique.

 Renouvellement périodique des ordonnances : mode d’emploi

Pour ce qui est du renouvellement périodique des ordonnances et de leur adaptation, le décret a été publié au JO du 30 mai dernier.

Cet article stipule que le patient peut désigner auprès de l’assurance maladie, comme pharmacien correspondant, un pharmacien participant au même exercice coordonné que le médecin traitant du patient, avec l’accord du pharmacien. Le pharmacien correspondant peut renouveler ou adapter le traitement prescrit par le médecin traitant dans le cadre d’un exercice coordonné, dans les conditions suivantes :

  • Le projet de santé du dispositif auquel participent le pharmacien correspondant et le médecin traitant définit les modalités d’information du médecin, notamment en cas d’ajustement de la posologie.
  • La prescription médicale comporte une mention autorisant le renouvellement par le pharmacien correspondant de tout ou partie des traitements prescrits ainsi que, le cas échéant, une mention autorisant l’ajustement de posologie de tout ou partie des traitements.
  • L’officine dispose de locaux avec une isolation phonique et visuelle permettant un accueil individualisé des patients. La même condition s’applique lorsque le pharmacien intervient auprès d’un résident en établissement médico-social.
  • La durée totale de la prescription et de l’ensemble des renouvellements réalisés par le pharmacien correspondant ne peut excéder douze mois.

Par ailleurs « une liste des traitements non éligibles » à ce dispositif peut être fixé par le ministre de la santé, ajoute le décret.

Quelles pathologies ? Quels médicaments ?

L’arrêté du 11 mai apporte des précisions sur les conditions de prescription et la liste des médicaments que peut prescrire un pharmacien pour un certain nombre des pathologies bénignes.

Pour la pollakiurie et les brûlures mictionnelles chez la femme de 16 à 65 ans, il a été ajouté la notion de « non fébriles ». Les médicaments qui peuvent être prescrits sont la Fosfomycine trométamol PO et le Pivmecillinam PO.

Pour l’odynophagie (angine), il a été précisé la borne d’âge « de 6 à 45 ans » : Aussi, les antibiotiques suivants ont été ajoutés dans l’angine aigue streptococcique : cefotiam hexetil PO, clarithromycine PO et josamycine PO. Les antibiotiques pouvant être prescrits sont donc les suivants : Amoxicilline PO, Céfuroxime-Axetil PO, Céfpodoxime-Proxétil PO, Azithromycine P0, Cefotiam hexetil PO, Clarithromycine PO et Josamycine PO.

Selon le conseil national de l’ordre des pharmaciens, ce sont donc à ce jour 4 protocoles nationaux autorisés [qui] entrent dans le champ de la dispensation protocolisée : rhino-conjonctivite allergique saisonnière de patients de 15 à 50 ans (renouvellement de traitement), la pollakiurie et brûlure mictionnelle non fébrile chez la femme de 16 à 65 ans, l’odynophagie de 6 à 45 ans et l’éruption cutanée vésiculeuse prurigineuse chez l’enfant de 12 mois à 12 ans.

Dans quelles conditions le pharmacien peut-il prescrire ces médicaments ?

La prescription de ces médicaments par un pharmacien, désigné pharmacien correspondant, répond à certaines conditions. Ainsi ces prescriptions ne peuvent s’effectuer que dans le cadre d’un exercice coordonné. Le pharmacien devra être partie prenante d’une équipe de soins primaire, d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), d’une maison de santé ou encore d’un centre de santé.

Aussi, pour pouvoir prescrire ces médicaments, les pharmaciens doivent y avoir été formés, comme le précise un décret du 21 janvier 2021.

Les nouvelles prérogatives des pharmaciens

Outre la dispensation protocolisée (prescription pharmaceutiques) et « renouveler périodiquement des traitements chroniques et ajuster, au besoin, leur posologie », la loi du 24 juillet 2019 a étendu les prérogatives des pharmaciens dans d’autres domaines. Ainsi les pharmaciens peuvent aussi, « proposer des conseils et prestations destinés à favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes », « effectuer les vaccinations dont la liste est fixée par arrêté du ministre chargé de la santé pris après avis de la Haute Autorité de santé ».  Pour ce qui est de la vaccination, avant l’adoption de la loi du 24 juillet 2019, les pharmaciens d’officine étaient déjà autorisés, de manière expérimentale, à vacciner contre la grippe saisonnière. Aussi, de manière dérogatoire, dans le cadre de la lutte contre la pandémie Covid19, les pharmaciens d’officine sont autorisés à vacciner contre la Covid19.

 

Source : Santé Log

Comment l’infection par le VIH rétrécit la substance blanche du cerveau, c’est ce que nous explique cette équipe de l’Université de Pennsylvanie. Un mécanisme par lequel l’infection bloque le processus de maturation des cellules cérébrales qui produisent la myéline, une substance grasse qui isole et protège les neurones. Ces travaux, publiés dans la revue Glia, identifient notamment le rôle clé du glutamate, un neurotransmetteur, produit en excès par les macrophages infectés par le VIH et déjà connu pour ses effets neurotoxiques à niveaux élevés.

On sait depuis longtemps que les personnes vivant avec le VIH accusent une perte de substance blanche dans le cerveau. Contrairement à la « matière grise », composée des corps cellulaires des neurones, la matière blanche est constituée d’une substance grasse, la myéline qui forme une gaine protectrice autour des neurones et contribue à leur signalisation. « Même sous thérapie antirétrovirale (TARV), les personnes vivant avec le VIH ont toujours le virus présent dans leur corps, l’infection par le VIH elle-même pouvait donc affecter la substance blanche », précise l’auteur principal, le Dr Kelly Jordan-Sciutto, professeur à la Penn Medicine. « Une réduction de la substance blanche est associée à des troubles moteurs et cognitifs, il est donc important de mieux comprendre ces mécanismes ».

L’infection influe aussi sur la démyélinisation

De précédentes recherches de cette équipe de la Penn et de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie (CHOP) avaient révélé que la TARV pouvait avoir un effet de réduction de la substance blanche cependant la responsabilité du virus lui-même restait mal comprise. Cette nouvelle recherche, menée à la fois sur des cellules de souris et des cellules humaines, révèle précisément comment le VIH empêche les cellules cérébrales productrices de myéline appelées oligodendrocytes de mûrir, ce qui freine la production de substance blanche.

Le rôle clé de la myélinisation aux différentes étapes de la vie : dans la petite enfance, à l’adolescence et probablement pendant l’apprentissage à l’âge adulte aussi, la myélinisation ou production de substance blanche joue un rôle clé dans la plasticité cérébrale. Prévenir la perte de substance blanche ou démyélinisation permet de prévenir les dommages cognitifs associés. Les chercheurs savaient que le TARV peut perturber la fonction des oligodendrocytes, réduisant ainsi la formation de myéline, ils montrent ici que le virus lui-même a une responsabilité dans ce processus.

Le glutamate : L’examen des macrophages humains, des cellules immunitaires infectées par le VIH – alors que le virus n’infecte pas les neurones ou les oligodendrocytes- montre que cellules immunitaires infectées sécrètent des substances nocives, qui peuvent également tuer les cellules voisines, telles que les neurones, ou les empêcher de se différencier. Précisément, une fois infectées, elles produisent en excès, un neurotransmetteur, le glutamate, connu pour ses effets neurotoxiques à niveaux élevés. Et lorsque les chercheurs réduisent avec un autre composé les niveaux de glutamate dans une culture de macrophages infectés par le VIH avant le transfert du milieu de croissance aux précurseurs d’oligodendrocytes, ces cellules précurseurs peuvent mûrir normalement en oligodendrocytes. Ainsi, ces travaux in vitro révèlent que le glutamate sécrété par les macrophages infectés est responsable du blocage des cellules précurseurs au stade immature.

La réponse biologique au stress : c’est la deuxième explication documentée, à cette réduction de substance blanche. Cette réponse intègre 4 voies de signalisation différentes, qui entraînent des changements dans l’expression des gènes qui servent à protéger la cellule du stress ou à inciter la cellule à mourir, si le stress est insupportable. Ici, les chercheurs montrent que la réponse intégrée au stress est activée dans des cultures de cellules précurseurs d’oligodendrocytes.

La boucle est bouclée : ces différentes données permettent de reconstituer le puzzle ou le mécanisme complet : les macrophages infectés par le VIH sécrètent du glutamate, ce qui active la réponse au stress en activant une voie appelée PERK, qui bloque la maturation des précurseurs d’oligodendrocytes, ce qui réduit les oligodendrocytes et la production de myéline.

De nouvelles cibles médicamenteuses ? La compréhension de ce mécanisme permet de discerner les effets du virus de ceux des médicaments. L’identification de la voie de signalisation PERK notamment, ouvre également de nouvelles pistes thérapeutiques pour les troubles cognitifs liés au VIH.

« Lorsque nous mettons nos patients sous TARV, en particulier les enfants ou les adolescents, il est important de comprendre les implications : les antirétroviraux peuvent empêcher l’établissement d’un réservoir viral dans le système nerveux central, ce qui contribue à l’objectif, mais nous savons aussi que les médicaments peuvent nuire à la substance blanche ».

Source : Act-Up Paris

Nous, personnes vivant avec le VIH, activistes de la lutte contre le VIH-sida, personnes handicapé·e·s et militant·e·s d’Act Up-Paris appelons les député·e·s à voter le 17 juin prochain en faveur de la loi 3970 portant sur diverses mesures de justice sociale qui prévoit notamment de déconjugaliser le calcul de l’Allocation Adulte Handicapé.

Nous, personnes vivant avec le VIH, activistes de la lutte contre le VIH-sida, personnes handicapé·e·s et militant·e·s d’Act Up-Paris appelons les député·e·s à voter le 17 juin prochain en faveur de la loi 3970 portant sur diverses mesures de justice sociale qui prévoit notamment de déconjugaliser le calcul de l’Allocation Adulte Handicapé. Nous portons également d’autres revendications pour une véritable justice sociale pour tou·te·s

L’AAH, UN ENGAGEMENT HISTORIQUE D’ACT UP-PARIS

L’Allocation Adulte Handicapé a toujours été au cœur des luttes d’Act Up-Paris dès la création de l’association en 1989.

Alors que le sida aura 40 ans en juin 2021, les personnes séropositives, les personnes atteintes du sida et l’ensemble des militant·e·s de l’époque ont mené un combat acharné pour obtenir leur droit à l’AAH qui leur était refusé. Ce n’est qu’en 1993 que l’État consentit enfin à octroyer l’AAH aux séropos quand bon nombre d’entre eux-elles étaient en train de mourir, quand beaucoup trop étaient déjà mort·e·s.

Comment oublier que beaucoup de malades du sida sont décédé·e·s avant de pouvoir la percevoir comme ce fut le cas notamment de Cleews Vellay présidente d’Act Up-Paris entre 1992 et 1994 ?

Impossible d’oublier que des personnes malades du sida alors dans le plus grand désespoir arrêtaient leurs traitements au péril de leur vie pour que cette allocation leur soit accordée. Telle était l’abrupte et si particulière réalité pour les personnes séropositives à l’époque mais aussi pour un grand nombre de personnes en situation de handicap évolutif, c’est-à-dire des personnes atteintes de pathologies chroniques de longue durée, ce que la loi du 5 février 2005 qualifiera plus tard de « troubles de santé invalidants » dans sa définition du handicap.

Peu de temps après l’arrivée des trithérapies en 1996, le gouvernement français affirmait sa froide logique budgétaire en disant que les personnes avaient des traitements, qu’elles pouvaient donc contrôler le virus, que les malades du sida allaient bien et pouvaient donc retourner au travail.

La lutte que nous menons aujourd’hui pour l’individualisation de l’AAH est inscrite dans notre histoire activiste, militante, elle est dans notre ADN. La légitimité d’Act Up-Paris et donc des personnes vivant avec le VIH sur ce sujet est incontestable.

Il était important de remettre en exergue le combat d’Act Up-Paris, des personnes séropositives et de ses militant·e·s pour l’accès et la défense de leurs droits sociaux notamment l’AAH acquise grâce à une lutte sans relâche.

Vous devez prendre la mesure historique de ce combat qui rassemble toutes les personnes en situation de handicap dit visible ou invisible, que nous soyons atteint·e·s d’un handicap moteur, cognitif, sensoriel, mental ou d’un trouble de santé invalidant comme le VIH ou toute autre pathologie chronique qu’elle soit curable ou non.

Nous nous battons ensemble pour que la loi 3970 portant sur diverses mesures de justice sociale soit enfin votée, pour que le calcul de notre AAH soit désolidarisé des revenus de nos partenaires, pour qu’enfin nous puissions vivre en couple sans avoir à sacrifier notre indépendance financière et pour que l’État cesse de nous imposer ce choix injuste auquel personne ne devrait être jamais confronté.

Notre détermination est entière comme vous avez pu le constater lors du vote de la loi le 9 mars dernier au Sénat, au travers du rassemblement organisé par l’association Act Up-Paris, où un grand nombre de collectifs, de personnes concernées et d’allié·e·s nous ont rejoint·e·s.

UN ENGAGEMENT POUR TOU·TE·S LES MALADES CHRONIQUES

De toute évidence, il ne s’agissait là que d’une déclaration de principe qui ignore la réalité criante de l’atteinte à nos droits les plus fondamentaux alors que nous connaissons une situation d’urgence sanitaire et sociale d’ampleur.

Comment peut-on nous refuser notre indépendance financière tout en affirmant vouloir relever le défi de mettre en place « une société accessible où les personnes en situation de handicap pourraient vivre de façon autonome et participer à tout » ?

Ce n’est qu’un exemple des propos contradictoires tenus par Madame Sophie Cluzel, Secrétaire d’État en charge du handicap, comme lorsqu’elle se permet de parler de la citoyenneté des personnes handicapées alors même qu’elle continue de refuser avec obstination la déconjugalisation de l’AAH.

Elle fait tout simplement des personnes handicapées en couple une quantité négligeable, méprisable, faisant de nous des ersatz de citoyen·ne·s.

La primauté de la solidarité familiale est défendue par le gouvernement comme un état de fait dans l’unique but d’argumenter son désengagement sur le financement de l’action et de l’aide sociale au mépris de la solidarité nationale. La diversité des allocations liées au handicap montre à quel point ériger la solidarité familiale est contradictoire et n’a en réalité qu’un seul objectif, réduire les dépenses publiques et notamment concernant le financement des prestations sociales.

Le cas de l’AEEH en est un exemple puisque l’allocation d’éducation d’enfant handicapé est attribuée indépendamment des ressources familiales mais versée jusqu’aux 21 ans de l’enfant qui percevra l’AAH ensuite. Quand l’adulte handicapé vit chez ses parents qui sont tenus par la loi à une obligation alimentaire envers leur enfant, son AAH est versée à taux plein mais lorsqu’il-elle vit en couple avec sonsa conjoint·e qui n’est pas tenu·e à cette obligation, son AAH est réduite voire supprimée par la prise en compte des revenus du/de la conjoint·e.

UNE MESURE DE JUSTICE SOCIALE

Les différences de traitement des droits des personnes handicapées existent. Nous sommes infantilisé·e·s par l’État qui considère que nous devons vivre toute notre vie chez nos parents, ou seul·e·s et appauvri·e·s dans la solitude ou bien nous devons dépendre de nos conjoint·e·s financièrement.

C’est une véritable injustice et une souffrance car le gouvernement ne peut pas ignorer les nombreuses personnes handicapées qui sont victimes de violences conjugales. Et quand le gouvernement affirme que la personne victime de violences quitte le domicile conjugal, qu’elle doit le signaler à la CAF et que son AAH lui sera versée immédiatement sur un compte allocataire personnalisé, c’est mal connaître la situation des violences conjugales et la difficulté d’y échapper, de s’en libérer parfois.

Lorsque Madame Sophie Cluzel évoque la notion de droit commun pour motiver son refus de cesser de prendre en considération les revenus des conjoint·e·s pour le calcul de l’AAH pour les personnes bénéficiaires, c’est révoltant et c’est surtout incohérent. Le droit commun, ce sont des règles juridiques communes applicables à tou·te·s sans aucune particularité ni spécificité. Madame Sophie Cluzel se contredit car elle oublie de préciser que l’AAH est une des rares prestations qui est accordée sur la base de critères médicaux. Quant aux personnes détenues en prison, elles ne relèvent pas du droit commun pour Madame Cluzel puisqu’elles perçoivent uniquement 30% de leur AAH même si les revenus du couple ne dépassent pas le plafond.

Une injustice sociale supplémentaire pour les personnes incarcérées handicapées, atteintes de pathologie chronique de longue durée.

Dès le début, ce gouvernement a affirmé sa volonté de poursuivre une politique néolibérale mise en place depuis 2008 après la crise financière qui vise à se désengager toujours plus du financement de l’aide sociale, de la solidarité nationale, c’est-à-dire le financement des prestations sociales telles que l’AAH mais aussi le RSA pour les personnes précaires, fragiles et vulnérables. Tous les gouvernements de ces dernières années n’ont jamais cessé d’opposer les personnes actives aux personnes inactives, avecce discours dérangeant sur l’assistanat et du fameux donnant-donnant comme l’exigence de contrepartie en retour de l’aide sociale.

Cela dérange parce que ces prestations ne sont pas contributives car les bénéficiaires ne sont pas soumis·e·s à l’impôt et elles sont insaisissables contrairement aux allocations chômage et à la pension d’invalidité. Le gouvernement poursuit donc une politique néolibérale où la croissance est le modèle économique dominant et où le système d’aides sociales repose entièrement sur le travail.

LE SOCIAL AU SERVICE DE L’HUMAIN ET DE SON AUTONOMIE

Depuis des années, l’objectif de cette politique à impact social est de remettre à tout prix au travail les personnes en situation de handicap mais aussi les chômeur·se·s de longue durée et les bénéficiaires des minima sociaux avec des stratégies telles que « territoire zéro chômeur·se, stratégie de lutte contre la pauvreté… ».

Pour exemple, la grande campagne actuelle visant à augmenter les primes pour l’embauche des travailleur·se·s handicapé·e·s, comme si c’était une avancée sociale, alors que la part versée aux salarié·e·s avec une RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé) n’est plus en vigueur depuis longtemps et que cela reste au bon vouloir de l’employeur·se aujourd’hui d’en donner une partie aux travailleur·se·s handicapé·e·s.

L’emploi de plus en plus important de jeunes en situation de handicap, ou pas en service civique qui n’est pas cumulable avec le RSA alors que ce dernier l’est avec une activité salariée, est un moyen d’avoir une main d’œuvre bon marché. La coercition avec la privation de droits comme moyen de remettre tout le monde au travail tel est l’objectif de cette politique néolibérale que nous refusons de subir.

C’est dans cette perspective qu’en 2018 le gouvernement a voulu, lors de la grande consultation citoyenne sur le revenu universel d’activité, y intégrer l’AAH et face aux revendications de plusieursassociations, le Président Macron retirait cette allocation du revenu universel d’activité.

Dans la droite ligne du gouvernement Fillon sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron a aussi cherché à diviser les travailleur·se·s au sein même des personnes en situation de handicap car les malades chroniques ont clairement été visées dans le décretdu 16 aout 2011 et de sa circulaire du 27/10/2011 qui fait suite à la réforme de l’AAH en 2010 instaurant la déclaration trimestrielle de ressources (DTR) et la RSDAE (Restriction Substantielle et Durable d’Accès à l’Emploi) dans l’objectif de faire des économies sur le dos des personnes malades chroniques.

Dans ce cas, l’AAH n’est donc plus versée à la personne, même si un taux d’incapacité la rend éligible (50 et 79%) à cette prestation si la RSDAE ne lui est pas reconnue, c’est à dire que ses difficultés d’accéder à un emploi et/ou de s’y maintenir durablement ne sont pas prises en compte ou qu’elles soient minimisées.

Le complément de ressources de 179,04€, dont les seul·e·s bénéficiaires étaient les personnes reconnues avec un taux d’incapacité (= ou + 80%), n’est plus versé aux nouveaux·elle·s bénéficiaires depuis le 1er décembre 2019, journée mondiale de lutte contre le VIH-sida. Il reste maintenu uniquement pour 10 ans pour les ancien·ne·s bénéficiaires. Il ne reste que la MVA (Majoration pour la vie autonome) de 104,77€ pour les bénéficiaires de l’AAH à plus de 80% donc une perte de 75€.

L’AAH, le complément de ressources, la PCH et la MVA sont quatre aides sociales différentes, elles doivent se compléter et non être mutualisées,
substituées ou supprimées. Quant à la PCH (Prestation de Compensation du Handicap), l’aide humaine attribuée aux personnes handicapées qui en ont besoin pour les gestes et les actes de la vie quotidienne, il est révoltant de voir à quel point elle est calculée au rabais. Les personnes lésées par cette froide logique budgétaire sont facilement quantifiables auprès des associations qui accompagnent les personnes dans leur demande de PCH contrairement aux 44000 perdant·e·s invoqué·e·s par Madame Sophie Cluzel pour argumenter le refus d’individualiser l’AAH. Madame Catherine Deroche, Présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, l’a dit elle même : il n’existe aucune étude d’impact, aucune donnée sérieuse pour motiver le refus du gouvernement et corroborer cette théorie comme quoi cela coûterait trop cher de financer cette mesure tout en disant qu’elle trouvait curieuse l’absence d’éléments probants sur ce sujet.

Les handicaps et les maladies invalidantes ne disparaissent pas avec le temps, les personnes apprennent à vivre avec leur pathologie, leur handicap et l’impact sur leur vie quotidienne est une réalité que le gouvernement ne peut nier et en ce sens l’AAH devrait être attribuée à vie. 

EN FINIR AVEC LA MISE EN OPPOSITION DES MALADES CHRONIQUES ET DES TRAVAILLEUR·EUSE·S

Nous pensions que la loi 2005 permettrait un meilleur accès aux droits des personnes handicapées mais c’est loin d’être le cas car cela fait plus de dix ans que tout est mis en œuvre pour restreindre, supprimer, voire refuser l’AAH à de nombreuses personnes handicapées.

« La loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées du 11 Février 2005 établissait dans son article 2 une définition du handicap, « constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant » et remplace la loi du 30 Juin 1975. »

En France, le seuil de pauvreté est de 1.065€/ mois et l’AAH est de 902,70€/mois en 2021 et son augmentation récente de 0,90€ montre que l’on sera loin de l’atteindre à ce rythme. Le gouvernement actuellement au pouvoir se félicite de l’avoir augmentée de 100€ depuis son arrivée (de 800 à 900€).

Nous ne faisons pas la charité, nous exigeons le respect de nos droits sociaux conquis grâce à une lutte acharnée et qui depuis une dizaine d’années ne cessent d’être attaqués. Nous exigeons un niveau de vie digne et décent qui soit a minima égal ou supérieur au seuil de pauvreté pour l’ensemble des bénéficiaires de l’AAH.

Le jeudi 13 février 2020, contre l’avis du gouvernement et alors que les député·e·s LREM de la majorité étaient en minorité présentielle ce jour-là, l’Assemblée Nationale a adopté une proposition de loi supprimant la prise en compte des ressources des conjoint·e·s pour le calcul de l’AAH pour la personne bénéficiaire. Ce que le président Macron n’a pas digéré ainsi qu’une grande partie des député·e·s LREM.

Mesdames et Messieurs les député·e·s, nous exigeons le vote en faveur de la loi 3970 pour qu’enfin les revenus des conjoint·e·s cessent d’être pris en compte pour le calcul de l’AAH des personnes bénéficiaires.

NOUS EXIGEONS DÈS MAINTENANT :

1. La désolidarisation des revenus du/de la conjoint·e pour le calcul de l’AAH pour tou·te·s les bénéficiaires car nous ne voulons pas dépendre de notre conjoint·e,

2. L’augmentation de l’AAH pour atteindre le seuil de pauvreté pour tou·te·s les bénéficiaires c’est-à-dire 1065€ ou plus,

3. L’attribution à vie de l’AAH pour les personnes en situation de handicap visible ou invisible car un handicap, une maladie chronique, invalidante, ne disparaît pas avec le temps, on vit et on évolue avec,

4. L’abrogation du décret du 16 août 2011 et donc de la RSDAE,

5. La suppression de la DTR pour le calcul de l’AAH,

6. L’accès à la complémentaire santé solidaire pour tou·te·s les bénéficiaires de l’AAH sans aucune participation financière,

7. Que l’ensemble des personnes incarcérées bénéficient de l’intégralité de leur AAH alors qu’actuellement elles n’en perçoivent que 30%,

8. Que les personnes hospitalisées continuent de percevoir leur AAH même au-delà des 60 jours d’hospitalisation,

9. Que l’AAH soit versée à la personne handicapée dès la majorité à 18 ans,

10. La présence des associations au sein des recours juridiques après le refus du RAPO aux côtés des avocat·e·s,

11. Une réelle priorité au logement social pour les personnes bénéficiaires de l’AAH qu’elles soient en couple, célibataires avec ou sans enfants,

12. Des logements sociaux 100% accessibles comme prévu initialement dans la loi Elan avant qu’ils ne soient réduits à seulement 20%,

13. Une meilleure représentation des associations de lutte contre le VIH-sida dans les CDAPH,

14. Une prise en compte respectueuse des besoins des personnes dans le cadre de l’aide humaine et de la PCH

15. Une transparence totale sur l’accès aux demandes d’allocations ou d’autres prestations faites par les personnes auprès des MDPH, dans certaines grandes villes les personnes ont un identifiant et un mot de passe pour suivre leur dossier en temps réel et cela devrait être un droit absolu et généralisé. L’opacité parisienne sur le sujet de l’accès au suivi de son dossier est problématique,

16. La même transparence sur les demandes de logements sociaux, un accès aux demandeur·se·s via Internet sur leur dossier pour modifier leurs informations, y apporter des documents de mise à jour, ce qui encore une fois n’est pas le cas à Paris et revoir la copie quant au système de points comptabilisés pour bénéficier de la priorité au logement social,

17. De remettre le cumul ASS et AAH supprimé le 1er janvier 2017,

18. Le versement de la pension de veuvage à tou·te·s les conjoint·e·s survivant·e·s que seuls les couples mariés perçoivent alors que les personnes pacsées et concubines notoires n’y sont pas éligibles,

19. Le complément de ressources doit être à nouveau versé à toutes les personnes reconnues à 80% et plus qui a été supprimé le 1er décembre 2019, journée mondiale de lutte contre le VIH-sida,

20. Le RSA pour tou·te·s les jeunes de 18 à 25 ans,

21. Le seuil de pauvreté pour tou·te·s les bénéficiaires du RSA,

22. Le forfait logement ne doit plus être appliqué pour le calcul d’éligibilité à la complémentaire santé solidaire car c’est ce dernier qui fait que les personnes ont une participation financière pour la mutuelle.

Nous, séropos, personnes en situation de handicap, voulons faire nos propres choix, celui de notre indépendance financière, celui de vivre en couple ou pas et le calcul du montant de notre AAH doit cesser de prendre en compte les revenus de nos conjoint·e·s car c’est notre handicap, notre pathologie.

Nous avons bien l’intention, au travers de notre plaidoyer, de convaincre l’ensemble des député·e·s de voter en faveur de la loi 3970.

Nous souhaitons aussi qu’elle soit votée sans tentative de blocage à coups d’amendements pour retarder le processus législatif et si la loi est votée, nous exigerons qu’elle soit promulguée et appliquée dans les plus brefs délais.

Refuser la désolidarisation des revenus des conjoint·e·s dans le calcul de l’AAH pour les personnes bénéficiaires, c’est continuer de bafouer des principes constitutionnels. Pour n’en citer qu’une partie : « Tout être humain qui en raison de son âge, de son état physique ou mental, de sa santé, de la situation économique se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ».

C’est cela la véritable solidarité nationale, la justice sociale, le principe d’égalité des droits.

Nous ne cesserons jamais de nous battre pour nos droits.

Source : Le Monde

En moins d’un an, plusieurs vaccins contre le Covid-19 ont été créés. A l’inverse, quarante ans après la première alerte sur le sida, il n’en existe aucun contre cette maladie. La virologue Christine Rouzioux explique les raisons de ce décalage.

Quarante ans après la première alerte sur le sida, le 5 juin 1981, il n’existe toujours aucun vaccin contre le sida. On ne guérit pas du sida : les personnes séropositives sont contraintes de suivre un traitement à vie. A l’inverse, les chercheurs ont réussi une course contre la montre exceptionnelle face au coronavirus. En moins d’un an, plusieurs vaccins contre le Covid-19 ont été autorisés. Comment expliquer un tel décalage ?

Le VIH et le coronavirus sont en fait deux virus très différents, explique Christine Rouzioux, professeure émérite en virologie à la faculté de médecine René-Descartes (hôpital Necker), membre de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie nationale de pharmacie.

Pouvez-vous rappeler ce qu’est le VIH ? Comment ce virus agit-il dans le corps ?

Le VIH (virus de l’immunodéficience humaine) est un virus qui infecte les cellules du système immunitaire – les lymphocytes. Il a pour particularité d’intégrer son matériel génétique dans le chromosome des cellules qu’il infecte. Le VIH est un lentivirus qui induit une lente dégradation du système immunitaire et conduit progressivement à la maladie sida (syndrome d’immunodéficience acquise). Le corps est alors vulnérable à de multiples infections opportunistes (toxoplasmose, pneumocystose, cryptococcose, etc.).

Comme les lymphocytes sont des cellules qui ont un rôle extrêmement important dans le système immunitaire, elles sont toujours en action. Or, dès qu’elles sont actives, elles produisent du virus. La réplication du virus est donc continue.

Les traitements antirétroviraux et leur combinaison en trithérapie permettent uniquement de bloquer la multiplication du virus. Ces traitements – qui doivent être pris à vie – empêchent l’infection d’évoluer vers le sida mais ne permettent pas d’éliminer les cellules infectées et donc d’éradiquer le virus. Les lymphocytes infectés se mettent à l’état de dormance et ne sont pas reconnus comme infectés, il est donc impossible de les éliminer. C’est l’obstacle majeur de cette infection. C’est aussi un obstacle à la vaccination thérapeutique.

C’est la raison pour laquelle il n’existe, à ce jour, aucun vaccin contre le sida ?

Ce virus déjoue continuellement les réponses immunitaires, il les contourne. Toutes les approches vaccinales qui ont été testées ont, jusqu’à présent, échoué à faire un vaccin efficace, y compris les vaccins à adénovirus (qui utilisent un virus vivant, mais rendu inoffensif, pour véhiculer une partie de l’ADN d’un autre virus, en l’occurrence celui du VIH, dans les cellules afin de déclencher une réponse immunitaire).

Le VIH induit une réponse immunitaire bien modeste, et l’on ne sait pas la rendre puissante et efficace ; on ne sait pas quelles sont les réponses immunitaires qui seraient assez efficaces pour protéger les personnes de l’entrée du virus dans l’organisme. De plus, il existe beaucoup de variants, il faudrait donc plein de vaccins différents.

Les personnes séropositives ont des anticorps contre le VIH, mais ce ne sont pas des anticorps capables d’éliminer les cellules infectées car ces cellules sont majoritairement au repos et ne sont pas reconnues par le système immunitaire comme étant porteuses du virus.

Ce virus est terriblement intelligent : il sait se cacher et contourner les défenses de l’organisme. En infectant directement le système immunitaire, il va en quelque sorte « diriger » les réponses immunitaires, tout en les détruisant progressivement.

En quoi le coronavirus est-il différent du VIH ? Comment expliquer qu’on ait réussi à trouver un vaccin contre le Covid-19 en moins d’un an ?

Il y a un point commun entre le VIH et le coronavirus : ce sont des virus dont le matériel génétique est de l’ARN (acide ribonucléique). Mais seul le VIH a une enzyme capable de transformer son ARN en ADN, lui permettant de s’incorporer dans le chromosome des cellules infectées. Or c’est précisément ce qu’on ne sait pas faire : éliminer un génome viral d’un chromosome.

Les coronavirus n’ont pas cette enzyme. De plus, ils touchent des cellules qui vont être facilement détruites par le système immunitaire et l’organisme va réussir à déclencher des réponses immunitaires globales associées dans un premier temps à une inflammation – le nez qui coule, par exemple. L’organisme va déclencher ensuite des réponses immunitaires spécifiques, c’est-à-dire adaptées au coronavirus. Le tout permet d’éliminer le virus et d’éradiquer totalement l’infection, le plus souvent en une dizaine de jours.

Le SARS-CoV-2 est un virus qui entre par les voies aériennes supérieures (nez, pharynx et larynx) et qui se multiplie dans les cellules du nez et de la gorge. Grâce au système que je viens de décrire, dans la majorité des cas, le virus est éliminé en quelques jours sans aucune incorporation du matériel génétique dans le chromosome des cellules. Mais chez certaines personnes, notamment celles ayant une ou plusieurs comorbidités, les choses peuvent s’aggraver : le virus persiste et descend dans les poumons, il peut alors conduire à une pneumonie, voire à une insuffisance respiratoire pouvant causer la mort du patient.

Les vaccins à ARN messager constituent une révolution

Comme pour l’infection par le virus de la grippe, l’infection par le SARS-CoV-2 induit des réponses immunitaires relativement solides, que l’on sait en outre produire par la vaccination. Les vaccinés sont protégés au moins dix à douze mois. Le problème qui persiste actuellement est lié aux variants qui peuvent émerger pour contourner les réponses vaccinales. Jusqu’à présent, on constate que la vaccination contre le virus A protège relativement bien contre le variant B. Toutefois, même vacciné contre le A, une surinfection au B reste possible (sans développement de forme grave).

C’est tout l’enjeu dans les mois à venir et cela dépendra de la puissance des vaccins, car tous les vaccins disponibles ne sont pas équivalents. Les vaccins à ARN messager constituent une révolution : ils sont particulièrement puissants et représentent une avancée considérable en vaccinologie. Avec ces vaccins, l’idée est de laisser nos cellules fabriquer elles-mêmes en abondance le composant contre lequel notre organisme va apprendre et s’entraîner à lutter.

Aujourd’hui, quels sont les traitements utilisés pour les patients séropositifs ? Pourquoi ces traitements ont-ils mis du temps avant d’être efficaces ?

La recherche de traitements a pu paraître longue, mais les résultats sont là : d’abord la monothérapie, puis la bithérapie, avec des effets secondaires importants, puis les trithérapies à partir de 1995. Les traitements actuels sont de plus en plus efficaces et de mieux en mieux tolérés, avec relativement peu d’effets indésirables. A tel point que, désormais, les sujets infectés traités ont une vie pour ainsi dire normale. C’est la compréhension très fine des mécanismes moléculaires de la multiplication du virus qui a permis peu à peu de créer des molécules bloquantes, empêchant l’évolution vers le sida.

Il faut comprendre que le virus n’est rien sans la cellule : à l’extérieur d’une cellule, un virus est une particule inerte. Une fois à l’intérieur de la cellule, le virus va détourner toute la machinerie cellulaire à son profit. C’est le virus qui gagne. La cellule, elle, construit et produit progressivement de nombreuses particules virales qui vont se diffuser.

Toutes ces recherches ont permis de montrer qu’en ciblant des enzymes spécifiques du VIH on empêche la multiplication du virus et on bloque l’évolution de l’infection. Les cellules infectées sont dormantes et il n’y a pas de destruction des lymphocytes. Mais, une fois encore, cela n’élimine pas les cellules infectées, qu’on appelle alors cellules réservoirs du VIH.

Dans combien de temps peut-on espérer avoir un vaccin contre le sida ?

C’est impossible à dire. Néanmoins, je suis optimiste : on peut espérer que des essais de vaccins à ARN messager contre le sida puissent être rapidement testés pour empêcher l’infection de pénétrer l’organisme (donc à titre préventif). Peut-être, aussi, pourra-t-on commencer par tester des vaccins thérapeutiques. En tout cas, vu la puissance de ces vaccins, le champ des possibles est devenu énorme. Mais n’oublions pas que l’aventure scientifique des vaccins à ARN messager a débuté il y a plus de vingt ans. Il faut du temps.

Dans un futur plus ou moins proche, il est possible d’imaginer que l’industrie pharmaceutique va d’abord s’intéresser à des maladies simples et touchant un public très large, comme la grippe saisonnière, afin de prouver l’efficacité du système à ARN messager, avant de s’attaquer à des infections virales plus complexes comme celle du VIH.

 

Source : CNRS Le Journal

Il y a tout juste 40 ans, une revue américaine faisait état d’une nouvelle forme de pneumonie touchant cinq patients : il s’agit en fait de la première évocation du sida. Rappel des faits dans cette chronique de Denis Guthleben, historien des sciences au CNRS.

5 juin 1981. La revue américaine Morbidity and Mortality Weekly Report publie une note révélant que cinq malades ont été admis depuis octobre 1980 dans trois hôpitaux de Los Angeles, et traités pour une forme de pneumonie qui n’apparaît que lorsque le système immunitaire est très affaibli. Or ces malades, dont deux sont déjà décédés, sont tous de jeunes hommes qui ne se connaissaient pas et étaient en parfaite santé jusqu’à l’apparition des premiers symptômes…

SIDA, Sida, sida

Difficile de ne pas être saisi aux tripes en lisant cette note, « Pneumocystis Pneumonia – Los Angeles », à quarante ans de distance. Sans le savoir encore, ses auteurs posent un jalon dans notre histoire : il s’agit de la première mention, dans la littérature scientifique, d’une maladie baptisée dans les mois suivants « syndrome d’immunodéficience acquise ». En France, l’acronyme « SIDA » se transformera peu à peu en nom propre, « le Sida », puis en nom commun, « le sida », un parcours étymologique qui est à lui seul révélateur de la place que la maladie a prise dans nos vies.

Des vies, justement, le sida en fauche de plus en plus au début des années 1980. Après la publication initiale, de nouveaux cas ne tardent pas à être identifiés en Amérique du Nord et en Europe. En France, les docteurs Willy Rozenbaum et Jacques Leibowitch font le lien entre certains des malades qu’ils rencontrent et les observations effectuées outre-Atlantique. Ensemble, ils créent le premier « groupe français de travail sur le SIDA ». Et le travail ne manque pas, en effet, pour trouver l’origine de cette maladie dont le profil des victimes, tous « active homosexuals » comme le relevait dès juin 1981 la MMWR, commence à déchaîner les passions… et les délires : des enragés n’hésitent pas à évoquer un châtiment tombé du ciel, comme au bon vieux temps de la peste noire !

Garde haute

Dans ce contexte parfois nauséabond, la recherche, elle, progresse. À Paris, au sein de l’unité Institut Pasteur/CNRS/Inserm d’oncologie virale, une équipe de scientifiques est sur la piste du responsable : le « virus de l’immunodéficience humaine » est isolé sur le ganglion d’un malade traité à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, et décrit en 1983. Cette découverte vaudra le prix Nobel de physiologie ou médecine à Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier 25 ans plus tard. Mais la communauté savante n’est pas non plus à l’abri des polémiques. Un âpre conflit de paternité sur le VIH a opposé l’équipe française à un chercheur américain, Robert Gallo, finalement débouté au terme de longues années de procédures. De plus, au grand regret des récipiendaires eux-mêmes, en 2008 le comité Nobel a ignoré le rôle clé joué par l’un des membres de l’équipe de Luc Montagnier, Jean-Claude Chermann.

Mais si la recherche n’est pas un long fleuve tranquille, elle n’en débouche pas moins sur des résultats prometteurs, en matière de diagnostic et de traitement. En 1987, l’anti­rétroviral AZT apporte une première réponse encourageante – avec en prime une réduction des risques de transmission de la mère à l’enfant, mais hélas de sévères effets secondaires. D’autres solutions thérapeutiques suivront, plus ciblées, mieux tolérées, au point qu’aujourd’hui une personne infectée conserve son espérance de vie si elle est détectée et traitée précocement – avec cette fois-ci pour revers imprévu une quasi banalisation de la maladie, alors que des centaines de milliers de personnes continuent d’être infectées chaque année dans le monde, et dépistées trop tardivement.
Heureusement, à côté des chercheurs, les associations veillent et agissent : depuis la création de Gay Men Health Crisis en 1982 aux États-Unis, puis de Vaincre le SIDA en 1983 et Aides en 1984 en France, elles ont été à la pointe de la lutte et ont mené un combat qui a bousculé les politiques et transformé jusqu’à la pratique scientifique elle-même : le sida marque clairement un tournant dans le domaine des relations entre chercheurs, médecins et malades. Ensemble, ils nous rappellent qu’il ne faut pas baisser la garde : à l’heure où une nouvelle pandémie accapare nos esprits, un vieil ennemi rode toujours, qui continue de tuer !

Source : Catie

On a mené de grands essais cliniques pivots sur les vaccins contre la COVID-19 auprès de dizaines de milliers de personnes séronégatives. Nous disposons cependant de peu de données sur l’effet de ces vaccins chez les personnes vivant avec le VIH.

En Angleterre, des équipes de recherche de Londres et de l’Université Oxford ont collaboré à une étude portant sur 54 adultes séropositifs qui avaient reçu deux doses du vaccin d’AstraZeneca contre la COVID-19.

Avant de s’inscrire à l’étude, toutes les personnes suivaient un traitement du VIH (TAR) et avaient une quantité indétectable de ce virus dans leur sang (charge virale), ainsi qu’un compte de cellules CD4+ relativement élevé. Le suivi a duré presque deux mois. À des fins de comparaison, les équipes ont analysé des données se rapportant à 50 adultes séronégatifs qui avaient également reçu le vaccin d’AstraZeneca.

Selon les équipes de recherche, les effets secondaires post-vaccination ont été semblables chez les deux groupes, et aucun effet secondaire grave n’a été signalé.

Les taux d’anticorps anti-SRAS-CoV-2 ont augmenté après la vaccination et sont restés détectables jusqu’à la fin de l’étude. La capacité des lymphocytes T à déclencher une réponse au SRAS-CoV-2 s’est également renforcée après la vaccination et s’est maintenue jusqu’à la fin de l’étude. Aucune différence significative n’a été constatée entre les personnes séropositives et les personnes séronégatives en ce qui concerne les taux d’anticorps et les réponses des lymphocytes T après la vaccination.

Les résultats de cette petite étude indiquent que le vaccin d’AstraZeneca est sûr, et qu’il pousse le système immunitaire à fabriquer et à maintenir des anticorps et des lymphocytes T qui s’attaquent au SRAS-CoV-2 chez des personnes séropositives en bonne santé sous TAR.

Détails de l’étude

Les sujets de cette étude participaient à un grand essai clinique de phase II/III du vaccin d’AstraZeneca contre la COVID-19. Recrutées en novembre 2020, elles ont reçu par la suite deux doses du vaccin à quatre à six semaines d’intervalle.

Les participants séropositifs (tous des hommes) avaient le profil moyen suivant au début de l’étude :

  • âge : 43 ans
  • principaux groupes ethnoraciaux : 85 % de Blancs; 7 % de personnes métissées, 4 % d’Asiatiques
  • compte de CD4+ : 700 cellules/mm3
  • charge virale en VIH : moins de 50 copies/ml

À des fins de comparaison, les équipes de recherche ont analysé les données recueillies auprès de 50 adultes séronégatifs, soit 26 hommes et 24 femmes âgés en moyenne de 39 ans à peu près.

Résultats

Aucun effet secondaire grave ne s’est produit; la plupart des effets secondaires ont été légers ou modérés dans les deux groupes.

Chez les personnes séropositives, les effets secondaires systémiques courants incluaient les suivants après la première dose du vaccin :

  • fatigue : 49 %
  • mal de tête : 49 %
  • douleur musculaire : 36 %
  • malaise général : 34 %
  • frissons : 23 %
  • douleur articulaire : 9 %

Les personnes séronégatives ont fait état d’effets secondaires similaires et d’intensité semblable après la première et la deuxième dose du vaccin. Cependant, chez les personnes séropositives, les effets secondaires semblent avoir été moins prononcés après la deuxième dose.

Vaccins : entraînement du système immunitaire

Les vaccins entraînent le système immunitaire à reconnaître un microbe envahissant, dans ce cas le virus appelé SRAS-CoV-2. Il existe d’ordinaire deux sortes de réponses générales à la vaccination :

  • Des anticorps sont créés pour aider le système immunitaire à identifier le SRAS-CoV-2 et, dans certains cas, à empêcher ce dernier de causer l’infection.
  • Certaines cellules du système immunitaire, soit les lymphocytes T et les cellules tueuses naturelles, apprennent à reconnaître et à attaquer les cellules infectées par le SRAS-CoV-2.

Résultats concernant les anticorps

Selon les analyses de sang effectuées auprès des personnes séropositives, les taux d’anticorps contre le SRAS-CoV-2 ont atteint leur sommet 14 jours après la deuxième dose du vaccin. Après ce moment, les quantités d’anticorps sont restées stables pendant toute l’étude. Aucune différence significative n’a été constatée entre les personnes séropositives et les personnes séronégatives en ce qui concerne les taux d’anticorps.

Chez les personnes séropositives, les comptes de cellules CD4+ se situaient entre 300 cellules/mm3 et 1 100 cellules/mm3 au cours de l’étude. Le vaccin n’a pas eu d’impact sur les comptes de cellules CD4+. De plus, les réponses des anticorps ont été semblables après la vaccination, peu importe le compte de CD4+.

Chez un sous-groupe de 15 personnes séropositives, les équipes de recherche ont analysé la capacité des anticorps générés par la vaccination à empêcher l’infection des cellules par le SRAS-CoV-2. Après la vaccination, des taux d’anticorps suffisamment élevés pour bloquer l’infection par le SRAS-CoV-2 ont été détectés chez 13 personnes sur 15, et ces taux ont continué d’augmenter au cours de l’étude.

Résultats concernant les lymphocytes T

Les équipes ont utilisé différentes techniques pour évaluer la capacité des lymphocytes T à déceler le SRAS-CoV-2 et à y répondre. Elles ont trouvé que les réponses antivirales étaient les plus fortes entre le 14e et le 28e jours suivant la première dose du vaccin. Après cette période, la capacité des lymphocytes T à répondre au virus a faibli mais elle est restée détectable jusqu’à la fin de l’étude. Aucune différence significative n’a été constatée entre les personnes séropositives et les personnes séronégatives en ce qui concerne les réponses des lymphocytes T.

Activation immunitaire excessive

L’infection au VIH, qui est chronique, provoque une activation immunologique persistante chez les personnes atteintes. Les taux d’activation immunologique sont alors plus élevés chez les personnes séropositives que chez les personnes séronégatives en bonne santé. L’amorce du TAR et l’atteinte et le maintien d’une quantité indétectable de VIH dans le sang permettent de réduire énormément l’activation immunologique excessive, mais sans pour autant la normaliser. De l’avis de nombreux scientifiques, l’activation immunologique excessive alimente l’inflammation et contribue ainsi à la lente dégradation des systèmes organiques chez les personnes vivant avec le VIH.

Compte tenu de ce risque d’activation immunologique, il est important d’évaluer les interventions comme les vaccins contre la COVID-19 pour déterminer leur impact éventuel sur le fonctionnement du système immunitaire. La bonne nouvelle à cet égard est que le vaccin d’AstraZeneca n’a pas augmenté l’activation du système immunitaire. De plus, le vaccin s’est révélé efficace, peu importe les taux d’inflammation observés chez les personnes séropositives avant la vaccination.

À retenir

Même si cette étude a porté sur un faible nombre de personnes, elle a révélé que le vaccin d’AstraZeneca contre la COVID-19 était généralement sans danger et amenait le système immunitaire des personnes séropositives à lancer une réponse appropriée. Les équipes britanniques ont effectué de nombreuses analyses immunologiques qui devraient inspirer d’autres équipes à mener des études semblables sur d’autres vaccins contre la COVID-19 administrés aux personnes séropositives.

Cette étude n’a pas été conçue pour évaluer les effets du vaccin quant à la prévention de la maladie. Les équipes de recherche britanniques ont cependant souligné ceci : les réponses immunitaires observées chez les personnes séropositives après la vaccination étaient semblables à celles rapportées lors d’études de plus grande envergure où les vaccins ont bel et bien réduit le risque d’infection par le SRAS-CoV-2 et de COVID-19 chez des personnes séronégatives. Les équipes britanniques se sentent donc encouragées par les résultats de cette petite étude.

À l’avenir

Les personnes inscrites à cette étude étaient en bonne santé, se portaient bien et avaient un compte de CD4+ de 350 cellules/mm3 ou plus. Rappelons toutefois que certaines personnes séropositives peuvent avoir un compte de CD4+ plus faible même si elles suivent fidèlement leur TAR et maintiennent une charge virale indétectable. Des études devraient être menées pour explorer l’effet des vaccins anti-COVID-19 sur les personnes ayant un compte de cellules CD4+ plus faible ou des préoccupations sous-jacentes comme les suivantes :

  • cancer
  • greffe d’organe
  • prise d’anti-inflammatoires puissants pour la polyarthrite rhumatoïde, l’inflammation intestinale (maladie de Crohn, colite), le psoriasis ou d’autres affections

Ces équipes britanniques prévoient poursuivre la collecte et l’analyse de données auprès de ce groupe de personnes au sixième et au 12e mois suivant la vaccination. Notons que les données en provenance du Royaume-Uni dont nous venons de rendre compte ont été soumises à la revue Lancet HIV mais n’ont pas encore fait l’objet d’un examen par des pairs. Il est donc important de considérer ces résultats comme préliminaires, quoique prometteurs.

Source : INSPQ

Le présent portrait s’inscrit dans le cadre du Programme national de santé publique. Ce document s’adresse aux professionnels de la santé, aux associations, aux intervenants, aux groupes communautaires et aux individus engagés, de près ou de loin, dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Il vise à fournir de l’information et une réflexion sur l’émergence, l’ampleur ainsi que la progression de ces infections et de leurs déterminants afin d’orienter les interventions et la planification des ressources nécessaires en matière de lutte contre les ITSS.

Ce portrait fait état de la situation épidémiologique de l’infection à Chlamydia trachomatis, de l’infection gonococcique, de la syphilis, de la lymphogranulomatose vénérienne, de l’hépatite B, de l’hépatite C et de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Ces infections sont visées par la Loi sur la santé publique. L’infection à Chlamydia trachomatis, l’infection gonococcique, la syphilis, la lymphogranulomatose vénérienne, l’hépatite B et l’hépatite C, de même que l’infection par le VIH chez une personne qui a reçu ou donné du sang, des produits sanguins, organes ou tissus doivent être déclarées (maladies à déclaration obligatoire, MADO) au directeur de santé publique par les professionnels de la santé habilités à poser un diagnostic ou à évaluer l’état de santé d’une personne et par les directeurs des laboratoires de biologie médicale.

L’infection par le VIH fait l’objet d’une collecte de renseignements à des fins de surveillance continue de l’état de santé de la population.

La date d’entrée en vigueur de la déclaration obligatoire ou du programme de surveillance varie selon la maladie. Ainsi, l’infection à Chlamydia trachomatis est devenue une maladie à déclaration obligatoire (MADO) en 1990, mais c’est seulement depuis avril 2002 que tous les tests positifs de détection de l’infection par le VIH font l’objet d’une collecte de renseignements épidémiologiques auprès du professionnel de la santé qui a demandé le test.

Bien que le chancre mou et le granulome inguinal soient également visés par la Loi, ces maladies à déclaration obligatoire ne font pas l’objet de sections particulières. Les derniers cas au Québec ont été déclarés en 2007 pour le chancre mou et en 2004 pour le granulome inguinal.

Les données relatives à l’âge, au sexe, à la région de résidence et à la date d’épisode sont extraites du fichier des MADO tenu par le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ), lui-même rattaché à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Des données complémentaires se rapportant aux facteurs d’exposition sont tirées des enquêtes épidémiologiques faites à la suite des déclarations ou des renseignements recueillis dans le cadre des programmes de surveillance. Par ailleurs, les données sur la prévalence de certaines ITSS et de certains comportements associés aux ITSS viennent d’études épidémiologiques menées auprès de groupes particuliers de la population.

Source : Doctissimo

Prendre des psychotropes pour performer et décupler ses sensations pendant un rapport sexuel est une pratique « vieille comme le monde ». Mais l’arrivée des drogues de synthèse et leur facilité d’accès ont changé la donne. Addiction, coma, mise en danger de soi ou d’autrui, abus sexuels, dégâts psychologiques… Ce qui n’était qu’un jeu devient un enfer.

Christophe Michel avait 31 ans lorsqu’il est décédé. Au matin du 29 mai 2018, son mari, Jean-Luc Romero Michel, adjoint à la mairie de Paris chargé des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations, se réveille en retard, n’a pas le temps de regarder son téléphone et fonce à une conférence sur le Sida qu’il doit animer dans un lycée près de Tours. Dans la voiture qui le conduit, il s’étonne de ne pas recevoir de nouvelles de son compagnon, resté à Paris. Pourtant, même après 5 ans de mariage, le couple se donne toujours des nouvelles, même lorsqu’il est séparé.

Mais ce matin-là, en pleine discussion avec les élèves, le téléphone de Jean-Luc n’arrête pas de sonner. Discrètement, il consulte le message d’un de ses amis : « Christophe a disparu, rappelle-moi d’urgence ! ». Son compagnon ne s’est pas présenté à un salon d’infirmiers où on l’attendait en sa qualité de militant. Malgré les tentatives d’appel, le jeune homme ne donne aucun signe de vie. Alors qu’il est dans le train pour Paris, le téléphone de Jean-Luc sonne. Au bout du fil, un policier. Il faut venir rapidement au commissariat du XIIème arrondissement. Devant les forces de l’ordre, la nouvelle tombe, Christophe est décédé dans la nuit du 28 au 29 mai lors d’une soirée de chem sex. « Selon les éléments de l’enquête que l’on a eu ce soir-là, il a pris de l’alcool, et l’homme avec qui il devait avoir des relations sexuelles lui a donné du GBL (gamma-butyrolactone, un solvant qui une fois ingéré se transforme en GHB, ndlr). Le mélange des produits l’a conduit à être victime d’un coma puis d’une overdose« , nous raconte péniblement Jean-Luc Romero Michel qui n’était pas au courant que son partenaire consommait de la drogue, notamment lors de relations sexuelles. « Je connaissais le chem sex avant le décès de mon mari, mais je sous-estimais l’ampleur du phénomène. »

L’émergence du chem sex en France

Contraction des termes anglais chemical et sex, « le chem sex se définit par l’usage de produits psychoactifs en contexte ou à visée sexuelle », informe Fred Bladou du comité scientifique de SOS Addiction. « C’est une pratique vieille comme le monde. Déjà dans les années 1970, on voyait certains groupes d’individus consommer du poppers ou de l’alcool pour avoir des relations sexuelles. » Et pour cause : « On a tous nos névroses. Avant de draguer, pour faciliter une relation sexuelle, on cherche quelque chose qui va nous désinhiber, nous mettre à l’aise. C’est là qu’interviennent les psychotropes. Ils altèrent et modifient notre comportement de manière à répondre à des injonctions de performance. » 

Si allier psychotrope et sexe n’est pas nouveau, le phénomène de chem sex lui, est arrivé en France il y a une dizaine d’années« Cette tendance est accompagnée par l’émergence de nouvelles modalités de rencontres (sites Internet et applications mobiles géolocalisées), de nouvelles drogues (les nouveaux produits de synthèse – NPS) et modalités de consommation – dont l’injection intraveineuse de stimulants dans le cadre de relations sexuelles, une pratique particulièrement à risque dénommée slam », note un rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), publiée en 2017.

Comme l’indique l’organisme, « le chemsex s’est formalisé dans des outils de rencontres et des modes de réunions encadrés par des règles explicites en matière de pratiques sexuelles et d’usages de produits qui excluent les personnes ne souhaitant pas s’y adonner. De plus, en marge des réseaux de rencontres traditionnels, des sites exclusivement consacrés aux pratiques sexuelles avec produits se sont aussi développés. » « Ce qui fait la différence avec le chem sex, c’est que l’on rentre dans des pratiques ritualisées. Et contrairement à ce que la presse a pu relayer, il ne s’agit pas toujours de marathons sexuels pendant 3 jours avec 20 personnes », observe Fred Badou, également membre de l’association Aides.

Selon le dernier Net Gay Baromètre, une enquête menée tous les 3 ans en France et au Canada auprès d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) montre qu’en 2013, sur les 17 554 hommes interrogés, près de sept répondants sur dix déclarent avoir consommé au moins une fois une substance psychoactive (alcool ou drogue illicite) au cours des 12 derniers mois. Et 12,6 % d’entre eux avouaient avoir consommé au moins une fois une des substances associées au chemsex (cocaïne, MDMA/ecstasy, GHB, kétamine, cathinones). Concernant la pratique du slam, seuls 1,2 % des sondés déclarent l’avoir pratiqué au moins une fois.

Des chiffres qui ne concernent qu’une partie des usagers. « La communauté gay est la population décrite comme la plus touchée parce que c’est elle qui a connu en premier le chem sex. Le phénomène est arrivé il y a cinq ans. Aujourd’hui, les gay sont toujours majoritairement touchés, mais on voit de plus en plus de personnes hétérosexuelles le pratiquer, que ce soit des couples ou des gens qui font beaucoup la fête. » Ce que confirme Jean-Luc Romero Michel, qui milite désormais pour une meilleure prévention des dangers du chem sex. « Ce n’est pas un phénomène marginal. Il est en train d’exploser. » Pour l’homme politique, la crise sanitaire du Covid-19 n’a en rien freiné ces pratiques, bien au contraire. Confinés chez eux, de nombreux Français ont cherché de nouvelles sensations. « On va avoir de très mauvaises nouvelles », déplore-t-il. « Le manque de lieux de convivialité, la solitude ont poussé certains à chercher des paradis artificiels à travers la drogue. »

Le chem sex, un « sida numéro deux » ?

Outre-Atlantique, l’ampleur du phénomène est telle que le prestigieux New York Times a comparé le chem sex à l’épidémie de Sida qui a fortement touché la communauté homosexuelle dans les années 1980. « Cet article nous a fait bondir, s’énerve Fred Badou. Ce n’est pas comparable. On ne se contamine pas au chem sex, on ne peut donc pas comparer cette pratique à la maladie du Sida. Le nombre de morts n’est pas équivalent. Le chem sex ne tue pas autant que le Sida. On parle d’entre 20 et 30 décès par an pour le premier, contre des dizaines et des dizaines de milliers de victimes pour le second. » ll ajoute : « La comparaison ne sert à rien en termes de santé publique, c’est un discours effrayant qui ne donne pas de moyens de prévention. »

Un phénomène accentué par l’arrivée de nouvelles drogues

Selon l’OFDT, les drogues les plus employées pour le chem sex sont les poppers, le GHB/GBL, la cocaïne, les médicaments de performance sexuelle comme le Viagra, et plus rarement, la kétamine et la méthamphétamine. Mais la pratique a surtout explosé avec l’arrivée sur le marché des drogues de synthèse dès 2010. 3MMC, 4MEC, Méphédrone (Meph) et autres cathinones sont vendus sous forme de cristaux ou de poudre et imitent les effets de la cocaïne, de la MDMA et des amphétamines. Elles peuvent être ingérées sous forme de parachute (dans une boulette de papier à cigarette), diluées dans une boisson, sniffées, insérées dans l’anus à l’aide d’une seringue sans aiguille ou injectées en intraveineuse (le slam).

Comme l’informe Drogues Info Service, « les cathinones sont généralement utilisées pour leurs effets stimulants, entactogènes (elles favorisent le contact) et empathogènes (elles augmentent l’empathie). Elles procurent un sentiment d’euphorie, augmentent la faculté de concentration et la capacité de travail, la confiance en soi, procurent un sentiment de puissance, entraînent une intensification des sensations. En contexte sexuel, elles augmentent la sensualité et l’endurance. » 

Problème : ces drogues sont non seulement parmi les moins chères du marché, mais surtout très faciles d’accès. L’ère du dealer qui vend ses produits sous le manteau est révolue avec les cathinones. « Tout le système de distribution et d’approvisionnement est bouleversé depuis une dizaine d’années. On voit une explosion des drogues 2.0 et du deal 2.0. Ces produits se vendent sur des sites en ligne, on les achète en deux secondes et ils arrivent dans notre boite à lettre », explique Fred Bladou. Ce qui inquiète beaucoup les associations. « Ça pose un problème de qualité des produits. Je préférerais que ce type de drogues soit vendu par un dealer qui connait ce qu’il y a dedans que sur internet », lâche-t-il. Sentiment partagé par Jean-Luc Romero Michel. « Il y a un mésusage. Ce sont des drogues produites en Chine, en Inde ou au Pays-Bas. Dès que les états les interdisent, ils créent des dérivés en trouvant un moyen de changer la formule chimique, qui deviennent légaux. On n’a même pas besoin d’aller sur le dark web pour trouver ses substances. On ne sait pas de quoi elles se composent, ni leur dosage. Parfois ils sont sous-dosés ou sur-dosés. Des fois c’est de la mort au rat ! », s’inquiète-t-il. Consommé également en contexte sexuel, le GBL contrairement au GHB n’est pas sur la liste des stupéfiants. Vendu sur Internet, il n’est soumis à aucun contrôle.

L’autre grand danger du chem sex est la polyconsommation, observe Hervé Martini, médecin addictologue et secrétaire général de l’Association Addictions France. Plusieurs produits sont associés. « Les consommateurs vont prendre des produits pour booster les performances sexuelles ou les sensations, puis d’autres pour atténuer la descente des drogues prises dans un premier temps. » C’est le début d’un cercle vicieux.

De (très) nombreux risques pour le consommateur

Des complications liées aux drogues ingérées

Sans surprise, le chem sex présente un danger pour la santé. Et ce pour de nombreuses raisons. La première : la consommation de drogues en elle-même. « Chaque produit génère des complications, comme la cocaïne qui augmente le risque de faire un infarctus« , donne en exemple l’addictologue. Concernant les risques des cathinones, la liste est longue. Ils sont surtout d’ordre neurologique ( insomnie, état confusionnel, contractions musculaires), psychiatrique (psychose sévère, hallucinations, agressivité…) et cardiaque (troubles du rythme cardiaque, infarctus du myocarde pouvant mener au décès). Ces drogues entraînent également l’augmentation de la température corporelle et donc une déshydratation. Lié à une activité intense comme peut l’être une relation sexuelle, « le coup de chaleur peut entraîner une perte de connaissance, un coma ou un accident cardiaque qui peuvent être mortels », informe Drogues Info Service. Comme beaucoup de drogues dures, les cathinones entraînent un risque de surdose et de dépendance notamment lié au « craving », l’envie irrépressible de consommer à nouveau et de prendre des doses plus importantes et répétées.

Le mode de consommation de ces produits présente lui aussi des dangers pour la santé. Le slam, d’autant plus si celui-ci n’est pas maîtrisé, entraîne des complications : abcès, septicémies, endommagement du réseau veineux, problèmes cutanés. Sans parler de « la polyconsommation qui double les risques », complète le Dr Martini. À court terme, consommer plusieurs produits peut causer des nausées, des vomissements, des troubles du rythme cardiaque, des vertiges et des pertes de connaissance notamment en cas de surdosage de GBL ou de kétamine. À long terme, la dépendance à un ou plusieurs produits s’installe. Dans les cas extrêmes, les usagers risquent une intoxication aigüe pouvant conduire à leur décès.

IST, abus sexuels… Une mise en danger de soi et d’autrui

Il y a également des risques propres à la pratique. « Le chem sex expose également à des risques infectieux. Sous drogues et perdant le contrôle, l’usager n’est plus en mesure de se protéger et oublie de mettre un préservatif. Il peut alors contracter le VIHl’hépatitela syphilis ou d’autres infections sexuellement transmissibles« , alarme le médecin. Dans ce contexte, la pratique du slam pose elle aussi problème : « partager ou réutiliser le matériel de consommation constitue des comportements à fort risque de contamination ou de réinfection (VIH, VHC, VHB, autres IST) », indique l’OFDT.

« Les consommateurs peuvent aussi être victime d’un black out, ne plus se souvenir de ce qu’il s’est passé. Il y a des risques d’ abus sexuels« , informe l’addictologue.

Un impact sur la sexualité et la vie sociale

Même en dehors des soirées chems, la vie change. Rien n’est plus comme avant, notamment dans sa vie sexuelle. « Il faut parler de l’impact sur la sexualité. Les relations affectives, le plaisir, les orgasmes ne passent plus que par le produit. Certains en viennent à penser qu’il n’est plus possible d’avoir des rapports sans produit. Ou à l’inverse, la sexualité est un prétexte à la consommation de stupéfiants », regrette-t-il. Les relations sociales peuvent se dégrader. Le chem sex et le slam peuvent être des facteurs de désocialisation, selon l’OFDT. « Les produits consommés ne sont pas anodins. Ils sont très addictogènes. C’est très facile de tomber dans la dépendance et de ne plus arriver à gérer sa consommation, note Fred Bladou.  Quand on ne dort plus, que l’on ne mange plus, que l’on a eu trois jours de rapports sexuels intenses sous stimulants, il y a des effets psychologiques. Ils peuvent mener à la dépression. »

Comment s’en sortir ?

« C’est très difficile et long de s’en sortir quand on a une consommation sévère mais il existe pleins de solutions, assure Fred Bladou. Se sortir du chem sex et des drogues tout seul, ça peut être très dangereux et très dur. Il ne faut vraiment pas hésiter à appeler des professionnels de l’addiction. La première solution est donc de se faire aider par des groupes ou des associations comme Aides ou Narcotique anonyme, mais aussi par des médecins addictologues, des psychologues, des sexologues. La rencontre avec des soignants bienveillants, à l’écoute et sans jugements aide beaucoup. » Avis partagé par le Dr Martini, « Parler, c’est la première étape dans les addictions. Il ne faut pas que ce soit un tabou, il faut pouvoir en parler. Tournez-vous vers des personnes de confiance. Si ce n’est pas le médecin traitant, ça peut être un autre soignant. Notre rôle c’est de mettre à l’aise le patient. » Sans jugement et dans la bienveillance, le médecin n’est pas là pour sermonner le patient ou lui demander d’arrêter du jour au lendemain. « Une fois qu’il nous confie ses addictions, on le prend en charge. On quantifie le problème, on se renseigne sur les produits consommés. Avec ces informations, on l’aide à travailler sur la réduction des risques et des dommages. » Progressivement, le médecin amène le patient à « limiter la durée des soirées de chem sex, à éviter d’être emballé ou embarqué là-dedans »« On l’aide également dans les aspects relationnel et sexuel » qui peuvent être dégradés par le chem sex.

Des pouvoirs publics silencieux

Mais au-delà du travail des associations et des soignants, c’est une action du gouvernement et des autorités de santé qu’attendent Fred Bladou et Jean-Luc Romero Michel. « Aujourd’hui, la seule chose qu’ils font, c’est dire que la drogue c’est dangereux. On pisse dans un violon, ça ne sert à rien, au contraire, on fait presque naître une volonté de transgression chez certains individus », exprime le militant d’Aides. « Il y a une absence de paroles politiques. Je n’ai jamais entendu un seul ministre de la Santé parler de chem sex, s’étonne l’élu parisien. La pénalisation des drogues, ça ne fonctionne pas. La personne qui était avec Christophe lorsqu’il est tombé dans le coma a eu peur d’appeler la police, parce qu’ils avaient consommé des drogues illégales. Une seconde personne est venue, puis une troisième. C’est cette troisième personne qui a fini par appeler les secours. Mais c’était trop tard. »

Pour le politique, la prévention est plus que nécessaire. « Il faut informer les gens, les renseigner sur les mésusages notamment lors de l’achat de drogues, savoir ce qu’il y a dedans », estime l’adjoint à la mairie de Paris qui prône pour une dépénalisation des drogues avec « une vraie politique d’explication des dangers ». Pour ce second axe, la mairie de Paris travaille déjà dessus. « Nous investissons dans la prévention. Les associations font déjà un travail formidable, mais là, il faut que toutes les collectivités locales s’y mettent. Le chem sex ne se réduit pas à Paris ou Marseille, ça touche aussi les petites villes. »

 

Source : Univadis

Cinq ans après la commercialisation de la prophylaxie Pré-exposition (PrEP) en France, le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) dresse un bilan mitigé de la situation. L’accès à ce moyen de prévention de l’infection par le VIH stagne, et semble même avoir régressé durant la période de pandémie de COVID-19. Aussi, contrairement à de nombreux pays, elle n’a pas permis d’infléchir l’incidence de l’infection sur le territoire. Le CNS explicite les spécificités françaises et fait 10 recommandations pour changer de paradigme et d’échelle.

Depuis 2016, 32.000 personnes se sont vues prescrire une PrEP. Si ce chiffre a progressé dans les premières années, il a stagné à partir de 2019 et a clairement chuté durant la pandémie de COVID-19, tout comme le nombre de renouvellement de prescription. Par ailleurs, le profil des usagers a peu changé depuis le début de son autorisation : les usagers sont à 97% des hommes, essentiellement ceux ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Mais cette prescription ne concerne au final que 9,1% des HSH séronégatifs (données 2019). Les femmes, quant à elles, restent largement à l’écart de cet outil de prévention.

Pour un élargissement du public cible et une meilleure accessibilité

En d’autres termes, l’accès à la PrEP a peu évolué depuis 2016, alors que les données cumulées depuis permettent de rassurer sur son efficacité, son acceptabilité, ainsi que sur l’adhésion et la tolérance à ces traitements. La prochaine disponibilité de PrEP à longue durée d’action (1 à 6 mois selon les formes galéniques) renforce un peu plus la nécessité d’en réformer la promotion et l’accessibilité.

Aussi, le CNS propose 10 recommandations. Elles visent d’abord à élargir le public cible. La PrEP ne doit plus être cantonnée aux seuls HSH ayant des rapports à risque, mais « doit désormais être définie comme outil de prévention pouvant bénéficier à toute personne à différents moments de la vie pour se protéger du VIH ».

Pour cela, il faut changer la façon dont la communication et la promotion de la PrEP est faite. Si les associations sont mobilisées sur le terrain pour atteindre les autres publics, et devraient à ce titre être mieux soutenues par les tutelles sanitaires, ce n’est pas le cas de la promotion institutionnelle; elle doit désormais évoluer en ce sens. Il faut aussi améliorer la disponibilité de la PrEP, dont la primo-prescription ne doit plus être réservée aux CeGIDD et aux services hospitaliers. Tous les médecins devraient pouvoir la prescrire, moyennant une meilleure sensibilisation à cette méthode de prévention et, plus largement, à la santé sexuelle. Ces préconisations sont déjà pour partie entendues: la primo-prescription est désormais ouverte à la médecine de ville à partir du 1er juin 2021

 

Source : Pourquoi Docteur 

L’année 2020 a été marquée par une diminution des dépistages du VIH, et les derniers chiffres disponibles montrent que de nombreux cas sont encore découverts à des stades avancés.

y a quarante ans jour pour jour, le centre américain de surveillance et de prévention des maladies (CDC) signalait cinq cas graves d’une pneumonie, appelée pneumocystose, chez de jeunes homosexuels californiens. L’article scientifique indiquait que les cas semblent liés à une maladie transmise par voie sexuelle. Le VIH sera identifié pour la première fois en janvier 1983, par des chercheurs de l’Institut Pasteur à Paris. Depuis, la prévention et les traitements se sont améliorés, mais de nouvelles personnes sont contaminées chaque année. 

Quel est le profil des personnes séropositives ?

En 2018, 6 200 personnes ont découvert leur séropositivité en France, soit une baisse de 7% par rapport à l’année précédente. Il n’y a pas eu de nouvelles estimations depuis, « en raison d’une sous-déclaration plus importante qu’à l’accoutumée, compte tenu notamment de la mobilisation des biologistes et des cliniciens sur l’épidémie à SARS-CoV-2 dès le début de l’année 2020« , indique Sidaction.

Les données récoltées permettent toutefois d’établir le profil des personnes ayant découvert leur séropositivité pendant cette période. « Les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) et les hétérosexuel(le)s né(e)s à l’étranger restent les 2 groupes les plus touchés et représentent respectivement 43% et 37% des découvertes de séropositivité déclarées entre janvier 2019 et septembre 2020« , précise Santé Publique France.

 Combien de personnes vivent avec le sida en France ?

Au total, 173 000 personnes sont séropositives en France, et 24 000 vivraient avec le virus sans le savoir. « Malgré de nouvelles recommandations et une diversification de l’offre, l’accroissement du volume de tests ne suffit pas à réduire rapidement le délai entre infection et diagnostic« , constate Santé Publique France dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 1er décembre 2020.

Ce retard au dépistage a des conséquences : entre 2019 et 2020, environ 26% des découvertes de séropositivité se sont faites à un stade avancé, soit le moment où les défenses immunitaires ont significativement baissé, rendant la personne fragile face aux infections et maladies. 

Quel a été l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la détection du VIH ? 

Selon des données partagées par l’association Sidaction, les sérologies VIH, soit les dépistages du virus, ont fortement baissé pendant le premier confinement, en mars/avril 2020. Entre février et avril, le nombre de sérologies réalisées a diminué de 56%, en particulier chez les hommes (-66%), les 15-24 ans (-62%) et les plus de 50 ans (-62%). Il y a eu un rattrapage ensuite, mais le nombre de dépistages réalisés au cours de l’année reste inférieur aux chiffres des années précédentes. Au total, Santé Publique France estime qu’il y a eu 650 000 tests de dépistages en moins en 2020.